Fiche Légende : Jim Taylor

#31 – Running Back

 

 

Présentation

 

GÉNÉRALITÉS
Nom complet James Charles Taylor
Date de Naissance 20 Septembre 1935
Lieu de Naissance Baton Rouge, Louisiane
Date de Décès 13 Octobre 2018
Lieu de Décès Baton Rouge, Louisiane
CARRIÈRE
Lycée Baton Rouge, Louisiane
Université LSU
Draft 2e tour de 1958 (#15)
Équipes Green Bay Packers (1958-1966)
New Orleans Saints (1967)
Statistiques 10 saisons
132 matchs – 117 comme titulaire
1941 courses / 8597 yards (4.4)
225 réceptions / 1756 yards (7.8)
93 touchdowns
HONNEURS
Pro-Bowls 5 (1960-1964)
All-Pro 6 (1960-1964, 1966)
Performances notables Leader NFL en yards (1962)
2 fois leader NFL en touchdowns (1961, 1962)
Récompenses 1962 NFL MVP
4 titres de champion NFL (1961, 1962, 1965, 1966)
1 bague de champion (1966)
Membre de l’équipe NFL des années 1960
Membre du Hall Of Fame des Packers
Numéro #31 retiré chez les Saints
Hall Of Fame Classe de 1976

 

Biographie

 

Comment introduire un coureur comme Jim Taylor ? Simple, il suffit de parler de cette finale NFL 1962 contre les Giants. Sur le terrain gelé du Yankee Stadium, Taylor, pourtant diminué par une hépatite, porte le cuir 31 fois : à chaque itération il charge avec une rage à peine contenue dans la terrible défense menée par son ennemi préféré, Sam Huff ; à chaque fois il souffre autant par les plaquages destructeurs que par le fait de retomber sur un sol dur. Il reçoit une coupure à la langue qui le force à avaler du sang le reste du match, il doit être recousu d’une entaille au coude à la mi-temps, mais il continue de punir les défenseurs ; il score le seul touchdown de la victoire 16-7 de Green Bay, s’attirant l’admiration de ses partenaires, des fans, et de ses adversaires. Huff dira après le match :

Taylor n’est pas humain.

James Taylor naît en septembre 1935 à Baton Rouge, dans l’état de Louisiane. Son père meurt alors qu’il n’a que 10 ans, et il doit aider sa mère, couturière dans une laverie, à rapporter de l’argent ; dès qu’il le peut, il enfourche son vélo et livre les journaux – un parcours le matin, un autre l’après-midi – pour trois dollars la semaine. Non seulement cette activité met un peu de beurre dans les épinards, mais elle a aussi le bénéfice de développer les jambes du garçon.

Cependant, ce ne sont pas les seules qualités athlétiques qu’il possède, et cela va se révéler quand il intègre le lycée de Baton Rouge : il rejoint plusieurs sports et donne l’impression d’être de ses athlètes extraordinaires qui peuvent exceller quelque soit la discipline. C’est en basket qu’il fait ses plus belles réalisations ; il pense ne pas vraiment être taillé pour le football, et il n’aime pas tenter quelque chose s’il n’est pas capable de le faire correctement. Il finit par se lancer sur le gridiron lors de sa troisième année : il mesure alors 1m75 pour 70 kgs et il est placé comme Defensive Back ; à sa sortie du lycée, il mesure 1m80 pour 96 kgs et devient le premier athlète à être nommé dans les équipes de basket et de football des meilleurs joueurs de l’état de Louisiane.

Logiquement, Taylor reçoit une flopée de propositions de bourses sportives (dans les deux disciplines), mais il décide de rester à proximité : il rejoint l’Université de Louisiana State (LSU), et surtout il décide de se concentrer sur le football ; une décision particulière car il se sent toujours plus à l’aise sur un parquet que sur un gridiron. Comme le veut l’époque, en tant que freshman, il ne peut participer à l’équipe principale, mais il brille dans l’équipe des étudiants de première année comme coureur en attaque et Defensive Tackle/Linebacker en défense. Le souci vient plutôt des salles de classe : ses résultats plongent drastiquement au point que le président de LSU lui-même, Troy Middleton, a une entrevue avec lui. Il décide d’envoyer Taylor vers le Junior College de Hinds, situé à Raymond dans l’état du Mississippi, afin qu’il rattrape son retard.

Cela marche, mais non sans risques : si les notes de l’étudiant remontent, la tentation de laisser tomber pour retourner vers le basket le taraude ; mais il décide de revenir à LSU pour reprendre son parcours académique – et footballistique. S’il est de suite présent en défense, il lui faut un peu de temps pour s’acclimater à l’attaque : il prend ses marques en deuxième partie de saison 1956 et termine comme meilleur marqueur de la Southeastern Conference (SEC) avec 59 points. En 1957, il partage les ballons avec Billy Cannon, mais c’est bien lui la star : il court pour 762 yards et score 86 points, menant la SEC encore une fois ; il est nommé All-American et aide son équipe à finir 5-5, sauvant la tête du Head Coach Pete Dietzel qui la mènera à la victoire nationale en 1958.

Mais tout cela est déjà derrière Taylor : le joueur décide d’intégrer la draft NFL de 1958. Il est sélectionné au deuxième tour par les Green Bay Packers, et il pense tout d’abord qu’il va devoir se concentrer sur le poste de Linebacker. En effet, il a démarré comme défenseur avant de devenir attaquant au lycée, il a mis du temps à s’imposer à LSU en tant que coureur, il ne sait que courir entre les Tackles, n’a pas eu beaucoup de réceptions ou de blocks à faire ; il a donc, au final, peu d’expérience au poste par rapport à d’autres. Cependant, c’est bien comme coureur qu’il est utilisé, un poste où se trouve déjà le Golden Boy et futur Hall Of Famer Paul Hornung, drafté un an avant.

Taylor est très peu utilisé en tant que rookie, et les Packers font la pire saison de leur histoire à 1-10-1 ; cela pousse le Head Coach Scooter McLean à démissionner. Cherchant un nouveau leader pour la saison 1959, la franchise décide d’engager un descendant d’immigrés italiens de New York, Vince Lombardi. Dès son arrivée, Lombardi voit le talent que possède l’équipe, et notamment son jeu au sol : la ligne offensive contient des futurs Hall Of Famers comme Jim Ringo, Jerry Kramer et Forrest Gregg, alors que Hornung et Taylor peuvent devenir un terrifiant duo de coureurs ; le premier plus dans l’agilité, le deuxième plus dans la force, mais les deux étant capables de recevoir les passes de Bart Starr et de bloquer l’un pour l’autre. La charge de travail du #31 augmente à hauteur de 120 courses pour 452 yards, et il score 8 touchdowns en tout.

Hornung, Lombardi, Starr, Taylor

C’est en 1960 que le plan de Lombardi se met vraiment en place : le fameux Packer Sweep s’installe petit à petit, et Taylor mène la ligue avec 230 courses (pour 1101 yards et 11 touchdowns). La franchise devient une vraie force qui n’est stoppée qu’en finale NFL par les Eagles, et ce malgré un gros match du #31 (151 yards) ; il reçoit déjà les lauriers de la profession avec double vote Pro-Bowl/All-Pro. Son style de course ultra-punitif, qui ressemble beaucoup à son contemporain Jim Brown, fait des dégâts dans les défenses adverses ; il préfère toujours foncer dans un défenseur que de sortir en touche. En 1961, Taylor mène la ligue avec 15 touchdowns au sol (sur 243 courses pour 1307 yards) et il en ajoute un en réception, tout en continuant de bloquer pour Hornung ; c’est un nouveau double vote mérité, et surtout cette fois Green Bay va au bout : la franchise remporte le titre 37-0 contre les Giants.

Son chef-d’oeuvre personnel est la saison 1962. Hornung en rate une partie sur blessure et Taylor devient un véritable cheval de labour : il mène la ligue avec 272 courses pour 1474 yards, 19 touchdowns et 1580 yards cumulés ; il a enfin réussi à surpasser Jim Brown sur une saison (la seule fois que Brown ne mènera pas la ligue en yards au sol dans sa carrière). Il est nommé Most Valuable Player, reçoit un nouveau double vote et remporte un nouveau titre NFL dans cette fameuse finale 1962 contre les Giants narrée en introduction.

Il doit se remettre de son problème d’hépatite, ce qui le « freine » en 1963 : il parvient quand même à finir à 248 courses pour 1018 yards et 9 touchdowns, ce qui lui vaut encore un double vote. En 1964, il revient en force et devient le premier coureur à 1000+ yards dans cinq saisons consécutives (1169 yards) ; il score 15 touchdowns en tout. Il gagne un troisième titre en 1965 même s’il commence à payer son style de jeu très physique : il ne gagne que 734 yards sur 207 courses et ne marque que 4 touchdowns. Il réussit un deuxième doublé avec Green Bay en 1966 grâce à une production similaire, et participe au premier Super Bowl ; il en devient d’ailleurs le premier coureur à inscrire un touchdown dans une victoire facile 35-10 contre les Chiefs.

Mais il est déjà sûr que c’est sa dernière année chez les Packers : il n’a pas resigné et a préféré exercer son option, ce qui veut dire qu’il est désormais libre. Il décide de rejoindre l’équipe de son état natal, les nouveaux New Orleans Saints ; ironiquement, il y est rejoint par… Paul Hornung, qui a été laissé à disposition par Green Bay (à l’époque, chaque franchise NFL existante doit donner une liste de joueurs disponibles aux franchises d’expansion pour qu’elles puissent faire leur choix et créer une équipe avec un peu d’expérience). Taylor est plus utilisé à la réception (38 pour 251 yards) et son temps de jeu diminue encore ; il est relégué sur équipes spéciales avant la saison 1968, et décide de s’arrêter là.

Jim Taylor prend sa retraite après 10 saisons et 132 matchs ; il a amassé 8597 yards et 83 touchdowns au sol (ce qui le place derrière Brown dans l’histoire à sa retraite), et termine avec 10539 yards et 93 touchdowns en cumulé. Il possède de nombreux records pour un coureur des Packers, plusieurs étant toujours d’actualité (notamment au niveau des touchdowns avec 81) ; il faudra attendre Ahman Green dans les années 2000 pour que ses totaux en yards sur une saison et en carrière à Green Bay soient battus. Sans surprise, il est intronisé au Hall Of Fame des Packers en 1975, un an avant de devenir le premier « Packer de Lombardi » à rejoindre le Hall Of Fame de Canton ; Forrest Gregg et Bart Starr le rejoindront l’année suivante.

Après sa carrière, Taylor se lance dans différentes affaires, possédant notamment un chantier de construction navale dans la ville de New Orleans. Mais la chose la plus incroyable est qu’il ne démontre aucune séquelle grave de son style de jeu violent : grâce à un entraînement quotidien, il reste en forme et lucide à un âge avancé, là où d’autres subissent les conséquences du sport tel qu’il était joué à l’époque. C’est ainsi qu’il peut vivre jusqu’à 83 ans : il disparaît le 13 octobre 2018, rejoignant Vince Lombardi et plusieurs de ses coéquipiers de la mythique équipe des Packers des années 1960.