Fiche Franchise : Jacksonville Jaguars

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Présentation

 

Généralités

 

Création 1993
Division AFC South
Stade EverBank Field
Propriétaire Shahid Khan
Président Mark Lamping
Manager Général Trent Baalke
Head Coach Doug Pederson
Titres Aucun
Site Internet http://www.jaguars.com/

 

Introduction

 

Les Jaguars (surnommés aussi « Jags »), sont basés à Jacksonville, dans l’état de Floride. C’est la « franchise jumelle » des Panthers de Carolina, les deux étant arrivées en NFL en 1995. Ils ont été versés dans l’AFC Central à l’époque, puis dans l’AFC South quand Houston est arrivé en 2002.

Les Jaguars ont connu une période de succès dès le début de la franchise, mais ils ne sont jamais allés au Super Bowl malgré trois finales de conférence.

 

Uniforme et Mascottes

 

Les Jaguars utilisent les couleurs turquoise, noir, or et blanc.

  • Tenue couleur : maillot noir – numéro blanc – pantalon noir – socks noir et blanc.
  • Tenue blanche : maillot blanc – numéro turquoise – pantalon blanc – socks noir et blanc.
  • Tenue alternative : maillot turquoise – numéro noir – pantalon noir – socks noir et blanc.

Les Jaguars ont une mascotte, « Jaxson De Ville », un jaguar anthropomorphique portant des lunettes de soleil qui adore interagir avec la foule, les joueurs de Jacksonville et même parfois les joueurs adverses, ce qui lui a valu quelques réprimandes de la ligue.

 

Membres du Hall Of Fame

 

2022 – Tony Boselli

 

Numéros retirés

 

Officiellement aucun, mais officieusement le numéro #71 du Tackle Tony Boselli n’est plus attribué depuis sa retraite en 2002.

 

Stade

 

Les Jacksonville Jaguars jouent à l’EverBank Field.
Il a été inauguré le 18 Août 1995.
Il contient 67.246 places, extensible jusqu’à 76.867.

 

L’histoire de la franchise

 

Sommaire

 

  1. La naissance des Jaguars (1991-1995)
  2. Une réussite rapide (1995-1999)
  3. Le déclin et l’arrivée de Del Rio (2000-2007)
  4. La descente aux enfers (2008-2016)
  5. Soubresauts et limbes (2017-2023)

 

La naissance des Jaguars (1991-1995)

 

La Floride a toujours été une terre de football : une terre professionnelle certes avec les Dolphins de Miami et les Buccaneers de Tampa Bay, mais avant tout une terre universitaire avec les Gators de Florida, les Seminoles de Florida State ou les Hurricanes de l’Université de Miami. La ville de Jacksonville, au nord de l’état, a également une longue histoire avec le sport : elle accueille tous les ans le fameux classique universitaire Florida-Georgia, et le Gator Bowl de NCAA est joué dans le stade de Jacksonville. C’est d’ailleurs ce lien étroit entre la ville et le football qui fait espérer pendant des années qu’une franchise NFL puisse s’y implanter. Il y a déjà eu des équipes, mais dans les ligues alternatives (la World Football League, l’American Football Association, l’United States Football League), et les diverses tentatives pour rapatrier des franchises ont été infructueuses (les Colts et les Oilers principalement).

Jaguars-WayneWeaverLe problème, c’est justement cette forte influence universitaire dans la région qui fait de la ville un petit marché au niveau spectateurs et téléspectateurs. Cela n’empêche pas plusieurs pontes de la ville de monter Touchdown Jacksonville, un groupe décidé à faire venir la grande ligue dans la cité. Ce groupe est mené par le magnat de la chaussure Wayne Weaver et inclut le futur gouverneur de Floride Jeb Bush (fils de George Bush Senior et frère de George W.), et le businessman Tom Petway.

En 1991, la ligue annonce qu’elle va passer de 28 à 30 équipes. C’est une nouvelle qui fait du bruit car les deux dernières franchises sont arrivées en 1976 (Seattle et Tampa Bay), et encore une fois la ligue va créer deux équipes, une dans chaque conférence. Rapidement, cinq finalistes sont choisis : Charlotte, Memphis, Jacksonville, Saint-Louis (les Rams étant encore à Los Angeles) et Baltimore (les Colts étant partis en 1984 et les Ravens n’arrivant qu’en 1996). La présence de la ville dans les nominées est une première victoire pour Touchdown Jacksonville, même si les experts les donnent loin derrière tout le monde : la taille du marché et la vétusté du Gator Bowl (construit en 1949) travaillent contre eux ; à tel point d’ailleurs que le groupe est incapable de montrer un plan financier pour rénover le stade, et en juillet la ville disparaît des prétendantes.

C’est à ce moment que Jacksonville reçoit des soutiens inattendus, notamment de la part du commissioner lui-même, Paul Tagliabue, du président de la NFL Neil Austrian et de son vice-président Roger Goodell. Le marché de Floride reste toujours attractif, et Weaver est une personnalité appréciée de la ligue ; elle lui avait déjà proposé de monter une franchise à Saint-Louis des années auparavant. Bref, cet élan de sympathie pousse le groupe à renégocier avec les politiques locaux : cette fois 121 millions de dollars sont débloqués pour rénover le Gator Bowl. Quand 10.000 abonnements sont mis en vente, ils partent en dix jours, poussant Jacksonville à revenir dans la course.

En novembre, au nez et à la barbe de Saint-Louis et Baltimore, pourtant considérées comme des offres supérieures, c’est finalement Jacksonville qui reçoit la deuxième nouvelle franchise, après Charlotte. Un concours propose le terme de Jaguars qui est choisi pour faire un rapprochement avec la « franchise jumelle » des Panthers de Carolina. Comme cette dernière, les Jaguars feront leurs grands débuts en 1995, le temps de raser quasiment l’ancien Gator Bowl Stadium pour refaire un tout nouveau stade. Pendant ce temps l’organigramme est mis en place : Weaver est le principal propriétaire, et le coach de Boston College Tom Coughlin est engagé comme General Manager et Head Coach.

Jaguars-BrunellBoselli
Brunell et Boselli

Il reste donc à choisir les joueurs avec trois sources possibles, un luxe inédit pour une franchise d’expansion : la Free Agency, la draft classique et la draft d’expansion, qui est une liste fournie par les autres équipes de joueurs disponibles.

Les Jaguars font leur marché : ils draftent le futur Hall Of Famer Tackle Tony Boselli ainsi que le coureur James Stewart avec leurs deux premiers tours, et ils acquièrent le Quarterback Mark Brunell des Packers ainsi que le receveur Jimmy Smith comme Kick Returner.

 

Une réussite rapide (1995-1999)

 

Versée dans l’AFC Central avec Pittsburgh, Cincinnati, Cleveland et Houston, la franchise connaît fort logiquement une première année compliquée. Elle perd son match inaugural 10-3 contre les Oilers de Houston, et doit attendre le match « retour » trois semaines plus tard pour son premier succès 17-16. Malgré une victoire surprise contre les futurs champions AFC Steelers, les Jags terminent à 4-12 ; à cet égard, Jacksonville démarre moins bien que les Panthers.

Jaguars-JimmySmith
Jimmy Smith

En 1996, les Jaguars draftent du côté de la défense avec le Linebacker Kevin Hardy, le Defensive End Tony Brackens et le Defensive Back Aaron Beasley. Ils signent également le Tackle Leon Searcy des Steelers, le Fullback Natrone Means des Chargers et le receveur Keenan McCardell des Browns pour aider l’attaque, tout en promouvant Jimmy Smith comme second receveur. Brunell s’épanouit dans son rôle de Quarterback passeur mobile avec 4000+ yards, et même s’il encaisse 50 sacks, l’attaque tourne plutôt bien ; la défense, elle, revient à un niveau acceptable. Les Jags en font voir de toutes les couleurs à leur fans, démarrant 1-3 puis 3-6 avant d’arracher plusieurs victoires sur le fil. Ils sont aux portes des playoffs à 8-7 avant le dernier match, et un Field Goal de la victoire raté par les Falcons leur permet de s’imposer 19-17 et de se qualifier avec un record de 9-7 !

On ne donne pas cher de la peau des Jaguars en playoffs pour leur deuxième saison seulement, mais ils n’ont pas dit leur dernier mot : ils se déplacent à Buffalo pour le Wild Card Round, et les deux équipes ne sont jamais séparées de plus de sept points. Au final, derrière le match énorme de Natrone Means (175 yards et un touchdown), les Jags arrachent la victoire 30-27 sur un Field Goal de Mike Hollis. Au Divisional Round, la montagne à gravir est encore plus grande avec les Broncos de Denver qui ont dominé l’AFC à 13-3. Mais encore une fois, Means est inarrêtable avec 140 yards et un touchdown ; Brunell rajoute deux touchdowns à la passe et les Broncos se réveillent trop tard, battus 30-27 dans une des plus grosses surprises de l’histoire des playoffs. Malheureusement, les rêves d’un Super Bowl improbable Jaguars-Panthers sont douchés par les Packers en NFC, et les Patriots en AFC qui battent Jacksonville 20-6 avec une défense intraitable sur Means et Brunell.

Les Jaguars pensent pouvoir continuer sur cette belle lancée en 1997, profitant de ce bon mélange entre vétérans et jeunes joueurs (qui voient l’arrivée à la draft du Defensive End Renaldo Wynn). Mais Brunell se blesse au genou pendant la pré-saison et on craint qu’il ne puisse plus rejouer avant un moment. Rob Johnson le remplace, mais heureusement Brunell revient en Week 3 après deux victoires. Means continue de courir avec puissance et Jimmy Smith poste une nouvelle saison à 1000+ yards ; l’attaque devient une des plus prolifiques de la ligue. Jacksonville réussit une meilleure saison qu’en 1996 avec un record de 11-5, même si c’est insuffisant pour le titre d’AFC Central. Les Jags retrouvent une vieille connaissance en Divisional Round en se déplaçant à Denver, mais cette fois les Broncos sont prévenus : ils inscrivent six touchdowns pour l’emporter 42-17.

Jacksonville's Taylor celebrates after defeating Steelers in Jacksonville
Fred Taylor

A la draft de 1998, la franchise drafte le coureur Fred Taylor alors que Natrone Means repart à San Diego ; elle sélectionne aussi le Defensive Back Donovin Darius. Malgré une défense moyenne, l’attaque continue d’aligner les performances avec le rookie Taylor qui poste une saison à 1223 yards, et après un départ à 5-0 les Jags terminent une nouvelle fois avec un record de 11-5 ; cette fois c’est suffisant pour un titre de division. Les Jags reçoivent alors leur premier match de playoffs en Wild Card Round contre les Patriots, et Jacksonville prend sa revanche de la finale AFC 1996 25-10 grâce à un gros match de Taylor à la course. Pour le Divisional Round les Jaguars se déplacent chez les Jets de New York : les locaux prennent rapidement l’avantage 17-0 et Jacksonville court après le score pendant tout le match, finissant par s’incliner 34-24.

1999 va être l’année de tous les records pour la franchise : elle enchaîne une série de 11 victoires pour démarrer la saison. Seul Tennessee va réussir à battre Jacksonville (par deux fois d’ailleurs), et le reste des adversaires va plier devant une attaque capable et une défense intransigeante qui contient trois joueurs à 10+ sacks : Hardy, Brackens et Gary Walker signé en provenance de Tennessee. L’attaque marque 396 points et la défense n’en encaisse que 217, deux records de franchise ; les Jags postent la meilleure saison de leur histoire à 14-2. Et ils n’ont pas fini de faire des vagues, puisqu’ils vont forcer la retraite de deux légendes, Dan Marino et Jimmy Johnson, dans une claque monumentale contre les Dolphins en Divisional Round, 62-7. Néanmoins, la bête noire Tennessee se profile en finale AFC, et encore une fois la franchise ne trouve pas la solution, battue 33-14 par son bourreau de la saison.

C’est alors le début du déclin pour une franchise qui va être rattrapée par le Salary Cap et l’arrivée d’une nouvelle équipe en 2002.

 

Le déclin et l’arrivée de Del Rio (2000-2007)

 

En trois ans, de 2000 à 2002, entre la Free Agency pour dégraisser le Salary Cap et les joueurs pris par les Texans de Houston, l’équipe va perdre : Tony Boselli, Leon Searcy, Kevin Hardy, Gary Walker et James Stewart. Ces pertes ne sont pas tout de suite compensées par des joueurs aptes (pas de signatures et des rookies draftés non préparés), et les blessures exposent ce manque de profondeur de banc.

New England Patriots v Jacksonville Jaguars
Marcus Stroud

En 2000, malgré la draft du Centre Brad Meester, le duo Brunell-Smith et un Fred Taylor qui fait une saison effarante à 107 yards de moyenne par match, le manque de qualité plus les blessures font plonger l’équipe à 7-9. 2001 voit l’arrivée du Defensive Tackle Marcus Stroud, mais Taylor se blesse très tôt dans la saison et l’équipe continue sa lente descente à 6-10, dont une victoire controversée arrivant contre Cleveland qui a tellement irrité les fans des Browns qu’ils ont lancé une pluie de bouteilles sur le terrain à la fin du match (le fameux Bottlegate). En 2002, la NFL réorganise ses divisions avec l’arrivée de Houston : Jacksonville rejoint la nouvelle équipe en AFC South avec Indianapolis et Tennessee. La draft est plutôt bonne avec le Quarterback David Garrard, le Linebacker Akin Ayodele ainsi que le Defensive Tackle John Henderson, mais encore une fois l’équipe ne peut faire mieux qu’un piteux 6-10.

Coughlin est logiquement pointé du doigt pour ces problèmes car il est Head Coach et General Manager, devant donc choisir les joueurs mais aussi gérer leurs contrats. Le premier coach de l’équipe est alors démis de ses fonctions. L’organisation ne fait pas la même erreur et engage deux personnes : l’ancien Quarterback James Harris comme nouveau General Manager, et l’ancien Linebacker Jack Del Rio comme nouveau Head Coach.

En 2003, les Jags ajoutent au premier tour le Quarterback Byron Leftwich et au second le Defensive Back Rashean Mathis ; ils signent également le Linebacker Mike Peterson. Quand Brunell se blesse au coude lors du troisième match de la saison, c’est Leftwich qui a le poste devant Garrard ; sans surprise, avec autant de pertes, un nouveau coach et un rookie Quarterback à la manoeuvre, les Jaguars ont beaucoup de mal à faire une saison acceptable. Ils commencent par un terrible 1-7 avant de s’adapter doucement pour terminer la saison 5-11, avec une nouvelle victoire rocambolesque : menant 20-13 à la fin du match contre New Orleans, ils se font surprendre par le River City Relay, un touchdown de 75 yards avec plusieurs passes latérales des Saints ; mais ces derniers ratent la transformation, ce qui permet à Jacksonville de l’emporter 20-19.

Au vu des progrès de Leftwich et de la présence de Garrard, l’organisation décide d’échanger Brunell aux Redskins, faisant partir un nouveau membre de l’équipe originelle. L’équipe drafte le Linebacker Daryl Smith qui vient faire partie d’une unité rugueuse, menée par Stroud et Henderson ; elle permet à Jacksonville de gagner des matchs même si l’attaque a parfois quelque mal. Les Jaguars sont au bord des playoffs mais finissent par les rater à 9-7.

En 2005, la franchise floridienne drafte le Tackle Khalif Barnes pour protéger Leftwich et compte bien faire une meilleure saison, notamment offensivement. Le Quarterback réduit son nombre d’interceptions et le jeu de course fournit des points alors que la défense continue sa domination sur les attaques adverses. Malgré un départ à 2-2 les Jags sont à 7-3 quand Leftwich se blesse à la cheville contre Arizona ; on pense que la franchise va ralentir, mais David Garrard joue très bien, permettant à Jacksonville de finir à 12-4. Leftwich retourne dans l’effectif pour le Wild Card Round contre le champion en titre, New England, mais le Quarterback titulaire semble hors de rythme ; les Patriots vont rapidement prendre l’avantage pour ne plus le lâcher et se qualifier facilement 28-3.

Jaguars-MauriceJonesDrewLes Jaguars ajoutent le Tight End Marcedes Lewis à la draft 2006, mais c’est un autre rookie qui va exploser suite à de nombreuses blessures dans l’équipe. Jacksonville doit composer sans certains de ses joueurs pendant plusieurs matchs (Stroud, Taylor), d’autres jusqu’à la fin de la saison (Leftwich, Darius, Jones, Peterson) et surtout le départ de Jimmy Smith à la retraite, qui a les records de réceptions de la franchise. Les deux armes offensives majeures de l’équipe deviennent donc David Garrard et le rookie coureur Maurice Jones-Drew. « MJD » démontre rapidement pourquoi on va le surnommer Pocket Hercules ou « Hercule de Poche » : le joueur est partout, gagnant 5.7 yards par course, marquant 13 touchdowns au sol, deux touchdowns en réception et même un touchdown en retour d’engagement ! Avec Garrard ils réussissent presque à qualifier les Jaguars mais l’équipe ne peut surpasser toutes les blessures et termine à 8-8.

La draft 2007 apporte le Defensive Back Reggie Nelson et le Linebacker Justin Durant, mais c’est une autre nouvelle qui surprend tout le monde : la franchise libère Byron Leftwich, faisant de David Garrard le titulaire. Certes Garrard a bien joué l’année dernière mais cela demande confirmation sur une saison complète ; le Quarterback répond alors par une saison incroyable où il ne lance que trois interceptions. Taylor fait une nouvelle saison à 1000+ yards avec le bon support de Jones-Drew, et même si les receveurs ne sont pas des foudres, l’attaque poste le record de points dans son histoire avec 411. Jacksonville termine à 11-5 et gagne un ticket pour les playoffs.

Le Wild Card Round envoie les Jags chez les Steelers, et Jacksonville mène pendant la majorité du match : 21-7 à la pause puis 28-10 à l’orée du dernier quart-temps. Les Steelers réussissent un retour en scorant 3 touchdowns, mais ils manquent deux conversions à deux points, ce qui ne leur donne qu’une avance de 29-28. Garrard mène le drive de la victoire, courant notamment 32 yards sur une 4e&2, et le Kicker Josh Scobee réussit un Field Goal de 25 yards qui qualifie Jacksonville 31-29. Malheureusement, ce sont encore les Patriots qui se présentent en Divisional Round, et ils sont lancés dans leur saison parfaite. Les Jaguars tiennent une mi-temps en étant à égalité 14-14, mais le manque de pression sur Tom Brady finit par plomber l’équipe qui s’incline 31-20.

David Garrard
David Garrard

C’est la dernière fois que les Jags connaîtront les playoffs, et même un record positif avant un petit moment.

 

La descente aux enfers (2008-2016)

 

En 2008, la draft des Defensive Ends Derrick Harvey et Quentin Groves est faite pour combler ce manque de pression, mais c’est la ligne offensive qui va connaître une série de blessures, handicapant toute l’attaque. Garrard ne peut refaire la même année et les coureurs ont plus de mal à gagner des yards ; Jacksonville termine sur un très décevant 5-11. Fred Taylor quitte la franchise après 11 ans de bons et loyaux services et plus de 10.000 yards à son actif ; il va à New England, et c’est maintenant Maurice Jones-Drew qui doit porter le poids du jeu au sol. Taylor n’est pas le seul à partir, car le General Manager James Harris est remplacé par Gene Smith.

En 2009, des problèmes de remplissage du stade apparaissent. En effet, sept des huit matchs des Jaguars subissent un blackout, ce qui veut dire qu’ils ne sont pas retransmis à la télé locale parce que le stade n’est pas assez rempli ; c’est une politique faite pour forcer les gens à aller sur place. Cela prouve bien que la crise de 2008 est passée par là, que Jacksonville reste un petit marché et que les fans sentent que la franchise est en reconstruction. De ce fait, les rumeurs placent les Jags en tête des équipes qui pourraient déménager à Los Angeles.

Sportivement, la franchise pare à ses problèmes de blessure sur la ligne offensive avec la draft de deux Tackles : Eugene Monroe et Eben Britton ; ils choisissent également le Defensive Tackle Terrance Knighton et le Defensive Back Derek Cox. Cela permet d’améliorer légèrement la franchise et Jones-Drew fait encore une année à 1000+ yards. Les Jags bataillent dur pour être dans la course aux playoffs, mais une ultime série de quatre défaites consécutives les laisse à 7-9.

NFL: Chicago Bears at Jacksonville Jaguars
Eugene Monroe

Une forte mobilisation des fans de l’équipe et la vente du nom du stade à la banque EverBank permet à l’équipe de rassurer les gens sur sa présence dans le futur, et il n’y a aucun blackout en 2010. La draft du Defensive Tackle Tyson Alualu entre autres booste la défense, Garrard fait une bonne saison à 23 touchdowns et Jones-Drew cavale encore pour 1324 yards. La franchise relève la tête et se retrouve même à 8-5, avec une victoire improbable sur une Hail Mary contre Houston. Mais encore une fois les Jags ne tiennent pas la distance, perdent Garrard pour un match, finissent avec trois défaites et un record de 8-8 frustrant.

A partir de là, c’est la chute. Les problèmes de dos de David Garrard (hernie discale) poussent l’équipe à échanger son premier et deuxième tour de la draft 2011 pour remonter en #10 et choisir le Quarterback Blaine Gabbert ; beaucoup d’observateurs sont surpris de voir ce joueur partir aussi haut. Malgré l’insistance des Jaguars à dire que Garrard reste le titulaire, ils finissent par le libérer une semaine avant le début de la saison, et donnent le poste à Luke McCown. McCown fait un début de saison horrible qui pousse Del Rio à faire démarrer Gabbert ; le manque d’armes offensives (à part Jones-Drew) ne l’aide pas à se sentir en sécurité. La franchise termine sur un 5-11 peu reluisant malgré la signature du bon Linebacker Paul Posluszny des Bills, et Del Rio n’en voit même pas la fin, renvoyé en cours d’année.

L’année 2012 est celle des changements : un nouveau coach avec le Coordinateur Offensif des Falcons Mike Mularkey, mais surtout un nouveau propriétaire, Weaver ayant vendu la franchise au businessman Shahid Khan. L’homme à la moustache continue d’investir pour assurer la présence de la franchise à Jacksonville, et c’est le seul point positif de la saison : malgré la draft du receveur Justin Blackmon et du Defensive End Andre Branch, ainsi que la signature du Defensive End Jason Babin, l’attaque n’avance pas et la défense ne stoppe personne. Jacksonville enregistre alors la pire saison de son existence à 2-14. Mularkey et Gene Smith ne durent pas plus longtemps, remplacés par le Coordinateur Défensif des Seahawks Gus Bradley et un ancien exécutif des Falcons, David Caldwell.

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Shahid Khan

Malheureusement pour eux, ils doivent faire avec les bourdes de leurs prédécesseurs : la saison 2013 prouve définitivement que le premier tour de 2011 Blaine Gabbert est un bust qui ne méritait pas d’être drafté aussi haut, et le premier tour de la draft 2012, Justin Blackmon, prend deux suspensions dans l’année, la dernière illimitée, pour violation de la politique de la NFL en matière de substances illégales. Pour parfaire le tableau, le premier tour de la draft 2013, le Tackle Luke Joeckel, ne fait qu’un petit bout de saison avant de se blesser. Malgré un changement de logo et d’uniformes (discutable), l’équipe continue d’avoir beaucoup de difficultés et termine la saison à 4-12. C’est la dernière saison de Jones-Drew à Jacksonville : le coureur part à Oakland après sept ans en Floride.

Les Jaguars font définitivement une croix sur Blackmon qui prend une nouvelle suspension pour possession de marijuana, se tournant vers Cecil Shorts pour mener un très jeune groupe de receveurs. La franchise essaie de trouver leur futur duo Quarterback-receveur à la draft avec les sélections de Blake Bortles au premier tour et de Marqise Lee au deuxième. Mais dans une attaque aussi inexpérimentée à quasiment tous les postes, difficile de réussir grand-chose ; même la défense patine, malgré l’émergence du Defensive Tackle Sen’Derrick Marks signé en 2013. La franchise continue d’écumer les bas-fonds de la ligue à 3-13.

2015 commence par une terrible nouvelle quand le premier tour de la draft, le Linebacker Dante Fowler, subit une rupture d’ACL lors du premier entraînement. Mais l’équipe ne renonce pas, et malgré un nouveau faible record de 5-11, l’espoir existe : l’attaque commence à prendre forme grâce à Bortles (même s’il perd toujours trop de ballons), la draft du coureur T.J. Yeldon et surtout au duo dynamique de receveurs sophomores Allen Robinson et Allen Hurns qui postent chacun 1000+ yards ; on n’avait plus vu cela à Jacksonville depuis 1996 ! En défense, la signature du Cornerback Davon House et le développement du Linebacker Telvin Smith font du bien mais l’escouade reste encore bien trop fragile. Cela explique le mauvais record, mais un jeune groupe de playmakers commence à émerger.

Les Jaguars sont de nouveau candidats pour le titre de champions d’avant-saison en 2016 avec les signatures du champion Defensive End Malik Jackson ou de l’ex-Brown Safety Tashaun Gipson, sans compter les drafts du premier tour Cornerback Jalen Ramsey ou du deuxième tour Linebacker Myles Jack. Certes, ces ajouts sont importants et boostent l’escouade défensive qui fait une bien meilleure année, mais l’attaque perd totalement son explosivité, notamment à la passe, ce qui défait tout le positif montré auparavant par Bortles. L’organisation finit par comprendre que le problème vient de Bradley et le renvoie en cours de saison ; Doug Marrone prend l’intérim et l’offensive relève un peu la tête sous son égide. Cela lui permet de prendre définitivement le poste de Head Coach d’une équipe qui termine encore à 3-13.

 

Soubresauts et limbes (2017-2023)

 

La draft de 2018 amène le coureur Leonard Fournette qui va être précieux en attaque, mais c’est surtout la défense qui est renouvelée grâce à la Free Agency : le Defensive End Calais Campbell, le Cornerback A.J. Bouye et le Safety Barry Church arrivent. Avec un Ramsey et un Telvin Smith toujours aussi forts plus le développement du Defensive End Yannick Ngakoue, l’escouade devient une vraie furie qui étouffe les attaques adverses. Malgré les blessures chez les receveurs, l’attaque fait le nécessaire et l’équipe parvient enfin à rebondir ; pour la première fois depuis 2007, elle poste une saison positive à 10-6 et elle se qualifie en playoffs !

Les limites offensives reviennent la hanter lors du Wild Card Round à domicile contre Buffalo ; Bortles termine avec plus de yards à la course (88) qu’à la passe (87) ! Heureusement, la défense est là pour faire le travail dans une victoire étriquée 10-3. Le Divisional Round à Pittsburgh est le match totalement inverse… ou presque : bien que les deux défenses explosent, celle des Jags fait le nécessaire au début, redonnant des possessions à l’attaque qui score pour mener rapidement 21-0. C’est un trou dont les Steelers ne sortiront jamais ; les floridiens l’emportent au bout d’un feu d’artifice 45-42, retournant en finale AFC pour la première fois depuis 1999. Cette fois, c’est l’ogre Patriot qui se dresse à Foxboro ; malgré des avances de 14-3 puis 20-10 en dernier quart-temps, l’inexpérience des Jags ne fait pas le poids dans les moments cruciaux : ils sont défaits 24-20.

La saison 2018 s’ouvre sur l’espoir d’un succès pérenne, et il y a quelques changements : le corps de receveurs est éparpillé avec Robinson et Hurns partis, Posluszny prend une retraite bien méritée et l’excellent Guard des Panthers Andrew Norwell arrive pour solidifier la ligne offensive. Malgré la blessure de Marqise Lee qui part sur IR, les Jags démarrent 3-1 avec notamment une victoire sur New England, faisant croire que la dynamique est toujours présente… jusqu’à ce que tout s’écroule d’un seul coup : les blessures (notamment pour Fournette) freinent considérablement l’attaque, Bortles continue de faire du Bortles pour finir par être remplacé par Cody Kessler (avant de revenir), et la défense montre des failles sur et en dehors du terrain, même si elle tient quand même la baraque. L’équipe subit sept défaites de suite après son bon départ et termine piteusement à 5-11.

C’est le signal de fin de l’expérience Bortles ; la franchise signe le MVP du Super Bowl LII, Nick Foles, et drafte au sixième tour Gardner Minshew. En défense, Jalen Ramsey part dans un échange chez les Rams, Telvin Smith annonce se retirer un temps du football pour remettre de l’ordre dans sa vie, et le premier tour End Josh Allen arrive. Si la saison du rebond semble compromise dès le premier match quand Foles est mis sur IR suite à une fracture de la clavicule, elle voit éclore Minshew Mania : le rookie au look 80’s est inconstant mais donne un coup de boost à l’escouade, bien aidé par Fournette et Chark. C’est la défense qui devient méconnaissable avec les absences, et Jacksonville ne peut poster qu’un bilan de 6-10.

Et cela va empirer en 2020 : l’équipe continue de perdre des éléments (Fournette, Campbell, Ngakoue, Bouye) et la défense peine à tenir la route alors que l’attaque ne trouve jamais son allant offensif ; Foles se blesse rapidement et Minshew fait ce qu’il peut quand il est sur le terrain. Malgré la découverte du surprenant rookie non-signé coureur James Robinson, l’équipe fait une saison cauchemar et poste un terrible 2-14, le pire bilan de la ligue.

Cela amène un nouveau triumvirat à la tête de l’équipe : le General Manager Dave Caldwell est remplacé par l’ex-49er Trent Baalke, le Head Coach Doug Marrone est remplacé par l’ex-Florida et Ohio State Urban Meyer… et le Quarterback Gardner Minshew est remplacé par le premier choix de la draft 2021, l’ex-Clemson Trevor Lawrence.

Malheureusement, Meyer démarre mal et les choses ne vont pas s’améliorer : il se met le staff et les joueurs à dos en croyant être la star de l’équipe avec décisions étranges et propos humiliants ; de plus il est vu avec une femme qui n’est pas la sienne dans un bar après un match alors que l’équipe est rentrée. Pendant ce temps Lawrence a du mal pour sa première saison, l’attaque est au point mort et la défense continue son crash. Meyer ne finit même pas l’année avant d’être renvoyé suite à une énième preuve de comportment inadmissible (envers son ancien Kicker), et Jacksonville obtient de nouveau le premier choix de la prochaine draft, postant un bilan de 3-14. L’ex-Eagle Head Coach Doug Pederson est choisi pour tenter de repartir du bon pied.

Cela arrive dès la saison suivante : alors que Tennessee semble encore le favori pour remporter l’AFC South, l’équipe flanche en fin de saison et les Jaguars les battent deux fois pour décrocher la couronne avec un bilan de 9-8. La razzia en Free Agency a donné de bons résultats, notamment en attaque avec le Guard Brandon Scherff et le receveur Christian Kirk alors que le premier tour de l’année précédente Travis Etienne remplace James Robinson ; la draft, elle a apporté surtout en défense avec le duo de choix de premier tour Travon Walker – Devin Lloyd. Lawrence profite des armes offensives pour amener Jacksonville jusqu’en playoffs, mais la marche semble trop haute en Wild Card contre les Chargers ; Los Angeles mène 27-0 à deux minutes de la fin de la première mi-temps. C’est alors que les Jaguars se réveillent et réalisent le troisième plus gros comeback de l’histoire des playoffs, l’emportant 31-30 à la dernière seconde. Ils sont très loin de faire pâle figure à Kansas City au Divisional Round, mais ils font la course derrière tout le match et échouent 27-20.

La bonne nouvelle de 2023, c’est que les Jaguars postent le même bilan qu’en 2022, confirmant un peu de stabilité après une période noire. La mauvaise, c’est qu’ils démarrent 6-2 avant de s’écrouler après la bye week : Lawrence rate quelques matchs sur blessure, Etienne se démène mais le jeu au sol manque d’efficacité et la défense plie davantage. Les floridiens finissent par le payer en étant à la fois coiffés au poteau de la division par des Texans surprenants et au poteau des playoffs par une forte AFC North.