Boom Or Bust : Les choix du premier tour de la draft 2018 (1/4)
La draft est une combinaison de scouting, de stratégie, et d’un peu de chance. Le premier tour de 2018 a été la draft des records : VINGT (20) choix du premier tour changeant de main, quatre Quarterbacks partis dans le top-10 et deux frères draftés ensemble. À l’inverse, on faisait grise mine chez les receveurs (deux seulement pris).
Alors, qui a tiré le bon numéro ? Nous allons regarder à la loupe les tribulations des 32 choix du premier tour de draft pour savoir comment ils se sont comportés, et s’ils ont été les meilleurs rookies de leur équipe. On commence avec les picks #1 à #8 aujourd’hui, puis nous verrons les #9 à #16 demain, les #17 à #24 vendredi et les #25 à #32 samedi (avec en plus un résumé pour les équipes n’ayant pas eu de choix de premier tour).
NB1 : FF = fumbles forcés, FR = fumbles récupérés, PD = passes défendues.
NB2 : Les snaps sont divisés en deux. Tout d’abord, le nombre total de snaps du joueur et son classement par rapport à l’équipe entière. Ensuite, le nombre de snaps du joueur dans son escouade principale, sa participation (en pourcentage du nombre maximal de snaps) et son classement dans l’escouade. Certains rookies jouant beaucoup sur équipes spéciales, les deux nombres de snaps peuvent donc différer.
NB3 : Les stats viennent d’ESPN, les snaps de FootballOutsiders et les matchs joués de Pro-Football-Reference.
1. CLEVELAND : Baker Mayfield, QB, Oklahoma
Matchs joués : 14
Snaps : Équipe – 906 (14/64) ; Attaque – 906 (83%, 6/27)
Passe : 63.8%, 3725 yards (7.7), 27 TDs, 14 INTs, 25 sacks
QB Rating : 93.7
Course : 39 courses, 131 yards (3.4)
Fumbles : 10 commis, 4 perdus
Les Browns ouvraient la draft avec le choix du Quarterback Baker Mayfield, le Heisman de 2017.
Le redressement des Browns est la conjonction de plusieurs faits, mais il est indéniable que le Mayfield Of Dreams Hype Express ou Modhex est le véhicule qui a emmené le reste ; Cleveland espère que sa destination sera la plus lointaine possible. Certes, on peut voir qu’il a perdu 18 ballons en tout, et il devra gommer certaines choses dans le futur en prenant notamment moins de risques, mais en même temps il devait le faire : à part la ligne offensive, il a dû évoluer avec une attaque qui reste très jeune et inexpérimentée si on enlève Duke Johnson et Jarvis Landry. À côté de la production des deux vétérans, il a bâti un bon rapport avec ses partenaires rookies, le 2e tour coureur Nick Chubb ou le 4e tour receveur Antonio Callaway, tout en profitant de la progression de David Njoku. Enfin, la promotion en Coordinateur Offensif de Freddie Kitchens semble l’avoir vraiment libéré ; et désormais, il est le Head Coach. Si on ajoute le taux de complétion et la moyenne de yards par passe tentée encourageants pour la suite, il semble que les Browns aient ENFIN trouvé leur franchise Quarterback.
De par sa position et la liste interminable des ratés au poste à Cleveland depuis 1999, Mayfield va logiquement être cité comme meilleur rookie, et nous allons très rapidement voir un autre excellent élément rajouté au premier tour, mais il faut absolument parler de Chubb.
L’ex-Bulldog finit en tête de l’équipe avec 212 touches pour 1145 yards, 10 TDs et 52 first downs, ayant pris la place de Duke Johnson comme coureur titulaire et permettant d’échanger Carlos Hyde à Jacksonville. Le duo Mayfield-Chubb devrait mener l’équipe pour les années à venir.
2. NY GIANTS : Saquon Barkley, RB, Penn State
Matchs joués : 16
Snaps : Équipe – 855 (12/67) ; Attaque – 853 (83%, 6/29)
Course : 261 courses, 1307 yards (5.0), 11 TDs
Réception : 91 réceptions, 721 yards (7.9), 4 TDs
Catch Rate : 75.2%, 3 drops
Les Giants décidaient de ne pas prendre le remplaçant d’Eli Manning, mais de sélectionner le meilleur joueur intrinsèque de la draft, Saquon Barkley.
352 touches (2e NFL) dont 91 réceptions (record pour un rookie), 2028 yards (top NFL) dont 1307 au sol (2e), 15 TDs (3e), 21 gains de 20+ yards (7e), 7 matchs à 100+ yards (5e)… que rajouter mis à part que Barkley a fait exactement ce qu’on attendait de lui : casser les reins des défenseurs et les faire courir dans le vide toute la saison. Il devra probablement s’améliorer un peu en protection, mais pour le reste, il est prédestiné à une superbe carrière.
Sans surprise, Barkley est largement au-dessus de la mêlée, mais si vous rajoutez le 2e tour Guard Will Hernandez qui s’est amélioré au cours de la saison (comme toute la ligne offensive), l’apport du 4e tour Defensive Tackle B.J. Hill (13.5 pressions dont 5.5 sacks) ou celui du Cornerback non-drafté Grant Haley dans le slot… ce pourrait être une solide draft pour le futur à New York.
3. NY JETS : Sam Darnold, QB, USC
Matchs joués : 13
Snaps : Équipe – 810 (14/68) ; Attaque – 810 (80.9%, 4/29)
Passe : 57.7%, 2865 yards (6.9), 17 TDs, 15 INTs, 30 sacks
QB Rating : 77.6
Course : 44 courses, 138 yards (3.1), 1 TD
Fumbles : 9 commis, 3 perdus
Les Jets faisaient le choix évident de prendre le Quarterback du futur avec Sam Darnold.
À l’instar des Browns, l’histoire des Jets au poste est loin de faire rêver. Et si au final, Darnold termine avec une année bien moins réussie que celle de Mayfield, ce n’est pas une surprise vu les deux effectifs. Le rookie a connu les affres classiques, ce qui se voit dans son taux de complétion et son nombre de ballons perdus, mais il n’a jamais rien lâché, il est revenu au charbon à chaque fois, et il a réussi une fin de saison bien meilleure avec plusieurs performances remarquables. Avec une mécanique de lancer un peu plus propre, il a démontré qu’il pouvait prendre les coups et réagir, commander l’attaque, sortir de la poche le cas échéant, voire même courir lui-même. C’est le genre de leadership dont l’équipe a besoin pour le futur, et pour l’instant Darnold a démontré des choses prometteuses, bien qu’il y ait encore pas mal de travail.
La draft des Jets a été courte (six choix et seulement deux dans les trois premiers tours), mais une connexion intéressante cette saison a été celle entre Darnold et le 4e tour Tight End Chris Herndon ; il a été la cible la plus sûre avec un taux de réception de 69.6% pour 39 réceptions, 502 yards et 4 TDs. L’équipe manque de playmakers au poste depuis un bon moment et si Herndon peut s’améliorer, ce sera une très bonne chose.
4. CLEVELAND : Denzel Ward, CB, Ohio State
Matchs joués : 13
Snaps : Équipe – 895 (16/64) ; Défense – 841 (71.5%, 7/30)
Défense : 53 plaquages, 41 solo, 5 run stuffs, 1 FF, 2 FR
Couverture : 11 PDs, 3 INTs
Restant à leur place sans trade down, les Browns continuaient les surprises avec le choix du Cornerback Denzel Ward.
Il n’y aurait aucun mal à nommer Mayfield et Ward co-meilleurs rookies des Browns, mais c’est l’effet Modhex ; le train de l’espoir qui renaît. L’ex-Buckeye, lui, est venu combler un trou qui existait l’année dernière dans la couverture des Browns, et il l’a bien réalisé avec notamment 11 passes défendues (top team) ; en prime il a aidé contre la course (même si ce n’est pas son point fort), il a volé 5 ballons en tout et il a bloqué un FG dans la victoire contre Baltimore.
Ce qui est intéressant, c’est de voir que ses 3 INTs sont venues assez vite (2 en Week 1 et 1 en Week 5) : les Quarterbacks ont aussi appris à le viser un peu moins au fur et à mesure de la saison. Il a toutes les qualités pour être un excellent titulaire à long terme dans l’Ohio.
5. DENVER : Bradley Chubb, DE, North Carolina State
Matchs joués : 16
Snaps : Équipe – 852 (9/65) ; Défense – 844 (78.4%, 4/28)
Défense : 60 plaquages, 41 solo, 5 run stuffs, 2 FF, 1 FR
Pass-Rush : 31 pressions, 12 sacks
Couverture : 1 PD
Les Broncos apportaient un partenaire de jeu à Von Miller avec le Defensive End Bradley Chubb.
Après un début de saison où il a dû trouver ses marques, Chubb est devenu une force dans le pass-rush et le parfait contrepoids à Miller. Il doit encore bosser sa participation dans la défense contre la course (ce qui a été un problème général à Denver cette saison), et il a un peu disparu en fin d’exercice, ce qui l’a empêché de battre le record de sacks pour un rookie du Titan Jevon Kearse en 1999 (14.5), mais étant donné la raison #1 pour laquelle il a été drafté, c’est une première mouture réussie pour le rookie. Il a notamment été nommé Rookie Défensif au mois de novembre, et il devrait donner les maux de crâne annoncés aux Coordinateurs Offensifs dans le futur.
Respect au 2e tour receveur Courtland Sutton à qui Denver a demandé, à la fin de la saison, de mener l’attaque aérienne à lui tout seul après la blessure d’Emmanuel Sanders et l’échange de Demaryius Thomas ; il a été la machine à big plays avec 16.8 yards par réception (et le taux de réception qui va avec à 50%). Mais, bien entendu, comment passer à côté de la révélation de l’année, le coureur non-drafté Phillip Lindsay ?
Il a un moment formé un duo redoutable avec le 3e tour coureur Royce Freeman, mais ce dernier a perdu un peu de vitesse, et Lindsay a pris les snaps. Il a été hallucinant : 1037 yards au sol (2e marque rookie de tous les temps), 5.4 yards de moyenne, 1278 yards cumulés, 10 TDs cumulés, et un vote Pro-Bowl (premier rookie non-drafté à y être élu). Et tout cela sans fumble, bien qu’il ait eu quelques drops. Sutton, Freeman, Lindsay : le genre de jeunes autour desquels on peut rebâtir l’attaque du Colorado.
6. INDIANAPOLIS : Quenton Nelson, OG, Notre Dame
Matchs joués : 16
Snaps : Équipe – 1215 (1/68) ; Attaque – 1137 (100%, 1/32)
Afin d’aider Andrew Luck à rester debout, les Colts étaient tout à fait contents de sélectionner le Guard Quenton Nelson.
Et pour rester de bout, Luck est resté debout : 18 sacks concédés, top NFL ; sans oublier un jeu au sol qui a ressuscité derrière Marlon Mack. Nelson, voté All-Pro dès sa première saison, est une des raisons du renouveau de la ligne offensive car il a donné exactement ce qu’on attendait de lui : une présence physique imposante et durable qui a joué tous les snaps et qui a régulièrement transformé ses adversaires en crêpe.
Avec Ryan Kelly au milieu et Anthony Castonzo à gauche, vous avez une des moitiés de ligne les plus solides de la ligue, sachant que le Centre et lui ne vont pas coûter cher pendant encore un petit moment.
Vous avez cinq minutes pour qu’on fasse le tour de la draft des Colts ? Parce que non seulement on peut placer un autre rookie au niveau de Nelson, mais le reste de la draft a contribué à la bonne saison d’Indy. Prenez les coureurs, le 4e tour Nyheim Hines ou même le 5e tour Jordan Wilkins : 1000+ yards et 5 TDs à eux deux ; Hines est le 3e Colt en first downs, Wilkins doit par contre faire attention aux fumbles. Mais c’est surtout le 2e tour qui est énorme : le Guard Braden Smith est devenu le Right Tackle titulaire et a fait une saison globalement solide, le Defensive End Kemoko Turay s’est montré à plusieurs reprises (16 pressions dont 4 sacks)… ah, et les Colts ont trouvé un Maniac.
Le Linebacker Darius Leonard a terminé en tête de la NFL avec 163 plaquages dont 111 solo, mais comme les stats des plaquages peuvent être trompeuses, il faut compléter avec 9.5 run stuffs, 15 pressions dont 7 sacks (rappelez-vous qu’on parle d’un INSIDE Linebacker), 4 fumbles forcés, 2 fumbles récupérés, 8 passes défendues, 2 INTs, et il paraît qu’il fait des super spaghetti carbonara. Pas étonnant qu’il était élu All-Pro comme Nelson car il a été partout et ailleurs à la fois, plaquant, défendant et volant des ballons, d’où son surnom (vous pensiez que c’était en référence à Flashdance ?). On peut légitimement dire que Chris Ballard a réussi la meilleure draft en 2018.
7. BUFFALO : Josh Allen, QB, Wyoming
Matchs joués : 12
Snaps : Équipe – 719 (12/75) ; Attaque – 719 (67.9%, 5/38)
Passe : 52.8%, 2074 yards (6.5), 10 TDs, 12 INTs, 28 sacks
QB Rating : 67.9
Course : 89 courses, 631 yards (7.1), 8 TDs
Fumbles : 13 commis, 3 perdus
Les Bills orchestraient le premier échange de la soirée avec les Bucs pour aller chercher le Quarterback Josh Allen.
Avec les rookies Quarterbacks, pour reprendre un terme informatique, c’est souvent du WYSIWYG : what you see is what you get, l’étiquette correspond au produit. En ce qui concerne l’ex-Cowboy de Wyoming, ses stats le résument parfaitement : un véritable athlète avec ses jambes (vous connaissez combien de QBs qui tentent et réussissent la photo ci-dessus ?), quelques missiles ballistiques redoutables, mais une grande inconstance globale. Il faut également replacer sa performance dans le niveau général indigent de l’attaque, car s’il a dû tenir la balle et prendre des risques, c’est aussi parce qu’il n’a pas vraiment eu le choix. On savait qu’Allen était très loin d’être un produit fini, cela se confirme : la question c’est de savoir si les Bills vont faire ce qu’il faut pour lui donner sa forme finale.
Sans faire de bruit, les Bills ont fait une draft sympathique qui peut mener à de belles choses dans le futur ; nous verrons l’autre premier tour de Buffalo plus tard, mais parlons du reste. Le 3e tour Defensive Tackle Harrison Phillips ou le 4e tour Cornerback Taron Johnson ont apporté leur contribution, alors que le receveur non-drafté Robert Foster a laissé quelques traces de pneu : 27 réceptions dont 20 first downs pour 541 yards (soit 20 yards par réception !!!!) et 3 TDs. Mais la véritable surprise est venue d’un autre non-drafté, le Cornerback Levi Wallace.
Vous vous rappelez, la retraite surprise de Vontae Davis en Week 2 ? Elle a symbolisé le grand problème des Bills à trouver un partenaire à l’opposé de Tre’Davious White. L’équipe a tâtonné jusqu’à tenter l’expérience Wallace en Week 10… et elle n’a pas été déçue. Habitué à devoir faire ses preuves (déjà à Alabama), l’ex-Crimson Tide a pris le poste et ne l’a plus lâché, démontrant une vraie capacité à coller aux receveurs avec une bonne technique. S’il a des défauts, c’est d’être encore un peu tendre sur le plan physique et de rater des plaquages, donc il va devoir prendre du volume, mais le talent est là.
8. CHICAGO : Roquan Smith, LB, Georgia
Matchs joués : 16
Snaps : Équipe – 897 (10/56) ; Défense – 880 (83.7%, 6/27)
Défense : 122 plaquages, 89 solo, 3 run stuffs
Pass-Rush : 10 pressions, 5 sacks
Couverture : 5 PDs, 1 INT
Rien de tel que de trouver le prochain Middle Linebacker d’une longue et prestigieuse lignée chez les Bears avec Roquan Smith.
Il ne fait aucun doute que son holdout ne l’a pas aidé à prendre place dans la défense complexe de Vic Fangio, poussant Nick Kwiatkoski titulaire à sa place, mais une fois qu’il a trouvé ses marques, Roquan Smith a été une machine aux côtés de Danny Trevathan et au coeur d’une défense de Chicago qui en a fait trembler plus d’un cette saison. Ce lent départ le met derrière les autres brillants rookies Linebackers de cette saison, mais Smith a su être une vraie force sur toute la largeur du terrain, plaquant les coureurs, sackant les Quarterbacks et déviant les passes. Il ne fait aucun doute non plus que les Bears ont trouvé le nouveau patron de la défense pour le futur.
Ils n’ont pas eu le même impact que Smith, mais les deux choix de 2e tour ont également participé à la bonne saison de Chicago : le Guard James Daniels a pris la place de titulaire à gauche et ne devrait plus la lâcher, étant notamment solide en protection de passe ; le receveur Anthony Miller a été embêté par une blessure à l’épaule la majorité de la saison mais a prouvé de la qualité avec 39 touches pour 449 yards et 7 TDs. Un haut de draft très solide de Ryan Pace.