Fiche Légende : Bart Starr
#15 – Quarterback
Présentation
GÉNÉRALITÉS | |
Nom complet | Bryan Bartlett « Bart » Starr |
Date de Naissance | 9 Janvier 1934 |
Lieu de Naissance | Montgomery, Alabama |
Date de Décès | 26 Mai 2019 |
Lieu de Décès | Birmingham, Alabama |
CARRIÈRE | |
Lycée | Sidney Lanier, Montgomery, Alabama |
Université | Alabama |
Draft | 17e tour de 1956 (#200) |
Équipes | Joueur : Green Bay Packers (1956-1971) Coach : Green Bay Packers (1972, QB) Green Bay Packers (1975-1983, HC) |
Statistiques | 16 saisons 196 matchs – 157 comme titulaire 57.4% de complétion 24718 yards 152 touchdowns / 138 interceptions 80.5 QB rating Bilan comme Head Coach : 52-76-3 (0.408) |
HONNEURS | |
Pro-Bowls | 4 (1960-1962, 1966) |
All-Pro | 4 (1961, 1962, 1964, 1966) |
Performances notables | Record de taux de victoires en playoffs (0.900) Record de QB Rating en playoffs (104.8) Record de taux de complétion à sa retraite (57.4%) 4 fois leader en taux de complétion (1962, 1966, 1968, 1969) 4 fois leader en QB Rating (1964, 1966, 1968, 1969) |
Récompenses | 1966 MVP 5 titres de champion (1961, 1962, 1965-1967) 2 bagues de champion (1966, 1967) 2 fois Super Bowl MVP (1966, 1967) Membre de l’équipe NFL des années 1960 Membre du Hall Of Fame des Packers Numéro #15 retiré chez les Packers |
Hall Of Fame | Classe de 1977 |
Biographie
Parler de Bart Starr le Hall Of Famer n’est pas suffisant, car il était également un Hall Of Famer en dehors du terrain. Le premier relais de Vince Lombardi sur le terrain et le leader des légendaires Packers des années 1960 n’était pas seulement un joueur exceptionnel, mais un être humain encore plus remarquable qui avait le don d’illuminer la vie de ceux qu’il rencontrait. Il suffit de voir les réactions suite à sa disparition : les gens n’ont pas seulement célébrer le joueur, mais surtout l’homme ; ce n’est pas pour rien que la NFL remet, tous les ans, le Bart Starr Award récompensant le joueur alliant leadership, talent et sportivité sur et en dehors du terrain. Et pourtant, nous parlons ici d’un joueur qui n’a démarré comme titulaire ni au lycée, ni à l’université… ni en NFL.
Bryan Bartlett Starr naît en janvier 1934 à Montgomery, dans l’état d’Alabama. Il est le fils de Benjamin et Lula Starr, et il a souvent déménagé quand il était petit, suivant les différents postes de son père aux origines Cherokee ; Ben sert notamment dans la Garde Nationale, puis son unité est appelée au service pendant la Seconde Guerre Mondiale. À son retour, la famille retourne à Montgomery et peut enfin s’installer de manière durable. Bryan – surnommé rapidement « Bart » – est l’aîné de deux enfants ; son caractère calme, effacé et studieux tranche avec celui de son jeune frère de deux ans, Hilton – surnommé rapidement « Bubba » – qui est bien plus sûr de lui, extraverti et doué athlétiquement. Cela convient mieux à la personnalité d’un Benjamin sévère mais aimant ; il voudrait que son premier fils soit un peu plus confiant comme son cadet. Même si cela n’aura pas d’effet avant quelques temps, cela forge une volonté de fer chez Bart.
Malheureusement, une tragédie ne va pas aider à rapprocher le père et son fils : Hilton se blesse au pied avec un os de chien alors qu’il joue à cache-cache pieds nus dehors avec son frère et des amis. Trois jours plus tard, il décède du tétanos, dévastant la famille, et le schisme qui existe entre Bart et son père ne fait que grandir : Benjamin se sentait bien plus proche de son deuxième fils et avait délaissé son aîné qui lui en a toujours voulu. Alors que Bart attend un geste d’attention de son père, ce dernier préfère répercuter ses aspirations sportives sur lui et l’entraîne sans relâche ; cela se voit notamment au lycée de Sidney Lanier, quand le père lance un ultimatum à son fils qui a tenté sa chance dans l’équipe de football mais qui a été rejeté : soit il y retourne, soit il passe son temps à s’occuper du jardin familial.
Cela a eu lieu dans la deuxième année lycéenne de Starr : à l’image du jeune garçon, le début de sa « carrière sportive » semble totalement anodin… néanmoins il cache une grande intelligence, une grande préparation et une grande volonté, de celles qui payent quand votre heure vient. Dans sa troisième année, alors qu’il est toujours remplaçant, le Quarterback titulaire de l’équipe, Don Shannon, subit une fracture de la jambe ; le Head Coach Bill Moseley n’a d’autre choix que d’envoyer Starr sur le terrain. Il mène Lanier vers la victoire contre la redoutable équipe de Tuscaloosa, puis vers une saison sans défaite (9-0-1) ; il commence enfin à démontrer ses capacités et surtout une féroce envie de gagner qui va le suivre partout. Il devient titulaire indiscutable, prend de la taille et du poids, lance la balle avec une précision redoutable et permet à Lanier de poster un bilan de 9-1 en 1951 ; il est nommé All-American.
Logiquement, il reçoit plusieurs offres universitaires, et il semble que celle de Kentucky tienne la corde : Moseley a joué pour le légendaire Head Coach Paul « Bear » Bryant, et Starr a impressionné lors d’une victoire contre un lycée de Louisville. Mais un événement va chambouler cela : le Quarterback a déjà rencontré sa future femme, Cherry, qui va rejoindre l’Université d’Auburn ; afin de ne pas être trop loin d’elle, il décide de rejoindre Alabama et de rester dans l’état (accessoirement, cela permet à la famille de Bart de le voir jouer aussi).
Encore une fois, il doit faire ses preuves : bien que la Southeastern Conference (SEC) ne force pas les élèves de première année à attendre pour jouer dans les équipes premières comme d’autres le font à l’époque, Starr est encore remplaçant. Néanmoins, il joue suffisamment pour prouver sa valeur : dès sa deuxième année, le Head Coach Harold « Red » Drew l’installe comme titulaire aux postes de Quarterback, Safety et Punter, tel un mini-Sammy Baugh ; le jeune homme mène le Crimson Tide au Cotton Bowl et poste la deuxième meilleure moyenne de punt dans le pays (41.6 yards) derrière un certain Edmund « Zeke » Bratkowski de Georgia.
Mais il est écrit que rien ne sera facile pour lui, le poussant au secret par deux fois : nous sommes dans une époque où deux traditions perdurent – pas de mariages pendant les études, et des bizutages particulièrement brutaux. Le premier secret est le mariage de Cherry et de Bart : ils parviennent à s’échapper et à s’unir ; non seulement les Universités ont tendance à réduire voire supprimer les bourses sportives pour les étudiants qui se marient – Starr en a absolument besoin – mais en plus elle est à Auburn et lui à Alabama, deux rivaux qui se détestent.
Autre secret qui sera gardé bien plus longtemps : avant sa troisième année, Starr subit un bizutage d’entrée au A-Club (un club secret d’étudiants) particulièrement brutal à grands coups de palette ; il termine à l’hôpital avec un dos en morceaux et doit déclarer forfait pour la saison – il en gardera des séquelles toute sa vie, le rendant notamment inapte au service militaire. Il rejoue sa dernière année, suffisamment pour que le Head Coach de l’équipe de basket d’Alabama, Johnny Dee, glisse un mot à son bon ami Jack Vainisi, le directeur du personnel des Green Bay Packers, avant la draft NFL de 1956.
Mais cela ne suffit pas pour en faire un énorme pari sur l’avenir, car la NFL pense que Starr n’a pas les qualités pour réussir dans la grande ligue ; et pendant un temps, les Packers sont du même avis. Ils le sélectionnent en 200e position et l’installent sur le banc derrière Tobin Rote, mais il est clair au vu des premières années que l’équipe ne croit pas en lui, considéré comme trop frêle et avec un bras trop limité ; encore une fois, les seules choses que Starr a pour lui, c’est son intelligence, sa préparation et sa volonté de ne jamais lâcher. C’est alors qu’un homme va infléchir le Destin du joueur : Vince Lombardi prend les rênes de Head Coach en 1959 et, quand il étudie les films, il voit que Starr a toutes les qualités pour devenir son Quarterback ; que ce soit athlétiquement ou mentalement – rappelons qu’à l’époque, les Quarterbacks appellent eux-mêmes les tactiques dans le huddle.
Avec son nouvel entraîneur, Starr retrouve les mêmes sensations qu’avec son père, mais avec peut-être plus de respect ; encore qu’il doive le demander : ils ont une fameuse prise de bec en 1960 quand Lombardi le critique ouvertement devant tout le monde, ce que le #15 refuse car cela mine son leadership sur le groupe. Le schéma offensif strict et discipliné mis en place convient parfaitement à Starr qui devient un leader incontesté sur et en dehors du terrain : il mène le retournement spectaculaire de Green Bay qui passe d’un bilan de 1-10-1 en 1958 à la finale NFL de 1960 contre les Eagles. Elle est perdue 17-13 dans les dernières secondes, mais ce sera la SEULE défaite en playoffs de la carrière de Bart Starr… et l’étincelle qui va allumer le feu de la grande dynastie des années 1960.
Son vote Pro-Bowl est suivi par deux autres en 1961 et 1962 ; chaque année, le #15 prouve sa maîtrise de l’attaque de Lombardi et délivre des passes précises : il mène la ligue avec 62.5% de complétion en 1962. Mais, plus important, il gagne, toujours et encore, et surtout en playoffs : les Packers remportent les deux titres NFL face aux New York Giants. Si l’équipe connaît moins de succès en 1963 et 1964, Starr est la constante qui lui maintient la tête hors de l’eau : il lance 30 touchdowns pour 14 interceptions en tout, menant la ligue avec un QB Rating de 97.1 en 1964. Ce travail finit par payer en 1965 quand les Packers reviennent sur le devant de la scène, remportant le titre contre Cleveland.
Starr arrive alors au sommet de sa carrière : il a 32 ans en 1966, remporte le titre de MVP et reçoit un double vote Pro-Bowl/All-Pro ; il mène Green Bay à un deuxième titre consécutif (contre Dallas) dans une saison qui le voit réussir 62.2% de complétion (top NFL), 14 touchdowns et 3 interceptions pour un QB Rating de 105.0 (top NFL aussi). Par la suite, il remporte le premier Super Bowl de l’histoire contre Kansas City et reçoit le premier MVP de la grande finale.
Néanmoins, c’est bel et bien en 1967 qu’il va rentrer dans l’inconscient collectif et cimenter sa place parmi les légendes en une action : au bout d’une saison pourtant très compliquée où il a souvent été blessé et a lancé 17 interceptions, il retrouve la finale NFL et les Dallas Cowboys dans le mythique Ice Bowl joué par une température sibérienne. Alors que Green Bay est mené 17-14 et se trouve à un yard de l’en-but adverse avec quelques secondes à jouer, il refuse de botter un Field Goal égalisateur et joue la gagne en disant à Lombardi qu’il va garder le cuir et marquer lui-même ; le Head Coach accepte. Starr réalise la prophétie et marque lui-même dans un des moments les plus iconiques de l’histoire de la ligue qui permet aux Packers de devenir les premiers (et seuls à ce jour) triple champions consécutifs. Oakland ne pourra pas résister lors du Super Bowl II où Starr remporte son deuxième titre de MVP de la finale.
Le départ de Lombardi le fait fortement considérer la retraite, mais il n’a pas vraiment de remplaçant et reste en place. Il ne ralentit pas, continuant de faire d’excellentes saisons en 1968 et 1969 : il mène la ligue en taux de complétion (63.7% – 62.2%) et QB Rating (104.3 – 89.9) par deux fois ; mais les fortunes de l’équipe sont différentes alors qu’elle retombe vers la médiocrité. Il fait deux dernières années sans saveur avant de prendre sa retraite après la saison 1971 et 16 ans d’une longue et prestigieuse carrière qui a pourtant eu du mal à démarrer ; il possède toujours les records des playoffs du meilleur bilan (9-1) et du meilleur QB Rating (104.3). Détail amusant : pendant une bonne partie de sa carrière, entre 1963 et 1968, son remplaçant n’a été autre que le solide… Zeke Bratkowski.
Dès sa retraite, il reste dans l’équipe et devient coach des Quarterbacks une seule saison ; il remplace Dan Devine quand celui-ci est renvoyé après la saison 1974. Mais Starr le Head Coach n’aura pas le même succès que Starr le Quarterback : les Packers sont définitivement entrés dans une ère glaciaire ; il est renvoyé en 1983 après un bilan global de 52-76-2 et une seule qualification en playoffs lors de la saison écourtée de 1982. Entre temps, il a connu des moments plus joyeux, comme son intronisation au Hall Of Fame en 1977 – en même temps que son Right Tackle Forrest Gregg – ou le retrait de son #15 à Green Bay.
Il se consacre alors à la vente de voitures, tout en continuant de faire le maximum de bien autour de lui : il a fondé le Rawhide Boys Ranch pour aider les jeunes en difficulté, construit des hôpitaux, et continue de dispenser sa bonne humeur et sa classe à tous ceux qu’il rencontre. Mais la tragédie n’est jamais très loin de la famille Starr, et surtout de ses cadets : en 1988, lui aussi perd son deuxième fils, Bret, d’une arythmie cardiaque causée par la cocaïne. Cela pousse Bart, qui était resté à Green Bay, à retourner en Alabama pour être près de son autre fils Bart Jr..
La dernière bataille de Bart Starr, qui en a livré beaucoup et gagné le majeure partie, lui est fatale… mais pas avant qu’il ne déjoue encore les pronostics : il subit plusieurs attaques cérébrales et cardiaques en 2014 et 2015 qui auraient dû l’achever, mais il y survit encore pendant quatre ans. Suffisamment pour célébrer le retrait du #4 de son successeur à Green Bay, Brett Favre, célébrer la réunion de l’équipe de 1967 et devenir un ami d’Aaron Rodgers, perpétuant ainsi la tradition des grands leaders Green & Gold. Combien d’équipes ont pu prendre une photo commémorative de trois Hall Of Famers Quarterbacks en même temps ?
Bart Starr disparaît le 26 mai 2019 à l’âge de 85 ans. Plus qu’un joueur, un homme exceptionnel qui est peut-être le mieux résumé par ceux qui l’ont côtoyé, comme l’ancien directeur financier des Packers, Andrew Brandt :
Je regardais le visage des gens qu’il rencontrait alors qu’il s’éloignait d’eux ; il laissait une traînée de bonheur derrière lui.