Fiche Légende : Michael Irvin

#88 – Wide Receiver

 

MichaelIrvin

 

Présentation

 

GENERALITÉS
Nom complet Michael Jerome Irvin
Date de Naissance 5 Mars 1966
Lieu de Naissance Fort Lauderdale, Floride
Date de Décès
Lieu de Décès
CARRIÈRE
Lycée Fort Lauderdale Aquinas
Université Miami, Floride
Draft 1er tour de 1988 (#11)
Équipes Dallas Cowboys (1988-1999)
Statistiques 12 saisons
159 matchs – 147 comme titulaire
750 réceptions / 11904 yards
15.9 yards par réception
65 touchdowns
HONNEURS
Pro-Bowls 5 (1991-1995)
All-Pro 3 (1991-1993)
Performances notables Multiple records pour un receveur de Dallas à sa retraite
Record de matchs à 100+ yards en une saison (11)
Récompenses 3 bagues de champion (1992, 1993, 1995)
Membre de l’équipe NFL des années 1990
Membre du Cowboys Ring Of Honor
Hall Of Fame Classe de 2007

 

Biographie

 

Quand on se rappelle du receveur Michael Irvin, on pense certes à ses qualités extraordinaires, son physique impressionnant et sa domination au poste, mais aussi à l’arrogance et aux célébrations exagérées. Normalement, ce sont les joueurs qui divisent un vestiaire… mais ce n’était pas le cas pour celui qui avait osé se surnommer The Playmaker : si un Quarterback stoïque et intransigeant comme Troy Aikman a réussi à lier une relation indéfectible avec lui, c’est parce qu’il était un travailleur infatigable sur et en dehors du terrain, doublé d’un leader respecté par toute l’équipe.

Michael Irvin naît en mars 1968 à Fort Lauderdale, dans l’état de Floride. C’est peu dire qu’il fait partie d’une famille nombreuse, puisqu’il est le 15e d’une fratrie de 17 enfants ; son père et sa mère ont huit enfants d’un premier mariage et en ont neuf en commun, Michael étant l’antépénultième. Sans surprise, la famille est pauvre et le jeune garçon n’a pas son propre lit, a souvent faim et n’est pas toujours habillé convenablement. Cela lui donne l’envie de réussir dans la vie pour ne plus connaître cela.

Irvin développe des qualités athlétiques extraordinaires, mais s’entoure également de mauvaises personnes en essayant de réussir son rêve d’une vie meilleure. Alors qu’il fait partie des équipes de sport du lycée de Piper, situé dans la ville de Sunrise, il est suspendu à cause de ses mauvaises fréquentations à la fin de sa deuxième année. Son père, Walter, comprend qu’il a besoin d’un meilleur encadrement, et il l’inscrit au lycée catholique de St Thomas d’Aquin (Aquinas). Malgré les protestations des officiels du lycée de Piper qui ne veulent pas perdre un athlète de la trempe d’Irvin, le transfert se fait, mais Michael est interdit de sport pendant sa troisième année lycéenne. Il ne jouera pour son nouvel établissement que sa dernière année, mais il fait des prouesses sur le gridiron qui lui valent des récompenses ; il fait partie des meilleurs joueurs de l’état. Malheureusement, cette année est aussi frappée par la tragédie avec la mort de son père, atteint d’un cancer.

MichaelIrvinMiamiCette disparition pousse Irvin à rester proche de sa famille, ce qui explique qu’il intègre la fameuse Université de Miami, surnommée The U, en 1985. Il y rejoint un homme qu’il va côtoyer pendant de nombreuses années : le Head Coach Jimmy Johnson. Ce dernier sait qu’il a un athlète d’exception avec un égo démesuré, et il saura le laisser agir pour le bien de l’équipe. Les Hurricanes bénéficient des qualités du Playmaker, même si l’équipe bute dans sa poursuite du titre en 1985 et 1986 lors du dernier match. Cela n’aura pas lieu en 1987 : Irvin lui-même réussit une réception de touchdown de 73 yards contre les rivaux de Florida State dans une victoire rentrée dans l’histoire de l’Université ; Miami l’emporte ensuite dans l’Orange Bowl contre Oklahoma pour gagner un titre national. Irvin quitte alors les Hurricanes avec les records de l’Université en réceptions (143), yards (2423), et touchdowns (26).

Sans surprise, un tel talent ne dure pas très longtemps dans la draft NFL de 1988 : il est choisi en 11e position par les Cowboys de Dallas qui sont sur la pente descendante après une quinzaine d’années formidables depuis 1970. Et le #88 va rapidement comprendre dans quel pétrin il s’est fourré : malgré le fait qu’il soit le premier rookie receveur de Dallas à démarrer comme titulaire depuis 20 ans et qu’il amasse la moyenne hallucinante de 20.4 yards par réception, la franchise du Texas s’écroule à 3-13.

C’est l’heure du nettoyage radical en tête de l’organisation, avec le rachat par Jerry Jones et l’arrivée d’un nouveau Head Coach pour remplacer le légendaire Tom Landry ; Irvin a la surprise de voir arriver son ancien coach de Miami, Jimmy Johnson. Mais la saison 1989 est un cauchemar pour Irvin et Dallas : l’équipe finit dernière de la ligue avec une seule victoire alors que le receveur se blesse gravement au genou et pense à un moment ne plus pouvoir rejouer. Fort heureusement pour lui, non seulement il va pouvoir rejouer, mais cette saison marque le début d’une vraie symbiose avec le rookie Quarterback pris au premier tour par Dallas, Troy Aikman. En 1990, Irvin revient sur le terrain et les Cowboys draftent le coureur Emmitt Smith ; c’est un timide début pour ceux qui seront bientôt connus comme les Triplets avec un #88 encore un peu tendre et qui ne démarre pas tous les matchs d’une saison à 7-9.

Cowboys-Triplets
The Triplets : Smith, Aikman et Irvin

Mais le redressement de l’équipe est lancé, et Irvin explose aux yeux de tous en 1991 : il accumule 93 réceptions et 8 touchdowns tout en finissant en tête de la ligue avec 1523 yards ; il reçoit ses premières accolades personnelles avec un double vote Pro-Bowl et All-Pro. Dallas est éliminé en playoffs mais ce n’est que partie remise : les deux saisons suivantes, le Playmaker empile les statistiques avec 166 réceptions pour 2726 yards et 14 touchdowns alors que les Cowboys remportent deux Super Bowls de suite. Il fait de nouveau une excellente saison 1994 et atteint son apogée en 1995 quand il établit ses records de carrière : 111 réceptions pour 1603 yards et 10 touchdowns ; il réussit 11 matchs à 100+ yards en réception, un record NFL qui tient toujours. Encore une fois, il est un des artisans du titre de Dallas qui devient une dynastie avec trois Super Bowls en quatre ans.

C’est à ce moment que tout bascule pour Dallas, et surtout pour Irvin. Si on ne peut que louer son travail acharné et son leadership, que ce soit dans la salle de musculation ou sur le terrain, sa capacité à mener s’est malheureusement aussi étendue à tous les excès des années 1990 : argent, drogue et sexe. Plusieurs joueurs de l’équipe, Irvin en tête, perdent complètement le sens des priorités et font fête sur fête où se mêlent filles faciles, drogue, marijuana et alcool ; parfois, cela dure plusieurs jours de suite. Le premier coup de semonce intervient en mars 1996, quand Irvin est arrêté avec un coéquipier dans un hôtel pendant la célébration de ses 30 ans : les policiers retrouvent de la cocaïne, de l’herbe et plusieurs prostituées. Le scandale éclate et le receveur finit par plaider coupable, recevant une amende de 10000$, une période de probation de quatre ans et des heures de travaux d’intérêt général.

La NFL le suspend pour cinq matchs de la saison 1996. Il revient en 1997 à son meilleur niveau avec 75 réceptions pour 1180 yards et 9 touchdowns, mais les Cowboys sont déjà en mode de lente auto-destruction, terminant à 6-10. C’est alors qu’un nouvel incident éclate, encore plus grave que le précédent : en juillet 1998, pendant les camps d’entraînement, une stupide histoire de place chez le coiffeur privé du club dégénère en rixe entre Irvin et l’Offensive Lineman Everett McIver ; le receveur finit par perdre la tête et donne un coup de ciseaux qui manque de très peu la carotide du Lineman. Ce dernier doit se faire poser des points de suture, et si tout cela se règle en interne, cet épisode prouve bien que le Playmaker a perdu le sens des réalités.

L’équipe rebondit en 1998 alors qu’Irvin fait encore une saison à 1000+ yards ; cela aurait été sa huitième consécutive sans cette suspension en 1996. Mais celui qui joue et vit à 100 à l’heure va être brutalement stoppé sur le terrain le 10 octobre 1999 : les Cowboys se déplacent au Veterans Stadium pour affronter les rivaux de division Eagles. Lors du premier quart-temps, Irvin attrape une passe courte d’Aikman et se fait plaquer par le Defensive Back Bobby Taylor alors que son partenaire de défense Tim Hauck arrive également ; la combinaison des deux chocs propulse Irvin tête la première sur le sol où elle s’enfonce dans ses épaules, et le #88 reste immobile pendant de longs instants. Il sort sur une civière et sous les hourras des fans de Philadelphie qui ne font qu’empirer leur réputation déjà catastrophique. Le diagnostic est sans appel : si la blessure à la moelle épinière ne met pas la vie d’Irvin en danger et qu’il pourra s’en remettre, elle met fin à sa carrière.

IRVINLe Playmaker est forcé de ranger ses crampons après 12 saisons NFL, 750 réceptions, 11904 yards et 65 touchdowns. Il établit les records pour un receveur des Cowboys en réceptions et yards à sa retraite, se situe en troisième position NFL en nombre de matchs à 100+ yards en réception (47) derrière Jerry Rice et Don Maynard, et se retrouve derrière Rice en réceptions et yards en playoffs. Son gabarit impressionnant et son style de jeu physique, dont il se servait pour repousser les Cornerbacks, ont donné lieu à une modification de la règle de l’interférence offensive de passe.

Mais la retraite ne calme pas Irvin de suite : il connaît de nouveau quelques démêlés avec la justice pour des soupçons de drogue, et cela lui vaut son poste d’analyste à ESPN. Néanmoins, il semble apprendre des erreurs du passé, que ce soit à travers Dieu ou la désintoxication. Désormais, il ne fait plus parler de lui que par ses prestations comme analyste sur le NFL Network… et par un discours du Hall Of Fame poignant en 2007 dans lequel il admet ses fautes, l’homme qu’il a été et l’homme qu’il est depuis.

Entre-temps, il a reçu probablement la plus belle récompense le 19 septembre 2005 : c’est le jour où les Triplets ont été conjointement ajoutés au Cowboys Ring Of Honor, Irvin joignant ses deux inséparables amis Aikman et Smith au panthéon des joueurs de la franchise.