Mailbag QPUL : le QB est avant tout un passeur
J’en profite également pour dire que la plupart des règles dictées dans la news d’introduction sautent. Lâchez-vous, demandez ce que vous voulez sur le foot US, la NFL et le pourcentage de complétion de Colt McCoy, mais 3 questions grand maximum par mail please.
Déjà on peut faire de la mathématique de base : 4+4 = 8 défenseurs dans la boîte, ce qui signifie qu’avec un corps de plus que dans la 4-3, on a plus de monde pour stopper la course. Ensuite, 11-8 = 3 arrières, ce qui signifie qu’on a deux Cornerbacks et un Safety qui rôde dans l’arrière-garde. On est donc plutôt fragile contre la passe longue, sauf si on a Darrelle Revis et Nnamdi Asomugha dans son équipe, on est fragile contre les formations à 3+ receveurs et on est aussi fragile contre un coureur capable de passer les deux premières lignes car les trois arrières ont des chances d’être hors de position.
Ca c’est pour le résumé des avantages et inconvénients de la formation, car bien évidemment les DC de nos jours adorent masquer le véritable but de leur formation. La 4-4 demande des joueurs plus rapides que forts et plus intelligents que bourrins, car la 4-4 est une défense versatile : on peut rapidement passer en nickel si on en a besoin (et que l’adversaire est un spécialiste des passes courtes), et on peut également envoyer du blitz d’un peu partout (au centre, sur les extérieurs, d’un côté, de l’autre ou une combinaison de tout ça).
Vous avez besoin d’un passeur avant tout. Si votre QB est un passeur et qu’il sait courir en plus, c’est le gros bonus en effet, parce que si un QB est capable de fixer la défense avec ses passes et d’ouvrir les zones au milieu, il peut aussi y courir. Vous ouvrez également tout un jeu d’option intéressant à la course. Tenez, vous voulez une preuve qu’on est dans une ligue de passeurs ? Est-ce qu’on entend parler de RGIII en ce moment, pendant les OTAs, pour ses courses phénoménales ? Nope, on entend parler de lui pour ses qualités de passeur. Pourquoi ? Parce que c’est la crainte numéro une, se retrouver avec un QB qui sait courir avant de passer. Vick 1.0 (version Atlanta) ou Tebow. Parce qu’avant tout, on demande à un QB qu’il sache passer.
Et il y a un autre aspect : si quelqu’un comme Vick est un bon exemple, il est aussi une mise en garde – quand vous permettez à votre QB de courir, il devient une cible parfaite pour se faire détruire par les défenseurs parce qu’il n’est PLUS protégé par les règles pro-QB. N’oubliez pas que Vick a subi des blessures aux côtes qui l’ont tenu éloigné des terrains, tout comme McNabb. On a vu Newton se prendre des cartons monstrueux l’année dernière (photo), et si Ron Rivera dit qu’il n’a pas fait dans son slip au moins une fois c’est un sacré menteur.
En conclusion, si votre QB sait passer ET courir, oui c’est un gros avantage, mais il doit savoir passer avant tout, et c’est pourquoi la NFL n’est pas encore prête d’être submergée par ce type de QB. Les futurs Brady/Manning plantés dans leur poche de protection ont encore de beaux jours devant eux tant que des OLs et des WRs de qualité sortiront des universités et qu’ils ont le talent pour distribuer la balle.
C’est, de mon point de vue, un des aspects du foot US les plus impressionnants et qui donnent sa spécificité au sport. Ca demande connaissance du playbook et discipline, et le fait qu’on voit encore des pénalités pour 12 joueurs dans le huddle ou changement illégal prouve que ce n’est pas si facile que ça en a l’air.
The Ice Bowl |
Ice Bowl, Fog Bowl, Monsoon Game… le football US est un sport qui ne s’arrête pour quasiment aucune intempérie. Les trois matchs précités ont tous connus des conditions dantesques (froid, brouillard, mousson) mais ils ont tout de même eu lieu. L’exemple le plus « drôle » reste la finale NFL de 1948 entre les Cardinals de Saint-Louis et les Eagles de Philadelphie qui s’est déroulé dans une tempête de neige abominable. Les joueurs eux-mêmes ont du venir aider au déblaiement du terrain; c’est comme si aujourd’hui on demandait à Tom Brady et Drew Brees de venir déblayer le terrain avant le match.
Il arrive bien évidemment que certaines catastrophes soient vraiment inévitables, comme le tremblement de terre en Californie en 1989, l’ouragan Katrina à New Orleans en 2005 ou l’effondrement du toit du Metrodome en 2010, mais dans ces cas-là la NFL s’arrange : les matchs ont lieu ailleurs, ou alors la rencontre impactée est inversée (l’équipe à domicile va jouer à l’extérieur, possible uniquement si ce n’est pas la 2e rencontre entre les deux). Et bien entendu, il est déjà arrivé que des matchs soient reportés « à la dernière minute », le dernier en date est un Monday Night 2010 entre les Vikings et les Eagles repoussé au mardi pour cause de tempête de neige à Philadelphie.
Le record de température basse pour un match est justement l’Ice Bowl, la finale NFL de 1967 entre les Cowboys de Dallas et les Packers de Green Bay qui s’est jouée à Lambeau Field par -13°F (-25°C) avec un vent glacial à -46°F (-43°C).
En général, le coach n’intervient plus dès que les joueurs sont en place, il fait confiance à son QB pour déterminer l’action à effectuer pour contrer la couverture. Il est toujours possible qu’il appelle un temps mort, mais il ne va pas le faire pour ce genre de choses parce que justement les attaques NFL sont capables de contourner ce genre « d’imprévus ».
Peyton fait le V de la victoire ? Ah non, il appelle un audible. |
La première solution, c’est d’appeler un audible, c’est-à-dire de changer la tactique par une autre sur la ligne de scrimmage. Si on se rend compte que la défense est en man-to-man, en effet une screen peut faire du dégât, ou appeler une stratégie qui isole un receveur sur un cornerback/linebacker de moindre qualité. Si la défense est en zone par contre, on peut appeler des passes ciblées entre les zones, ou des combinaisons de routes qui vont perturber les défenseurs (par exemple, une croisement entre les receveurs).
La seconde solution, c’est de se dire qu’on a des receveurs assez doués pour garder la même tactique et réussir quand même l’action. Au lieu de prendre ce qu’on vous donne, vous prenez ce que vous voulez, c’est là la marque des équipes supérieures. Les receveurs sont capables de lire une couverture aussi bien que le QB, et si la connivence entre les deux est suffisante, sur un seul regard le QB et le WR peuvent se comprendre et mettre en place un parcours qui profite de la couverture.
Et puis il y a un autre gros problème, que je m’en vais vous résumer par une question : « Bonjour Madame Valérie Fourneyron, notre chère ministre des Sports, vous connaissez le foot US ? ».
Ce qui est sûr déjà, c’est qu’AP a la chance de jouer en 2012 et pas en 1968 comme Gale Sayers (photo). Le grand coureur des Bears a alors connu une grave blessure au genou, et quand il est revenu en 1969 sa vitesse légendaire avait disparu; après une autre blessure il a pris sa retraite en 1972 après seulement 6 ans de carrière. Les techniques chirurgicales ont beaucoup avancé en 50 ans et AP va pouvoir en profiter. On peut se rappeler par exemple de la terrible blessure de Willis McGahee en université, et le bonhomme (se) porte bien aujourd’hui.
Ce qui m’embête plus avec AP c’est que ce n’est pas la première fois qu’il se blesse au genou droit (2007). Les gens réagissent différemment aux blessures, donc seul le temps pourra dire si AP pourra redevenir le cheval de travail qu’il était.
Le problème, c’est cette sanction justement. Il était écrit dans le CBA précédent que si un nouveau CBA n’était pas trouvé en 2010, cette année serait sans salary cap; les sanctions semblent donc totalement en contradiction avec cela. Du point de vue de la NFLPA, s’il y a sanction, c’est qu’il y avait donc bien un salary cap « informel » décidé non seulement par Goodell, mais surtout les autres proprios. Et là on tombe dans ce qu’on appelle la collusion, c’est-à-dire deux parties (Goodell + proprios) qui s’arrangent dans leur coin au détriment d’une troisième (les joueurs). En plus, l’article XIII du CBA précédent stipulait que les équipes n’avaient pas le droit de s’entendre pour garder les salaires plus bas qu’ils ne devaient être.
Les joueurs ont donc estimé qu’ils avaient perdu 1 milliard $ dans l’affaire, et il y a une règle dans le CBA qui triple ce montant en cas de dédommagements, ce qui nous donne les fameux 3 milliards.
Cette question revient de temps en temps à propos de l’éligibilité d’un joueur d’équipe spéciale pour le Hall Of Fame. Ray Guy (photo) et Steve Tasker sont les deux autres joueurs qui ont soulevé les mêmes questions, et ont reçu la même réponse : non, un joueur d’équipe spéciale ne participe pas assez pour mériter de finir au Hall Of Fame. Du moins pour le moment.
Ray Guy a défrayé la chronique quand il a été drafté au premier tour par les Raiders (oui déjà eux !) en 1973, et il a simplement été le meilleur punter de l’histoire. Steve Tasker, qui a joué pour les Oilers et les Bills, était probablement le meilleur joueur d’équipe spéciale : il était un gunner phénoménal (le gunner a pour rôle de courir et défoncer le returner en premier), créait des fumbles, les récupérait, il contrait des punts à tout va et de temps en temps il retournait aussi.
Le grand problème c’est qu’au HOF on trouve des 60-minute men, ces joueurs des premières années du foot US qui jouaient des deux côtés du ballon. Vous imaginez le tollé en annonçant que des joueurs qui ont une petite dizaine d’actions par match pourraient finir à côté d’eux… aussi immense soit leur talent et leur implication dans le succès de leur équipe.