Fiche Légende : Jack Butler
#80 – Cornerback
Présentation
| GENERALITÉS | |
| Nom complet | John Bradshaw « Jack » Butler |
| Date de Naissance | 12 Novembre 1927 |
| Lieu de Naissance | Pittsburgh, Pennsylvanie |
| Date de Décès | 11 Mai 2013 |
| Lieu de Décès | Pittsburgh, Pennsylvanie |
| CARRIÈRE | |
| Lycée | Mount Carmel, Niagara Falls, Canada |
| Université | St. Bonaventure, Allegany, New York |
| Draft | Non-drafté en 1951 |
| Equipes | Pittsburgh Steelers (1951-1959) |
| Statistiques | 9 saisons 103 matchs 52 interceptions 10 fumbles récupérés 5 touchdowns |
| HONNEURS | |
| Pro-Bowls | 4 (1955-1958) |
| All-Pro | 3 (1957-1959) |
| Performances notables | Deuxième en interceptions de l’histoire à sa retraite |
| Récompenses | Membre de l’équipe des Steelers All-Time Membre de l’équipe NFL des années 1950 |
| Hall Of Fame | Classe de 2012 |
Biographie
Certains Hall Of Famers sont de vraies stars nées qui étaient prédestinées à faire de grandes choses sur le terrain. D’autres avaient certes des qualités, mais ont dû travailler d’arrache-pied pour obtenir leur chance de prouver ce qu’ils valaient. Certains ont fait une longue et fructueuse carrière, d’autres ont réussi à entrer à Canton malgré, parfois, une carrière écourtée par une blessure grave. Mais quoi qu’il en soit, en général, les joueurs ont démarré le football depuis leur plus tendre enfance, voire au lycée, pour en faire ensuite leur métier. Et puis, au milieu des immortels, il y a le parcours totalement unique de Jack Butler : une première vocation de prêtre, une entrée dans le monde du football tardive à l’Université, une arrivée en NFL sur la pointe des pieds et une brillante carrière dont la fin a bien failli être aussi la fin de sa vie… et l’a d’ailleurs été d’une certaine manière.
John « Jack » Butler naît à Pittsburgh en 1927, et rapidement il se tourne vers un univers totalement éloigné du football et du sport en général : le catholicisme. Quand arrive le temps d’entrer au lycée, il devient séminariste à Mount Carmel dans la partie canadienne de la ville de Niagara Falls; cette ville, qui abrite les fameuses chutes du Niagara, est divisée en deux : une partie canadienne dans l’état de l’Ontario et une partie américaine dans l’état de New York. Butler finit son séminaire et s’apprête à passer une étape importante dans sa prêtrise, mais il finit par changer d’avis : ce domaine n’est pas pour lui.
Il se demande alors quelle Université il pourrait bien intégrer, et une personne va aiguiller son choix : nul autre que Art Rooney Senior, le fondateur de la franchise des Steelers. En effet, les Butlers et les Rooneys sont de bons amis, et le patriarche de l’équipe de la NFL dirige le jeune Jack vers l’Université de St. Bonaventure, dans l’état de New York. En faisant cela, Rooney ne fait pas qu’aider le fils d’un ami : le directeur athlétique de l’Université est un certain Père Silas, qui n’est autre que Dan Rooney, son propre frère ! Lorsque ce dernier apprend la venue du jeune homme, il se rappelle avoir joué avec le père de Butler, qui avait du talent dans le football. Il se demande alors si le fils a les mêmes gênes, et l’invite à rejoindre l’équipe de l’Université. Butler accepte, jouant receveur et Defensive End; il fait quelques années solides.
Mais il sort d’une Université totalement méconnue en 1951, et il n’a absolument aucune chance d’être drafté par la NFL; il n’est pas sûr que lui-même veuille en faire son métier. Mais Dan Rooney est persuadé qu’il peut devenir un joueur très intéressant : il contacte son frère, Art Senior, pour le convaincre de laisser Butler faire un essai chez les Steelers. The Chief accepte, et grâce à son éthique de travail et son acharnement, Butler intègre l’équipe pour sa saison rookie. Néanmoins, les Steelers sont une équipe old school qui joue en single wing, se basant quasi-exclusivement sur la course, ce qui fait que le rookie n’a pas vraiment l’occasion de se montrer en attaque; il ne brille pas plus en Defensive End de l’autre côté du ballon. C’est alors que, pendant le troisième match, le Defensive Back Howard Hartley se blesse; étant donné sa morphologie, Butler est envoyé sur le terrain pour le remplacer.
Butler ne va plus jamais lâcher sa position, devenant un des Cornerbacks les plus redoutés de la ligue. Même si l’équipe des Steelers est médiocre, tournant quasiment toujours juste en-dessous de la moyenne, le #80 se transforme en missile à tête chercheuse qui plaque avec force, et surtout qui a l’instinct et les mains pour faire de l’interception son arme fatale : il en réussit cinq en 1951, sept en 1952 et neuf en 1953 (dont quatre contre les Redskins), avec deux touchdowns. Il connaît un petit coup de mou en 1954 et 1955 avec seulement quatre interceptions en deux ans, mais curieusement c’est à ce moment que la ligue le remarque enfin : en 1955 il est voté à son premier Pro-Bowl. Il se remet à voler des ballons en 1956 avec six interceptions, et mène la ligue en 1957 avec 10; la première année où il double Pro-Bowl et All-Pro.
Butler semble alors au sommet de son art, interceptant neuf passes en 1958, doublant de nouveau Pro-Bowl et All-Pro. Mais malheureusement, sa carrière va être stoppée nette par une terrible blessure : lors d’un match contre les Eagles en 1959, il va pour défendre une passe sur le Tight End Pete Retzelaff, et le joueur de Philadelphie vient s’empaler sur son genou. La blessure est atroce, et il est clair qu’avec la médecine de l’époque il n’a aucune chance de rejouer; cependant, l’inquiétude ne s’arrête pas là : il contracte une infection à staphylocoque en plus, ce qui est bien plus grave car elle met sa vie même en péril. Cette infection va le poursuivre tout le restant de sa vie, forçant de multiples opérations et le remplacement de ses deux genoux.
C’est donc la mort dans l’âme qu’il arrête sa carrière au bout de huit saisons et demi, avec un total hallucinant de 52 interceptions en seulement 103 matchs; s’il est le deuxième meilleur intercepteur dans l’histoire de la NFL à sa retraite derrière le grand Emlen Tunnell (79), et qu’il est logiquement dépassé par plusieurs joueurs par la suite, il restera sûrement pour toujours le meilleur intercepteur au niveau du ratio par match (0.505). Il a reçu quatre votes Pro-Bowl, trois All-Pro et a été nommé dans l’équipe NFL des années 1950.
Après sa carrière, Butler coache chez les Bills et les Steelers, mais ses problèmes de genoux le forcent à arrêter. Il décide alors de rejoindre le groupe de scouts BLESTO : Bears, Lions, Eagles and Steelers Talent Organization, qui rassemble les scouts des équipes citées dans son nom. Il en est le vice-président pendant 45 ans, découvrant de nouveaux talents et formant des scouts, des General Managers et des Présidents.
Pendant ce temps, malgré une grande campagne de sa famille, ses amis et d’anciens partenaires pour son accession au Hall Of Fame, les portes de Canton lui sont fermées pendant un temps interminable. Il devra patienter 53 ans après sa retraite pour enfin avoir son buste grâce au Senior Committee en 2012.
Il aura pu recevoir cette ultime honneur de son vivant juste à temps : souvent rattrapé par cette fichue infection à staphylocoque contractée en 1959, c’est une dernière attaque qui aura raison de lui en mai 2013; il s’éteint à l’âge de 85 ans. Une vie plutôt bien remplie pour un séminariste devenu footballeur sans vraiment le vouloir.