Fiche Légende : Gale Sayers

#40 – Running Back

 

 

Présentation

 

GÉNÉRALITÉS
Nom complet Gale Eugene Sayers
Date de Naissance 30 Mai 1943
Lieu de Naissance Wichita, Kansas
Date de Décès
Lieu de Décès
CARRIÈRE
Lycée Central High, Omaha, Nebraska
Université Kansas
Draft 1er tour de 1965 (#4)
Équipes Chicago Bears (1965-1971)
Statistiques 7 saisons
68 matchs – 64 comme titulaire
991 courses / 4956 yards (5.0)
112 réceptions / 1307 yards (11.7)
91 kick returns / 2781 yards (30.6)
27 punt returns / 391 yards (14.5)
1 touchdown / 2 interceptions
56 touchdowns
HONNEURS
Pro-Bowls 4 (1965-1967, 1969)
All-Pro 5 (1965-1969)
Performances notables Record de touchdowns pour un rookie (22)
3 fois leader en yards totaux (1965-1967)
2 fois leader de yards au sol (1966, 1969)
Leader en yards cumulés (1966)
Récompenses 1965 NFL Rookie Of The Year
1969 NFL Comeback Player Of The Year
Membre de l’équipe NFL des années 1960
Membre de l’équipe des 75 ans de la NFL
Numéro #40 retiré chez les Bears
Hall Of Fame Classe de 1977

 

Biographie

 

À croire que son surnom était prédestiné : celui que l’on a rapidement surnommé The Kansas Comet (la comète du Kansas) a eu un passage bien trop court en NFL à cause des blessures. Quand on voit ce que Gale Sayers est parvenu à faire dans un temps réduit, on ne peut que se demander à quelles hauteurs il aurait porté certaines marques s’il avait pu évoluer pendant plus longtemps sur le gridiron. Celui qui a fameusement déclaré qu’il n’avait besoin que de « 18 pouces d’espace » (46 cms) pour disparaître au nez et à la barbe de ses adversaires a été par deux fois fauché en plein élan malgré ses efforts… et une amitié hors-norme.

Gale Sayers naît en mai 1943 à Wichita, dans l’état du Kansas. Il est le cadet des trois fils de Roger, un mécanicien, et Bernice, une femme au foyer. Roger travaille pour Goodyear à Wichita mais doit déménager dans la ville de Speed pour se rapprocher de son père malade, puis à Omaha dans le Nebraska quand ce dernier décède. De manière assez ironique, speed veut dire vitesse en français, et c’est justement une des caractéristiques principales du jeune Gale ; autre coïncidence, son prénom signifie bourrasque en français, et serait en fait la déformation du féminin Gail car sa mère espérait une fille.

En effet, le garçon fait preuve de qualités athlétiques naturelles tout comme ses frères Roger Jr. et Ron : il se dépense dans le sport à l’école et en dehors des heures de classe. Il rejoint le lycée Central de Omaha où il évolue dans les équipes de football et d’athlétisme. Sa capacité d’accélération est déjà fulgurante et lui permet de laisser ses adversaires derrière lui en attaque, d’aller les plaquer en défense, et même de laisser sa trace dans les livres des records : il saute 7m58 en longueur en 1961, la meilleure marque lycéenne de l’année dans le pays et le record de l’état du Nebraska qui tiendra plusieurs décennies.

Avec ses deux récompenses All-State en football, Sayers fait déjà des vagues et il n’est pas étonnant que les Universités tentent de s’arracher le jeune prodige ; il reçoit une centaine d’offres. Son choix est simple : il retourne dans son Kansas natal et rejoint les Jayhawks. Comme il est coutume à l’époque, il ne peut rejoindre l’équipe première lors de son année de freshman et doit attendre d’être un sophomore en 1962, mais il ne perd pas de temps à montrer ses qualités exceptionnelles de coureur, de retourneur… et de passeur occasionnel ; il accumule 1125 yards sur 158 courses, soit une moyenne de 7.1 yards par course, la meilleure de NCAA (il inscrit également 7 touchdowns). Il n’atteindra pas une telle marque l’année suivante mais il s’en approche (6.9 sur 132 courses), et il termine son cursus universitaire avec une belle année senior ; il est élu All-American en 1963 et 1964.

Son nom est parmi les plus courus lors des drafts de 1965, et sans surprise il est sélectionné dans les premiers choix : Chicago le choisit en #4 dans la draft NFL et Kansas City le choisit en #5 dans la draft AFL. Après une discussion avec sa femme, il décide de jouer en NFL chez les Bears du légendaire George Halas ; malheureusement ces derniers sont bien loin de leurs années fastes dans ce qui est la fin de l’ère Halas le Head Coach (qui est déjà revenu par deux fois pour aider l’équipe). Cela n’empêche pas l’entraîneur, l’organisation et les fans de croire que la comète du Kansas doit aider à renverser le sort de l’équipe, et on peut dire que Sayers n’attend pas pour se faire remarquer : dans son premier match de présaison, il retourne un kickoff pour 93 yards, un punt pour 77 yards et il réussit une passe de touchdown de 25 yards.

C’est le prélude d’une saison rookie exceptionnelle où il galope, insaisissable, au milieu et autour de ses adversaires, les rendant fou en étant utilisé dans toutes les situations. Contre Minnesota, il score un touchdown à la course, un à la réception et un sur retour ; un exploit qui attendra 51 ans avant d’être répété par Tyreek Hill. Contre San Francisco dans un match boueux, il gagne 336 yards cumulés et égale un record NFL avec 6 touchdowns (4 au sol, 1 en réception, 1 sur retour) ; il rejoint dans la liste William « Dub » Jones et le futur Hall Of Famer Ernie Nevers.

Ce ne sont que quelques exemples d’une année incroyable : 166 courses pour 867 yards et 14 touchdowns + 29 réceptions pour 507 yards et 6 touchdowns + 16 retours de kickoff pour 238 yards et 1 touchdown + 21 retours de punt pour 660 yards et 1 touchdown ; tout cela sans oublier une passe de touchdown dans le lot. Il mène la ligue avec 2272 yards totaux et 22 touchdowns, cette dernière marque étant un record pour un rookie NFL, et fort logiquement il reçoit une ribambelle de récompenses de la part des observateurs : Rookie Of The Year, Pro-Bowl et All-Pro.

Et pourtant, il n’a pas encore réussi à dominer la ligue dans son exercice favori, la course : il rectifie cela en 1966 en terminant en tête de la NFL avec 1231 yards (à 5.2 de moyenne) ; s’il marque moins (12 touchdowns), il établit néanmoins le record de yards totaux sur une saison avec 2440, tout en remportant un autre double vote Pro-Bowl/All-Pro. En 1967, Halas décide de diminuer un peu sa charge de travail au sol et il partage les snaps entre lui et un autre rookie de 1965, non-drafté celui-ci, Brian Piccolo : ce dernier n’a pas beaucoup joué depuis sa signature mais Sayers et lui développent une amitié renforcée par le fait qu’ils font chambre commune ; c’est une vraie révolution puisque Piccolo est blanc et qu’ils sont les premiers colocataires de races différentes en NFL. Les deux font du bon travail avec Sayers en chef de file, ce qui lui permet d’être à nouveau en tête de la NFL avec 1689 yards totaux (et 12 touchdowns).

L’amitié entre les deux hommes va prendre une autre tournure à partir de 1968 : Sayers est parti pour sa saison au sol la plus productive avec 6.2 yards par course quand arrive le match de Week 9 contre San Francisco. Sur une course à gauche, la tentative de plaquage d’un défenseur lui cause une très grave blessure au genou avec rupture de plusieurs ligaments. Il finit la saison avec 856 yards au sol et 1463 totaux, mais désormais c’est la suite de sa carrière qui est en jeu : comment peut-il se remettre d’une telle blessure sans impacter la nature même de son art de l’esquive ? Piccolo le remplace pour la fin de la saison et, en parallèle, il sert de « coach de rééducation » pour Sayers qui, malgré son année inachevée, décroche quand même un vote All-Pro.

Les doutes sont nombreux quand la comète revient sur le gridiron en 1969, et il semble au début que les craintes soient justifiées : le #40 n’a plus du tout le même style, ayant perdu sa vitesse et son accélération, et sa charge de travail est allégée ; néanmoins, il retrouve des sensations et peut compter sur l’autre coureur titulaire qui n’est autre que Piccolo. Sayers se hisse de nouveau en tête de la NFL au sol avec 236 courses et 1032 yards ; au total, il gagne 1487 yards et score 8 touchdowns.

Cette renaissance quasi-miraculeuse vu l’époque et sa blessure lui valent le titre de Comeback Player Of The Year et un nouveau double vote, mais elle s’accompagne d’une tragédie : suite à des problèmes respiratoires subis par Piccolo, on découvre chez lui un carcinome embryonnaire (probablement héréditaire) ; un cancer des testicules qui a migré dans les voies respiratoires. Malgré plusieurs opérations, sa santé décline et le cancer se propage ; il décède en juin 1970 à l’âge de 26 ans, une disparition qui marque son ami qui a été à ses côtés jusqu’au bout. Leur relation sera d’ailleurs le sujet d’un film, Brian’s Song (1971) basé sur l’autobiographie de Sayers sortie peu avant.

Le coureur revient sur le terrain en 1970, mais il va s’avérer rapidement que cela ne devait pas se faire : il subit une blessure à l’autre genou, tente de démarrer la saison mais n’est titulaire que pour deux matchs où il démontre clairement ne pas pouvoir continuer. Il se fait opérer et tente un retour en 1971, mais une rapide blessure à la cheville met fin à sa saison. Il essaie une dernière fois sa chance en présaison 1972, mais il se rend vite compte qu’il est au bout du chemin. Il annonce sa retraite quelques jours plus tard, terminant sa carrière avec de nombreux records des Bears et quelques records NFL ; celui de 22 touchdowns pour un rookie est toujours d’actualité (si on excepte les Quarterbacks bien entendu). Pour toujours se posera la question de ses stats finales s’il n’avait pas connu autant de blessures : il a été élu All-Pro dans chacune de ses saisons complètes et n’a raté le Pro-Bowl qu’une fois.

Une fois sa carrière sportive terminée, il ne reste pas inactif : cela faisait déjà quelques années qu’il avait prévu sa reconversion, prenant des cours pour devenir agent de change. Mais il ne reste pas longtemps loin du football, servant d’analyste à CBS. De plus, dès 1973, il retourne à l’Université de Kansas où il travaille dans le Département des Sports. Il devient ensuite directeur athlétique à l’Université de Southern Illinois de 1976 à 1981, puis il se lance dans le business : en 1984, il fonde une entreprise de fourniture informatique qui se transforme en entreprise de consulting technologique nommée Sayers 40 Inc. En parallèle, il mène des actions caritatives, notamment tournées vers les enfants dans l’Illinois.

Gale Sayers a eu une carrière NFL courte mais qui a laissé une empreinte indélébile : pour preuve, il est le plus jeune intronisé au Hall Of Fame en 1977 à 34 ans, et il est le seul membre de l’équipe des 75 ans de la NFL à être présent à DEUX postes différents (coureur et retourneur).