Fiche Légende : Ollie Matson

#33 – Running Back

 

 

Présentation

 

GÉNÉRALITÉS
Nom complet Ollie Genoa Matson II
Date de Naissance 1er Mai 1930
Lieu de Naissance Trinity, Texas
Date de Décès 19 Février 2011
Lieu de Décès Los Angeles, Californie
CARRIÈRE
Lycée George Washington, San Francisco, Californie
Université San Francisco
Draft 1e tour de 1952 (#3)
Équipes Chicago Cardinals (1952-1958)
Los Angeles Rams (1959-1962)
Detroit Lions (1963)
Philadelphia Eagles (1964-1966)
Statistiques 14 saisons
171 matchs – 107 comme titulaire
1170 courses / 5173 yards (4.4)
222 réceptions / 3285 yards (14.8)
143 kick returns / 3746 yards (26.2)
65 punt returns / 595 yards (9.2)
73 touchdowns
HONNEURS
Pro-Bowls 6 (1952, 1954-1958)
All-Pro 6 (1952, 1954-1959)
Performances notables Recordman de touchdowns sur retour à sa retraite (6)
2 fois leader en yards totaux (1954, 1956)
Récompenses Membre de l’équipe NFL des années 1950
Membre du Ring Of Honor des Cardinals
Membre du Hall Of Fame des Eagles
Hall Of Fame Classe de 1972

 

Biographie

 

Quand vous êtes cité dans la même phrase que Jim Thorpe et « Bullet » Bob Hayes, il n’y a pas grand-chose à dire d’autre à votre sujet ; le décor est déjà planté. Ce qui relie ces deux talents extraordinaires, c’est d’avoir glané une médaille olympique : Thorpe était un athlète hors du commun qui a remporté le pentathlon et le décathlon à Stockholm en 1912, alors que Bullet a été « l’homme le plus rapide du monde » avec deux médailles d’or en 100 mètres et 4×100 mètres à Tokyo en 1964. S’il n’a pas réussi à monter sur la plus haute marche du podium, Ollie Matson n’a pas à rougir : en plus d’une carrière NFL extraordinaire, il a mis sa vitesse au service des États-Unis avec deux médailles – une d’argent sur 4×400 mètres et une de bronze sur 400 mètres – à Helsinki en 1952.

Ollie Matson naît en mai 1930 à Trinity, dans l’état du Texas. Son père, Oliver, est un garde-frein et sa mère, Gertrude, est enseignante. Alors qu’il est encore tout jeune, ses parents divorcent : Ollie se retrouve avec sa mère et sa soeur jumelle Ocie ; son père, lui, part ensuite pour la Seconde Guerre Mondiale et n’en revient pas. La petite famille déménage à Houston pendant deux ans, le temps pour Matson de commencer à démontrer une redoutable rapidité et une passion pour le football grâce à un oncle qui joue dans une équipe semi-professionnelle. Au lycée pour les afro-américains de Jack Yates, il commence par être placé comme receveur, mais il est resitué comme coureur et fait déjà des ravages dans les défenses adverses.

Gertrude se remarie et la famille déménage à nouveau, cette fois pour San Francisco. Matson intègre le lycée de George Washington, néanmoins tout ne se passe pas idéalement : il subit une fracture de la cheville en 1945, et doit prendre son mal en patience ; son Head Coach, ayant vu sa rapidité, lui conseille de commencer l’athlétisme pour rester en condition. Cela démarre une double carrière brillante de Matson sur le tartan et sur le gridiron : il prend goût aux épreuves de courses, notamment les sprints courts et longs (du 100 mètres au 400 mètres), et établit même un record scolaire en 1948 ; il manque d’un cheveu les qualifications pour les Jeux Olympiques de Londres. Du côté du ballon ovale, il empile les touchdowns au point d’être élu All-City pendant sa dernière année avec 102 points en 7 matchs.

Le talent de Matson est immédiatement repéré, et il est approché par nombre d’Universités (Oregon, Nevada, UCLA, San Francisco) mais il préfère s’inscrire un an au City College de la ville parce qu’il a besoin de passer un cours de langues étrangères avant d’intégrer la faculté ; il en profite pour continuer à courir et à porter le cuir pour une équipe invaincue. Il rejoint ensuite l’Université de San Francisco où se trouvent trois autres futurs Hall Of Famers – le receveur Bob St. Clair (intronisé en 1990), le Defensive End Gino Marchetti (qui ironiquement se trouvera dans la même classe que Matson en 1972), et Pete Rozelle, le futur commissioner de la NFL, qui est le directeur des news sportives.

Ollie évolue comme coureur et Defensive Back chez les Dons. Il prend ses marques et, tout comme l’équipe, atteint son apogée dans la saison 1951 où USF est invaincue (9-0) : il atteint 174 yards par match, 6.39 yards par course et bat des records universitaires, tout en scorant sur retours de kickoff ; il est voté All-American. Mais cela n’évite pas un incident au coeur duquel se trouve Matson et son coéquiper afro-américain Burl Toler : plusieurs Bowls (Orange, Sugar et Gator) hésitent à inviter l’équipe car ils sont situés dans le sud historiquement ségrégationniste. L’Orange finit par se décider à le faire, mais en demandant que Matson et Toler ne participent pas au match ; les Dons refusent tout net. Cet acte de rébellion civique est le sujet du film ’51 Dons et le début de la fin du football à l’Université de San Francisco. Une phrase est restée célèbre pour décrire cette équipe : « Undefeated, Untied and Uninvited«  (aucune défaite, aucun match nul et aucune invitation).

Après cet épisode, deux choses empêchent Matson de concevoir autre chose qu’une carrière dans le football professionnel : son talent immense, et le fait que son Head Coach des Dons, Joe Kuharich, est devenu l’entraîneur des Chicago Cardinals. Il est logiquement choisi par ce dernier en troisième position de la draft NFL, mais avant de se focaliser totalement sur cette passion, il veut terminer sa carrière d’athlète sur un succès : malgré le grand scepticisme de l’entraîneur de l’équipe américaine d’athlétisme, Dink Templeton, il passe les sélections pour les Jeux Olympiques de 1952 et rejoint Helsinki. Sprinteur toujours redoutable, il remporte deux médailles : le bronze sur 400 mètres (derrière George Rhoden et Herb McKenley – deux Jamaïcains) et l’argent sur 4×400 mètres (toujours derrière les Jamaïcains).

À peine revenu de sa campagne olympique, Matson ne s’arrête pas en si bon chemin : cela lui sert d’entraînement pour une saison rookie tonitruante où il partage les honneurs de Rookie Of The Year avec un autre futur Hall Of Famer, Hugh McElhenny, tout en recevant un double vote Pro-Bowl/All-Pro. Kuharich, qui le connaît bien, l’utilise immédiatement de toutes les façons possibles : le « zébulon » accumule 96 courses pour 344 yards et 3 touchdowns + 11 réceptions pour 187 yards et 3 touchdowns + 20 retours de kickoff pour 624 yards et 2 touchdowns + 9 retours de punt pour 86 yards + 2 interceptions + 4 fumbles recouvrés dont un retourné pour un touchdown ; soit une année globale bien remplie à 1326 yards totaux et 9 touchdowns.

Ce début de carrière doit être mis entre parenthèses quand Matson est appelé sous les drapeaux à cause de la guerre de Corée ; cependant, elle en est à ses derniers conflits, et au lieu d’être envoyé au front, le jeune homme est stationné à Fort Ord, en Californie. Cela le force à rater la saison 1953, même s’il continue de jouer au football dans l’équipe de l’armée de terre ; il est d’ailleurs élu comme meilleur joueur inter-armée. Il revient aux Cardinals en 1954 sans ralentir outre mesure : il est encore plus utilisé qu’en 1952 et mène la ligue avec 1666 yards totaux (son record de carrière), scorant 9 touchdowns (4 à la course, 3 à la réception, 1 sur retour de kickoff et 1 sur retour de punt) vers une autre double sélection Pro-Bowl/All-Pro. Sa combinaison de vitesse, agilité et puissance est quasiment impossible à stopper pour les adversaires ; la seule chose qui l’empêche de connaître plus de succès est le niveau général de l’équipe qui a déjà remplacé Kuharich par Joe Stydahar, et qui va le remplacer à la fin de la saison par Ray Richards.

Matson continue d’être un des seuls rayons de soleil des Cards en accumulant les doubles votes Pro-Bowl/All-Pro : il baisse un peu de pied en 1955 (1325 yards totaux et 5 touchdowns) mais rebondit en 1956 (1524 yards totaux et 8 touchdowns). 1957 marque la première saison où il ne score pas sur retour, mais il est plus souvent utilisé comme receveur, ce qui lui permet quand même de totaliser 1236 yards totaux et 9 touchdowns. Ironiquement, la première année où il rate le Pro-Bowl, 1958, est la seule année où il score 10 touchdowns (avec 1467 yards totaux) ; c’est aussi sa dernière saison chez les Cardinals : l’équipe n’a jamais réussi à poster ne serait-ce qu’un bilan équilibré malgré lui, et elle décide de s’en séparer.

Elle cherche un partenaire d’échange, et il y a un General Manager qui connaît le potentiel de Matson ; celui qui l’a vu jouer chez les Dons, Rozelle, qui est désormais chez les Los Angeles Rams. Il décide de faire quelque chose d’inédit à l’époque : il échange Matson contre SEPT joueurs et deux choix de drafts ; l’Offensive Tackle Ken Panfil, le Defensive Tackle Frank Fuller, le Defensive End Glenn Holtzman, le Defensive Tackle Art Hauser, les coureurs Don Brown & Larry Hickman, le receveur John Tracey ainsi que les choix de deuxième et quatrième tour de la draft 1960.

Los Angeles espère que Matson va être la dernière pièce pour gagner un titre, mais à la place elle s’écrase à 2-10 ; ce n’est pas la faute du joueur qui engrange 1421 yards totaux et score 6 touchdowns. Cependant, baladé un peu partout pour tenter de boucher les trous, il connaît une année 1960 bien loin de ses standards habituels avec seulement 484 yards et un petit touchdown. 1961 sera à peine mieux avec 718 yards et 5 touchdowns alors que sa saison 1962 est nulle et non avenue. Il est échangé à Detroit en 1963 pour une maigre saison à 101 yards avant d’aller chez les Philadelphia Eagles ; il joue ses trois dernières saisons NFL en passant progressivement d’attaquant à retourneur. Il accumule 1536 yards totaux et 10 touchdowns sur la période et décide de raccrocher les crampons à la fin de la saison 1966 ; il a alors 36 ans.

Quand il se retire du jeu, Matson a engrangé 12799 yards totaux, la deuxième marque de l’histoire derrière le légendaire Jim Brown ; il possède également le record de touchdowns sur retour de kickoff en carrière avec 6. Ce n’est donc pas une surprise de le voir intronisé dès sa première année d’éligibilité au Hall Of Fame de la NFL, en même temps que Marchetti ; la NCAA suivra quelques années plus tard (1976).

Dès la fin de sa carrière, Matson devient un scout pour Philly jusqu’à 1968, puis il retourne en Californie ; il est notamment le Head Coach de l’équipe de football du lycée de Los Angeles, le coach des coureurs de l’Université de San Diego, et le superviseur des événements au Los Angeles Coliseum. Il prend sa retraite en janvier 1989, mais il montre déjà des signes de problèmes cérébraux : il confond les choses ou les oublie plus que d’ordinaire ; il en vient à se perdre en voiture sur un trajet qu’il connaît par coeur. Lentement, ses facultés cognitives disparaissent, et vers la fin de sa vie il est cloué au lit, sans dire un mot.

Il disparaît le 19 février 2011 à 80 ans de complications suite à la démence qui a marqué la fin de sa vie. Son cerveau, analysé post-mortem, montre des signes de Chronic Traumatic Encephalopathy (CTE), une maladie dégénérative liée aux chocs répétés à la tête (commotions), ce qui n’est pas une surprise pour ses proches. Une fin triste pour un athlète exceptionnel.