Analyse : Lions-Bears (Kuro – W7)

Detroit Lions 7-13 Chicago Bears

Les Bears, sans trop forcer

Au bout d’un match très défensif, les Lions ont eu à peu près autant de chance de remporter la partie que de finir brocouille comme diraient les Inconnus. Cette rencontre a été assez étrange, et si on doit donné le ballon du match à une escouade, c’est clairement à la défense des Bears, car…

La stat du match qui dit tout : 6 fumbles des Lions, dont heureusement pour eux 3 qui sont sortis directement en touche. Le problème c’est que les 3 autres ont eu lieu pour 2 en Red Zone et le 3e sur retour de punt… tous récupérés par les Bears. Sans compter l’interception.

Pour commencer, une édition spéciale de Mythbusters, l’émission qui tente de démonter les mythes urbains :

• Jay Cutler est soft : après un sack/bodyslam de Ndamukong Suh qui s’est mis en mode Wrestlemania, le Jay a raté un petit nombre d’actions à la fin de la 1e mi-temps avant de revenir en 2e mi-temps et de finir le match. Soft ???
• Jay Cutler est un arrogant S.O.B qui pense qu’à sa tronche : il a été le premier à venir parler à son Guard Chilo Rachal pour le recadrer alors qui se laissait entraîner dans des échauffourées avec des Lions. C’est moins vendeur que de le voir gueuler sur le banc de touche, mais ça mérite AUSSI d’être dit, pas vrai les médias ?
• Jay Cutler est athlétique : ça c’est vrai, et bizarrement les Lions ont donné l’impression de l’avoir oublié, laissant des boulevards dans lesquels il a gagné des First Downs.

Sinon, Cutler a fait le travail sans être transcendant (l’OL ne l’a pas aidé avec 5 sacks concédés), mais sa défense ne l’a pas forcé à gagner le match à lui tout seul, et c’est encore la position qu’il préfère. Il termine à 16/31, 150 yards et 1 TD.

Au niveau du jeu au sol, le match a été un peu plus difficile que les stats le montrent. Matt Forte a été le plus en vue (comme souvent) avec 22 courses pour 96 yards, mais il a eu une course de 39 yards dans le lot, ce qui fait redescendre sa moyenne à 21c/57y, ce qui est moins flatteur. L’OL des Bears a un peu régressé dans son efficacité dans le run block, mais il faut dire qu’ils ont affronté un front seven des Lions efficace (j’y reviendrais).

Ceci dit, ça n’empêche pas de tirer à boulets rouges sur Kellen Davis en tant run-blocker, ce qui pour un Tight End avec une attaque qui utilise beaucoup la course peut être un problème. J’ai pu vérifier de visu sa « réputation » : c’est en effet une catastrophe. ll s’est fait souvent battre, et en général le joueur qui l’a battu a stoppé la course à perte ou pour un petit gain. Et dire que les Bears ont laissé partir Greg Olsen parce qu’à l’époque Mike Martz ne voulaient pas de TE receveurs…

En parlant de Davis, passons aux receveurs, et achevons la bête en ajoutant qu’il nous a fait un beau drop en plus. Heureusement le BFF de Cutler, Brandon Marshall, est là et reste l’arme numéro une : 6 catchs, 81 yards et 1 TD pour le grand receveur physique. Le retour d’Earl Bennett a un peu soulagé Cutler (ça reste Earl Bennett hein), mais celui de Devin Hester n’est pas forcément bon signe, car c’est à cause des blessures du rookie Alshon Jeffery (pour quelques semaines) et évidemment Johnny Knox. Les Bears ont besoin de Bennett et Jeffery à 100%, et si possible quand le NFC North Extravaganza va commencer en semaine 10 jusqu’à la 17 parce que les Vikings et Packers connaissent des résurrection en défense.

Et la défense, ça connaît les Bears. Honnêtement j’ai l’impression d’être un vieux disque rayé, et je pense qu’on devra rentrer en détail le jour où la défense ne fera PAS son boulot (si jamais ça arrive). Surtout que contre les Lions, Rod Marinelli a mis en place un plan simple : Cover-2 avec les safeties à 20 yards de la ligne de scrimmage, et vas-y Staffie prend tous les petits gains que tu veux, tu trouveras pas le big play.

Ca a parfaitement fonctionné d’ailleurs, car le front seven a mis une pression constante : 3 sacks dont 2 pour Peppers et Idonije – Henry Melton a été une menace toujours présente et a créé le fumble sur la ligne des 1 yard. On a également vu une bonne couverture en général par les Linebackers que ce soit contre la course ou contre la passe : Brian Urlacher a déviée deux passes, et Lance Briggs a fait une belle défense sur Nate Burleson sur 3e tentative et un fumble créé.

Passons donc au héros du match, et ça va devenir une habitude : Charles Tillman a mégatronné Megatron. Il a laissé très peu d’espace au grand receveur, le muselant la plupart de la rencontre. Certes il a réçu de l’aide des safetys de temps à autre, mais la majorité s’est déroulée en 1-vs-1 et il a gagné ce duel, défendant même une potentielle passe de TD qui aurait ramené la marque à 13-7 à la fin du 3e QT, ce qui aurait probablement relancé le match. Et en plus, le peu de fois qu’il n’était pas sur le #81, il s’est retrouvé sur Brandon Pettigrew et a causé deux fumbles… qui sont tous les deux sortis du terrain malheureusement.

Enfin, les safetys ont fait leur travail habituel, et la paire Major Wright/Chris Conte continue de faire ce qu’elle a montré l’année dernière avec un peu de maturité en plus. DJ Moore a probablement tué le match avec son interception à la fin du 4e QT.

Car en effet, malgré un niveau de jeu très moyen, les Lions auraient quand même pu remporter ce match. Ils ont su drivé trois fois pour un score, entrant en redzone des Bears, mais à chaque fois ils ont rendu le ballon à l’adversaire. En regardant ce match, j’ai eu des flashbacks du match de Thanksgiving contre les Packers l’année dernière, car la formule pour battre les Lions a été la même : avoir un CB capable de couvrir Megatron (Tramon Williams, Charles Tillman), se mettre en Cover-2, et forcer les Lions à prendre les petits gains… ce que visiblement ils ont énormément de mal à faire, finissant toujours pas forcer la passe irréalisable.

On a vu Stafford forcer 3 passes sur Megatron en double couverture, et l’une d’entre elles a failli être interceptée par Chris Conte. Si la perte de Burleson (out saison) a pu peser, elle n’a eu lieu qu’au 3e QT, et ça n’explique pas l’inefficacité des Lions à trouver les espaces derrière les LB et devant les safeties pour des gains constants. D’autant plus que Titus Young a fait un de ses meilleurs matchs avec 6 catchs pour 81 yards et le rookie Ryan Broyles a fait une apparition remarquée avec 3 catchs, 51 yards et 1 TD.

Ce serait trop facile de mettre cela sur le compte de la bonne couverture des Bears (même si c’est le cas), parce que c’est symptomatique de l’attaque de Detroit en ce début de saison, et l’explication de leur dernière place dans la division. Surtout quand même Megatron droppe tout seule une balle qui pouvait l’emmener au touchdown. Stafford termine à 28/46, 263 yards, 1 TD et 1 INT.

Mon ordre d’analyse donne l’impression de tout mettre sur le dos de Stafford, mais ce n’est pas le cas, car le jeu de course et le jeu sur équipes spéciales n’ont rien fait pour le soulager efficacement. Mikel Leshoure a eu un match assez inconstant même s’il finit avec de bons chiffres (12 courses pour 63 yards) mais il a fumblé dans la redzone peu avant la fin de la mi-temps alors que les Lions étaient déjà menés 10-0; Joique Bell en a fait de même vers la fin du 3e QT, menés 13-0. D’ailleurs les Bears ont mené 13-0 à cause d’un fumble du punt returner Steven Logan qui en a fumblé DEUX, l’autre sortant en touche.

Ceci dit, tout n’est pas totalement noir, car la défense des Lions a montré de bonnes choses (il faut bien sinon le match ce serait fini à 35-0). La DL des Lions (notamment l’intérieur avec Suh et Nick Fairley) a su rester disciplinée pour empêcher Forte de faire une performance plus grande encore (rappelez-vous les chiffres de Forte sont grossis par un grand gain mais à part ça sa moyenne n’est pas exceptionnelle).

C’est pour ça que malgré une réputation de casseur qui se laisse souvent emporter contre le jeu à course, Suh a été une force dans les deux compartiments : il a non seulement enterré Cutler dans le sol, mais il a aussi tenu l’intérieur de la ligne, bloquant les espaces aux coureurs… et il a même failli dévier un Field Goal ! Cliff Avril a enregistré un sack également. Ceci dit, j’ai un petit bémol à mettre : ils ont oublié que Cutler pouvait courir pour le First Down et ils ont quelques fois laissé un peu trop d’espace au milieu. Faites pas la même gaffe avec Rodgers les gars sinon…

Passons à l’escouade qui me plaît chez Detroit : leurs Linebackers. Stephen Tulloch, Kevin Durant et DeAndre Levy ont fait un match complet, avec un petit plus pour Tulloch dont on ne parle pas souvent mais qui est un bon MLB. Ils ont été partout, au plaquage sur les courses et à la couverture sur les receveurs des Bears; ce sont eux qui ont permis de maintenir les Lions dans le match malgré les boulettes en attaque, en forçant 3 Fields Goals, dont un a été contré et un autre failli l’être.

Dans la série des bons joueurs dont on n’évoque pas souvent le nom, je voudrais Chris Houston et Louis Delmas s’il vous plaît. Le Cornerback n’est pas aussi côté que Tillman, mais il est le meilleur DB des Lions, et il sait faire de bonnes performances. Certes il a été un peu maltraité par un  Marshall en grande forme dans ce match, mais il a su répondre en défendant une passe qui force le Field Goal à 13-0. Le retour de Delmas en safety est la meilleure chose qui pouvait arriver à une arrière-garde dont le problème numéro un reste toujours les blessures (une histoire récurrente pour eux) et ça ne risque pas de s’améliorer avec la commotion d’Amari Spivey…

Au final, les Bears ont pris l’avantage sur le premier drive avec le TD de Marshall avant qu’un gros duel défensif ne s’enclenche, et que la défense n’arrache assez de ballons pour que même si l’attaque cale (ou commette des fautes), elle marque des points. En face la défense des Lions a passé son temps à laisser l’attaque dans le match alors que cette dernière n’a pas arrêté de rendre la balle; le TD de Broyles à la fin du match est anecdotique.

Les Lions ont de gros problèmes s’ils ne se sortent pas de leur Megatron-dépendance, alors que les Bears ont les cartes en main pour finir en tête de la division, malgré leur calendrier qui va salement se corser dans le futur proche (SF et Houston à la suite).