Fiche Légende : Benny Friedman

Quarterback

 

BennyFriedman

 

Présentation

 

GENERALITÉS
Nom complet Benjamin « Benny » Friedman
Date de Naissance 18 Mars 1905
Lieu de Naissance Cleveland, Ohio
Date de Décès 24 Novembre 1982
Lieu de Décès New York, New York
CARRIÈRE
Lycée Glenville, Cleveland
Université Michigan
Draft Pas de draft en 1927
Équipes Joueur :
Cleveland Bulldogs (1927)
Detroit Wolverines (1928)
New York Giants (1929-1931)
Brooklyn Dodgers (1932-1934)
Coach :
New York Giants (1930)
Brooklyn Dodgers (1932)
CCNY (1934-1941)
Brandeis University (1950-1959)
Statistiques 8 saisons
81 matchs
66 touchdowns lancés
1000+ yards au sol
2 Field Goals / 71 transformations
HONNEURS
Pro-Bowls
All-Pro 5 (1927-1930, 1933)
Performances notables 4 fois leader en touchdowns à la passe (1927-1930)
Seul leader en touchdowns à la passe et à la course (1928)
Recordman de touchdowns lancés à sa retraite (66)
Récompenses
Hall Of Fame Classe de 2005

 

Biographie

 

Voici ce qu’a écrit Paul Gallico, le journaliste sportif le plus respecté des années 1920 :

Telles sont les choses que doivent réussir le parfait joueur de football : botter, passer, courir avec ou sans la balle, plonger dans les tranchées, bloquer, plaquer, zigzaguer parmi les adversaires, marquer, interférer, diagnostiquer les actions, trouver les failles de l’ennemi, diriger une attaque et ne pas se blesser. Je viens de vous décrire le répertoire de Benny Friedman.

Benjamin Friedman naît en mars 1905 à Cleveland, dans l’état d’Ohio. Il est le fils de deux immigrés juifs russes qui ont fui leur pays pour tenter l’aventure du rêve américain ; le père Louis est tailleur, la mère Mamie est femme au foyer. Contrairement à ses parents qui ont vécu un temps en Russie avant d’émigrer, le jeune Benny a davantage envie de se mélanger à la culture américaine, mais il se rend vite compte que les gens comme eux ne sont pas forcément le bienvenu. Un des moyens pour se faire accepter est de se mettre aux passe-temps de l’époque, et la popularité du football est grandissante, notamment dans l’état ; c’est certes un sport violent que les parents réprouvent, mais que les enfants adorent. Friedman et ses semblables se mettent à organiser leurs propres matchs dans la rue.

Mais ce n’est pas suffisant pour le jeune garçon qui veut également devenir l’homme le plus fort et le plus intelligent du monde. Il se concocte un entraînement utilisant des poids ou des medecine balls, une chose qui est plutôt mal vue car il était supposé que cela créait un surdéveloppement de muscles ; il utilise aussi des objets de la vie courante comme des balais qu’il lève par l’extrémité ou des chaises qu’il jongle par une des pattes. Il s’entraîne également à améliorer sa prise du ballon de football en main, sachant qu’à l’époque il était bien plus rondelet qu’aujourd’hui, le rendant plus difficile à agripper. Cela lui permet de muscler son corps mais aussi sa tête en essayant de comprendre les mécanismes de levier qui agissent.

Néanmoins, il y a une chose que Friedman ne peut pas améliorer malgré tout l’entraînement du monde : sa taille. Quand il entre au lycée de East Tech – après un passage par Fairmount où il a reçu ses premières vraies leçons de football, le Head Coach Sam Willaman le met de suite sur le banc pour qu’il apprenne. Après deux ans, il espère enfin pouvoir jouer lors de son année junior en 1921, mais Willaman refuse de le mettre sur le terrain car il est trop petit (1m67) ; et peu importe qu’il soit bien plus rapide, agile, fort qu’il n’en a l’air, ou qu’il arrive à agripper la balle et la lancer précisément mieux que quiconque. Le coach finit par dire à Friedman qu’il aurait plus de chance de jouer au lycée de Glenville. C’est ce qui arrive quand la famille déménage, et malgré un démarrage très chaotique qui voit le joueur faire un tour dans l’équipe réserve, il se reprend et brille sur le terrain comme passeur et coureur ; il mène Glenville au titre de la ville en 1922, battant au passage les favoris… East Tech. En parallèle, il évolue également dans les équipes de basketball et de baseball.

BennyFriedman-MichiganLes exploits de Friedman sur le gridiron lui valent les considérations de plusieurs Universités, mais son gabarit lui ferme à nouveau des portes, comme celles de Penn State. C’est une autre Université de la prestigieuse Ivy League qui semble la mieux placée, Dartmouth, avant que des anciens élèves de l’Université de Michigan l’aiguillent vers leur alma mater. Impressionné par ce qu’il voit et préférant rester dans les « environs » de Cleveland plutôt que de partir sur la côte Est (la faculté de Michigan est à Ann Arbor, de l’autre côté du Lac Érié), il choisir de rejoindre Michigan en 1923. Sous l’égide du légendaire Head Coach Fielding Yost, un des rares à promouvoir la passe vers l’avant à l’époque, la qualité de Friedman est rapidement reconnue et il fait une première saison très concluante.

Malheureusement pour Friedman, Yost part en retraite juste après, et il se retrouve avec un Head Coach, George Little, qui le met sur le banc lors de son année de sophomore. Il rentre quand les matchs sont déjà perdus, et fait de bonnes performances comme lanceur et coureur ; Yost glisse un mot à Little de le faire plus jouer. A la fin de la saison, Little part à l’Université Wisconsin, provoquant le retour de Yost et le soulagement de Friedman : il devient le Quarterback titulaire. Il émerveille par sa capacité à lancer le cuir, notamment au receveur Bennie Oosterbaan ; Michigan réussit une saison à 7-1 et cumule un score de 227-3, les trois points encaissés étant la seule défaite 3-2 contre Northwestern sous une pluie torrentielle. Yost déclare que c’est la meilleure équipe qu’il ait entraînée, et Friedman reçoit son premier vote All-American ; il va répéter cela en 1926, tout en étant élu meilleur joueur de la conférence Big Ten. Son total de 27 touchdowns en quatre années universitaires est complètement inédit pour l’époque.

BennyFriedman-WolverinesBien que la NFL récemment formée soit bien moins attractive que le football universitaire, Friedman continue sa carrière en signant chez les Cleveland Bulldogs en 1927. Dès son arrivée au poste de Quarterback, il stupéfie par sa maîtrise de la passe vers l’avant avec 1700+ yards et 12 touchdowns ; Cleveland termine 8-4-1 avec la meilleure attaque de la ligue. La franchise déménage à Detroit pour devenir les Wolverines en 1928, et le lanceur continue son assaut aérien avec 1100+ yards et 10 touchdowns ; il réussit la prouesse de mener la ligue en touchdowns à la course ET à la passe, ce qu’aucun autre joueur n’a réussi dans l’histoire. La franchise termine 7-4-1 alors qu’il laisse derrière lui les meilleurs au poste, comme le futur Hall Of Famer Ernie Nevers, au niveau statistique.

C’est à ce moment qu’il attire l’oeil du propriétaire des New York Giants, Tim Mara, qui veut absolument faire venir Friedman pour deux raisons : son excellence (pour l’aspect sportif) et son attrait populaire (pour l’aspect financier). Comme il n’y parvient pas, il emploie les grands moyens en rachetant l’équipe complète des Wolverines ! Le Quarterback va rapidement récompenser cette prise de risque : dans une saison de 15 matchs, il lance 20 touchdowns – un record qui va tenir jusqu’en 1942 – alors que les Giants finissent deuxième de NFL à 13-1-1 avec la meilleure attaque de la ligue. Friedman fait une nouvelle saison excellente en 1930, tenant même le rôle de Head Coach quelques matchs ; New York termine encore deuxième avec la meilleure attaque. Il boucle ainsi quatre années incroyables où il a été voté All-Pro à chaque fois, lançant 50+ touchdowns pour 5600+ yards avec une précision proche des 50%, ce qui est totalement inédit pour l’époque ; et encore, les statistiques sont incomplètes !

Début 1931, Friedman accepte une proposition pour devenir coach assistant de l’Université de Yale. Il pense arrêter le football professionnel, mais il rempile pour une saison en 1931, menant les deux carrières de front ; en ajoutant une blessure au genou par-dessus, il est logique que ses statistiques en pâtissent. Une bisbille avec Mara concernant son entrée dans le capital de la franchise pousse le joueur à signer avec les Brooklyn Dodgers où il devient manager, entraîneur et joueur. Cela devient trop compliqué à gérer et il laisse tomber le poste de Head Coach en 1933 ; son temps de jeu diminue et ses statistiques de même. Il fait une dernière année à Brooklyn en 1934 mais ne joue qu’un seul match.

Friedman prend par la suite sa retraite professionnelle, partant comme le meilleur passeur de l’histoire avec au moins 5600 yards et 66 touchdowns ; il faudra attendre le grand Sammy Baugh pour voir ces records tomber dans les années 1940. Il prend un poste de Head Coach au City College de New York qu’il garde de 1934 à 1941 (record global de 27-31-4), avant de s’engager dans la Seconde Guerre Mondiale avec la Navy. A son retour, il vend des voitures puis retourne au football en devenant le Directeur Athlétique de l’Université de Brandeis de 1949 à 1963 ; il en devient le Head Coach de l’équipe de football entre 1951 et 1959 (record global de 34-32-4), après quoi la faculté stoppe l’activité à cause de son coût onéreux.

BennyFriedman-Brandeis1963 est également l’année de la création du Hall Of Fame de la NFL à Canton, avec la classe inaugurale des meilleurs joueurs de l’histoire ; Friedman n’en fait pas partie, contrairement à d’autres Quarterbacks comme son contemporain Earl « Dutch » Clark ou son successeur dans l’art de la passe vers l’avant, Sammy Baugh. Malgré toutes les accolades qu’il reçoit par ailleurs (College Hall Of Fame, Michigan Sports Hall Of Fame, Cleveland Sports Hall Of Fame, Jewish Sports Hall Of Fame), la NFL continue de le bouder de manière assez inexplicable ; certains avancent son égo démesuré et sa volonté de mettre son succès personnel avant celui de l’équipe. Entre-temps, il ouvre un camp d’entraînement pour jeunes Quarterbacks à Oxford, dans l’état du Maine, et il se bat contre de multiples problèmes de santé.

En 1979, suite à la présence d’un caillot, sa jambe commence à se gangréner et il doit être amputé en-dessous du genou. Vivant très mal cette mutilation et souffrant de divers maux, il sombre dans une sévère dépression qui le pousse à se donner la mort par arme à feu le 24 novembre 1982, à l’âge de 77 ans.

Il faudra attendre 23 ans après sa mort, en 2005, pour que le Hall Of Fame de la NFL daigne enfin l’accepter parmi les immortels comme le précurseur de tous les Quarterbacks passeurs qui sont venus après lui.