Fiche Légende : Terrell Davis

#30 – Running Back

 

SGS-TerrellDavis

 

Présentation

 

GENERALITÉS
Nom complet Terrell Lamar Davis
Date de Naissance 28 Octobre 1972
Lieu de Naissance San Diego, Californie
Date de Décès
Lieu de Décès
CARRIÈRE
Lycée Lincoln, San Diego
Université Long Beach State / Georgia
Draft 6e tour de 1995 (#196)
Équipes Denver Broncos (1995-2002)
Statistiques 7 saisons
78 matchs – 77 comme titulaire
1655 courses / 7607 yards (4.6)
169 réceptions / 1280 yards (7.6)
65 touchdowns
HONNEURS
Pro-Bowls 3 (1996-1998)
All-Pro 3 (1996-1998)
Performances notables 2 fois leader en touchdowns (1996, 1998)
Leader en yards (1998)
Meilleur coureur des Broncos (multiples records)
Récompenses 2 fois Offensive Player Of The Year (1996, 1998)
1998 MVP
2 bagues de champion (1998, 1999)
Super Bowl XXXII MVP
Membre de l’équipe NFL des années 1990
Membre du Broncos Ring Of Honor
Hall Of Fame Classe de 2017

 

Biographie

 

TerrellDavis-SuperBowlL’histoire est connue mais à la fois incroyable et fait un peu froid dans le dos. Le coureur des Broncos Terrell Davis est victime de migraines depuis son enfance, et malheureusement l’une d’entre elles frappe en plein milieu du Super Bowl XXXII. Un des symptômes est la perte totale de la vision, mais le Head Coach Mike Shanahan lui demande de rentrer sur une action pour que la feinte de course soit crédible. Davis s’exécute et Denver score, avant que le coureur ne sorte se soigner pour de bon. Cela ne l’empêchera pas de revenir sur le terrain et de mener son équipe à la victoire ; bien qu’il ait connu une carrière si courte, tel est un exemple de l’impact de T.D. sur ses partenaires… et ses adversaires.

Terrell Davis naît en octobre 1972 à San Diego, dans l’état de Californie. Il vit avec ses frères et soeurs dans un quartier de la ville qui est loin d’être un havre de paix, mais le jeune Terrell se tient éloigné de ce genre de problèmes. Il faut dire qu’il en a deux à affronter, bien plus insidieux : le premier est son père, à la fois figure paternelle empêchant ses fils de tomber dans les affres du quartier mais les représentant aussi avec un passif de délinquant alcoolique et toxicomane – le deuxième est cette propension aux migraines qu’il a dès l’âge de sept ans. La famille n’ayant pas de quoi lui acheter des médicaments, la mère essaie de le calmer avec des infusions d’herbes ; le jeune Terrell souffre en silence en attendant que la douleur passe. Première preuve de sa maturité, tenacité, patience et tolérance à la douleur.

Cela ne l’empêche pas d’être un garçon actif et attiré par le sport, notamment le football ; il intègre l’équipe de Pop Warner des environs au poste de coureur et démontre de belles qualités. Mais un événement va tout changer chez le sérieux et mature Terrell : son père, Joe, meurt d’un lupus, ayant refusé de se soigner. Même s’il pouvait être un monstre imbibé d’alcool, il n’a jamais cessé d’aimer ses enfants, et de représenter une influence positive car il refusait qu’ils fassent les mêmes erreurs que lui. Une fois Joe disparu, la fratrie est happée par les dangers du quartier, et même Terrell finit par y succomber en partie : il répond à ses professeurs, traîne avec ses meilleurs amis et leurs gangs (même si lui n’en fait pas partie) et délaisse ses études ainsi que le football.

Mais chassez le naturel, il revient au galop : alors qu’il est au milieu de son cursus lycéen à Morse, la conscience de Terrell le rattrape et il sent qu’il est sur la mauvaise pente. Pendant ce temps, son grand frère Bobby a déjà commis l’irréparable et prend onze ans de prison pour vol à main armée, ce qui finit de le convaincre qu’il doit changer quelque chose. Il sait qu’il n’a aucune chance de redorer son image dans son lycée actuel, donc il demande un transfert à celui de Lincoln pour repartir sur des bases saines. Sage décision : il retourne en classe, reprend ses études et également le football, même s’il doit se muer en Nose Guard et Kicker sa « première » année car ils ont trop de coureurs. En parallèle, il fait de la lutte et de l’athlétisme.

Il parvient enfin à jouer coureur pour sa dernière année de lycée, ce qui va lui permettre de faire rebondir sa carrière. Son demi-frère, Reggie Webb, qui est à l’Université de Long South Beach, propose à ses coachs d’aller voir un coureur prometteur au lycée de Lincoln pour pallier leurs problèmes au poste. Ces derniers remarquent immédiatement Davis et lui proposent une bourse sportive. Le jeune homme est bien tombé : il se retrouve dans une équipe coachée par le futur Hall Of Famer George Allen. Il décide de passer sa première année comme redshirt (i.e. de ne pas jouer), et intègre l’équipe en 1991 ; malheureusement, Allen disparaît au cours de la saison et, bien que le coureur joue quelques matchs, le programme de football est annulé à la fin de l’année.

TerrellDavis-GeorgiaDavis veut poursuivre le football et visite plusieurs Universités avant de porter son choix sur Georgia. Chez les Bulldogs, il se trouve derrière un futur joueur NFL, Garrison Hearst, ce qui limite ses opportunités. Cela le fait rentrer en conflit avec son Head Coach de l’époque, Ray Goff ; de plus, une double blessure à l’ischio-jambier l’empêche de donner son maximum. Tout cela explique qu’en 1995, à sa sortie de l’Université, Terrell Davis n’est pas vu d’un bon oeil par les professionnels ; malgré le fait qu’il a des moyennes de 5.4 yards par course et 14.9 yards par réception.

En effet, Davis n’est pris qu’au sixième tour de la draft de 1995 par les Denver Broncos ; le joueur arrive tout en bas du depth chart des coureurs et prend cela comme un nouveau défi à relever. Il fait tout pour se faire remarquer, travaillant avec sérieux et motivation, jusqu’à ce que son moment arrive dans un match de présaison contre les San Francisco 49ers à Tokyo : sur un kickoff, il sprinte et assène un plaquage monstrueux sur le retourneur adverse ; de ceux qui laissent une impression sur les coachs. Davis progresse pendant la présaison à tel point qu’ils finissent par lui donner sa chance et le #30 gagne sa place de titulaire.

Il installe de suite son style : puissant et rapide, il engrange 1117 yards et 7 touchdowns sur 237 courses, devenant le rookie pris le plus tardivement à la draft à dépasser 1000+ yards. Il est de suite récompensé avec un nouveau contrat, et les Broncos augmentent sa charge de travail : il porte le cuir 345 fois en 1996 pour 1538 yards et 13 touchdowns ; cette dernière marque étant un record de la franchise ! Cela permet à Davis d’être élu Offensive Player Of The Year ; il est également voté Pro-Bowler et All-Pro, ce qu’il va répéter les deux années suivantes.

TerrellDavis-MileHighSaluteEn 1997, il aide la franchise à accéder au Super Bowl XXXII en menant la ligue avec 15 touchdowns au sol (pour 369 courses et 1750 yards). Contre les champions en titre Packers, il délivre une performance irréelle avec 30 courses pour 157 yards et 3 touchdowns malgré cette migraine qui le force à rater le deuxième quart-temps ; cela lui vaut logiquement le titre de Super Bowl MVP. Tout le monde sait que c’est à lui que Denver doit son titre, et la création d’une célébration reprise par tous les fans : le Mile High Salute.

Et pourtant, la NFL n’a encore rien vu, puisque 1998 est le chef-d’oeuvre de T.D. : grâce à un total monstrueux de 392 courses, il devient le quatrième coureur à dépasser 2000 yards sur une saison après O.J. Simpson, Eric Dickerson et Barry Sanders ; il totalise 2008 yards et 21 touchdowns, menant largement la NFL. Sans surprise, cela lui octroie les récompenses de MVP, Offensive Player Of The Year, Pro-Bowler et All-Pro ; il mène à nouveau Denver vers le titre avec un Super Bowl XXXIII à 152 yards cumulés.

Au sommet de son art, Davis est promis à quelques belles années encore, même si son nombre de courses est astronomique. Malheureusement, cela ne va pas être le cas : lors du quatrième match de la saison 1999 contre les Jets, Davis se blesse gravement au genou en tentant un plaquage suite à une interception. Il subit une double rupture de l’ACL et du MCL qui va mettre virtuellement fin à sa carrière : il rate le reste de la saison 1999, puis une grande partie de la saison 2000 suite à une fracture de fatigue causée par la compensation, et enfin la moitié de la saison 2001 suite à une arthroscopie du genou. Il revient plutôt bien dans l’autre moitié de la saison avec 4.2 yards par course, mais l’articulation de Davis se détériore et le pousse à annoncer sa retraite anticipée pendant la présaison 2002.

Il est légitime de se demander ce qu’il aurait pu faire sans cette blessure, terminant avec seulement 7 saisons au compteur, dont 2.5 rendues insignifiantes par les blessures. Il reste détenteur de plusieurs records de la franchise des Broncos à la course, et surtout il a été décisif en playoffs, amassant 204 courses pour 1140 yards et 12 touchdowns. Il n’est pas surprenant de voir Denver l’honorer avec plusieurs distinctions, mais il est également compréhensible que la plus grande de toute, le Hall Of Fame, reste longtemps hypothétique à cause de la brièveté de sa carrière.

Son élection en 2017, après onze ans d’attente, ouvre-t-elle la porte à d’autres courtes mais productives carrières ? Ou cela peut-il seulement arriver pour les joueurs ayant maximisé leur impact avec plusieurs titres à la clé (auquel cas les candidats ne sont finalement pas si nombreux) ? Le débat est ouvert, mais ce qui est sûr, c’est que Terrell Davis se sera constamment battu contre les éléments pour arriver là où il en est aujourd’hui ; avec parfois cette impression d’avoir eu de la chance, mais une chance provoquée par le sérieux et le travail.