Mailbag QPUL : The O Word

Nouvelle édition de notre mailbag Questions Pour Un LatestHuddle.

Cette semaine, on parle du « O Word » (mystère !), et on étudie (un peu) les principaux schémas offensifs en NFL.

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Bertrand : Ça fait un petit moment que je me pose la question et le match de Manning contre San Diego avec les 5 neutral zone infraction me laisse dubitatif : comment ça marche exactement les snaps ? Qu’est ce que ‘braille’ le QB ? J’avais l’impression que Manning disait omaha à chaque fois, comment le centre sait s’il snap ou pas ? As tu des exemples de ce qui se dit concrètement?

Mon dieu Manning et les média ont même réussi à infecter le mailbag avec OMAHAAAAAAH KILL IT KILL IT WITH FIIIIIIIIIIIIIIIIIREEEEEEEEEEEEEEE !!!!!!!!!!!!

*Ahem*.

Pardon, un petit moment d’égarement :D. A partir de maintenant, je mets O… O… O… enfin ce mot-là au même rang que f*ck (« The F Word ») et n*gger (« The N Word »). Donc parlons un peu de « The O Word ». Déjà, les Chargers ont été très indisciplinés dans ce match, aucune défense n’a le droit de se faire avoir 5 fois dans le même match.

Le « O Word », référence à la jolie ville de « O Town », Nebraska.

Tout est décidé au moment du call dans le huddle, et si on est en no-huddle en général il n’y a pas de subtilités particulières = « tu snappes quand je dis The O Word ». En général le call dans le huddle se termine par le snap count, c’est-à-dire à quel moment le Centre doit snapper la balle. Ensuite ce que braille Manning avant de dire The O Word peuvent être au choix :

  • Quel est le MLB pour que l’OL l’identifie aussi;
  • S’il y a un blitzeur pour que l’OL glisse sa protection en conséquence;
  • Un audible pour modifier la stratégie;
  • Un leurre.

Il faut avouer qu’avec Manning tu as le roi du discours pré-snap, ce qui le rend énervant auprès de certains parce qu’il a toujours l’air de raconter sa vie avant chaque action (mais le fait qu’il ait le contrôle total de son attaque est ce qui le rend aussi impressionnant).

Ce n’est pas le seul à avoir un mot fétiche, par exemple Aaron Rodgers dit majoritairement « green-19 » et quelques fois « blue-58 » au moment du snap. Chacun a le sien.

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Mathieu : Peux-tu svp décrire et expliquer les forces et les faiblesses de chaque système offensif en NFL ? Je pense notamment à Air Coryell, West Coast, Erhardt-Perkins, Run N Shoot, Read Option etc etc. Et quels sont les sytèmes employés par chaque équipes NFL cette année ?

Ca fait quelques fois que j’ai cette question, ce qui devrait pousser Latest à faire un article dans l’encyclopédie… quand y’aura le temps :p. Néanmoins on peut déjà en toucher un mot ici présentement. Je rajouterais à tes exemples la Spread Offense.

Chaque équipe ça fait un peu beaucoup, surtout quand pas mal utilisent une variation de la West Coast. Je peux donner un exemple pour chaque par contre.

  • http://www.profootballhof.com/assets/photo_galleries/630x536/281C87EE9A6942218E4778F7667DBFD4.jpgAir Coryell/West Coast :
    • Origine : Dan Coryell et les Chargers des années 1970/1980. Le but est d’étirer au maximum en profondeur avec les receveurs et d’utiliser une boîte moins chargée pour que le coureur gagne des yards faciles.
    • Points forts : Gros gains potentiels à chaque action, à la course ou à la passe. Les receveurs peuvent être déplacés n’importe où sur le terrain. Stratégie mixte qui permet de manger le chrono.
    • Points faibles : Il faut un timing strict entre le receveur et le QB, car parfois ce dernier envoie la passe avant que le receveur finisse sa route. Plus de receveurs + passes longues = moins de bloqueurs pour protéger le QB pendant une période donnée. Le fait que les passes longues soient un fondement rend Air Coryell peu utilisable pour revenir au score si les défenses s’y attendent.
    • Equipe actuelle qui l’utilise : Beaucoup, c’est quasiment le père de l’ère moderne des QBs. Arizona, New Orleans sont des exemples.

     

  • http://image2.findagrave.com/photos250/photos/2007/210/20706224_118585909069.jpg« Cincinnati » Offense :
    • Origine : Bill Walsh et les Bengals/49ers des années 1980. Yup je sais ce que vous allez me dire, « c’est la West Coast non ? ». Moi-même j’ai fait la confusion pendant un moment, mais ce sont deux choses différentes : WCO était un « surnom » utilisé pour les attaques de Sid Gillman et Don Coryell, et un journaliste l’a collé spécifiquement à Walsh par erreur tout ça parce qu’il était à San Francisco; le succès mythique des 49ers dans les années 1980s a ensuite réduit WCO = Walsh. Mais les principes ne sont pas exactement les mêmes, car Walsh a autant pris à Gillman/Coryell qu’à Paul Brown quand il était à Cincinnati (d’où le nom).
    • Points forts : Les receveurs ne cherchent pas systématiquement à percer la défense pour de gros gains, mais plus à courir des routes sûres qui permettent des gains moins élevés mais plus constants. Les coureurs prennent une part active à la réception. C’est le meilleur ami des QB qui n’ont pas forcément un bras énorme (Joe Montana n’en avait pas un par exemple). Comme les routes sont plus courtes, le manque de bloqueurs est moins dommageable que dans Air Coryell.
    • Points faibles : Comme l’Air Coryell, tout est basé sur le timing. Attention aux DBs vifs qui peuvent venir couper les trajectoires de passes.
    • Equipe actuelle qui l’utilise : Enormément. Walsh a été le successeur de Coryell et on retrouve ses préceptes un peu partout. Green Bay, Kansas City, Houston, Indianapolis etc etc.

     

  • http://prod.static.patriots.clubs.nfl.com/assets/images/articles/photos-for-articles/330-erhardt-obit.jpgErhardt-Perkins :
    • Origine : Ron Erhardt et Ray Perkins et les Patriots des années 1970. Pour être exact, le concept n’est pas aussi récent, car c’est aussi ce qu’on appelle le « Smashmouth/Ball Control Football« . Ce qui a changé, c’est la manière de contrôler la balle : avant c’était la course, aujourd’hui c’est plus la passe.
    • Points forts : Un système plus simple que les autres dans lequel on peut intégrer n’importe quel joueur rapidement. Utilise à fond la play-action avec un coureur efficace pour tromper les défenses. Parfait pour manger l’horloge pendant tout le match. Parfait pour le mauvais temps.
    • Points faibles : Compliqué de revenir au score avec une attaque dont la spécialité est de posséder la balle le plus longtemps possible. Sans coureur efficace, la play-action n’est pas crédible.
    • Equipe actuelle qui l’utilise : New England est le principal ambassadeur, Dallas s’y est mis cette saison.

     

  • http://content.hwigroup.net/images/products/xl/100786/7/trust_tiger_mouse.jpgRun-N-Shoot :
    • Origine : Glenn « Tiger » Ellison au lycée, Darrell « Mouse » Davis en NCAA, les Oilers des années 1980s en NFL. Ici, on aligne 4 receveurs et on envoie du lourd autant qu’on peut. Le coureur peut alors profiter d’une défense entièrement tournée vers la passe.
    • Points forts : Avec des receveurs talentueux et un QB avec un bras, cette attaque allume le tableau d’affichage. Les receveurs adaptent leur parcours en fonction de la position du CB en face. Le coureur est content de voir moins de défenseurs face à lui.
    • Points faibles : la raison #1 pour laquelle elle a disparu sous sa forme pure – avec 4 receveurs et 1 coureur qui court un tracé lui aussi, zéro protection pour le QB. Warren Moon en a encore mal partout.
    • Equipe actuelle qui l’utilise : aucune sous sa forme ancienne, mais toutes les équipes ont aujourd’hui des formations qui incorporent les principes de la RNS.

     

  • Spread Offense :
    • Origine : le père de la Run&Shoot, créé par Rusty Russell dans les années 1920. La Spread Offense est plus généralement une attaque avec plusieurs receveurs écartés (de 3 à 5), et le QB se trouve souvent en Shotgun. En général c’est également une « No-Huddle ».
    • Points forts : Cette stratégie a pour but de trouver les brèches dans la défense, que vous les exploitiez à la course ou la passe. Le QB en Shotgun lui permet de voir arriver la pression s’il n’a aucun bloqueur à part l’OL. Quasiment indéfendable car une des cibles est forcée de se libérer (à moins d’avoir 5 Darrelle Revis dans l’équipe).
    • Points faibles : Dans les sets à 5 receveurs, aucune protection pour le QB. Les défenses se sont adaptées en créant la 3-3-5 pour rajouter de la vitesse.
    • Equipe actuelle qui l’utilise : Encore une fois, aucune utilisation pure en NFL, mais toutes ont des formations qui l’utilisent.

     

  • Read Option :
    • Origine : La nuit des temps footballistiques. A l’époque où le jeu au sol était tout, on a vite inventé l’Option pour tromper l’adversaire sur qui allait courir (Triple Option, Veer, etc). Le choix de faire une passe est venu un peu après.
    • Points forts : Idéal quand vous avez un QB rapide sur ses jambes (pour que la menace de course soit crédible) et dans sa tête (pour remettre la balle si la brèche est fermée). Si en plus il est crédible en passeur, vous gagnez sur toute la ligne. La défense se fait des noeuds au cerveau à savoir ce que vous allez faire.
    • Points faibles : Expose le QB à des coups. Ne va pas marcher spécialement longtemps sur les défenses qui restent disciplinées au sol.
    • Equipe actuelle qui l’utilise : Miami a fait du bruit avec son « Wildcat », mais dans la forme pure d’Option, c’est Carolina d’abord, puis San Francisco, Seattle et Washington qui l’ont ramenée en NFL avec l’émergence des QB coureurs NCAA. Néanmoins, toujours, ce n’est qu’un bout du playbook, aucune équipe NFL ne fait que ça.

     

PS : désolé pour la Run&Shoot – « Tiger » et « Mouse », c’était trop tentant.

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C’est la fin de ce mailbag.

N’hésitez pas à continuer d’envoyer des questions à l’adresse latestmailbag at yahoo dot com.

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