Boom Or Bust : Les choix du premier tour de la draft 2017 (1/4)
La draft est une combinaison de scouting, de stratégie, et d’un peu de chance. En 2017, le premier tour a vu pas moins de 14 choix changer de main, les équipes ayant décidé de prendre des risques ; plusieurs trades up ont eu lieu, notamment pour aller chercher les franchise Quarterbacks tant désirés.
Alors, qui a tiré le bon numéro ? Nous allons regarder à la loupe les tribulations des 32 choix du premier tour de draft pour savoir comment ils se sont comportés, et s’ils ont été les meilleurs rookies de leur équipe. On commence avec les picks #1 à #8 aujourd’hui, puis on verra les #9 à #16 demain, les #17 à #24 vendredi et les #25 à #32 samedi (avec en plus un résumé pour les équipes n’ayant pas eu de choix de premier tour).
PS : FF = fumbles forcés, FR = fumbles récupérés.
1. CLEVELAND : Myles Garrett, DE, Texas A&M
Snaps : 48.5% (520/1072)
Défense : 19 plaquages, 2 à perte, 12 assists, 7 sacks, 18 QB hits, 1 FF, 1 FR
Comme attendu, les Browns renforçaient leur défense avec celui qui était considéré comme le #1 de la draft, le Defensive End Myles Garrett.
Garrett a vu sa saison faire un faux départ avec une entorse en éversion à l’entraînement et il aura dû patienter pour connaître ses premiers snaps, mais une fois sur le terrain il a montré les qualités qu’on attend d’un #1 : rapide, puissant, difficile à gérer pour les Offensive Linemen adverses.
Il a été complet, participant à la superbe défense au sol, et finissant comme le meilleur pass-rusher de l’équipe. Les attentes seront encore plus grandes la saison prochaine, à commencer par lui-même si on en croit ses déclarations ; il pourra peut-être enfin tenir sa promesse de draft : sacker Ben Roethlisberger (Garrett a raté le premier match sur blessure et Big Ben n’a pas joué le deuxième en Week 17).
Nous allons voir d’autres choix du premier tour des Browns plus tard, mais Garrett a clairement été le meilleur rookie cette saison. Néanmoins il faut faire une mention spéciale au 3e tour DT Larry Ogunjobi qui s’est installé dans la rotation de la ligne défensive et a lui aussi apporté sa contribution à la défense contre la course. S’il peut continuer comme cela, avec Danny Shelton, cela crée un sacré front-4.
2. CHICAGO : Mitchell Trubisky, QB, North Carolina
Snaps : 73.3% (726/1040)
Passe : 196/330, 59.4%, 2193 yards, 7 TDs, 7 INTs, 31 sacks
QB rating : 77.5
Course : 41 courses, 248 yards, 2 TDs
Fumble : 3 perdus
La première grosse surprise venait des Bears qui avaient changé de place avec les 49ers et payé une petite rançon pour prendre leur franchise Quarterback, Mitchell Trubisky.
Voyons voir : un QB pris dans le top-3 qui se retrouve dans une équipe avec très peu d’aide offensive et dont la performance pour sa première année ne peut pas être jugée, et dont il faudra attendre la collaboration avec le nouveau jeune Head Coach pour vraiment tirer les enseignements ?
Avouez que le parallèle est amusant entre Jared Goff et le Biscuit, même si on va l’arrêter là et ne pas tirer des plans sur la comète. Commençons déjà par dire qu’il n’était pas le titulaire, devant remplacer Mike Glennon à la volée. Dans le positif, nous avons le fait que sur les 7 INTs, 5 sont venues en deux matchs ; de plus, sa mobilité et sa capacité à lancer en mouvement, ainsi que sa faculté d’apprentissage, ont été visibles. Dans le négatif, il n’a pas un taux de complétion ou une moyenne de yards par passe tentée (6.6) phénoménaux, et il lui arrive d’être un peu trop pressé de sortir de la poche. Mais la moyenne tient également du manque de qualité au poste de receveur, et c’est pourquoi on va surveiller attentivement ce qu’il fera en 2018 avec un autre Head Coach et d’autres armes.
La draft 2017 des Bears a attiré quelques moqueries par le petit nombre et la « qualité » des choix. Eh bien elle a été plutôt prometteuse avec Trubisky et Adam Shaheen, mais c’est notamment le 4e tour qui a été très intéressant avec le Safety Eddie Jackson et le coureur/retourneur Tarik Cohen.
Cohen a apporté son explosivité dans toutes les phases, puisqu’il a scoré 2 TDs au sol, 1 en réception et 1 sur retour de punt ; avec Jordan Howard ils forment déjà un excellent duo de coureurs qui est vital pour Trubisky. Jackson, lui, a fait les gros titres de la NFL en étant le premier défenseur à scorer 2 TDs de 75+ yards dans le même match, mais il a réussi bien plus que cela : il a joué le plus de snaps dans la défense de Chicago (!) et il a été très présent avec 73 plaquages, 6 passes défendues, 2 INTs dont un pick-6, 1 FF et 3 FR dont un retourné pour un TD. Appairé avec un Adrian Amos retrouvé, voilà une dernière ligne de défense qui promet vraiment pour le futur.
3. SAN FRANCISCO : Solomon Thomas, DE, Stanford
Snaps : 62.2% (702/1128)
Défense : 34 plaquages, 6 à perte, 7 assists, 3 sacks, 11 QB hits, 1 FR
Les 49ers étaient redescendus d’un cran, recevant une petite valise de choix, et continuaient de reconstruire la défense avec le Defensive End Solomon Thomas.
Les stats semblent insuffisantes en pass-rush pour l’ancien de Stanford, et il va falloir qu’il travaille pour progresser dans ce domaine, mais il faut mitiger cela par plusieurs éléments : il n’a pas connu une intersaison complète avec l’équipe, devant terminer ses études ; il a été bougé un peu partout sur la ligne défensive, ce qui n’est pas évident pour un jeune qui arrive en NFL ; il a connu une coupure dans la saison à cause d’une blessure ; il a été beaucoup plus à son avantage contre la course et a déjà démontré de belles capacités dans cet exercice (dans la même veine que le reste de l’escouade d’ailleurs).
Si Thomas peut s’enlever un peu de pression par rapport à sa position de draft, continuer à apprendre et se lâcher, il devrait progresser et devenir une vraie force dans la ligne défensive aux côtés d’Armstead ou Buckner.
Le meilleur rookie des 49ers cette année a été aussi pris dans le premier tour, donc nous parlerons de lui plus tard. Mais on peut de suite en profiter pour mentionner le 3e tour CB Ahkello Witherspoon qui a bien progressé au cours de la saison (32 plaquages, 7 passes défendues, 2 INTs, 1 FF) et le coureur non-drafté Matt Breida qui a été une vraie révélation en soutien de Carlos Hyde (126 touches, 645 yards, 3 TDs).
4. JACKSONVILLE : Leonard Fournette, RB, LSU
Snaps : 49.8% (564/1133)
Course : 268 courses, 1040 yards, 9 TDs
Réception : 36 réceptions, 302 yards, 1 TD
Catch Rate : 75%, 2 drops
Les Jaguars se tournaient vers l’attaque avec le punitif coureur de LSU, Leonard Fournette.
Les stats reflètent bien la saison de Fournette : si les 10 TDs sont très précieux, la moyenne de 3.9 yards par course trahit une année en dents de scie au niveau des performances ; il y a eu du bon et du moins bon.
Mais ne faisons pas la fine bouche, il a apporté exactement ce que les Jaguars attendaient et qui en font l’équipe ayant appelé le plus de course (32.9 par match) avec une belle efficacité globale : 141.4 yards (top NFL), 4.3 yards par course (9e), 18 TDs (2e) et 6 matchs d’un coureur à 100+ yards (top NFL). On en attendra encore un peu plus l’année prochaine, notamment au niveau de la constance (il doit remonter sa moyenne au-dessus de 4 yards par course).
Fournette partage le titre de meilleur rookie de Jacksonville cette année avec une révélation qui a grandement aidé à ce que l’attaque aérienne ne plonge pas en l’absence d’Allen Robinson : le WR non-drafté Keelan Cole.
Les Jags ont-ils trouvé leur nouvel Allen Hurns, qui était lui aussi non-drafté ? En tout cas, Cole a fini comme la cible la plus productive de l’équipe avec 42 réceptions pour 748 yards, 3 TDs et 76.2% de réception donnant un first down (7e NFL). Quand les Allen Receveurs vont se reformer, avec Marqise Lee et Keelan Cole, cela va donner un sacré quatuor.
5. TENNESSEE : Corey Davis, WR, Western Michigan
Snaps : 50.4% (516/1024)
Réception : 34 réceptions, 375 yards
Catch Rate : 52.3%, 1 drop
Fumbles : 1 perdu
Les Titans restaient en cinquième position et offraient une nouvelle cible de passe pour Marcus Mariota, le receveur Corey Davis.
Il est très difficile d’avoir une vraie lecture de la première saison de Davis car son année 2017 a été littéralement pourrie par les blessures : rappelons que cela a commencé en ratant le Combine, et que cela ne s’est pas amélioré depuis.
Le rookie a quasiment manqué toute l’intersaison et une bonne partie de la saison régulière ; il était donc impossible d’attendre grand-chose de lui. Si on rajoute le fait que les Titans pensent d’abord à courir avant de passer et que Mariota n’était pas celui de 2016 pré-blessure, cela faisait beaucoup d’entraves. Ce qu’il faut donc garder, ce sont les quelques moments où il a été remarquable, et le fait que son dernier match a été le meilleur (en Divisional Round contre les Patriots). Rendez-vous en 2018 avec une intersaison complète et en bonne santé, et il devrait pouvoir prouver sa valeur.
A l’instar des 49ers, le meilleur rookie des Titans a été pris plus tard dans le premier tour, donc nous en reparlerons.
6. NY JETS : Jamal Adams, S, LSU
Snaps : 98.5% (1103/1120)
Vs. Pass : 6 passes défendues
Défense : 63 plaquages, 8 à perte, 20 assists, 2 sacks, 2 QB hits, 1 FF, 2 FR
Les Jets utilisaient leur choix pour rebâtir une arrière-garde maltraitée l’année dernière avec un second LSU Tiger, le Safety Jamal Adams.
Après une saison 2016 catastrophique chez les arrières (provoquée entre autres par le fiasco et le cut d’un ancien autre Safety pris au premier tour – Calvin Pryor), les Jets avaient besoin de faire le ménage dans le backfield via la draft et la Free Agency.
C’est peu dire qu’ils ont trouvé leur premier bloc autour duquel construire avec Adams qui a été remarquable cette saison : que ce soit en couverture ou dans la défense contre la course, le rookie a été partout. Leader naturel, énergique, bon plaqueur avec un bon instinct, il lui faudra juste gommer quelques erreurs classiques du petit nouveau. Il a largement le potentiel d’être un excellent Safety dans la ligue ; son partenaire du 2e tour Marcus Maye part clairement de plus loin (surtout question couverture), mais il a démontré de belles choses et le duo pourrait être la base arrière pour les années à venir.
Petite mention au 6e tour RB Elijah McGuire qui a apporté une aide sporadique mais intéressante derrière Bilal Powell et Matt Forte.
7. LA CHARGERS : Mike Williams, WR, Clemson
Snaps : 22.0% (234/1064)
Réception : 11 réceptions, 95 yards
Catch Rate : 47.8%, 2 drops
De retour à Los Angeles, le premier choix des LA Chargers était le receveur Mike Williams pour offrir une cible de premier choix à Philip Rivers.
Ce n’était vraiment pas l’année des receveurs pris dans le top-10 de la draft, puisqu’à l’instar de Corey Davis, Williams a également connu des gros soucis de blessures qui ont totalement pourri son année.
L’ex-receveur de Clemson a été touché au dos très rapidement pendant l’intersaison et a dû ronger son frein en attendant de pouvoir enfin faire ses preuves. Sans surprise, même avec des snaps en saison régulière, il est compliqué pour un receveur rookie d’avoir une synergie avec son Quarterback dans ces conditions. Il faudra attendre 2018 pour le voir à l’oeuvre à 100%.
Mentionnons de suite la surprenante machine à scorer Austin Ekeler ; le coureur non-drafté a été une belle surprise cette saison (74 touches, 539 yards, 5 TDs). Mais si l’on cherche le meilleur rookie, il faut aller du côté de la meilleure unité de l’équipe ; le 5e tour Defensive Back Desmond King, situé dans le slot, a apporté sa contribution à la formidable couverture des Bolts.
C’était un petit mystère de voir King, voté comme le meilleur Defensive Back universitaire en 2015, tomber jusqu’au 5e tour ; certains disaient qu’il n’avait pas les mensurations d’un « vrai » Cornerback. Les Chargers l’ont sélectionné, et voilà le résultat : 76 plaquages, 4 sacks, 10 QB hits, 5 passes défendues et un pick-6. Véritable playmaker de plus dans un groupe talentueux, il s’est découvert des talents de blitzer hors pair. Gus Bradley a bien compris le talent qu’il avait entre les mains et désormais Los Angeles a des bons arrières tout le tour du ventre avec lui, Casey Hayward, Trevor Williams et Jason Verrett (qu’on va finir par oublier si ça continue).
8. CAROLINA : Christian McCaffrey, RB, Stanford
Snaps : 70.2% (757/1079)
Course : 117 courses, 435 yards, 2 TDs
Réception : 80 réceptions, 651 yards, 5 TDs
Catch Rate : 70.8%, 1 drop
Retours : 3 kick returns, 58 yards & 22 punt returns, 162 yards
Fumbles : 1 perdu
Le couteau suisse Christian McCaffrey était sélectionné par les Panthers pour utiliser son arsenal offensif.
La saison 2017 de CMC peut être résumée en un mot : frustration ; et ce n’était probablement pas de sa faute. On sent que Ron Rivera et ses assistants ont mis du temps avant de comprendre quelle était la meilleure façon d’utiliser le rookie, et la solution est arrivée un peu tard.
Cela ne veut pas dire qu’il n’a pas été recherché : non seulement il termine avec 1000+ yards cumulés et 7 TDs sur la saison, mais il a été le receveur le plus ciblé de l’équipe (113) juste devant Devin Funchess (111) ; on peut également noter qu’il a été redoutable après la réception avec 607 yards (6e NFL). Donc, aucun souci, le talent est là, mais sa moyenne de yards par course (3.7) n’est pas encore suffisante, et il s’est vu piquer son rôle d’arme offensive terrifiante par un autre rookie dans la même division, pris bien plus tard (la mitraillette AK-41).
On voudra en voir un peu plus de la draft des Cats à l’avenir, CMC y compris, mais il en a été le meilleur rookie.