Fiche Légende : Dick LeBeau

#24, 44 – Cornerback

 

DickLeBeau

 

Présentation

 

GENERALITÉS
Nom complet Charles Richard « Dick » LeBeau
Date de Naissance 9 Septembre 1937
Lieu de Naissance London, Ohio
Date de Décès
Lieu de Décès
CARRIÈRE
Lycée London
Université Ohio State
Draft 5e tour de 1959 (#58)
Equipes Joueur :
Detroit Lions (1959-1972)
Coach :
Philadelphie Eagles (1973-1975, Special Teams)
Green Bay Packers (1976-1979, DB)
Cincinnati Bengals (1980-1991, DB puis DC)
Pittsburgh Steelers (1992-1996, DB puis DC)
Cincinnati Bengals (1997-2002, DC puis HC)
Buffalo Bills (2003, assistant HC)
Pittsburgh Steelers (2004-2014, DC)
Tennessee Titans (2015-, assistant HC)
Statistiques 14 saisons
185 matchs
62 interceptions
4 touchdowns
HONNEURS
Pro-Bowls 3 (1964-1966)
All-Pro 3 (1964, 1965, 1970)
Performances notables Meilleur intercepteur de l’histoire des Lions
Récompenses 2 bagues de champion (2005, 2008)
Hall Of Fame Classe de 2010

 

Biographie

 

On peut compter sur les doigts d’une main les hommes qui mériteraient d’être intronisés deux fois au Hall Of Fame : la première fois comme joueur, et la seconde dans un autre rôle tel que Coordinateur, Head Coach ou General Manager. Dick LeBeau fait sans conteste partie de ces personnes d’exception qui ont marqué la NFL des deux côtés de la touche : non seulement il a réussi une carrière de prestige sur le gridiron qui lui a valu d’entrer à Canton, mais il ne s’est pas arrêté là; il est devenu un véritable gourou défensif qui a créé une nouvelle stratégie révolutionnaire.

Charles Richard « Dick » LeBeau naît en septembre 1937 dans la petite ville de London, dans l’Ohio, non loin de Columbus. Il a un grand frère, Bob, et deux parents qui sont des compétiteurs, que ce soit dans le sport ou dans la vie. Ils insufflent cet esprit de compétition à leurs deux fils qui se découvrent un talent pour le sport. Quand Bob entre au lycée de London, il intègre l’équipe de football en tant que Quarterback, et lors de sa dernière année il est rejoint par son petit frère. Mais si l’aîné arrête rapidement sa carrière une fois sorti du lycée, ce n’est pas le cas de Dick qui est un athlète très doué.

DickLeBeauOhioStateIl l’est tellement qu’il parvient à rejoindre la prestigieuse Université d’Ohio State en 1955; non seulement il joue au football sous les ordres du légendaire coach Woody Hayes, mais il excelle aussi sur les courts de basket. Sur le gridiron, LeBeau devient une redoutable arme à double-tranchant en tant que coureur et Cornerback. Il fait partie de l’équipe championne NCAA en 1957 qui remporte une courte victoire sur Oregon dans le Rose Bowl 10-7, et espère bien pouvoir continuer dans le championnat professionnel.

Néanmoins ses débuts ne vont être à la hauteur de ses espérances : drafté au cinquième tour de 1959 par les Browns de Cleveland, il ne jouera jamais pour cette franchise car Paul Brown décide de le libérer pendant les camps d’été. LeBeau végète ainsi pendant un petit moment sans club, avant d’être contacté en plein milieu de saison par les Lions; la franchise vient de perdre le futur Hall Of Famer Cornerback Jack Christiansen parti en retraite et aimerait faire un essai pour boucher cet espace vide. L’essai se révèle concluant, et le joueur rejoint une franchise du Michigan qui n’est pas au mieux : son dernier titre ne date que de deux ans mais l’équipe est déjà tombée dans la nasse, notamment à cause de l’échange de son Quarterback Bobby Layne. LeBeau gagne sa place de titulaire rapidement au poste de Cornerback dans une arrière-garde qui compte tout de même un autre futur Hall Of Famer, Yale Lary, et il fait bonne impression malgré une saison à 3-8-1.

En 1960, Detroit revient sur le devant de la scène grâce à une acquisition majeure : le terrible Cornerback et futur Hall Of Famer Dick « Night Train » Lane des Chicago Cardinals arrive grâce à un échange, ce qui achève la création d’une arrière-garde d’anthologie avec les trois « L » : Lary, Lane et LeBeau. Ce dernier commence à s’épanouir dans la défense avec son jeu physique contre la course et son instinct pour les interceptions; il collecte 18 ballons volés de 1960 à 1963 (16 interceptions et deux fumbles récupérés) et inscrit deux touchdowns. Il ne manque que la réussite collective pour accompagner sa réussite personnelle, car les Lions sont dans la même division que les invincibles Packers de Vince Lombardi; au moins, Detroit peut s’enorgueillir par exemple d’être la seule équipe à avoir battu Green Bay en 1962 dans un mythique match de Thanksgiving.

LeBeau continue sa montée en puissance en 1964 et 1965 : il accumule la bagatelle de 12 interceptions et deux fumbles recouvrés (avec un touchdown), ce qui lui permet enfin d’être reconnu par ses pairs avec un vote au Pro-Bowl et dans la deuxième équipe All-NFL (l’équivalent du All-Pro). C’est également une période qui signe la fin d’un groupe de Defensive Backs légendaire avec les départs de Lary puis Lane coup sur coup, mais LeBeau ne va pas rester seul bien longtemps : un nouveau Hall Of Famer, Lem Barney, le rejoint en 1967. Les deux compères vont littéralement martyriser les Quarterbacks adverses sur les cinq années suivantes avec 65 interceptions en 70 matchs; 30 viennent de LeBeau, dont une année 1970 faste avec neuf passes volées.

DickLeBeauLemBarney
Lem Barney et Dick LeBeau

En 1971, fait exceptionnel, le #44 rate son premier match depuis sa titularisation lors de son année rookie. Il fait une dernière saison en 1972, repositionné en tant que Safety, avant de mettre fin à sa carrière à 35 ans. LeBeau part alors en retraite avec 62 interceptions, le record de la franchise et le troisième plus grand total à l’époque derrière Emlen Tunnell et son ancien partenaire Night Train Lane; on peut rajouter ses neuf fumbles récupérés et ses quatre touchdowns (trois sur interceptions, un sur fumble). Mais sa durabilité est également extraordinaire : il a joué 185 matchs pour Detroit, dont 171 consécutifs – un record pour un Cornerback qui devra attendre Ronde Barber en 2010 pour être battu. La seule chose qui lui manquera, ce sera un titre collectif pour couronner sa réussite personnelle… du moins en tant que joueur.

Car le plus incroyable, c’est bien de se dire que l’on touche là uniquement à une partie de la carrière exceptionnelle de LeBeau, car maintenant qu’il n’est plus joueur, il va pouvoir se distinguer de l’autre côté de la ligne de touche.

Dès sa retraite, en 1973, il démarre comme coach d’équipes spéciales à Philadelphie. Il retourne par la suite à sa passion première, les Defensive Backs, en rejoignant les Packers en 1976; sous sa tutelle les arrières enquillent les interceptions. En 1980, il part chez les Bengals de son Ohio natal; d’abord comme coach des DBs puis comme Coordinateur Défensif. C’est à ce moment que la West Coast Offense explose en NFL sous l’impulsion de la dynastie des 49ers, et LeBeau se rend vite compte qu’il doit contrer ce système de passes courtes et rapides. Comme il n’a pas forcément les joueurs pour faire du un-contre-un, il doit penser à un système de zone qui permettrait de blitzer sans pour autant isoler les arrières ou affaiblir la couverture. Après des discussions avec Bill Arnsperger, autre génie défensif qui a bourlingué en NCAA et NFL, il invente alors le prototype du fameux zone blitz : envoyer un Linebacker ou un Corner blitzer tout en faisant reculer un Defensive Lineman ou un Linebacker en couverture. Cela permet à la défense des Bengals de relever son niveau, et l’équipe accède à deux Super Bowls (1981 et 1988); elle perd malheureusement les deux finales contre San Francisco, mais au moins les deux matchs sont très serrés (26-21 et 20-16).

Dick LeBeauLeBeau rejoint ensuite Pittsburgh en 1992, là aussi d’abord comme coach des DBs puis comme Coordinateur Défensif à la place de Dom Capers; les deux hommes vont affiner le zone blitz, donnant à Pittsburgh le surnom de Blitzburgh. La défense va être le maître mot des Steelers pendant cette période, ce qui leur permet d’aller au Super Bowl, mais LeBeau connaît à nouveau le goût de la défaite contre Dallas en 1995. Il retourne comme Coordinateur Défensif à Cincinnati en 1996 puis prend le poste de Head Coach en 2000; cependant il n’a pas énormément de talent dans l’équipe, et malgré toute sa science il est limogé en 2002. Après un passage par les Bills, il retourne à Pittsburgh en 2004 pour retrouver une défense bourrée de qualité qui peut implémenter son schéma de jeu. Cela va enfin se concrétiser avec trois participations au Super Bowl en 2005, 2008 et 2010; si les deux premiers sont remportés, l’ironie veut que, l’année où il est enfin intronisé au Hall Of Fame, LeBeau perd un nouveau Super Bowl contre les Packers dont la défense est entraînée par… Dom Capers.

En 2015, LeBeau décide de partir de Pittsburgh, mais malgré son âge avancé de 77 ans, ce n’est sûrement pas pour faire une pause : il accepte de devenir assistant Head Coach des Titans du Tennessee. C’est à croire que la défense conserve l’homme : Coach Dad comme le surnomment affectueusement ses joueurs est un infatigable travailleur, adorant le football et ses joueurs, et ne semblant pas concevoir la vie sans réfléchir à de nouveaux moyens de perturber les attaques adverses.