Chicago Bears-Green Bay Packers by Kuro (W2)

Chicago Bears 10-23 Green Bay Packers

« Actuellement, nous avons plus de sacks, 5, que de points, 3… »

Cette phrase a été prononcée par Mike Mayock au commentaire, et ça vous donne une idée du match défensif qui a eu lieu (au total il y a eu 12 sacks).

Les Packers ont finalement remporté le 185e match de la plus vieille rivalité grâce à une défense de fer… et un jeu de course efficace… vous savez quoi, les Mayas avaient peut-être raison, la fin du monde est proche. Plus sérieusement, on a eu l’impression de revoir les Packers de 2010 sur le terrain : l’attaque a progressé en rencontrant quelques difficultés et la défense n’a presque rien laissé passer à Chicago. De l’autre côté, si la défense des Bears a su montrer les dents comme à son habitude, l’attaque a vu resurgir un vieux fantôme – Evil Cutler(tm).

On commence comme toujours avec les vainqueurs, et une attaque qui a bégayé quelque peu son football, à commencer par Aaron Rodgers lui-même. Avec une OL qui a souffert (surtout Marshall Newhouse) et qui a lâché 5 sacks, le MVP en titre a eu du mal à faire progresser son attaque, du moins jusqu’à la zone d’enbut. Avec une défense en face qui a souvent joué en Cover-2 pour éliminer le gros jeu, Rodgers s’en est remis à son instinct pour échapper à la pression et trouver ses receveurs. Il a lancé une nouvelle interception (qui est pour James Jones qui a raté son parcours) mais il a réalisé quelques lancers inhabituels pour lui qui auraient dû se terminer par d’autres interceptions. Il a quand même fini par trouver le Conducteur Donald Driver pour un touchdown qui a mis le match hors de portée à 23-3. Il termine à 22/32 pour 219 yards, 1 TD et 1 INT.

Cependant, Rodgers a quand même eu une arme qui l’a bien aidé dans le jeu de passe : la play-action. Elle a bien fonctionné parce que Cedric Benson a fait un match plein avec 20 portés pour 81 yards. Benson a été plus patient dans ses courses, et il a apporté deux choses qu’on n’avait pas vu à Green Bay depuis un moment : un coureur capable de traîner des plaqueurs pour gagner des yards, et un coureur capable de rebondir après un premier contact derrière la ligne de scrimmage. De plus, il joue aussi son rôle à la réception avec 4 catchs pour 35 yards. C’est exactement ce que les Packers attendent de lui.

Du côté des receveurs, c’est une soirée en demie-teinte : il y a eu des drops en première mi-temps, et le fumble perdu de Jermichael Finley. Jordy Nelson, numéro #1 en l’absence de Greg Jennings, s’est bien repris avec 6 catchs pour 84 yards, et Papy Driver a su se montrer quand on a eu besoin de lui. Randall Cobb s’est encore montré dangereux même s’il n’a eu qu’1 catch et 1 course, sa versatilité et son explosivité commencent à le faire ressembler à des joueurs tels Darren Sproles ou Percy Harvin.

Mais la grande star de l’équipe ce soir, à la surprise générale peut-être, c’est la défense. Les Packers, mis à part quelques petites brèches ici ou là (D.J. Smith en couverture sur un TE ? Baaaaad), ont éteint l’attaque aérienne des Bears, mettant rapidement la pression sur Jay Cutler et le forçant à retourner à son côté obscur, celui qui balance des passes en double/triple couverture. La confirmation du retour en forme Clay Matthews est totale, et avec 3.5 sacks dans le match (en abusant à peu près toute la moitié gauche de la ligne), il en est à 6 sur deux matchs, soit… autant qu’en 2011. L’intérieur de la ligne a su faire le boulot en forçant les un-contre-un pour le Claymaker, soit la formule gagnante de 2010.

Une fois la machine à pression lancée, les arrières ont été au diapason avec un bon plan anti-Marshall : une double couverture systématique sur le receveur préféré de Cutler avec Tramon Williams et Morgan Burnett. Le pass rush et la couverture se sont alimentés mutuellement, menant non seulement à 7 sacks mais aussi à 4 interceptions, dont 2 de Tramon (qui lui aussi revient à sa forme de 2010 après sa blessure à l’épaule en 2011), 1 de Charles Woodson et 1 du rookie Jerron McMillian.

Enfin, les équipes spéciales de Green Bay ont également joué leur rôle avec deux Field Goals de Mason Crosby et puis ce fake Field Goal où Tim Masthay passe la balle à Tom Crabtree qui marque le touchdown sur une 4e et 26. Le score était alors de 3-0 et sans cela les Packers seraient rentrés au vestiaire avec une petite avance et des regrets concernant leur jeu. C’était un call « couillu » de McCarthy qui a payé.

Car jusque là, le match était encore récupérable pour Chicago, mais les Bears ont fini par payer trop d’erreurs offensives. Cutler a pris la pression des Packers toute la soirée, de la première (sack) à la dernière action (interception). Il a fait ce qu’il a pu étant donné la condition de sa ligne offensive qui n’a toujours pas réglé ses problèmes de protection, et il a fini par forcer des passes qui ne pardonnent pas contre une arrière-garde des Packers spécialisée dans l’interception. Cutler termine à 11/27, 126 yards, 1 TD et 4 interceptions, mais je tiens à sortir le para-Cutler : avec une tourniquet comme J’Marcus Webb en LT, une ligne qui fait les portes ouvertes toutes les semaines et des joueurs qui s’alignent à la bourre pour forcer des temps morts, je pèterais un câble aussi et je gueulerais sur qui le mérite. Et une des 4 interceptions n’est pas pour lui tant que j’y suis.

Elle est pour Earl Bennett, qui a poireauté au milieu de l’autoroute pour attraper un ballon alors qu’il y avait l’autobus Woodson qui lui fonçait dessus. Really ? Bref la soirée a été misérable non seulement pour Cutler mais également pour ses receveurs, dont Brandon Marshall bien pris en double couverture qui n’a eu que 2 catchs en 4e quart-temps et surtout qui droppe LE touchdown qui aurait relancé le match. L’attaque aérienne a été complètement battue au niveau tactique, et il n’y a guère que deux joueurs à retirer : Matt Forte et Michael Bush. Forte a été l’arme principale des Bears au sol ET en l’air (4 catchs pour 49 yards, meilleur receveur) avant malheureusement de se blesser. Bush a pris sa suite avec 14 courses pour 54 yards et il a profité d’une ligne schizophrénique qui est toujours efficace contre la course.

Ceci dit, tout n’est pas noir pour la franchise de l’Illinois. Encore une fois, la défense a répondu présent malgré un Brian Urlacher annoncé comme « diminué ». Je mets le terme entre guillemets parce que le bonhomme a encore été partout avec son compère LB Lance Briggs, les deux totalisant 18 plaquages en cumulé. Ils ont eu du boulot avec la propension des Packers à courir, mais ils ont répondu présent… j’aurais plus tendance à accuser la DL pour le nombre de yards au sol. J’ai l’impression que les Bears ne s’attendaient pas à autant de Benson et avait mis plus de poids sur le pass rush. Certes ça a fonctionné avec 5 sacks (dont 2 pour Julius Peppers et 1.5 pour le rookie Shea McClellin), mais à côte de ça, ça a donné 100+ yards encaissés à la course.

Comme dit un peu plus haut, les arrières ont principalement joué en Cover-2 et en zone pour retirer le gros jeu et forcer Rodgers à prendre les passes intermédiaires. Tout résidait ensuite dans la capacité des Bears à stopper l’armada offensive. Dans cet exercice, les deux cornerbacks Tim Jennings et Charles Tillman ont tiré leur épingle du jeu. Certes il est difficile de museler complètement l’attaque des Packers, mais elle n’a gagné que 219 yards en l’air, et les deux joueurs y sont pour quelque chose. Jennings a été au four et au moulin : il a breaké des passes, plaqués des joueurs pour un petit gain en un-contre-un et il a surtout intercepté Rodgers quand son équipe était menée 23-3. Tillman, lui, nous a fait sa spéciale : le fumble forcé sur Finley qu’il a récupéré ensuite (il est le leader dans cette stat depuis son arrivée dans la ligue). Si le duo de safeties peut paraître plus léger, ce duo de cornerbacks peut faire de bonnes choses pour les Bears cette saison.

Maintenant, si l’attaque a eu ses ratés (drops, pénalités stupides), la défense en a eu aussi : Briggs notamment a une interception toute cuite dans les mains alors que Green Bay ne mène que 10-0. C’est le tournant du match, les Packers rajoutant un Field Goal pour mener 13-0 juste avant la mi-temps, alors qu’à 10-3 l’affaire n’aura peut-être pas été la même. Enfin de toute façon, l’attaque des Bears était anémique en première mi-temps, la preuve…

La stat du match qui dit tout : à la fin de la première mi-temps, les Bears avaient 47 yards au total dont 7 à la passe, et une moyenne de yards à parcourir en 3e tentative de 16.6 !

Ce match sert donc comme un petit rappel de ce que je n’arrête pas de dire : les matchs de la NFC North sont des rivalités, et on ne sait JAMAIS ce qu’il peut se passer. Green Bay revient dans la course dans la division avant de se déplacer à Seattle alors que Chicago doit vite se reprendre pour ne pas laisser planer le doute contre les Rams (et gaffe aux Rams, regardez le match contre Detroit…).