Fiche Légende : Brett Favre

#4 – Quarterback

 

December 30, 2007 at Lambeau Field in Green Bay, Wisconsin.

 

Présentation

 

GENERALITÉS
Nom complet Brett Lorenzo Favre
Date de Naissance 10 Octobre 1969
Lieu de Naissance Gulfport, Mississippi
Date de Décès
Lieu de Décès
CARRIÈRE
Lycée Kiln Hancock North Central, Mississippi
Université Southern Mississippi
Draft 2e tour de 1991 (#33)
Equipes Atlanta Falcons (1991)
Green Bay Packers (1992-2007)
New York Jets (2008)
Minnesota Vikings (2009-2010)
Statistiques 20 saisons
302 matchs – 298 comme titulaire
62.0% de complétion
71838 yards
508 touchdowns / 336 interceptions
86.0 QB rating
HONNEURS
Pro-Bowls 11 (1992, 1993, 1995-1997, 2001-2003, 2007-2009)
All-Pro 6 (1995-1997, 2001, 2002, 2007)
Performances notables Tous les records majeurs pour un QB à sa retraite
Record de titularisations consécutives (297)
Récompenses 1995 Offensive Player Of The Year
3 fois MVP (1995-1997)
1 bague de champion (1996)
Membre de l’équipe NFL des années 1990
Membre du Packers Hall Of Fame
Numéro #4 retiré chez les Packers
Hall Of Fame Classe de 2016

 

Biographie

 

Spectaculaire, exaspérant, imprévisible, fun à voir jouer, impossible à coacher (ou presque), fou, indestructible, accro au football, accro aux anti-douleurs, sympathique, frustrant, génial, indécis, héros, zéro, et probablement tous les adjectifs au milieu et autour… résumer la carrière du Gunslinger (pistolero) Brett Favre est comme essayer d’expliquer une de ses improvisations : autant se mettre à la physique quantique, c’est plus simple. Néanmoins une chose est sûre : il a toujours joué comme il a vécu, avec avant tout l’amour du jeu, et il est devenu un des meilleurs Quarterbacks (et joueurs) de tous les temps avec ses qualités et ses défauts. Il a réussi cela en aidant une franchise historique à renaître après des années de futilité.

Brett Favre naît à Gulfport en octobre 1969 dans une famille rurale du Mississippi, et comme son nom l’indique, sa lignée paternelle vient de France ; il a également des origines indiennes (Choctaw). Il grandit dans la ville voisine de Kiln, et rapidement il est plongé dans le monde du sport : son père, Irvin « Irv » Favre, est coach des équipes de football et de baseball du lycée North Central. Logiquement, lorsque le jeune Brett intègre l’établissement, il pratique ces deux disciplines. Sur le gridiron il occupe plusieurs positions mais, s’il joue Quarterback, son père refuse de le laisser lancer ; l’attaque joue l’option constamment et il se retrouve soit à courir, soit à bloquer pour les autres coureurs. Comme l’équipe remporte match sur match, Irv ne change pas sa méthode.

BrettFavreSouthernMissMalheureusement, ce choix entrave la progression de Favre qui ne reçoit aucune offre de la part des grandes Universités. La seule faculté qui daigne s’intéresser à lui est celle, toute proche, de Southern Mississippi, mais elle veut le convertir en Safety. Buté, Favre refuse et veut jouer comme Quarterback ; il est prévenu : s’il veut évoluer à ce poste pour les Golden Eagles, il sera tout au fond du depth chart derrière une multitude de joueurs. Il n’en démord pas et, en 1987, démarre la saison tout au bout du banc. Certain de ne pas jouer, il commence à boire avant les matchs… jusqu’à ce que les circonstances et ses performances le rattrapent : il est envoyé sur le terrain dès le troisième match de la saison alors qu’il a la gueule de bois. Néanmoins, il orchestre un retour et permet à l’équipe de remporter le match ; le premier exploit d’une longue liste.

Il devient alors titulaire et réussit d’autres victoires improbables avec un style de jeu bien à lui, dont une victoire contre #6 Florida State en 1989. En trois ans, Favre démontre des qualités phénoménales et attire déjà l’oeil des scouts NFL, mais tout s’arrête brutalement le 14 juillet 1990 : il est victime d’un accident de la route près de chez lui. Sa voiture fait plusieurs tonneaux, et il doit être emmené d’urgence à l’hôpital. Une fois arrivé, il subit une opération où on lui retire 75 centimètres d’intestin nécrosé. Alors que tout le monde pense qu’il va devoir tirer un trait sur son année de senior, son père dit que quelques jours de repos lui suffiront ; le jeune Brett pense la même chose.

Le 8 septembre, moins de deux mois après son terrible accident, il démarre le match contre Alabama ; même s’il ne joue pas très bien, Southern Mississippi l’emporte 27-24, et Favre pose déjà les bases de ce qui le rendra légendaire : sa résistance à la douleur. Il termine ses quatre années avec tous les records de l’Université (qui tiendront jusqu’en 2011), et il s’attend à être parmi les favoris lors de la draft NFL de 1991.

Néanmoins, il n’est choisi qu’au deuxième tour, en #33, par les Atlanta Falcons ; il est précédé par d’autres Quarterbacks comme Dan McGwire (Seahawks) ou Todd Marinovich (Rams). De plus, le Head Coach de l’époque, Jerry Glanville, se rend compte que Favre va prendre du temps avant de devenir un Quarterback viable, alors qu’il est pressé par les résultats ; de plus, le jeune joueur est un chien fou qui fait surtout ce qu’il veut, ratant des réunions et faisant la fête.

Malgré ses efforts pour le changer, Glanville finit par le prendre en grippe, passe son temps à se moquer de lui et l’appelle constamment « Mississippi ». Et quand le #4 entre sur le terrain, il n’a pas de chance : sa première passe NFL est déviée par le receveur droit sur un défenseur des Redskins qui remonte l’interception pour un touchdown ; Favre finit sa première saison avec aucune passe réussie sur quatre tentées et deux interceptions. Pire, il rate la photo de l’équipe à cause d’un « vieil ami » de lycée, l’alcool.

RonWolfBrettFavreLes Falcons ne sont plus intéressés par Favre, mais une équipe va sauter sur l’occasion. Lors de la draft 1991, l’assistant General Manager des Jets, Ron Wolf, a essayé de récupérer le jeune joueur mais les Falcons l’ont précédé. Nommé General Manager des Green Bay Packers par la suite, Wolf pense toujours que Favre est son Quarterback du futur et peut redorer l’image d’une franchise qui est tombée dans l’oubli après la période Vince Lombardi ; les années 1970 et 1980 ont été misérables avec seulement quatre saisons positives et deux matchs de playoffs pour une seule victoire.

Wolf orchestre un échange avec Atlanta, mais lors du test physique on découvre une ostéonécrose aseptique de la hanche, le même genre de condition qui a causé la fin de carrière du légendaire Bo Jackson. Les docteurs des Packers préconisent à Wolf d’annuler l’échange, mais ce dernier n’en démord pas : Favre arrive à Green Bay contre le premier tour de draft 1992 ; le #4 se place derrière le titulaire Don « Majik » Majkowski.

Favre fait de nouveau des siennes en Week 2 quand sa première tentative comme Packer est contrée par un défenseur des Buccaneers et lui revient dessus, réussissant donc une passe à lui-même. Il va devoir apprendre à faire des passes à ses receveurs, et plus tôt qu’il ne le croit : lors du match suivant contre Cincinnati, Majik subit une déchirure du ligament de la cheville et Favre doit prendre sa place. Dans son style toujours inimitable, malgré plusieurs erreurs, le #4 mène un retour qui permet à Green Bay de gagner le match 24-23, et la légende est née. Brett Favre ne ratera plus aucun match des Packers jusqu’à sa première retraite en 2008.

C’est le début d’une relation amour-haine avec son Head Coach Mike Holmgren, car si Favre remet de l’énergie et de la passion dans une franchise qui en manquait, ses improvisations sont aussi géniales que catastrophiques. Son apprentissage du playbook n’est pas un long fleuve tranquille : il remet en cause le nom des tactiques, et certains concepts évidents comme les défenses nickel et dime lui sont inconnus. Néanmoins, il permet à l’équipe de poster une saison positive à 9-7 en 1992, et le même record permet aux Packers de retourner en playoffs en 1993. Il rend tout le monde fou avec ses nombreuses interceptions, mais il s’améliore nettement sur ce point en 1994 alors que Green Bay réussit de nouveau à aller en playoffs à 9-7 ; il réussit une nouvelle victoire à la dernière seconde contre Detroit avec l’aide du receveur Sterling Sharpe.

Favre arrive au sommet de son art lors de la saison 1995 : il est voté MVP et Offensive Player Of The Year avec 4413 yards et 38 touchdowns pour 13 interceptions. Il mène Green Bay à sa meilleure saison depuis les années Lombardi (11-5) et les Packers atteignent la finale NFC mais, comme les deux années précédentes, ils butent sur les Cowboys. Le #4 semble enfin sur la bonne route, mais une nouvelle addiction va mettre sa carrière en péril : en janvier 1996, alors qu’il passe un examen de routine, il convulse ; les conséquences de son addiction à la Vicodine, un analgésique opioïde que Favre a pris d’abord pour traiter la douleur, puis par récréation jusqu’à douze pilules par jour. Une enquête est lancée : il doit faire des aveux publics en mai 1996 et promettre de se désintoxiquer avant la saison s’il veut poursuivre sa carrière.

SGS-FavreGrâce au soutien des siens, Favre réussit sa cure et revient à temps pour démarrer la saison 1996, qui va le voir remporter un autre titre de MVP avec 3899 yards, 39 touchdowns et 13 interceptions. Mais plus important, il emmène les Packers (13-3) de retour en finale 29 ans après Super Bowl II ; Green Bay l’emporte sur New England 35-21 même si, encore une fois, Favre a été vu arrosant un peu trop l’avant-match. Il remporte un troisième titre de MVP de suite en 1997 (le partageant avec Barry Sanders) et participe à un deuxième Super Bowl de suite, mais les Packers (13-3) tombent devant les Denver Broncos 31-24. Alors qu’on promet encore de belles finales dans l’avenir du triple MVP, c’est pourtant la dernière fois qu’il y accèdera.

Favre se remet à lancer plus d’interceptions entre 1998 et 2000 et l’équipe rate les playoffs deux années sur trois. Il retrouve sa verve entre 2001 et 2004, menant Green Bay à quatre qualifications en playoffs, mais l’équipe ne passe jamais le deuxième tour ; une défaite mémorable a lieu contre les Rams en Divisional Round 2001 dans laquelle Favre dévoile son pire côté avec SIX interceptions. C’est alors que la tragédie frappe de nouveau à sa porte : la veille d’un match en 2003 contre les Raiders, son père Irv décède d’une crise cardiaque. Favre joue le match pour sa mémoire et il étincelle avec 399 yards et quatre touchdowns dans une victoire 41-7. En 2005, la maison familiale est dévastée par l’ouragan Katrina ; sur le terrain, la saison des Packers est perdue à 4-12, et les Packers ont déjà préparé la suite en draftant au premier tour Aaron Rodgers.

La relation avec le remplaçant est assez tendue au départ alors que Favre commence à atteindre un âge avancé (il a 36 ans en 2006). Il repart pour une saison à 8-8, puis remet le couvert en 2007 avec une saison moins prolifique mais extrêmement solide ; il devient notamment le recordman de touchdowns lancés en carrière, dépassant Dan Marino. Il a de nouveau des armes autour de lui et parvient à mener Green Bay (13-3) jusqu’à une finale NFC à domicile contre les Giants. Malheureusement, dans une température frigide, il lance une interception cruciale en prolongations qui précipite la défaite de son équipe 23-20. A la suite de cette désillusion, il met un terme à toutes les spéculations depuis plusieurs années : il annonce sa retraite des terrains.

Démarre alors toute la dramaturgie de l’intersaison 2008 : Favre se rend compte qu’il a été plus poussé qu’autre chose à prendre sa retraite et revient sur sa décision ; les Packers, menés par le General Manager Ted Thompson et le Head Coach Mike McCarthy, campent sur leurs positions de donner le poste de titulaire à Aaron Rodgers. Favre veut être échangé mais les Packers refusent qu’il reste dans la NFC North pour aller chez un concurrent, ce qui amène le Quarterback à partir pour les Jets contre un quatrième tour conditionnel. En 2009, il amène New York au bord des playoffs, mais une blessure à l’épaule le force à jouer diminué et les Jets manquent le coche à 8-8.

Parmi les rumeurs d’une nouvelle retraite en 2009, Favre finit par faire ce qu’il voulait au départ : il retourne en NFC North en signant chez les Vikings. Il parvient à se venger des Packers en l’emportant à l’aller et au retour dans la meilleure saison de sa carrière à 40 ans : 68.4%, 4202 yards, 33 touchdowns et 7 interceptions (il devient de ce fait le premier Quarterback à battre les 32 équipes NFL). Il emmène Minnesota en finale NFC contre New Orleans, mais une fois encore il lance une interception cruciale ; celle-ci envoie le match en prolongations et les Saints l’emportent 31-28.

Il rempile pour la saison 2010 pendant laquelle il fait l’objet d’une enquête pour avoir envoyé des sextos et des messages inappropriés à une présentatrice télé des Jets Jenn Sterger en 2008, mais aucune preuve n’est faite ; il est juste condamné pour entrave à une enquête. Sur le terrain, une blessure à l’épaule en cours de saison va mettre fin à sa série inhumaine de 297 titularisations consécutives en saison régulière (321 en incluant les matchs de playoffs). Il démarre un match de plus par la suite avant de sortir sur commotion ; Minnesota termine 6-10, et Favre décide de mettre définitivement fin à sa carrière.

Après 20 saisons en NFL, il part avec tous les records principaux pour un Quarterback, notamment celui des passes tentées (10169), complétées (6300), yards (71838), touchdowns (508), interceptions (236), victoires en saison régulière (186) mais aussi des sacks concédés (525) et des fumbles (166) ; tous postes confondus, il a établi les records en titularisations (298) et en titularisations consécutives (297). Il est le premier Quarterback à atteindre 10000 passes tentées, 70000 yards et 500 touchdowns.

BrettFavreLambeauCe résumé en fait un des meilleurs Quarterbacks de l’histoire, auquel il a juste manqué quelques titres de plus. Comme sa nomination est assurée pour la classe 2016 du Hall Of Fame dès sa retraite, la vraie question est de savoir s’il parviendra à panser les blessures ouvertes de la relation avec les Packers. Mais le temps guérit tout, et Favre revient pour le retrait de son numéro #4 et son introduction au Packers Hall Of Fame en 2015 sous une ovation de Lambeau Field qui se rappelle tout ce qu’il a fait pour la franchise.

Depuis, au lieu d’aller à la télévision malgré toutes les demandes, il est parti devenir assistant coach au lycée d’Oak Groove et continue de s’occuper de sa fondation, la Brett Favre Fourward Foundation, qui lève des fonds pour les oeuvres de charité du Mississippi et du Wisconsin.