Fiche Légende : Ace Parker

#7 – Quarterback

 

 

Présentation

 

GÉNÉRALITÉS
Nom complet Clarence McKay « Ace » Parker
Date de Naissance 17 Mai 1912
Lieu de Naissance Portsmouth, Virginie
Date de Décès 6 Novembre 2013
Lieu de Décès Portsmouth, Virginie
CARRIÈRE
Lycée Woodrow Wilson, Portsmouth
Université Duke
Draft 2e tour de 1937 (#13)
Équipes Brooklyn Dodgers (1937-1941)
Boston Yanks (1945)
New York Yankees (1946)
Statistiques 7 saisons
68 matchs – 49 comme titulaire
46.7% de complétion
4698 yards
30 touchdowns / 50 interceptions
53.1 QB rating
498 courses / 1292 yards (2.6)
8 réceptions / 229 yards (28.6)
5 kick returns / 98 yards (19.6)
24 punt returns / 238 yards (9.9)
7 interceptions
20% de Field Goals / 83.3% de XP
150 punts / 5767 yards (38.4)
20 touchdowns
HONNEURS
Pro-Bowls
All-Pro 2 (1938, 1940)
Performances notables Leader en yards à la passe (1938)
Leader en interception (1940)
Récompenses 1940 MVP
Hall Of Fame Classe de 1972

 

Biographie

 

Issu de la même draft que le légendaire « Slingin' » Sammy Baugh, « Ace » Parker était un peu dans le même moule : un talent dans plusieurs sports, mais une prédominance dans le football où il a été utilisé à tous les postes imaginables comme le prouve la liste de ses statistiques. Néanmoins, il y a des différences entre les deux joueurs : Baugh était d’un niveau supérieur, brillant comme lanceur et punter, mais il n’a jamais vraiment été attiré par le baseball professionnel, se tournant vite vers le gridiron ; Parker était moins impressionnant mais plus polyvalent, et le football n’était pas sa passion première (c’était le baseball). Toujours titillé par le ballon ovale, il a tenté l’aventure du football professionnel « pour voir », et bien lui en a pris : 35 ans plus tard, il a été placé avec les autres immortels de la NFL.

Clarence Parker naît en mai 1912 à Portsmouth, dans l’état de Virginie. Il est l’un des six enfants (deux filles, quatre garçons) de Ernest & Mabel Parker, et ses qualités athlétiques sont rapidement visibles. Il fait partie de cette rare catégorie de personnes qui sont naturellement douées pour les sports, mais il aurait pu passer à travers les mailles du filet : il s’inscrit au lycée de Churchland mais celui-ci annule son programme de football ; désintéressé, Parker quitte l’école et va travailler pour une compagnie ferroviaire. Il est repéré par des entraîneurs du lycée Woodrow Wilson qui veulent le faire venir, lui promettant que sa famille n’aura pas à payer d’amende pour habiter hors de la « carte scolaire » de l’établissement. Il accepte et se distingue dans pas moins de cinq disciplines : le football, le baseball, le basketball, l’athlétisme et le golf. La légende raconte qu’en un seul weekend, il a mené les équipes de baseball et de golf à la victoire tout en remportant le saut en hauteur dans un meeting. Cette capacité innée à concourir dans les épreuves sportives lui permet d’obtenir une distinction (letter) dans toutes ces disciplines, devenant un des rares lycéens à en accumuler cinq différentes.

Il va sans dire qu’un talent pareil est courtisé par les Universités, et Parker arrête son choix sur Virginia Tech ; mais un ancien de Duke le convainc de visiter le campus. Il s’y rend et rencontre le Head Coach de l’équipe de football, Wallace Wade ; quand ce dernier lui demande confirmation que le jeune homme va à Virginia Tech, il lui dit que c’est mieux pour lui car il n’a pas ce qu’il faut pour intégrer l’Université située à Durham et son équipe de football. Parker répond à la provocation en changeant d’avis et en intégrant Duke pour prouver que Wade a tort ; il rejoint les équipes de football, baseball et basketball.

Sans surprise, il continue de briller dans les trois sports : placé comme tailback, il est une vraie menace capable de courir, recevoir et lancer pour les Blue Devils ; il se distingue également sur les équipes spéciales comme Punter et retourneur. Au coeur de la saison 1936 où il est élu All-American, il mène Duke a un bilan de 9-1 et réussit notamment un touchdown de 105 yards sur un retour de kickoff. C’est pendant cette période qu’il gagne son surnom sous la plume du journaliste Bill Cox qui déclare que Parker est « l’as (Ace) dans la manche de Duke qui peut tout faire ».

Parker sort de la faculté et se voit proposer la possibilité de continuer sa passion sportive chez les professionnels. À l’époque, son choix est vite fait : le baseball est toujours largement plus populaire que le football qui vient à peine de mettre en place une finale pour son championnat (1932) et une draft (1936). Ace est drafté au deuxième tour par les Brooklyn Dodgers, mais il n’a aucune envie de faire carrière sur le gridiron ; il rejoint les Philadelphia Athletics de la Major League Baseball pour jouer sous les ordres du légendaire Cornelius « Connie Mack » McGillicuddy. Installé au poste d’arrêt-court (il fera des passages en deuxième et troisième base), il réussit un exploit : il devient le premier membre de l’American League à réussir un homerun sur sa toute première présence à la batte professionnelle et alors qu’il est utilisé comme pinch-hitter (i.e. remplaçant d’un autre batteur).

Malheureusement pour lui, ce n’est pas le début d’une carrière brillante en MLB : à la fin de la saison, il n’exhibe pas des stats exceptionnelles, et il décide de tenter le coup en NFL avec les Dodgers. L’équipe, qui est au fond de la ligue, reçoit un boost avec l’arrivée d’Ace qui fait tout : il lance, il court, il reçoit, il défend, il kicke, il punte et il retourne. C’est surtout visible en 1938, quand il permet aux Dodgers de compiler le premier bilan non-négatif depuis 1930 à 4-4-3 ; le joueur mène la ligue avec 865 yards à la passe, scorant 4 touchdowns et réussissant 5 transformations. Cela lui vaut un vote logique All-Pro pour tous ses efforts. Cette année marque également la fin de sa courte carrière en MLB pour se focaliser uniquement sur le football ; cependant, il continue de jouer au baseball dans une ligne mineure.

Après une saison 1939 où il lance pour 977 yards et score 5 touchdowns, la saison 1940 semble compromise : lors d’un match de baseball, il se fracture la cheville en glissant vers une base. Cependant, Parker compte bien ne pas rater la saison de NFL, portant une large atèle qui lui enserre toute la jambe. Bien lui en prend : l’arrivée du Head Coach John « Jock » Sutherland revigore la franchise qui poste le meilleur bilan de sa courte histoire à 8-3 ; à une marche de la tête de l’East Conference et de la finale NFL derrière les rivaux New York Giants. Ace est le porte-étendard de la franchise avec une saison fantastique malgré un début gêné par sa blessure : il lance pour 817 yards, 10 touchdowns et 7 interceptions (seule fois qu’il aura un ratio positif dans sa carrière NFL), score 4 touchdowns ballon en main, réussit 6 interceptions dont une remontée pour un touchdown en défense, mène la ligue avec 19 transformations réussies sur 22 tentées et enregistre une moyenne de 38.8 yards par punt. Il est élu Most Valuable Player devant son « collègue de draft » Sammy Baugh.

Malgré le talent du joueur et deux victoires dans les confrontations directes en saison régulière, les Dodgers restent toujours derrière les Giants en 1941 et ratent encore la finale NFL. C’est le tournant dans la carrière de l’équipe et de Parker : la Seconde Guerre Mondiale draine la ligue de ses forces vives, et Ace s’enrôle dans l’armée navale ; stationné à la base de Norfolk, il rejoint l’équipe de baseball et en devient le manager. Quand il revient à la vie civile en 1945, les Dodgers sont devenus les Brooklyn Tigers, et le manque de joueurs causé par la guerre les a forcés à fusionner avec les Boston Yanks ; c’est donc une entité floue que Parker rejoint dans un rôle bien loin de celui qu’il tenait avant son départ.

Il suit l’ancien propriétaire des Dodgers, Dan Topping, quand ce dernier décide de rejoindre la toute nouvelle All-America Football Conference (AAFC) avec son équipe des New York Yankees entraînée par le futur Hall Of Famer Head Coach Ray Flaherty. C’est la dernière saison de Parker mais la plus réussie du point de vue collectif : les Yankees remportent le titre de l’AAFC East Division derrière un Ace revenu à son meilleur niveau, passant notamment pour 763 yards et 8 touchdowns. Malheureusement, il est impuissant contre la machine des Cleveland Browns en finale AAFC, et ce malgré un vaillant effort (défaite 14-9).

Ace tire sa révérence à 34 ans après une carrière dont les statistiques sont multiples et démontrent de sa capacité à influer sur le jeu dans les trois phases. Néanmoins, il est toujours un peu dans l’ombre de Baugh, ce qui explique qu’il devra attendre 26 ans avant d’être enfin reconnu par Canton.

En attendant, il retourne à son alma mater, Duke, pour devenir assistant coach dans l’équipe de football. Il n’a toujours pas abandonné sa passion du baseball, étant joueur-manager des Durham Bulls de 1949 à 1952. En 1953, le poste de manager de l’équipe de baseball des Blue Devils lui est proposé et il accepte ; il mène l’équipe jusqu’au College World Series de 1961. Il quitte son poste en 1965 et devient un scout NFL pour les Saint-Louis Cardinals et les San Francisco 49ers jusqu’à sa retraite en 1987. Désormais libéré de toute contrainte, il devient un arpenteur des greens de golf, en particulier celui de son vieil ami et légende Chandler Harper, tout cela alors qu’il dépasse 90 ans.

Parker s’éteint en novembre 2013 à l’âge de 101 ans à la fin d’une longue vie marquée par le sport mais également l’humilité : il n’a jamais gardé aucune distinction, préférant les donner plutôt que de les conserver chez lui.