Fiche Légende : Dutch Clark

#7 – Quarterback / Head Coach

 

 

Présentation

 

GENERALITÉS
Nom complet Earl Harry « Dutch » Clark
Date de Naissance 11 Octobre 1906
Lieu de Naissance Fowler, Colorado
Date de Décès 5 Août 1978
Lieu de Décès Cañon City, Colorado
CARRIÈRE
Lycée Central High, Pueblo, Colorado
Université Colorado College
Draft Pas de draft à l’époque
Équipes Joueur :
Portsmouth Spartans (1931-1932)
Detroit Lions (1934-1938)
Head Coach :
Detroit Lions (1937-1938)
Cleveland Rams (1939-1942)
Statistiques 7 saisons
75 matchs
45.3% de complétion
1507 yards
11 touchdowns / 26 interceptions
606 courses / 2772 yards (4.6)
28 réceptions / 341 yards (12.2)
42 touchdowns
15 Field Goals / 72 transformations
Record comme Head Coach : 30-34-2
HONNEURS
Pro-Bowls Pas de Pro-Bowl à l’époque
All-Pro 6 (1931, 1932, 1934-1937)
Performances notables Recordman en points marqués à sa retraite (369)
3 fois leader en touchdowns au sol (1934, 1936, 1937)
3 fois leader en points marqués (1932, 1935, 1936)
Récompenses 1 titre de champion (1935)
Membre de l’équipe NFL des années 1930
Numéro #7 retiré par les Lions
Hall Of Fame Classe de 1963

 

Biographie

 

Imaginez un joueur NFL, aujourd’hui, qui met deux ans entre sa sortie d’Université et son arrivée en NFL à cause de son « vrai travail », qui arrive dans la grande ligue avec une acuité visuelle catastrophique qui le rend quasiment aveugle, qui est pourtant élu All-Pro ses deux premières saisons en étant une des armes les plus polyvalentes et insaisissables, qui a la chance de jouer la première finale de l’histoire de la NFL mais qui la rate encore à cause de son « vrai travail », qui décide de ne pas revenir, puis de revenir finalement deux ans plus tard et qui continue d’amasser les performances phénoménales à tel point qu’il entre au Hall Of Fame dès sa première année (dans le cas précis, la classe inaugurale). S’il est vrai que les carrières NFL au début de l’histoire de la ligue sont souvent tortueuses, celle de Earl « Dutch » Clark est une des plus improbables.

Earl Clark naît en octobre 1906 à Fowler, dans l’état du Colorado. Il est le fils de Harry Clark et de Mary Etta Lackey, dont les familles ont émigré vers le Grand Ouest américain à la fin du XIXe siècle. Quatrième de cinq enfants, il exhibe assez vite des problèmes de vision que la famille ne peut corriger par manque de moyens ; il apprend donc à vivre avec une acuité qu’il décrira, plus tard, comme étant de 2/10 à l’oeil droit et 1/10 à l’oeil gauche, ce qui est très faible. C’est également à cette période qu’il est surnommé Dutch par la plupart des gens, un surnom qui va lui rester.

La petite famille déménage deux fois, à La Junta puis à Pueblo en 1917, où le père trouve un travail dans les Chemins de Fer du Wyoming et du Colorado. Le jeune Earl peut, lui aussi, enfin s’installer dans un quartier (il a 10 ans à l’époque), et un peu plus tard son père lui permet de commencer à faire des petits boulots. Il parvient quand même à trouver du temps pour s’amuser comme les enfants de son âge, notamment en participant à des matchs de football de quartier.

A la sortie du collège, le choix s’offre à lui : aller au lycée ou travailler. Il prend la deuxième option, rejoignant la même entreprise que son père pour devenir machiniste, et il joue au billard dans son temps libre. Mais, au bout d’un an, Clark se rend compte que le sport (surtout le football) lui manque trop, et qu’à terme, un poste de coach lui conviendrait mieux. Ne voulant pas arrêter de travailler pour aider sa famille, il suit un emploi du temps complètement fou à partir de 1922 : il intègre le lycée de Central High, rejoignant les équipes de football, basketball, baseball et d’athlétisme la journée, tout en continuant de travailler la nuit. Certes, il a déjà un an de plus que les autres garçons, et son travail aux Chemins de Fer lui permet de développer ses muscles, mais le rythme est infernal.

Logiquement, cela ne peut durer qu’un an ; en 1923, il trouve un travail à la Young Men Christian Association (YMCA), ce qui est bien moins fatigant pour lui. Sur le gridiron, Clark démarre dans les lignes offensives et défensives, ouvrant les brèches pour ses partenaires avant d’être resitué en coureur ; il fait montre de toutes ses capacités athlétiques. En 1924, il permet à Central High de remporter le titre de la South Central League en football et reçoit un vote dans l’équipe de l’état, tout en continuant à faire de belles performances sur les parquets, au lancer du disque et sur les haies. Il est clairement devenu le meilleur élève du lycée à sa sortie en 1926 : président de classe et athlète complet (même si ses participations à l’équipe de baseball n’ont pas vraiment été probantes).

Cette réussite conforte Clark dans le fait qu’il doit continuer ses études, et lui apporte les attentions de multiples Universités, mais sa polyvalence le pousse à réfléchir au sport qu’il veut mettre en avant : basket ou football ? Alors qu’il semble avoir porté son choix sur l’Université de Michigan, un dernier pitch d’une faculté bien plus modeste mais plus proche, Colorado College, décide Clark à la rejoindre ; c’est le seul choix qu’il fait véritablement, puisqu’il intègre les trois disciplines : basket, football et athlétisme (avec même un peu de baseball sur la fin) ! Encore une fois, il se révèle un joueur sur lequel on peut compter, puisqu’il est capitaine de l’équipe de football sa dernière année, et de l’équipe de basket ses deux dernières années. Positionné en tant que Quarterback-coureur sur le gridiron, il fait impression, étant notamment voté comme All-American en 1928 ; c’est le premier venant d’une Université de l’état du Colorado.

A la fin de son cursus universitaire en 1930, Clark atteint son rêve de devenir coach : il reste au Colorado College et devient assistant de l’équipe de football et Head Coach de l’équipe de basket. Mais la NFL n’est pas très loin : la franchise des Portsmouth Spartans est intéressée pour le signer en 1931, et il doit à nouveau gérer son emploi du temps pour mener de front ses deux carrières professionnelles. Dès son arrivée en NFL, malgré sa mauvaise vision, il démontre tout son talent technique et tactique : au poste de Quarterback, il est le maître offensif qui appelle les stratégies – aux postes de coureur et Kicker, il inscrit les points de son équipe ; il termine sa première saison comme All-Pro, scorant 9 touchdowns et 6 transformations, une performance remarquable quand on sait qu’il doit écourter sa participation pour retourner entraîner à Colorado College.

Rebelote en 1932 : il score 6 touchdowns mais surtout mène la ligue avec 3 Field Goals, 10 transformations et 55 points mais rate encore la fin de saison ; en effet, les Spartans finissent à égalité avec les Chicago Bears, ce qui pousse la NFL à inventer la première finale, un match supplémentaire que Clark ne peut jouer à cause de son emploi du temps. C’est en tout cas un concept que la ligue va installer pour de bon dès la saison suivante.

Cette dualité pèse pour Clark qui finit par surprendre tout le monde en déclarant qu’il ne reviendra pas jouer, préférant se concentrer sur sa nouvelle opportunité : être le Head Coach de l’équipe de football de L’École des Mines du Colorado. Mais il ne restera pas très longtemps loin des terrains de NFL : après le déménagement des Spartans à Detroit et leur changement de nom en Lions, la franchise parvient à faire revenir le joueur en 1934 (moyennant finance). Il reprend exactement là où il s’était arrêté : il reçoit un nouveau vote All-Pro en menant la ligue avec 1146 yards cumulés (passe + course + réceptions) et 8 touchdowns au sol, tout en réussissant 17 coups de pied pour un total de 73 points.

A cet instant, Clark n’a plus rien à prouver au niveau personnel : malgré sa mauvaise vision et une vitesse de course moins impressionnante que d’autres, il est considéré comme le meilleur joueur de la ligue, un fin tacticien, un leader né et une triple menace redoutable avec son bras, ses jambes et son pied. Mais il aimerait gagner un titre NFL avec sa franchise. Cela intervient en 1935 : il fait une nouvelle année remarquable avec 6 touchdowns et de nouveau 17 coups de pied, menant la ligue avec 55 points. Les Lions terminent en tête de la Western Division à 7-3-2 et remportent la finale NFL contre les Giants 26-7 avec un touchdown du #7.

Paradoxalement, alors que Clark se pose des questions sur ses aptitudes et envisage de prendre sa retraite définitive, l’année 1936 est sans doute la plus aboutie de sa carrière : il poste ses meilleurs statistiques en lanceur (53.5% de complétion – 467 yards – 4 touchdowns – 6 interceptions), et devient à nouveau le meilleur joueur de la ligue avec 7 touchdowns au sol, 19 transformations et 73 points marqués. Il opère au milieu d’une attaque terrestre formidable appelée l’Infantry Attack où évoluent également LeRoy « Ace » Gutowsky et Ernie Caddel ; cela permet à Detroit de poster un total de 2885 yards au sol sur la saison, un record qui va tenir 36 ans.

De nouveau, le joueur se pose la question de la suite de sa carrière, voulant privilégier un rôle de coach. Le hasard va bien faire les choses : l’entraîneur de Detroit, George « Potsy » Clark (aucun lien de parenté), prend le poste équivalent chez les Brooklyn Dodgers, et Clark coiffe la double casquette entraîneur et joueur. 1937 est encore une saison remarquable pour lui : sixième vote All-Pro de suite, 6 touchdowns dont 5 au sol (top NFL), 6 transformations et 45 points. Malgré l’intense usure physique qu’il ressent, il accepte de faire une dernière année sur le terrain en minimisant son temps de jeu avant de se tourner pleinement vers le rôle de Head Coach.

1938 semble signaler la fin de Dutch Clark, joueur de NFL… ce n’est pas totalement le cas. Il donne sa démission pour aller entraîner les Cleveland Rams, mais l’envie de retourner sur le terrain se fait rapidement sentir ; c’est un problème, car il n’a pas donné sa démission en tant que joueur, ce qui veut dire que ses droits appartiennent toujours à Detroit. Les deux franchises ne trouvent pas d’accord et Clark doit se limiter à être Head Coach, mettant définitivement fin à sa carrière de joueur. Il aura joué 7 saisons et 75 matchs, accumulant 6 votes All-Pro, 4620 yards et 42 touchdowns ainsi que 15 Field Goals et 72 transformations ; cela lui permet d’établir un record NFL de 369 points marqués en carrière.

Clark reste quatre ans à Cleveland, postant un record médiocre de 16-26-2 de 1939 à 1942. Il quitte un temps le football pour travailler dans les assurances, puis se tient disponible pour la Seconde Guerre Mondiale, avant de prendre, en 1944, un poste chez les Seattle Bombers dans une ligue professionnelle de la côte pacifique. En 1949 il rejoint l’All-American Football Conference (AAFC), féroce concurrente de la NFL, en devenant entraîneur des coureurs des Los Angeles Dons. Suite à la fusion entre la NFL et l’AAFC, en 1950, il se tourne vers l’Université de Detroit où il commence comme assistant avant d’être le Head Coach de 1951 à 1953 ; il en devient également Directeur Athlétique.

En 1954, Clark devient attaché commercial dans une entreprise d’ingénierie. Il reçoit plusieurs récompenses personnelles en intégrant divers Hall Of Fame (College, Michigan) avant d’être intronisé dans la classe inaugurale du NFL Hall Of Fame en 1963.

Il décède d’un cancer en août 1978 à l’âge de 71 ans, mettant fin à un chemin de vie qui aura été tout sauf rectiligne.