Fiche Légende : Ken Stabler

#12, 16 – Quarterback

 

KenStabler

 

Présentation

 

GENERALITÉS
Nom complet Kenneth Michael « Ken » Stabler
Date de Naissance 25 Décembre 1945
Lieu de Naissance Foley, Alabama
Date de Décès 8 Juillet 2015
Lieu de Décès Gulfport, Mississippi
CARRIÈRE
Lycée Foley, Alabama
Université Alabama
Draft 2e tour de 1968 (#52)
Equipes Spokane Shockers (1968)
Oakland Raiders (1970-1979)
Houston Oilers (1980-1981)
New Orleans Saints (1982-1984)
Statistiques 15 saisons
184 matchs – 146 comme titulaire
59.8% de complétion
27938 yards
194 touchdowns / 222 interceptions
75.3 QB rating
HONNEURS
Pro-Bowls 4 (1973, 1974, 1976, 1977)
All-Pro 2 (1974, 1976)
Performances notables Meilleur Quarterback de l’histoire des Raiders à sa retraite
(passes tentées, yards, touchdowns)
Récompenses 1974 MVP
1974 Offensive Player Of The Year
1 bague de champion (1976)
Membre de l’équipe NFL des années 1970
Hall Of Fame Classe de 2016

 

Biographie

 

Lors d’un match en 1960, alors qu’il est joueur du lycée de Foley en Alabama, Ken Stabler retourne un punt 60 yards pour un touchdown, mais il a bien couru 200 yards en zigzagant pour esquiver les joueurs adverses. Le coach de Foley, Denzil Hollis, s’exclame alors que le garçon court comme un serpent (snake). Quand Stabler revient sur le banc après son exploit, il est accueilli par son coach qui lui dit :

Beau travail, Snake.

Voici comment Ken Stabler se voit affubler d’un surnom qui va lui coller à la peau toute sa carrière ; il siéra parfaitement à un personnage atypique, attachant et roublard qui va se fondre parfaitement dans l’équipe des Raiders des années 1970, et fera partie intégrante des actions les plus improbables de l’histoire de la NFL de cette période.

Ken Stabler naît le jour de Nöel 1945 à Foley, dans l’état d’Alabama ; il est le fils d’un mécanicien et d’une infirmière. Même si son père a un caractère difficile, contrecoup de sa participation à la Seconde Guerre Mondiale, il élève le jeune Kenneth avec les valeurs essentielles : le travail, l’éthique et surtout l’égalité entre les hommes quelque soit leur origine ou leur race ; un sentiment qui est loin d’être partagé par tous à l’époque. Néanmoins le père et le fils ont une relation tumultueuse car ce dernier démontre rapidement un côté rebelle qu’il conservera jusqu’à la fin de sa vie.

Stabler se découvre rapidement une passion pour le sport, et lorsqu’il intègre le lycée de Foley, il participe aux équipes de football, basketball et baseball, où sa patte gauche commence à faire des ravages. Il score 29 points par match sur les parquets, mais c’est surtout sur le diamant et le gridiron qu’il se fait le plus remarquer. Il devient Quarterback et Safety de l’équipe de football et mène le lycée à un record de 29-1 de 1961 à 1963, étant capable de marquer avec son bras ou ses jambes. Il est également un redoutable lanceur dans l’équipe de baseball, et il parvient à infliger au futur Hall Of Famer Don Sutton sa seule défaite au lycée. Cela lui donne des idées de carrière dans la ligue de baseball, et les franchises professionnelles se bousculent au portillon, mais son père pense qu’il a un meilleur futur en NFL et il lui promet une voiture s’il se concentre sur le football.

Stabler s’exécute et doit alors choisir une Université, lesquelles s’arrachent le jeune talent. Une visite du légendaire coach d’Alabama Bear Bryant suffit à convaincre Snake de s’enrôler chez les Crimson Tide en 1964, mais une règle de l’époque le force à rester sur le banc sa première année, regardant le futur Hall Of Famer Joe Namath mener Alabama au titre. Il joue peu sa deuxième année, mais gagne enfin le poste de titulaire comme junior en 1966 ; il mène alors Alabama à une saison parfaite (11-0).

KenStablerRunInTheMudEn 1967, malgré une saison plus compliquée (8-3-2), il fait parler de lui avec le Run in the Mud, une course de touchdown de 53 yards qui donne la victoire 7-3 sur la rivale Auburn, rappelant qu’il est également redoutable avec ses jambes. Et le rebelle est toujours là, s’exprimant à la fois de façon positive et négative : du côté positif, alors qu’il joue pour l’Université d’un état du Sud ancré dans l’esclavage et la ségrégation, il fait beaucoup pour l’intégration des premiers joueurs afro-américains chez les Crimson Tide. Du côté négatif, il est renvoyé par Bryant pendant la saison pour avoir sauté des classes et fait un peu trop la fête ; le coach lui redonne sa chance un peu plus tard.

Sans surprise, lorsqu’il décide d’intégrer la draft NFL de 1968, il est assez rapidement choisi par les Oakland Raiders qui sortent d’une défaite au Super Bowl II contre les Green Bay Packers. Néanmoins, c’est à ce moment que le rêve semble s’écourter pour le gaucher : Daryle Lamonica lui barre la route du poste de Quarterback, ses genoux lui posent problème, et les Raiders ne veulent pas trop le voir écumer les bars et les boîtes de nuit de la Bay Area. Ils décident de l’envoyer faire un test chez les Spokane Shockers de la Continental Football League ; il ne dure que dix jours et un seul match après quoi Stabler est renvoyé chez les Raiders. Il décide de faire autre chose pendant la saison 1969, retournant en Alabama et trouvant un boulot dans une station radio de sports.

Au printemps 1970, Stabler retourne à Oakland pour avoir une seconde chance, et le Head Coach John Madden le reprend. Mais le #12 passe son temps comme remplaçant de Lamonica et comme holder sur les coups de pied, se plaignant qu’il n’a besoin que d’une action pour démontrer sa valeur. Il va avoir sa chance lors d’un match mythique : en finale AFC 1972 contre les terribles Steelers. Stabler remplace un Lamonica inefficace et réussit un exploit semblable au Run in the Mud : alors qu’il ne reste qu’une minute à jouer, il marque un touchdown à la course de 30 yards permettant à Oakland de mener 7-6. Malheureusement, Pittsburgh va l’emporter 13-7 grâce à la fameuse Immaculate Reception, mais Snake a gagné ses galons de titulaire.

STABLER BILETNIKOFF
Fred Biletnikoff et Ken Stabler

Grâce à la présence de cibles de passe comme Cliff Branch, Fred Biletnikoff ou Dave Casper, même sans un énorme bras Stabler se base sur sa précision et sur sa connivence avec ses partenaires pour mener l’attaque d’Oakland ; il fait une bonne saison 1973 où les Raiders se vengent en playoffs des Steelers mais butent sur les futurs champions Dolphins en finale AFC. 1974 est la confirmation du talent du #12 : il réussit une année sensationnelle où il mène la ligue avec 26 touchdowns pour seulement 12 interceptions avec 8 yards par passe tentée. Il est élu MVP et Offensive Player Of The Year, amène les Raiders en playoffs où ils retrouvent les Dolphins, et réussit un de ses premiers miracles avec le fameux Sea Of Hands : il lance une passe désespérée en tombant, attrapée par Clarence Davis au milieu de trois défenseurs pour le touchdown de la victoire. Mais Oakland va chuter sur Pittsburgh en finale AFC.

Souvent Stabler verra la dynastie des Steelers lui couper la route, puisqu’en 1975 l’histoire se répète. Mais en 1976, Snake joue bien mieux : 66.7% de complétion, 27 touchdowns (top NFL de nouveau) et 9.4 yards par passe tentée. Les Raiders finissent à 13-1 et cette fois personne ne peut les arrêter : Stabler mène Oakland jusqu’à la terre promise avec des victoires sur New England, Pittsburgh et Minnesota au Super Bowl XI ; il aide Fred Biletnikoff à gagner le titre de MVP, et devient au passage le premier Quarterback gaucher à remporter le titre. Entre-temps, il s’est laissé pousser les cheveux et la barbe, possède toujours cette confiance en lui inébranlable, cette volonté de faire les choses à sa façon. Bref, il est devenu un des leaders et des visages des Raiders du propriétaire renégat Al Davis.

En 1977, Stabler crée de nouveau un match mémorable contre les Colts en playoffs (Ghost to the Post) avec une victoire en double prolongation grâce notamment au Tight End Dave Casper ; mais les Raiders tombent contre les Broncos ensuite. Il fait de nouveau des siennes contre les Chargers en 1978 en fumblant intentionnellement la balle vers l’avant, ce qui permet à Casper de scorer le touchdown de la victoire dans le fameux Holy Roller ; la ligue est obligée de créer une règle pour empêcher cela dans le futur. Mais le jeu du #12 commence à fluctuer en 1978 et 1979, et Oakland rate les playoffs. C’est alors que le côté rebelle du Quarterback est trop lourd à supporter, même pour Al Davis : une grosse querelle à propos du contrat du joueur pousse le propriétaire à échanger Snake avec les Oilers contre Dan Pastorini à la surprise générale.

HolyRoller-SnakeStabler connaît une année compliquée en 1980 mais mène les Oilers en playoffs avec un record de 11-5… pour être sorti sans ménagement par les Raiders. A partir de là Snake n’est plus que l’ombre de lui-même, et un échange à New Orleans n’améliore pas la situation : il prend sa retraite à 39 ans à la fin de la saison 1984. Il est alors le meilleur Quarterback de l’histoire des Raiders, et n’a eu besoin que de 150 matchs pour atteindre 100 victoires (un record de l’époque).

Après sa carrière, il retourne dans l’univers des médias, devenant un commentateur de la NFL à la télévision puis d’Alabama à la radio. Il participe à des oeuvres de charité, mais connaît également des moments plus sombres : arrestations pour conduite en état d’ivresse, divorce. Il s’assagit avec l’âge, mais c’est un autre combat qui commence : il montre des signes de problèmes cérébraux, et le suicide de Junior Seau, en 2012, le pousse à donner son cerveau à la science pour la recherche de Chronic Traumatic Encephalopathy, une condition causée par les chocs répétés à la tête ; il fait d’ailleurs partie du procès contre la NFL. Mais c’est une autre maladie qui va finir par l’emporter en juillet 2015 : un cancer du côlon.

Le cerveau de Stabler est analysé et montre des signes de CTE, poussant la XOXO Stabler Foundation à aider la recherche pour les dégâts causés au cerveau par le sport. Malheureusement, sa disparition arrive seulement un mois avant d’être nommé comme candidat du Senior Commitee au Hall Of Fame, un sujet sensible pour lui ; il a toujours pensé qu’on lui refusait l’accès à Canton pour des allégations jamais vérifiées de coup monté contre un journaliste un peu trop curieux à son encontre dans la voiture duquel on a retrouvé de la cocaïne, et de liens un peu trop rapprochés avec un bookmaker de New Jersey.

Tout cela n’empêche pas son intronisation au Hall Of Fame en 2016, ou plutôt devrions-nous dire que le serpent a encore réussi à se faufiler bien au chaud parmi les bustes des joueurs mythiques.