Fiche Franchise : New England Patriots

500-Patriots

 

Présentation

 

Généralités

 

Création 1959
Division AFC East
Stade Gillette Stadium
Propriétaire Robert Kraft
Président Jonathan Kraft
Manager Général Bill Belichick
Head Coach Bill Belichick
Titres 6 Super Bowls (2001, 2003, 2004, 2014, 2016, 2018)
Site Internet http://www.patriots.com/

 

Introduction

 

Les Patriots ou « Pats » sont basés à Foxborough, dans la grande banlieue de Boston, Massachusetts. La franchise a intégré l’AFL, la ligue concurrente de la NFL, dès ses débuts en 1960 en tant que Boston Patriots. Elle a ensuite rejoint la NFL lors de la fusion des deux ligues, comme équipe de l’AFC East, et elle est restée là jusqu’à aujourd’hui ; elle a changé son nom pour les New England Patriots en 1971.

Les Patriots ont eu du mal à démarrer mais ont connu un grand succès à partir de la moitié des années 1990 et surtout depuis les années 2000 dont ils sont devenus la dynastie. Si New England n’a décroché aucun titre AFL, la franchise est apparue dans 11 Super Bowls (1985, 1996, 2001, 2003, 2004, 2007, 2011, 2014, 2016, 2017, 2018), un record NFL ; elle est actuellement à 6 victoires, égalant le record des Steelers.

 

Uniforme et Mascottes

 

Les Patriots utilisent les couleurs bleu, argent, rouge et blanc.

  • Tenue couleur : maillot bleu – numéro blanc – pantalon argent – socks bleu.
  • Tenue blanche : maillot blanc – numéro bleu – pantalon bleu – socks blanc.
  • Tenue alternative : maillot rouge – numéro blanc – pantalon blanc – socks blanc.

Les Patriots ont une mascotte nommée « Pat Patriot », qui représente un homme coiffé d’un chapeau tricorne et portant un maillot flanqué du numéro 1. Au début de la franchise Pat Patriot était le logo de l’équipe, en position de snap comme un Centre, avant l’arrivée du nouvel emblème en 1993.

 

Membres du Hall Of Fame

 

1991 – John Hannah
1997 – Mike Haynes
2001 – Nick Buoniconti
2008 – Andre Tippett
2019 – Ty Law
2022 – Richard Seymour

 

Numéros retirés

 

20 – Gino Cappelletti
40 – Mike Haynes
57 – Steve Nelson
73 – John Hannah
78 – Bruce Armstrong
79 – Jim Lee Hunt
89 – Bob Dee

 

Stade

 

Les New England Patriots jouent au Gillette Stadium.
Il a été inauguré le 9 Septembre 2002.
Il contient 68.756 places.

 

L’histoire de la franchise

 

Sommaire

 

  1. Le football professionnel à Boston (1920-1959)
  2. Un niveau instable (1960-1972)
  3. La magie Fairbanks dure un temps (1973-1981)
  4. Des fins de saisons décevantes… mais une finale (1982-1988)
  5. Le carrousel des propriétaires (1989-1993)
  6. De Parcells à Belichick (1994-2000)
  7. La dynastie Belichick-Brady (2001-2004)
  8. Un succès pérenne… mais sans titre (2005-2010)
  9. La NFC, seul vrai rempart à la domination (2011-2015)
  10. Le dernier baroud de Brady le Patriot (2016-2019)
  11. Le dernier baroud de Bill Belichick (2020-2023)

 

Le football professionnel à Boston (1920-1959)

 

Lorsque l’American Professional Football Association (APFA) naît en 1920 pour devenir la NFL deux ans plus tard, la ville de Boston n’est pas encore investie dans le projet. Elle accueille les Pottsville Maroons en 1929, mais la franchise, renommée les Boston Bulldogs, ne dure qu’un an avant de disparaître. En 1932, George Preston Marshall et trois personnes rachètent la franchise des Newark Tornadoes pour la rebaptiser Boston Braves, du même nom que l’équipe de baseball. L’année suivante l’équipe change de nouveau en Boston Redskins, et finalement en 1936, à cause d’un marché trop faible, Marshall déménage la franchise à Washington.

La troisième expérience de Boston avec le football professionnel a lieu avec la naissance des Yanks en 1944. C’est une longue histoire de déménagement, de rachat et de renommage : les Yanks ne durent que jusqu’en 1948, puis deviennent les New York Bulldogs en 1949, les New York Yanks en 1950, et l’équipe disparaît en 1951. L’effectif plus ou moins complet est racheté pour fonder les Dallas Texans en 1952 qui disparaissent au bout de la première année ; ce qui reste sert à bâtir les Baltimore Colts.

Patriots-BillySullivanLa NFL n’a donc jamais réussi à pérenniser une franchise dans la ville considérée comme le berceau de l’Amérique Moderne. C’est pourquoi, quand le businessman et ancien rédacteur sportif William « Billy » Sullivan demande à la ligue une nouvelle franchise à Boston en 1959, il reçoit un refus catégorique. Il apprend peu après qu’il n’est pas le seul à avoir subi un tel refus, et il participe à une réunion qui pose les bases de l’American Football League (AFL), une ligue concurrente de la NFL.

Sullivan reçoit la huitième et dernière équipe ; il lance immédiatement un concours pour trouver un nom. Grâce au rôle joué par la ville dans la construction du pays, le surnom de « Patriots » est sélectionné : les Boston Patriots sont nés. L’artiste du journal du Boston Globe Phil Bissell décide alors de créer « Pat Patriot » qui devient le premier logo du club.

Et pourtant, on ne peut pas dire que la franchise part sur de bonnes bases : elle n’a pas de stade attitré, devant jouer dans plusieurs enceintes comme Lowell High School’s Cawley Stadium, Nickerson Field, Harvard Stadium, Fenway Park et Alumni Stadium, qui se trouvent tous à Boston ou dans les environs. Comme les autres franchises d’AFL, elle doit faire sa draft parmi des joueurs qui sont aussi disponibles pour la NFL ; on peut citer l’exemple du futur Hall Of Famer Quarterback Fran Tarkenton, choisi par Boston, qui va finalement jouer chez les Minnesota Vikings de la NFL.

 

Un niveau instable (1960-1972)

 

Le premier coach de l’équipe est Lou Saban, un ancien joueur et coach de Western Illinois. L’équipe contient quelques bons joueurs, avec notamment les Defensive Ends Bob Dee & Larry Eisenhauer, le Defensive Tackle Houston Antwine, le Linebacker Thomas Addison ou le receveur-Cornerback-Kicker Gino Cappelletti. Le premier match de saison régulière est une défaite contre les Broncos 13-10, et le second match est la première victoire de la franchise 28-24 sur les Titans de New York. Cependant le reste va être plus difficile et Boston termine à 5-9.

Patriots-NickBuonicontiEn 1961, les Patriots sélectionnent à la draft le futur Hall Of Famer Linebacker Nick Buoniconti qui va décider de rester jouer en AFL. Boston démarre mal la saison et Saban est débarqué, remplacé par le coach de Boston College Mike Holovak. Le remplacement semble porter ses fruits puisque la franchise poste un joli record de 9-4-1, même si c’est insuffisant pour atteindre la finale. En 1962, Holovak décide de donner le poste de Quarterback titulaire à Vito « Babe » Parilli qui donne une autre dimension à l’attaque avec Cappelletti ; c’est une nouvelle saison à 9-4-1 qui est encore une fois trop juste pour disputer le titre AFL.

Paradoxalement, alors que les Pats connaissent un coup de mou en 1963, toute leur division est dans le même état et ils sont en passe de remporter le titre de l’Eastern Division lors du dernier match. Mais une défaite contre les Chiefs de Kansas City les place à égalité avec Buffalo à 7-6-1, forçant un barrage. Ce « Divisional Round » improvisé a lieu chez les Bills, mais Boston l’emporte facilement 26-8. L’équipe accède à la finale AFL contre les Chargers, mais la défense n’est pas prête à contrer l’attaque aérienne de San Diego ; Boston s’incline largement 51-10.

Le club reprend du poil de la bête en 1964 avec la draft de l’excellent Centre Jon Morris qui contribue de suite. La franchise est menée par un Cappelletti MVP de l’AFL qui score environ un tiers des points de son équipe, pendant que la défense de Dee, Eisenhauer, Antwine, Addison et Buoniconti fait le reste pour hisser l’équipe à un record de 10-3-1. Malheureusement, une défaite en dernière semaine contre Buffalo barre la route de la finale à Boston.

En 1965, malgré la draft du coureur Jim Nance, l’équipe trébuche et termine à 4-8-2. Elle redresse la tête en 1966 derrière Nance qui établit un record AFL avec 1458 yards à la course ; malheureusement les Pats perdent encore le titre de division à la dernière journée contre les Jets de New York (anciens Titans), et finissent 8-4-2.

C’est la dernière saison positive de Boston pendant un bon moment.

Patriots-GinoCappellettiLes drafts ont apporté peu d’armes, et lentement l’équipe tombe dans l’inefficacité alors que les premiers héros vieillissent. Malgré un Nance toujours impressionnant, la saison 1967 se termine sur un terrible 3-10-1 ; avec le départ de Parilli aux Jets et les retraites de Dee et Addison, celle de 1968 n’est guère mieux à 4-10. Suite à cette nouvelle saison décevante Buoniconti est échangé à Miami et Cappelletti n’a plus les jambes pour jouer receveur, ce qui ne peut qu’annoncer de mauvaises choses pour l’équipe, car leurs remplaçants ne sont pas là. Holovak finit par être renvoyé et remplacé par Clive Rush.

Les Patriots terminent l’ère AFL en bas du classement à 4-10 en 1969 ; cela place Boston comme la deuxième pire franchise des huit originelles sur la période d’existence de la ligue, devant Denver. La fusion a alors lieu, et les Patriots sont logiquement reversés dans une AFC East très proche de l’Eastern Division : il y a les Jets de New York, les Bills de Buffalo et les Dolphins de Miami ; les Colts de Baltimore de l’ancienne NFL intègrent aussi la division. Il est évident que l’ajout de nouveaux adversaires n’est pas la meilleure chose qui puisse arriver : l’année 1970 se solde sur un atroce 2-12 qui place Boston en dernière position de la NFL, que ce soit au record, en attaque ou en défense. Rush est démis de ses fonctions et remplacé par John Mazur.

Il faut attendre 1971 pour que plusieurs événements semblent enfin tourner à l’avantage de la franchise. Tout d’abord, après des années à demander la construction d’un stade dans Boston, l’équipe finit par décider d’aller voir en dehors de la ville, et ils obtiennent le droit de jouer au Schaefer Stadium situé à Foxborough, dans la grande banlieue. Ce léger déménagement pousse l’organisation à laisser tomber le nom de Boston pour préférer celui de New England : c’est la région qui englobe les six états du Maine, du New Hampshire, du Vermont, du Massachusetts, de Rhode Island, et du Connecticut. C’est ainsi que les New England Patriots « naissent » en 1971, et pour bien marquer le coup ils trouvent leur Quarterback à la draft : le vainqueur du Heisman Trophy Jim Plunkett. Sous sa férule, la franchise redresse la tête avec un record de 6-8.

Cependant, si les Pats ont trouvé leur Quarterback, ils perdent Nance parti aux Jets, et ils n’ont aucun receveur ou défenseur qui ressorte du lot, ce qui fait replonger la franchise à 3-13 la saison suivante. Les mauvais résultats provoquent un carrousel d’entraîneurs alors que Mazur est remplacé par Phil Bengtson pendant la saison, qui lui-même est remplacé par le coach d’Oklahoma, Chuck Fairbanks.

 

La magie Fairbanks dure un temps (1973-1981)

 

Le coach redonne foi aux Patriots avec sa science défensive et l’ajout du Nose Tackle Ray « Sugar Bear » Hamilton ; en parallèle, il fournit enfin à l’attaque des armes très importantes avec la draft du futur Hall Of Famer Guard John Hannah, du receveur Darryl Stingley, du coureur Sam « Bam » Cunningham, et la signature du Tackle Leon Gray. Grâce à tout cela, l’équipe joue mieux et termine l’année sur un record de 5-9. Fairbanks décide de faire passer la défense des Patriots en 3-4, et l’année 1974 est encore meilleure avec un record de 7-7 ; l’équipe est sur la voie du renouveau avec la draft de bons joueurs défensifs comme le Linebacker Steve Nelson.

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Leon Gray et John Hannah

Néanmoins, l’attaque reste jointe au succès de Plunkett, et le Quarterback se blesse rapidement dans la saison 1975, créant un vide que le rookie Steve Grogan remplit comme il peut sans grande réussite ; l’équipe retombe à 3-13. Malgré la draft du Tight End Russ Francis ou du Defensive Back Steve Freeman, l’équipe est encore trop fragile pour soutenir un tel manque. Elle a besoin de choix de draft, alors elle décide de tenter un coup de poker : elle envoie Jim Plunkett aux 49ers en échange de deux premiers tours. Cela fait donc trois sélections dans le premier tour de la draft 1976, et New England va très bien les utiliser : ils choisissent deux Defensive Backs, Tim Fox et surtout le futur Hall Of Famer Mike Haynes, qui vont former une belle ossature derrière.

Steve Grogan se retrouve bombardé titulaire dans sa deuxième saison, et il ne va pas décevoir : il rend notamment les défenseurs fous par sa capacité à courir avec la balle, marquant pas moins de 12 touchdowns au sol (record de l’époque). Avec Cunningham au sol et une défense revitalisée, les Patriots inversent complètement la tendance et terminent sur le toit de l’AFC East avec un record de 11-3, le meilleur de leur courte histoire. Ils accèdent aux playoffs de 1976 et se déplacent chez les Raiders d’Oakland, qu’ils ont été les seuls à battre pendant la saison. New England mène 21-17 à la fin du match, mais une pénalité très litigieuse pour une brutalité de Hamilton sur le Quarterback Ken Stabler prolonge le dernier drive des Raiders ; Oakland score un touchdown et l’emporte 24-21.

Malgré cette déception, les Patriots sont sur la bonne voie. La franchise continue de choisir de bons joueurs à la draft : en 1977 ils ajoutent le Defensive Back Raymond Claiborne et le receveur Stanley Morgan. Tout semble indiquer que l’équipe va repartir sur de bons rails, mais le train a des ratés : Hannah et Gray, qui forment le côté gauche de la ligne offensive, refusent de s’entraîner pour avoir un meilleur contrat ; les émoluments promis par Fairbanks ne sont pas acceptés par les Sullivan à la tête de l’équipe, ce qui frustre également le coach. Cela perturbe l’équipe qui ne parvient pas à revenir au même niveau de jeu que l’année précédente, terminant à 9-5.

Patriots-DarrylStingleyLes Patriots vont alors devoir faire face à deux événements majeurs pendant la saison 1978. Le premier c’est la terrible blessure subie par Stingley lors d’un match de présaison contre les Raiders : il plonge sur une passe et sa tête vient heurter de plein fouet l’épaulière de Jack Tatum. Stingley retombe lourdement sur le terrain et reste immobile. Le diagnostic tombe un peu plus tard : le joueur a la moelle épinière sectionnée et finit quadriplégique. Quand il se trouve à l’hôpital, le coach des Raiders John Madden et le Guard Gene Upshaw viennent lui rendre visite, devenant des amis proches. Cela motivera d’ailleurs Upshaw, qui deviendra plus tard le président de la NFLPA (l’association des joueurs de NFL), à monter des aides pour les joueurs retraités handicapés.

Devant cette tragédie, l’équipe se regroupe et joue son meilleur football notamment en jeu de course : les Pats gagnent 3165 yards au sol, un record dans l’ère du Super Bowl qui tient toujours. Avec une telle performance, ils parviennent à décrocher un record de 11-4 avant le dernier match de la saison, mais c’est là que l’affaire des contrats explose au visage de la franchise : Fairbanks annonce qu’il part de New England et va coacher l’Université de Colorado en NCAA. Les Sullivan suspendent le coach pour le dernier match, que les Pats perdent contre Miami 23-3. Comme le club accède aux playoffs, la suspension est levée, mais sans trop de surprises New England fait un non-match et se fait sortir par les Oilers de Houston 31-14.

Fairbanks quitte l’équipe en mauvais termes malgré le succès qu’il a apporté : trois saisons positives et une équilibrée en six ans avec deux apparitions en playoffs. C’est le Coordinateur Offensif Ron Erhardt qui prend le poste. La guerre entre Fairbanks et les Patriots n’est d’ailleurs pas finie, car les Sullivan poursuivent l’ancien coach pour rupture de contrat ; la confrontation dure jusqu’en avril et le jugement final donne raison à la franchise.

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Mike Haynes

Sous Erhardt l’attaque continue de carburer, mais c’est la défense qui flanche légèrement, et les Pats postent un 9-7 un peu décevant. En 1980, une autre dispute liée aux contrats éclate, cette fois pour le coureur Cunningham qui ne joue pas de la saison ; l’équipe doit aligner le rookie Vargas Ferguson qui répond plus que favorablement. Grogan et Morgan continuent leur show aérien et la franchise démarre parfaitement à 6-1. Néanmoins cela ne dure pas et l’équipe rate les playoffs à 10-6 ; les Pats commencent à développer une réputation d’équipe qui finit toujours par craquer dans les moments décisifs.

Cette réputation va littéralement prendre corps pendant la saison 1981, où New England va connaître une année noire avec huit matchs perdus par un écart de sept points ou moins. L’attaque notamment a du mal à marquer des points, et la défense ne tient pas assez longtemps pour permettre de courtes victoires. C’est un terrible record de 2-12 qui mène au renvoi de Erhardt, remplacé par le coach de SMU Ron Meyer.

Cette tendance à mal finir les saisons va continuer dans les années suivantes, mais pour une année cela va changer.

 

Des fins de saisons décevantes… mais une finale (1982-1988)

 

Patriots-AndreTippettL’année 1982, écourtée par la grève des joueurs, démarre un peu mieux avec notamment la draft du futur Hall Of Famer Linebacker Andre Tippett. Les Patriots veulent laver l’affront de la saison dernière, et par tous les moyens possibles, ce qu’ils prouvent lors du match contre les Dolphins de Miami, le fameux Snowplow Game : le match à Foxborough se joue sous la neige, et New England utilise une balayeuse pour enlever la poudreuse et aider son Kicker à marquer le Field Goal de la victoire 3-0. Cela n’est pas contraire au règlement, mais la ligue s’empressera par la suite de rajouter la fameuse Snowplow Rule qui n’autorise que les mains et les pieds pour nettoyer la neige avant un kick.

Quoi qu’il en soit, les Pats utilisent cette victoire pour accéder aux playoffs avec un record de 5-4 à la fin de la saison. L’ironie veut qu’en Divisional Round, New England retrouve Miami, et cette fois le match se déroule en Floride : pas de neige, pas de balayeuse, et les Dolphins prennent leur revanche 28-13.

1983 voit les Patriots perdre Mike Haynes qui rejoint les Raiders d’Oakland, et le coureur Sam Cunningham qui prend sa retraite, remplacé par Tony Collins. Ils perdent également le nom du Schaefer Stadium qui devient le Sullivan Stadium. La draft apporte le Quarterback Tony Eason et le Linebacker Johnny Rembert, mais l’équipe continue de souffrir de son habitude de mal terminer les saisons, et une possible place de playoffs s’évapore à la dernière journée avec un record de 8-8.

En 1984, les Patriots jettent leur dévolu sur le receveur Irving Fryar pour donner une arme offensive aux Quarterbacks. Un Grogan cassé par les blessures à répétition finit par être remplacé par Eason, mais les vieux démons resurgissent rapidement : après un démarrage à 5-2, et malgré le remplacement de Meyer par l’ancienne légende de la NFL Raymond Berry, l’équipe termine encore sur une série de défaites pour clore la saison à 9-7, hors des playoffs.

En 1985, Eason est titulaire mais démarre mal la saison, et Grogan le remplace. Le vétéran se fracture la jambe, et Eason doit revenir sur le terrain ; néanmoins, il joue bien mieux, et l’équipe est assez solide autour de lui pour qu’enfin, New England termine une saison correctement à 11-5 avec une place en playoffs. Le Wild Card Round voit un déplacement chez les Jets que les Pats dominent 26-14. Le Divisional Round est une revanche du match de 1976 contre les Raiders : la défense force six pertes de balle et les Pats l’emportent 27-20. La première finale AFC de New England a lieu à Miami à l’Orange Bowl ; un endroit où le club est sur une série de 20 défaites d’affilée. Mais encore une fois, la défense arrache six ballons et la franchise du Massachusetts l’emporte 31-14 ; à la surprise générale, les Pats sont en route pour leur premier Super Bowl !

Super Bowl XX se déroule à New Orleans : New England fait face aux Monsters Of The Midway, les Bears de Chicago qui sont dans une saison défensive record. Les Patriots mènent rapidement 3-0, mais malheureusement pour eux ils ne vont plus voir le jour le reste du match : la défense de Chicago force à son tour six pertes de balles et les Patriots sont écrabouillés 46-10 sans grande possibilité de réaction. C’est une fin difficile après une telle saison, mais il n’y avait pas grand-chose à faire contre les Bears de cette année.

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Steve Grogan

Suite aux espoirs fournis par cette accession au Super Bowl, 1986 démarre par une mauvaise nouvelle : John Hannah décide de tirer sa révérence après 13 ans d’une illustre carrière avec les Patriots. Son absence va se faire cruellement sentir dans le jeu de course qui va marquer sévèrement le pas. Heureusement, Tony Eason est maintenant à l’aise dans son jeu de passe avec une belle saison à 3328 yards et 19 touchdowns, et la défense reste performante ; c’est une nouvelle année à 11-5 et une deuxième place en playoffs d’affilée, ce que le club n’avait jamais connu auparavant. Cependant, New England va sortir bien plus vite des playoffs cette fois : les Broncos de Denver de John Elway l’emportent 22-17 grâce à un retour en deuxième mi-temps.

Malgré la draft du Tackle Bruce Armstrong en 1987 et le renfort du Quarterback des Bears Doug Flutie, la saison tronquée par la grève va enrayer la belle mécanique des Patriots qui vont poster une année sans playoffs à 8-7. A partir de cet instant le poste de Quarterback va être dans un certain flou, alternant entre Eason, Grogan et Flutie. Cela va un peu plomber les performances des Patriots : en 1988 ils alignent un record de 9-7 qui n’est pas suffisant pour la phase éliminatoire.

Et pour ne rien arranger, le trouble va s’étendre jusqu’à la tête de l’organisation.

 

Le carrousel des propriétaires (1989-1993)

 

Robert Kraft

Les Sullivan connaissent d’énormes problèmes financiers depuis quelques années. Ils n’ont jamais été des gens énormément riches, et ils ont fait quelques investissements très hasardeux, le plus connu restant le financement du Victory Tour des Jackson Five en 1984 (une tournée dont les coûts ont été astronomiques). Les Sullivan demandent à la NFL de pouvoir vendre 50% des parts de l’équipe, mais la ligue refuse, et les propriétaires doivent donc céder les Patriots au plus offrant. La franchise est rachetée par Victor Kiam, le patron de Remington, une entreprise de soins personnels (qui produit entre autres rasoirs et shampooings). Le Sullivan Stadium, lui, subit la banqueroute, et il est racheté par un magnat du papier de Boston qui fera bientôt reparler de lui, Robert Kraft.

Suite à cette vente, le stade est renommé Foxboro Stadium. Kiam va symboliser la pire période dans l’histoire de la franchise : il a acheté les Patriots uniquement pour le côté marketing et ne connaît rien au sport. La draft 1989 n’a aucun réel talent, et la saison va être immédiatement plombée par les blessures de trois titulaires en défense : Tippett, le Cornerback Ronnie Lippett et le Defensive End Garin Veris. Le jeu des chaises musicales chez les Quarterbacks ne va pas aider et la saison s’achève sur un 5-11. Eason et le General Manager Dick Steinberg partent aux Jets, Flutie va jouer en CFL, et Raymond Berry est remercié après avoir pourtant amené la franchise au Super Bowl. C’est le Coordinateur Défensif des Steelers Rod Rust qui prend sa place.

La saison 1990 est une des pires jamais vues pour une franchise NFL. Grogan est cuit, le Quarterback Mark Wilson ne fait pas mieux, Stanley Morgan est parti finir sa carrière aux Colts, et la défense craque de partout. Pour donner un exemple, les Pats ne marquent que quatre touchdowns au sol et en encaissent 29. Et comme si les problèmes sur le terrain ne suffisaient pas, certains joueurs de l’équipe sont accusés de harcèlement sexuel de la part d’une journaliste du Boston Herald, Lisa Olson ; pour couronner le tout, Kiam lui-même défend ses joueurs en disant que le journal l’avait cherché en envoyant une femme dans un vestiaire, traitant Olson de « salope classique ». Le commissioner Paul Tagliabue décide de donner des amendes à l’équipe et aux joueurs incriminés, mais l’image des Patriots est sévèrement écornée.

Pour l’année 1991, Rust est immédiatement renvoyé, remplacé par le coach de Syracuse Dick McPherson, et la draft apporte enfin un bon élément avec le Tight End Ben Coates. Le Quarterback des Falcons Hugh Millen est signé et McPherson le titularise pendant la saison. Le coach semble redonner du peps à l’équipe qui reprend confiance et poste un 6-10 un peu plus présentable. Mais ce n’est qu’un sursaut passager, car la franchise retombe rapidement dans ses travers en 1992 avec un atroce 2-14. Cependant, le plus important se passe ailleurs, à la tête de la franchise.

En 1992, les finances de Kiam sont en train de plonger : comme les Sullivan avant lui il fait face à un risque de banqueroute. Il n’a d’autres choix que de céder 51% de ses parts dans l’équipe à un businessman de Saint-Louis, James Orthwein, à qui il doit une grosse dette. Ce dernier n’a pas fait cette demande par hasard : les Cardinals ont quitté la ville de Saint-Louis en 1988, et il pense pouvoir ramener les Patriots dans le Missouri. Il finit par racheter 100% de la franchise et les rumeurs de déménagement enflent.

Cependant, Orthwein s’implique bien plus que Kiam dans l’équipe, et pour redonner une nouvelle image il opère plusieurs changements. En premier, il décide de changer le logo de l’équipe, jugant « Pat Patriot » un peu désuet ; il est remplacé par le logo actuel, surnommée le « Flying Elvis ». Ensuite, il change les couleurs de l’uniforme : le rouge fait place au bleu, et le blanc du casque fait place à de l’argenté. Mais le mouvement qui a le plus d’impact, c’est l’embauche d’un coach déjà légendaire qui a porté les Giants à deux Super Bowls : The Tuna, Bill Parcells.

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Troy Brown

Parcells ne met pas longtemps à faire marcher sa magie : la draft 1993 apporte le Quarterback de Washington State Drew Bledsoe, le Linebacker Chris Slade et le receveur Troy Brown. Bledsoe est immédiatement titularisé et connaît logiquement une première saison compliquée ; il se blesse et les Patriots terminent à 5-11, mais Parcells est un maître dans l’art de construire du solide, ce qui demande du temps.

Le problème c’est qu’en 1993 les fans de Boston et des environs n’ont plus de temps : Orthwein tient de plus en plus à déménager la franchise. C’est alors que Robert Kraft revient dans l’équation : il possède le stade, et la franchise a un bail avec celui-ci. Le businessman, natif de Boston, refuse de voir les Patriots partir et repousse sans sourciller toutes les offres financières de Orthwein. Incapable de casser le bail, le natif de Saint-Louis n’a d’autre choix que reconnaître qu’il ne peut pas déménager le club : il décide donc de mettre l’équipe en vente, et Kraft la rachète pour 175 millions de dollars.

Les Patriots resteront bien à Foxborough… et vont revenir au premier plan.

 

De Parcells à Belichick (1994-2000)

 

1994 s’ouvre sur une franchise avec un nouveau propriétaire qui est déjà adulé dans la région pour son refus de laisser les Pats partir. La draft amène un nouveau talent avec le Linebacker Willie McGinest, mais malgré cela les spectateurs ne sont pas tout de suite récompensés de leur enthousiasme car l’équipe commence mal la saison à 3-6. Le tournant arrive en Week 10 contre Minnesota : Parcells donne les clefs du jeu à Bledsoe qui complète 45 passes sur 70 (deux records NFL toujours d’actualité) pour 426 yards et trois touchdowns dans un retour de 20 points et une victoire 23-20 en prolongations. A partir de là, New England enchaîne les victoires, termine 10-6 et arrache une place inespérée en playoffs. L’équipe va certes tomber 20-13 lors du Wild Card Round contre les Browns de Cleveland, mais la progression est inespérée.

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Drew Bledsoe et Bill Parcells

1995 représente donc beaucoup d’espoir pour les fans, et la franchise se renforce grandement avec la draft des futurs Hall Of Famers coureur Curtis Martin et Defensive Back Ty Law. Martin vient enfin revitaliser un jeu de course inexistant, et il va même faire mieux : il court pour 1487 yards, remportant le titre d’Offensive Rookie Of The Year. Cependant l’attaque subit la blessure de Bledsoe de plein fouet, et l’équipe doit se contenter d’un record médiocre de 6-10 qui n’est pas sa réelle valeur… ce qu’elle va démontrer l’année suivante.

Pourtant, 1996 ne démarre pas idéalement : Parcells obtient une modification de son contrat pour retirer une clause qui le force à payer 1,4 million de dollars s’il n’entraîne pas les Patriots en 1997. En parallèle, Kraft voudrait avoir un General Manager, ce qui veut dire limiter les pouvoirs de Parcells ; ces événements usent la relation entre les deux hommes. Le conflit finit par exploser lors de la draft, quand le coach souhaite prendre un défenseur mais Kraft le déjuge et donne le choix du premier tour à son directeur du personnel professionnel, qui choisit le receveur Terry Glenn ; Parcells confie alors à un journaliste qu’il partira de la franchise à la fin de la saison. Les ajouts de Glenn, du Linebacker Tedy Bruschi et du Defensive Back Lawyer Milloy renforcent l’équipe qui termine 11-5 avec une qualification pour les playoffs. La phase éliminatoire ne posera aucun problème grâce à une défense étouffante avec une victoire 28-3 sur Pittsburgh et 20-6 contre Jacksonville. Parcells a encore réussi son coup : en quatre saisons, les Patriots sont passés de 2-14 au Super Bowl.

Super Bowl XXXI est quasiment une redite du premier joué par New England : à New Orleans, contre une équipe de la NFC Central, dans le rôle de l’outsider ; en effet, les champions AFC sont donnés perdants de 14 points contre les Packers de Green Bay. Le premier quart-temps est explosif : Green Bay prend rapidement un avantage de dix points, mais New England répond par deux touchdowns pour mener 14-10. Bledsoe commet cependant deux interceptions très coûteuses, et les Packers capitalisent pour mener 27-14 à la pause. Malgré un touchdown de Martin au sol, le futur Super Bowl MVP Desmond Howard coupe définitivement les jambes de New England juste derrière avec un retour de kickoff de 99 yards pour le dernier touchdown du match ; la défense des Packers ferme la boutique et les Pats sont défaits 35-21.

Parcells quitte l’équipe comme annoncé avant la saison, en prononçant sa fameuse phrase :

S’ils vous demandent de faire le dîner, la moindre des choses c’est qu’ils vous laissent faire les courses.

C’est alors le début d’un imbroglio incroyable entre Parcells, les Patriots et les Jets de New York.

Les Jets sont dans la nasse depuis quelques années et ils voudraient bien faire venir The Tuna, en profitant de cette fameuse clause disparue. Tagliabue intervient une première fois dans les sens des Patriots : même sans la clause le contrat est toujours valide et Parcells a uniquement le droit de coacher New England en 1997. Parcells décide alors d’emmener avec lui son assistant, qui prendra la place de Head Coach des Jets alors que lui restera « consultant ». Kraft réagit immédiatement à ce montage loufoque, et Tagliabue lui donne encore raison : si Parcells veut vraiment coacher les Jets en 1997, cela aura un prix : le troisième et quatrième tour de la draft 1997, le deuxième tour de la draft 1998 et le premier tour de la draft 1999. Les Jets acceptent la transaction pour accueillir Parcells et son adjoint, un certain William « Bill » Belichick.

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Willie McGinest et Tedy Bruschi

New England doit donc se trouver un nouveau coach : c’est le Coordinateur Défensif des 49ers Pete Carroll qui est choisi. L’équipe connaît blessure sur blessure en 1997 avec Martin en saison régulière, ainsi que Coates puis Glenn en playoffs. Ces manques sont trop durs à surpasser à la longue : après une saison à 10-6, les Patriots l’emportent 17-3 contre Miami mais doivent s’incliner 7-6 contre la défense de Pittsburgh.

1998 marque une nouvelle étape dans la rivalité Patriots-Jets : Parcells débauche Curtis Martin malgré le tender mis en place par New England, ce qui force New York à payer un premier et un troisième tour de draft 1999. Avec le premier tour récupéré, les Pats choisissent le coureur Robert Edwards, et un peu plus tard le Defensive End Greg Spires. Malgré une bonne saison de Edwards à 1115 yards, l’année est assez compliquée sous la houlette de Carroll, et deux blessures de Glenn et de Bledsoe condamnent la franchise à terminer à 9-7 en dehors des playoffs.

Le début de l’année 1999 est marquée par la terrible blessure d’Edwards : lors des festivités du Pro Bowl, il participe au Rookie Beach Bowl (un match de foot sur sable) et se disloque le genou, endommageant les quatre ligaments majeurs (ACL, LCL, PCL et MCL) ainsi que les nerfs autour. Il échappe de très peu à l’amputation et on lui prédit qu’il ne remarchera peut-être jamais ; libéré en 2000, il parviendra à force de travail à rejouer une année à Miami en 2002 puis il évoluera en CFL (la ligue canadienne), un véritable exploit vu la blessure. Au niveau du terrain, l’attaque n’a pas les armes suffisantes pour exister sans jeu de course, et la franchise poste un 8-8 qui coûte sa place à Pete Carroll. Il faut de nouveau trouver un Head Coach, et les événements vont ramener quelqu’un que les Patriots connaissent déjà.

A la fin de la saison, Parcells décide de quitter les Jets et laisse les clefs de la maison à son assistant Belichick. Dans la foulée, ce dernier décide d’annoncer sa propre démission ! Les Patriots n’en demandent pas tant et essaient de faire revenir le « fils prodigue » à New England, mais les Jets ne se laissent logiquement pas faire : les Pats perdent un premier tour de la draft 2000, un quatrième et septième tour de la draft 2001 et récupèrent Belichick, un cinquième tour de 2001 et un septième tour de 2002. Privée de son premier tour, la draft 2000 de Belichick est un four complet… sauf pour un choix apparemment anodin, un Quarterback freluquet de Michigan pris au sixième tour, Thomas « Tom » Brady. Sans jeu de course et avec une défense qui faiblit, c’est une saison à 5-11.

C’est à ce moment que le Linebacker des Jets Morris « Mo » Lewis et une obscure règle NFL se mêlent de changer l’histoire.

 

La dynastie Belichick-Brady (2001-2004)

 

En 2001, les Patriots rajoutent plusieurs bons joueurs : ils sélectionnent le futur Hall Of Famer Defensive End Richard Seymour et le Tackle Matt Light, et ils signent le coureur des Bills Antowain Smith et le Defensive End/Linebacker des Steelers Mike Vrabel. Le début de la saison est très difficile pour la franchise : le coach des Quarterbacks Dick Rehbein décède d’une crise cardiaque pendant les camps (il n’avait que 45 ans), et la semaine suivante Bledsoe prend un choc énorme de Mo Lewis lors d’une course. Le Quarterback a un vaisseau qui éclate dans la poitrine et il doit être hospitalisé, laissant sa place à Tom Brady. Plus personne n’attend grandchose des Patriots, mais Brady prouve être un Quarterback sérieux qui commet très peu d’erreurs, et les New England se repose sur une défense féroce pour avancer dans la saison. Brady est maintenu quand Bledsoe revient, et les Patriots décrochent les playoffs à 11-5.

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Brady et Belichick

Le Divisional Round se joue sous une tempête de neige à Foxboro contre les Raiders d’Oakland, et va rester dans les mémoires pour la fameuse Tuck Rule. Les Raiders mènent 13-10 et pensent avoir gagné le match sur un sack-fumble de Brady, mais l’arbitre fait appel à la très obscure Tuck Rule pour dire que le Quarterback n’a pas commis un fumble mais une passe incomplète. Cela permet à New England de poursuivre le drive et d’égaliser à 13-13 grâce à un incroyable Field Goal du Kicker Adam Vinatieri de 45 yards dans une tempête de neige. Les Patriots l’emportent finalement en prolongations 16-13. La finale AFC contre les Steelers sera également très serrée, avec un Troy Brown héros du match : il réussit un touchdown sur punt return puis récupère un Field Goal contré des Steelers et passe la balle en arrière à Antwan Harris pour un nouveau touchdown ; New England l’emporte 24-17 et va à son troisième Super Bowl.

Super Bowl XXXVI a lieu encore une fois à New Orleans, et si l’équipe en face ne vient pas de NFC Central mais de NFC West, ils sont encore donnés perdants de 14 points. Les adversaires du jour sont les Rams de Saint-Louis et leur attaque de feu, le Greatest Show On Turf mené par le Quarterback Kurt Warner et le coureur Marshall Faulk. Belichick sait très bien qu’il faut museler Faulk avant tout, et il demande à sa défense d’être ultra-physique dès le début sur lui pour le sortir du match mentalement. Elle le fait très bien, et même plus : Law retourne une interception de Warner pour un touchdown, et un fumble créé par Harris amène une passe de touchdown de Brady ; à la pause les Patriots mènent 14-3. Les Rams reviennent à égalité 17-17 avec 1:37 restantes dans le match, et Belichick décide alors de faire confiance à Brady : le Quarterback remonte le terrain avec calme et précision ; il met en place Vinatieri pour le Field Goal de la victoire 20-17.

C’est l’une des plus grosses surprises de l’histoire du Super Bowl, et également la première fois que le score de la finale est modifié sur la dernière action du temps règlementaire. Brady est élu MVP du match, et après avoir raté le coche en 1985 et 1996, les Patriots sont enfin sur le toit de la NFL… et ils ne vont y partir de sitôt.

Cette victoire est suivie de l’ouverture du flambant neuf Gillette Stadium en 2002. L’arrivée des Texans de Houston en NFL modifie peu la division : les Colts d’Indianapolis (anciennement Baltimore) partent juste en AFC South. Les Pats rajoutent le receveur Deion Branch à la draft, mais ils semblent redescendre de leur nuage avec un niveau de jeu moins élevé que la saison précédente ; l’équipe ne peut aligner qu’un record de 9-7 et rate les playoffs. La draft 2003 amène le Defensive End Ty Warren, le Defensive Back Asante Samuel et le Centre Dan Koppen. Belichick accepte de laisser partir le capitaine défensif Lawyer Milloy à Buffalo pour raisons salariales, et signe le safety des Chargers Rodney Harrison. L’équipe prouve alors qu’elle n’y a pas perdu au change en faisant la meilleure saison de son histoire à 14-2. Si l’attaque est bonne, c’est surtout la défense qui impressionne en encaissant seulement 238 points.

Le Divisional Round va encore être une preuve de l’importance d’Adam Vinatieri : c’est sur un Field Goal tard dans le quatrième quart-temps que les Patriots battent les Titans du Tennessee 17-14. La finale AFC voit New England recevoir Indianapolis, et on salive d’avance du duel entre Tom Brady et le MVP de la ligue, le Quarterback des Colts Peyton Manning. Cela va être le premier match à enjeux de ce qui va devenir la rivalité du XXIe siècle, et c’est Brady qui remporte la première manche 24-14 avec notamment une défense qui intercepte Manning quatre fois. Les Patriots retournent donc au Super Bowl au bout de seulement deux ans.

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Peyton Manning et Tom Brady

Super Bowl XXXVIII casse avec la routine des Patriots : il a lieu à Houston et la franchise est donnée gagnante de 7 points ! New England affronte les surprenants Carolina Panthers dans un des Super Bowls les plus spectaculaires jamais vus : aucun point dans le premier quart-temps, puis une série d’actions offensives qui laissent la marque à 14-10 New England à la pause. Après le fameux incident du Nipplegate où le costume de Janet Jackson connaît une défaillance malheureuse pendant le show de la mi-temps, et les défenses verrouillent à nouveau le troisième quart-temps. C’est alors l’explosion offensive en dernière période : les Panthers répondent touchdown pour touchdown, ce qui laisse la marque à 29-29 à 1:13 de la fin. C’est alors que le Kicker John Kasay est pénalisé pour avoir envoyé le kickoff en touche, ce qui met Brady sur ses 40 yards. Le Quarterback n’en demandait pas tant, met son Kicker en place et Vinatieri cimente un peu plus sa légende de clutch player en donnant la victoire 32-29 aux Pats. Brady gagne son deuxième titre de MVP du Super Bowl.

L’équipe se renforce en 2004 avec la draft du Nose Tackle Vince Wilfork et du Tight End Ben Watson ; elle remplace également Antowain Smith par le coureur des Bengals Corey Dillon. Ce dernier frappe de suite un grand coup dans la saison en courant pour 1635 yards, et les Patriots continuent leur série de victoires consécutives avec 21, saison dernière et playoffs compris. Malgré une série de blessures dans l’arrière-garde qui pousse Belichick à aligner le polyvalent Troy Brown en Cornerback (qui réussit trois interceptions !), c’est une nouvelle saison excellente avec un record de 14-2. Un nouvel épisode de la rivalité Brady-Manning se déroule au Divisional Round, mais la défense domine à nouveau le Quarterback des Colts et New England l’emporte 20-3. Les Steelers ne feront pas mieux en étant défaits aisément 41-27, et les Patriots sont en train de monter la dynastie des années 2000.

Super Bowl XXXIX a lieu à Jacksonville et voit New England affronter les Eagles de Philadelphie. Un échange de fumbles profite aux Eagles qui marquent un touchdown, mais les Patriots égalisent juste avant la mi-temps à 7-7. Les Patriots reprennent l’avantage à la sortie des vestiaires grâce à une de leurs tactiques préférées près de l’en-but : la passe courte à Mike Vrabel, mais les Eagles répondent, et on entre dans le dernier quart-temps à 14-14. L’attaque du Massachussets arrive enfin à enchaîner deux scores avec dix points mais les Eagles ne lâchent rien et reviennent à 24-21. La défense fait le reste avec une interception de Harrison qui scelle la victoire de New England 24-21. Deion Branch (11 réceptions, 133 yards) est nommé MVP du match, et les Patriots sont la seconde équipe de l’histoire après les Cowboys à gagner trois Super Bowls en quatre ans.

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Adam Vinatieri

Cette fois c’est sûr : New England est la dynastie des années 2000. La suite ne va pas être autant couronnée de succès, mais les Patriots restent constamment parmi les favoris.

 

Un succès pérenne… mais sans titre (2005-2010)

 

Les rêves de triplé semblent mal partis dès les jours suivants la victoire contre Philadelphie : le 16 février, Tedy Bruschi fait une attaque à cause d’une malformation congénitale au coeur et doit être opéré ; une récupération spectaculaire lui permet néanmoins de rejouer le 30 octobre, soit 8 mois et demi après. Mais il y a d’autres manques dans l’équipe : les Patriots ont perdu leur deux Coordinateurs, l’Offensif Charlie Weis à Notre-Dame et le Défensif Romeo Crennel aux Browns, ainsi que Ty Law aux Jets et Rodney Harrison qui se blesse rapidement. Après la draft du Guard Logan Mankins et du Quarterback Matt Cassell, New England parvient quand même à terminer 10-6 malgré tous ces problèmes. Mais si le premier tour est aisé contre les Jaguars 28-3, le nouveau chapitre en playoffs contre les Colts tourne à l’avantage de Manning : les Pats commettent cinq pertes de balle et sont défaits 27-13.

2006 marque un petit tournant avec le départ d’Adam Vinatieri aux Colts ; l’équipe drafte le Kicker Stephen Gostkowski pour le remplacer. Malgré les autres départs de Givens et Branch, les Patriots réalisent une saison plus solide à 12-4 pour un nouveau titre de l’AFC East. Le Wild Card Round promet d’être croustillant car New England reçoit les Jets de New York, coachés par celui qui avait pris la place de Crennel l’année dernière, Eric Mangini. New England, prend la tête dans le match et ne la lâche plus dans une victoire aisée 37-16. Le Divisional Round est plus compliqué contre les Chargers de San Diego, et il faut que Troy Brown joue encore aux héros en arrachant une interception des mains de Marlon McCree pour permettre aux Pats d’égaliser à 21-21 tard dans le match.

Patriots-BrownMcCreeUn dernier drive et un Field Goal de Gostkowski leur donne l’avantage 24-21 puis la victoire quand le Kicker des Chargers Nate Kaeding rate le sien de de 54 yards. La finale AFC est la rencontre des vieux rivaux, les Colts et les Patriots, à Indianapolis. Le match semble bien démarrer quand les visiteurs mènent 21-6 à la pause, mais la seconde mi-temps est un chassé-croisé infernal. Manning mène un drive magistral de 80 yards pour prendre l’avantage 38-34 à 54 secondes de la fin ; cette fois c’est trop pour Brady qui se fait intercepter, et les Patriots s’inclinent.

Toutes ces récentes frustrations en playoffs travaillent la franchise, qui décide de faire un gros coup : donner à Brady deux receveurs de qualité avec l’acquisition du dragster futur Hall Of Famer Randy Moss des Vikings et de Wes Welker des Dolphins. En défense, l’équipe signe le Linebacker Adalius Thomas des Ravens et drafte le Defensive Back Brandon Meriweather. La saison 2007 démarre cependant sur une controverse : suite à la victoire 38-14 en Week 1 chez les Jets, l’équipe de New York accuse les Patriots d’avoir filmé les signaux de leurs coachs défensifs, une pratique totalement interdite. Spygate prend des proportions médiatiques gigantesques, et après enquête la ligue impose des sanctions : Belichick écope de 500.000 dollars d’amende (la plus grosse amende individuelle jamais infligée), New England de 250.000 dollars et de la perte du premier tour de la draft 2008.

Les Patriots continuent leur saison avec un duo Moss/Welker explosif, et on sent qu’ils veulent prendre une revanche : ils empilent les points sans faire de quartier, et tous les adversaires vont finir par plier d’une façon ou d’une autre ; les Patriots réussissent un exploit en réalisant la seule saison régulière parfaite à 16 matchs avec un record de 16-0. Ce n’est pas le seul record qui tombe, puisque la franchise bat le record de points inscrits en une saison (589) et de différence de points (+315). Individuellement, le MVP et Offensive Player Of The Year Brady lance 50 passes de touchdown, battant le record de 49 sur une saison de Peyton Manning ; sur ces 50, 23 ont été pour Randy Moss, qui bat le record de 22 touchdowns à la réception sur une saison de Jerry Rice. Néanmoins, tout cela ne vaut rien sans le titre, car la seule équipe parfaite de la NFL moderne, les Dolphins de 1972, l’ont remporté. Le Divisional Round est un match contrôlé contre les Jaguars 31-20, alors que la finale AFC très défensive contre les Chargers est remportée 21-12 grâce à quatre Field Goals et un touchdown de Welker.

Super Bowl XLII se déroule à Glendale dans l’Arizona, et il oppose les Patriots aux Giants de New York qui leur avaient donné pas mal de problèmes lors de la dernière semaine de saison régulière (courte victoire 38-35). Les champions NFC comptent bien refaire le même match en mettant la pression grâce à leur fantastique ligne défensive ; ce sont justement les défenses qui dominent après un drive offensif de chaque côté qui met le score à 7-3 Patriots à la mi-temps. On arrive en dernier quart-temps et les deux équipes échangent un touchdown, ce qui place les Patriots en tête 14-10 avec 2:39 restantes. Mais les Giants remontent le terrain, et Manning s’échappe de la poigne de Seymour pour trouver son receveur David Tyree à la lutte avec Harrison ; il attrape la balle en la collant contre son casque, le fameux Helmet Catch. Manning trouve ensuite Steve Smith, et finalement Plaxico Burress dans l’en-but avec 39 secondes restantes. A leur tour, les Patriots sont victimes d’une des plus grosses surprises de l’histoire du Super Bowl, et la saison parfaite s’achève sur un 18-1.

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Welker et Moss

La franchise ne veut pas en rester là, et drafte notamment le Linebacker Jerod Mayo au premier tour. Mais les rêves de titre semblent s’envoler définitivement dès le premier quart-temps du premier match à Kansas City : Brady subit une rupture de ligaments du genou et rate toute la saison. Cela pousse Matt Cassel sur le terrain, et alors qu’on n’en attendait pas grand-chose, il se débrouille bien dans le système de jeu, amenant New England à un record de 11-5. Cependant, l’AFC est forte en 2008 avec six équipes à 10+ victoires, dont surtout trois équipes qui n’ont pas gagné leur division ; par un jeu de tiebreakers les Patriots perdent le titre de division contre Miami et sont éliminés (depuis le passage à 16 matchs en 1978, seuls les Broncos de 1985 ont eu la même mésaventure à 11-5 et hors des playoffs).

2009 marque un exode : Matt Cassel, Mike Vrabel et l’ancien vice-président du personnel des joueurs Scott Pioli partent à Kansas City, Bruschi et Harrison prennent leur retraite, Seymour est envoyé aux Raiders et le Coordinateur Offensif Josh McDaniels va coacher les Broncos. Tous ces mouvements, avec l’arrivée du Tackle Sebastian Vollmer à la draft, poussent les gens à se demander comment les joueurs vont s’y retrouver. Brady n’en a cure : 4398 yards, 28 touchdowns et 13 interceptions plus tard, il gagne le titre de Comeback Player Of The Year alors que les Patriots ont un record de 10-6 suffisant pour le titre de division et les playoffs. Malheureusement, le club connaît un coup dur en perdant Welker, blessé au genou, et le premier tour des playoffs contre Baltimore va être rapidement réglé : Brady commet un fumble et deux interceptions dans un premier quart-temps de cauchemar ; les Ravens mènent 24-0, et New England s’incline finalement 33-14.

En 2010 Belichick donne à Brady deux armes supplémentaires avec le duo de Tight Ends Rob Gronkowski & Aaron Hernandez, alors que la défense voit arriver le Linebacker Brandon Spikes et le Cornerback Devin McCourty. C’est une bonne chose notamment pour l’attaque car, au cours de la saison, Randy Moss se plaint de son rôle réduit, et les Patriots finissent par le renvoyer à Minnesota. Brady continue à jouer à un niveau élevé avec une année à 36 touchdowns et seulement quatre interceptions ; il gagne une nouvelle fois les titres de MVP et Offensive Player Of The Year. New England termine en tête de la NFL à 14-2, et le Divisional Round offre un match intra-division face aux Jets. La défense de New York réussit à mettre la pression sur le Quarterback pour virer en tête 14-3 ; les Patriots ne rattraperont jamais ce retard, car les deux équipes échangent les touchdowns pour une victoire 28-21 des Jets.

 

La NFC, seul vrai rempart à la domination (2011-2015)

 

L’offseason 2011 est mouvementée avec le lockout entre la ligue et les joueurs, mais Robert Kraft est un des principaux artisans de la médiation entre les deux parties. C’est d’autant plus admirable que sa femme Myra se meurt d’un cancer ; elle disparaît le 20 juillet, cinq jours avant l’annonce de la signature du nouveau CBA entre la NFL et le NFLPA. En l’honneur de Myra Hiatt Kraft, les Pats portent tous un écusson « M.H.K » pendant la saison.

Alors que la draft amène le Tackle Nate Solder ou le coureur Stevan Ridley, les Patriots acquièrent le très controversé Defensive Tackle Albert Haynesworth et le receveur Chad Ochocinco. Les deux joueurs sont des fours : Haynesworth, comme attendu, est un gros fainéant, alors qu’Ochocinco a du mal à s’adapter au cadre plus strict des Patriots. C’est plutôt Gronkowski qui se fait remarquer avec des chiffres totalement hallucinants pour un Tight End : 1327 yards et 18 touchdowns (il mène la ligue chez les receveurs !). Malgré une défense un peu plus perméable, New England termine en tête de l’AFC avec un record de 13-3.

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Rob Gronkowski

Les Patriots mettent fin à la sensation Tim Tebow au Divisional Round avec une victoire large 45-10 pour retrouver les Ravens en finale AFC. Le match est bien plus acharné : New England mène 23-20 vers la fin de la rencontre mais le Quarterback des Ravens Joe Flacco mène un dernier drive ultra-rapide jusqu’à un yard de l’en-but. Sa passe à Lee Evans sur deuxième tentative est déviée dans les mains du receveur par Sterling Moore ; les Ravens doivent se contenter d’un Field Goal pour aller en prolongations, mais Billy Cundiff rate sa tentative de 32 yards à la stupeur générale, ce qui envoie les Pats à leur septième Super Bowl.

Super Bowl XLI se déroule à Indianapolis et les Patriots vont chercher à prendre leur revanche sur la finale d’il y a quatre ans, car ce sont encore les Giants de New York qui s’opposent à eux. Les champions NFC semblent encore dominer défensivement : sur sa première passe, Brady est forcé d’encaisser un safety quand il se débarrasse de la balle pour éviter un sack dans son en-but ; mais New England finit par passer la vitesse supérieure pour mener 10-9 à la mi-temps. La franchise en profite même pour mener 17-9 au début de la seconde mi-temps, mais la défense des Giants remet la pression et l’attaque grignote son retard, revenant à 17-15. Après un échange de punts, Manning récupère la balle à moins de quatre minutes de la fin : il trouve Mario Manningham le long de la touche pour la réception du Super Bowl. Cela lance le drive final de New York qui, comme en 2007, se termine en un touchdown, marqué par le coureur Ahmad Bradshaw. Avec une minute à jouer, Brady prend un sack et ne peut rien faire ; encore une fois, les Giants font tomber les Patriots au Super Bowl, 21-17.

En 2012 les Pats draftent le Defensive End Chandler Jones et le Linebacker Dont’a Hightower pour solidifier une défense plus fragile. Malgré quelques couacs ici ou là et la fracture du bras de Gronkowski, la franchise profite d’une division faible pour accrocher un nouveau titre et une place en playoffs à 12-4. Le Divisional Round est plutôt tranquille contre les Texans de Houston avec une victoire 41-28, avant une finale AFC qui est une revanche de l’année précédente : les Ravens reviennent à Foxboro. Après une première mi-temps tendue, la défense des Pats craque en troisième quart-temps, encaissant trois touchdowns ; Baltimore prend le large et l’emporte 28-13.

Avant même de démarrer une potentielle saison pour retourner au Super Bowl et le remporter une quatrième fois, la franchise se retrouve malgré elle au sein d’un fait divers morbide : en juin 2013, la maison d’Aaron Hernandez est perquisitionnée en rapport au meurtre d’un de ses amis, un certain Odin Lloyd ; Hernandez a déjà plusieurs affaires dans son passé, mais celle-ci est la plus récente. Quelques jours plus tard, les Patriots le libèrent logiquement. Il sera déclaré coupable et condamné à la prison à vie sans remise de peine ; c’est la première fois qu’un joueur voit sa carrière professionnelle interrompue par une condamnation à perpétuité dans l’histoire de la NFL.

Sur le terrain, cela n’arrange pas les affaires de Brady, qui a déjà vu Welker partir aux Broncos, Branch être libéré et Gronkowski se blesser. Il doit évoluer avec le duo Danny Amendola-Julian Edelman et son efficacité en prend un coup ; mais il est aidé par un bon jeu au sol avec Ridley, Shane Vereen et le Free Agent LeGarrette Blount. La défense elle aussi fait avec les blessures (Wilfork, Mayo) et les Patriots tiennent bon pour terminer 12-4. Ils vont de nouveau affronter les Colts et Manning en playoffs… mais dans deux matchs différents : en effet, Indianapolis se présente au Divisional Round avec son nouveau jeune Quarterback Andrew Luck ; trop tendres, les Colts s’inclinent 43-22. En finale AFC, New England se déplace à Denver où a atterri Peyton Manning ; la défense des Pats n’arrive pas à stopper le Quarterback pendant la majorité du match (un seul punt de Denver), et les Broncos l’emportent 26-16.

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Dont’a Hightower

On commence à se demander si le duo Brady-Belichick pourra retourner en finale, car le Quarterback a déjà 37 ans en août 2014. L’équipe se renforce avec les signatures du receveur Brandon LaFell des Panthers et des Cornerbacks futur Hall Of Famer Darrelle Revis des Buccaneers et Brandon Browner des Seahawks. L’équipe semble amorphe en début de saison à cause de problèmes de ligne offensive, mais une fois que l’unité trouve sa vitesse de croisière avec notamment le rookie Centre Bryan Stork, le reste du jeu se met en place : Gronkowski est là toute la saison, Revis fait des merveilles et les Patriots terminent la saison à 13-3. Les playoffs vont sentir un peu le réchauffé dans les affiches : les Ravens reviennent à Foxboro en Divisional Round. Baltimore se détache par deux fois de 14 points, mais New England revient toujours à hauteur ; les visiteurs finissent par craquer en scorant un Field Goal mais en encaissant un touchdown, ce qui crée l’écart final 35-31. La finale AFC ne sera pas un nouveau duel Manning-Brady, car les Broncos ont été sortis par les Colts, mais ces derniers sont toujours trop justes et se font sortir 45-7. C’est le huitième Super Bowl pour les Pats, un record NFL partagé avec Pittsburgh et Dallas.

Super Bowl XLIX se déroule à Glendale dans une ambiance assez particulière : en effet, lors de la finale AFC, les Colts ont accusé les Patriots de jouer avec des ballons dégonflés, ce qui serait plus facile pour les lancer ou les tenir (et empêcher les fumbles). New England préfère se concentrer sur leurs adversaires, les Seahawks de Seattle qui sont champions en titre. Après un premier quart-temps sans point, c’est un échange de touchdowns ; le score est de 14-14 à la pause. Seattle pense faire le plus dur en menant 24-14 au début du dernier quart-temps, mais les Patriots font leur spéciale : ils scorent deux touchdowns dont le dernier à deux minutes de la fin pour mener 28-24. Les Seahawks essaient d’émuler les Giants et font un excellent drive pour se retrouver à un yard de l’en-but ; néanmoins, au lieu de prendre le choix logique d’envoyer la boule de bowling Marshawn Lynch ils appellent une passe : le Cornerback Malcolm Butler surgit devant le receveur Ricardo Lockett et intercepte Russell Wilson, donnant la victoire aux Pats.

Brady gagne son troisième titre de MVP de la finale malgré deux interceptions, et sa quatrième bague ; avec ses deux titres de MVP de la saison régulière, il rejoint Joe Montana, le seul à avoir réussi la même combinaison de distinctions individuelles. Néanmoins, la joie sera de courte durée, car après la saison, le scandale des ballons dégonflés ou Deflategate revient hanter la franchise. Après une longue enquête, non seulement la franchise est reconnue de tricherie pour avoir sciemment dégonflé les ballons sous la limite autorisée, mais Brady est accusé d’avoir été plus ou moins au courant. New England reçoit une amende d’un million de dollars avec le retrait du premier tour de la draft 2016 et d’un quatrième tour de la draft 2017, alors que Brady est suspendu quatre matchs.

Cette suspension est néanmoins annulée en appel, et Brady peut bel et bien participer à la saison 2015 qui voit New England connaître plusieurs blessures en attaque, surtout sur la ligne offensive et chez les receveurs. Mais le Gronk’ est toujours apte, ce qui facilite un peu la vie du #12 ; bien qu’il doive lancer à des receveurs inconnus du grand public, la production offensive n’est pas énormément impactée. Le ménage en défense avec notamment les départs de Revis et de Wilfork est bien effectué et l’équipe termine à 12-4 ; elle doit néanmoins laisser le seed #1 aux Broncos, ce qui va revenir la hanter en finale AFC après une victoire 27-20 sur les Chiefs en Divisional Round. En effet, New England doit se déplacer à Mile High, et va être la première équipe à payer très cher la nouvelle règle de transformation à un point qui place le kick à 33 yards des poteaux : Gostkowski en rate une, et les Patriots sont forcés de tenter une conversion à deux points à la fin du match pour égaliser à 20-20, mais elle est ratée ; les Patriots sont défaits 20-18.

 

Le dernier baroud de Brady le Patriot (2016-2019)

 

Deflategate s’invite de nouveau avec une nouvelle bataille juridique ; las, Brady accepte la suspension de quatre matchs pour entamer l’exercice 2016. Les Patriots en sortent avec trois victoires grâce au remplaçant Jimmy Garoppolo et une défense féroce. Malgré une nouvelle blessure du Gronk’ et des échanges faisant partir Chandler Jones ou le Linebacker Jamie Collins, l’équipe passe une saison tranquille à 14-2 en tête de la conférence grâce à un #12 en état de grâce qui termine avec 28 touchdowns et deux interceptions, soit un différentiel record de +26. New England reçoit Houston au Divisional Round : la défense donne quelques sueurs froides à Brady mais l’attaque inepte des Texans les plombe et les Patriots l’emportent 34-16. La finale de conférence contre Pittsburgh sera encore moins serrée même si le score est semblable : le receveur Chris Hogan, signé en Free Agency, trouve les espaces libres et Brady fait le nécessaire pour une large victoire 36-17. C’est le neuvième Super Bowl joué par les Patriots, un record NFL, et autant dire que le rêve de voir Roger Goodell forcé de tendre le trophée à Kraft et Brady après Deflategate en fait saliver plus d’un dans la Nouvelle-Angleterre.

Super Bowl LI se déroule au NRG Stadium de Houston et oppose les Patriots aux Atlanta Falcons. New England subit la foudre des champions NFC qui mènent 21-3 à la mi-temps et 28-3 avec 23 minutes restantes ; tout cela sachant que le plus grand retour de l’histoire de la finale est de… dix points. Mais la défense des Falcons a passé énormément de temps sur le terrain et commence à fatiguer, alors que celle de New England répond enfin présente ; la tendance s’inverse lentement mais sûrement. Les Falcons font plusieurs erreurs techniques (fautes, sacks) comme tactiques (playcall) et Edelman réalise un miracle sur une réception improbable où il jongle la balle à deux centimètres du sol. L’élan bascule du côté des champions AFC qui réalisent l’impensable : ils égalisent à 28-28 à une minute de la fin, forçant la première prolongation de l’histoire du Super Bowl. Elle est vite réglée : New England gagne le toss et Brady mène un dernier drive conclu par James White (3 TDs en finale) pour la victoire finale 34-28. Le Quarterback égale ainsi Charles Haley avec cinq titres et établit le record avec son quatrième vote de MVP du Super Bowl ; Bill Belichick devient le Head Coach le plus titré avec cinq lui aussi.

Le départ de la saison 2017 est un peu cahin-caha ; si la blessure d’Edelman a été équilibrée par l’échange pour l’ex-Saint Brandin Cooks, c’est surtout la défense qui patine sévèrement, que ce soit au sol ou dans la couverture où l’ex-Bill Stephon Gilmore a remplacé Logan Ryan. Mais le Gronk’ fait une saison (quasi)-complète, le jeu au sol tourne, la défense retrouve son allant malgré la perte sur blessure de Hightower, et Brady continue de faire des merveilles ; à 40 ans, il devient le MVP le plus âgé en menant la ligue avec 4577 yards (pour 32 touchdowns et 8 interceptions). Sans trembler plus que cela, c’est une nouvelle année au sommet de l’AFC pour New England à 13-3. En Divisional Round, la franchise n’a pas trop de souci pour écarter les Titans 35-14, mais elle sue bien plus pour éliminer des redoutables Jaguars en finale AFC ; il faut un retour de -10 au dernier quart-temps contre une terrible défense pour l’emporter 24-20.

Super Bowl LII se déroule à l’U.S. Bank Stadium de Minneapolis et constitue la revanche du Super Bowl XXXIX : les Patriots affrontent des Philadelphia Eagles qui se présentent avec leur Quarterback remplaçant, Nick Foles. Si la confrontation de 2004 avait été plutôt défensive, celle-ci va exploser tous les records offensifs dans un feu d’artifice de yards et de points ; il n’y a qu’un seul punt dans tout le match. Philly prend le large 15-3 et parvient à maintenir New England à distance 22-12 à la pause, notamment grâce à un trick play insensé où le Tight End Trey Burton lance une passe de touchdown à… Foles, répondant à une action similaire des Pats où la passe pour Brady avait été un poil trop longue. La deuxième mi-temps continue sur le même rythme, et New England parvient finalement à repasser devant 33-32 à dix minutes de la fin grâce aux 505 yards à la passe de Brady (un de ses nombreux records en finale). Néanmoins, à partir de ce moment, ce sont les Eagles qui vont réussir les actions cruciales : un touchdown, le seul sack du match forçant un fumble de Brady puis un Field Goal donnent la victoire aux champions NFC, 41-33. C’est le pire match défensif des Pats sous Belichick avec 613 yards encaissés, et le Head Coach se retrouve sous le feu des critiques car il a osé laisser Malcolm Butler sur le banc… tout le match.

Devin McCourty

Ce dernier part à Tennessee en 2018, ayant besoin de changer d’air : l’équipe fait venir l’ex-Titan Jason McCourty pour rejoindre son jumeau Devin. Cooks, Amendola et Nate Solder partent, alors que l’ex-49er Tackle Trent Brown ainsi que les ex-Browns receveur Josh Gordon et Defensive Tackle Danny Shelton arrivent, mais l’addition majeure vient de la draft avec le premier tour coureur Sony Michel. Il vient apporter un vrai équilibre à l’attaque alors que la défense connaît quelques petits soucis. Si cela ne met pas en péril un dixième titre d’AFC East consécutif, cela précipite quelques défaites au début et à la fin de la saison qui repoussent New England à 11-5, en deuxième place AFC derrière Kansas City. Après un Divisional Round maîtrisé contre les Chargers où les Pats mènent 35-7 à la pause en route vers une victoire facile 41-28, il faut se déplacer chez les Chiefs. La finale AFC est d’abord défensive, puis un duel de poids lourds offensifs en dernier quart-temps ; Brady pense avoir fait le nécessaire à 39 secondes de la fin avec un touchdown pour mener 31-28, mais un drive éclair des locaux égalise à 31-31 et force la prolongation. New England gagne le toss et le #12 fait son travail habituel, menant le drive de la victoire 37-31 pour l’accession à un troisième Super Bowl consécutif.

Super Bowl LIII se déroule au Mercedes-Benz Stadium d’Atlanta ; c’est le onzième de New England et le neuvième de l’ère Brady/Belichick, une ère qui s’était ouverte au Super Bowl XXXVI sur une victoire surprise contre les Rams… et c’est de nouveau contre eux que les deux hommes vont tenter de battre des records de titres et d’âge. Le match est un vrai duel défensif entre les deux équipes, à tel point que le score n’est que de 3-0 New England à la mi-temps et 3-3 à l’orée du dernier quart-temps ! Mais l’expérience du duo de choc des Pats finit par faire la différence : un drive de Brady terminé par Michel dans l’en-but est le seul touchdown du match et la défense ferme la porte sur une attaque des Rams totalement éteinte pour la victoire 13-3. C’est le Super Bowl le moins prolifique en points et en touchdowns de l’histoire, mais peu importe : Edelman – inarrêtable avec ses 10 réceptions pour 147 yards – est justement sacré MVP de la finale, New England rejoint Pittsburgh avec six trophées Lombardi, Belichick rejoint Curly Lambeau et George Halas avec six titres (toutes époques confondues) et Brady devient seul joueur détenteur de six titres.

Les Patriots repartent en 2019 avec le malaxage habituel de l’effectif, mais cette fois il perd une pièce essentielle : Rob Gronkowski décide de prendre sa retraite ; le Tight End a été dominateur dans sa carrière mais a aussi connu son lot de blessures. Et son absence se fait sentir : derrière Edelman, personne ne se hisse au niveau, et même si l’attaque continue de scorer, elle avance moins efficacement ; la défense, elle, reste intransigeante avec le Defensive Player Of The Year Gilmore. New England termine à 12-4 mais #3 en AFC derrière Baltimore et Kansas City ; c’est la première fois depuis 2009 que la franchise doit passer par le premier tour des playoffs… et elle va tomber dans le traquenard de Tennessee : la défense étouffante et l’attaque au sol punitive des Titans créent l’énorme surprise en sortant les champions en titre 20-13.

La dernière passe de la saison de Brady a été le pick-6 qui a clôt le suspens du Wild Card Round… et ce sera sa dernière en tant que Patriot ; ce qui devait arriver un jour arrive : le 17 mars 2020, la veille de l’expiration de son contrat, il annonce qu’il ne resignera pas à New England. C’est la fin de la plus prolifique association que la NFL ait jamais vu entre un Quarterback et son équipe : 20 ans, 20 saisons positives, 18 qualifications en playoffs, 17 titres de division, 9 participations au Super Bowl, 6 titres, 3 fois MVP, 4 fois Super Bowl MVP, 14 Pro-Bowls, 5 fois All-Pro, 74571 yards et 541 touchdowns à la passe + 22 au sol.

Et l’autre moitié emblématique du duo le plus titré de l’histoire de la NFL ne va pas tarder à suivre la même voie.

 

Le dernier baroud de Bill Belichick (2020-2023)

 

Le début de la vie sans le #12 est compliqué, car l’effectif perd plusieurs autres talents : échange du Gronk’ à Tampa Bay pour rejoindre Brady, retraits COVID de l’Offensive Tackle Marcus Cannon et Hightower, libérations de Collins et du Linebacker Kyle Van Noy. Pour mener l’offensive, Belichick signe l’ex-Panther Cam Newton, ce qui promet une tactique bien différente. C’est peu de le dire : Newton peine à se faire à une attaque appauvrie en receveurs et l’escouade entière manque de jus alors que la défense tient tant qu’elle peut mais craque souvent en zone rouge. C’est littéralement le retour à l’ère pré-Brady puisque les Patriots postent un bilan négatif (7-9) pour la première fois depuis 2000.

Le successeur désigné de Brady se nomme Mac Jones, choisi au premier tour de la draft 2021 ; et d’aucuns de le comparer à son prédécesseur dans ses qualités et ses défauts. Force est de constater que la première saison du jeunot n’est pas une promenade de santé, mais qu’il rentre bien dans le moule de ce que Bill Belichick aime dans un Quarterback : il ne va pas mettre le feu à la ligue, mais il démontre précision, anticipation, contrôle de l’attaque. Il a un peu plus d’aide en réception avec notamment l’arrivée de l’ex-Charger Tight End Hunter Henry, et il est très bien assisté par le jeu au sol et une défense aérienne redoutable menée par J.C. Jackson. Cela permet à New England de revenir en playoffs avec un bilan de 10-7, mais on sent que la franchise reste fragile : cela se confirme avec un non-match en Wild Card à Buffalo où les Bills dominent 47-17.

Cette fragilité est visible en 2022, avec notamment une ligne offensive qui fait un moins bon travail, ce qui plombe une attaque trouvant moins de solutions. Les équipes spéciales plongent aussi et malgré le travail toujours solide d’une défense qui a perdu J.C. Jackson, New England termine à 8-9. Et que dire de 2023, où le fond du trou est définitivement atteint : Belichick décide de se passer de Coordinateur Offensif avant de nommer Matt Patricia (pourtant spécialiste de la défense), deux décisions totalement lunaires qui ne confortent pas un Mac Jones déboussolé. Même si cela s’améliore un peu sur la fin, l’attaque est généralement catastrophique et la défense ne peut pas faire de miracle malgré le retour de Jackson sur échange : les Patriots postent un terrible bilan de 4-13.

C’est le chant du cygne pour Belichick qui tire sa révérence à son tour : 24 saisons, 266-120 en saison régulière + 30-12 en playoffs, 20 saisons positives, 17 titres de division dont 11 de suite, 18 qualifications en playoffs, 9 Super Bowls disputés (record) et 6 Super Bowls remportés (record). Son remplaçant est un de ses anciens joueurs, l’ex-Linebacker Jerod Mayo.