Boom Or Bust : Les choix du premier tour de la draft 2019 (3/4)
Nous continuons avec les tribulations des 32 choix du premier tour de draft pour savoir comment ils se sont comportés, et s’ils ont été les meilleurs rookies de leur équipe. Aujourd’hui nous regardons les picks #17 à #24.
NB1 : FF = fumbles forcés, FR = fumbles récupérés, PD = passes défendues.
NB2 : Les snaps sont divisés en deux. Tout d’abord, le nombre total de snaps du joueur et son classement par rapport à l’équipe entière. Ensuite, le nombre de snaps du joueur dans son escouade principale, sa participation (en pourcentage du nombre maximal de snaps) et son classement dans l’escouade. Certains rookies jouant beaucoup sur équipes spéciales, les deux nombres de snaps peuvent donc différer.
NB3 : Les stats viennent d’ESPN, les snaps de FootballOutsiders et les matchs joués de Pro-Football-Reference.
17. NY GIANTS : Dexter Lawrence, DT, Clemson
Matchs joués : 16
Snaps : Équipe – 882 (12/71) ; Défense – 717 (63.1%, 9/31)
Défense : 38 plaquages, 24 solo, 2 run stuffs, 1 FF
Pass-Rush : 10.5 pressions, 2.5 sacks
Couverture : 1 PD
Les Giants avaient le choix pour leur deuxième sélection du premier tour, et ils se tournaient vers la défense avec le Defensive Tackle Dexter Lawrence.
Il est possible que vous vous disiez « tiens, on n’a pas entendu beaucoup le nom de Lawrence, non ? » ou « ses stats ne sont pas énormes ». C’est ce qui arrive quand vous êtes un Defensive Tackle dans une équipe qui termine 4-12. Mais ne vous leurrez pas : Lawrence a immédiatement pris sa place dans la ligne défensive, étant le Defensive Lineman le plus utilisé, et il a démontré une capacité schizophrénique à être un plot au sol et un tractopelle dans le pass-rush intérieur. Si la défense contre la course des Giants a tenu la route cette saison, c’est grâce au travail devant, et Lawrence est venu former un groupe solide avec Davlin Tomlinson, Leonard Williams et B.J. Hill. Un pilier défensif dans un groupe autour duquel construire.
Rapide quiz : quel cible termine en tête de l’équipe en yards ? Golden Tate ? Sterling Shepard ? Soyons fous, Saquon Barkley ? Non, c’est le 5e tour Darius Slayton qui mérite de partager le titre de meilleur rookie chez les Giants avec Lawrence.
Qu’il ait été le receveur ayant le plus joué en attaque (65.6% des snaps) ne surprend pas vu l’hécatombe autour de lui, mais qu’il termine avec 48 réceptions pour 740 yards (15.4) et 8 TDs (9e NFL) avec 12 big plays, ça c’est déjà bien plus surprenant et encourageant. Vous imaginez la tête de l’attaque aérienne pour Daniel Jones avec Slayton, Tate, Shepard (pourquoi pas les deux ?) et Evan Engram si tout le monde est valide ? Avec Barkley en plus ? Il y a de quoi faire mal à beaucoup de têtes défensives.
18. MINNESOTA : Garrett Bradbury, C, North Carolina State
Matchs joués : 16
Snaps : Équipe – 1018 (5/65) ; Attaque – 1005 (97%, 1/29)
Il était attendu que Minnesota renforce ENFIN sa ligne offensive et le choix était porté sur le meilleur Centre de la draft, Garrett Bradbury.
Vous avez probablement entendu que la ligne offensive des Vikings était en général plus à l’aise pour ouvrir les brèches à Dalvin Cook que pour protéger Kirk Cousins ; c’est exactement la description qui sied à la première saison de Bradbury au coeur de l’unité.
Immédiatement titularisé et étant le joueur offensif le plus utilisé (bon point), l’ex-Wolfpack est très agile sur ses jambes, ce qui en fait l’élément idéal pour le zone run de Minnesota, mais il a encore du mal à faire la transition entre snap et protection à la passe. Il a connu un début difficile avant de se reprendre, mais reste encore fragile contre les meilleurs Defensive Tackles. S’il peut gagner de l’expérience, il devrait néanmoins confirmer que c’était la bonne décision de le drafter au premier tour.
Sans faire trop de bruit, la draft de Minnesota a été mise à contribution, et les retours ont été positifs du côté de l’attaque : le 2e tour Tigt End Irv Smith Jr., le 3e tour coureur Alexander Mattison et le 7e tour receveur Olabisi Johnson ont connu leurs moments et promettent d’être de beaux renforts offensifs, totalisant 178 touches, 1155 yards et 6 TDs à eux trois ; Johnson a été une belle surprise quand Adam Thielen s’est blessé, et Mattison a été un lieutenant très intéressant de Cook.
19. TENNESSEE : Jeffery Simmons, DT, Mississippi State
Matchs joués : 9
Snaps : Équipe – 371 (34/71) ; Défense – 318 (28.3%, 16/33)
Défense : 32 plaquages, 18 solo, 2.5 run stuffs
Pass-Rush : 4 pressions, 2 sacks
Couverture : 1 PD
Pour leur draft « à la maison », Tennessee ajoutait une force supplémentaire sur la ligne défensive avec le Defensive Tackle Jeffery Simmons.
L’année du Bulldog est allée de « il ne va pas jouer avec cette rupture d’ACL en février » à « hey, il va peut-être jouer quelques snaps » à « holy patate il va revenir dès fin octobre » à « non seulement il est revenu mais il fait une saison très encourageante dans un temps de jeu limité ». Comparez sa production avec le nombre de snaps, et vous avez un bon rapport qualité/prix : Simmons est puissant, difficile à arrêter que ce soit contre la course et contre la passe, et il est venu avantageusement aidé la paire Jurrell Casey – Da’Quan Jones. Il a sa petite part dans la saison formidable des Titans, et quand il aura une intersaison en bonne santé dans la besace, les Offensive Linemen ont du souci à se faire.
Mais même lui ne peut rien faire contre la saison stratosphérique du 2e tour receveur A.J. Brown qui est au jeu aérien ce que Derrick Henry est au jeu terrestre : un tank difficile à arrêter.
Ce n’est pas un hasard si plusieurs personnes ont comparé Brown à Anquan Boldin : c’est le même, mais en plus rapide. Brown a littéralement explosé dans l’attaque de Tennessee, apportant ce que l’équipe avait tant de mal à trouver ces derniers temps : un playmaker. Il mène les Titans avec 52 réceptions pour 1051 yards (soit 20.2 yards par réception – 3e NFL), 463 yards après réception, 8 TDs, 15 big plays, seulement 2 drops et 39 first downs. C’est clairement lui qui a le plus bénéficié du changement de Quarterback, Ryan Tannehill étant plus enclin à lâcher le bras ; cependant, n’oubliez pas les yards après réception : Brown a su utiliser son gabarit et sa rapidité pour avaler le terrain ballon en main.
20. DENVER : Noah Fant, TE, Iowa
Matchs joués : 16
Snaps : Équipe – 703 (15/65) ; Attaque – 703 (68.7%, 7/28)
Course : 3 courses, -12 yards (-4.0)
Réception : 40 réceptions, 562 yards (14.1), 3 TDs
Catch Rate : 60.6%, 5 drops
Fumbles : 1 commis, 1 perdu
L’autre Tight End d’Iowa, Noah Fant, était choisi par Denver pour offrir une cible de choix à Joe Flacco.
Fant a terminé l’année comme le meilleur rookie Tight End en réceptions et yards, mais pour autant sa saison a été inconstante : il a eu des matchs assez affreux avec des drops, mais il a toujours su rebondir et il a notamment terminé sur une bonne série. Cela tend à prouver qu’il a commencé à comprendre certaines choses et à trouver sa place ; il est le prototype du Tight End receveur qui peut faire de gros dégâts dans les couvertures adverses. Il doit encore affiner ses routes, mais s’il veut être un Tight End multi-usage il doit surtout améliorer ses blocks ; ce n’est pas du tout sa spécialité car il manque de force et cela le rend unidimensionnel pour l’instant.
L’équipe a lancé l’opération jeunisme dans l’attaque, et pour l’instant c’est le 2e tour Tackle Dalton Risner qui a eu le meilleur rapport qualité/prix : replacé en Guard, il a été intéressant pour une première année. Son suivant sur la liste de la draft, le 2e tour Quarterback Drew Lock, a joué en fin de saison et, si on excepte les conditions dantesques à Kansas City, a commencé à démontrer des qualités qui pourraient faire de lui – ENFIN – le Quarterback du futur à Denver.
21. GREEN BAY : Darnell Savage Jr., S, Maryland
Matchs joués : 14
Snaps : Équipe – 971 (10/60) ; Défense – 871 (82.9%, 7/25)
Défense : 55 plaquages, 42 solo, 1.5 run stuffs, 2 FF
Pass-Rush : 1 pression
Couverture : 5 PDs, 2 INTs
Green Bay remontait dans le premier tour pour aller chercher un titulaire en Safety, Darnell Savage Jr.
Et ils ont eu leur titulaire : Savage a énormément joué et il a dû défendre contre la course ainsi qu’en couverture. Rentrant dans le moule voulu par Mike Pettine d’une défense athlétique et agressive, Savage a surtout été efficace pour ce qui est de la défense aérienne ; cela ne l’a pas empêché d’avoir quelques trous d’air, ce qui est normal pour un rookie, mais il a progressé. Il est cependant moins à l’aise contre la course, ayant été coupable de quelques plaquages ratés, une chose qu’il devra améliorer. Mais pour le reste, si le choix était surprenant au premier abord, il semble avoir été validé par une saison solide qui en appelle d’autres.
Le grand débat est ouvert de savoir s’il doit partager le titre de meilleur rookie avec la belle surprise de 2019 ou la lui laisser ; toujours est-il que le 2e tour Guard Elgton Jenkins a été bluffant dans sa première année.
D’abord alternant avec Lane Taylor, il a été titularisé suite à la blessure de ce dernier à l’opposé de Billy Turner, et autant dire qu’il ne lâchera très probablement plus sa place sauf sur pépin physique : il a joué 89.4% des snaps offensifs. Jenkins s’est de suite bien senti dans le schéma de zone de la ligne offensive avec des blocks solides, et il a été un vrai roc en protection, n’autorisant aucun sack. Il y a encore quelques scories à corriger, mais cela devrait s’effacer avec l’expérience alors qu’il promet d’être un excellent élément de l’unité pour les années à venir. Green Bay a surpris avec ses trois premiers choix de draft, mais les deux derniers sont pour l’instant une réussite.
22. PHILADELPHIA : Andre Dillard, OT, Washington State
Matchs joués : 16
Snaps : Équipe – 408 (32/73) ; Attaque – 346 (29.2%, 16/32)
Avec Jason Peters qui ne rajeunit pas et qui lutte contre les blessures, Philadelphie sélectionnait l’Offensive Tackle Andre Dillard pour le futur de la ligne offensive.
Une saison plutôt compliquée pour le rookie et qui n’a pas été facilitée par le fait que la ligne offensive a connu pas mal de blessures ; de fait, son temps de jeu a été saucissonné et, pour ne rien arranger, il a même dû à un moment faire un intérim en Right Tackle (qui n’a duré qu’une mi-temps, c’est pour dire si cela a été une catastrophe).
Difficile de lui en vouloir pour ce passage, d’autant plus qu’il a quand même montré des qualités qui peuvent faire croire qu’il deviendra le Left Tackle à la place de Jason Peters. Pour l’instant, c’est impossible de tirer de vraies conclusions d’une saison aussi hachée, mais avec l’âge du vétéran devant lui, on devrait être rapidement fixé en 2020.
À l’image de la ligne offensive, les Eagles ont eu besoin de piocher dans leurs réserves en attaque ; cela tombe bien, car un jeunot a décidé de prendre le poste de coureur à bras-le-corps : le 2e tour coureur Miles Sanders.
Il a fallu une demi-saison pour que Sanders se mette vraiment dans le bain ; un mélange d’apprentissage et de temps de jeu réduit. Mais quand Jordan Howard s’est blessé, il a saisi sa chance pour terminer avec des stats vraiment complètes : 229 touches pour 1327 yards, 6 TDs, 13 big plays et 49 first downs ; il a une moyenne de 5.5 yards par occasion (courses + ciblages), étant à la fois une menace au sol (4.6 yards par course) et à la réception (8.4 yards après réception par… réception). Bien plus décisif dans son style de course, il a démontré qu’il pouvait aussi bien porter le cuir au coeur de la défense que prendre les boulevards et faire rater quelques plaquages. Il reste à voir si Philly va garder Howard, mais si c’est le cas, cela va faire un sacré duo.
23. HOUSTON : Tytus Howard, OT, Alabama State
Matchs joués : 8
Snaps : Équipe – 538 (24/68) ; Attaque – 502 (45.8%, 13/27)
Probablement dépossédé de son choix principal par Philly, Houston ne changeait pas son fusil d’épaule en choisissant l’Offensive Tackle Tytus Howard pour protéger Deshaun Watson.
Exactement ce dont les Texans avaient besoin : que leur premier tour censé renforcer leur unité la plus décriée rate le premier match suite à une blessure, puis qu’il se blesse, qu’il tente quand même de continuer, et enfin qu’il soit mis sur IR après une moitié de saison seulement ; ce n’est pas une critique du joueur, mais plutôt de la poisse qui poursuit l’équipe sur la ligne offensive.
Quand il était sur le terrain, il a été aligné comme Left Guard et Right Tackle, ce qui n’est vraiment pas lui rendre service ; mais Howard a eu le temps de montrer à droite des choses intéressantes sur lesquelles il devra bâtir une fois en bonne santé. Comme pour Dillard pris juste avant lui, c’est encore un peu trop court pour une première année.
Il a été accompagné par le 2e tour Tackle Max Scharping qui l’a remplacé en Left Guard avec une progression plutôt encourageante, alors que le 2e tour Cornerback Lonnie Johnson a eu des hauts et des bas, étant une machine à pénalités (10) et faisant même un tour sur le banc. Le plus surprenant a probablement été le 5e tour Defensive End Charles Omenihu dans un temps de jeu réduit avec 9 pressions dont 3 sacks, 2 PDs et 2 FFs, mais tout cela demande confirmation.
24. OAKLAND : Josh Jacobs, RB, Alabama
Matchs joués : 13
Snaps : Équipe – 469 (25/73) ; Attaque – 469 (45.2%, 9/31)
Course : 242 courses, 1150 yards (4.8), 7 TDs
Réception : 20 réceptions, 166 yards (8.3)
Catch Rate : 74.1%, 3 drops
Fumbles : 1 commis, 1 perdu
Le premier « coureur ou receveur écarté » (et le plus tardif de l’histoire de la draft) était le coureur Josh Jacobs à Oakland pour remplacer Marshawn Lynch.
Nul besoin de tourner autour du pot, vous voyez les stats et vous savez déjà qu’il est en course pour le titre d’Offensive Rookie Of The Year. Jacobs a été un vrai bon choix des Raiders pour remettre du poids au poste depuis Latavius Murray (dernier coureur d’Oakland à 1000+ yards en 2015). Jacobs est la figure de proue de cette draft très prometteuse des Silver&Black et devrait porter le cuir pendant un bon bout de temps à Las Vegas, apportant enfin un pendant terrestre à Derek Carr. Il est de très loin le meilleur choix du premier tour au niveau rapport qualité/prix.