Fiche Légende : Curtis Martin

#28 – Running Back

 

CurtisMartin

 

Présentation

 

GENERALITÉS
Nom complet Curtis James Martin Junior
Date de Naissance 1 Mai 1973
Lieu de Naissance Pittsburgh, Pennsylvanie
Date de Décès
Lieu de Décès
CARRIÈRE
Lycée Pittsburgh Taylor Allderdice, Pennsylvanie
Université Pittsburgh, Pennsylvanie
Draft 3e tour de 1995 (#74)
Equipes
New England Patriots (1995-1997)
New York Jets (1998-2005)
Statistiques 11 saisons
168 matchs – 166 comme titulaire
3518 courses / 14101 yards (4.0)
484 réceptions / 3389 yards (6.9)
100 touchdowns
HONNEURS
Pro-Bowls 5 (1995, 1996, 1998, 2001, 2004)
All-Pro 5 (1995, 1996, 1999, 2001, 2004)
Performances notables 2e coureur en saisons à 1000+ yards (10)
4e coureur de l’histoire (yards)
Récompenses 1995 Offensive Rookie Of The Year
Hall Of Fame Classe de 2012

 

Biographie

 

Quelques fois, ce sont les joueurs eux-mêmes qui parlent le mieux d’eux, donc voici un extrait édifiant, voire stupéfiant, du discours d’intronisation au Hall Of Fame de Curtis Martin.

Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas un grand fan de football. Je peux compter sur les doigts de la main le nombre de matchs que j’ai regardés entièrement. […]
Je suis là parce que j’ai couru des tas de yards, et ceux qui me connaissent savent aussi que je déteste courir.
[…]
Je suis honoré aujourd’hui pour ce que j’ai fait dans le football, mais je suis un peu mal à l’aise parce que je ne peux pas m’identifier à l’amour du jeu et du sport que beaucoup des membres du Hall Of Fame partagent.
[…]
Quand la draft est arrivée, j’étais avec ma famille et mes amis. J’ai reçu un coup de fil de Bill Parcells qui me demandait si je voulais jouer pour les Patriots. J’ai répondu que oui. Quand j’ai raccroché, je me suis tourné vers les autres et je leur ai dit : « oh mon dieu, mais je ne veux pas jouer au football ». Vous rigolez, mais c’est vrai ! Je ne pensais pas que je pouvais faire carrière dans le football.
[…]
Mon pasteur, Leroy Joseph, était là et heureusement il a réussi à me remettre la tête à l’endroit. Il m’a dit : « Curtis, vois les choses autrement : peut-être que Dieu t’a donné le football pour que tu puisses aider tous les gens que tu veux aider. » Ca a été une illumination. C’était ma connexion avec le football.

Une connexion qui a entraîné Martin à travers 11 ans, deux équipes et une carrière parmi les meilleures des Running Backs de l’histoire. Mais le chemin a été difficile avant même d’arriver sur les gridirons de la NFL.

L’histoire de Curtis Martin est à la fois inspirante et effrayante. Il grandit dans un quartier dangereux de Pittsburgh, mais le pire se passe à l’intérieur de chez lui. Il n’a que 5 ans quand il est témoin de la torture physique infligée par son père sur sa mère. Quand les deux se séparent, sa mère prend deux jobs pour subvenir à la famille et Curtis passe la moitié du temps chez sa mère et l’autre chez sa grand-mère ; jusqu’au jour où on retrouve cette dernière poignardée chez elle. A 13 ans c’est sa tante, sa « seconde mère », qui meurt dans des conditions terribles, et à 15 ans on le force à jouer à la roulette russe et il s’en tire de justesse. Il échappe ainsi à la mort plusieurs fois dans sa jeunesse.

A cette époque Martin est au lycée de Taylor Allderdice, et sa mère le supplie de faire quelque chose de sa vie, de prendre une activité en dehors de l’école pour le soustraire à ce quartier qui finira par le tuer. Curtis réfléchit alors, hésitant entre le baseball, le basketball ou le football. Il est trop petit pour être basketteur et il ne veut pas jouer sous la chaleur accablante de l’été au baseball. En même temps, son professeur de gym Mark Wittgartner est le coach de l’équipe de foot, et il réussit à le convaincre de jouer, même si pour le garçon c’est plus un choix par défaut.

CurtisMartinPittMartin se révèle doué pour le poste de Running Back, battant plusieurs records du lycée sa seule année. Immédiatement les universités le sollicitent, mais n’étant pas spécialement attiré par le football ou l’école, Martin prend la solution de facilité et intègre la fac la plus proche, Pittsburgh (Pitt). La rapidité et l’agilité de Martin font de lui un très bon coureur, cependant sa carrière universitaire est freinée par plusieurs blessures, notamment sa saison de senior. Il a l’option de devenir un redshirt, c’est-à-dire de prolonger encore d’un an en université au-delà des 4 règlementaires, ce qui pourrait lui permettre de faire une meilleure dernière saison et de partir plus haut dans la draft ; néanmoins il choisit de participer quand même à la draft NFL de 1995.

Comme attendu, à cause de ses blessures Martin ne part qu’au 3e tour aux Patriots de New England. L’équipe se débarrasse de ses anciens coureurs et fait le pari risqué de tout baser sur lui. Martin va de suite relever le challenge avec brio : sa saison rookie le voit courir pour 1487 yards et 14 touchdowns, alors qu’il devient également une menace sur réception. Il gagne le titre d’Offensive Rookie Of The Year et il est voté au Pro-Bowl. Cela va être récurrent pendant ses trois ans aux Patriots avec notamment l’année 1996 et l’accession au Superbowl XXXI perdu contre les Packers.

CurtisMartinParcellsAvant la saison 1997 Martin est un Free Agent et il décide de suivre son mentor Bill Parcells aux New York Jets, même s’il est d’abord réticent à jouer pour un rival de division. Il va alors poursuivre sa série de saisons à 1000+ yards, étant le second joueur avec Barry Sanders à commencer sa carrière par 10 saisons au-dessus de cette marque. Il continue également d’être un bon receveur qui peut prendre à revers toute une défense en un instant. Les Jets atteignent plusieurs fois les playoffs lors de sa présence (4 fois en 8 ans), mais il n’iront qu’une fois en finale de conférence, en 1998, avec une défaite contre les futurs champions Broncos.

Comme le bon vin, Martin s’améliore avec le temps et réussit sa meilleure saison en 2004 avec 1697 yards, terminant meilleur coureur de la ligue pour 1 yard devant Shaun Alexander des Seahawks (il devient d’ailleurs à 31 ans le plus vieux leader en yards à la course de l’histoire). C’est également sa meilleure saison globale avec 1942 yards cumulés.

La belle série va néanmoins prendre fin en 2005 : lors du match de Week 2 contre Miami, Martin subit un choc au genou. L’IRM ne montre rien d’anormal et le Running Back continue de jouer, désirant être le premier à courir pour 1000+ yards sur 11 saisons consécutives. Mais la baisse de production est assez significative pour qu’il accepte une intervention chirurgicale qui met fin à sa saison ; il termine l’année avec 735 yards.

Martin met énormément de temps à se remettre de cette opération qui paraissait pourtant minime, et il rate toute la saison 2006 à cause d’un problème osseux au genou. Finalement, le docteur lui dit que s’il prend un nouveau choc sur son genou il risque de marcher avec une canne, et cela le décide à annoncer sa retraite en Juillet 2007.

Le Running Back pense avoir donné tout ce qu’il pouvait au sport, et même plus : il est le 4e coureur chronologiquement à avoir dépassé les 14000 yards au sol en carrière après Walter Payton, Barry Sanders et Emmitt Smith. Son intronisation au Hall Of Fame a attendu deux ans d’éligibilité pour être faite, mais elle est méritée. Néanmoins ce qui rend encore plus fier Martin, c’est d’avoir utilisé le football comme véhicule à son désir d’aider les autres : la notoriété que sa carrière a apporté à sa fondation, la Curtis Martin Job Foundation, qui aide les mères célibataires et les enfants de quartiers défavorisés.

Pittsburgh Steelers v New York JetsEt le sport le lui a bien rendu, car Martin s’est rendu compte que le football lui a appris la vie. Il a rencontré beaucoup de gens qui l’ont aidé à sortir de l’ornière, dont certains continuent aujourd’hui ; c’est le cas du propriétaire des Jets Woody Johnson qui supporte et éduque Martin dans son désir de devenir propriétaire d’une franchise. Il a trouvé en lui la force de pardonner à son père, qui est mort récemment, et surtout il a aidé sa mère à lui pardonner aussi.

On a toujours dit à Martin qu’il ne dépasserait pas 21 ans quand il était jeune, alors à 20 ans il est allé dans une église pour la première fois en faisant un pacte avec Dieu : s’il dépassait 21 ans, il ferait de son mieux pour faire les bons choix dans la vie. Visiblement, l’un des deux a tenu parole et l’autre continue à le faire.

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