Fiche Légende : Chuck Bednarik

#60 – Centre/Linebacker

 

ChuckBednarik

 

Présentation

 

GENERALITÉS
Nom complet Charles Philip « Chuck » Bednarik
Date de Naissance 1er Mai 1925
Lieu de Naissance Bethlehem, Pennsylvanie
Date de Décès 21 Mars 2015
Lieu de Décès Coopersburgh, Pennsylvanie
CARRIÈRE
Lycée Bethlehem Liberty, Pennsylvanie
Université Pennsylvanie
Draft 1er tour de 1949 (#1)
Equipes
Philadelphie Eagles (1949-1962)
Statistiques 14 saisons
169 matchs
HONNEURS
Pro-Bowls 8 (1950-1956, 1960)
All-Pro 10 (1950-1957, 1960-1961)
Performances notables Dernier des 60-Minute Men
Récompenses 2 fois champions NFL (1949, 1960)
Membre de l’équipe des années 1950
Membre de l’équipe des 75 ans de la NFL
Membre du Eagles Honor Roll
Numéro #60 retiré chez les Eagles
Hall Of Fame Classe de 1967

 

Biographie

 

Il est possible que vous vous interrogiez sur l’entrée du tableau « performances notables » avec une phrase comme « dernier des 60-minute men », mais je vous assure que c’est à sa place : les 60-Minute Men sont ces joueurs qui officiaient des deux côtés du ballon, en attaque et en défense. Chuck Bednarik est le dernier d’entre eux, le vestige d’une époque révolue en NFL où les salaires étaient maigres et les joueurs de vrais guerriers considérés comme des fous furieux pour pratiquer ce sport. Et un conseil : ne lui parlez pas des joueurs d’aujourd’hui si vous ne voulez pas qu’il vous mette la même qu’à Frank Gifford (on y revient dans un instant).

Les parents de Charles émigrent de Tchécoslovaquie pour trouver du travail aux Etats-Unis dans les années 1920. Ils s’installent en Pennsylvanie, haut lieu de la sidérurgie américaine dans laquelle le père travaille, et la famille survit tant bien que mal pendant la Grande Dépression. Le garçon va dans une école du coin fréquentée par beaucoup d’immigrés tchécoslovaques comme lui, puis il intègre le lycée Liberty de Bethlehem. Sportif, il pratique le football, le baseball et le basketball comme beaucoup de jeunes de son âge.

A sa sortie du lycée, nous sommes en 1942 et le monde est secoué par la Seconde Guerre Mondiale. Les Etats-Unis sont entrés en guerre suite à Pearl Harbor et Chuck s’enrôle dans l’armée de l’air : il effectue 30 missions en Allemagne comme artilleur sur un avion B-24 pour lesquelles il reçoit plusieurs récompenses. Il revient en Septembre 1945 et s’apprête à rejoindre son père dans la société Bethlehem Steel, mais une visite à son ancien lycée va tout changer.

ChuckBednarikArmySon coach de football, John Butler, lui avoue qu’il serait dommage qu’il quitte les terrains car il a du talent, et qu’il doit intégrer une université pour aller en NFL ensuite. Chuck suit Butler et rencontre George Munger, le coach de l’Université de Pennsylvanie (Penn). La rencontre décide Bednarik à intégrer la fac pour continuer à jouer même s’il arrive en cours d’année. Bien lui en prend : il s’installe comme Centre en attaque et Linebacker en défense, devenant un des piliers de l’équipe. Bednarik est nommé deux fois All-American et finit dans le trio de tête du Heisman Trophy sa dernière année. Cela lui permet d’être un des joueurs les plus convoités lors de la draft de 1949.

Depuis 1947, la NFL a instauré le « bonus pick » : le premier pick de la draft est choisi par tirage au sort, et en contrepartie le vainqueur ne peut plus être tiré au sort les années suivantes. Si vous vous dites que c’est assez injuste, devinez qui gagne le bonus pick en 1949 ? Les champions en titre, les Eagles de Philadelphie. Ils ne se font pas prier pour sélectionner Bednarik et renforcer leur équipe encore un peu plus (pour information, le système de « bonus pick » sera abandonné en 1958).

Chuck devient immédiatement titulaire comme Centre et Linebacker, et pour son année de rookie il participe au doublé des Eagles qui battent en finale NFL les Rams de Los Angeles 14-0. Même s’il ne rencontre pas le même succès collectif par la suite, son jeu offensif et défensif en fait un des joueurs les plus redoutés sur le terrain : en attaque, c’est lui qui punit les défenseurs sur ses blocks, et en défense il délivre des plaquages terribles qui intimident les attaquants. Il assène de tels cartons qu’un journaliste de Philadelphie écrit dans un article que Charlie est « aussi dur que le ciment (concrete) qu’il vend ».

ChuckBednarikWarnerEn effet, à l’époque les joueurs NFL professionnels ne gagnent pas assez d’argent pour vivre de leur sport, et Bednarik travaille dans la cimenterie Warner pendant l’offseason. Ce parallèle très judicieux est repris par tout le monde et le #63 est rapidement connu sous le surnom de « Concrete Charlie« . La dureté de Bednarik se retrouve également dans sa longévité : malgré les chocs qu’il inflige à chaque snap en attaque et en défense, il ne rate quasiment aucun match.

Néanmoins, tout cela a un prix et Bednarik, usé par le jeu et par une équipe des Eagles qui surnage difficilement dans les années 1950, annonce sa retraite à la fin de la saison 1959. Il pense avoir fait sa part avec nombre de récompenses personnelles (7 Pro-Bowl et 8 All-Pro), mais l’arrivée d’une cinquième fille dans sa famille le fait revenir sur sa décision. C’est encore un bon choix car en 1960, Bednarik réussit une nouvelle saison exceptionnelle : il est une nouvelle fois nommé All-Pro et Pro-Bowler et il retourne en finale NFL. Il va jouer 58 minutes du match contre les Packers de Green Bay, et c’est lui qui donne littéralement le titre quand il plaque Jim Taylor à 9 yards de la endzone ; les Eagles l’emportent 17-13 (et infligent la seule défaite en playoffs de Vince Lombardi).

Cependant, ce n’est pas ce plaquage qui va faire rentrer Bednarik dans la postérité. Sur la route du titre, les Eagles rencontrent les Giants de New York deux fois de suite. Pendant le premier match le 20 Novembre, les Eagles mènent 17-10 en 4e quart-temps et les Giants remontent le terrain pour égaliser. Le coureur Frank Gifford reçoit une passe de son Quarterback et en essayant d’esquiver un joueur il croise la route de Bednarik qui le fait voler en éclat, provoquant un fumble. Le bruit est tellement impressionnant qu’un journaliste rapporte que le choc ressemble à une hache qui coupe du bois. Gifford reste étendu sur le sol, inconscient, et la commotion dont il souffre le tiendra hors des terrain non seulement pour le reste de la saison 1960 mais aussi pour toute la saison 1961.

ChuckBednarikGiffordL’image de Bednarik dominant un Gifford à terre est devenue une des images iconiques de la NFL, comme témoignage d’une autre époque où la violence était acceptée. Après l’incident, le coureur des Giants n’a jamais tenu rigueur au Linebacker des Eagles, qualifiant le plaquage de régulier et avouant qu’il aurait fait la même chose.

Après ce second titre NFL, Bednarik va jouer encore deux ans et prendre sa retraite en 1962. Malgré les milliers de chocs subis par le dernier des 60-Minute Men, il n’a raté que 3 petits matchs en 14 saisons NFL chez les Eagles. Il est élu au Hall Of Fame en 1967 pour sa première année d’éligibilité, et il entre au panthéon des légendes du sport à Philadelphie. En 1995, le Maxwell Football Club décide de créer le Chuck Bednarik Award récompensant le meilleur défenseur universitaire (certains disent que le trophée aurait dû être un bloc de ciment).

A partir de ce jour et jusqu’à sa disparition, le passe-temps préféré de Bednarik est d’être le gardien de son époque, exhibant fièrement ses doigts détruits par des années de maltraitance footballistique, perpétuant la légende des joueurs comme lui en balançant des pavés (de ciment cela va sans dire) sur les « joueurs » d’aujourd’hui, trop riches et douillets à son goût.

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