Fiche Légende : Johnny Blood

Running Back

 

 

Présentation

 

GENERALITÉS
Nom complet John Victor « Blood » McNally
Date de Naissance 27 Novembre 1903
Lieu de Naissance New Richmond, Wisconsin
Date de Décès 28 Novembre 1985
Lieu de Décès Palm Springs, Californie
CARRIÈRE
Lycée New Richmond
Université Saint John, Collegeville, Minnesota
Draft Pas de draft à l’époque
Équipes Joueur :
Milwaukee Badgers (1925-1926)
Duluth Eskimos (1926-1927)
Pottsville Maroons (1928)
Green Bay Packers (1929-1933)
Pittsburgh Pirates (1934)
Green Bay Packers (1935-1936)
Pittsburgh Pirates (1937-1938)
Buffalo Tigers (1941) (AFL)
Head Coach :
Pittsburgh Pirates (1937-1939)
Statistiques 14 saisons
137 matchs
120 courses / 385 yards (3.2)
67 réceptions / 1117 yards (16.7)
49 touchdowns
4 passes de touchdown
Record comme Head Coach : 6-19
HONNEURS
Pro-Bowls
All-Pro
Performances notables
Récompenses 4 titres de champion (1929, 1930, 1931, 1936)
Membre de l’équipe NFL des années 1930
Membre du Packers Hall Of Fame
Hall Of Fame Classe de 1963

 

Biographie

 

En 1922, John McNally et Ralph Hanson, deux amis, veulent se faire un peu d’argent supplémentaire en jouant dans une équipe semi-professionnelle de football ; mais le premier, qui a été expulsé de Notre Dame, est toujours éligible pour jouer au football universitaire si la faculté change d’avis. Pour protéger cette possibilité, il décide de trouver un nom d’emprunt. Alors que le duo se rend chez une équipe pour faire un test, il passe auprès d’un cinéma qui diffuse le film Blood and Sand avec Rudolph Valentino (« Sang et sable » pour la traduction littérale, « Arènes sanglantes » pour le titre en français). Inspiré, McNally se tourne vers Hanson et lui dit :

C’est ça ! Je serais Blood et tu seras Sand.

Cet instant marque la mort de John McNally et la naissance de Johnny Blood, personnage excentrique et farfelu qui sera, entre autres, un sacré joueur de football.

John McNally naît en novembre 1903 à New Richmond, dans l’état du Wisconsin. Il est le troisième des cinq enfants de John V. et Mary McNally. En grandissant, il ne développe pas d’aptitudes physiques particulières, étant même petit pour son âge ; pourtant, il possède un amour inconsidéré de l’escalade, grimpant à tout ce qu’il peut trouver : barrières, arbres, poteaux téléphoniques, façades de maison. Un jour, il n’hésite pas à venir voir un ami à l’hôpital en escaladant la façade et en rentrant par la fenêtre.

Mais ce n’est pas tout : en plus de son don pour l’escalade, il possède de grandes qualités intellectuelles qui lui permettent de terminer son lycée à l’âge de 14 ans ! Ses parents pensent qu’il est encore un peu jeune pour entrer à l’Université, donc il trompe le temps jusqu’à ses 17 ans. C’est à ce moment qu’il intègre le lycée Saint-John près de Collegeville dans le Minnesota, et qu’il commence enfin à prendre du volume physique. Cela lui permet de participer aux équipes de football, baseball, basketball et d’athlétisme ; il prouve rapidement qu’il a également un don pour le sport, avec notamment une vision, une rapidité et une capacité d’improvisation redoutables.

La scolarité ne durant que deux ans à Saint-John, il passe une année supplémentaire à compléter ses études avant de penser à son futur. Parmi les activités qu’il a pratiquées, le football est sa favorite, et notamment porter le ballon à la course. A l’époque, il n’y a rien de mieux que l’équipe de l’Université de Notre Dame entraînée par le légendaire Knute Rockne. McNally rejoint les Fighting Irish en 1924 mais se heurte rapidement à un problème : non seulement il est intégré à l’équipe des joueurs de première année (alors qu’il a techniquement deux ans de plus qu’eux), mais en plus il est situé comme Tackle.

Or, il ne veut pas ouvrir les brèches mais porter la balle, ce qui le fait rentrer en conflit avec les entraîneurs. Il décide un jour de s’absenter du campus sans prévenir personne, ce qui mène à son éviction de l’Université. Comme il l’avouera plus tard, il a bien fait de ne pas lutter trop longtemps pour une place de coureur : en 1924, Notre Dame aligne le mythique quatuor des Four Horsemen : le Quarterback Harry Stuhldreher et les coureurs Don Miller, Jim Crowley et Elmer Layden ; il n’aurait jamais eu sa chance.

Après quelques péripéties qui mettent aux prises une moto qui tombe souvent en panne, une vieille dette payée par Stuhldreher suite à un devoir de poésie que McNally avait écrit pour lui à Notre Dame (Blood – esprit libre qu’il est – est un grand fan de poésie), et un retour en train à New Richmond, il se retrouve à chercher du travail. Avec un ancien camarade de Saint-John, Ralph Hanson, il prend un emploi dans le journal publié par son oncle, le Minneapolis Tribune.

Très rapidement, le duo apprend qu’une équipe semi-professionnelle se monte sur la 26e Rue Est, et il décide d’aller faire un test. Ayant tous les deux encore une année d’éligibilité universitaire, ils ont besoin de pseudonymes pour garder cette possibilité ouverte, et c’est en voyant le titre du film Blood and Sand sur un cinéma du coin qu’ils les trouvent : Ralph Sand et Johnny Blood. Ce dernier va tellement adorer ce nom qu’il décide, à partir de cet instant, de ne répondre qu’à celui-ci.

Les deux compères réussissent le test, intègrent l’équipe et font une bonne année, mais seul Blood aura un futur par la suite. Il rejoint une autre équipe à Ironwood, dans le Michigan, et un tel talent ne tarde pas à accrocher l’oeil de la NFL et de ses franchises. En 1925, il rejoint les Milwaukee Badgers et peut enfin porter la balle comme il le souhaitait ; il se révèle également être un extraordinaire receveur et un arrière défensif remarquable, ainsi qu’un lanceur et un punter de qualité. Il gagne un nouveau surnom, The Vagabond Halfback, à cause de sa liberté d’esprit.

Il joue un an avant de rejoindre le futur Hall Of Famer Ernie Nevers chez les Duluth Eskimos où il évolue en 1926 et 1927. Un nouvel épisode cocasse prouvant la personnalité de Blood survient : un soir, il est en train de lire de la poésie dans la rue, et le manager de l’équipe vient le chercher manu militari pour l’enfermer dans sa chambre au sixième étage ; des peccadilles pour le fan d’escalade qui descend par la façade pour continuer là où il s’était arrêté.

McNally passe par les Pottsville Maroons en 1928 dont il score les deux derniers touchdowns de l’histoire dans une victoire 26-0 ; la franchise disparaît dès la fin de la saison. Sa performance lors de ce match n’est pas passée inaperçue puisqu’elle a eu lieu contre les Packers ; le fondateur-entraîneur-joueur Earl « Curly » Lambeau l’a remarqué et lui propose de venir jouer à Green Bay, ce qu’il accepte. Le fantasque coureur représente la dernière pièce d’une équipe redoutable qui va dominer la NFL avec trois titres consécutifs de 1929 à 1931, faisant définitivement connaître le nom de Johnny Blood dans toute la NFL ; il score notamment 14 touchdowns en 1931. Il passe deux années de plus chez les Packers avant de quitter l’équipe en 1933, non sans continuer de cimenter sa légende de casse-cou sans pareil.

Le premier exemple intervient juste après le dernier match de la saison 1931 qui donne le titre à Green Bay. L’équipe rentre en train et une bagarre de serviettes se déclenche entre lui et le receveur Lavvie Dilweg ; ce dernier poursuit Blood en menaçant de le fouetter tout le long du train, pensant coincer son partenaire dans le dernier wagon. Mais ce dernier ne se démonte pas, grimpe par l’extérieur sur le toit du train, le remonte complètement et passe le reste du voyage à l’avant avec les conducteurs.

Un autre exemple arrive lors d’un match à l’extérieur : Blood a besoin d’une avance et demande à Lambeau, qui lui refuse. Sourd à cette plaidoirie, le coach se retranche dans sa chambre d’hôtel au huitième étage et interdit à son joueur de toquer à sa porte. Blood prend alors l’ascenseur jusqu’au huitième puis passe par l’escalier de secours et le parapet (sous les yeux interloqués de ses partenaires) pour venir toquer… à la fenêtre de la chambre de Lambeau. Il finit par obtenir son avance, bien sûr.

Il fait un court intérim d’un an chez les Pittsburgh Pirates en 1934 avant de revenir à Green Bay pour aider l’équipe à remporter un nouveau titre en 1936. Sa carrière de joueur arrivant au terme, il accepte de revenir aux Pirates en 1937 pour endosser également la casquette d’entraîneur et préparer une reconversion. Mais, comme on peut l’imaginer avec un personnage pareil, cela comporte des risques, comme la fois où Blood oublie complètement que l’équipe a un match contre Philadelphie et va regarder un match à Los Angeles. Le propriétaire Art Rooney relatera plus tard les propos d’un vétéran disant que les Pirates devaient être la seule équipe dont les joueurs s’en faisaient pour le coach et non l’inverse.

Blood met fin à sa longue et illustre carrière en tant que joueur en 1938, après 14 saisons et 137 matchs ; il se concentre pleinement sur son poste de Head Coach. Malheureusement pour lui, l’équipe ne décolle jamais vraiment et il finit par remettre sa démission au cours de la saison 1939, stoppant son record en NFL à 6-19. Il prend le poste de Head Coach de l’équipe indépendante des Kenosha Cardinals dans le Wisconsin de 1940 à 1941 ; il en profite même pour sortir brièvement de sa retraite et aider la franchise des Brooklyn Tigers de l’American Football League (AFL), troisième version.

Quand l’attaque de Pearl Harbor arrive, il intègre l’armée de l’air de 1941 jusqu’en 1945, puis il retourne au lycée de Saint-John, non seulement pour entraîner les équipes de 1950 à 1952, mais pour terminer ses études en bonne et due forme (il n’a jamais fini son cursus universitaire après Notre Dame). Cela va l’amener à rejoindre l’Université de Minnesota en 1953, à 50 ans, pour enfin obtenir un diplôme en économie. Fidèle à son esprit libre, il vit d’emplois différents et va là où son inspiration le mène.

Le Hall Of Fame de la NFL ouvre ses portes à Canton en 1963 et il fait partie de la classe inaugurale, ce qui est bien sûr un grand honneur… mais il ne peut s’empêcher de pester : sur son buste est inscrit le nom « John (Blood) McNally », alors qu’il a toujours utilisé Johnny Blood partout, y compris en signant ses contrats de joueur. Comme il le répète souvent, il était John McNally jusqu’à ce fameux voyage pour faire un test avec l’équipe de la 26e Rue Est, après quoi il est devenu Johnny Blood, joueur puis ancien joueur de football. De fait, certains déclarent avec malice qu’il est le seul joueur à être intronisé sans avoir jamais joué un snap en NFL.

Il continue à mener sa vie comme il l’entend ; le 28 novembre 1985, après une attaque l’ayant laissé affaibli, il disparaît à l’âge de 85 ans. Johnny Blood, né McNally, a définitivement refermé l’histoire d’un homme à part qui a inspiré, en partie, le personnage de George Clooney dans le film Leatherheads sorti en 2008. Est-ce si surprenant pour un homme qui a été si précoce qu’il a finalement refusé de grandir pendant longtemps, faisant exactement ce qu’il voulait quand il le voulait et de la manière la plus surprenante qui soit ?