Fiche Légende : Kenny Easley

#45 – Safety

 

Seahawks-KennyEasley

 

Présentation

 

GENERALITÉS
Nom complet Kenneth Mason « Kenny » Easley Junior
Date de Naissance 15 Janvier 1959
Lieu de Naissance Chesapeake, Virginie
Date de Décès
Lieu de Décès
CARRIÈRE
Lycée Oscar Smith, Chesapeake
Université UCLA
Draft 1er tour de 1981 (#4)
Équipes Seattle Seahawks (1981-1987)
Statistiques 7 saisons
89 matchs – 87 comme titulaire
32 interceptions
11 fumbles recouvrés
3 touchdowns
8 sacks
HONNEURS
Pro-Bowls 5 (1982-1985, 1987)
All-Pro 5 (1982-1985, 1987)
Performances notables
Récompenses 1984 Defensive Player Of The Year
Membre de l’équipe NFL des années 1980
Membre du Seahawks Ring Of Honor
Hall Of Fame Classe de 2017

 

Biographie

 

La NFL des années 1980 a été baignée dans les abus en tous genres (drogues, médicaments, etc) et les conflits (les deux grèves des joueurs de 1982 et 1987). Des carrières ont été faites et défaites, mais rarement une seule carrière, pourtant fantastique, a été stoppée brutalement par la conjonction de ces circonstances. C’est pourtant l’histoire de Kenny Easley, punisseur infatigable de la défense des Seahawks ; certes, cela ne l’a pas empêché d’être intronisé au Hall Of Fame, mais on peut légitimement se demander ce qu’il aurait pu réussir s’il avait pu continuer… d’autant plus si c’était à son vrai poste, et non celui auquel il a évolué.

Kenneth Easley Junior naît en janvier 1959 à Chesapeake, dans l’état de Virginie. Alors qu’il a six ans, il voit pour la première fois un match de football à la télévision, et c’est le déclic : il veut en faire sa profession plus tard. Cela tombe bien, car il est doué de qualités athlétiques exceptionnelles, et il a pour père Kenneth Easley Senior, un ancien Marine qui entraîne plusieurs équipes de Little League en basketball, football et baseball. Le jeune Kenneth est constamment poussé par son père à parfaire les mouvements de base dans les trois sports, devant toujours en faire plus que les autres. Cela développe plus avant ses capacités dans toutes les disciplines, mais le football reste clairement son favori.

Lorsque Easley intègre le lycée Oscar Smith à Chesapeake, il rejoint les équipes des trois disciplines, mais c’est sur le gridiron qu’il se distingue immédiatement : il évolue principalement au poste de Quarterback, mais sa troisième année il devient également titulaire en Free Safety pour aider la défense ; ceci tout en retournant également les kickoffs et les punts. Véritable homme-orchestre, il se fait surtout remarquer en étant le premier lycéen de Virginie à passer et courir pour plus de 1000 yards dans une saison. Fort logiquement, il est voté All-State et All-American sa dernière année, au poste de Quarterback (et ce même s’il mène son équipe en plaquages et avec 9 interceptions en défense !).

KennyEasley-UCLAUn tel talent attire de suite la convoitise d’un grand nombre d’Universités à sa sortie du lycée en 1977 ; plus de 200 essaient de recruter le phénomène. Easley fait le tri et hésite entre Michigan et UCLA, cependant il y a un petit problème : il ne veut pas jouer comme Quarterback, mais comme Safety. La raison est très simple : il veut à tout prix intégrer la NFL par la suite, et il sait que les afro-américains sont encore d’une extrême rareté comme meneur offensif, donc la voie sera bien plus facile pour lui s’il joue Safety en Université. UCLA semble plus enclin à accepter ce choix, ce qui finit de le convaincre d’intégrer la faculté de Californie pour devenir un Bruin.

Il s’installe de suite à son poste fétiche de Free Safety et ne perd pas une seconde à impressionner le monde de la NCAA : il est voté comme le meilleur première année du pays dans une saison retentissante avec 93 plaquages et 6 interceptions. Dès sa deuxième année, il est élu All-American et répète cette distinction ses deux dernières années, obtenant trois fois la récompense. A la fin de sa glorieuse carrière universitaire, il établit un record de UCLA toujours d’actualité avec 19 interceptions. En parallèle, il continue de jouer au basketball, et se fait suffisamment remarquer pour être drafté par les Chicago Bulls en 1981.

Mais Easley refuse car il veut atteindre son rêve : jouer en NFL. Avec un curriculum vitae comme le sien, il va sans dire qu’il est un des noms les plus convoités de la draft de 1981, et les San Francisco 49ers se sont déjà montrés très intéressés, possédant le choix #8. Mais s’il part bel et bien pour la côte ouest, c’est plus au nord : il est sélectionné en #4 par les Seattle Seahawks, un choix fort car les Safeties ne sont pas choisis aussi haut d’habitude. La jeune équipe de l’état de Washington, née seulement six ans plus tôt, a un grand besoin de renfort en défense, à tel point qu’elle va même forcer le Free Safety à changer de poste : il devient Strong Safety pour patrouiller plus près de la ligne de scrimmage.

KennyEasley-EnforcerBien qu’il soit convaincu qu’il pourrait donner davantage satisfaction à son poste naturel grâce à sa vitesse et sa férocité, Easley s’exécute et éblouit la NFL de son talent : il enchaîne les plaquages dévastateurs et se révèle redoutable en couverture ; il réussit trois interceptions et en remonte même une 82 yards pour un touchdown. Il continue sa progression pendant la saison écourtée de 1982 avec notamment quatre interceptions et deux sacks, ce qui lui vaut son premier vote au Pro-Bowl (et dans la deuxième équipe All-Pro). Il reçoit un « vrai » double vote Pro-Bowl et All-Pro (première équipe) en 1983 avec sept interceptions et trois sacks ; il est alors un des leaders d’une défense qui ne fait plus rire personne et qui permet aux Seahawks d’aller pour la première fois de leur histoire en playoffs (ils iront jusqu’en finale AFC, défaits par les Raiders).

Easley rayonne littéralement lors de la saison 1984 qui est l’apogée de sa carrière : il est nommé Defensive Player Of The Year au terme d’un exercice maîtrisé de bout en bout avec dix interceptions dont deux retournées pour des touchdowns, les meilleures marques dans la ligue cette saison ; c’est la première fois qu’un Safety reçoit la récompense depuis Dick Anderson en 1973. De plus, il pallie les blessures en retournant les punts. Easley fait une nouvelle saison remarquable en 1985 même si elle se voit moins dans les statistiques ; il rate quelques matchs sur blessure.

C’est le début de la spirale négative pour le Safety : son style de jeu punitif, la répétition des chocs violents et sa volonté de rester sur le terrain quoi qu’il arrive le forcent déjà depuis un moment à avaler les antidouleurs comme si c’était des bonbons. En 1986 et 1987, son niveau de jeu décroît en même temps que les blessures s’accumulent, et Easley, comme beaucoup d’autres joueurs de l’époque, consomme de l’ibuprofène en distribution libre dans les vestiaires. En parallèle, il devient le porte-parole des joueurs de l’équipe lors de la grève des joueurs en 1987, ce que l’organisation ne voit pas du tout d’un bon oeil. La baisse de ses performances et cette rébellion poussent les Seahawks à envisager de l’échanger contre un Quarterback, ou contre un haut choix de draft pour en sélectionner un.

Seattle trouve enfin un partenaire d’échange en 1988, les Kansas City Chiefs. Mais c’est alors que le couperet tombe, implacable : Easley rate son test physique car il souffre d’un syndrome néphrotique, une grave maladie des reins. Il est forcé d’annoncer sa retraite quelques mois plus tard, la mort dans l’âme mais la rage au ventre ; il est persuadé que sa maladie est la conséquence directe de la surconsommation d’antidouleurs suite à ses blessures. Pour lui, l’équipe est fautive car les médecins étaient au courant et ne lui ont jamais dit d’arrêter ou de réduire la dose au risque d’avoir de graves problèmes.

Easley se lance alors dans un procès retentissant contre l’organisation, attirant la lumière sur les pratiques de consommation des antidouleurs disponibles sans ordonnance. L’affaire est réglée à l’amiable par la suite, et l’ex-joueur doit se faire transplanter un rein en 1990 ; il garde une rancoeur tenace contre les Seahawks qui va durer 15 ans. En 2002, les nouveaux responsables de l’équipe tendent la main vers Easley en voulant l’intégrer au Ring Of Honor, ce qu’il accepte car ils n’ont plus rien à voir avec les dirigeants en place en 1990.

KennyEasley-RecentAprès sa retraite, Easley se lance dans plusieurs affaires : une concession automobile, une équipe d’AF2 (une ligue semi-professionnelle d’Arena Football), une société immobilière, et l’aide pour les ex-stars NFL n’ayant pas eu la chance d’être couvertes par les plans de retraite de la ligue de l’époque.

Malgré la brièveté de sa carrière (sept saisons) et le fait qu’il n’a même pas joué à sa position préférentielle, beaucoup le considèrent comme un des meilleurs Safeties de l’histoire, ce qui explique qu’il reçoive finalement les honneurs du Hall Of Fame en 2017. Sans plus aucune rancoeur, et surtout sans aucun regret malgré les circonstances.