NFL Team Honors : Philadelphie

500-Eagles

Vous connaissez l’argent mort, cet argent garanti que vous devez à un joueur qui ne joue plus chez vous ? L’organisation savait qu’elle prenait un grand risque en engageant Chip Kelly et en finissant par lui donner les pleins pouvoirs sur l’effectif, car si cela ne marchait pas, elle se retrouverait en quelque sorte avec un « effectif mort » façonné par quelqu’un qui n’était plus chez eux. Voilà donc où en sont les Eagles après une année décevante qui a eu raison du mandat de l’ancien Duck… mais l’effectif mort peut être remodelé pour faire quelque chose au moins.

A lire dans l’incertitude la plus totale.

 

PHILADELPHIA EAGLES
2e NFC East ~ 7-9

 

Les prévisions de Madame Soleil 2015

 

Si la limite entre génie et imbécile était vraiment ténue, on allait en avoir la preuve avec l’offseason des Eagles où Chip Kelly avait tourné en Docteur Maboul. Au revoir Nick Foles, bonjour Sam Bradford ! Au revoir LeSean McCoy, bonjour DeMarco Murray ! Au revoir Evan Mathis et Todd Herremans, car aujourd’hui qui a encore besoin de Guards ! Au revoir Trent Cole, bonjour Kiko Alonso ! Au revoir Bradley Fletcher, Cary Williams (ce qui avait du sens) et Brandon Boykin en échange avec Pittsburgh, bonjour Byron Maxwell avec un contrat mirobolant (ce qui en avait beaucoup moins) ! Et pourquoi ne pas signer Tim Tebow histoire de !

Une fois la poussière retombée, que pouvait-on attendre ? D’une, l’échange de Foles pour Bradford était très risqué vu le passif de blessures de l’ancien Ram ; surtout si on le met derrière une ligne offensive qui avait perdu ses deux Guards titulaires, dont un multi-Pro-Bowler. Certes, avoir Murray était une bonne chose, mais encore une fois il n’aurait pas la même ligne qu’à Dallas, ce qui pouvait poser la question de son rendement. Avec la draft du receveur Nelson Agholor et le remplacement de Jeremy Maclin par Miles Austin, les cibles étaient intéressantes avec Jordan Matthews, Riley Cooper et Zach Ertz. En défense également, les modifications soulevaient plusieurs questions : les présences de Brandon Graham et Connor Barwin suffiraient-elles au niveau du pass-rush ? Qu’allait donner l’arrière-garde new look avec tous les départs, les arrivées plus la draft du deuxième tour Eric Rowe, et un poste de Safety toujours un peu faiblard ?

Chip Kelly n’avait pas juste modifié son effectif, il l’avait mis dans la machine à laver sur « programme à fond les ballons ». Il avait fait l’équivalent d’un tapis au poker. S’il avait raison, c’était en effet un génie. S’il avait tort, la franchise se préparait un mal de tête avec l’effectif dans le futur si elle décidait de se séparer de lui. La saison 2015 allait être un énorme test pour cela.

 

La saison

 

@Atlanta 24-26, Dallas 10-20, @NY Jets 24-17, @Washington 20-23, New Orleans 39-17, NY Giants 27-7, @Carolina 16-27, @Dallas 33-27 (OT), Miami 19-20, Tampa Bay 17-45, @Detroit 14-45, @New England 35-28, Buffalo 23-20, Arizona 17-40, Washington 24-38, @NY Giants 35-30.

Record cumulé projeté (avec les records de 2014) : 121-134-1 (0.475, 23e).
Record cumulé réel (avec les records de 2015) : 130-126 (0.508, 11e).
Écart entre les deux records : 0.033 (8e).

Un calendrier un peu plus compliqué que prévu. Philly aura surtout payé deux séries à domicile catastrophiques où ils ont fini à 1-5 (Miami-Tampa puis Buffalo-Arizona-Washington).

 

La réalité

 

Il n’est pas nouveau que la méthodologie Chip Kelly met une pression terrible sur votre défense, puisque l’escouade aura encore passé le plus de temps sur le terrain dans la ligue (34:08), comme l’année dernière. Mais quand, en plus, votre attaque pâtit de vos choix et se met à être moins efficace, vous allez droit dans le mur : moins de points scorés (-97), moins de yards (-33 par match), moins de big plays (-10), moins de conversion de 3e tentative (-4%) ou plus de drives finissant en 3&out (+4%) ; même un meilleur taux de TD marqué par voyage en redzone ne peut rattraper la différence. De l’autre côté, une défense déjà sur les talons s’est mise à craquer encore plus, avec notamment 134.6 yards encaissés par match au sol (32e), mais également des plus grands taux de conversion de 3e tentative autorisée (42.9%, 27e) et de TD encaissé par voyage adverse en redzone (65.6%, 31e) par rapport à 2014.

Voici les récompenses de la saison :

Le Defensive End Fletcher Cox a encore une fois été le vrai leader de la défense et un monstre inarrêtable dans la ligne défensive de Philadelphie. Il a été partout, réalisant 71 plaquages dont 11 à perte, 9.5 sacks, 33 hurries, 3 fumbles forcés, 2 fumbles récupérés et 2 passes défendues.

http://www2.pictures.zimbio.com/gi/Fletcher+Cox+Buffalo+Bills+v+Philadelphia+ywT2Jj5bFoHl.jpgRien que le bonhomme n’ait pas déjà fait avec son moteur infatigable au coeur de l’escouade défensive.

Le fait même que le Safety Malcolm Jenkins ne soit pas au Pro-Bowl après l’année qu’il a faite est une preuve de plus que… enfin bref, le Pro-Bowl. Bien que Jenkins soit dans sa huitième saison NFL et qu’il ait été nommé meilleur défenseur NFC pour la Week 13, il reçoit quand même cette récompense pour l’ensemble de son travail qui n’a pas été assez souligné.

Jenkins a été un touche-à-tout cette saison pour Philadelphie, jouant à la fois les rôles de Safety, Linebacker et même parfois slot Cornerback quand il a fallu. Il a été partout avec une efficacité redoutable : 109 plaquages dont 10 à perte, 3 fumbles forcés, 1 fumble récupéré pour un TD, 10 passes défendues et 2 INTs dont un pick-6 (de Tom Brady en plus, ce qui ne gâche rien). Le vétéran a encore fait une saison remarquable, étant un des meilleurs joueurs défensifs de la franchise depuis qu’il est arrivé l’année dernière.

Les Eagles ont eu un gros problème cette année avec leurs receveurs, et le départ de Jeremy Maclin n’a fait que l’exacerber. Fort heureusement, le sophomore Jordan Matthews a élevé son niveau de jeu pour offrir au moins un receveur potable. Certes, on aurait sans doute pu attendre mieux que 85 réceptions pour 997 yards et 8 TDs (surtout au niveau des yards), mais le second receveur derrière lui est Josh Huff… avec 27 réceptions. 27 ! Entre eux, le reste est occupé par le Tight End Zach Ertz qui a passé un palier cette année (75 réceptions pour 853 yards et 2 TDs), l’autre Tight End Brent Celek (27r/398y/3TD) et le coureur Darren Sproles (55r/388y/1TD).

http://www4.pictures.zimbio.com/gi/Jordan+Matthews+Washington+Redskins+v+Philadelphia+xWyiXeo2Izfl.jpgLe premier tour receveur Nelson Agholor n’a jamais réussi à convertir les beaux espoirs entrevus en présaison, et de plus une blessure l’a éloigné des terrains. On attendra clairement bien plus des receveurs l’année prochaine.

L’année dernière, les Eagles en avaient assez vu de la part de Brandon Graham pour laisser partir Trent Cole pendant l’offseason et lui laisser notamment les clés du pass-rush. Graham a répondu plus que présent en étant également très solide contre la course : 51 plaquages dont 11 à perte, 6.5 sacks, 23 hurries, 3 fumbles forcés et 1 passe défendue. Après avoir attendu sa chance pendant quatre ans, Graham semble l’avoir saisie ; avec Cox MVP et Jenkins Most Underrated Player, c’est lui qui mérite le titre.

Néanmoins, il y a un bémol… force est de constater que Philly a perdu une sacrée puissance de feu en passant de 49 à 37 sacks. Il faudrait que Graham puisse atteindre une saison à 10+ sacks, car même avec la superbe année de Cox dans le pass-rush, cela n’a pu contrebalancer la chute de production de Connor Barwin, passé de 14.5 à 7 sacks cette saison. On en attend donc un peu plus de ce côté-là de la part de l’ancien premier tour de 2010.

50 plaquages, 1 sack, 1 fumble forcé, 3 fumbles récupérés, 3 passes défendues et 2 INTs dont un pick-6 ; voilà ce qu’a réussi le troisième tour Linebacker Jordan Hicks… en HUIT MATCHS. Le rookie a été une sensation au coeur de la défense, prenant place comme Inside Linebacker et jouant comme s’il avait été là toute sa vie. On attend avec impatience de voir ce qu’il va donner sur toute une saison parce que Philadelphie en a bien besoin.

http://www3.pictures.zimbio.com/gi/Jordan+Hicks+Philadelphia+Eagles+v+New+York+6tikG-bsVmml.jpgLe deuxième tour Cornerback Eric Rowe a fait quelques apparitions sympathiques, mais à part Nolan Carroll qui a enfin eu son opportunité sur l’aile et qui ne s’en est pas trop mal sorti avec 10 passes défendues et 2 INTs dont un pick-6, le reste des Cornerbacks a été très moyen cette saison.

Difficile de ne pas nommer Chip Kelly lui-même, même s’il est possible qu’il n’ait pas été la seule tête de mule de l’équipe. Il est également possible qu’on ne lui ait pas laissé assez de temps avec son effectif remodelé, mais une attaque désordonnée et une défense qui pris de bonnes mines ont affaibli sa position. Et la conférence de presse de Jeffrey Lurie après l’éviction du Head Coach semble quand même confirmer qu’il y avait quelque chose qui ne passait pas, non seulement sur le plan du jeu mais aussi sur le plan humain (on a entendu le même genre de propos après le passage de Nick Saban à Miami où les joueurs avaient fini par le surnommer le Nicktator). Est-ce que Chip dérange car il fait les choses de manière différente ? Il y a probablement un peu de cela. Est-ce qu’il a pris des décisions assez incompréhensibles ? Oui. Le mieux qu’on puisse souhaiter à Kelly c’est de tirer les enseignements ; on va voir s’il rebondira à San Francisco, vu qu’il aura cette fois un General Manager au-dessus de lui.

La ligne défensive n’a pas été sans ses problèmes, particulièrement pour ce qui est de la défense au sol, mais elle a été l’unité la plus constante dans une équipe qui en a cruellement manqué. Le souci c’est qu’elle a des joueurs parfois hors de position ; la meilleure preuve est Vinny Curry qui n’est pas fait pour jouer dans une 3-4, et le passage en 4-3 l’année prochaine devrait l’aider à se replacer dans une position plus avantageuse. Benny Logan et Cedric Thornton ont été d’autres rouages importants de l’unité ; encore une fois, elle a eu ses moments d’absence (on ne lâche pas autant de yards au sol sans une ligne défensive qui est parfois dominée) mais honnêtement il est compliqué de trouver un meilleur ensemble de joueurs.

Les Inside Linebackers, particulièrement une fois que Hicks s’est blessé… le reste n’a pas été convaincant ; les problèmes de jeu au sol sont également leur faute. Certes, il y a eu des blessures, mais ce n’est pas tout : Mychal Kendricks a semblé bien moins influent que l’année dernière, étant hors de position en couverture ou au sol, DeMeco Ryans était plutôt bien parti mais sa blessure a semblé le ralentir… et le troisième larron aura droit à son découpage personnel dans deux rubriques.

C’est assez fou de se dire que Philly est parti avec une unité constituant une grande force, mais qu’au final le rookie a été le meilleur et qu’une fois blessé tout s’est effondré.

Les acquisitions de Sam Bradford, Walter Thurmond III et Ryan Mathews ont été de bons choix pour les Eagles. Le Quarterback Sam Bradford reçoit la récompense car on ne l’avait pas vu aussi autoritaire et sûr de lui depuis sa draft par les Eagles ; il a progressé au fur et à mesure de la saison et a terminé avec 65%, 3725 yards (7.0), 19 TDs, 14 INTs, 28 sacks, 6 fumbles et 86.4 de QB Rating ; pas de quoi réellement tomber de sa chaise, mais vu d’où il revient et avec le souci de qualité chez les receveurs, il n’y a pas de quoi faire la fine bouche. De plus, même s’il a eu une ligne offensive meilleure qu’à Saint-Louis, les pertes de la Free Agency ont quand même fait mal à l’unité qui a été moins souveraine malgré le trio Jason Peters – Jason Kelce – Lane Johnson (Peters a toujours des problèmes de blessures).

http://www4.pictures.zimbio.com/gi/Sam+Bradford+Arizona+Cardinals+v+Philadelphia+7XLAzOk7IMkl.jpgContrairement à un autre ex-Seahawk (dont nous allons parler dans quelques instants), Walter Thurmond a été une addition bienvenue, repositionné au poste de Safety : il a fait une année pleine avec 71 plaquages, 2 sacks, 2 fumbles forcés, 1 fumble récupéré pour un TD, 7 passes défendues et 3 INTs ; le souci pour les Eagles est qu’il n’a été signé que pour un an. Ryan Mathews a été le coureur le plus efficace avec 106 courses pour 539 yards (5.1 !), 6 TDs et a tenu la chandelle du jeu au sol pendant un moment avant qu’une certaine autre acquisition ne se « réveille ».

C’est le moment de sortir le canon à tomates pourries. Kiko Alonso ? DeMarco Murray ?? Byron Maxwell ??? On a du mal à choisir lequel a fait le plus gros rotoplaf cette saison.

Pour Maxwell, c’est surtout l’histoire d’un contrat totalement aberrant dès le départ ; le doute était déjà là au moment de l’annonce de la signature, et pour 13.5M$ cette année il aura produit 10 passes défendues, 2 INTs et une performance très inégale.

Pour Alonso c’est une demi-surprise : certes le Linebacker avait été impressionnant dans sa saison rookie, mais les Eagles ont pris un gros risque avec sa rupture d’ACL l’année dernière. Le résultat a été assez catastrophique pour le jeune joueur qui a semblé perdu.

Mais alors pour Murray, c’est pertes et fracas et écroulement et WTF tout-en-un. 9M$ en 2015 pour un joueur qui n’a parfois jamais vu le terrain alors qu’il était en bonne santé et qui a fini avec des stats indignes : 193 courses pour 702 yards à 3.6 yards de moyenne et 6 TDs. Même quand on se dit qu’il a complété avec 44 réceptions, 322 yards et 1 TD, on voit qu’il a fait SIX drops. Comme déjà dit, Mathews a été meilleur et Sproles a été plus complet avec 138 touches pour 705 yards et 4 TDs. Dans l’ensemble cette saison de DeMarco Murray a été un gâchis phénoménal qui mérite la récompense, et qui est probablement autant la faute du coureur que celle de Kelly.

La double victoire contre l’AFC East en Week 13 et 14. Cette victoire à l’extérieur 35-28 contre les Patriots où les trois phases ont été à l’unisson, puis celle à domicile 23-20 contre Buffalo ont été totalement inattendues, surtout vu ce qu’il s’était passé les deux semaines avant…

La double défaite contre Tampa Bay et Detroit en Week 11 et 12. Cela a vraiment marqué le point le plus bas de la saison des Eagles : 45-17 contre Tampa Bay et 45-14 contre Detroit. Néanmoins la défaite contre les Bucs est la plus cinglante car elle était à domicile contre une équipe qui a certes repris des couleurs cette saison, mais qui a fini à 6-10.

Le renvoi de Chip Kelly avant le dernier match de la saison. Non seulement le renvoi en lui-même a été une surprise car on pensait qu’après deux années à dix victoires Kelly aurait un peu plus de latitudes, mais c’est surtout le timing : avant même le dernier match, prouvant l’importance des problèmes avec l’organisation.

 

Les besoins

 

La ligne offensive commence à être un peu limite et Jason Peters ne rajeunit pas. Le pass-rush aurait besoin d’un coup de boost, les receveurs aussi. Un Defensive Back ne sera pas du luxe non plus, surtout si Thurmond ne revient pas.

 

Le futur

 

Domicile : Dallas, NY Giants, Washington, Green Bay, Minnesota, Cleveland, Pittsburgh, Atlanta.
Extérieur : Dallas, NY Giants, Washington, Chicago, Detroit, Baltimore, Cincinnati, Seattle.
Record cumulé en 2015 : 120-136 (0.469, 26e).

Les deux North au programme plus Seattle et Atlanta, pas si facile que cela à aborder…