NFL Team Honors III : Philadelphie
C’était pourtant simple : il fallait attendre de perdre son Quarterback, son Left Tackle et son Middle Linebacker titulaires en cours de saison pour que Philadelphie remporte le premier Super Bowl de son histoire. Oublié, ce maudit Fog Bowl contre les Bears en 1988 ! Oubliée, cette blessure de Randall Cunningham dès le début de la saison 1991 alors que Philly a une terrifiante défense menée par Buddy Ryan et l’attaque explosive pour dominer la NFL ! Oubliées, ces 4 finales de NFC perdues, dont 3 consécutivement entre 2001 et 2003 ! Oublié, ce Super Bowl perdu contre les Patriots en 2004 (et revanche par la même occasion) ! 58 ans d’attente depuis le dernier titre NFL en 1960 et premier trophée Lombardi au terme d’une année mouvementée qui aura été maîtrisée par deux architectes du succès : le General Manager Howie Roseman et le Head Coach Doug Pederson.
À lire, ENFIN.
PHILADELPHIA EAGLES
1er NFC East ~ 13-3 / 3-0
Les prévisions de Madame Soleil 2017
Les Eagles de Doug Pederson avaient plutôt bien démarré en 2016 avant de subir un coup d’arrêt suite aux limitations de l’effectif, surtout au niveau des joueurs responsables du principal duel aérien (les receveurs et la couverture). Ce n’était donc probablement pas un hasard si pas moins de cinq des sept choix de draft et une partie des départs/arrivées en Free Agency se situaient à ces postes. Du côté des cibles de passe, l’ex-Bear Alshon Jeffery, l’ex-49er Torrey Smith et le quatrième tour Mack Hollins venaient pour tenter de renforcer l’unité autour d’un Zach Ertz inconstant ; elle devait en plus faire sans le receveur #1 Jordan Matthews échangé à Buffalo. Du côté des Cornerbacks, Nolan Carroll et Leodis McKelvin étaient partis alors que l’ex-Bill Ronald Darby, l’ex-Colt Patrick Robinson, le deuxième tour Sidney Jones et le troisième tour Rasul Douglas permettaient de modifier la donne aux côtés du sophomore Jalen Mills et de l’excellent duo de Safeties Malcolm Jenkins – Rodney McLeod.
Mais ce n’était pas la seule unité à avoir vu du changement. La ligne défensive avait été modifiée avec le départ du Defensive Tackle Bennie Logan pour l’acquisition de l’ex-Raven Timmy Jernigan dans un échange, le départ du Defensive End Connor Barwin pour l’arrivée de l’ex-Patriot Chris Long, et la libération du bust avéré Linebacker Marcus Smith ; de quoi rebattre un peu les cartes autour des tonitruants Fletcher Cox et Brandon Graham. Les Eagles espéraient également que leur belle ligne de Linebackers continuerait son travail avec le fantastique duo Jordan Hicks – Nigel Bradham, ainsi que la ligne offensive avec Lane Johnson pour une saison complète. Enfin, l’attaque voyait débarquer LeTractopelle himself, LeGarrette Blount, pour amener de la percussion au jeu au sol derrière Ryan Mathews.
Carson Wentz avait donné de l’espoir dans sa première saison, et il avait reçu de nouvelles armes intéressantes. Mais on avait toujours un doute sur la couverture vu le niveau et/ou l’âge des arrivants Cornerbacks, mettant peut-être encore un peu plus de pression sur le pass-rush pour lutter dans la NFC East.
La saison
- Week 1 : @Washington, 30-17
- Week 2 : @Kansas City, 20-27
- Week 3 : NY Giants, 27-24
- Week 4 : @LA Chargers, 26-24
- Week 5 : Arizona, 34-7
- Week 6 : @Carolina, 28-23
- Week 7 : Washington, 34-24
- Week 8 : San Francisco, 33-10
- Week 9 : Denver, 51-23
- Week 10 : BYE
- Week 11 : @Dallas, 37-9
- Week 12 : Chicago, 31-3
- Week 13 : @Seattle, 10-24
- Week 14 : @LA Rams, 43-35
- Week 15 : @NY Giants, 34-29
- Week 16 : Oakland, 19-10
- Week 17 : Dallas, 0-6
Le bilan
- Global : 13-3.
- Par demi-saison : 7-1, 6-2.
- Par quart de saison : 3-1, 4-0, 3-1, 3-1.
- À domicile : 7-1.
- À l’extérieur : 6-2.
- Dans la division : 5-1.
- Dans la conférence : 10-2.
- Contre les équipes ayant terminé avec un bilan positif : 4-3.
- Contre les équipes qualifiées en playoffs : 2-1.
- Dans les matchs à une possession d’écart : 5-2.
- En dernier quart-temps (W-L-TT-TL) : 1-1-0-0.
- En prolongation : 0-0.
- Calendrier projeté (avec les bilans de 2016) : 134-118-4 (0.531, 10e).
- Calendrier réel (avec les bilans de 2017) : 118-138 (0.461, 27e).
- Écart entre les deux : -0.070 (29e).
Les mauvaises langues vont dire qu’avec les écroulements de la NFC East et de l’AFC West, les Eagles ont eu un calendrier bien plus facile que prévu, surtout quand on se rappelle qu’ils avaient le plus difficile en 2016 (0.559) ; Philly a eu bien moins de matchs contre des équipes terminant en positif (11 vs. 7) et qualifiées en playoffs (9 vs. 3). L’équipe a enregistré 6 victoires de plus par rapport à 2016 dont pas moins de 5 à l’extérieur ; la meilleure amélioration d’un bilan hors de ses bases en NFL cette année. Les bilans de division (+3), de conférence (+5), et dans les matchs à une possession (+4) ont également connu des bascules remarquables. Comme vous le voyez, il n’y a pas eu beaucoup de surprises en dernier quart-temps (et encore, la défaite comptabilisée est celle contre Dallas en Week 17) ; c’est un peu différent dès qu’on élargit à la deuxième mi-temps avec quatre victoires et une défaite, mais en général Philly a bien mené son affaire via les bonnes différences de points moyennes tant dans les victoires (+14.5 – 8e) que les défaites (-9 – 8e).
Les playoffs
- Wild Card : BYE
- Divisional Round : Atlanta, 15-10
- Conference Championship : Minnesota, 38-7
- Super Bowl : vs. New England, 41-33
La réalité
Pour faire une bonne saison, cela aide d’avoir la meilleure différence de points (+10.1 par match), la meilleure différence de TDs (+19) dont le meilleur total de TDs marqués (53) grâce à la contribution de la défense (6 TDs) ; et avoir 6 conversions à deux points peut aussi aider (top NFL). La franchise a été d’une remarquable stabilité le long des matchs, comme le montre les points scorés par quart-temps : 6.6 (3e), 7.4 (10e), 6.7 (2e), 7.9 (4e) pour un total de 28.6 (3e) ; on peut ajouter les totaux de 45 points sur premier drive offensif (8e) ou 80 points dans les deux dernières minutes des mi-temps (2e) dont 39 dans les deux dernières minutes du match (top NFL). Il y a également eu 67.1 actions (3e), 365.8 yards (7e), 5.5 yards par action (10e), 21.1 first downs (4e), 62 big plays (11e) dont 12 homeruns (10e), 56 voyages en redzone (56) dont 65.5% terminant en TD (top NFL), 20 drives démarrant dans le terrain adverse (5e) et 45% des actions s’y déroulant (8e) ou 41.7% de 3e tentatives converties (8e). Même si la machine s’est grippée avec le changement de Quarterback, les stats restent très probantes.
Ajoutez à cela une défense redoutable qui, outre le fait d’avoir marqué des TDs, a été plutôt efficace dans son travail principal – les empêcher – avec notamment 18.4 points encaissés par match (4e) et 34 TDs (8e) ; elle a été un peu moins équilibrée que l’attaque, et propose une dichotomie assez drôle : son plus mauvais quart-temps est le dernier avec 6.4 points (18e), et pourtant elle n’a encaissé AUCUN POINT dans les deux dernières minutes du match – zéro, nada, la bulle (top NFL évidemment). Elle a limité les attaques adverses à 306.5 yards (4e), 5.0 yards par action (9e), 17.0 first downs (5e) en les plaçant régulièrement à longue distance sur 2e (8.3 yards – 3e) et 3e tentatives (7.8 – 2e) d’où les 32.2% de 3e tentatives autorisées (3e) ou 28.6% de drives adverses terminant en 3&out (4e), 51 big plays (7e), 43 voyages adverses en redzone (6e) et 37.1% des actions jouées dans son propre terrain (3e) ; enfin, elle a volé 31 ballons (4e), ce qui aide pour que l’attaque redémarre dans le terrain adverse. Si on doit lui taper sur les doigts pour quelque chose, on peut noter les 11 homeruns (18e) ou les 55.3% de voyages adverses en redzone terminant en TD (20e), mais 1) il n’y a pas eu beaucoup de ces voyages et 2) quand on score 6 TDs pour contrebalancer, on peut pardonner.
Quand vous faites la somme des deux escouades, vous comprenez pourquoi les Eagles ont eu le meilleur temps de possession de la ligue à 32:41, avec notamment le plus faible temps moyen passé derrière au score (12:15) – il a été plus que divisé par deux par rapport à 2016 (26:47) !
Voici les récompenses de la saison :
Dieu sait qu’il y a du talent dans cette équipe qui mériterait de recevoir la récompense. Mais quand vous apportez le premier trophée Lombardi d’une franchise au terme d’une saison qui aurait pu partir plusieurs fois à vau-l’eau via les blessures et les trous d’air, il faut renforcer le sentiment évoqué à la fin de l’en-tête et tirer un coup de chapeau aux capitaines sans qui le navire se serait échoué en mer : pour paraphraser Kevin Durant, Howie Roseman and Doug Pederson, you da real NFL Team Honors Most Valuable Players.
Si vous voulez des exemples, voici ce que Roseman a récupéré cette intersaison : le MVP du Super Bowl qui a remplacé son Quarterback titulaire blessé, la quasi-totalité de son jeu au sol avec TROIS coureurs qui ont aussi dû pallier la perte d’un playmaker, son meilleur receveur, possiblement son meilleur défenseur contre la course, deux excellents pass-rushers dont le meilleur en pressions, et enfin possiblement ses deux meilleurs Cornerbacks. La majorité est arrivée via la Free Agency, sans aucun contrat mirobolant, grâce à une montagne d’échanges : la plupart avant la saison et un pendant la saison. Et pourtant ce n’était pas gagné, avec notamment un corps de receveurs ou une arrière-garde grandement modifiés, sans oublier la perte de l’emblématique Left Tackle ou du playmaker Middle Linebacker au passage.
Ensuite, c’est la magie de Pederson et de ses deux Coordinateurs qui a dû jouer : Frank Reich a pu mener une attaque explosive rendant fous les Coordinateurs Défensifs adverses, utilisant son expérience pour gérer la transition entre le Quarterback titulaire et le remplaçant (être un supersub il sait ce que c’est), alors que Jim Schwartz a dirigé sa défense féroce comme il sait si bien le faire. Personne n’a vraiment paniqué lors des passages à vide, et l’avantage pour les Eagles c’est que celui de l’attaque n’a pas exactement coïncidé avec celui de la défense, permettant ainsi de supporter les différentes tempêtes sans perdre trop de vitesse. Soudée et résiliente, l’équipe a été capable de gagner tous les types de matchs : les tirs aux pigeons, les matchs moches, et quelques tôles au passage.
Sa plus grosse défaite à été de -14 à Seattle, sinon c’est -7 face à Kansas City et -6 dans ce match pour du beurre en Week 17 face à Dallas. Son plus gros retour à été de -13 contre les Giants… et elle a gagné à la fin ! Bref, la franchise a parfois dû se métamorphoser, ce qui a été possible car elle ne possède pas de réelles superstars indétrônables comme on en trouve dans d’autres équipes, celles dont le coup de moins bien peut faire flancher les résultats ; le genre de joueurs se trouvant régulièrement au sommet de la liste des meilleurs (ce qui ne veut pas dire qu’elle n’a pas d’énorme talent bien sûr).
Vous voulez une stat pour illustrer cela ? Philly termine champion en 2017 sans joueur à 4000+ yards à la passe, sans joueur à 1000+ yards ou 10+ TDs en attaque, sans joueur à 100+ plaquages ou 10+ sacks en défense. Protéiforme, elle a su s’adapter et faire ce qu’il fallait en perdant rarement le contrôle des matchs, comme lors du Super Bowl qu’elle a quasiment mené de bout en bout ; et même quand les Pats sont repassés devant à 33-32 dans leur comeback habituel, pas une once de panique et un TD pour repasser devant à 2:21 de la fin. Cela en fait un beau et logique champion dans une saison pourtant compliquée : vu les circonstances, c’est d’autant plus remarquable et mérite que Roseman et Pederson (ainsi que leurs staffs) soient récompensés.
Et dire qu’il n’avait pas convaincu dans les training camps… le Cornerback Patrick Robinson s’est totalement repris dès le début de la saison, et il a possiblement été le meilleur Cornerback de l’équipe. Placé dans le slot, l’ex-Saint et Colt a fait une saison absolument incroyable, terminant en tête de l’équipe avec 18 passes défendues et 4 INTs ; sans compter un Field Goal bloqué. Ce n’est que justice que son pick-6 contre Minnesota ait ouvert la voie à la large victoire, car il a été formidable.
Au sujet de la couverture, il faut préempter toute discussion par une donnée : nous verrons plus loin la destruction causée par la défense au sol ; si vous couplez cela avec le fait que les adversaires ont très souvent passé leur temps derrière au score, il n’est pas surprenant qu’ils aient eu le playcall le plus déséquilibré vers la passe à 65.5%. De fait, la défense aérienne a eu du travail, et les stats soufflent le chaud et le froid : 60.1% de complétion (13e), 227.3 yards (17e) dont 126.7 après réception (31e), 6.1 yards par passe tentée (7e), 24 TDs (18e), 19 INTs (4e), 79.5 de QB Rating (9e), 40 big plays (5e) dont 10 homeruns (21e), 49.2% de réceptions donnant un first down (3e) et 6 matchs d’un receveur adverse à 100+ yards (24e).
Cela provient majoritairement des autres Cornerbacks : Ronald Darby a mal démarré avec une blessure et des difficultés mais il a progressé au cours de la saison (9 passes défendues + 3 INTs), Jalen Mills a eu des bons moments mais doit effacer les sautes de concentration et les pénalités (14 passes défendues + 3 INTs dont un pick-6 mais 10 pénalités dont 9 acceptées pour 101 yards) et le rookie de deuxième tour Rasul Douglas a eu du mal mais a montré de belles choses (11 passes défendues + 2 INTs).
Derrière eux, le trio de Safeties a été solide : Malcolm Jenkins est un élément moteur sur et en dehors du terrain avec 76 plaquages, 1 sack, 8 passes défendues, 2 INTs, 1 fumble forcé, 1 fumble récupéré et un block sur Field Goal ; Rodney McLeod a été utile pour rattraper les quelques erreurs en couverture avec 6 passes défendues, 3 INTs, 1 fumble forcé et 1 fumble récupéré ; enfin, Corey Graham a été le vétéran remplaçant solide quand on a fait appel à lui avec 4 passes défendues et 2 INTs. Le positif, c’est que personne ne s’est caché dans le groupe, mais il y a quand même des points à travailler pour le futur.
Évidemment, avec cette idée saugrenue de ne pas mettre des joueurs en Most Valuable Player, il va y avoir un sacré embouteillage pour les autres récompenses. Du côté de l’attaque, il est probablement impossible de ne pas nommer les deux Quarterbacks, l’un pour ce qu’il a fait en saison régulière et l’autre pour ce qu’il a fait en finale NFC et au Super Bowl ; mais dans ce cas-là, ils vont devoir faire un peu de place pour le partager avec un troisième bonhomme : celui qui leur a passé la balle sur chaque action. Allons y donc dans l’ordre, et commençons par le duo formé par Carson Wentz et Nick Foles.
C’est fou comme le fait d’avoir des armes offensives un peu plus potables peut aider un lanceur n’est-ce pas ? Si vous associez ce fait avec la progression naturelle d’un rookie Quarterback sa deuxième année, alors vous obtenez le genre de saison que Wentz faisait avant de se blesser : 60.2%, 3296 yards (7.5), 33 TDs, 7 INTs, 3 fumbles, 28 sacks et 101.9 de QB Rating (5e NFL). Le plus fou, c’est qu’il termine DEUXIÈME de NFL en TDs alors qu’il a raté trois matchs, sachant que le top QB cette saison c’est Russell Wilson à… 34 ; autrement dit, il aurait probablement fini largement devant tout le monde. Seule sa précision a chuté depuis l’année dernière, ce qui est justement un peu contradictoire avec le fait qu’il a eu de meilleures cibles et qu’il a été plus précis sur 3e tentative ou en redzone, mais pour le reste il a paru plus en contrôle de ce qu’il se passe, plus à l’aise dans la poche et plus à propos dans ses sorties (il ajoute 64 courses pour 299 yards).
Quand il est tombé, Foles a dû le remplacer, et si le #9 a connu des soucis au démarrage le temps que la tactique soit retaillée à sa mesure, l’équipe a pu survivre via la défense le temps qu’il prenne feu et termine le travail avec deux matchs énormes. Comparez plutôt : en saison régulière, c’est 56.4%, 537 yards (5.3), 5 TDs, 2 INTs, 2 fumbles, 5 sacks et 79.5 de QB Rating – en playoffs, c’est 72.6%, 971 yards (9.2 !!!), 6 TDs, 1 INT, 2 sacks et 115.7 de QB Rating (+ 1 TD sur réception).
Et il est impossible de ne pas leur associer le Grand Mamamouchi Centre Jason Kelce qui a été le roc de l’attaque, contre vents et marées. Il est le seul joueur à avoir participé à chaque action avec une grande régularité et un niveau exceptionnel ; des qualités qui sont récurrentes chez lui. Il a fait partie d’une ligne offensive qui n’a pas été ménagée par les problèmes cette saison, et cela se voit dans les stats finales : 13.7% des courses ont terminé en run stuff (21e) et il y a eu 146 pressions concédées (22e) dont 36 sacks (16e) ; les taux par passe tentée sont dans les mêmes eaux mais, au moins, celui de conversion est assez bon à 24.7% (8e) grâce à la mobilité de Wentz et Foles.
Néanmoins, cela ne veut pas dire que l’unité n’est pas talentueuse ; tout le côté droit est dominateur avec la paire Brandon Brooks – Lane Johnson (attention quand même à ce dernier qui est toujours un peu rattrapé par la patrouille avec 10 pénalités). C’est surtout qu’elle a lutté à gauche avec la perte du Tackle Jason Peters tôt dans la saison et les atermoiements pour trouver un Guard potable. Le premier problème a forcé Halipoulivaati Vaitai à revenir sur le terrain : il s’est amélioré au fur et à mesure, faisant par exemple des playoffs tout à fait recommendables. Le deuxième problème a été créé par le manque de talent d’Isaac Seumalo et Chance Warmack, poussant au retour de Stefen Wisniewski ; une fois le vétéran en place, la ligne s’est stabilisée et a pu être une force complète.
Encore une récompense où nous allons être obligés de couper la poire en deux (oui, la récompense de meilleur défenseur est une poire, ça vous pose un problème ? c’est bon les poires). Les Defensive Linemen Fletcher Cox et Brandon Graham ont encore créé la panique dans les lignes offensives adverses et tout joueur portant le cuir qui se trouvaient dans leur viseur.
L’un ne va pas sans l’autre, car si le deuxième poste des stats aussi complètes, c’est grâce au travail du premier. Graham a un énorme impact dans tous les compartiments : 47 plaquages dont 9 run stuffs (19.1%), 23.5 pressions dont 9.5 sacks (top team), 2 passes déviées, 2 fumbles forcés et un strip-6. Que ce soit contre la course ou dans le pass-rush (même si on voudrait le voir enfin dépasser 10 sacks), il a un impact visible. Cox, de son côté, n’est pas aussi éblouissant dans les chiffres avec 1 seul run stuff, mais on sait que c’est plus le pass-rush qui le botte avec 23.5 pressions (soit autant que Graham !) dont 5.5 sacks ; il y ajoute 2 passes déviées, 1 fumble forcé et 2 fumbles récupérés dont un strip-6 aussi.
Pour continuer sur le thème de la ligne défensive excellente de Philly, le premier tour Defensive End Derek Barnett a été le meilleur rookie, mais il serait difficile de ne pas y associer le coureur non-drafté Corey Clement.
Barnett, sans faire trop de bruit, est monté en puissance tout en se fondant dans la rotation et a su apporter sa pierre à l’édifice à chaque fois qu’on a fait appel à lui. Il parvient quand même à finir avec 5 run stuffs sur 21 plaquages ainsi que 5 sacks en 22 pressions ; il a également participé à la fête aux ballons volés avec 1 fumble forcé et 2 fumbles récupérés dont un strip-6. Nous allons reparler de Clement un peu plus loin ; il a trouvé du temps de jeu et a donné satisfaction à chaque fois : il termine en tout avec 84 touches pour 444 yards et 6 TDs (4e dans l’équipe). Et, ce qui ne gâche rien, il est également compétent au block, que ce soit au sol ou en protection.
Le reste de la draft n’a pas forcément autant convaincu que ces deux-là.
À un moment, un porteur d’eau a failli ne pas amener une bouteille de boisson assez rapidement à un joueur après une action. C’mon, les Eagles ont enfin gagné le Super Bowl, pas de Goat Of The Year !
Nous en sommes déjà à trois membres de la ligne défensive cités, ce qui veut dire que nous allons traîner par là pour la récompense, n’est-ce pas ? En effet, nous pourrions citer juste l’unité, mais ce serait faire affront au travail abattu derrière eux ; donc ciblons plutôt la défense au sol, car si vous avez bien suivi, il y a déjà une bonne valise de run stuffs énumérés.
Nous n’avons pas fini : si Cox a pu s’adonner aux joies du pass-rush sans forcément être un monstre au sol, c’est grâce à la signature de Timmy Jernigan ; à chaque fois qu’il a été utilisé contre la course, l’ex-Raven a été un atomiseur hors pair avec 29 plaquages dont 8 run stuffs soit 27.6% (top NFL) ! Il y ajoute 2.5 sacks. Vinny Curry a également apporté sa pierre à l’édifice avec 42 plaquages dont 8 run stuffs (19% !) ; néanmoins, il a encore du mal à avoir un impact dans le pass-rush, n’ayant converti que 3 de ses 21 pressions en sacks. Le vétéran Chris Long a été plus en vue avec ses 25 pressions (top team) dont 5 sacks qu’au sol, mais il a été une présence très importante avec notamment 4 fumbles forcés. Quoi qu’il en soit, ajoutez la participation de Barnett au lot, et vous avez déjà une première ligne de défense qui a fait un travail admirable contre les coureurs adverses.
La peur, c’était que le corps des Linebackers ne s’effondre avec la nouvelle mise sur IR du sensationnel Jordan Hicks (il n’a pas eu le temps d’avoir un vrai impact). Nigel Bradham et Mychal Kendricks ont répondu « Jordan qui ? ». Le duo a élevé son niveau de jeu et boucher les trous créés par cette perte. Bradham a été un vrai joker – dans le sens de la carte de jeu, celle qui peut remplacer n’importe quelle autre : il termine en tête des plaqueurs avec 88 dont 6 run stuffs en ajoutant 1 sack, 8 passes défendues, 1 fumble forcé et un strip-6 lui aussi. Kendricks a été un vrai lieutenant de luxe avec 77 plaquages dont 3 run stuffs, 7 pressions dont 2 sacks et 6 passes défendues.
La défense n’a encaissé que 79.2 yards par match (top NFL), 3.8 yards par course (6e), 7 TDs (3e), 11 big plays (18e) dont 1 homerun, et le seul match d’un coureur adverse à 100+ yards à été Ezekiel Elliott… en Week 17… dans un match comptant pour du beurre… où il n’a totalisé « que » 103 yards. Elle termine en tête de la NFL avec un run stuff sur 19.9% des courses adverses, et elle a régné aussi en playoffs (le meilleur coureur n’a réussi que 79 yards).
Difficile de trouver un vrai point noir qui mérite qu’on s’y attarde… donc nous allons regrouper un peu ce qui n’a pas été vraiment bon : les TDs du jeu au sol et quelques difficultés dans les équipes spéciales.
En effet, la course a été utilisée à hauteur de 44.1% (11e), mais pour seulement 9 TDs, ce qui est un peu décevant ; heureusement que le jeu aérien a été là. C’est dommage car, dans l’ensemble, il a été conquérant : 132.2 yards (3e) à 4.5 yards par course (4e) et 19 big plays (top NFL) ; tout cela sans son dragster attitré Darren Sproles placé sur IR. Le fait qu’il n’y a qu’un seul match d’un coureur à 100+ yards est représentatif de l’hydre au sol dont chaque tête a été utilisée au maximum de ses capacités : LeGarrette Blount a fait LeTractopelle avec 173 courses pour 766 yards (4.4) et 2 TDs, Jay Ajayi est venu semer la zizanie en cours de saison avec 70 courses pour 408 yards (5.8 !!!) et 1 TD, alors que Corey Clement a été la belle surprise à 74 courses pour 321 yards (4.3) et 4 TDs (top team). Ajoutez les scrambles de Wentz et cela fait déjà un bon quatuor, même s’il n’a pas toujours trouvé l’en-but.
Au niveau des équipes spéciales, elles étaient plus en verve l’année dernière. Par rapport à 2016, il y a eu une chute dans les PATs (90.9% – 25e à 40/44), les retours de kickoff (19.7 yards – 26e) et la couverture sur retour de kickoff (21.6 yards – 17e). Le reste a été peu ou prou le même avec notamment un Punter Donnie Jones sympathique à 45.3 yards bruts (15e) et 41.2 yards nets (13e), même si le taux de 31.3% de punts finissant dans les 20 yards adverses n’est pas bon (28e). Le héros contre les Giants Jake Elliott a été OK en Field Goals (26/31).
Toute la Free Agency, à une ou deux exceptions près. Ce qui va nous permettre de parler un peu des cibles de Wentz et Foles, car le corps de receveurs a vu du changement avec les départs de Dorian Green-Beckham et Jordan Matthews ; à leur place, Alshon Jeffery et Torrey Smith sont arrivés.
Le groupe des cibles a été bien meilleur, et le meilleur des meilleurs a été en réalité le Tight End Zach Ertz. Est-ce enfin la saison révélation pour le jeune héritier de Brent Celek ? Cela y ressemble : il a été ciblé 110 fois (2e de l’équipe) et s’en sort avec 74 réceptions pour 824 yards, 8 TDs et 46 first downs, tout cela avec un seul drop (mais un fumble aussi). Derrière, le meilleur marqueur de l’équipe est aussi celui qui a été le plus ciblé : l’intégration de Jeffery a été un moment difficile, avant de s’améliorer par la suite. Dans le positif, on voit les 9 TDs et 77.2% de réceptions donnant un first down (8e NFL) ; dans le négatif, ce taux de réception assez atroce de 47.5% explique pourquoi, malgré 120 ciblages, il termine seulement à 57 réceptions (pour 789 yards).
Torrey Smith a fait du Torrey Smith : inconstant et avec des drops (4), il finit à 36 réceptions pour 430 yards et 2 TDs. Néanmoins, il a eu un impact bénéfique (comme Jeffery) : il a permis la renaissance de 2017 avec le replacement de Nelson Agholor dans le slot. Exit Aghodrop qui fait sa liste de courses ou son loto au lieu de se concentrer sur le terrain ; cette fois le jeune receveur a explosé pour 62 réceptions, 768 yards et 8 TDs, avec seulement 3 drops. Bien plus concerné, très utile au block si besoin, les Eagles doivent espérer que ce changement de position relance la carrière de l’ancien premier tour de 2015.
Si vous rajoutez par-dessus cela la découverte du deuxième Tight End et Quarterback-à-ses-heures-perdues Trey Burton avec 5 TDs, vous avez déjà une belle brochette de cibles. Encore mieux : vous vous souvenez des « Six Dix » chez les Rams ou les Bucs ? Les Eagles se rient de cela et vous claquent un « Huit Dix » : Ertz, Jeffery, Agholor, Smith, Burton, le rookie Mack Hollins, Celek et Clement ont terminé à 10+ yards par réception. Pourtant, avec 43 big plays (21e) dont 9 homeruns (11e), on ne peut pas dire que l’attaque aérienne a été si explosive que cela ; de plus, il n’y a eu que 3 matchs d’un receveur à 100+ yards (20e). Mais cela prouve surtout que le jeu aérien a été distribué à un éventail de cibles constamment capables de générer des yards, des first downs (56.6% des réceptions – 11e) et surtout des TDs (38 – top NFL).
Chance Warmack est venu sur un contrat d’un an, donc ce n’est pas un si grand four surtout avec Wisniewski qui a repris derrière, mais il aurait pu éviter des maux de crâne à Philly. Quant à Torrey Smith, c’est une quantité connue qui a quand même été utile.
Le trophée Lombardi dans la vitrine. ENFIN.
La blessure de Carson Wentz. Ou du moins c’est ce qu’on croyait.
Philly Special. Tout est rocambolesque dans cette action : le playcall en lui-même, le fait de l’appeller au Super Bowl avec le QUARTERBACK REMPLAÇANT, le fait de l’appeler en QUATRIÈME tentative alors que Philly ne l’emporte au final qu’avec un TD d’écart, et le fait que les Pats aient tenté le même concept avant sans succès. L’action mérite sa place au panthéon des calls les plus sévèrement burnés de l’histoire du Super Bowl, au même titre que le fake punt des Giants au SB XXI ou les surprise onside kicks des Steelers au SB XXX et des Saints au SB XLIV.
Le futur
Domicile : Atlanta, Carolina, Dallas, Houston, Indianapolis, Minnesota, NY Giants, Washington.
Extérieur : Dallas, Jacksonville (UK), LA Rams, New Orleans, NY Giants, Tampa Bay, Tennessee, Washington.
Matchs contre des équipes avec un bilan positif en 2017 : 9.
Matchs contre des équipes qualifiées en playoffs en 2017 : 7.
Bilan cumulé en 2017 : 126-130 (0.492, 19e).
Malgré un calendrier de premier et la NFC South à l’horizon, le crash de la NFC East en 2017 abaisse le niveau de difficulté… mais ce programme est bourré de pièges partout, à commencer par ce match qui sent la poudre à Londres.