Fiche Franchise : New Orleans Saints

500-Saints

 

Présentation

 

Généralités

 

Création 1966
Division NFC South
Stade Caesars Superdome
Propriétaire Gayle Benson
Président Dennis Lauscha
Manager Général Mickey Loomis
Head Coach Dennis Allen
Titres 1 Super Bowl (2009)
Site Internet http://www.neworleanssaints.com/

 

Introduction

 

Les Saints sont basés à New Orleans (la Nouvelle-Orléans), dans l’état de Louisiane. Ils sont arrivés dans la ligue comme franchise d’expansion en 1967, un an après les Falcons d’Atlanta, qu’ils ont d’ailleurs rejoint dans l’ancienne NFC West. Lors du réalignement de 2002, New Orleans a été reversé dans la NFC South avec Atlanta, Carolina et Tampa Bay.

La franchise a connu de longues années de calvaire avant de connaître un peu de succès au début des années 1990 et à la fin des années 2000 ; ils en ont néanmoins profité pour gagner le Super Bowl en 2009.

 

Uniforme et Mascottes

 

Les Saints utilisent les couleurs or, noir et blanc.

  • Tenue couleur : maillot noir – numéro or – pantalon or – socks noir.
  • Tenue blanche : maillot blanc – numéro noir – pantalon or – socks noir.

Les Saints ont deux mascottes : « Sir Saint », un homme au menton proéminent coiffé d’un casque et porteur du maillot #1, et « Gumbo », un saint-bernard anthropomorphique qui porte le maillot #00. Au début de la franchise, Gumbo était un vrai saint-bernard, présent sur le bord du terrain, et non un déguisement.

 

Membres du Hall Of Fame

 

1995 – Jim Finks (General Manager)
2010 – Rickey Jackson
2012 – Willie Roaf
2017 – Morten Andersen
2022 – Sam Mills

 

Numéros retirés

 

31 – Jim Taylor
81 – Doug Atkins

Le numéro 8 d’Archie Manning est également officieusement retiré.

 

Stade

 

Les New Orleans Saints jouent au Caesars Superdome.
Il a été inauguré le 3 Août 1975.
Il contient 73.208 places, extensible à 76.468.

 

L’histoire de la franchise

 

Sommaire

 

  1. Le football professionnel arrive dans la « Big Easy » (1966-1970)
  2. Archie Manning, bien seul (1971-1980)
  3. Phillips tente un changement raté (1981-1985)
  4. La malédiction du Wild Card Round (1986-1992)
  5. Retour dans les bas-fonds (1993-1999)
  6. Un espoir éphémère balayé par Katrina (2000-2005)
  7. Le duo Payton-Brees et le Super Bowl (2006-2009)
  8. L’après-Super Bowl et « Bountygate » (2010-2016)
  9. Les derniers barouds de Payton et Brees (2017-2021)
  10. On repart dans le flou (2022-2023)

 

Le football professionnel arrive dans la « Big Easy » (1966-1970)

 

En 1966, la NFL décide de fusionner avec sa concurrente l’AFL pour arrêter la course d’enchères qui s’est installée entre les deux ligues de football professionnel. Cette fusion doit amener le nombre d’équipes à 24 et être accompagnée de la création de quatre équipes supplémentaires : deux avant la fusion, et deux après. Le businessman de New Orleans David Dixon apprend la nouvelle et décide de monter un projet avec d’autres activistes locaux pour amener la NFL dans la ville de Louisiane. Il reçoit l’appui du sénateur et du représentant au congrès de l’état pour gagner une franchise, et il négocie avec la ville la construction d’un stade couvert.

Saints-DaveDixonQuand le commissionner de la NFL Pete Rozelle voit tout cela, il accepte d’accorder la nouvelle équipe NFL « pré-fusion » à New Orleans. Il fait l’annonce dans un hôtel de la ville le 1er novembre 1966, soit le jour de la Toussaint ; les propriétaires de l’équipe pensent alors qu’il est tout à fait normal d’appeler l’équipe les « Saints » – de plus, ça coïncide avec la fameuse chanson gospel When The Saints Go Marching In qui est associée avec la ville. Le logo de la franchise s’impose également de lui-même : la fleur de lys, symbole de la ville et de son héritage français. Le magnat du pétrole John W. Mecom Junior devient le premier propriétaire majoritaire, et la franchise s’installe temporairement dans le stade de l’Université de Tulane en attendant que leur dôme soit construit.

Il ne reste plus qu’à trouver les joueurs et le coach avant la saison 1967. C’est l’ancien receveur et futur Hall Of Famer Tom Fears qui obtient le poste de Head Coach, et comme souvent à cette époque pour les équipes d’expansion, New Orleans doit se fournir à la draft parmi les joueurs universitaires mais surtout les « rebus » des autres équipes. Néanmoins, la franchise réussit à chiper deux futurs Hall Of Famers : le coureur des Packers Jim Taylor et le Linebacker des Bears Doug Atkins ; elle trouve également deux bons receveurs en John Gilliam & Danny Abramovicz. Gilliam démarre même la saison régulière tambour battant quand il retourne l’engagement du premier match 94 yards pour un touchdown ! Malheureusement ce sera le seul éclair d’une saison difficile pour les Saints qui terminent 3-11.

La saison 1968 démarre un peu mieux, mais le manque de talent évident dans l’équipe la limite à un record de 4-9-1. Grâce au Quarterback Billy Kilmer (2532 yards et 20 touchdowns), Abramovicz devient un des receveurs les plus dangereux de la ligue en 1969 et l’équipe progresse lentement à 5-9, mais tout cela reste très fragile.

En 1970, les deux ligues fusionnent et New Orleans se retrouvent en NFC West avec les 49ers de San Francisco, les Rams de Los Angeles et l’autre franchise d’expansion, les Falcons d’Atlanta. L’équipe fait alors une grosse boulette : elle drafte deux talents avec le receveur Ken Burrough et le Defensive Tackle Doug Sutherland, mais les deux partiront à la fin de la saison pour une carrière productive à Houston et Minnesota respectivement. Les Saints démarrent au ralenti : une seule victoire contre les Giants et un match nul contre les 49ers les laissent à 1-5-1 quand Fears est finalement renvoyé.

Saints-TomDempseyIl est remplacé par J.D. Roberts dont le premier match est contre les Lions à domicile. Les Saints sont menés 17-16 et il ne reste plus que quelques secondes à jouer ; désespéré, Roberts envoie quand même son kicker Tom Dempsey tenter un Field Goal improbable de 63 yards. Le joueur, qui est né sans aucun orteil au pied droit, possède une chaussure spéciale qui ressemble à un marteau : avec sa jambe et cet avantage, Dempsey passe le Field Goal et établit un record qui va être maintes fois égalé avant de tomber 43 ans après ; New Orleans l’emporte 19-17. C’est malheureusement la dernière victoire de la saison qui s’achève sur un terrible 2-11-1.

Les Saints comprennent qu’ils doivent absolument trouver un franchise Quarterback pour essayer de bâtir autour de lui.

 

Archie Manning, bien seul (1971-1980)

 

La franchise pense avoir trouvé cette pépite à la draft de 1971 : le Quarterback de Mississippi Archie Manning, futur père de Peyton et Eli, est sélectionné en deuxième position. Le rookie se retrouve projeté dans le grand bain immédiatement, en alternance avec le vétéran Ed Hargett. Manning commence à faire des étincelles, son premier match étant une réussite avec une course de touchdown à la dernière seconde pour une victoire contre les Rams 24-20. Il mène également l’équipe à une victoire surprise 24-14 sur les futurs champions Cowboys ; un rare rayon de soleil dans une saison à 4-8-2.

Manning est définitivement nommé titulaire en 1972, mais il se retrouve un peu seul ; la défense reçoit l’aide à la draft du Linebacker Joe Federspiel et du Defensive Back Tom Myers. Le Quarterback subit 43 sacks (après en avoir déjà pris 40 en 12 matchs joués l’année précédente) et New Orleans ne peut faire mieux qu’un terrible 2-11-1. Roberts est finalement renvoyé et remplacé par John North, un ancien joueur des Colts. Pour compliquer la situation en attaque, Abramovicz part au début de la saison 1973 à San Francisco ; le Defensive Tackle Derland Moore arrive néanmoins dans une défense qui s’améliore petit à petit. Cela permet à New Orleans de poster deux records de 5-9 en 1973 et 1974.

Saints-ArchieManning1975 voit la franchise à la fleur de lys emménager dans son tout nouveau Louisiana Superdome, en espérant que c’est le début du succès. Malheureusement les espoirs sont vite gâchés par une défaite inaugurale 21-0 contre les Bengals qui annonce une nouvelle année noire : Manning est de plus en plus esseulé en attaque, lance 7 touchdowns pour 20 interceptions et se fait sacker 49 fois ; l’équipe poste un abyssal 2-12. North a été démis de ses fonctions en cours d’année, et après un intérim d’Ernie Hefferle, la franchise cherche un coach expérimenté qui peut redresser la situation. Elle décide de nommer l’ancien coach des Chiefs et vainqueur du Super Bowl IV, Hank Stram.

Dès le début de son mandat, Stram est frappé par la malchance : Archie Manning doit se faire opérer du coude et ne peut pas jouer la saison 1976 ; c’est donc le duo des Bobby, Scott & Douglass, qui doit mener l’attaque. Même avec la draft des deux coureurs Chuck Muncie & Tony Galbreath, l’attaque piétine et le résultat est mauvais avec une saison à 4-10. Manning revient aux commandes en 1977 mais l’équipe a trop peu de réussite dans ses drafts pour espérer quoi que ce soit ; le fond du trou est atteint quand les Saints ont le déshonneur d’être la première équipe vaincue par les nouveaux Buccaneers, qui ont pourtant commencé leur existence par 26 défaites consécutives. Une nouvelle saison perdue à 3-11 et cette défaite cuisante ont raison de Stram qui est démis de ses fonctions ; il est remplacé par le coach des Linebackers, Dick Nolan.

Manning attend toujours d’avoir des receveurs potables, et l’équipe va enfin lui trouver un camarade de jeu lors de la draft 1978 : le receveur Wes Chandler est drafté au premier tour. Même si Chandler n’a qu’un impact réduit car il est rookie, Manning se sent pousser des ailes : l’attaque prend enfin son envol, derrière le Quarterback qui lance pour 3416 yards. Galbreath et Muncie accumulent 1100+ yards plus 12 touchdowns au sol, équilibrant un peu plus l’attaque : les Saints postent leur meilleure année à 7-9. L’espoir est permis d’accrocher enfin un record positif car ils ont perdu plusieurs matchs de peu.

L’équipe fait parler d’elle à la draft de 1979 car elle sélectionne… un Punter au premier tour, Russell Erxleben. Un mauvais départ à 0-3 est annihilé par une série de victoires alors que Manning lance encore 3000+ yards et que Muncie & Galbreath s’approchent des 2000 yards avec 20 touchdowns. Néanmoins, la franchise connaît une fin de saison catastrophique à domicile : ils mènent 35-14 contre les Raiders avant de s’effondrer et de perdre 42-35, après quoi ils prennent une rouste 35-0 contre les Chargers ; ils terminent 8-8.

L’équipe drafte le Tackle Stan Brock et le Defensive Back Dave Waymer en 1980, mais ces deux dernières défaites en 1979 ont prouvé le manque de qualité en défense : malgré un Manning qui établit des records de carrière à 3716 yards et 23 touchdowns, l’équipe perd Muncie en attaque, et la défense est une passoire absolue. L’équipe démarre la saison 0-11, et doit jouer un Monday Night Football contre les Rams ; certains fans décident d’arriver au stade avec des sacs à papier marron sur la tête et l’inscription Aints. Le comble de cette saison pourrie est atteint en Week 14 contre les 49ers : New Orleans parvient enfin à faire quelque chose en menant largement 35-7 à la mi-temps, mais ils réussissent quand même à perdre 38-35 en prolongations.

Le club parvient de justesse à éviter la honte d’une saison à 0-16 avec un succès d’un petit point 21-20 sur les Jets la semaine suivante, et le club termine 1-15 ; sans surprise Nolan n’a pas survécu : il a été débarqué en cours d’année. Pour le remplacer, l’organisation cherche une nouvelle fois du côté des anciennes franchises AFL et d’un de leurs entraîneurs emblématiques : l’ancien Oiler Bum Phillips.

 

Phillips tente un changement raté (1981-1985)

 

RickeyJacksonLa première draft de Phillips est une réussite : il choisit le coureur George Rogers, les Defensive Ends Frank Warren & Jim Wilks, mais surtout il sélectionne le futur Hall Of Famer Linebacker Rickey Jackson. Rogers fait une énorme impression avec 1674 yards et 13 touchdowns, remportant le titre d’Offensive Rookie Of The Year ; mais comme il se retrouve un peu seul avec un Manning qui décline, les Saints font une nouvelle mauvaise saison à 4-12. Phillips décide alors de tenter un électrochoc : il se sépare de la figure du club, Archie Manning, qu’il envoie à son ancienne équipe des Oilers ; il signe l’ancien Quarterback des Raiders et Oilers, le futur Hall Of Famer Ken Stabler. La saison 1982 voit l’arrivée d’un autre futur Hall Of Famer, le Kicker Morten Andersen, mais est écourtée par la grève ; New Orleans termine 4-5.

Les fans espèrent enfin voir un peu de progrès, et la saison 1983 semble être la bonne : l’équipe arrive toujours à rester au pire avec un record équilibré. Tous les ajouts en défense payent enfin car c’est l’escouade défensive qui maintient la franchise à flot alors que l’attaque reste modeste. Néanmoins, les Saints vont connaître deux défaites démoralisantes : la première contre les Jets quand New York score 17 points en dernier quart-temps pour gagner 31-28, et la seconde contre les Rams quand Los Angeles l’emporte 26-24 sur un Field Goal de 42 yards à six secondes de la fin. Ces deux événements maintiennent New Orleans à un record de 8-8 alors que les playoffs étaient possibles.

Néanmoins, l’engouement des fans pour la franchise fait ressortir une vieille expression à New Orleans : Who Dat, utilisée dans plusieurs poèmes et chansons. Who Dat devient rapidement un cri de ralliement des fans Saints, qui se surnomment même plus tard Who Dat Nation.

L’espoir est présent en 1984 de voir enfin une saison positive, mais la franchise effectue deux transactions controversées. Tout d’abord, avant la draft elle envoie son premier tour de 1984 aux Jets pour le Quarterback Richard Todd, qui a été supplanté à New York par Ken O’Brien, drafté l’année précédente. Ensuite, pendant la saison, Phillips échange avec son ancienne équipe des Oilers pour récupérer le futur Hall Of Famer coureur Earl Campbell ; cette décision est assez incompréhensible car Campbell est sur la pente descendante de sa carrière et l’équipe possède déjà Rogers. En effet, le coureur n’a qu’une contribution minime alors que Todd lance 19 interceptions ; les Saints ratent encore le coche avec une saison à 7-9.

Pendant que l’équipe lutte sur le terrain, un changement se prépare à la tête de l’organisation : le propriétaire John Mecom a annoncé son intérêt de vendre la franchise, et c’est en mai 1985 que le nouvel acheteur se porte acquéreur des Saints ; il s’agit de Tom Benson, un businessman local qui possède plusieurs concessions de vente de voitures.

Tom BensonSur le terrain, les Saints draftent le Linebacker Jack Del Rio et le receveur Eric Martin, mais les problèmes de l’année précédente persistent : Campbell est cuit et Todd continue de décevoir. Dave Wilson puis Bobby Hebert sont titularisés en Quarterback mais la franchise dégringole à 4-8. C’est à ce moment que Bum Phillips remet sa démission et prend sa retraite ; l’intérim est assuré par… son propre fils, Wade Phillips, alors Coordinateur Défensif. New Orleans termine 5-11 et semble retourner dans son habituelle médiocrité.

Les premières vraies décisions de Benson arrivent avant la saison 1986 : il nomme le futur Hall Of Famer Jim Finks comme General Manager, et il va chercher en USFL son nouveau Head Coach, Jim Mora. Mora va rapidement se faire connaître pour deux choses : les premiers succès de la franchise, et quelques tirades mémorables lors de conférences de presse.

 

La malédiction du Wild Card Round (1986-1992)

 

La draft apporte du talent avec le Guard Jim Dombrowski et surtout l’Outside Linebacker Pat Swilling ; avec les arrivées des Inside Linebackers Vaughan Johnson et futur Hall Of Famer Sam Mills, c’est la naissance d’un des plus formidables corps de Linebackers de l’histoire, surnommé le Dome Patrol. L’équipe récupère également deux coureurs, Rueben Mayes et Dalton Hilliard, et c’est Mayes qui se démarque en courant pour 1353 yards ; il remporte le titre d’Offensive Rookie Of The Year. Boostée par le Dome Patrol, la défense est bien meilleure que les années précédentes, et ce n’est qu’à cause d’un mauvais départ que l’équipe finit à 7-9.

En 1987, le safety Gene Atkins est ajouté, et la grève des joueurs coupe la saison des Saints qui se retrouvent à 3-3 après une défaite contre San Francisco. Mora fait la première tirade en conférence de presse de sa carrière, et ça semble fonctionner : les Saints deviennent une machine qui remporte les neuf derniers matchs de la saison pour finir 12-3, le premier record positif de leur histoire ! Cette défaite contre les 49ers les prive certes du titre de la NFC West, mais peu importe, New Orleans est enfin en playoffs.

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Mora, Dombrowski, Benson, Hilliard et Finks

En Wild Card Round, les Saints reçoivent les Vikings du Minnesota et ouvrent le score par un touchdown. Malheureusement Mayes se blesse gravement au genou, Hebert et Wilson sont interceptés quatre fois, et Minnesota l’emporte aisément 44-10. Cela n’empêche pas Jim Finks et Jim Mora de gagner des distinctions, celle d’Executive Of The Year et Coach Of The Year, pour ce retournement de situation.

Les Saints ont enfin l’impression d’avoir un effectif de qualité et peuvent espérer rééditer une bonne saison en 1988. Ils draftent le receveur Brett Perriman pour ajouter une arme offensive, et la franchise repart en campagne. Mayes n’est pas totalement remis de sa blessure, mais Hebert et Martin compensent en passant plusieurs barrières : 3000 yards et 20 touchdowns pour Herber, 1000 yards pour Martin. Cependant New Orleans connaît une série de défaites préjudiciables qui leur fait perdre tous les tiebreakers à la fin de la saison : malgré un bon record de 10-6, les Saints ne peuvent accéder aux playoffs.

La franchise drafte le Defensive End Wayne Martin en 1989 ; de l’autre côté du ballon, Mayes rate la saison mais Hilliard fait un bel intérim à 1000+ yards. Néanmoins encore une fois, malgré un record positif, les Saints sont victimes d’une conférence NFC forte et rate les playoffs à 9-7. En 1990, la chance sourit enfin à la franchise de Louisiane : ils sont la première équipe à bénéficier de la toute nouvelle sixième place qualificative pour les playoffs, et ce malgré un record équilibré à 8-8. Le Wild Card Round force New Orleans à se déplacer dans l’antre des Bears, et le match va être très défensif : à ce petit jeu Chicago est la meilleure équipe et l’emporte 16-6.

Mora a amené le club en playoffs, il faut maintenant qu’il y remporte un match. Les joueurs semblent en avoir conscience en 1991 et ils mettent toutes les chances de leur côté en démarrant par sept victoires. Mais, de nouveau, ils connaissent une baisse de régime, et malgré un record final de 11-5, ils doivent encore passer par le Wild Card Round ; la belle performance de la défense est saluée par le titre de Defensive Player Of The Year de Swilling. Les Saints reçoivent les rivaux de division Falcons avec la ferme intention de remporter leur première victoire dans la phase éliminatoire. Les deux équipes ne se lâchent pas, et un touchdown longue distance place Atlanta en tête 27-20 vers la fin du match. Une dernière tentative d’Herber est interceptée, et pour la troisième fois les Saints sont vaincus au premier tour.

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Pat Swilling

La défense continue d’être une des meilleures du pays en 1992 (202 points encaissés), ce qui permet à l’attaque de dérouler sans trop forcer, et la franchise termine de nouveau avec un record positif de 12-4 ; malheureusement pour elle, les 49ers ont fait encore plus fort dans la division à 14-2, ce qui veut dire qu’ils vont encore devoir passer par ce maudit Wild Card Round. New Orleans reçoit les Eagles de Philadelphie, et domine pendant trois quart-temps pour mener 20-10. Mais inexplicablement, tout s’écroule dans la dernière période : Philly score deux touchdowns, intercepte deux fois Herber et le sacke pour un safety. Les Eagles s’imposent 36-20, ce qui constitue la quatrième défaite en Wild Card pour New Orleans.

Cela fait maintenant plusieurs années que les Saints frappent à la porte d’une victoire en playoffs sans y arriver, et les dernières drafts n’ont rien donné de probant. Le résultat est visible à des kilomètres.

 

Retour dans les bas-fonds (1993-1999)

 

WillieRoafEn 1993 l’équipe drafte pourtant un nouveau Hall Of Famer, le Tackle Willie Roaf. Néanmoins, l’équipe démarre fort avant que la défense ne s’écroule totalement ; les Saints terminent la saison à 8-8, hors des playoffs. Consciente qu’il y a un problème de Quarterback depuis le départ d’Archie Manning, la franchise signe le vétéran Jim Everett des Rams qui fait une bonne première saison en 1994, mais la défense joue encore plus mal et New Orleans tombe à 7-9. Même topo en 1995 : l’attaque menée par Everett fait le travail, la défense continue de plomber l’équipe, et c’est de nouveau une saison à 7-9 pour des Saints qui se retrouvent derniers de la division ; même les nouveaux Carolina Panthers terminent devant eux.

Entre-temps, la franchise a certes drafté une ou deux recrues potables avec le Defensive End Joe Johnson et le Linebacker Mark Fields, mais c’est bien trop peu pour redresser la barre d’un navire qui coule. En 1996, les Saints démarrent 2-6, et après une défaite contre les Panthers 19-7 Mora lance une nouvelle tirade mémorable devant les journalistes, où il énumère toutes les choses que son équipe ne sait pas faire. Le lendemain, il donne sa démission et l’équipe sombre définitivement à 3-13. La franchise fait alors appel à un ancien joueur qui a fait ses preuves comme coach : l’ancien Bear Mike Ditka.

Les fans espèrent que Ditka pourra faire comme avec les Bears et les amener au Super Bowl avec une vraie défense. Sa première décision est d’envoyer le Quarterback Everett aux Chargers, mais malheureusement il le remplace par le bust des Redskins Heath Shuler. La draft de 1997 amène le Guard Chris Naeole et le Defensive Back Sammy Knight alors que la franchise signe le Defensive Tackle La’Roi Glover, mais comme attendu Shuler n’arrive à rien et les Saints utilisent pas moins de quatre Quarterbacks dans la saison (Shuler, Billy Joe Hobert, Danny Wuerffel et Doug Nussmeier) ; New Orleans finit 6-10.

En 1997 les Saints deviennent l’équipe des Billy Joe : Billy Joe Tolliver est signé et Billy Joe Hobert est le Quarterback titulaire pour la saison. Cependant Hobert se blesse, et ce sont de nouveau quatre Quarterbacks qui sont utilisés dans la saison (Tolliver, Hobert, Wuerffel et Kerry Collins) : même causes, même conséquences, et New Orleans poste un autre 6-10.

Mais si les fans ont l’impression de glisser lentement vers le retour des Aints, ils n’ont encore rien vu. La draft de 1999 arrive, et les Saints sont positionnés en #12 ; Ditka ne cache pas qu’il convoite le vainqueur du Heisman Trophy, le coureur de Texas Ricky Williams qui a réécrit le livre des records. Il va même jusqu’à dire qu’il échangerait bien LA TOTALITÉ de sa draft pour remonter dans le premier tour et le sélectionner. Le jour de la draft, les Browns, Eagles et Bengals choisissent un Quarterback, et les Colts sélectionnent un coureur… Edgerrin James ; le couperet est passé tout près pour Ditka qui prend peur de perdre Williams. Il fait alors pire que ce qu’il avait promis : il échange toute sa draft 1999 PLUS son premier et troisième tour de 2000 pour remonter en #5 et sélectionner le joueur ! Cela fait donc huit tours de draft pour simplement remonter de huit places au premier tour, un prix totalement aberrant. Tout cela avec un General Manager, Bill Kuharich, qui ne trouve apparemment rien à redire à ça.

Saints-WilliamsDitka
Ricky Williams et Mike Ditka

Sans surprise, quelque soit le joueur sélectionné, sacrifier plus d’une draft pour lui est bien trop cher, surtout quand les autres ne sont pas au niveau : l’équipe sombre de nouveau à 3-13. Le propriétaire Tom Benson décide alors de faire un grand ménage en renvoyant Kuharich, Ditka et tous les coachs. A leur place, il installe le Seahawk Randy Mueller en General Manager et le Coordinateur Défensif des Steelers Jim Haslett en Head Coach.

 

Un espoir éphémère balayé par Katrina (2000-2005)

 

Haslett doit en effet repartir avec une franchise en morceaux, retardée par la perte de ses choix de draft et sans vrai Quarterback titulaire. Il décide donc de faire son marché pour essayer d’améliorer l’effectif : il signe le Quarterback des Falcons Jeff Blake, le remplaçant Quarterback des Packers Aaron Brooks, le receveur des Chiefs Joe Horn et celui des Vikings Jake Reed ; la draft 2000 apporte quand même le Defensive End Darren Howard. Personne n’attend grand-chose de cette saison, et encore moins quand Blake et Williams doivent arrêter sur blessure. Pourtant l’attaque continue de performer sous Brooks avec l’aide de Horn ; de son côté, la défense montre en intensité, menée par un Glover qui accumule 17 sacks. Cela complète un retournement de situation incroyable : New Orleans termine en tête de la NFC West à 10-6 et accède aux playoffs ! Jim Haslett reçoit logiquement la récompense de Coach Of The Year.

Mais New Orleans se retrouve alors devant le fameux mur du Wild Card Round, qui est la répétition du dernier match de saison régulière : les Rams de Saint-Louis restent en ville pour rejouer au Superdome, et New Orleans va devoir affronter de nouveau le Greatest Show On Turf. C’est la défense qui va mener la majorité de la partie, volant des ballons et permettant à l’attaque de scorer des points pour mener 31-7. Les Rams tentent un comeback furieux, mais cette fois est la bonne : la franchise de Louisiane remporte son premier match de playoffs 31-28. Les blessures vont malheureusement finir par rattraper l’équipe en Divisional Round contre les Minnesota Vikings avec une défaite 34-16, mais cette saison annonce de belles choses.

Sentant que Ricky Williams n’est pas forcément la réponse (ce qui rend la décision de Ditka encore plus catastrophique), les Saints draftent le coureur Deuce McAllister en 2001, et ils signent également le receveur des Redskins Albert Connell pour aider Horn. Brooks gagne le poste de titulaire, mais il est vite clair que les Saints ne sont plus les mêmes qu’en 2000 : la défense notamment n’est plus aussi efficace, et l’équipe navigue jusqu’à un record décevant de 7-9. Pour ne rien arranger, Connell est accusé d’avoir volé 4000 dollars à McAllister, faits qui sont avérés ; il est suspendu par l’équipe puis libéré et ne jouera plus jamais en NFL (il évoluera au Canada). Le club perd Glover (qui part à Dallas) et Willie Roaf (qui part à Kansas City), mais ils vont au moins récupérer un peu leur perte sur Ricky Williams : avec la draft de McAllister, les dirigeants proposent le coureur au plus offrant, et les Dolphins donnent deux premiers tours de draft pour l’avoir.

2002 voit les Texans arriver en NFL et la ligue réorganiser les divisions : les Saints sont reversés dans la nouvelle NFC South avec les Buccaneers de Tampa Bay, les Falcons d’Atlanta et les Panthers de Carolina. L’équipe drafte le receveur Donte Stallworth et le Defensive End Charles Grant, en espérant repartir sur de meilleures bases. McAllister s’affirme avec 1388 yards et 13 touchdowns alors que le jeu de passe fonctionne bien et que New Orleans démarre 6-1. Mais Brooks commence à connaître des problèmes de précision, la défense est à la traîne et l’équipe enchaîne les défaites pour finalement rater les playoffs à 9-7. Malgré les appels des fans pour l’entrée du Quarterback remplaçant natif de Louisiane Jake Delhomme, les coachs restent derrière Brooks ; cela pousse Delhomme à partir dans la division, à Carolina.

Delhomme ne va pas tarder à retrouver son ancienne équipe puisqu’il gagne sa place de titulaire chez les Panthers et mène Carolina à deux victoires contre les Saints en 2003. Néanmoins, New Orleans est loin de jouer un mauvais football : Brooks lance pour 3500+ yards et 24 touchdowns, alors que McAllister continue de s’améliorer. L’attaque et la défense sont moyennes, néanmoins l’équipe a une chance d’aller en playoffs à 7-7 en Week 15. Elle doit battre les Jaguars, mais l’équipe va connaître une fin de match terriblement cruelle dans le fameux River City Relay : à sept secondes de la fin et menés 20-13, les Saints remontent 75 yards grâce à une passe en avant et trois passes en arrière pour le touchdown de Jerome Pathon. Malheureusement, John Carney rate la transformation et les Saints perdent 20-19, annihilant leurs chances d’aller en playoffs ; ils finissent 8-8.

La saison 2004, démarrée par la draft du Defensive End Will Smith, voit la défense continuer son déclin, ce qui amène l’équipe à un record de 4-8 ; elle se réveille trop tard et rate les playoffs malgré une série de victoires pour finir de nouveau à 8-8. Cette série a d’ailleurs probablement sauvé Haslett pour une saison supplémentaire.

Arrive alors l’année 2005. Depuis longtemps, la ville, située dans un bassin sous le niveau de la mer, est à la merci d’une tempête assez forte qui pourrait casser les digues. Nous sommes en pleine présaison, le 29 août, quand le scénario catastrophe survient : l’ouragan Katrina frappe de plein fouet la ville de New Orleans avec son cortège de pluies diluviennes et de vents terribles. L’eau s’engouffre partout dans la cité et le Superdome est également touché, devenant alors un refuge pour des centaines de gens qui n’ont plus de toit.

Saints-KatrinaTrès impliqués dans le sauvetage de la ville et de ses habitants, les Saints s’entraînent alors à San Antonio et doivent jouer leurs matchs à domicile entre le Tiger Stadium (stade de l’Université de Louisiana State) et l’Alamodome (à San Antonio) ; New Orleans se retrouve également à jouer un match « à domicile » contre les Giants… chez les Giants. Dans de telles conditions, avec en plus une blessure de fin de saison pour McAllister et un Brooks inconstant, l’équipe ne peut faire mieux que 3-13. Cette fois, Haslett ne survit pas et doit quitter son poste.

Comme la ville qui l’héberge, la franchise des Saints est ravagée et démoralisée ; les fans ont peur que l’équipe déménage à San Antonio pour de bon. Il faut que les choses changent, et comme très souvent, elles vont changer sous l’impulsion d’un duo Head Coach-Quarterback.

 

Le duo Payton-Brees et le Super Bowl (2006-2009)

 

Parmi les candidats au poste de Head Coach, Benson décide de choisir l’assistant Head Coach et coach Quarterback des Cowboys, un élève du légendaire Bill Parcells, Patrick Sean Payton (que tout le monde appelle Sean). Lorsque Payton arrive, il voit de suite le problème du manque de talent et il fait un grand ménage dans l’effectif. Ancien Quarterback lui-même, il se met en quête de son leader offensif, et il apprend que les Chargers libèrent leur Quarterback Drew Brees suite à une opération de l’épaule. Les Dolphins sont aussi intéressés, mais ils craignent que la blessure ne soit trop grave et se retirent ; Payton prend le risque et signe Brees pour qu’il devienne le franchise Quarterback que les Saints attendent depuis Archie Manning.

Sean-PaytonUn autre « coup de chance » semble arriver lors de la draft 2006 : Houston, qui choisit en premier juste devant New Orleans, n’arrive pas à établir un contrat avec le vainqueur du Heisman Trophy, le coureur de USC Reggie Bush ; les Texans finissent par se rabattre sur le Defensive End Mario Williams, ce qui permet à Payton de choisir Bush et d’avoir son duo Quarterback-coureur. Les Saints complètent la draft avec du beau monde : le Tackle Jahri Evans, le Defensive End Rob Ninkovich et le receveur Marques Colston au septième tour.

Les Saints jouent leurs deux premiers matchs à l’extérieur avant de pouvoir enfin retourner jouer dans un Louisiana Superdome plein à craquer et rempli d’émotions. La franchise l’emporte 23-3 contre Atlanta dans une ambiance indescriptible qui résume la volonté d’une ville entière de survivre à la catastrophe Katrina et de garder les Saints à la maison. Et ce n’est pas un mirage : Brees prouve que Payton avait raison de lui faire confiance avec une saison formidable à 4418 yards et 26 touchdowns, alors que le duo McAllister-Bush fait des dégâts dans les défenses et que Colston fait une saison à 1000+ yards. C’est la renaissance de l’attaque des Saints, et avec une défense redevenue potable New Orleans réalise un nouveau retournement de situation comme en 2000 : de 3-13 à 10-6 avec le titre de division et les playoffs !

Et cette fois, il n’y a pas de Wild Card Round à jouer, la franchise accède directement au Divisional Round contre les Eagles de Philadelphie dans le Superdome. Le match est serré jusqu’au bout : les Saints s’appuient sur un McAllister royal (163 yards et deux touchdowns en cumulé) et sur une défense féroce en dernier quart-temps pour assurer une courte victoire 27-24. New Orleans arrive à sa première finale NFC et doit faire face aux Bears à Soldier Field ; la terrible défense de Chicago fait un énorme travail en éteignant complètement le jeu de course (56 yards), et les locaux l’emportent 39-14 en route pour le Super Bowl.

La franchise à la fleur de lys repart en 2007 avec la certitude qu’elle a les moyens d’aller au bout cette fois, et la draft apporte le Tackle Jermon Bushrod. Néanmoins, un problème va rapidement survenir : si l’attaque est capable, la défense est un gruyère qui finit par lâcher plus de points que l’escouade offensive ne peut en marquer. De plus, Bush commence à montrer des problèmes pour exceller au niveau professionnel, et finalement c’est une saison décevante pour New Orleans qui termine à 7-9.

En 2008, le club essaie de pallier à ce problème défensif avec la draft du Defensive Back Tracy Porter et la signature du Linebacker des Jets Jonathan Vilma ; il continue également à renforcer la ligne offensive avec le Guard Carl Nicks. Cela donne à Drew Brees une très bonne protection, et le Quarterback a en plus une pléthore de receveurs entre Colston, Devery Henderson, Lance Moore, Robert Meachem et le Tight End Jeremy Shockey. Le résultat ne se fait pas attendre : Brees devient le second Quarterback à dépasser la barre des 5000 yards en une saison ; avec 5069 il finit à 15 petits yards du record de Dan Marino et reçoit logiquement le titre d’Offensive Player Of The Year. Le coureur non drafté Pierre Thomas vole la vedette à Bush avec neuf touchdowns au sol, mais encore une fois la défense est une passoire et malgré toutes ces belles statistiques les Saints terminent à 8-8.

Il faut absolument amener une défense potable à cette attaque qui peut porter la franchise jusqu’au Super Bowl. Pour cela, l’équipe décide d’engager le Coordinateur Défensif des Jaguars, Gregg Williams ; elle drafte le Defensive Back Malcolm Jenkins puis signe les Defensive Backs Roman Harper & Darren Sharper et le Defensive End Anthony Hargrove. L’équipe semble enfin un peu mieux équilibrée, et l’attaque score à volonté, marquant 510 points dans la saison. Cela permet à New Orleans de poster une saison excellente à 13-3 en tête de la NFC, et de retourner enfin en playoffs. Le Divisional Round est une formalité avec une victoire facile 45-14 sur les Cardinals, avant une finale NFC contre les Vikings qui va au bout du suspense : la défense parvient à freiner l’attaque menée par Brett Favre et Adrian Peterson en volant cinq ballons, dont une interception sur le drive final qui envoie le match en prolongations à 28-28. Les Saints récupèrent la balle en premier et s’en vont scorer un Field Goal pour l’emporter 31-28 et accéder à leur premier Super Bowl.

Super Bowl XLIV se déroule à Miami et oppose les deux meilleures équipes de chaque conférence : les Saints en NFC, et les Colts d’Indianapolis en AFC ; c’est également le duel entre Drew Brees et Peyton Manning, le fils d’Archie qui a été une des premières figures emblématiques de la franchise de New Orleans. Indianapolis mène 10-6 à la pause, et Payton sait qu’il doit tenter quelque chose pour booster son équipe ; il appelle un onside kick surprise au début de la deuxième mi-temps qui marche ! Les Saints en profitent pour scorer et prendre l’avantage 13-10, après quoi les deux équipes ne se lâchent plus ; on arrive à 24-17 New Orleans dans le dernier quart-temps. Manning tente de remonter le terrain pour égaliser, mais Porter l’intercepte et retourne 74 yards pour le touchdown de la victoire 31-17.

Les Saints auront mis 42 ans avant d’arriver à leur première finale, mais ils n’auront pas raté l’occasion en inscrivant leur nom au palmarès du trophée Lombardi. Payton et Brees (nommé MVP de la finale) ont enfin réussi là où tous les autres ont échoué.

 

L’après-Super Bowl et « Bountygate » (2010-2016)

 

2010 continue la moisson d’armes offensives à la disposition de Brees avec la draft du Tight End Jimmy Graham. Néanmoins, Thomas et Bush sont indisponibles pendant un certain temps, ce qui freine les ardeurs du club. L’équipe termine tout de même à 11-5, mais ils se font souffler le titre de division et doivent passer par un Wild Card Round assez spécial, puisqu’ils se déplacent chez les premiers champions de division avec un record négatif, les Seahawks de Seattle. Les visiteurs sont logiquement donnés grands favoris, mais leur défense va encore s’avérer très perméable : Brees doit mener un retour en dernier quart-temps pour revenir à 34-30 ; c’est alors que les Saints subissent The Beast Quake : le coureur Marshawn « Beast Mode » Lynch casse une litanie de plaquages dans une course hallucinante de 69 yards pour scorer le touchdown qui scelle le match ; New Orleans s’incline 41-36.

graham
Jimmy Graham

Les Saints démarrent la saison 2011 avec le choix du Defensive End Cameron Jordan et celui du coureur Mark Ingram ; ce dernier remplace un Reggie Bush décevant. L’équipe signe également le couteau suisse Darren Sproles des Chargers, ajoutant une nouvelle arme pour Brees. Avec celles déjà présentes, le Quarterback atomise le record de Marino avec 5476 yards sur la saison ; il lance également 46 touchdowns et reçoit de nouveau le titre d‘Offensive Player Of The Year. La défense tient le coup en face, et cette fois les Saints décrochent le titre de division à 13-3… mais ils perdent le tiebreaker contre San Francisco pour le seed #2 derrière Green Bay, ce qui leur impose de passer par le Wild Card Round.

Ils affrontent des Lions indisciplinés et inexpérimentés qui luttent un temps avant de s’incliner 45-28 ; c’est alors que le tiebreaker perdu contre les 49ers les forcent à se déplacer en Californie. Trois pertes de balle des Saints permettent aux locaux de mener rapidement 17-0, mais la défense fait le travail et l’attaque se reprend, revenant à 24-23 au milieu du dernier quart-temps. Les escouades défensives lâchent alors, et les attaques marquent en rapide succession ; malheureusement, c’est celle des 49ers qui score en dernier avec une passe d’Alex Smith à Vernon Davis pour le touchdown de la victoire 36-32.

A peine remise de la déception de cette défaite, l’organisation est alors frappée de plein fouet par le scandale Bountygate. Depuis 2009, l’année du Super Bowl, la NFL a des soupçons sur de possibles rétributions de la part du coordinateur Gregg Williams aux défenseurs qui blessent volontairement des joueurs adverses. C’est pendant la période entre les saisons 2011 et 2012 que les preuves surviennent et que la ligue décide d’enquêter sur ces pratiques ; cette annonce éclaire d’une lumière nouvelle la finale NFC de 2009 avec les coups tardifs à répétition pris par Favre de la part de la ligne défensive. D’autres argumentent que ce sont des choses qui ont toujours existé en NFL (cf. les deux Bounty Bowls entre Philadelphie et Dallas en 1989), mais le souci c’est qu’au même moment les anciens joueurs de NFL font un procès à la ligue à cause des dommages qu’ils ont subis en jouant.

Cette situation plus les preuves accablantes (dont un discours de Williams assez évocateur) poussent le commissioner Roger Goodell à appliquer de graves sanctions : Gregg Williams, parti depuis devenir le Coordinateur Défensif des Rams, est banni de la NFL ; le Head Coach Sean Payton est suspendu un an et le General Manager Mickey Loomis huit matchs pour avoir ignoré un ordre de Benson d’arrêter ces pratiques ; l’assistant Head Coach Joe Vitt prend six matchs pour ne pas avoir rapporté qu’elles continuaient ; certains joueurs vus comme les leaders de ces pratiques dans le vestiaire sont suspendus, comme Vilma, Hargrove, Smith et Scott Fujita ; enfin, la franchise écope d’une amende de 500.000 dollars et du retrait d’un deuxième tour de draft en 2012 et 2013.

Bien évidemment, avec la suspension de Payton, cela rejaillit sur l’équipe qui se retrouve coachée par Aaron Kromer et Vitt quand il revient. Sans Williams, la défense s’écrase avec pertes et fracas : elle devient la seule de l’histoire à encaisser 7000+ yards en une saison avec 7042. Néanmoins, il y a des raisons de sourire pour les Saints : Drew Brees lance encore pour 5000+ yards, et en prime il bat le record de Johnny Unitas qu’on pensait impossible à surpasser en lançant au moins un touchdown dans 54 matchs consécutifs. C’est ce qui explique que malgré tous les problèmes, le record final de 7-9 n’est pas si mal.

En 2013, les Saints décident de faire venir le Coordinateur Défensif des Cowboys Rob Ryan pour prendre la place de Williams (qui est réintégré dans la ligue), et il n’est pas peu dire qu’il va faire un travail retentissant : la draft du Safety Kenny Vaccaro, la signature du Cornerback des Steelers Keenan Lewis et l’émergence du non-drafté Defensive End Junior Galette boostent une unité qui devient intraitable, allant de paire avec une attaque qui retrouve Payton comme playcaller ; les Saints terminent 11-5 et se qualifient pour les playoffs. Brees fait une première mi-temps catastrophique en Wild Card contre Philadelphie, mais la défense permet aux Saints de rester au contact, lançant un chassé-croisé conclut par un Field Goal de 32 yards de Shayne Graham pour une victoire 26-24. Le Divisional Round sera bien plus compliqué contre les futurs champions Seahawks et leur défense de fer ; New Orleans doit s’incliner 23-15.

Le club souhaite repartir sur les mêmes bases en 2014, en espérant que le rookie receveur Brandin Cooks et le sophomore Kenny Stills fassent une belle saison aux côtés de Colston et Graham. Mais la saison va être torpillée par une qualité offensive moindre que d’habitude (mélange d’âge, de blessures et de méforme), des pertes de balle trop nombreuses et surtout une défense qui retombe dans ses pires travers en étant incapable de sortir les attaques adverses du terrain. Même dans une année historiquement faible pour la NFC South où le titre se joue à 7-9, les Saints n’arrivent pas à le décrocher, perdant les tiebreakers avec Carolina et ratant les playoffs à 7-9.

Si l’attaque retrouve de l’allant en 2015 malgré les pertes de Stills (échangé à Miami) et Graham (échangé à Seattle pour récupérer le Centre Max Unger), la défense continue d’être une des pires de la ligue malgré les arrivées des rookies Linebackers Stephone Anthony et Hau’oli Kikaha ou la révélation du Cornerback Delvin Breaux ; l’escouade établit un triste record NFL avec 45 passes de touchdown encaissées. Cette dichotomie condamne New Orleans à répéter un record à 7-9. Jamais deux sans trois, la saison 2016 est malheureusement du même acabit : le Salary Cap est plombé par l’argent mort, l’attaque est compétente malgré le départ de Colston grâce au fantastique rookie de deuxième tour Michael Thomas, la défense est à la traîne malgré la draft du premier tour Defensive Tackle Sheldon Rankins, et c’est une nouvelle saison perdue à 7-9.

La bonne nouvelle, c’est que l’organisation va prendre les bonnes décisions pour redresser la défense. La mauvaise, c’est qu’elle va connaître quelques crève-coeurs au passage.

 

Les derniers barouds de Payton et Brees (2017-2021)

 

2017 va signaler le retour des Saints conquérants, grâce principalement au redressement de la défense. Si tout n’est pas parfait (notamment au sol), elle bénéficie de la refonte de l’arrière-garde avec la draft du Defensive Rookie Of The Year Cornerback Marshon Lattimore, celle du Safety Marcus Williams et le développement de Ken Crawley suite à la blessure de Breaux ; sur la ligne, la signature d’Alex Okafor fait du bien à l’opposé de Cameron Jordan. L’attaque n’a pas été négligée pour autant : le rookie Tackle Ryan Ramczyk est un bon choix, l’échange de Cooks à New England est absorbé par l’explosion de Michael Thomas et la signature de Ted Ginn, mais c’est surtout la formation d’un duo de coureurs qui terrifie les défenses adverses : Mark Ingram et l’Offensive Rookie Of The Year, Alvin Kamara (1901 yards totaux et 14 TDs à lui tout seul !). Les deux font les 400 coups pendant que Brees fait sa saison habituelle ; New Orleans retourne en playoffs en finissant champion de la très forte NFC South à 11-5.

Alvin Kamara

La division a en effet envoyé trois équipes en playoffs, et les Saints doivent en retrouver une au premier tour ; les Panthers. Grâce à la défense et la maestria de Brees, la franchise au lys prend les commandes dès le début dans une victoire 31-26. En Divisional Round, c’est un déplacement difficile à Minnesota où les Saints ont perdu 29-19 en saison. Le match semble partir de la même façon avec une équipe locale dominatrice qui mène 17-0 à la pause, mais les visiteurs se réveillent ; un dernier drive laisse New Orleans en tête, 24-23, à 25 secondes de la fin. Arrive alors une action impensable : après une première complétion de 19 yards, les Vikes sont en 3e&10 sur leurs 39 yards avec 10 secondes à jouer. Le Quarterback Case Keenum envoie une passe haute à Stefon Diggs ; Williams rate un plaquage semblant pourtant facile, et le receveur s’échappe pour scorer le touchdown de la victoire, 29-24. Le Minneapolis Miracle achève de manière cruelle une saison pleine d’espoir des Saints.

Quelques semaines après cette défaite, la franchise apprend la mort de son propriétaire, Tom Benson ; c’est sa femme Gayle qui en prend possession alors que la guerre interne de succession continue de faire rage entre les différents enfants et elle.

Pendant ce temps, l’équipe veut repartir sur le terrain pour effacer cette grosse déception : elle tente un coup à la draft en payant un premier tour pour remonter et prendre le Defensive End Marcus Davenport, alors que le deuxième tour receveur Tre’Quan Smith vient assister Michael Thomas. La signature du Linebacker Demario Davis est un coup de génie pour renforcer la défense au sol qui devient intransigeante, mais la couverture cède un peu trop ; cela pousse à un échange pour l’ex-Giant Eli Apple. Brees devient recordman NFL en complétions et en yards à la passe en carrière, tout en établissant un nouveau record de précision sur une saison (74.4%) ; il mène les Saints en tête de la NFC à 13-3.

Les champions Eagles se présentent au Divisional Round, et un match défensif tourne à l’avantage des Saints dont l’escouade fait le meilleur travail, leur permettant de l’emporter 20-14. La finale NFC met aux prises New Orleans et les Los Angeles Rams, dans une revanche d’une victoire 45-35 en saison régulière qui a donné l’avantage au classement pour les hommes de Louisiane. Le match est bien plus défensif, mais les Saints mènent la majeure partie du temps. Sur leur dernier drive, une passe sur 3e tentative est empêchée par une interférence de passe défensive qui semble claire de Nickell Robey-Coleman, mais les arbitres ne disent rien et New Orleans doit se contenter d’un Field Goal pour mener 23-20. Cela laisse du temps aux Rams, au lieu d’un first down qui aurait permis aux Saints d’épuiser l’horloge et de scorer le Field Goal de la victoire ; les visiteurs remontent le terrain et égalisent à 23-23, forçant la prolongation. Sur le premier drive, Brees est mis sous pression par Dante Fowler et lance une interception ; les Rams font quelques yards et Greg Zuerlein leur donne la victoire sur un Field Goal de 57 yards. C’est une nouvelle défaite cruelle pour la franchise qui n’arrive pas à l’accepter.

Revanchards, les Saints repartent en campagne en 2019, mais la poisse semble les poursuivre : Brees se blesse à la main droite dès le deuxième match de la saison. Cela ouvre cependant la porte à une des belles histoires de la saison : l’ancien Quarterback des Vikings Teddy Bridgewater, gravement blessé au genou en 2016 et signé comme remplaçant en 2018, prend les rênes de l’attaque et New Orleans remporte les six matchs avec lui. Brees revient et les records tombent : il devient le Quarterback le plus prolifique de l’histoire en touchdowns et établit le record du taux de complétion sur un match (96.1%). En parallèle, l’Offensive Player Of The Year Michael Thomas bat le record de réceptions sur une saison avec 149, et les Saints terminent à 13-3 mais « seulement » #3 dans une NFC très relevée ; cela les force à passer par le Wild Card avec la réception d’une vieille connaissance, Minnesota. Dans un match où l’attaque et les équipes spéciales balbutient pendant un bon moment, le couteau suisse Taysom Hill est remarquable et les locaux parviennent à forcer les prolongations 20-20 après avoir été menés 20-10. Mais la défense va définitivement craquer sur un big play, et les Vikings l’emportent 26-20.

On prend quasiment les mêmes et on recommence en 2020 : cette fois Brees fait toute la saison, mais c’est Michael Thomas qui est torpillé par les blessures ; fort heureusement, la signature de l’ex-Bronco et 49er Emmanuel Sanders fait du bien pour pallier cette absence. Kamara est encore plus le fer de lance d’une attaque qui survit sans son receveur #1, alors que la défense continue d’aligner les saisons excellentes ; cela permet à New Orleans de poster un bilan de 12-4 et de finir #2. Avec l’expansion des playoffs à 7 équipes par conférence, les Saints doivent jouer le Wild Card Round : Thomas est revenu et malgré la défense de Chicago, les Bears doivent s’incliner 21-9. Le Divisional Round amène les Buccaneers, battus deux fois pendant la saison : dans un match de grosses escouades défensives, c’est celle des visiteurs qui réussit le plus d’actions importantes vers la fin avec plusieurs ballons volés, et Tampa Bay s’impose 30-20.

Suite à cette énième déconvenue en playoffs, la nouvelle redoutée finit par tomber quelques semaines plus tard : Drew Brees prend sa retraite comme l’un des passeurs les plus prolifiques de l’histoire, étant notamment le premier Quarterback à 80000+ yards, et il est également l’un des membres du duo qui a donné ses lettres de noblesse à la franchise.

La première année post-Brees est bien entendu compliquée : la franchise fait venir Jameis Winston pour le remplacer, mais ce sont surtout les blessures de MIchael Thomas (qui rate toute la saison) et de la ligne offensive qui provoquent une grosse chute de production de l’attaque. Fort heureusement, la défense reste d’une grande qualité malgré le départ de la révélation Defensive End Trey Hendrickson grâce aux ajouts du Cornerback Bradley Roby via la Free Agency, ou du deuxième tour Linebacker Pete Werner et du troisième tour Cornerback Paulson Adebo via la draft. New Orleans paye un mauvais milieu de saison et doit regarder les playoffs à la maison avec un bilan de 9-8, mais c’est remarquable vu les conditions.

Cependant, il faudra continuer sans l’autre membre du duo précité : Sean Payton décide de se retirer comme le meilleur Head Coach de l’histoire de la franchise, après 15 saisons, un bilan total de 161-97, 7 titres de division et le Super Bowl XLIV. C’est le Coordinateur Défensif Dennis Allen qui a la lourde tâche de suivre ses traces.

 

On repart dans le flou (2022-2023)

 

2022 est un changement à plus d’un titre puisque Terron Armstead, Marcus Williams ou Malcolm Jenkins quittent le club et C.J. Gardner-Johnson est échangé ; les Safeties ex-Jet Marcus Williams et ex-Chief Tyrann Mathieu arrivent, comme le premier tour receveur Chris Olave. Winston se blesse rapidement et doit laisser sa place à Andy Dalton dans une saison mi-figue mi-raisin : malgré une nouvelle saison quasi-blanche pour Mike Thomas et une attaque en difficulté, la défense et le manque de qualité dans la NFC South permettent aux Saints de se battre pour le titre jusqu’à la fin, échouant à 7-10.

La franchise, toujours aussi averse à l’idée de drafter un franchise Quarterback, décide d’aller chercher la solution chez les Raiders qui viennent de libérer Derek Carr ; en défense, il y a un petit ménage fait autour de Cameron Jordan sur la ligne défensive. La première décision est positive (même si Thomas rate encore une partie de la saison), la deuxième est plus discutable avec un pass-rush limité. De plus, il y a des scories comme un manque de jeu au sol et des fins de matchs compliquées : l’une d’entre elles contre Green Bay tôt dans la saison est particulièrement dommageable car New Orleans poste un bilan de 9-8 qui est insuffisant pour remporter la division, et la défaite à Lambeau les empêche d’attraper une Wild Card.