Nous Trente-Deux : Green Bay

Deuxième partie de notre Duo de Touchception, l’équipe qui en a pâti, ce qui au final n’aurait sûrement pas changé grand chose si le Divisional Round avait eu lieu à Lambeau. L’attaque a baissé de pied, la défense a relevé la tête, et au final tout ça pour terminer comme l’année dernière : prendre le bouillon défensivement contre une équipe plus physique et appuyer le terme de « soft football team« . Tout cela n’enlève pas que les Packers sont double champions d’une des plus difficiles divisions en NFL.

A lire en évitant de se bousiller quelque chose si possible.

 

GREEN BAY PACKERS
1e NFC North ~ 11-5 / 1-1

 

 

Les prévisions de Madame Soleil 2012

 

Un seul mot, même si Mike McCarthy et Aaron Rodgers s’en défendent : REVEEEEEENGE ! Revanche par rapport surtout à la performance défensive pendant la saison et aussi un peu par rapport à la performance offensive contre les Giants.

Résultat, Ted Thompson avait fait quelque chose d’impensable pour ce conservateur : deux trade up pendant la draft, pour aller chercher le DT Jerel Worthy puis le CB Casey Hayward. Avec le premier round OLB Nick Perry, Green Bay envoyait un signal fort de restructuration de la défense. Il était temps de filer un peu d’aide à Clay Matthews et à un Charles Woodson repositionné en safety.

Du côté de l’attaque, les Packers avaient également dû faire quelques achats après le départ du C Scott Wells. Ils ont alors joué la carte de l’expérience en signant Jeff Saturday et un peu plus tard le RB Cedric Benson pour ajouter une menace au sol.

En gros, Green Bay s’était enrichi à moindre coût pour cette fois ne pas laisser passer sa chance d’aller en finale.

 

La saison

 

San Francisco 30-22, Chicago 23-10, @Seattle 14-12, New Orleans 28-27, @Indianapolis 30-27, @Houston 42-24, @St.Louis 30-20, Jacksonville 24-15, Arizona 31-17, @Detroit 24-20, @Giants 38-10, Minnesota 23-14, Detroit 27-20, @Chicago 21-13, Tennessee 55-7, @Minnesota 37-34.

 

Les playoffs

 

Minnesota 24-10, @San Francisco 45-31.

 

La réalité

 

Les éléments étaient là pour penser à une redite de 2010 : l’attaque n’était plus aussi flamboyante qu’en 2011 (en même temps un niveau pareil n’est pas soutenable très longtemps), la défense était revenue à un niveau bien plus acceptable avec un pass rush retrouvé et une arrière-garde revigorée, et les blessures avaient recommencé à s’empiler comme l’année du Superbowl (les Packers ont été l’équipe la plus touchée avec 83 matchs ratés par les titulaires). Cependant la magie ne s’est pas reproduite parce qu’au final les Packers continuent d’être une équipe de finesse plutôt que de force, et ils ont encore été punis en playoffs.

En tout cas il est difficile de reprocher quoi que ce soit au MVP de la saison dernière, mis à part que son plus gros défaut a eu tendance à refaire surface cette saison. Aaron Rodgers n’a certes pas fait la saison mirobolante de l’année dernière, mais étant donné ce qu’on lui a donné comme conditions, le fait qu’il s’en tire avec 67.2%, 4295 yards, 39 TD et seulement 8 INT pour un rating de 108.0 (top NFL) prouve que le QB continue de jouer à un haut niveau de performance. D’autant plus que, si comme pour RGIII on retire les parasites (spikes, passes en touche, drops et passes déviées par la DL), il remonte à 80.2% de complétion, top NFL.

Bref cette année encore, c’est le QB qui a été le plus régulier cette saison : Manning est revenu de blessure et a eu un début de saison difficile (dont son match horrible contre Atlanta), Brady a eu quelques performances un peu décevantes (Miami, Jacksonville, Baltimore en finale AFC), Brees a ramé au début de la saison, Ryan a eu son match à 5 INT contre Arizona… il a été moins flashy, mais constant dans un niveau élevé de jeu. Et tout ça avec une OL bien moins efficace que tous ces QBs-là et des blessures à ses deux meilleurs receveurs qui n’ont pratiquement jamais joué ensemble de toute la saison. D’ailleurs à cause de ça, le défaut dont je parlais un peu plus haut qui a refait surface est sa tendance à tenir la balle un peu trop longtemps en essayant de trouver la solution, ce qui explique qu’il est facilement fautif sur 10 des 51 sacks qu’il a encaissé cette saison (top NFL encore).

C’est pourquoi la franchise doit RAPIDEMENT régler le problème de sa protection qui est une tare depuis son arrivée au club (depuis 2008 il est le QB le plus sacké avec 202 devant Big Ben – certes comme pour Ben une partie lui incombe, mais ce n’est pas une raison). La signature de Jeff Saturday a été mitigée sur ce point, et il a fini par être remplacé par Evan Dietrich-Smith, mais ce sont en général les Tackles Bryan Bulaga et spécialement Marshall Newhouse qui ont été trop inconstants dans leur effort (54 pressions pour Newhouse). En plus la blessure de Bulaga a créé un gros turnover dans la ligne. Les Guards sont plutôt des points positifs même si T.J. Lang n’est pas un gros run blocker, mais Josh Sitton continue d’être un des meilleurs Guards de la ligue que ce soit en protection ou run block.

Cedric Benson devait revitaliser le jeu de course, ou du moins lui donner une consistance nécessaire pour forcer les défenses à le prendre compte. Il n’a pas été flamboyant cette saison, mais il a quand même réussi dans cette entreprise, car tout le monde sait que les Packers ne vont pas courir 40 fois par match. Le gros souci c’est qu’il a fini sur IR contre les Colts, ce qui a cassé la dynamique de l’équipe dans ce match qu’elle a fini par perdre de 3 points. Ensuite, on a eu un joli manège de coureurs entre un Alex Green qui se remet de sa grave blessure de l’année dernière, James Starks qui n’arrive pas à tenir debout plus de 3 matchs de suite, la bonne surprise avec l’explosif ancien vendeur de voiture DuJuan Harris (photo), et même le retour de Ryan Grant. Dans le lot seul Harris est au-dessus de 4.0 yards par course avec 34 portés pour 157 yards et 2 TD, et il peut donner de belles choses comme alternative à un coureur plus puissant. Évidemment, faudrait-il encore que Green Bay le trouve, parce que 106.4 yards de moyenne par match ça reste léger.

Vous savez pourquoi les fans ne sont pas General Manager ? Parce que si les fans l’étaient, James Jones aurait été cutté direct après la victoire au Superbowl à cause des ses trop nombreux drops. Et cette saison, les Packers n’auraient pas eu un receveur à 14 TD (top NFL) pour remplacer des Greg Jennings et Jordy Nelson gênés par les blessures pendant toute la saison et un Donald Driver qui n’aurait probablement pas dû être resigné sportivement parlant. L’ex-WR#3 propulsé #1 cette année a été très précieux avec quelques réceptions ridicules en route pour 64 catchs, 784 yards et les fameux 14 TD. La saison a également vu l’éclosion de Randall Cobb qui n’attendait qu’un vraie offseason pour enfin prendre sa place dans l’effectif, et merci du résultat : 80 catchs, 954 yards et 8 TD pour le sophomore qui a également 10 portés pour 132 yards et 964 yards en kick return avec 1 TD; de plus en plus Cobb tourne comme le Harvin des Packers. Jennings et Nelson ont joué les intermittents avec 36c/366y/4TD et 49c/745y/7TD respectivement, alors que Jermichael Finley a plus ouvert ses mains et moins sa bouche en deuxième partie de saison et comme par miracle il a mieux performé : 61 catchs, 667 yards et 2 TD pour lui. Bref, même si aucun des receveurs n’est à 1000+ yards cette saison, ils sont quand même tous à plus de 10 yards de moyenne. Néanmoins il continue d’y avoir un sacré problème de drops : 45 sur la saison (5e) et c’est notamment Cobb qui doit travailler là-dessus avec 11 à lui tout seul.

Tout cela, couplé au meilleur taux de TD marqués par drive dans la zone rouge (68.52%) explique les 27.1 points par match (5e de la ligue), et le fait que même si l’attaque n’a pas tout explosé comme l’année dernière, elle est quand même restée (tout du moins l’attaque aérienne) sur un rythme qui la classe parmi les meilleures de la ligue. Alors pourquoi cette « baisse de régime » ? Plusieurs raisons : 1) pas de lockout, donc les défenses ont pu travailler ensemble, 2) tous les adversaires des Packers ont joué en Cover-2 Deep pour empêcher les gros gains qu’on voyait à la pelle l’année dernière, 3) les raisons citées plus haut, OL poreuse et WR blessés.

Par contre, la défense, elle, est revenue à de meilleures dispositions. C’est notamment la défense contre la passe qui a connu un boost avoir été la pire l’an dernier en yards encaissés, alors que la défense contre la course a eu un peu plus de mal, et s’est totalement écroulée contre SF.

Comme pour l’OL en face, la DL s’est faite un peu trop bouger, et c’est d’ailleurs là que les Packers ont perdu quelques batailles. Non pas qu’on puisse la bouger dans tous les sens, mais régulièrement des courses qui devraient être à perte finissent par gagner quelques yards. C’est là que les Packers, malgré la présence d’un B.J. Raji omniprésent et d’un Ryan Pickett efficace, ont senti l’absence de C.J. Wilson, le spécialiste du run stop. Raji a d’ailleurs été le meilleur DL des Packers car il a également mis la pression (23), même si de ce point de vue-là c’est Mike Neal qui a été le fer de lance avec 4.5 sacks et 20 pressions. Le rookie Jerel Worthy a montré quelques promesses notamment contre la course, mais il est encore tendre.

On passe au corps qui a payé le plus lourd tribut aux blessures, avec les mises sur IR de Desmond Bishop en pré-season et de son remplaçant D.J. Smith après le match de Week 6 contre Houston. Du coup c’est Brad Jones l’ex-OLB reconverti ILB qui s’est retrouvé à couvrir l’intérieur avec un A.J. Hawk moins utilisé et déchargé des responsabilités du playcall défensif; le résultat a été plutôt satisfaisant de la part des deux contre la course avant qu’on arrive en playoffs : Hawk notamment a réussi 43 stops en 363 run snaps (11.8%, top 5) et il a réussi 120 plaquages et 3 sacks. Ils restent plus fragiles en couverture cependant ce qui explique que les RBs ont souvent pu gagner des yards contre eux.

Sinon en OLB Clay Matthews va mieux merci pour lui. Avec une DL un peu plus efficace devant lui, il a retrouvé un total de pressions plus en accord avec ce qu’il peut faire : 13 sacks et 48 pressions, tout en conservant une grande influence contre le jeu de course notamment pour plaquer à perte. A l’opposé, on attendait beaucoup du rookie Nick Perry qui a montré une certaine puissance mais un manque criant de technique, et il a été gêné par les blessures toute la saison avant de finir sur IR. Et en plus, les Packers n’ont personne derrière Matthews et Perry : que ce soit Dezman Moses ou pire, la calamité Erik Walden, ils ont montré qu’ils n’étaient pas des solutions de remplacement surtout dans le passrush.

Dans l’arrière-garde, les deux titulaires au poste de CB, Tramon Williams et Sam Shields, ont connu des saisons mitigées pour des raisons différentes : Williams a dû mal à retrouver la superbe de sa saison 2010 même s’il n’a pas été mauvais, et Shields, s’il a été excellent, a raté 6 matchs sur blessure, remplacé par un intéressant Davon House. Mais le plus important c’est que globalement les arrières ont redressé la barre : Shields notamment a autorisé 47.7% de catchs, 3 TD, 3 INT et 7 passes défendues et un QB rating adverse de 69.8; Tramon est à 53.5%, 2 TD, 2 INT, 14 passes défendues et un QB rating adverse 74.3.

Et si les arrières ont redressé la barre, c’est aussi parce que si Perry et Worthy n’ont donné rien de transcendant dans la draft de 2012, on touche le jackpot avec le 3e drafté, le CB Casey Hayward. La première saison du rookie a été étincelante, et il doit à sa situation de slot CB (donc moins exposée que LB) de ne pas être Defensive Rookie Of The Year. Il a été totalement dominateur en couverture, voyez plutôt : 74 ciblages, 33 catchs autorisés, 44.6% (top 3 NFL), 456 yards pour 0 TD, 6 INT (top 4), 12 passes défendues (top 6), et un QB rating adverse de 31.1 (top NFL). Tout ça en faisant quelques piges en CB#2 pour cause de blessure du titulaire. Sa réputation de « ball-hawk » n’est pas surfaite et on dirait que pour ce qui est de la couverture, les Packers ont trouvé le remplaçant de Charles Woodson en slot CB.

En parlant de Charles Woodson : le CB reconverti en Safety a dû ronger son frein pendant 9 matchs suite à une blessure à la clavicule et il a connu une saison en dents de scie. Du coup le rookie Jerron McMillan et M.D. Jennings ont pris des reps aux côtés d’un Morgan Burnett toujours patron des safetys avec 123 plaquages, 2 sacks, 2 fumbles forcés et 2 INT. Dans l’ensemble, les safeties ont fait un bon boulot en couverture, mais peut-être moins contre la course. C’est le résumé de la défense des Packers : revigorée à la passe, légère contre la course.

Enfin on ne peut pas parler des Packers sans souligner la saison catastrophique de Mason Crosby qui est bon dernier avec 63.6% de réussite (21/33) et des kicks parfois vraiment foireux. Il s’est repris en fin de saison mais cette période au milieu… ouch.

Je parlais du résumé de la défense, mais en fait c’est un peu le résumé de l’équipe des Packers, une équipe explosive à la passe dans les deux escouades et plus empruntée à la course. Il y a fort à parier que c’est vers cela que vont se diriger les efforts de Ted Thompson et Mike McCarthy dans le futur pour continuer à pérenniser la place des Packers dans les playoffs. Il va déjà être intéressant de voir la réaction de la défense sans le vétéran Woodson, et celle des receveurs sans Driver ni probablement Jennings.

 

Les besoins

 

Comme je l’ai dit, les deux lignes ont été bougées cette année, donc les Packers vont se diriger par là. Un bon OL et un vrai NT pour arrêter le shuffle entre Raji et Pickett au poste.

Ensuite il va falloir un ILB pour muscler le centre de la défense, car Hawk qui n’aura jamais performé au niveau attendu d’un premier tour. Enfin, si la bonne affaire RB arrive, il est possible que les Packs y aillent également. Ils attendront probablement les derniers tours pour remplir le panier à WR.

Le gros point d’interrogation reste Finley. S’il part, il faut également en trouver un autre TE, car aucun dans l’équipe ne peut avoir autant d’influence que lui sur une défense.

 

Le futur

 

Domicile : Chicago, Detroit, Minnesota, Philadelphia, Washington, Cleveland, Pittsburgh, Atlanta.

Extérieur : Chicago, Detroit, Minnesota, Dallas, N.Y. Giants, Baltimore, Cincinnati, San Francisco.

Record cumulé en 2012 : 136-119-1 (6e).

Holy hell. La NFC North ça suffisait pas, il fallait l’AFC North, et Atlanta, et San Francisco et les Giants et toute la NFC East qu’on sait jamais quoi attendre et *wargblasplarf*. C’est un sacré calendrier qui attend GB l’année prochaine avec notamment une liste à l’extérieur à se tirer une balle entre la NFC North, les Giants, Baltimore, Cincy et San Francisco. La division va être plus ouverte que jamais en 2013-2014.

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