Fiche Légende : Kurt Warner

#10, 13 – Quarterback

 

KurtWarner

 

Présentation

 

GENERALITÉS
Nom complet Kurtis Eugene « Kurt » Warner
Date de Naissance 22 Juin 1971
Lieu de Naissance Burlington, Iowa
Date de Décès
Lieu de Décès
CARRIÈRE
Lycée Regis, Cedar Rapids, Iowa
Université Northern Iowa
Draft Non-drafté en 1994
Équipes Green Bay Packers (1994)
Iowa Barnstormers (1995-1997) (AFL)
Amsterdam Admirals (1998) (NFL Europe)
Saint-Louis Rams (1998-2003)
New York Giants (2004)
Arizona Cardinals (2005-2009)
Statistiques 12 saisons
124 matchs – 116 comme titulaire
65.5% de complétion
32344 yards
208 touchdowns / 128 interceptions
93.7 QB rating
HONNEURS
Pro-Bowls 4 (1999-2002, 2008)
All-Pro 2 AFL (1996, 1997)
2 NFL (1999, 2001)
Performances notables 2 fois leader en touchdowns (1999, 2001)
Leader en yards (2001)
Récompenses 2 fois MVP (1999, 2001)
1 bague de champion (1999)
Super Bowl XXXIV MVP
Membre du Iowa Barnstormers Hall Of Fame
Membre de l’AFL Hall Of Fame
Membre du Cardinals Ring Of Honor
Hall Of Fame Classe de 2017

 

Biographie

 

Que des joueurs venus « de nulle part » aient fait une grande carrière en NFL dans les débuts de la grande ligue, cela n’est pas anormal ; pendant assez longtemps, la détection des talents était quasi-nulle et le recrutement limité à la région environnante. Même avec l’amélioration du scouting, certains futurs Hall Of Famers sont passés à travers les failles, parfois avec des raisons discutables (Warren Moon parce qu’il était un Quarterback afro-américain par exemple). Mais qu’un joueur, dans les années 1990, ait fait un essai en NFL avant d’être (logiquement) rembarré, ait dû remplir des rayons en grand magasin pour vivre et passer par deux ligues « inférieures » avant d’être catapulté sauveur par la force des choses d’une franchise NFL et de réussir au-delà des espérances, devenant le meilleur joueur de la ligue tout en gagnant le titre suprême, puis retomber dans l’anonymat et renaître de ses cendres pour un dernier baroud… on touche vraiment au scénario hollywoodien par excellence. C’est pour cela que l’histoire de Kurt Warner est totalement unique dans la NFL.

Kurtis Warner naît en juin 1971 à Burlington, dans l’état de l’Iowa. Ses parents divorcent alors qu’il n’a que six ans et sa mère doit prendre plusieurs emplois pour subvenir aux besoins de la famille. Le petit Kurt aide sa mère avec son frère Matt pour les tâches ménagères, et se découvre un talent pour le flag football. Il intègre l’équipe de jeunes du coin et souhaite devenir receveur, mais il est trop lourd et se retrouve sur la ligne, ce qu’il déteste.

Il espère qu’il jouera à son poste préféré lorsqu’il rentre au lycée Regis de Cedar Rapids, mais, cette fois, c’est la puissance de son bras qui lui dicte une autre position : Quarterback. Bien que n’étant pas chaud à cette idée, Warner s’améliore et enchaîne record sur record dans son lycée, finissant même par être élu All-State sa dernière année en 1988. Il pense que sa participation au All-Star Game de l’état va se traduire par des propositions de bourses universitaires, mais il est vite refroidi : les scouts pensent qu’il a atteint son plafond et qu’il n’ira jamais plus haut.

KurtWarner-NorthernIowaIl doit donc revoir ses prétentions à la baisse, et même oublier la Division I-A, le meilleur échelon universitaire ; il s’inscrit dans une faculté de Division I-AA, Northern Iowa. Encore une fois, il est mis face à la réalité : il n’a pas le talent nécessaire et passe les quatre premières années sur le banc (il est redshirt en 1989). Il fait quelques apparitions sympathiques en 1992 mais pas suffisamment pour être titulaire de suite. Il doit attendre sa cinquième année, en 1993, pour gagner le poste. Il fait une bonne saison, étant voté meilleur joueur de la Missouri Valley Conference.

Mais cette unique année de titulaire à Northern Iowa empêche logiquement Warner d’espérer grand-chose au niveau de la NFL ; il aura déjà de la chance si une équipe veut bien le voir à l’essai. Il n’est pas sélectionné lors de la draft 1994 et doit attendre que des équipes se manifestent. Les Green Bay Packers souhaitent le voir à l’oeuvre pendant leurs camps d’entraînement, mais la lutte est difficile : l’équipe a déjà le futur Hall Of Famer Brett Favre, le remplaçant officiel Ty Detmer et le jeune Mark Brunell dont le talent lui permettra d’aller faire de belles choses à Jacksonville sous peu. Nouvelle rencontre brutale avec la réalité : Warner est rapidement perdu, les coachs décrètent qu’il n’est pas prêt et il est libéré.

Son rêve de footballeur professionnel dans la grande ligue s’étant rapidement éteint, Warner doit prendre un travail pour subvenir au besoin de sa famille qui vit dans le sous-sol de la maison des parents de sa compagne ; il s’entraîne avec son ancienne équipe universitaire la journée pour rester en forme, et remplit des rayons dans un supermarché la nuit. A court d’argent, il finit par comprendre qu’il doit prendre des chemins détournés s’il veut réaliser son rêve, et cela signifie se diriger vers l’Arena Football League qui possède une équipe dans les environs, les Iowa Barnstormers ; bien que ce ne soit pas la NFL, c’est déjà autre chose que le supermarché. Ce style de jeu va lui convenir parfaitement : arrivé en 1995, Warner excelle dans l’AFL, menant les Barnstormers à deux finales consécutives (1996 et 1997) et étant voté dans l’équipe All-Arena.

KurtWarner-AFLDe fait, sa notoriété commence à s’étendre et cela arrive jusqu’aux oreilles du Head Coach des Amsterdam Admirals de la NFL Europe, Al Luginbill. En juillet 1997, ce dernier appelle Warner et lui demande s’il serait toujours intéressé par « le football à onze contre onze » (l’AFL opposant des équipes de huit joueurs sur un terrain équivalent à une patinoire de hockey) ; le Quarterback assure que c’est le cas, mais à une condition : qu’il soit signé par une équipe NFL et envoyé en NFL Europe pour faire ses gammes. Il espère que ce nouvel essai se déroulera mieux que celui avec les Chicago Bears un an plus tôt : il avait dû l’annuler suite à une morsure d’araignée subie pendant sa lune de miel qui avait fait gonfler son bras. Luginbill appelle plusieurs franchises, mais seuls les Saint-Louis Rams entraînés par Dick Vermeil répondent positivement, et le marché est conclu : Warner ira faire la saison de NFL Europe avec les Amsterdam Admirals avant de revenir pour celle de NFL avec les Rams.

Warner s’améliore pendant les camps d’entraînements NFL et gagne sa place de Quarterback #3 derrière Tony Banks et Steve Bono ; il ne lance que quatre passes en 1998. Il n’est pas protégé pour la draft d’expansion de 1999 (celle qui suit la création des « nouveaux » Browns), mais Cleveland ne le choisit pas et il reste à Saint-Louis où il devient le #2 derrière Trent Green. Depuis 1990, les Rams pataugent dans des saisons négatives voire catastrophiques (45 victoires en neuf ans seulement), et le guigne frappe à nouveau lorsque Green subit une rupture d’ACL au genou pendant la présaison. L’inconnu Kurt Warner est catapulté sur le terrain comme Quarterback titulaire, et Vermeil martèle que l’équipe va se rallier au #13 et jouer du football de qualité ; après tout, il n’a plus le choix.

C’est le début d’une des saisons les plus improbables de l’histoire de la NFL. Dans un renversement totalement incroyable, l’équipe termine en tête de la NFL à 13-3 avec une attaque de jeu vidéo baptisée le Greatest Show On Turf : Warner, bien protégé dans une ligne offensive où se trouve le futur Hall Of Famer Tackle Orlando Pace, en est le bras armé exceptionnel avec une pléthore de cibles redoutables : Isaac Bruce, le rookie Torry Holt, Ricky Proehl, Az-Zahir Hakim, le Tight End Roland Williams et le futur Hall Of Famer coureur Marshall Faulk. Pour la première fois de leur histoire, les Rams dépassent 500 points marqués (526) alors que le Quarterback fait une saison dantesque à 65.1% de complétion (top NFL), 4353 yards, 41 touchdowns (top NFL), 13 interceptions et un QB Rating de 109.3 (top NFL) ; l’inconnu est tout simplement devenu le meilleur joueur de la ligue, remportant le titre de MVP avec son double vote Pro-Bowl et All-Pro.

Et il ne s’arrête pas là, car la première saison en playoffs des Rams depuis leur retour à Saint-Louis en 1995 est un vrai conte de fées : Warner mène une nouvelle charge offensive en Divisional Round contre Minnesota dans une victoire 49-37. La finale NFC est une autre paire de manches contre la terrible défense de Tampa Bay, mais malgré un match passé à subir les coups répétés, Warner délivre la seule passe de touchdown du match à Proehl pour un succès 11-6. Le Cendrillon de la NFL, bien aidé par une attaque explosive et une défense sous-cotée, ramène les Rams au Super Bowl 20 ans plus tard ; encore une fois c’est un gros test défensif avec les Tennessee Titans en face. Warner va de nouveau réussir une action décisive avec une bombe transformée en touchdown de 73 yards par Bruce qui porte le score à 23-16 à deux minutes de la fin. La défense des Rams brille à son tour avec un plaquage crucial à un yard de son en-but, parachevant le miracle : Saint-Louis est passé en une seule saison de 4-12 à 13-3 et a remporté le titre avec un meneur offensif venu de nulle part, meilleur joueur NFL et meilleur joueur du Super Bowl XXXIV avec 414 yards (un record).

Rams-GreatestShowOnTurf
Warner, Holt, Bruce, Faulk

L’année 2000 va être moins réussie car Warner se blesse à la main et connaît une saison moindre ; s’il parvient à mener la ligue avec 67.7% de complétion, il n’accumule que 3429 yards, 21 touchdowns et surtout 18 interceptions. Cependant, il remet vite les pendules à l’heure en 2001 : il mène la NFL avec 68.7% de complétion, 4830 yards et 36 touchdowns ; cela lui vaut à nouveau le triplé de récompenses : MVP, Pro-Bowl et All-Pro. Les Rams terminent 14-2 en tête de la NFC et disposent des Packers puis des Eagles en playoffs avant de retourner au Super Bowl comme les immenses favoris face aux New England Patriots. Mais c’est la déconvenue : Warner est mis sous pression par le schéma défensif agressif mis en place par Bill Belichick qui coupe la connexion avec Faulk et pousse le Quarterback à la faute avec deux interceptions dont une remontée pour un touchdown. Warner mène un retour dont il a le secret de 17-3 à 17-17 (il finira avec 365 yards), mais laisse trop de temps aux Patriots qui remontent le terrain une dernière fois pour choquer la NFL avec une victoire 20-17.

Alors que la possibilité d’une dynastie des Rams s’écroule (lançant celle de leurs adversaires de la finale sans que l’on s’en doute encore), la relation entre Warner et le Head Coach Mike Martz, qui a succédé à Vermeil en 2000, suit la même trajectoire : l’ancien Coordinateur Offensif de l’équipe a toujours énormément demandé à Warner, le poussant au maximum. La corde finit par rompre à partir de 2002 : le #13 joue très mal et se blesse encore à la main, laissant la place à Marc Bulger. Quand il revient, il continue de décliner ; le divorce semble consommé dès le premier match de la saison 2003 où Warner fumble la balle six fois et laisse définitivement sa place à Bulger. Il regarde du bord de touche Saint-Louis être sorti en playoffs à la fin d’un match fou en double prolongation par les Carolina Panthers menés par une vieille connaissance : le Quarteback Jake Delhomme, qui était le remplaçant de Warner chez les Admirals en 1998.

Ce n’est donc pas une surprise quand le Quarterback est libéré par Saint-Louis début 2004. Il signe chez les New York Giants pour tenir la place le temps que le rookie Eli Manning apprenne les ficelles ; malgré un bon départ, le style d’attaque ne lui convient pas et il finit par être remplacé par le rookie. Ce dernier a beaucoup du mal, semblant parfois perdu, mais Warner l’aide sans réserve et insiste pour qu’il reste sur le terrain et apprenne de la meilleure façon qui soit : en jouant. A la fin de la saison, le #13 n’a plus vraiment d’utilité et demande à être libéré, ce qu’il obtient.

Il signe alors chez les Arizona Cardinals en 2005, où il se retrouve dans la même position qu’à New York : titulaire et mentor d’un rookie Quarterback choisi au premier tour, Matt Leinart. Dans le désert, Warner se retrouve dans une situation pire qu’à Saint-Louis : les Cardinals n’ont posté qu’une saison positive depuis 1985, et cela ne semble pas aller mieux vu le niveau de l’équipe. Il ne fait rien lui-même pour arranger les choses dans une première saison moyenne et terminée sur une blessure. Nouveau carrousel au poste en 2006, et il ne joue que six matchs : au début et à la fin à cause d’une blessure de Leinart. Il obtient une dernière chance en 2007 quand ce dernier se fracture la clavicule, mais l’opportunité semble s’évaporer quand il se disloque le coude. Néanmoins, sa compétitivité le pousse à jouer avec une aide, et il surprend la NFL en retrouvant son allant, terminant la saison comme un boulet de canon avec 3417 yards et 27 touchdowns.

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Kurt Warner et Ken Whisenhunt

En 2008, le Head Coach Ken Whisenhunt fait confiance à Warner qui va montrer qu’il n’est pas mort : son tutorat du jeune talent receveur Larry Fitzgerald et la présence d’armes offensives comme le receveur Anquan Boldin ou les coureurs Tim Hightower et Edgerrin James permettent au Quarterback de faire une saison complète à 67.1% de complétion, 4583 yards, 30 touchdowns et 14 interceptions. Bien qu’Arizona se qualifie par la petite porte à 9-7 et avec une mauvaise fin de saison, le Quarterback mène l’équipe à sa première victoire en playoffs à domicile depuis 1947 contre Atlanta, puis une victoire en Divisional Round contre Carolina. En finale NFC, il fait un match parfait avec 279 yards, quatre touchdowns et aucune interception contre Philadelphie pour de nouveau réussir l’impensable : amener les Cardinals à leur premier Super Bowl. Comme il l’a tant fait cette saison-là, il se connecte avec Fitzgerald pour un touchdown de 64 yards qui met Arizona devant 23-20 à deux minutes de la fin, mais comme en 2001 il reste trop de temps sur l’horloge : Pittsburgh l’emporte 27-23 sur un touchdown à la dernière seconde. Warner termine avec 377 yards, ce qui lui donne les trois plus grosses performances pour un Quarterback au Super Bowl à l’époque (414 – 377 – 365)… mais il n’a gagné qu’un titre.

A 38 ans, il repart pour une dernière année à Arizona, menant une dernière saison en playoffs et réussissant un dernier feu d’artifice : les Cardinals reçoivent les Green Bay Packers du jeune talent Aaron Rodgers. Les deux pistoleros s’offrent un duel homérique qu’Arizona finit par emporter 51-45 en prolongations ; lors de ce match contre une des plus féroces défenses de la ligue, Warner a enregistré plus de touchdowns (cinq) que de passes ratées (quatre) pour 379 yards. Malheureusement, l’histoire s’arrête brutalement au tour suivant avec une défaite 45-14 contre les Saints : il reçoit un choc violent sur un bloc aveugle suite à une interception et doit sortir du match ; cette action sera largement scrutée lors de la découverte de Bountygate, le système de primes mis en place par la défense de New Orleans pour blesser le Quarterback adverse (même si Warner a toujours soutenu que le coup était légal).

C’est le signe, pour lui, qu’il doit mettre un terme à sa carrière. Warner se retire en 2010 à 38 ans après 12 saisons et 124 matchs de NFL, plus quelques-uns en AFL et NFL Europe. Il entre au Hall Of Fame de l’AFL en 2011 avant de rejoindre celui de la NFL six ans plus tard comme un des immortels les plus improbables de l’histoire ; et ce, même si certains clament que le milieu de sa carrière a été trop vacillant pour mériter cet honneur. La vérité est qu’il aura largement contribué à ressusciter deux franchises moribondes et à les mener jusqu’au Super Bowl, sans oublier son influence de compétiteur mais aussi de coéquipier modèle.

Une fois à la retraite, Warner continue d’oeuvrer dans la communauté, chose qui lui tient à coeur et qui lui a valu le Walter Payton Man Of The Year Award en 2008. Il devient également analyste sur NFL Network, continuant de vivre ce rêve qu’il a eu tellement de mal à atteindre.