Fiche Légende : Warren Moon

#1 – Quarterback

 

Warren Moon

 

Présentation

 

GENERALITÉS
Nom complet Harold Warren Moon
Date de Naissance 18 Novembre 1956
Lieu de Naissance Los Angeles, Californie
Date de Décès
Lieu de Décès
CARRIÈRE
Lycée Alexander Hamilton, Los Angeles
Université Washington
Draft Non-drafté en 1978
Équipes Edmonton Eskimos (1978-1983) (CFL)
Houston Oilers (1984-1993)
Minnesota Vikings (1994-1996)
Seattle Seahawks (1997-1998)
Kansas City Chiefs (1999-2000)
Statistiques 17 saisons
208 matchs – 203 comme titulaire
58.4% de complétion
49325 yards
291 touchdowns / 233 interceptions
80.9 QB rating
HONNEURS
Pro-Bowls 9 (1988-1995, 1997)
All-Pro 1 (1990)
Performances notables Premier joueur intronisé au CFL HOF & NFL HOF
Premier Quarterback afro-américain au HOF
Premier Quarterback non-drafté au HOF
Récompenses 1983 CFL Most Outstanding Player
5 Grey Cups (1978-1982)
2 fois MVP de la Grey Cup (1980, 1982)
1990 NFL MVP & Offensive Player Of The Year
Numéro #1 retiré chez les Oilers/Titans
Hall Of Fame Classe de 2006

 

Biographie

 

Venant d’une attaque trop différente du modèle NFL : trop de rollouts, pas assez de dropbacks. Afro-américain jouant Quarterback, poste encore trop peu diversifié dans les années 1970 ; devrait changer pour intégrer le monde professionnel. Aucune invitation au Combine. Aucune sollicitation de la part des coachs NFL pour des essais privés. Warren Moon entend tout cela et comprend qu’il n’aura pas un chemin facile vers la NFL. Mais il ne doute pas de ses capacités et trouve le meilleur moyen de faire comprendre à la « grande ligue » son erreur : il part tout écraser au Canada, en CFL. Cinq ans plus tard, la NFL se l’arrache, et il écrit une nouvelle page de son histoire : celle qui fait de lui le premier joueur intronisé au deux Halls Of Fame, NFL et CFL (et la deuxième personne derrière le Head Coach Bud Grant).

Harold Warren Moon naît en novembre 1956 à Los Angeles, dans l’état de Californie ; il est le seul fils d’une fratrie de sept enfants. Il connait peu son père ouvrier, Harold, qui décède d’une maladie du foie alors que le jeune Warren n’a que sept ans. Ce dernier devient de facto l’homme de la maison et apprend à cuisiner, coudre, faire le ménage et le repassage pour assister sa mère Pat ; infirmière, elle doit désormais travailler plus pour subvenir aux besoins de la famille. Mais malgré cela, les enfants ne manquent jamais de rien.

Moon reçoit une éducation stricte mais juste qui en fait un garçon sérieux et motivé. Assez rapidement, s’il est très intéressé par le sport, il jette son dévolu sur le football : avec ses responsabilités de « chef de famille », il pense qu’il n’aura pas la possibilité d’évoluer dans plusieurs disciplines. Il rejoint la Pop Warner Association qui permet aux jeunes de jouer à divers sports en dehors des établissements scolaires ; coïncidence, il se retrouve dans la même équipe qu’un autre futur Hall Of Famer NFL, le receveur James Lofton. C’est à ce moment que Moon se rend compte qu’il a une puissance de bras peu commune et une belle capacité à lancer le ballon ovale ; pour lui il n’y a pas d’erreur : il sera Quarterback… même si, pour l’instant, il joue Linebacker.

Le jeune Warren sort du collège et se heurte à un problème : le lycée le plus proche de chez lui ne possède pas une grande réputation, que ce soit au niveau sportif ou académique. Il contourne les règles en s’inscrivant au lycée Alexander Hamilton grâce à l’adresse d’un ami, preuve déjà de sa détermination à réaliser son rêve. Mais les débuts de Warren Moon, Quarterback Lycéen ne sont pas probants : le jeune garçon n’est pas rapide, n’a pas un grand gabarit, et surtout il commence à comprendre que sa couleur de peau pose problème par rapport à son poste. Nous sommes au début des années 1970, et il y a toujours cette croyance tenace : les afro-américains ne sont pas « équipés mentalement » pour mener une attaque. Moon se morfond sur le banc ses deux premières années jusqu’à la rencontre qui va être un déclic : Jack Epstein devient le coach de l’équipe et remarque son talent, faisant de lui son titulaire. Moon le remercie en emmenant le lycée en playoffs de la zone de Los Angeles pour sa dernière année, et en étant nommé dans l’équipe des meilleurs joueurs de L.A.

WarrenMoon-Washington
Warren Moon & Don James

En 1974, fraîchement sorti du lycée, il va de nouveau comprendre qu’il n’a vraiment pas pris la voie facile : il ne reçoit pas beaucoup d’offres de la part des Universités, et il doit intégrer le West Los Angeles College. Il brille dès qu’il met le pied sur le gridiron et décide d’envoyer des copies des films de match à diverses Universités, mais encore une fois la réponse est loin de ses attentes. Moon passe la première année à West L.A., puis entame la seconde avant que l’Université de Washington ne se manifeste : le coach des Huskies, Don James, veut signer ce joueur au bras canon. Le transfert est réalisé, mais le jeune homme doit attendre encore un peu avant d’être titularisé lors de son année junior. Il rencontre beaucoup de tension de la part des fans avec une mauvaise année (5-6), mais il réserve le meilleur pour la fin : pour son année de senior, il permet à Washington de finir 8-4 et de remporter le Rose Bowl contre Michigan, pourtant donnée favorite ; il est d’ailleurs voté MVP du match.

Cette fois, Moon pense avoir prouvé sa valeur, mais il va rapidement déchanter au fur et à mesure que la draft NFL de 1978 s’approche : encore une fois, on le rejette pour de multiples raisons, dont notamment sa couleur de peau et sa position. Il ne reçoit aucune invitation pour des essais privés et n’est choisi par aucun club ; il comprend que les portes de la NFL lui sont définitivement closes. Toujours aussi décidé sur son rêve de devenir Quarterback professionnel, il franchit la frontière au nord du pays pour aller dans une ligue qui ne regardera que son talent et rien d’autre : la Canadian Football League (CFL). Le Head Coach des Edmonton Eskimos, Hugh Campbell, fait venir Moon pour gagner des titres.

C’est peu dire qu’il va satisfaire à cette demande : il entre dans un système particulier à deux Quarterbacks aux côtés de Tom Wilkinson, et le duo est inarrêtable. De 1978 à 1980, les deux vont martyriser les défenses à tour de rôle alors qu’Edmonton réalise un triplé en Grey Cup, l’équivalent du Super Bowl en CFL ; Moon est même voté MVP de la Grey Cup 1980. Mais ce n’est que le début, car le #1 devient titulaire à part entière en 1981 et lâche définitivement les chevaux : en 1982, il devient le premier Quarterback de football professionnel, toutes ligues nord-américaines confondues, à atteindre la barre des 5000 yards ; bien entendu, Edmonton remporte une nouvelle Grey Cup. En 1983, il fait encore plus fort : il établit le record toutes ligues confondues avec 5648 yards (record qui tient toujours) et reçoit le titre de Most Oustanding Player ; Edmonton réalise le quintuplé de Grey Cup dans une finale dont Moon reçoit son deuxième titre de MVP.

WarrenMoon-EskimosAprès 1369 passes complétées pour 21228 yards, 144 touchdowns et 77 interceptions ainsi qu’une valise de titres collectifs et personnels au Canada, la NFL se décide enfin à admettre qu’elle a fait une énorme erreur : ce Quarterback n’est peut-être pas le prototype au poste, mais sa mobilité et son canon précis accroché à l’épaule droite valent le coup. Moon récolte enfin le fruit de sa détermination quand les franchises NFL se battent pour lui. Les Houston Oilers raflent la mise grâce à un juteux contrat, mais aussi parce qu’ils ont mis toutes les chances de leur côté en engageant nul autre que Hugh Campbell, le coach des Eskimos, peu avant.

On attend monts et merveilles de Moon, mais il va lutter dans ses premières saisons NFL. Ou, pour être plus précis, c’est l’erreur de casting de Campbell et le manque de talent autour du #1 qui posent problème ; le Quarterback établit quand même le record de la franchise avec 3338 yards dès sa première saison, en 1984. Campbell ne dure pas deux ans à la tête des Oilers, étant débarqué au milieu de la saison 1985 pour être remplacé par Jerry Glanville. Ce dernier remarque de suite les qualités de bras de son lanceur et essaie de tout faire pour le mettre dans les meilleures dispositions.

Cela ne marche pas tout de suite – Moon mène la ligue avec 26 interceptions en 1986 – mais le Quarterback va vite s’accorder avec son nouveau Coach. Dès 1987, la tendance s’inverse dans les statistiques du joueur alors que Houston poste sa première saison positive et ses premiers playoffs depuis 1980. Cela démarre une série magique de sept saisons consécutives en playoffs derrière un Warren Moon qui est élu au Pro-Bowl à chaque fois ; il monte en puissance avec régularité, lançant pour 3631 yards et 23 touchdowns en 1989 avec l’arrivée de Kevin Gilbride comme Coach des Quarterbacks. Mais c’est en 1990 qu’il réalise son chef-d’oeuvre : Gilbride est promu Coordinateur Offensif et décide d’appliquer la run & shoot, une tactique qui place quatre voire cinq receveurs écartés sur chaque action. Ce système est parfait pour Moon qui devient un véritable maître artificier : il mène la ligue avec 362 passes complétées sur 584 tentées (deux records NFL), 4689 yards et 33 touchdowns ; sans surprise, il est couvert de récompenses en étant élu Pro-Bowler, All-Pro, MVP et Offensive Player Of The Year.

Il fait encore mieux en 1991 avec 404 passes complétées sur 655 tentées (records NFL à nouveau) pour 4690 yards, mais il ne lance que 23 touchdowns et mène de nouveau la NFL avec 26 interceptions. En réalité, 1990 a marqué son apogée à Houston : sa qualité de jeu va décroître lentement, en partie à cause des coups répétés causés par la protection inexistante qu’offre la run & shoot (pas de Tight End pour aider à bloquer les Defensive Ends adverses). Malheureusement, les Oilers n’en ont pas profité : ils n’ont jamais dépassé le stade du Divisional Round, avec notamment une cruelle défaite contre Buffalo en 1992 dans le fameux The Comeback. Après une saison 1993 moyenne (pour ses standards), Moon a déjà 37 ans ; il paye son passage au Canada, ayant « commencé » sa carrière NFL à 28 ans. Les Oilers pensent qu’il n’a plus rien dans le moteur, sans parler des blessures.

Moon est échangé avec les Minnesota Vikings au début de l’année 1994, quittant les Oilers comme le meilleur Quarterback de leur histoire (avec des records qui tiennent toujours même après le déménagement à Tennessee). Il ne va pas mettre longtemps à prouver qu’il a encore de la ressource : il lance pour 4000+ yards dans chacune de ses deux premières saisons et 33 touchdowns en 1995. Cela ne dure néanmoins pas : il se fracture la clavicule au cours de la saison 1996 ; remplacé par Brad Johnson, il perd sa place de titulaire. Il refuse de devenir remplaçant et la franchise le libère.

NFL Historical ImageryMoon a 40 ans mais n’en a pas encore tout à fait fini avec la NFL : il signe à Seattle et fait deux saisons avec les Seahawks. La première est la meilleure : à 41 ans, il gagne son dernier vote Pro-Bowl en lançant pour 3678 yards et 25 touchdowns. Mais l’âge et les blessures se rappellent rapidement à lui, et il est libéré à la fin de la saison 1998. Il signe à Kansas City comme remplaçant d’Elvis Grbac et y passe deux saisons où il joue très peu.

Lorsque le vieux lion se retire à 44 ans début 2001, les chiffres sont vertigineux : rien qu’en NFL, il est dans le top-5 de l’histoire au poste avec 3988 passes complétées sur 6823 tentées pour 49325 yards et 291 touchdowns (+ 233 interceptions) ; sans compter les 22 touchdowns à la course. Lorsqu’on rajoute ses statistiques de CFL, on atteint des niveaux jamais atteints dans la capacité de lancer un ballon ovale à une cible en mouvement : 5357 passes complétées sur 9205 tentées pour 70553 yards et 435 touchdowns.

Dès sa retraite, Moon est intronisé au Hall Of Fame de la CFL ; il devra attendre seulement cinq ans (la période d’inéligibilité classique) pour intégrer celui de la NFL, faisant de lui le premier joueur à être reconnu par les deux institutions. Il est également le premier Quarterback non-drafté et le premier Quarterback afro-américain à posséder son buste à Canton. Les Titans, anciens Oilers, retirent son #1.

Entre-temps, Moon ne chôme pas : il devient commentateur des matchs des Seahawks à la radio et s’occupe de diverses oeuvres, ce qui lui a toujours tenu à coeur pendant sa carrière (il a été élu NFL Walter Payton Man Of The Year en 1989). Il s’occupe notamment de sa fondation, Crescent Moon, qui aide les jeunes à maximiser leur potentiel quelque soit leur origine ; par exemple, il a mis en place un système de bourses scolaires dans son ancien lycée de Hamilton.

Toujours avec la même détermination et gentillesse qui l’ont caractérisé pendant sa carrière ; celle d’un garçon à qui on a répété ce qu’il ne pouvait pas être, jusqu’à ce qu’il le devienne.