Broncos-Patriots by Kuro (W5)

Denver Broncos 21-31 New England Patriots

L’art de l’attaque accélérée

Les Bengals de Sam Wyche et Boomer Esiason ont été les premiers à utiliser l’attaque accélérée, puis la K-Gun Offense des Bills de Marv Levy et Jim Kelly l’ont utilisée comme tactique principale. Peyton Manning lui-même a repris le flambeau aux Colts, mais c’est Tom Brady et les Patriots qui en ont donné l’illustration parfaite dans ce match.

Les stats du match qui disent tout : pour la troisième fois consécutive, les Patriots ont engrangé plus de 30 First Downs, un record pour la NFL après la fusion en 1970. Le total de 35 dans ce match est d’ailleurs un record pour la franchise. Ils ont également réussi à convertir trois 3e tentatives de plus de 10 yards, ce qui a tendance à aider pour marquer des points.

En effet, l’attaque des Patriots a fonctionné à un rythme étouffant, remettant parfois la balle en jeu quelques secondes après sa mise en place, prenant ainsi la défense dans un moment de confusion. On aurait dit un boxeur qui envoie une série de jabs/directs sans jamais s’arrêter et laisser l’autre respirer.

Dans cet exercice, Brady a été le parfait chef d’orchestre et avec des stats très propres (23/31, 223 yards et 1 TD plus 1 TD à la course), il a mené son attaque de main de maître. Malgré 4 sacks, il a été assez bien protégé par sa ligne, sachant contrebalancer certaines faiblesses par un déplacement dans la poche. Il n’a finalement fait qu’une erreur : fumbler sur un sack en 4e tentative et indirectement aider les Broncos à avancer; Denver est revenu à 31-21 par la suite.

Cependant, l’attaque n’aurait pas connu un tel succès sans la forme idéale du jeu de course. Steven Ridley, Brandon Bolden et Danny Woodhead combinent pour 252 yards en 49 portés, dont la majorité du travail pour Ridley (28p/151y/1TD) mais également la grosse bourde avec son fumble qui aurait pu remettre les Broncos dans le match au 4e QT à 31-21. La ligne offensive et les TE/WR ont fait un bon travail pendant tout le match en run block, notamment du côté gauche de la ligne (là où se trouve Logan Mankins). Mais on a vu un effort général des bloqueurs pour ouvrir des brèches, et cela a forcé les Linebackers de Denver à se poser des questions supplémentaires sur le playcall au lieu de charger Brady à chaque action.

Ce faisant, avec moins de pression, Brady a pu retrouver son pote de toujours Wes Welker. Le receveur a eu une journée faste avec 13 catchs pour 104 yards et 1 TD, et il s’est balladé sur le front de l’attaque. Il a mystifié tous les adversaires placés face à lui (Chris Harris principalement), et sa vitesse de parcours lui a permis, que ce soit souvent à l’intérieur ou même à l’extérieur, d’être libre pour son QB. Beaucoup de foin a été fait de sa moindre utilisation chez les Pats, je suppose que c’est une bonne façon de répondre (que ça soit lié à l’absence d’Hernandez ou non). Chez les autres receveurs, Gronk a été plutôt discret (4c/35y) mais comme Brandon Lloyd (3c/34y) ou Deion Branch (1c/25y) il a été précieux dans le run block pour ouvrir des brèches à l’extérieur aux coureurs. Comme je l’ai dit, ça a été un vrai travail d’équipe.

En défense, le grand monsieur a été Rob Ninkovich qui a créé deux fumbles très importants : le premier est le fumble sack sur Manning qui permet ensuite aux Patriots de mener 31-3, et le deuxième est le fumble sur McGahee qui redonne la balle aux Patriots au 4e QT pour préserver le score final. Sans ces deux interventions le score aurait pu être différent, surtout avec Peyton Manning en QB spécialiste des retours au 4e QT. En général la défense des Patriots a plutôt bien tenu le choc contre l’attaque des Broncos, limitant les gains et le big play au maximum.

Derrière cela, l’escouade a attendu son heure pour réaliser l’action importante comme le sack/fumble de Ninkovich, le fumble provoqué par Sterling Moore, le sack de Jerod Mayo ou la trouvaille Alfonso Dennard qui a 2 passes défendues sur 5 passes dans sa direction (dont 1 sur 3e tentative). Si on devait pinailler, on dirait que ça a manqué un peu de pression autour de Manning dans l’ensemble, même si Peyton est connu pour lâcher la balle rapidement.

Un Peyton justement qui a fait du Manning dans le texte : 31/44, 345 yards, 3 TD et aucune interception. Au lieu de vous parler de ce qu’il a fait comme d’habitude, je vais parler des différences : il n’a pas le même bras, et ça c’est évident. Il a perdu un peu de vélocité dans sa passe, notamment sur les passes à l’extérieur, mais il donne l’impression de s’adapter à ce handicap plutôt que d’essayer de le combattre comme il a pu le faire au début de la saison. Par contre, il y a une chose qui m’a frappée : je l’ai connu avec plus de sens du pass rush. A certains moments j’ai senti un Manning statuesque dans sa poche en attendant que le miracle arrive, oubliant son habitude de « trépigner » en tapant rapidement des pieds au sol. C’est d’ailleurs très visible lors du sack/fumble.

Willis McGahee a eu une journée productive (14 portés, 51 yards + 5 catchs, 51 yards) mais il a commis les deux grosses erreurs qui ont plombé son équipe : un drop quand il est tout seul en 4e tentative et 1 au début du 4e QT alors que les Broncos sont menés 31-14, et surtout ce fumble fatal en fin de match quand les Broncos drivent pour revenir à portée de tir des Patriots. Il est rejoint dans cette catégorie des héros/zéros par Demariyus Thomas qui malgré un très bon match à 9 catchs pour 188 yards commet un fumble sur le premier drive (son 3e en 3 matchs). Jacob Tamme complète le trio des meilleurs receveurs avec 6 catchs et 50 yards alors que Eric Decker, Brandon Stokley et Joel Dreessen ont tous marqué 1 TD.

La défense des Broncos a énormément souffert du rythme imposée par l’attaque des Patriots. Malgré 5 sacks et 2 fumbles forcés, il n’y a guère qu’un seul joueur qui a surnagé : Von Miller et ses capacités athlétiques impressionnantes. Il a été partout en défense avec 2 sacks, 1 fumble forcé et 7 stops défensifs (sans compter qu’il a toujours plus au moins mis la grouille dans l’OL des Pats). Il confirme son statut de monstre défensif, mais le problème c’est qu’il a été le seul du côté des Broncos. Le gain constant du jeu de course des Patriots et les trous au milieu de la défense ont rappelé l’absence de D.J. Williams, alors que l’arrière-garde a souffert notamment contre Welker.

Et ce n’est jamais bon signe quand vos DEUX safeties sont en tête des plaquages de votre équipe (Moore et Mike Adams avec 12). Ca prouve bien que vous avez eu tendance à laisser passer un peu trop de joueurs dans les deux premiers rideaux.

Pour terminer sur Denver, deux gros WTF à John Fox et Matt Prater : un premier mini-WTF à Fox pour appeler un onside kick avec 7 minutes restantes dans le match alors que les Broncos sont menés 31-21 et que la défense a stoppé les Pats sur les deux derniers drives. Mais un gros WTF à Prater pour ce… cet espèce de… en fait je ne sais toujours pas ce qu’il a essayé de faire comme onside kick, cette tentative foireuse a terminé droit dans les bras d’un joueur de NE. Encore heureux pour ces deux-là que Von Miller provoque le fumble de Ridley derrière, même si c’est annulé ensuite par celui de McGahee.

Au final les Patriots ont remporté le match parce qu’ils ont su réussir les actions clés que les Broncos ont laissé passer, et dans l’ensemble ils ont été plus consistants. Le score de 31-21 reflète bien la physionomie du match, et Brady prend le large dans les confrontations avec Manning 9-4.

Comments are closed.