Fiche Légende : Harry Carson

#53 – Linebacker

 

HarryCarson

 

Présentation

 

GENERALITÉS
Nom complet Harold Donald Carson
Date de Naissance 26 Novembre 1953
Lieu de Naissance Florence, Caroline du Sud
Date de Décès
Lieu de Décès
CARRIÈRE
Lycée Wilson / McClenaghan, Florence
Université South Carolina State
Draft 4e tour de 1976 (#105)
Équipes New York Giants (1976-1988)
Statistiques 13 saisons
173 matchs – 166 comme titulaire
19 sacks
14 fumbles recouvrés
11 interceptions
HONNEURS
Pro-Bowls 9 (1978, 1979, 1981-1987)
All-Pro 6 (1978, 1981, 1982, 1984-1986)
Performances notables
Récompenses 1 bague de champion (1986)
Membre du Giants Ring Of Honor
Hall Of Fame Classe de 2006

 

Biographie

 

Pour comprendre l’impact et l’importance de Harry Carson dans l’équipe des Giants des années 1980, il suffit de retourner au Super Bowl XXI qui a opposé New York à Denver. Carson sort de la meilleure saison de sa carrière en tant que co-capitaine de l’équipe ; les autres sont le Quarterback Phil Simms et le Defensive End George Martin. Au moment du coin toss, il se prépare à rejoindre le milieu du terrain, mais il ne trouve pas ses deux partenaires. L’entraîneur des Giants, Bill Parcells, lui révèle qu’il doit y aller seul. Carson se retrouve ainsi face à neuf Broncos pour représenter son équipe ; une récompense largement méritée.

Harold Carson naît en novembre 1953 à Florence, dans l’état de Caroline du Sud. Il grandit dans un environnement sain et devient un garçon intelligent, éloquent et passionné de sports. Il connaît une scolarité normale et fréquente les lycées de Wilson puis de McClenaghan à Florence, mais il ne démarre réellement le football que vers la fin de cette période. Et encore, il y a un faux départ : peu de temps après son arrivée dans l’équipe de Wilson High, il ne supporte pas les entraînements et arrête. Cela lui laisse un regret, et il décide d’intégrer l’équipe de football des jeunes de la ville pour une transition plus facile.

Cela fonctionne, et il retourne dans l’équipe du lycée l’année suivante ; cette fois, il tient bon, jouant coureur et Defensive End avec une agilité qui impressionne. C’est le cas aussi à l’extérieur du gridiron : Carson est président de classe sa dernière année et co-président du comité bi-racial du lycée qui aide l’interaction entre les élèves de différentes races. Excellence sur et en dehors du terrain vont le suivre toute sa carrière.

HarryCarson-SCSUUne fois sorti de l’enseignement secondaire en 1972, Carson se dirige vers l’Université la plus proche, celle de South Carolina State. Il laisse tomber l’attaque et se spécialise au poste de Defensive End où il devient une redoutable machine à plaquer. Il ne rate pas un seul match durant ses quatre années à SCSU ; il devient le premier joueur de la Mid-Eastern Athletic Conference à remporter le titre de Defensive Player Of The Year deux années de suite en menant son équipe à deux titres de conférence. Il est également élu Black College All-American en 1975 en dirigeant une défense qui réussit six blanchissages dans une saison de dix matchs ! Hors du terrain, il excelle également en obtenant son diplôme en éducation avec une très bonne moyenne.

On pourrait penser que le nom de Carson devient très intéressant pour les franchises NFL à la draft de 1976, mais ce n’est pas tout à fait le cas. Son gabarit (1m88 – 108kgs) pose des questions sur le poste qu’il pourrait occuper, car il reste un peu petit pour un Defensive End. Plusieurs équipes lui disent qu’il pourrait être déplacé en tant qu’Outside Linebacker ; autant dire que c’est une surprise complète lorsqu’il est drafté par les New York Giants au quatrième tour pour jouer… Middle Linebacker !

La décision n’était même pas évidente dans la franchise de la Grosse Pomme : le coach des Linebackers, Marty Schottenheimer, a dû vendre sa vision de Carson à ce poste auprès de l’équipe dirigeante. Bien avant de devenir un Head Coach gagnant 200+ matchs en NFL, « Schotty » a vu juste : la rapidité d’action et d’apprentissage de Carson en fait un titulaire dès le milieu de sa première saison ; il est même élu dans l’équipe des rookies de la saison 1976.

Les Giants possèdent une belle ligne de Linebackers avec Brad Van Pelt, Brian Kelley et lui… mais malheureusement l’équipe n’a pas beaucoup d’autres talents. Carson prend son mal en patience et monte en puissance, démontrant sa polyvalence : il est capable de punir les coureurs, de couvrir les Tight Ends et, parfois, de sacker les Quarterbacks. Sa première saison remarquable intervient en 1978, quand il remporte un double vote Pro-Bowl et All-Pro avec notamment trois interceptions. Il est alors nommé capitaine de l’équipe, ce qu’il restera jusqu’à sa retraite ; il fait une saison 1979 retentissante en terminant leader en plaquages, réussissant encore trois interceptions et récupérant trois fumbles, dont un remonté jusqu’au touchdown.

HarryCarson-CrunchBunch
Le Crunch Bunch : Taylor, Kelley, Carson, Van Pelt

Néanmoins, Carson est aussi un joueur qui fonctionne à l’émotion, et le niveau terrible de l’équipe commence à le ronger intérieurement. Il manque une première fois de prendre sa retraite au milieu d’une saison 1980 tronquée par les blessures, mais le Head Coach Ray Perkins le convainc de revenir. Il retourne à son niveau habituel en 1981, et surtout il accueille une arrivée importante dans son unité : le rookie Lawrence Taylor. C’est la naissance du Crunch Bunch, un fantastique groupe de Linebackers dont Carson est le leader. Le #53 continue de mener son escouade en empilant les votes Pro-Bowl et All-Pro… mais le niveau général de l’équipe reste toujours bas. Lors des camps d’entraînement de 1984, Carson part de nouveau, mais le nouveau Head Coach Bill Parcells ne s’en laisse pas compter ; furieux envers son capitaine, il déclare dans une interview que son joueur devrait apprendre la signification du mot leadership.

Piqué au vif, Carson comprend le message et revient. Il a raison : l’équipe empile enfin les talents et les bons résultats. En 1986, le Crunch Bunch devient le Big Blue Wrecking Crew avec Carson, Taylor, Gary Reasons et Carl Banks. Si on parle plus du phénoménal L.T. qui instille la peur dans tous les Quarterbacks de la ligue, tout le monde sait que Carson est le coeur de l’unité, stoppant les coureurs et plaquant à tour de bras. Les Giants vont jusqu’au Super Bowl XXI remporté 39-20 contre Denver, et le #53 reçoit enfin la récompense de ses années de souffrance sportive. Il en profite d’ailleurs pour devenir, à la fin de la finale, la figure de proue d’une célébration qui sera reprise par tous : la fameuse Gatorade shower dans laquelle les joueurs célèbrent une victoire importante en versant le tonneau de Gatorade sur leur coach.

Carson a 33 ans lors du titre et joue encore deux saisons avec les Giants, gagnant un dernier vote Pro-Bowl en 1987, avant de prendre sa retraite après la saison 1988. Il a joué 173 matchs pour sa franchise de toujours, et laisse une litanie de louanges derrière lui ; Parcells déclare qu’il n’y avait aucun sujet sur l’équipe qu’il ne partageait pas avec Carson dont l’intelligence, l’éloquence et la férocité étaient sans égaux ; Schottenheimer en parle comme l’athlète de son gabarit le plus phénoménal qu’il ait entraîné ; Bill Belichick, assistant des Giants sous Parcells, dit qu’il est le Linebacker le plus polyvalent qu’il ait eu sous ses ordres.

Giants-CarsonParcellsGatoradeEt pourtant, malgré cela, le Hall Of Fame se fait attendre. Carson n’y apporte pas plus d’intérêt, préférant le respect de ses partenaires. De plus, il est déjà passé à autre chose : il fait un passage à la télévision, devient président de Harry Carson Inc – une entreprise de conseil et de promotions dans le sport – et fait également partie de la Fritz Pollard Alliance, une organisation représentant les minorités raciales dans la NFL. Néanmoins, voyant chaque année les effets de sa non-nomination sur son entourage, il envoie une lettre au Hall Of Fame en 2004 demandant que l’on n’évoque plus son nom pour Canton. Deux ans plus tard, Carson est intronisé, et bien qu’au début il rejette cette récompense, il finit par l’accepter ; avant tout pour la partager avec tous ceux qui l’ont aidé à arriver jusque là.

Et il profite de son discours d’intronisation pour faire passer un message sur le combat peut-être le plus important qu’il mène : l’effet à long terme des commotions à répétition. C’est un effet qu’il ressent tous les jours depuis l’arrêt de sa carrière ; c’est d’ailleurs ce qui lui a coûté sa place à la télévision quand il s’est arrêté net lors d’une interview, incapable de dire un mot de plus et oubliant le nom de son interlocuteur. Carson est devenu un des porte-paroles pour la reconnaissance de ce qui n’est pas encore connu comme le Chronic Traumatic Encephalopathy (CTE), et pour la meilleure prise en charge des joueurs, anciens et actuels.

Chassez le naturel, il revient au galop : malgré cette condition qui lui a volé une partie de son éloquence, Harry Carson continue d’être aussi habile avec les mots qu’il était implacable avec les coureurs adverses.