NFL Team Honors IV : Los Angeles Rams

500-Rams

Les Rams avaient parié gros sur cette saison avec une série de décisions audacieuses afin de construire une équipe capable d’aller gagner le Super Bowl ; il s’en est fallu d’une dernière marche ratée pour que le pari ne soit réussi. Malgré une excellente saison régulière dont l’équipe a été la dernière équipe invaincue, cette première défaite a été lourde de conséquences puisqu’elle a forcé la franchise à laisser la tête de la conférence à New Orleans. Elle a réussi à prendre sa revanche en finale NFC pour accéder à sa quatrième finale ; malheureusement terminée comme la précédente, et contre le même adversaire. Il faut désormais tenter de finir le travail en 2019 avec la cible de champions NFC dans le dos, ce qui est loin d’être évident : seuls les Seahawks l’ont fait (2013 et 2014) au XXIe siècle.

À lire en interférant.

 

LOS ANGELES RAMS
1er NFC West ~ 13-3 / 2-1

 

Les prévisions de Madame Soleil 2018

 

Super Bowl or bust ? Difficile de poser une autre question quand on voyait le bond de l’équipe entre 2016 et 2017, ainsi que les mouvements drastiques opérés lors de l’intersaison… mais on pouvait rappeler, à l’instar des Jaguars, que désormais la cible était sur eux, ce qui n’était pas la même position.

Les mouvements précités avaient donné l’impression que les Rams voulaient accéder de suite à la grande finale – même s’ils y avaient été un peu forcés par leur manque de choix dans les deux premiers tours de la draft : échange pour l’ex-Patriot receveur Brandin Cooks, échange pour les Cornerbacks ex-AFC West Marcus Peters – Aqib Talib et signature de l’ex-Dolphin Defensive Tackle Ndamukong Suh. Certes, l’équipe avait dû céder des joueurs en échange ou faire le ménage dans les positions concernées : les receveurs Tavon Austin – Sammy Watkins et les Cornerbacks Trumaine Johnson – Kayvon Webster étaient partis… mais quand on faisait le bilan, cela ressemblait à une balance positive dans la refonte des secteurs aériens. En attaque, le Quarterback Jared Goff était bien plus à l’aise dans le système de Sean McVay, mais il y avait eu un départ conjoint du Coordinateur Offensif Matt LaFleur et du coach des QBs Greg Olson qui demandait de surveiller son impact ; néanmoins, avec Cooks, Goff avait une menace longue aux côtés de Robert Woods – Cooper Kupp, en espérant plus d’assurance des jeunes Tight Ends Tyler Higbee – Gerald Everett.

En défense, Suh se retrouvait côte à côte avec le nouveau riche Aaron Donald et Michael Brockers, alors que Peters et Talib rejoignaient Lamarcus Joyner et le « témoin protégé au nom passe-partout » John Johnson ; la simple liste suffisait à faire passer le message. La seule question, finalement, c’était de savoir si le Coordinateur Défensif Wade Phillips allait pouvoir gérer ces trois nouveaux caractères particuliers, mais étant donné le pedigree du fils-de-Bum, on pouvait lui faire confiance. Dans le reste de l’actualité (de l’effectif), la ligne offensive revenait au complet, ce qui était logique : maintenant qu’ils en avaient enfin trouvé une qui tienne debout, ils la gardaient ; enfin presque, puisque le Guard Jamon Brown allait commencer l’année suspendu. Cependant, Todd Gurley disait quand même merci car le coureur allait encore pouvoir compter sur Andrew Whitworth, John Sullivan ou Rob Havenstein pour cavaler. De l’autre côté du ballon, le départ du Defensive End Robert Quinn était à surveiller pour son effet sur le pass-rush ; en fait, c’était même tout le corps de Linebackers dans cette 3-4 qui risquait de poser question avec l’échange d’Alec Ogletree : Cory Littleton – Samson Ebukam – Matt Longacre, autant de noms peu connus autour de Mark Barron et qui devaient redresser, notamment, une défense au sol vraiment en peine l’année dernière (l’arrivée de Suh allait aider aussi).

La ligne des Linebackers était (à moins grosse blessure ailleurs), le point qui devait régir les fortunes de l’équipe cette saison – la ligne défensive était monstrueuse, mais elle avait besoin d’aide, que ce soit dans le pass-rush et surtout contre la course (l’arrière-garde avait le talent pour tenir un peu plus même si la pression n’arrivait pas tout de suite). Avec l’attaque et les équipes spéciales quasiment intactes, l’équipe avait les armes pour aller plus loin qu’en 2017, mais dans une NFC toujours aussi accrochée, il fallait aussi un peu de réussite.

 

La saison

 

Wk Loc. Adversaire Rés. Score Bilan Détails
1 @ Oakland W 33-13 1-0
2 vs Arizona (0-1) W 34-0 2-0 d
3 vs LA Chargers (1-1) W 35-23 3-0 wp
4 vs Minnesota (1-1-1) W 38-31 4-0 cwo
5 @ Seattle (2-2) W 33-31 5-0 dwpo/W
6 @ Denver (2-3) W 23-20 6-0 o
7 @ San Francisco (1-5) W 39-10 7-0 d
8 vs Green Bay (3-2-1) W 29-27 8-0 co
9 @ New Orleans (6-1) L 35-45 8-1 cwp
10 vs Seattle (4-4) W 36-31 9-1 dwpo/W
11 vs Kansas City (9-1) W 54-51 10-1 wpo
12 BYE
13 @ Detroit (4-7) W 30-16 11-1 c
14 @ Chicago (8-4) L 6-15 11-2 cwp
15 vs Philadelphia (6-7) L 23-30 11-3 cwpo
16 @ Arizona (3-11) W 31-9 12-3 d
17 vs San Francisco (4-11) W 48-32 13-3 d
PLAYOFFS
WC BYE
DR vs #4 Dallas (10-6) W 30-22
CC @ #1 New Orleans (13-3) W 26-23 (OT)
SB vs #2 New England (11-5) L 3-13

 

Le bilan de saison régulière

 

  • Global : 13-3.
    • Par demi-saison : 8-0, 5-3.
    • Par quart de saison : 4-0, 4-0, 3-1, 2-2.
    • À domicile : 7-1.
    • À l’extérieur : 6-2.
    • Dans la division (d) : 6-0.
    • Dans la conférence (d+c) : 9-3.
    • Contre les équipes ayant terminé avec un bilan positif (w) : 5-3.
    • Contre les équipes qualifiées en playoffs (p) : 4-3.
    • Dans les matchs à une possession d’écart (o) : 6-1.
    • En dernier quart-temps (W-L-TT-TL) : 2-0-0-0.
    • En prolongation : 0-0.
  • Calendrier projeté (avec les bilans de 2017) : 134-122 (0.523, 5e).
  • Calendrier réel (avec les bilans de 2018) : 122-132-2 (0.480, 26e).
    • Écart entre les deux : -0.043 (29e).

Les Rams se sont fait un peu plus respecter à domicile (7-1 vs. 4-4), dans la division (6-0 vs. 4-2) et dans la première moitié de saison (8-0 vs. 6-2) que l’année dernière. Leur bilan contre les équipes ayant terminé en positif est le même qu’en 2017, et celui contre les équipes qualifiées en playoffs est un peu meilleur (4-3 vs. 3-2), mais c’est surtout dans les matchs à une possession qu’ils se sont améliorés (6-1 vs. 4-3) ; et pourtant, on ne peut pas dire que les derniers quarts-temps aient été particulièrement palpitants avec seulement deux matchs qui s’y sont décidés (deux victoires). La division ayant un peu perdu en qualité, si on ajoute les baisses de tension de Minnesota, Detroit et Philly, ce n’est pas une surprise que le calendrier ait été plus « facile » que prévu (il y a quand même eu quatre équipes à 0.750 ou plus – Chicago, les Chargers, Kansas City et New Orleans).

 

La réalité

 

L’effet GOB2018 : les Rams étaient top NFL 2017 avec 29.9 points marqués, ils sont 2e avec 32.9 en 2018 ; l’équipe a notamment scoré +9 TDs à 60 (2e), dont +10 de l’attaque qui a reçu par ailleurs un peu plus d’aide de la défense (+1 TD en plus de 2 safeties) mais pas autant des équipes spéciales (-2 TDs). La répartition des points (et TDs) est assez équitable avec une légère préférence pour le deuxième quart-temps ; on note une moins bonne efficacité sur premier drive (-20 points à 40 – 8e) mais la capitalisation sur les ballons volés reste la meilleure de la ligue avec 99 points (top NFL) dont 12 TDs (top NFL) sur 30 turnovers adverses (3e) ; ces derniers ont permis un bon turnover differential de +11 (4e).

Bien entendu, tout cela est venu avec une avancée régulière sur le terrain : 421.1 yards par match (2e), 6.4 yards par action (2e), 25.1 first downs (top NFL), 83 big plays (2e), 82 voyages en redzone (top NFL), 45% de 3e tentatives converties (5e) et 10.9% des drives terminant en 3&out (top NFL) ; si on doit critiquer quelque chose, c’est que seulement 57.5% des voyages en redzone ont terminé en TD (18e). Pour la deuxième année de suite, aucune autre attaque n’a plus souvent démarré dans le terrain adverse que les Rams avec 33 drives, ce qui donne une excellente position moyenne de départ des drives sur leurs 30.48 yards (3e), et pourtant les ballons volés ont été stables et les équipes spéciales moins fortes.

Du côté défensif, on a aussi senti l’effet du phénomène offensif qui a englobé la ligue : +3.4 points encaissés à 24.0 (20e) et +6 TDs à 44 (18e). Contrairement aux points marqués, la répartition est un peu plus marquée, à tel point que l’équipe a été une des pires défensivement en troisième quart-temps avec 6.6 points en moyenne (30e) et 13 TDs (pire marque NFL) ; mais comme elle a été une des meilleures en dernier quart-temps, le résultat est plus équilibré d’une mi-temps sur l’autre. Cette chute de solidité se voit dans les +32 points encaissés suite aux ballons perdus à 58 (21e) alors que ces derniers ont en fait diminué (-2 à 19 – 11e) et les +25 points encaissés sur premier drive adverse à 34 (14e) ; c’était un des gros points forts des Rams 2017.

Au vu des conséquences, vous vous doutez des causes : 358.6 yards par match (19e), 6.0 yards par action (28e), 20.1 first downs (17e), 76 big plays (29e) dont 15 homeruns (29e) ou 54 voyages adverses en redzone (18e) ; au moins le taux de 3e tentatives autorisées à 37.2% (12e) et le taux de TD en redzone à 57.7% (14e) se sont légèrement améliorés. Elle a également démarré bien plus souvent dans son propre terrain (+10 drives à 23 – 23e) et elle continue d’avoir des soucis pour renvoyer l’attaque adverse directement sur la touche avec 17.6% de drives adverses terminant en 3&out (28e). De fait, malgré le boost offensif et le meilleur bilan, la défense et les équipes spéciales n’ont pas forcément suivi, ce qui donne une équipe qui a un temps de possession moyen resté stable (30:42 – 11e), mais qui a passé en moyenne moins de temps devant au score (-4:20 à 32:18 – 5e). Ces 4:20 de différences ont été « reversées » surtout dans le temps moyen passé à égalité (3:07) et la marque reste excellente, donc il n’y a pas de quoi paniquer, mais c’est intéressant à noter.

Voici les récompenses de la saison :

Tiens, regardez qui reprend sa place sur le trône. Voici Aaron Donald en 2018, et la distance qui le sépare du deuxième Ram : 30 plaquages à perte (top NFL) à +21, 9.5 run stuffs à +4.5, 60.5 pressions (top NFL) à +38.5, 20.5 sacks (top NFL) à +16 ; et on vous rajoute 1 passe déviée, 4 fumbles forcés et 2 fumbles récupérés car il faut savoir vivre.

http://www3.pictures.zimbio.com/gi/Aaron+Donald+Los+Angeles+Rams+vs+Seattle+Seahawks+cFJVANQavral.jpgIl est le 12e joueur à atteindre 20+ sacks sur une saison après Michael Strahan, Jared Allen, Mark Gastineau, Justin Houston, Chris Doleman, Reggie White, Lawrence Taylor, J.J. Watt (deux fois !), Derrick Thomas et DeMarcus Ware officiellement ; la stat ne remonte qu’en 1982 sinon Deacon Jones, Coy Bacon et Bubba Baker seraient dans la liste. NFL Defensive Player Of The Year pour la deuxième fois, Pro-Bowler pour la cinquième fois, All-Pro pour la quatrième fois, Hall Of Famer pour le futur, monstre pour toujours. Il est tout simplement impossible de ne pas lui donner le titre de Most Valuable Player, surtout quand on se rend compte des totaux du pass-rush : 140 pressions (11e) dont 41 sacks (15e) ; il a la moitié des sacks de son équipe.

Il vient de réussir la plus belle saison d’une carrière plus longue qu’on ne le pense mais qui n’a jamais eu beaucoup de reflet : c’est parfois ce qui arrive à un receveur qui est drafté à Buffalo avec leurs problèmes de Quarterback (pour donner une idée, Highlander himselfRyan Fitzpatrick – est le dernier Quarterback des Bills à avoir démarré une saison complète en 2012).

Du coup, on disait de Robert Woods que c’était un joueur sympatoche, mais qui ne faisait pas lever les foules. Jamais au-dessus de 700 yards, jamais plus de 5 TDs en une saison dans l’état de New York, tout en essayant de se dépatouiller avec des passes lancées par E.J. Manuel, Thad Lewis, Jeff Tuel, Kyler Orton et Tyrod Taylor. Et puis le voilà qui est échangé à L.A. en 2017, et il remercie son étoile : il fait une première saison plutôt surprenante, mais rien à voir avec 2018 où il devient la cible préférée de son Quarterback avec 130 ciblages pour 86 réceptions, 1219 yards (14.2), 6 TDs, 20 big plays (8e NFL), seulement 2 drops (!), 66 first downs (8e) et 4 DPIs forcées (8e). Il n’est toujours pas une machine à TDs, mais c’est parce que le système offensif permet de distribuer le cuir à toute une flopée de cibles ; d’ailleurs, cela fait DOUZE (12) ans que les Rams n’ont pas eu un receveur à 10+ TDs sur une saison, depuis Torry Holt en 2001 (même si c’était surtout un problème de qualité dans le jeu aérien avant l’année dernière).

Et le bonhomme ne s’est pas arrêté là puisqu’il a également porté 19 ballons pour 157 yards et 1 TD, lui donnant une saison finale à 105 touches pour 1376 yards et 7 TDs ainsi que 21 big plays et 75 first downs. L’échange pour Woods l’année dernière prend encore plus de sens avec cette magnifique année où il a été le meilleur attrapeur de ballons de la franchise californienne, ce qui a été bien utile avec la blessure d’un autre (nous en reparlerons).

Le coureur Todd Gurley a encore fait une saison magique, et ce même s’il a subi une blessure qui l’a privé des deux derniers matchs de la saison ; en fait, le plus dommageable dans sa saison, c’est surtout qu’il a totalement disparu en finale NFC et au Super Bowl, et on attend de ce genre de joueurs que, justement, il porte son équipe dans les moments importants.

http://www2.pictures.zimbio.com/gi/Todd+Gurley+Los+Angeles+Rams+vs+Denver+Broncos+gV-K4q0X8KMl.jpgSi on revient sur la saison régulière, bien entendu, ses stats sont vertigineuses encore une fois : 256 courses (4e NFL) pour 1251 yards (3e), 17 TDs (top NFL), 11 big plays (2e), 70 first downs (2e) et 6 matchs à 100+ yards (3e) + 59 réceptions pour 580 yards, 4 TDs, 5 big plays et 26 first downs. En résumé, il a 315 touches (4e) soit 38.1% de l’attaque (6e), 1831 yards (4e) soit 26.3% de l’attaque (6e), 21 TDs (top NFL) soit 38.2% de l’attaque (4e), 96 first downs (top NFL) ainsi que des moyennes de 130.8 yards par match (3e) et 5.4 yards par occasion (9e). Il doit vraiment faire attention à ses mains avec 7 drops, mais à part cela il est toujours une des armes offensives les plus puissantes de la ligue, et il a été le fer de lance d’un jeu au sol sur lequel nous reviendrons un peu plus loin.

http://www1.pictures.zimbio.com/gi/John+Johnson+Los+Angeles+Rams+vs+Denver+Broncos+ESoRHNIcxxxl.jpgSi le témoin protégé John Johnson veut vraiment passer inaperçu, il devrait éviter d’être une vraie comète dans le ciel de Californie ; à peine a-t-il obtenu le co-Rookie Of The Year l’année dernière qu’il profite du retour de Donald au sommet cette saison pour prendre la place de Defensive Player Of The Year… et c’est totalement mérité.

Le Safety a continué son ascension fulgurante pour devenir (déjà) un des meilleurs de la ligue à son poste. Polyvalent, vous pouvez le laisser seul en dernier rempart, à côté d’un partenaire, ou vous pouvez le faire redescendre dans la boîte si besoin ; il est notamment redoutable en couverture sur les Tight Ends. Il a réussi 119 plaquages dont 3.5 run stuffs, 11 passes défendues, 4 INTs et 1 fumble forcé avec une activité de tous les instants ; il s’en faut de deux petits snaps qu’il ne soit pas le défenseur le plus utilisé (965 ou 95.2%), et avec ses piges sur équipes spéciales, il est à 1000 tout rond pour 2018. L’ancien troisième tour ressemble de plus en plus à un énorme steal.

Les Rams ont subi le contre-coup de leurs échanges pour remplir le groupe des receveurs (perdant leur premier ET leur deuxième tour), mais ils ont eu une draft pourtant fournie avec 11 choix ; cependant, ils ne leur ont pas demandé grand-chose en dehors d’une participation aux équipes spéciales. Le quatrième tour Defensive End John Franklin-Myers a été le seul à voir vraiment du temps de jeu hors des phases de kick et punt avec 301 snaps en défense ; il a surtout été utilisé dans les situations de pass-rush et il n’a pas été inintéressant avec 8 pressions dont 2 sacks, 1 fumble forcé et 1 fumble récupéré.

Surtout quand on voit qu’en fait, les 8 pressions le placent 4e DANS L’ÉQUIPE. Vous devriez sentir que nous allons évoquer le pass-rush plus en profondeur dans une future section, avec la possibilité que Donald ait été l’arbre qui cache la forêt… et pas seulement dans ce secteur-là.

Il n’y a pas besoin d’y aller par quatre chemins : Sean McVay est un homme brillant et un Head Coach qui a mené un retournement de situation drastique à Los Angeles, mais il a reçu une leçon au Super Bowl. Il est jeune, c’était sa première finale, il n’y a aucun mal à cela contre Bill Belichick. Il est vrai qu’une équipe vraiment forte ne prend pas ce que l’adversaire lui donne, elle prend ce qu’elle veut, mais McVay a fait l’erreur de croire qu’il pourrait prendre ce qu’il veut face aux Patriots. C’était bien sûr trop compliqué, car non seulement Bilou ne va jamais vous laisser le temps de prendre ce que vous voulez, il va même prévoir des plans de secours pour vous empêcher de prendre ce qu’il va vous laisser.

Tout en appliquant exactement ce précepte en attaque : trouver une faiblesse et attaquer sans merci, même si cela veut dire lancer 25 passes sur Julian Edelman parce que le slot CB n’arrive pas à le couvrir. C’est pour cela que les Patriots gagnent avec des lignes offensives différentes, des armes différentes, des jeux au sol à efficacité variable, et Tom Brady aux commandes ; ce n’est pas un hasard si Brady a cassé les records offensifs de la ligue quand Randy Moss était là, le meilleur receveur pur qu’il a eu à sa disposition lui permettant de prendre ce qu’il voulait. Mettons le Gronk’ à part car, même s’il finira au Hall Of Fame comme Moss, son problème a toujours été la disponibilité… et on a vu que l’équipe savait gagner sans lui.

Les Rams ne sont pas encore à ce niveau-là pour tenter ce qu’ils ont tenté au Super Bowl ; la différence d’expérience était trop grande. Gageons que McVay saura apprendre et revenir encore plus fort, car c’est ce qui fait froid dans le dos : il ne fait que commencer.

Avec l’absence de Gurley en fin de saison, l’attaque au sol aurait pu en pâtir grandement, mais l’équipe est parvenue à dénicher un rebus de la NFL et à le transformer en Terminator inarrêtable pour trois matchs (les Weeks 15-16 et le Divisional Round) ; libéré plus tôt par les Panthers ET les Raiders au cours de la saison, C.J. Anderson a été intenable avec le maillot bleu et jaune, totalisant 43 courses pour 299 yards et 2 TDs (soit des moyennes délirantes de 158 yards par match et 7 yards par course) + 23 courses pour 123 yards et 2 TDs contre Dallas en playoffs. Dur d’en faire un FA Signing Of The Year pour autant, mais sa contribution a été une belle surprise. Le troisième larron, Malcolm Brown, a été plutôt solide dans un temps limité avant de partir sur IR avec 43 courses pour 212 yards + 1 TD à la réception.

Tout cela a permis à l’attaque terrestre d’être une des plus redoutables de NFL : 139.4 yards par match (3e), 4.9 yards par course (3e), 23 TDs (2e), 14 big plays (11e) et 8 matchs d’un coureur à 100+ yards (top NFL). Si le nombre de run stuffs concédés est un peu haut à 50 (18e), il faut préciser que le playcall a contenu 43.3% de courses (10e), ce qui donne un taux tout à fait acceptable de 10.9% (11e) ; bien meilleur que celui de l’année dernière à 12.4% (19e).

Vous nous voyez venir avec nos gros sabots : si le secteur s’est si bien comporté (et toute l’attaque en général), c’est grâce à la ligne offensive qui mérite de partager le titre de Best Unit Of The Year ; d’aucuns argumenteront qu’elle a été la meilleure de NFL, ce qui se défend même si elle a des concurrents sérieux (et elle a pris l’eau au Super Bowl). Encore plus que l’année précédente, l’équipe a pu aligner le même cinq, et le titulaire qui a le « moins joué » est à 95.8% de snaps offensifs (46 snaps du maximum).

https://usatramswire.files.wordpress.com/2019/01/GettyImages-1088551674.jpg?w=1000&h=600&crop=1?w=1000&crop=0Sur les extrémités, vous avez le maître en la matière Left Tackle Andrew Whitworth accompagné par un joueur qui a raté de peu le Most Underrated Player, le Right Tackle Rob Havenstein ; il a été redoutable et, s’il a commis une faute, il n’en a pas commis plus ! Chez les Guards, Rodger Saffold continue ses bonnes performances (les Rams remercient les Raiders d’avoir annulé l’échange en 2014 pour « craintes sur l’état physique du joueur ») et Austin Blythe est venu remplacer Jamon Brown avec bonheur ; Havenstein et lui ont formé un duo inoxydable (100% des snaps joués) et très solide. Au centre, John Sullivan a été un tout petit peu moins en verve mais il a mené l’unité avec son talent habituel.

Continuité et talent, voilà la formule adéquate pour une ligne offensive, même si l’âge de Whitworth (37 ans) pourrait commencer à devenir un point de contention.

Rien de neuf sous le soleil : la défense au sol des Rams continue de ne pas parler le même langage que le reste de l’équipe. Voyez plutôt : 122.3 yards encaissés par match (23e), 5.1 yards par course (pire marque NFL), 12 TDs (10e), 17 big plays (26e) soit 4.4% des courses (30e), 4 matchs d’un coureur adverse à 100+ yards (19e), 43 run stuffs (22e) soit 11.1% des courses (18e). Certes, ces deux dernières marques sont meilleures qu’en 2017 (comme celle des TDs d’ailleurs), mais il n’est pas possible de continuer à se contenter de cela.

Mais diantre que se passe-t-il donc dans cette défense pour que cela soit toujours un problème ? Comme nous l’avons dit plus haut, Donald masque pas mal de déficiences. Sur la ligne défensive, Michael Brockers a connu une saison bien plus discrète qu’à l’accoutumée, et ce n’est parce que son partenaire fracassait tout sur son passage : 3.5 run stuffs, 5 pressions dont 1 sack et peu d’actions saignantes. A-t-il été éclipsé par l’acquisition massive de Ndamukong Suh ? Oui… et non : le maousse a connu des hauts et des bas et il a parfois disparu, même s’il est toujours capable d’être une force destructrice dans le pass-rush avec 22.5 pressions dont 4.5 sacks, 4 passes déviées et 2 fumbles récupérés ; mais nous attirons votre attention sur le fait qu’il est LE DEUXIÈME PASS-RUSHER de l’équipe derrière Donald, et qu’il n’a que 0.5 run stuff même si son activité ne se dément pas. Au final, ce qui ressemblait à une super ligne défensive finit la saison avec une belle production générale, mais quand on gratte derrière on voit que Donald y est pour beaucoup, ce qui est un peu décevant.

Mais en tout cas, pas aussi décevant que la tentative de relooking de la ligne des Linebackers qui n’a pas fonctionné pour amener de la pression ou stopper la course. Sur les extérieurs, Samson Ebukam a été en partie le héros du match de l’année contre Kansas City avec ces 2 TDs en défense, mais le reste du temps il a été trop peu décisif de manière régulière avec 4 run stuffs et 9 pressions dont 3 sacks ; au moins il a ajouté 8 passes défendues, 3 INTs dont 1 pick-6, 3 fumbles forcés et 2 fumbles récupérés dont 1 strip-6. L’échange pour Dante Fowler Jr. n’a surpris personne tant l’équipe avait besoin d’aide en Outside Linebacker, et il a mis du temps à s’acclimater puisqu’il a été meilleur en playoffs que pendant la moitié de saison régulière ; il termine avec 3 run stuffs, 8 pressions dont 2 sacks, 1 passe défendue, 1 fumble forcé et 1 fumble récupéré. Matt Longacre n’a pas été la solution non plus (aucun run stuff et 1 sack).

À l’intérieur, le départ d’Alec Ogletree a propulsé Cory Littleton dans le rôle du capitaine ; le défenseur le plus utilisé (95.4% des snaps) a donné son maximum, mais il reste quand même un peu limité contre la course avec des plaquages ratés et des difficultés à sortir des blocks (125 plaquages dont 5 run stuffs). Néanmoins, il est incroyable en couverture avec cette stat totalement ubuesque de TREIZE (13) passes défendues (top team !!!) et 3 INTs dont 1 pick-6 ; de plus il est un vrai zébulon sur équipes spéciales avec deux blocks ! Avoir un 3-4 ILB meilleur en couverture que contre la course est tout à fait normal… tant que vous arrivez à l’appairer avec un 3-4 ILB qui est meilleur à la course ; regardez Darron Lee aux Jets, comme il a mieux joué quand il a eu des spécialistes de la course à côté de lui. Et on ne peut pas dire que Mark Barron soit l’appui idéal puisque il n’a pas été bon contre la course non plus, sans parler de la blessure qui l’a empêché de démarrer la saison (2.5 run stuffs, 1 sack, 1 passe défendue, 1 fumble forcé).

Et une petite mention aux équipes spéciales qui ont été loin de faire la même saison qu’en 2017 : surtout la phase de kick qui a beaucoup souffert de la blessure de Greg Zuerlein même si lui est resté correct à 27/31 en FGs et 35/36 en XPs ; l’équipe est à 82.9% en FGs au total (19e). Elle a également été moins bonne en retours de kickoff (21.4 yards de moyenne – 22e) et en couverture de punts (8.7 yards de moyenne – 19e).

Suh est un poil court, Anderson n’a pas assez joué, une troisième acquisition a été un peu trop blessée, donc quitte à choisir et malgré un Super Bowl qu’il risque de ruminer, le receveur Brandin Cooks remporte seul la récompense, ce qui nous permet de parler de l’attaque aérienne dans son ensemble.

http://www2.pictures.zimbio.com/gi/Los+Angeles+Rams+vs+San+Francisco+49ers+Ib0Geb3SX-Bl.jpgDémarrons par celui qui lance la baballe : Jared Goff est devenu le premier Ram à lancer 30+ TDs en une saison depuis Kurt Warner en 2001 ; cela vous pose son Quarterback n’est-ce pas ? Certes, toute l’attaque a semblé tomber dans une torpeur en sortie de bye week, Goff y compris (le calendrier a joué un rôle), et les gens vont retenir qu’il n’a pas été au niveau lors du Super Bowl (mais il n’a pas été le seul). Le top pick de 2016 continue sa progression sous McVay (qui porte une partie du blâme pour le Super Bowl) avec une saison encore meilleure que la précédente, bien entouré par ses armes offensives (qui portent une partie du blâme pour le Super Bowl) et parfaitement protégé par sa ligne offensive (qui porte une partie du blâme pour le Super Bowl). Le but pour lui désormais va être de monter une saison un peu plus constante dans la durée pour avoir une chance d’aller jusqu’au bout, et être là quand la défense décide de se réveiller. Sa saison reste excellente : 64.9%, 4688 yards (4e NFL), 8.4 yards par passe tentée (4e), 32 TDs (6e), 12 INTs, 5 fumbles, 33 sacks, 101.1 de QB Rating (8e) et 8 matchs à 300+ yards (2e).

Il a donc profité d’une bonne protection avec 107 pressions concédées (7e) dont 33 sacks (8e) et également d’un groupe de cibles de haut niveau. Et pourtant, ce dernier a perdu un rouage avec l’année pourrie par les blessures de Cooper Kupp ; le sémillant receveur n’a joué qu’une moitié de la saison avec 40 réceptions pour 566 yards et 6 TDs. C’est surtout Josh Reynolds qui a dû jouer plus que prévu suite à ce souci, et le jeune receveur a répondu présent avec 29 réceptions pour 402 yards, 5 TDs et 23 first downs ; quand il a attrapé la balle, cela a compté. Il n’a pas été le seul à élever son niveau : comme dit précédemment, Woods a fait une superbe saison, et l’échange pour Cooks a pris tout son sens ; il a apporté la menace longue distance via 80 réceptions pour 1204 yards (15.1), 5 TDs, 22 big plays (5e), aucun drop (!), 56 first downs et 5 matchs à 100+ yards (7e). Avec le retour de Kupp, cela fait un quatuor qui va créer encore plus de maux de crâne aux adversaires (surtout si on rajoute Gurley à la liste).

Et n’oubliez pas les Tight Ends au passage. Il est possible que la leçon prise au Super Bowl pousse à utiliser Gerald Everett et Tyler Higbee un peu plus que 84 ciblages pour 57 réceptions, 618 yards et 5 TDs à eux deux. Everett, notamment, semble plus fait pour cavaler avec la balle, alors que Higbee est meilleur au block.

Quoiqu’il en soit, la saison à quand même été faste pour le jeu aérien avec notamment 69 big plays (3e), 64.1% des réceptions donnant un first down (2e), 9 matchs d’un receveur à 100+ yards (7e) et seulement 14 drops (2e) ; une qualité qui perdure chez les cibles des Rams.

Rappel : Littleton mène l’équipe avec 13 passes défendues, John Johnson est deuxième avec 11 ; Johnson mène l’équipe avec 4 INTs, Littleton est deuxième avec 3. La défense contre la course a pris le tromblon, mais la couverture n’était pas loin aussi avec, par exemple, 65.1% de complétion (19e), 7.1 yards par passe tentée (21e), 10.9 yards par complétion (22e), 31 TDs (25e), 93.8 de QB Rating adverse (18e), 59 big plays (26e) dont 14 homeruns (30e) ou 10 matchs d’un receveur adverse à 100+ yards (pire marque NFL).

Et ce sont les Cornerbacks qui sont le plus à blâmer, à commencer par Marcus Peters. On en attendait bien plus de l’ex-Chief dont la performance a été associée à la présence ou non d’Aqib Talib pour prendre le meilleur receveur lui-même. Si Talib n’était pas parti sur IR-DTR, il aurait mérité de partager le FA Signing Of The Year, car son absence a clairement fait du mal à l’unité (5 passes défendues, 1 INT, 1 fumble forcé et 1 fumble récupéré). Comme toujours, Peters a souvent parié, et il a perdu un peu plus qu’il n’a gagné malgré 8 passes défendues et 3 INTs dont 1 pick-6.

La saison de Nickell Robey-Coleman sera résumée par sa faute grossière non-sifflée à la fin de la finale NFC et par son cauchemar intégral au Super Bowl face à Edelman, mais en rapport disponibilité/qualité il a été le meilleur Cornerback des Rams en 2018 avec 3 run stuffs, 4 passes défendues et 1 INT. Troy Hill et Sam Shields ont fait quelques intérims en dents de scie (9 passes défendues et 3 INTs à eux deux). Enfin, une autre déception cette saison a été le niveau de Lamarcus Joyner qui n’a pas été aussi brillant que sa saison de Rams Team Honors III Most Underrated Player ; avec seulement 2 run stuffs, 1 sack, 3 passes défendues, 1 INT et 1 fumble récupéré, il a paru moins à l’aise que Johnson.

Le tir aux pigeons en Week 11. Bon allez, il va bien falloir le mettre quelque part celui-là, et comme les Rams en sont sortis vainqueurs, il est pour eux. Le premier match de l’histoire de la NFL où les deux équipes ont dépassé 50+ points a finalement été remporté par un drive victorieux de Goff conclu par un TD de 40 yards d’Everett ; le genre de connexion qu’on aimerait voir plus souvent en 2019 par exemple.

Le Super Bowl. Il n’y a que deux matchs où L.A. est resté quasi-muet cette saison, le déplacement à Chicago et le Super Bowl. Alors que la défense avait enfin trouvé la quatrième vitesse, l’attaque « explosive » a égalé le plus petit total de points de la grande finale avec 3 et établi le record de drives consécutifs se terminant en punt avec 8. De plus, il est hilarant de mettre côte-à-côte dans ce Season Review le feu d’artifice de la Week 11 et le Super Bowl le moins prolifique en points de l’histoire ; il y a eu environ autant de critiques après l’un qu’après l’autre, ce qui prouve une fois de plus qu’on ne peut jamais contenter tout le monde, donc autant n’écouter personne.

 

Le futur

 

Wk Type Loc. Adversaire Bilan Statut
1 @ Carolina 7-9 Négative
2 vs New Orleans 13-3 DivChamp
3 SNF @ Cleveland 7-8-1 Négative
4 vs Tampa Bay 5-11 Négative
5 TNF @ Seattle 10-6 Playoffs
6 vs San Francisco 4-12 Négative
7 @ Atlanta 7-9 Négative
8 UKW vs Cincinnati 6-10 Négative
9 BYE
10 @ Pittsburgh 9-6-1 Positive
11 SNF vs Chicago 12-4 DivChamp
12 MNF vs Baltimore 10-6 DivChamp
13 @ Arizona 3-13 Négative
14 SNF vs Seattle 10-6 Playoffs
15 @ Dallas 10-6 DivChamp
16 @ San Francisco 4-12 Négative
17 vs Arizona 3-13 Négative

 

  • Matchs contre des équipes avec un bilan positif en 2018 : 7.
  • Matchs contre des équipes qualifiées en playoffs en 2018 : 6.
  • Bilan cumulé total en 2018 : 120-134-2 (0.473, 27e).
    • Bilan cumulé à domicile en 2018 : 63-65 (0.492, 17e).
    • Bilan cumulé à l’extérieur 2018 : 57-69-2 (0.453, 27e).
    • Écart entre domicile et extérieur : 0.039 (11e).

Quelques matchs de la première partie de calendrier ne vont pas être faciles, mais cela n’a rien à voir avec un retour de bye week où les grosses rencontres vont s’enchaîner rapidement. Malgré cela, les Rams semblent quand même maîtres de leur destin dans la NFC West pour 2019.