Eagles at Falcons

Dimanche il s’est passé quelque chose d’étrange. J’étais en train de regarder un match intéressant entre deux équipes favorites dans la conférence NFC qui se tiraient la bourre. Philly menait 10-7 contre Atlanta et était proche de marquer à nouveau, on approchait de la fin de la première mi-temps. Et puis d’un coup sans prévenir, j’ai basculé dans la Quatrième Dimension. Ou alors David Lynch a pris les commandes du match. Et là tout est parti en sucette en deux minutes : j’ai vu une grosse crêpe (Jerry sur Vick qui fumble), une course entre un tractopelle et un dragster (Weatherspoon vs DeSean), un homme essayer d’échapper aux prédateurs avant de se faire bouffer (Vick qui fumble en scramblant), le mec d’en face décider de balancer le sens commun par la fenêtre en mettant son bras dans la mâchoire d’un alligator (Ryan qui envoie sur Asomugha) et enfin un jeunot arriver et faire croire qu’il a une jambe bionique (le rookie Henery qui tente un kick de 63 yards).

C’est comme si vous regardiez L.A. Confidential et que d’un coup vous zappiez sur Y’a-t-il un pilote dans l’avion… mais avec les mêmes acteurs. C’est la série d’actions qui a clôt la première mi-temps d’un match qui a définitivement basculé dans l’étrange et le bizarre à ce moment-là alors que pourtant tout avait commencé normalement. Et puis finalement, au 3e chapi… euh quart-temps, j’ai enfin compris : Kafka était sur le terrain ! Bon sang mais c’est bien sûr ! Pour le bizarre et l’étrange, Franz Kafka.

Sauf que là évidemment on parle de Mike Kafka le 3e QB des Eagles. Il a dû rentrer sur le terrain pour remplacer un Michael Vick harassé par la défense des Falcs toute la soirée. Sur un safety blitz de William Moore, il a été envoyé tête la première dans son guard Todd Herremans et il a subi une commotion. C’est cruellement ironique pour les Eagles car Andy Reid et son staff offensif avaient mis en place un schéma pour protéger Vick dans la poche et ainsi l’empêcher de risquer la blessure en partant à l’aventure… et finalement c’est dans la poche qu’il a été frappé de tous les côtés.

Cependant, on a pu vérifier une chose : après nous avoir montré une présaison où il semblait régresser en Vick 1.0 (je cours partout tout le temps), il a réussi un nombre important de passes malgré la pression, acceptant le choc pour délivrer la passe. Et dieu sait qu’il a été frappé (un des contacts était même à la limite des genoux). Le problème c’est que quelques fois il lui arrive encore d’essayer la passe impossible, ce qui a résulté en 1 INT. Il termine avec 19/28 pour 242 yards, 2 TD et 1 INT mais également deux fumbles dont un important qui permet aux Falcons de mener 14-10.

Et sur ces 242 yards, 171 viennent du seul Jeremy Maclin. Si Vick a bien été épaulé également par Brent Celek (4 catchs 43 yards), Maclin a été le fer de lance aérien des Eagles, distribuant du vent à toute l’arrière-garde des Falcons (notamment sur des screen pass, le remède préféré à la DL qui tape dur). 13 réceptions et 2 TD pour le receveur dans sa 3e saison, alors que le reste de l’escouade n’a que 5 réceptions au total. Malheureusement, Maclin est également coupable d’un drop terrible sur 4e tentative dans le drive pour la victoire des Eagles; un drive que Kafka a mené de manière intéressante et assurée (quand Reid n’a plus eu d’autres choix que de laisser être un vrai QB et pas une machine à donner la baballe au coureur).

L’attaque au sol justement a bien complémenté, avec LeSean McCoy bénéficiant d’un côté gauche de l’OL monstrueux. Evan Mathis et Jason Peters ont servi des crêpes chaudes toute la nuit dans la baraque à gauche du terrain. 2 TD pour le coureur qui totalise 116 yards au total. Maintenant ce serait bien que la protection tienne également pour Vick. Cependant, un petit bémol : oui ça a toujours été dans le style de jeu des Eagles, mais ils ont un peu trop sorti les gadgets sur les courses. On a vu de tout : une reverse, une end around, un fake pitch, un fake toss, les coureurs qui croisent devant le QB… c’est plaisant à regarder, mais les Falcs ont fini par faire payer quand Vick se fait démonter par Peria Jerry sur un fake toss/trap play manqué (la fameuse crêpe géante citée en introduction). Attention à ne pas trop en faire contre une DL qui peut pénétrer comme celle des Falcons.

En défense pour Philly, Trent Cole a été le meilleur joueur défensif du match. Si Cullen Jenkins a fait un début de match impressionnant (avec 2 sacks au final), c’est Cole surtout qui a martyrisé son vis-à-vis toute la soirée. Il a souvent plaqué pour des pertes, derrière la ligne d’avantage, et avec ses collègues de la DL il a harassé Ryan. Il a rallié ses partenaires pour fermer les brèches à la course du début de match. La défense contre la course a donc souffert au 1er quart comme prévue, mais s’est bien reprise dans les deux suivants. Cependant, la blessure de Vick a raccourci le temps de possession de l’attaque des Eagles, et la défense a fini par payer les efforts au 4e quart-temps. Pour la défense contre la passe, la ligne de LB est encore trop tendre pour la NFL (un certain Gonzo en a fait des confettis), et les arrières ont su faire leur boulot, Nnamdi Asomugha se permettant de faire une interception dans une des rares passes qu’on lui lancera cette saison.

Cette interception est survenue dans cette fin de mi-temps improbable où visiblement Matt Ryan a oublié un fait : la dernière fois qu’il avait forcé une passe pour gagner du terrain rapidement avant la fin de la première mi-temps, ça ne lui avait DEJA pas réussi (contre Green Bay en playoffs). Mais il faut comprendre le QB qui en avait sûrement ras-le-bol d’être frappé toute la nuit par des Eagles qui l’ont sacké 4 fois. Il s’en sort avec une production très Ryan-esque : 17/28, 195 yards, 4 TD et 2 INT. Il a lui aussi décidé d’ailleurs de joindre le bizarre du match en se prenant tour à tour pour un gymnaste (et un grand écart sur un presque sack), et Brett Favre (et une chtite passe à la pelle tout en tombant, c’est toujours sympa). L’OL des Falcons, qui jouait sans son centre titulaire Todd McClure a été maltraitée toute la soirée, notamment le LT Sam Baker qui était la victime principale de Trent Cole.

Au sol, il suffit de voir la courbe des gains de Michael Turner pour comprendre le match : il a couru pour 41 yards en premier QT, 6 dans les deux suivants, et enfin 67 au dernier (114 total), dont un rush fabuleux de 61 yards au début du 4e quart-temps. Il a donc trouvé ses brèches au début, le temps que la DL des Eagles chauffe le diesel, et à la fin, quand ils étaient sur les jantes. Un travail de sape qui a finit par payer, avec quelques assistances du rookie Jacquizz Rodgers.

Du côté des receveurs, Attention ! News Exclusive ! Tony Gonzalez est énorme. LatestNFL, à la pointe de l’analyse NFL ! Encore une fois, Gonzo a été un monstre qui a mis à mal la défense intérieure des Eagles (on en revient encore à la ligne de LB trop tendre). 7 catchs pour 83 yards et 2 TD dont une réception tout en toucher à une main phénoménale; il a été la seule véritable cible constante de Ryan. Que ce soit Roddy White, Julio Jones ou Harry Douglas, ils ont été trouvé 7 fois en tout pour moins de yards que le grand TE. Les arrières des Eagles y sont pour beaucoup.

Au final tout cela est bien beau, mais il y a un fait indéniable : les Falcons n’ont jamais pu vraiment avancer dans les trois premiers quart-temps, sauf quand ils ont commencé dans la moitié de terrain des Eagles (i.e. après les turnovers). Il a fallu attendre le 4e quart-temps pour voir Atlanta marquer sur un drive commencé depuis son propre terrain. La défense de Philly a commencé à donner des signes de fatigue, ceci expliquant cela.

En parlant de défense, celle des Falcons nous a fait une partie sur courant alternatif. La preuve par neuf : John Abraham. Cet homme est talentueux : il met la pression sur le QB, bloque la course, redescend même en couverture, provoque des fumbles ! Et à côté de ça, il fait 2 erreurs monumentales qui donnent 2 First Down automatiques transformés par 2 TD : il s’aligne offside sur une 3e tentative ratée des Eagles aux abords de sa zone d’enbut, et il dégomme Kafka le casque en avant. Le reste de son match a consisté à poursuivre Vick dans l’espoir d’un sack (qu’il n’a pas eu) ou d’un fumble (qu’il a eu). Le reste de la DL a fait un bon travail en frappant le QB de Philly mais sans jamais le sacker. Contre la course, Sean Weatherspoon a été omniprésent (dont un fumble recouvré), bien assisté par Curtis Lofton. Mais Weatherspoon ne gagnera jamais le 100 mètres, surtout pas contre DeSean Jackson.

La défense contre la passe, elle, n’est pas forcément rassurante. On a vu des trous béants dans le centre du terrain (un mal commun aux deux équipes ce soir), et Dunta Robinson a dû attraper froid pendant le match; ça expliquerait pourquoi il est ENCORE sur le grill pour un NOUVEAU coup de casque sur un receveur de la MEME équipe que l’année dernière. Stephen Nicholas a fait un match intéressant en défense et sur équipe spéciale (un fumble forcé pour lui). Il faut noter également qu’Atlanta a eu de la chance, car l’interception de Kevin Hayden n’était sans doute pas valable, mais aucun challenge ne venant contredire la décision, les Falcons ont pu augmenter l’écart ensuite à 21-10. Je vous dis que ce match était étrange.

Pour finir, parce que c’est dur de trouver une conclusion pour ce genre de match, autant terminer avec…

La stat du match qui dit tout : 3 fumbles dont 2 perdus par les Eagles, contre aucun pour les Falcons. Si on rajoute les INT, on arrive à 3 turnovers pour les Eagles (et un fumble recouvré) contre 2 pour les Falcons. Dans un match bourré d’erreurs, c’est finalement l’équipe qui en a commis le moins qui a gagné. Ou celle qui a en a le plus moins commis qui n’a pas perdu.