Fiche Franchise : Philadelphia Eagles

500-Eagles

 

Présentation

 

Généralités

 

Création 1933
Division NFC East
Stade Lincoln Financial Field
Propriétaire Jeffrey Lurie
Président Don Smolenski
Manager Général Howie Roseman
Head Coach Nick Sirianni
Titres 3 NFL (1948, 1949, 1960)
1 Super Bowl (2017)
Site Internet http://www.philadelphiaeagles.com/

 

Introduction

 

Les Eagles sont basés à Philadelphie (raccourcie souvent en « Philly »), dans l’état de Pennsylvanie. Ils ont été créés en 1933 à partir des cendres des Frankford Yellow Jackets, et ils ont intégré la NFL de suite. Situés sur la côté est, ils se sont toujours retrouvés dans la division Est de la ligue, que ce soit avant (Eastern Division) ou après (NFC East) la fusion de la NFL et de l’AFL.

La franchise a connu un certain succès dans la NFL avant la création du Super Bowl, avec notamment trois titres. Suite à la fusion, elle a eu un peu plus de mal, mais elle est tout de même parvenue à quatre Super Bowls en 1980, 2004, 2017 et 2022 ; le troisième en date a apporté le premier trophée Lombardi.

 

Uniforme et Mascottes

 

Les Eagles utilisent les couleurs vert foncé, noir, argent et blanc.

  • Tenue couleur : maillot vert – numéro blanc – pantalon blanc – socks noir.
  • Tenue blanche : maillot blanc – numéro vert – pantalon vert – socks noir.
  • Tenue alternative : maillot noir – numéro blanc – pantalon blanc – socks noir.

Les Eagles ont une mascotte nommée « Swoop », un pygargue anthropomorphique qui porte le maillot #00 (en effet, le bald eagle utilisé comme modèle n’est pas un aigle en français mais un pygargue à tête blanche).

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e0/Philadelphia_Eagles_Super_Bowl_LII_Victory_Parade_%2840173332621%29.jpg

 

Membres du Hall Of Fame

 

1963 – Bert Bell (Fondateur/Coach)
1965 – Steve Van Buren
1967 – Chuck Bednarik
1969 – Earle « Greasy » Neale (Coach)
1970 – Pete Pihos
1983 – Sonny Jurgensen
1998 – Tommy McDonald
2004 – Bob « Boomer » Brown
2006 – Reggie White
2018 – Brian Dawkins
2020 – Harold Carmichael
2022 – Dick Vermeil

 

Numéros retirés

 

5 – Donovan McNabb
15 – Steve Van Buren
20 – Brian Dawkins
40 – Tom Brookshier
44 – Pete Retzlaff
60 – Chuck Bednarik
70 – Al Wistert
92 – Reggie White
99 – Jerome Brown

 

Stade

 

Les Philadelphie Eagles jouent au Lincoln Financial Field.
Il a été inauguré le 3 Août 2003.
Il contient 68.532 places.

 

L’histoire de la franchise

 

Sommaire

 

  1. Naissance des Eagles (1899-1933)
  2. Le difficile apprentissage de la NFL (1933-1943)
  3. Steve Van Buren trace la voie du succès (1944-1950)
  4. Philly insiste et finit par gagner un titre (1951-1960)
  5. Retour dans la médiocrité (1961-1972)
  6. Le sauveur Dick Vermeil (1973-1979)
  7. L’opportunité manquée (1980-1985)
  8. Randall, Buddy et Reggie redressent les Eagles (1986-1990)
  9. La période Kotite-Rhodes (1991-1998)
  10. La malédiction des finales de conférence (1999-2003)
  11. Toujours en playoffs, jamais titrés (2004-2007)
  12. La fin de l’ère Reid-McNabb (2008-2012)
  13. Le fiasco Chip Kelly, le miracle Doug Pederson (2013-2017)
  14. Les Zombieagles, moitié vivants, moitié morts (2018-2023)

 

Naissance des Eagles (1899-1933)

 

Dans la ville de Philadelphie, la banlieue de Frankford abrite la Frankford Athletic Association, créée en 1899. C’est une association sportive qui participe à des compétitions, et qui rapidement se spécialise dans le football semi-professionnel. C’est ainsi que les Frankford Yellow Jackets se font connaître au début des années 1900 dans le monde du football indépendant. Ils gagnent une réputation à travers le pays, puis commencent à jouer des matchs non-officiels contre les équipes de la toute jeune NFL créée en 1920. Après plusieurs succès, les patrons de la ligue nationale les invitent à la rejoindre, et les Yellow Jackets acceptent en 1924.

L’équipe démontre ses qualités, et remporte même le titre en 1926. Malheureusement la Grande Dépression de 1929 touche la NFL, et les Yellow Jackets ne survivent pas à l’expérience : à la fin de la saison 1931, la Frankford Athletic Association cède les droits de la franchise de Philadelphie à la NFL. C’est embêtant pour la ligue, car la ville est un bon marché pour le football professionnel ; il lui faut trouver un repreneur.

De Benneville « Bert » Bell et Lud Wray, passionnés de sport et anciens camarades dans l’équipe de football de l’Université de Pennsylvanie, se présentent : ils assurent pouvoir éponger la dette laissée par les Yellow Jackets. Le 9 juillet 1933, ils reçoivent les droits de la franchise NFL à Philadelphie, et ils la nomment « Eagles » en référence à l’aigle symbole du New Deal’s National Recovery Act du président Franklin Roosevelt. Pour clarifier les choses, il est bien mentionné que ce n’est pas une reprise des Yellow Jackets de l’époque, mais bien la création d’une nouvelle franchise ; les deux équipes sont donc deux entités séparées.

Néanmoins, si l’organisation et quasiment tous les joueurs sont nouveaux, ça n’empêche pas les Eagles de porter des uniformes bleu ciel et jaune assez proches de ceux de Frankford. C’est Lud Wray qui prend le poste de Head Coach.

 

Le difficile apprentissage de la NFL (1933-1943)

 

Les Eagles démarrent avec grand mal, postant saison négative sur saison négative. Faits de bric et de broc, ils encaissent une rouste 56-0 des Giants pour leur premier match puis enchaînent les défaites avant de finalement battre les Cincinnati Reds 6-0. Mais le reste est peu glorieux : 3-5-1 en 1933 et 4-7 en 1934.

Bell se rend alors compte que son équipe n’est pas compétitive, mais que ce n’est pas uniquement de sa faute : il n’a pas les mêmes ressources ou le même prestige que les franchises historiques comme les Giants, les Bears, les Packers ou les Redskins. Du coup, tous les bons joueurs sortis d’université préfèrent aller vers les « gros chèques » et les grands noms, et les Eagles ne vont pas pouvoir progresser ainsi. C’est pourquoi, à une réunion de propriétaires en mai 1935, il fait une proposition : pourquoi ne pas faire une draft, un processus dans lequel les moins bonnes franchises peuvent choisir en premier le joueur qu’elles désirent ? Ainsi, on rétablit une certaine parité et la compétitivité de la ligue. Si jamais l’équipe et le joueur ne tombent pas d’accord, le président de la NFL arbitrerait, et le cas échéant, le joueur ne jouerait pas de la saison. L’idée est approuvée unanimement et la première draft est programmée pour 1936.

Entre temps, les Eagles font une nouvelle saison terrible à 2-9 et Wray décide de quitter la franchise ; Bell rachète ses parts pour devenir le seul propriétaire. Il fait d’ailleurs un coup double, car avec le pire record de la ligue, il a le droit de choisir en premier à la toute nouvelle draft. Il a déjà essayé de négocier avec le vainqueur du Heisman, le Quarterback Jay Berwanger avant la draft, mais celui-ci n’a aucune envie de jouer en NFL, et les tractations ont échoué. On ne peut pas dire que ce soit une surprise à cette époque : seuls 24 des 81 joueurs choisis dans la première draft évolueront en NFL. C’est l’annonce d’une saison 1936 compliquée dans laquelle Bell coache lui-même et les Eagles touchent le fond avec un record de 1-11.

Malgré le système de draft, la plupart des équipes prennent la détection de joueurs par-dessus la jambe, et les Eagles en font partie. La draft n’amène aucun joueur de renom, et Philadelphie continue de souffrir dans les années 1930 : 2-8-1 en 1937 puis 5-6 en 1938. En 1939, Bell réussit son premier bon choix de draft : le Quarterback de TCU Davey O’Brien rejoint l’équipe et apporte du punch au jeu de passe. Il établit le record de yards à la passe dans une saison avec 1324, sauf qu’il est la seule star dans l’équipe. Les Eagles terminent 1-9-1, mais ils ont eu la primeur d’entrer dans l’histoire pour une autre raison : le 22 octobre 1939, ils ont participé au premier match NFL télévisé contre les Brooklyn Dodgers.

1940 sera encore pire : non seulement l’équipe finit 1-10, mais en plus elle échange son premier tour de draft, le futur Hall Of Famer coureur George McAfee contre trois linemen.

C’est alors qu’a lieu un événement jamais vu dans l’histoire de la NFL. En même temps que les Eagles, l’état de Pennsylvanie a également vu l’apparition d’une deuxième franchise NFL, les Steelers de Pittsburgh. Le propriétaire de cette équipe, Art Rooney, voit l’équipe patauger ainsi que l’argent partir, et il reçoit des propositions incessantes de rachat d’un riche héritier de New York, Alexis Thompson. Le problème est que Thompson veut déménager la franchise à Boston, et Rooney, natif de Pittsburgh, ne veut pas voir l’équipe partir. Il finit par s’entretenir avec son ami Bell, qui lui dit qu’au pire, si Thompson déménage, il peut venir chez les Eagles et les deux étendront la franchise à l’état de Pennsylvanie.

Rooney est séduit, et il consent à lâcher son équipe fétiche et une partie de ses joueurs à Thompson ; il devient ensuite propriétaire pour 50% des Eagles. On se retrouve donc avec deux équipes mixées entre anciens Steelers et anciens Eagles, Thompson à la tête de l’une et Bell/Rooney à la tête de l’autre. Sauf que Thompson n’est pas heureux à Pittsburgh, loin de sa ville de New York. Rooney réfléchit et finit par proposer un échange de franchises : Philadelphie étant bien plus proche de New York que Pittsburgh, Thompson accepte. Un échange massif de joueurs a lieu, et Bell, fondateur des Eagles, part à Pittsburgh avec Rooney.

C’est ainsi que se termine l’un des plus bizarres échanges de l’histoire de la NFL.

Quand Alexis Thompson arrive à Philadelphie, il fait connaissance avec le coach désigné des Eagles, le futur Hall Of Famer Earle « Greasy » Neale. Neale fait le ménage dans l’effectif ; il compte bien construire une équipe pour aller chercher le titre, et il va s’y atteler. Et pourtant, il part avec un certain handicap : le Quarterback de l’équipe par exemple, Lurtis « Tommy » Thompson, ne voit que d’un oeil ! Le succès n’arrive pas de suite : les Eagles continuent les saisons désastreuses à 2-8-1 en 1941 et 2-9 en 1942. Arrive alors la Seconde Guerre Mondiale, qui ne va rien arranger à la situation avec tous ces joueurs qui partent au front. On atteint même le comble de l’ironie quand les deux franchises de Pennsylvanie, après tant d’échanges en 1940/1941, doivent fusionner le temps de la saison 1943 pour pouvoir exister en NFL : l’équipe des Phil-Pitt Steagles ne dure qu’un an et réussit à poster un record positif à 5-4-1.

Ceci dit, cette expérience ne peut pas être considérée comme un vrai premier succès. Il va falloir attendre l’année suivante et l’arrivée d’un phénomène pour voir la franchise décoller enfin.

 

Steve Van Buren trace la voie du succès (1944-1950)

 

A la draft de 1944, les Eagles trouvent encore un futur Hall Of Famer coureur comme en 1940, mais cette fois-ci ils le gardent : Steve Van Buren va à lui seul dynamiser l’équipe. Derrière ses retours de kickoffs et son style de course ravageur (bien aidé par des Offensive Linemen comme Al Wistert drafté en 1943), le club poste sa toute première saison positive indépendante à 7-1-2. Même si c’est trop court pour disputer la finale, c’est un renversement de situation complet derrière le cheval Van Buren qui court pour 444 yards en 80 portés.

Et il fait encore mieux en 1945 : il remporte le titre de meilleur coureur avec 832 yards et 15 touchdowns. L’équipe drafte également le futur Hall Of Famer receveur Pete Pihos, et l’attaque commence à se mettre en place. Ce n’est pas encore suffisant cette année avec un record de 7-3, mais ça couve. En 1946, Van Buren a un coup de mou, et l’équipe rétrograde à 6-5… mais c’est reculer pour mieux sauter.

Eagles-VanBurenPihos
Pete Pihos et Steve Van Buren

En 1947, Pihos est enfin armé pour affronter la NFL, et Van Buren revient à son meilleur niveau. L’attaque des Eagles est inarrêtable : Thompson, malgré son handicap, lance pour 16 touchdowns, alors que Van Buren devient une nouvelle fois meilleur coureur de la ligue en étant le deuxième coureur de l’histoire à 1000+ yards (1008 avec 13 touchdowns). Les Eagles terminent à 8-4 en tête de l’Eastern Division, et ils doivent disputer une « finale » de division contre les rivaux de Pennsylvanie, les Steelers. Dans ce match, c’est la défense qui fait le plus gros du boulot en empêchant Pittsburgh de marquer le moindre point, et Philly l’emporte 21-0. Les Eagles accèdent donc à leur première finale NFL contre les Cardinals de Chicago, mais ces derniers mènent tout le match et l’emportent 28-21.

Malgré la défaite, c’est la preuve que le succès est enfin là, et qu’il peut durer. En 1948, Thompson, Pihos et Buren continuent de dominer ; Buren finit meilleur coureur pour la deuxième année consécutive. Les Eagles améliorent leur record de l’année dernière en postant un 9-2 ; cette fois ils gagnent le droit d’aller jouer directement la finale, et surtout de recevoir à Shibe Park. C’est un détail important, car le jour du match un blizzard terrible souffle sur la ville, qui est ensevelie sous une épaisse couche de neige. Il y a tellement de poudreuse que la ville propose aux gens de venir déblayer eux-mêmes le terrain pour ensuite assister gratuitement au match ! D’ailleurs, les joueurs des deux équipes mettent également la main à la pâte, aidant à retirer une énorme bâche alourdie par le poids de la neige.

Pour couronner le tout, Neale se rend compte que son coureur vedette n’est pas là. Il appelle Van Buren (habitant dans la banlieue de Philadelphie) qui lui répond qu’il ne viendra pas car la ligue n’osera jamais jouer un match dans des conditions pareilles. Le coach l’informe que le match VA avoir lieu, et qu’il doit se dépêcher ! Van Buren sort de chez lui et n’arrive pas à démarrer sa voiture, prisonnière de la neige et du froid ; il prend alors deux bus, le métro, puis il marche jusqu’au stade (la NFL dans les années 1940). Et il a bien fait de venir, car c’est lui qui va être le héros de la finale : il score le seul touchdown du match dans le dernier quart-temps, et les Eagles remportent leur premier titre NFL 7-0 dans des conditions dantesques. Les Cardinals se plaindront pendant longtemps de la décision de jouer avec un temps pareil.

1949 est une année de changement pour le club, que ce soit à sa tête ou sur le terrain. Tout d’abord, Alexis Thompson souhaite vendre l’équipe pour la somme de 250.000$. Le magnat des transports routiers James P. Clark et son ami Frank Namee assemblent 100 investisseurs en leur demandant de débourser 3000$ chacun pour obtenir la franchise. Ils parviennent à leur fin et le Happy Hundred rachète l’équipe à Thompson (certains diront cependant que c’est un mythe et qu’il n’y avait pas 100 personnes, juste Clarke et Namee).

ChuckBednarikAvant de partir, Thompson laisse un joli cadeau au nouveau propriétaire : le premier tour de la draft, un Centre/Linebacker de l’université de Pennsylvania, le futur Hall Of Famer Charlie « Chuck » Bednarik. L’homme est rapidement surnommé Concrete Charlie car il travaille dans une entreprise de béton, mais le surnom lui va comme un gant sur le terrain : en défense, c’est un monstre qui délivre des plaquages durs comme des parpaings. Il devient le patron d’une escouade défensive qui encaisse à peine plus de 10 points par match, pendant que Van Buren devient le premier joueur à terminer meilleur coureur trois années de suite et le meilleur coureur de l’histoire en yards. Philly survole la ligue avec un record de 11-1, et les pauvres Los Angeles Rams ne pourront rien faire en finale, battus 14-0. Et cette fois, pas de neige, donc pas de discussion possible.

En 1950 l’équipe se renforce en défense avec la draft du Defensive End Norm Willey, alors que la NFL accueille trois représentants d’une ligue concurrente défunte, l’All-American Football Conference (AAFC). Les grands champions de cette ligue sont les Cleveland Browns, mais malgré leur domination l’AAFC est vue comme une ligue inférieure à la NFL. Le commissioner de la NFL, qui n’est autre que Bert Bell depuis 1946, décide alors de donner une petite leçon « amicale » aux nouveaux venus : le match d’ouverture de la saison sera Cleveland contre Philadelphie, soit le champion AAFC contre le champion NFL. Tout le monde s’attend à une victoire aisée des Eagles, mais ce sont les Browns qui abasourdissent par leur jeu de passe léché et leur jeu de course destructeur ; la défense de Philly encaisse 487 yards dans une cinglante défaite 35-10. Et alors que les Browns s’en vont gagner le titre NFL pour prouver qu’ils sont de vrais champions, les Eagles font une saison moyenne qui se termine à 6-6. Greasy Neale donne sa démission et il est remplacé par Bo McMillan.

C’est ainsi que débute la traversée du désert de la franchise : 28 saisons, huit records positifs et une seule qualification en playoffs (même s’ils sauront la capitaliser avec un titre).

 

Philly insiste et finit par gagner un titre (1951-1960)

 

1951 est une série de mauvaises nouvelles : tout d’abord, McMillan ne coache que deux matchs dans la saison puis doit laisser sa place, atteint d’un cancer en phase terminale ; il est remplacé par Wayne Millner. Ensuite, une blessure au genou contractée pendant la saison met un terme à la carrière du grand Steve Van Buren, qui finit comme le meilleur coureur de l’histoire de la NFL en yards (5860) et touchdowns (69). Les Eagles terminent 4-8 et Millner est remplacé par Jim Trimble. La seule bonne nouvelle est la draft d’un futur talent, le receveur/kicker Bobby Walston.

Le départ de Van Buren fait mal, mais l’équipe contrebalance avec un duo de Quarterbacks efficace en Adrian Burke & Bobby Thompson. La défense est toujours présente, et l’équipe redresse la tête avec un record de 7-5 en 1952. L’année suivante, alors que l’équipe a drafté le Defensive Back Tom Brookshier, Pihos fait la meilleure saison de sa carrière (1049 yards et 10 touchdowns) grâce aux deux Quarterbacks, et les Eagles améliorent légèrement leur record à 7-4-1. En 1954, le Defensive Back Jerry Norton vient encore renforcer la défense, et Walston marque une valise de points que ce soit en réception ou sur coups de pied ; Philly continue néanmoins à buter contre un mur invisible avec encore un record de 7-4-1.

Les Eagles vont regretter ces trois saisons bloquées à sept victoires : en 1955 Pihos finit la saison en tête des receveurs, mais c’est sa dernière. Philly ne joue pas aussi bien et termine à 4-8-1. L’organisation tente un électrochoc en remplaçant Trimble par Hugh Devore, mais ça échoue : avec Van Buren et Pihos parti, Walston ne peut pas tout faire tout seul et l’attaque tombe dans un fossé ; elle entraîne une défense toujours solide dans une saison terrible à 3-8-1 en 1956.

Conscients que l’attaque a besoin de sang neuf, les Eagles se tournent vers la draft de 1957 ; et autant dire qu’ils ne vont pas rater leur coup, puisqu’ils sélectionnent deux futurs Hall Of Famers : le Quarterback Christian « Sonny » Jurgensen et le receveur Tommy McDonald. Néanmoins les débuts vont être compliqués et l’équipe termine 4-8. La franchise décide d’aider Jurgensen en faisant venir le vétéran canonnier Norm Van Brocklin des Rams. De plus, elle remplace Devore par un coach connu pour gagner, l’ancien Head Coach des 49ers et de Army Buck Shaw.

Eagles-VanBrocklinJurgensen
Norm Van Brocklin et Sonny Jurgensen

1958 est encore pire avec un terrible 2-9-1, mais l’équipe signe le Tight End Pete Retzlaff, drafté par les Lions mais libéré ensuite. Enfin, la défense reçoit une attaque digne d’elle, et l’équipe rebondit spectaculairement avec un record de 7-5. Van Brocklin, Retzlaff et McDonald forment un trio redoutable alors Bednarik continue de jouer soixante minutes par match en tant que Centre et Linebacker, délivrant les parpaings à tout va. Le joueur devient d’ailleurs célèbre en 1960 avec un carton monstrueux sur le coureur des Giants Frank Gifford ; ce plaquage va forcer ce dernier à rater le reste de cette saison et celle d’après.

C’est d’ailleurs le résumé de la saison des Eagles : à l’image de sa défense qui reçoit le renfort du Linebacker Maxie Baughan à la draft, elle ne laisser rien passer. Philly pratique un jeu tenace et ne lâche jamais rien, ce qui leur permet de finir la saison en tête de leur division à 10-2 ; le club a enfin réussi à passer le cap qu’il avait raté au début des années 1950. La finale NFL oppose d’ailleurs deux ressuscités : les Eagles et les Green Bay Packers du coach Vince Lombardi. Le match est une opposition de défenses rugueuses, et c’est Philly qui mène la plupart de la rencontre. Un échange de touchdowns laisse le score à 17-13 Eagles avec quelques minutes à jouer ; les Packers remontent le terrain, se rapprochant dangereusement de l’en-but. Le Quarterback Bart Starr trouve alors Jim Taylor qui pense pouvoir marquer le touchdown, mais Bednarik l’attrape sur les 8 yards et ne lâche pas le coureur, le plaquant alors que le temps s’écoule complètement. Philadelphie remporte son troisième titre NFL.

On ne le saura que plus tard, mais les Eagles ont là réussi l’exploit de faire subir à la légende Lombardi sa seule défaite en playoffs en carrière… mais ils viennent également de gagner leur dernier titre. Shaw et Van Brocklin décident de prendre leur retraite, et le second doit prendre la place de coach du premier. Mais l’organisation change d’avis et préfère promouvoir l’assistant Nick Skorich à la place. Furieux, Van Brocklin prend le poste de Head Coach à Minnesota et Jurgensen perd un mentor qui lui aurait été utile pour reprendre l’équipe.

 

Retour dans la médiocrité (1961-1972)

 

Le Quarterback n’a pas l’air de subir cette absence, car il fait une année 1961 exceptionnelle : il établit un record en une saison avec 3732 yards à la passe, et il réussit 32 touchdowns. La défense faiblit légèrement mais reste compétitive, et Philly poste un record de 10-4. Malheureusement, les deux matchs perdus contre les Giants permettent à New York de finir à 10-3-1 juste devant eux, ce qui les prive de playoffs. 1962 est une année pourrie par une montagne de blessures, et la franchise termine dernière de sa division à 3-10-1. Pour corser le tout, Chuck Bednarik, le dernier des joueurs évoluant des deux côtés du ballon, prend sa retraite au bout de 14 années.

En 1963, il y a du mouvement à la tête de l’organisation : un magnat du bâtiment, Jerry Wolman, rachète la franchise 5 millions de dollars au Happy Hundred. Les Eagles font plusieurs bons choix de draft, mais malheureusement pour eux ils vont les lâcher : le Guard Ed Budde préfère signer en AFL aux Kansas City Chiefs, le Centre Ray Mansfield part pour les Steelers et le Linebacker Lee Roy Caffey pour les Packers l’année suivante. Le coureur/retourneur Timothy « Timmy » Brown fait une très bonne saison, mais ça ne sauve pas une franchise qui touche le fond avec un record de 2-10-2. Suite à ces résultats, Wolman renvoie Skorich et le remplace par le coach de Notre Dame, Joe Kuharich, à qui il offre un contrat encore jamais vu d’une durée de 15 ans.

Eagles-BoomerBrownKuharich commence à poser sa patte sur l’équipe… en se débarrassant de ses meilleurs joueurs. Jurgensen est échangé à Washington avec le Quarterback Norm Snead alors que McDonald part à Dallas. La draft amène le futur Hall Of Famer Guard Bob « Boomer » Brown et le futur Hall Of Famer Centre des Packers Jim Ringo est signé. Les changements en attaque induisent quelques questions, mais Timmy Brown continue d’abattre un gros travail et l’équipe redresse la tête à 6-8. En 1965 malgré un Retzlaff très efficace, Snead n’est pas Jurgensen, et la défense n’est plus parmi l’élite de la ligue ; Philly termine à 5-9.

Et pourtant, avec les mêmes éléments, les Eagles décollent enfin en 1966 avec un record de 9-5, deuxième dans la division. Retzlaff prend sa retraite, mais il est remplacé par le rookie de l’année passée, le receveur Ben Hawkins. Hawkins va laisser son empreinte sur la saison 1967, comme Snead : les deux battent les records de l’équipe en yards à la passe (3399) et à la réception (1265). Néanmoins, ils ne peuvent combattre toutes les blessures qui freinent l’équipe et la forcent à poster encore un record négatif à 6-7-1.

Arrive alors l’année 1968. Kuharich se débarrasse encore d’un talent en envoyant Timmy Brown aux Colts, et Wolman connaît de graves problèmes financiers. Snead lance interception sur interception alors que la défense s’écroule, et les Eagles vont droit dans le mur en démarrant par onze défaites consécutives. Les fans font contre mauvaise fortune bon coeur : au moins il y a une récompense quand on est vraiment mauvais, c’est le premier choix de la draft suivante. Et en 1969, il ne fait aucun doute que le premier choix sera un coureur de USC vainqueur de l’Heisman Trophy, O.J. Simpson. Mais l’équipe gagne alors deux matchs totalement inutiles pour finir à 2-12, alors que les Bills de l’AFL terminent à 1-11-1, passant définitivement devant les Eagles à la prochaine draft conjointe NFL/AFL. Simpson est promis aux Bills !

Cette double frustration pousse les fans des Eagles à bout et crée un incident resté célèbre : le 15 décembre, le dernier match de la saison est à domicile contre les Vikings du Minnesota, et à la mi-temps un acteur déguisé en Père Noël doit distribuer des cadeaux aux fans. Ceux-ci sont tellement enragés par la situation qu’ils huent son apparition… et lui jettent même des boules de neige ! Ce fameux Santa Claus Incident va commencer à forger une mauvaise réputation aux fans de Philadelphie.

Pour ne rien arranger, la transition entre 1968 et 1969 est terrible pour la franchise : Wolner est déclaré en banqueroute et l’équipe est sans propriétaire. C’est finalement un ancien membre du Happy Hundred, Leonard Tose, qui rachète l’équipe pour 16 millions de dollars (un record à l’époque). Sa première décision est de virer Kuharich et de le remplacer par Jerry Williams ; il engage également le récent retraité Retzlaff comme General Manager. Sur le terrain, l’acquisition du receveur Harold Jackson des Rams doit aider l’attaque, mais ça ne résout pas tous les problèmes, notamment défensifs : l’équipe poste un 4-9 décevant.

Eagles-CarmichaelLa fusion entre la NFL et l’AFL a alors lieu, et elle modifie quelques adversaires de division : les New York Giants et les Saint-Louis Cardinals arrivent en NFC East alors que les New Orleans Saints partent en NFC West. Ceci dit, ça ne change pas que l’équipe écume le fond de la ligue avec un faible 3-10-1. En 1971 l’équipe investit le Veterans Stadium ou Vet, Norm Snead part à Minnesota et le club drafte le gigantesque futur Hall Of Famer receveur Harold Carmichael (2m03 !) ; il y a du mieux avec un record de 6-7. Williams est remplacé en cours de saison par Ed Khayat, mais ça ne change rien : Carmichael fait de son mieux en 1972 mais il est le seul, et la franchise replonge à 2-11-1 dans une nouvelle saison catastrophe.

Cette fois c’en est trop, et un Tose excédé fait le grand ménage en virant tous les coachs. Il est temps que les Eagles reviennent sur le devant de la NFL, et pour ça il faut non seulement trouver le bon coach, mais les talents pour complémenter Carmichael.

 

Le sauveur Dick Vermeil (1973-1979)

 

En 1973, l’organisation attribue le poste de Head Coach à l’assistant coach des Redskins, Mike McCormick, un spécialiste de l’attaque. McCormick fait venir le Quarterback Roman Gabriel des Rams pour offrir un lanceur à Carmichael. A la draft, Philly fait enfin de bonnes sélections avec le Tackle Jerry Sisemore, le Centre Guy Morriss, le Defensive Back Randy Logan ou le Linebacker Joe Lavender. C’est l’attaque qui remonte la pente en première avec Gabriel, mais la défense peine toujours et les Eagles postent un 5-8-1.

En 1974 c’est la ligne de Linebackers qui reçoit du renfort avec la draft de Frank LeMaster et la signature de l’excellent Bengal Bill Bergey ; la défense relève la tête à son tour. L’équipe équilibre son bilan à 7-7, ce qui est prometteur pour la suite. Malheureusement, l’année 1975 est beaucoup moins clémente pour Philly, qui subit coup du sort sur coup du sort et qui termine à 4-10. C’en est trop pour l’organisation qui renvoie McCormick et met à sa place le coach de USC et futur Hall Of Famer, Dick Vermeil.

1976 voit Gabriel ne jouer qu’une partie de la saison, et Vermeil essaie de transmettre sa méthode de travail rigoureuse à une équipe pas forcément prête à l’embrasser. Malgré la draft du Defensive End Carl Hairston, la saison est une nouvelle déception à 4-10, mais ça ne va pas durer longtemps. Gabriel étant cuit, Vermeil cherche son prochain Quarterback : il signe le gros bras des Rams, Ron « Jaws » Jaworski. L’attaque s’améliore un tout petit peu, mais c’est surtout la défense menée par Bergey qui redevient une unité efficace ; les Eagles perdent plusieurs matchs de justesse et postent un 5-9 tout de même prometteur.

Eagles-VermeilJaws
Ron Jaworski et Dick Vermeil

En 1978, Vermeil essaie de pallier au manque récurrent de jeu de course à Philadelphie depuis la retraite de Steve Van Buren, et il trouve à la draft Wilbert Montgomery. La franchise sélectionne également le Nose Tackle Charlie Johnson, et elle peut enfin lutter avec les autres équipes de la NFL. La saison est serrée jusqu’au bout, et les Eagles atteignent un record de 9-7, en partie grâce au Miracle at The Meadowlands contre les Giants : New York mène 17-12 à la fin du match, a la balle en sa possession et n’a plus qu’à faire des kneels pour laisser tourner l’horloge car Philly n’a plus de temps mort. Désespérés, les défenseurs chargent le Quarterback Joe Pisarcik sur le kneel (ce qu’on ne fait pas normalement), ce qui pousse le Coordinateur Offensif des Giants à appeler une course pour ne pas risquer une blessure de Pisarcik. Sauf que dans un retournement de situation incroyable, Pisarcik perd la balle sur la transmission ; le Defensive Back Herman Edwards récupère l’offrande et remonte le terrain 26 yards pour le touchdown de la victoire.

MiracleMeadowlands-FumbleCe record final de 9-7 permet à l’équipe d’aller en playoffs, ce que la franchise attendait depuis 18 ans ! Le match de Wild Card oppose Philly aux Falcons d’Atlanta, et il semble que les Eagles ont la main en menant 13-0 en dernier quart-temps. Cependant le Quarterback des Falcons Steve Bartkowski lance deux passes de touchdown et Atlanta mène 14-13. Jaworski remonte le terrain et met en place son kicker Mike Michel pour un Field Goal de 34 yards, mais celui-ci le rate et Atlanta élimine les Eagles.

Malgré la déception, la ville de Philadelphie croit qu’elle tient enfin un coach et une équipe qui peut faire de grandes choses. Elle rajoute d’ailleurs un peu plus de poids en défense avec le Linebacker Jerry Robinson et repart en campagne en 1979. Philly termine deuxième de la division à 11-5 et retournent en playoffs. Au Wild Card Round, les Bears de Chicago viennent au Vet et sont défaits 27-17 dans la première victoire en playoffs depuis le titre de 1960. La joie sera de courte durée, avec une défaite en Divisional Round contre les Buccaneers 24-17, mais petit à petit la franchise gravit les échelons.

 

L’opportunité manquée (1980-1985)

 

La draft de 1980 apporte le Defensive Back Roynell Young, et les Eagles font une excellente saison à 12-4. Le Divisional Round amène les Vikings au Veterans Stadium ; la défense des Eagles force huit pertes de balle dans une victoire 31-16. En finale NFC, les ennemis jurés de Dallas viennent à Philadelphie mais encore une fois la défense répond présente et la franchise l’emporte facilement 20-7. Enfin, après 20 années de frustration, la franchise retourne en finale NFL pour son premier Super Bowl !

Super Bowl XV se déroule à New Orleans, et les Eagles sont opposés aux Raiders d’Oakland, la première équipe Wild Card à se qualifier pour la grande finale ; autant dire l’équipe de Vermeil est donnée favorite contre celle de Tom Flores. Cela va vite voler en éclat : les Raiders marquent deux touchdowns en premier quart-temps (dont un sur la première passe du match), les Eagles ont un touchdown annulé sur pénalité et le score est de 14-3 à la pause. Oakland continue sur le même rythme et Philadelphie ne verra jamais le jour avec une défaite 27-10. Les Raiders deviennent la première équipe Wild Card à remporter le Super Bowl, et les fans des Eagles sont déçus de la prestation de leur attaque sur cette finale (quatre pertes de balle dont trois interceptions de Jaworski).

Pour autant, rien ne dit que l’équipe ne peut pas refaire le même parcours vu qu’elle conserve tous ses talents. Jaworski semble quand même accuser le coup, lançant plus d’interceptions, mais Montgomery continue d’assurer au sol et la défense est toujours bien présente. Les Eagles terminent à 10-6, sans titre de division. Ils se qualifient néanmoins pour les playoffs, mais ils doivent passer par le Wild Card Round. Ils reçoivent les Giants de New York au Vet, et le début de match est catastrophique : deux fumbles sur kickoff de Wally Henry permettent aux visiteurs de scorer 20 points dans le premier quart-temps. C’est un écart trop grand pour être comblé et les Eagles sont défaits 27-21.

La saison 1982, écourtée par la grève des joueurs, ne va pas arranger le cas Eagles. Malgré l’ajout de talent comme le receveur Mike Quick, l’équipe perd totalement son rythme quand la saison reprend, et elle termine sur un 3-6 indigne des années précédentes. En plus, à la fin de la saison, Dick Vermeil décide d’arrêter sa carrière. Le coach, très spontané, investi physiquement et émotionnellement dans le succès de son équipe et le bien-être de ses joueurs, cite tout simplement une fatigue mentale totale. Il laisse sa place au Coordinateur Défensif, Marion Campbell.

A la draft de 1983, les Eagles sélectionnent le Defensive Back Wes Hopkins, mais c’est l’attaque qui s’écroule complètement. Jaws ne fait pas une mauvaise saison mais il est sacké 53 fois, Montgomery rate la quasi-totalité de l’année et Carmichael est en fin de carrière. Malgré Quick l’attaque n’est plus aussi explosive qu’avant, et l’équipe est méconnaissable à 5-11. Aucune aide n’arrive en 1984 : c’est une répétition de la saison précédente à 6-9-1 ; cela fait craindre aux fans que les Eagles ne soient retombés dans la médiocrité pour de bon. La franchise est alors vendue en 1985 par Tose à Norman Braman, un magnat des voitures, mais sur le terrain c’est l’hécatombe : l’équipe a perdu Carmichael fin 1983 et Montgomery fin 1984, et c’est un 7-9 médiocre qui a raison de Marion Campbell.

Philadelphie donne l’impression d’avoir raté la courte fenêtre de tir qu’ils ont eu pour gagner le Super Bowl. Il est plus que temps de ramener les Eagles au plus haut niveau, et pour cela il faut un nouveau coach et du talent.

 

Randall, Buddy et Reggie redressent les Eagles (1986-1990)

 

En 1986, l’équipe engage le Coordinateur Défensif des Bears de Chicago, le génie derrière une des plus féroces défenses de l’histoire, Buddy Ryan. Dès son arrivée, il regarde son effectif et décide de donner le pouvoir aux jeunes : il pousse Jaworski sur le banc et titularise un jeune Quarterback drafté en 1985, Randall Cunningham. Il voit également qu’il a un énorme talent en devenir en défense, avec les rookies Defensive End Clyde Simmons et Linebacker Seth Joyner ; néanmoins la vraie pépite a été récupérée dans la draft supplémentaire de 1984 : le futur Hall Of Famer Defensive End Reggie White. Suite à ces choix tournés vers l’avenir, les Eagles font une première saison sous Ryan compliquée à 5-10-1, notamment pour Cunningham qui est sacké 72 fois (record NFL). Mais White accumule 18 sacks et commence à se faire connaître du grand public.

Eagles-RyanCunningham
Randall Cunningham et Buddy Ryan

La saison 1987 est entrecoupée par la seconde grève des joueurs, et les Eagles paient le prix fort en perdant les trois matchs joués par les remplaçants. C’est dommage, car ils ont encore réussi à toucher le jackpot dans la draft supplémentaire en sélectionnant le futur Hall Of Famer receveur Cris Carter ; dans la draft classique ils ont sélectionné le Defensive Tackle Jerome Brown. Malgré une saison énorme de Reggie White qui est élu Defensive Player Of The Year avec le total ridicule de 21 sacks en 12 matchs, les Eagles terminent à 7-8 et ratent les playoffs.

1988 est enfin la première saison « normale » où la NFL va pouvoir jauger du vrai niveau des Eagles version Ryan. L’équipe ajoute le Defensive Back Eric Allen et le Tight End Keith Jackson à la draft ; elle commence l’année un peu mollement, mais prend feu en seconde partie de saison pour terminer à 10-6 avec le titre de division. Le Divisional Round les emmène chez les Bears de Chicago, qui dominent la première période 17-9… et c’est là qu’un brouillard dense, épais, recouvrant complètement le stade et le terrain fait son apparition. Les Eagles se plaignent des conditions mais le match continue, et dans cette purée de pois les Bears l’emportent finalement 20-12 dans ce qu’on surnommera plus tard le Fog Bowl.

FogBowlLa colère engendrée par ce concours de circonstances va être canalisée par Ryan dans une défense qui devient un véritable monstre physique, n’hésitant jamais à franchir la limite de l’acceptable. Intimidation est le mot d’ordre de l’escouade, voire même ciblage de joueurs adverses. Ceci n’est jamais autant visible que pendant la double confrontation avec les ennemis jurés des Cowboys en 1989, surnommée Bounty Bowl et Bounty Bowl II : lors du premier match, l’ancien kicker des Eagles désormais aux Cowboys Luis Zendejas est clairement pris pour cible par les joueurs de Philadelphie. Les deux matchs sont marqués par des brutalités et des bagarres, ce qui démarre une forte animosité entre le coach de Dallas Jimmy Johnson et Ryan. A la fin de la saison, les Eagles gagnent leur division 11-5 et vont en playoffs, mais l’attaque va perdre tous ses moyens contre les Rams de Los Angeles et Philly perd 21-7.

En 1990, la défense continue d’écrabouiller physiquement la ligue, la preuve étant ce match de Monday Night Football renommé le Bodybag Game contre Washington : pas moins de sept Redskins sortent sur blessure. L’attaque fonctionne toujours un peu bizarrement car Cunningham mène l’équipe en passe et en course alors que le Fullback Keith Byars a le plus de réceptions (!), mais Philly poste sa troisième saison consécutive à dix victoires ou plus (10-6). Ils retournent logiquement en playoffs, mais ironiquement, ils tombent sur des Redskins revanchards qui les éliminent 20-6. Ces six points résument bien le problème : l’attaque, d’habitude explosive, n’a jamais marqué plus de douze points dans les trois derniers matchs de playoffs. C’est le problème de Buddy Ryan, qui est un génie défensif mais qui n’a strictement rien à faire de l’attaque.

L’organisation décide de se séparer de lui à la fin de la saison, et elle promeut le Coordinateur Offensif Rich Kotite à sa place.

 

La période Kotite-Rhodes (1991-1998)

 

La draft de 1991 amène le Linebacker William Thomas, et cette fois l’équipe a tous les arguments pour avancer en playoffs. Malheureusement le rêve semble s’arrêter net dès le premier match contre Green Bay, quand Randall Cunningham subit une blessure au genou qui lui fait rater la saison. C’est alors à l’ancien Bear Jim McMahon de prendre les rênes de l’attaque, et malgré une blessure qui le force lui aussi à rater quelques matchs, la défense est là pour redresser la barre : les Eagles terminent à 10-6, mais c’est trop court pour les playoffs.

1992 est une vraie année de montagnes russes. Pendant l’offseason Cunningham semble revenir en pleine possession de ses moyens, mais la franchise est frappée en plein coeur quand Jerome Brown se tue dans un accident de voiture (deux jours seulement après la mort tragique d’un autre joueur, le Guard des Lions Eric Andolsek). L’équipe joue la saison pour lui et poste un record de 11-5. En Wild Card Round les Eagles se déplacent chez les Saints de New Orleans, et encore une fois ils semblent embourbés en attaque, menés 20-7 au début de la seconde mi-temps ; ils parviennent néanmoins à se réveiller et l’emportent 36-20. Tout le monde pense que le déclic a enfin eu lieu, mais la dynastie de Dallas est en marche et barre la route à Philly au Divisional Round, 34-10. Pour rajouter à la déception, à la fin de l’année la première Free Agency est ouverte sous l’impulsion de joueurs comme Reggie White ; le grand défenseur en profite pour partir à Green Bay.

Philadelphia Eagles
Reggie White

En 1993, les fans attendent une année encore meilleure, mais au contraire c’est une redite de 1991 : Cunningham subit une fracture de la jambe, ce qui signifie que l’équipe a perdu ses deux playmakers en quelques mois. Cette fois, pas de défense qui sauve la mise : Philadelphie termine 8-8. En 1994, nouveau rebondissement à la tête de l’organisation avec un nouveau propriétaire, le producteur de Hollywood Jeffrey Lurie, alors que la franchise fait deux jolis coups en draftant le coureur Charlie Garner et en signant le Defensive End des Oilers William Fuller. L’équipe démarre en trombe avec un record de 7-2, et on commence à parler renégociation de contrat pour Kotite qui est dans sa dernière année. Mais Lurie n’aime pas beaucoup le coach malgré sa bonne saison actuelle, et il lui fait comprendre qu’il ne le prolongera pas à la fin de l’exercice. C’est à partir de là que la saison part à vau-l’eau : les Eagles ne gagneront plus un match pour finir à 7-9. Lurie a réussi à avoir ce qu’il voulait : les fans sont d’accord avec lui, Kotite doit partir ; il est remplacé par le Coordinateur Défensif des 49ers, Ray Rhodes.

Le coach n’arrive pas seul, car il persuade la franchise de récupérer le coureur de San Francisco Ricky Watters qui est une arme à la course et à la réception. Ca semble une bonne affaire, jusqu’au premier match où Watters refuse clairement le contact pour attraper une passe, avant de demander pourquoi il aurait dû faire cet effort ; les fans le prennent immédiatement en grippe. L’équipe prend un mauvais départ à 1-3, ce qui pousse Rhodes à mettre Cunningham sur le banc et à lancer son remplaçant Rodney Peete. L’équipe ne casse pas des briques mais elle enchaîne les victoires et termine sur un 10-6 qui lui permet de retourner en playoffs. Le Wild Card amène les Lions de Detroit au Vet, où ces derniers vont vivre un vrai calvaire : Philly l’emporte 58-37 avec notamment six interceptions de la défense. En Divisional Round, les rivaux Cowboys barrent de nouveau la route des Eagles qui se cassent les dents 30-11 sur l’équipe des années 1990.

Une page de la franchise se tourne alors quand Randall Cunningham annonce sa retraite à la suite de son remplacement par Peete.

http://static.nfl.com/static/content/public/pg-photo/2013/05/18/0ap2000000204242/1-brian-dawkins-db_pg_600.jpg
Brian Dawkins

La draft de 1996 amène un nouveau talent en défense, le futur Hall Of Famer Defensive Back Brian Dawkins, alors que l’équipe signe le receveur Irving Fryar et le Defensive Back Troy Vincent des Dolphins. Dawkins va devenir un symbole de la défense des Eagles avec son #20, alors que l’arrivée de Fryar solidifie l’attaque. Mais une nouvelle mésaventure frappe l’équipe quand Peete se déchire le tendon rotulien dans le premier tiers de la saison. Cunningham parti, c’est à Ty Detmer, l’ancien Packer, de prendre les rênes de l’attaque. Il s’aide de Fryar et de Watters pour continuer la production offensive ; l’équipe parvient à naviguer jusqu’à un nouveau record de 10-6 suffisant pour les playoffs. En Wild Card Round, ce sont les retrouvailles entre Watters, Rhodes et leur ancienne équipe quand Philly se déplace à San Francisco. Le terrain est un vrai bourbier et, à ce petit jeu, ce sont les 49ers qui s’en tirent le mieux 14-0.

En 1997, trois Quarterbacks différents sont utilisés car l’attaque n’avance pas (Peete, Detmer et Bobby Hoying) alors que la défense donne des gros signes de faiblesse. L’équipe termine à 6-9-1 et une scission apparaît de plus en plus entre Rhodes et ses joueurs. Néanmoins, ce qui retient l’attention en 1997, ce n’est pas ce qui se passe sur le terrain, mais dans les tribunes et autour. Depuis le Santa Claus Incident en 1968, les fans des Eagles ont gagné une très mauvaise réputation dans toute la ligue. La situation devient intenable, jusqu’à un Monday Night Football contre les 49ers au Veterans Stadium, retransmis à l’échelle nationale : il n’y a pas moins d’une soixantaine de bagarres déclenchées, et tout le pays est le témoin de l’état des fans des Eagles. La ville est tellement mortifiée que pour le match suivant, elle demande à Seamus McCaffrey, juge à la Cour Suprême de Pennsylvanie, de siéger dans un tribunal un peu spécial… installé directement dans le stade ! Le Eagles Court va durer de 1997 à 2003, une période pendant laquelle le juge McCaffrey va délivrer amendes et peines de prison aux fans perturbateurs.

Pour en revenir au terrain, en 1998 Watters part à Seattle (à la grande joie des fans), et c’est le sophomore Deuce Staley qui prend sa place. A la draft, l’équipe ajoute le Tackle Tra Thomas et le Defensive Back Jeremiah Trotter, mais le résultat ne sera pas différent : l’attaque est à la peine, dernière de la ligue dans toutes les catégories importantes, et la défense ne va pas beaucoup mieux. Rhodes a clairement perdu la confiance des joueurs et il a fait son temps à Philadelphie : il est renvoyé au bout d’une saison catastrophique à 3-13.

Comme souvent quand tout va mal, les Eagles ont besoin de trouver le duo coach-Quarterback qui pourra les ramener à un meilleur niveau. Ils vont avoir la chance de trouver les deux en même temps, deux noms qui vont être indissociables pendant les années 2000.

 

La malédiction des finales de conférence (1999-2003)

 

Philadelphie continue son alternance entre anciens spécialistes offensifs et défensifs pour le poste de Head Coach : après Ryan (défense), Kotite (attaque) et Rhodes (défense), le nouvel élu est le coach des Quarterbacks et assistant offensif des Packers, Andy Reid. De suite, Reid se met en quête de son nouveau Quarterback et il le trouve à la draft de 1999 ; en deuxième position, il sélectionne le joueur de Syracuse Donovan McNabb, qui démontre les mêmes qualités que Cunningham à l’époque : bon bras et agile sur ses jambes. Néanmoins, les choix de Reid et de McNabb sont très disputés par les fans au premier abord ; avec un nouveau Quarterback et une équipe rajeunie, la première saison de Reid se termine à 5-11.

Ciao_ReidLe coach lance McNabb pour sa première saison en tant que titulaire en 2000, et le Quarterback fait taire toutes les critiques avec année très « Cunninghamienne » : presque 4000 yards et 27 touchdowns en cumulé. Derrière lui, la défense capitalise enfin sur les talents qu’elle a engrangés et l’équipe fait une saison renversante à 11-5. Reid apporte également ses méthodes curieuses mais efficaces, qui ne sont jamais aussi bien représentées que lors du match d’ouverture, surnommé The Pickle Juice Game : pour que ses joueurs supportent la chaleur étouffante de Dallas (43°C avec des pointes à 48°C), il leur fait boire de la saumure – le jus dans lequel trempe les cornichons – pour les aider à ne pas avoir de crampes ; ça marche puisque l’équipe l’emporte 41-10. Suite à cette belle saison, Philly se qualifie en playoffs en tant que second de la division à cause de deux défaites contre les Giants. Les Buccaneers sont maîtrisés à domicile facilement 21-3, mais ces mêmes Giants barrent la route des Eagles en Divisional Round, 20-10. Néanmoins plus personne ne trouve à redire sur le choix de Reid et McNabb.

En 2001 toute l’équipe franchit un palier sous le coaching de The Walrus (le Morse, le surnom de Reid à cause de sa moustache et de sa forte corpulence). Cette fois ce sont les Giants qui sont défaits deux fois, et les Eagles remportent le titre de division à 11-5. Comme la saison précédente, le premier tour des playoffs amène les Buccaneers au Veterans Stadium, et c’est toujours une formalité, 31-9. En Divisional Round, McNabb retourne dans sa ville natale de Chicago, et cette fois c’est la défense qui fait le gros du travail en forçant quatre pertes de balle pour une victoire 33-19. Les Eagles se qualifient pour leur première finale NFC depuis 1980, et la tâche s’annonce ardue : il faut se déplacer chez The Greatest Show On Turf, les Rams de Saint-Louis. La défense passe le match à essayer d’arrêter Marshall Faulk mais elle n’y parvient pas : le futur Hall Of Famer est l’homme de la rencontre et permet à Saint-Louis de l’emporter 29-24.

Philadelphie n’a pas dit son dernier mot et compte bien capitaliser sur ce succès : pour cela, en 2002 ils choisissent les Defensive Back Sheldon Brown & Lito Sheppard et surtout leur Marshall Faulk à eux, capable de courir, recevoir et retourner, Brian Westbrook. McNabb va définitivement entrer dans le coeur des fans lors du match contre les Cardinals, qu’il joue en partie avec une cheville fracturée : il termine pourtant à 20/25, 255 yards, quatre touchdowns et une interception. Mais la blessure force A.J. Feeley à le remplacer, et pour ne rien arranger Feeley se blesse à son tour laissant la place à Koy Detmer (le frère de Ty, le titulaire en 1996). L’équipe parvient quand même à survivre grâce à un Deuce Staley efficace et à la défense : elle poste un record de 12-4 en tête de la NFC East.

Au Divisional Round, les Eagles rencontrent les Falcons dans un duel de Quarterbacks mobiles : Donovan McNabb contre Michael Vick. C’est la défense de Philadelphie qui va faire la différence dans le match pour une victoire plutôt tranquille 20-6, et le club atteint sa deuxième finale de conférence successive. Pour la troisième année de suite, Tampa Bay se présente sur la route des playoffs, mais le match va être bien différent car la défense des Buccaneers est devenue encore plus intransigeante que celle des Eagles ; Philly ne trouve pas la solution et doit s’incliner largement 27-10.

C’est d’autant plus dommageable pour les fans que c’était le dernier match au Veterans Stadium, un stade beaucoup décrié pour sa vétusté ou l’état déplorable de sa « pelouse » synthétique qui n’était qu’une mince couche sur une plaque de béton. Le nouvel écrin des Eagles en 2003 est le Lincoln Financial Field, avec cette fois une pelouse bien plus naturelle. Dans un clin d’oeil du Destin, le match d’ouverture du Linc est une revanche du match de clôture du Vet : Tampa Bay (champion) visite Philadelphie ; c’est le même résultat, une victoire 17-0 des Buccs. Mais l’équipe rebondit derrière McNabb, Westbrook et la défense : malgré de nombreuses blessures, l’équipe produit une nouvelle saison excellente à 12-4 dans la lignée de la précédente.

McNabbAu Divisional Round, c’est un retour aux sources pour Reid qui affronte son mentor Mike Holmgren des Packers. Le match est serré, et les Eagles sont menés 17-14 avec un peu plus de deux minutes à jouer. Après un sack, McNabb se retrouve en 4e & 26 sur ses 25 yards. Le Quarterback parvient alors à trouver Freddie Mitchell pour 26 yards (et demi), poursuivant le drive. Le kicker David Akers égalise finalement à 17-17, envoyant le match en prolongations. Dawkins réussit alors une interception de Brett Favre, ce qui permet à Akers de donner la victoire 20-17 à Philly et d’envoyer son équipe pour sa troisième finale NFC consécutive. Elle les oppose aux surprenants Carolina Panthers qui ont une attaque explosive et une défense féroce. Les deux défenses vont d’ailleurs prendre le contrôle d’un match qui bascule sur une blessure aux côtes de McNabb. Il essaie de jouer malgré la douleur, ce qui est une mauvaise idée contre la défense coriace des Panthers ; elle l’intercepte trois fois de suite. McNabb est obligé de laisser sa place à Koy Detmer qui se fait intercepter lui aussi, et Philadelphie échoue une troisième fois aux portes du Super Bowl, 14-3.

 

Toujours en playoffs, jamais titrés (2004-2007)

 

http://a.espncdn.com/media/nfl/2005/1107/photo/g_owens_195.jpgPour tenter de passer ce palier de la finale NFC en 2004, McNabb souffle une idée : échanger pour obtenir un receveur avec qui il a fait ami-ami au Pro-Bowl, le futur Hall Of Famer Terrell Owens. La draft apporte le Tackle Todd Herremans, le Defensive Tackle Mike Patterson et le Defensive End Trent Cole. Toutes ces acquisitions sont excellentes pour l’équipe qui renforce ses deux escouades, et les Eagles survolent la NFL avec un record de 13-3 ; malheureusement Owens subit un horse-collar tackle (plaquage arrière par le col) du défenseur des Cowboys Roy Williams, et il se fracture le péroné avec une grosse entorse de la cheville. La ligue bannira ce plaquage plus tard, mais le mal est déjà fait pour Philly qui perd son receveur vedette pour le reste de la saison, et probablement les playoffs.

En Divisional Round, les Vikings viennent au Lincoln Financial Field, et le match est quasiment terminé à la mi-temps (21-7) ; les Eagles l’emportent 27-14. La quatrième finale NFC consécutive oppose les Eagles aux Falcons d’Atlanta dans un remake du Divisional Round de 2002 : McNabb vs Vick. Philadelphie mène d’une courte tête 14-10 à la mi-temps, et en seconde période la défense décide de fermer la boutique en étouffant complètement Vick : les Eagles l’emportent 27-10 ! Enfin, après trois essais manqués, la ville de Pennsylvanie accède au Super Bowl, 24 ans après celui de 1980 !

Super Bowl XXXIX se déroule à Jacksonville et ne s’annonce pas de tout repos : Philadelphie va affronter les champions en 2001 et 2003, les Patriots de New England. Owens, qui avait promis de revenir si l’équipe allait au Super Bowl, tient parole, même si les doutes sont grands sur son véritable état de forme. Malgré deux pertes de balle, les Eagles ouvrent le score avec une passe de touchdown pour le Tight End L.J. Smith. Un mauvais punt permet à New England d’égaliser juste avant la mi-temps, avant que les deux équipes se répondent par un touchdown en troisième quart-temps. Le score est de 14-14 au début du dernier quart-temps, et c’est à ce moment que les Patriots accélèrent et scorent dix points. McNabb se fait intercepter puis parvient à scorer sur une passe de touchdown à Greg Lewis, mais il ne reste plus assez de temps, et New England remporte son troisième titre en quatre ans 24-21. Au passage, Owens a très bien joué malgré sa blessure avec 9 réceptions pour 122 yards… mais le conte de fées va s’arrêter là.

Car c’est à ce moment que la relation McNabb-Owens va virer au cauchemar pour le Quarterback, mais aussi pour l’équipe. Pendant l’offseason, Owens demande à restructurer son contrat pour gagner plus, ce que la franchise refuse. Le receveur commence alors à faire déclaration fracassante sur pique à peine voilée envers non seulement l’organisation, mais aussi McNabb qui aurait dû l’appuyer dans sa demande de contrat. La catastrophe est lancée : Owens et son nouvel agent controversé Drew Rosenhaus font monter la pression, le receveur traîne les pieds aux entraînements d’offseason à tel point qu’il est banni une semaine. Pour se venger, Owens invite les média chez lui et fait son propre entraînement/show télévisé.

Les Eagles doivent donc démarrer la saison 2005 dans cette ambiance délétère, et cela empire quand McNabb se blesse dès le premier match de la saison, ce qui provoque une hernie. Il continue à jouer quelques matchs, n’étant pas aidé par la propension de Reid à privilégier la passe. Après neuf matchs il doit se faire opérer, et la saison part en spirale : Owens continue de critiquer McNabb, la franchise finit par le désactiver, et elle termine cette année pourrie à 6-10. L’organisation se débarrasse prestement d’Owens… qui fait un dernier affront à la ville en allant signer chez les ennemis jurés de Dallas.

Les Eagles draftent Jason Avant en 2006 pour renforcer leur corps de receveurs, mais McNabb connaît un nouveau problème de blessures qui lui fait rater une partie de la saison ; le vétéran Jeff Garcia le remplace, et permet à Philly d’accrocher les playoffs à 10-6. Le Wild Card Round voit Philadelphie opposée aux Giants dans un match serré : malgré une avance de 17-7 à la mi-temps, il faut un Field Goal de la dernière seconde de David Akers pour l’emporter 23-20. Le Divisional Round contre les Saints va être aussi serré, avec une défaite 27-24 quand Andy Reid rend la balle à l’attaque adverse au lieu de tenter une quatrième tentative. Pas de cinquième finale de conférence en six ans pour les Eagles.

En 2007, l’offseason est bouleversée par l’annonce de l’emprisonnement de deux des fils d’Andy Reid pour trafic de drogue (malheureusement, cinq ans plus tard l’un d’eux mourra d’une overdose accidentelle). Sur le terrain, Garcia part aux Buccaneers, et les Eagles draftent le Quarterback Kevin Kolb pour le placer derrière Feeley ; ils choisissent également le Tight End Brent Celek. Westbrook fait la meilleure saison de sa carrière avec 2104 yards et 12 touchdowns en cumulé, mais McNabb ne semble pas remis de sa blessure au genou, et en plus il se blesse de nouveau : c’est une saison blanche à 8-8.

 

La fin de l’ère Reid-McNabb (2008-2012)

 

Les mauvaises décisions et les problèmes familiaux de Reid, ainsi que les blessures à répétition de McNabb commencent à alimenter les rumeurs de départs des deux anciens héros de l’équipe. Pour ramener le spectacle dans l’attaque, elle drafte la fusée DeSean Jackson, le premier qui pourrait enfin remplacer Owens comme receveur #1. La franchise parvient à terminer à 9-6-1 pour assurer une place en playoffs : les Eagles y disposent des Vikings 26-14, puis des Giants 23-11 pour accéder à leur cinquième finale de conférence en neuf ans. Celle-ci va donner un lieu à un grand duel entre McNabb et le Quarterback des Cardinals Kurt Warner. Même si les Cards prennent rapidement l’avantange 24-6 à la mi-temps, McNabb ramène son équipe pour mener 25-24 avant qu’Arizona ne score de nouveau pour repasser devant 32-25. Avec 2:53 à jouer, McNabb réussit quelques passes mais ne trouve plus la solution : les Cardinals vont au Super Bowl alors que les Eagles contemplent leur quatrième défaite en finale de conférence.

2009 démarre avec une nouvelle controverse venue de l’extérieure : la franchise décide d’offrir un contrat à l’ancien Quarterback des Falcons, Michael Vick, qui vient de purger deux ans en prison pour des combats de chiens. Moins controversées sont les arrivées à la draft du receveur Jeremy Maclin et du coureur LeSean McCoy, ainsi que la signature du Tackle des Bills Jason Peters. McNabb rate ses habituels matchs sur blessure (côte fracturée), ce qui pousse Kolb et même Vick à avoir un peu de temps de jeu. La franchise arrache une place en playoffs à 10-6, et le Wild Card Round les envoie à Dallas ; Philly ne peut rien faire contre les Cowboys et perd 34-14.

C’est alors l’annonce de la fin d’une ère à Philadelphie : Donovan McNabb et Brian Westbrook, les symboles de la réussite des Eagles dans les années 2000s, sont libérés. Westbrook part à San Francisco alors que McNabb est échangé à Washington contre des tours de draft. Il se murmure à ce moment-là qu’Andy Reid n’est pas loin de suivre le même chemin. Ce n’est pas le seul changement d’ailleurs puisque le General Manager Tom Heckert s’en va prendre le même poste aux Browns, et Howard Roseman le remplace.

2010 démarre avec le Morse toujours bien présent ; Kevin Kolb devient le Quarterback titulaire et LeSean McCoy le coureur attitré, alors que la draft amène le Defensive Back Nate Allen. La carrière de titulaire de Kolb ne va même pas durer un match car il subit une commotion contre les Packers, et Vick le remplace. Les Eagles jouent plutôt bien, et ils se font même remarquer par un comeback fabuleux en Week 15 contre des Giants qui ont besoin de la victoire pour croire aux playoffs. New York domine largement, menant 31-10 à huit minutes de la fin, mais les Eagles scorent trois touchdowns (avec un onside kick au milieu) pour revenir à 31-31. Avec 14 secondes restantes le punter des Giants Matt Dodge n’envoie pas la balle en touche… mais droit sur DeSean Jackson, qui réussit un retour de punt jusqu’au touchdown de 65 yards crucifiant New York 38-31. Le Miracle at the New Meadowlands permet (entre autres) à Philly de terminer à 10-6 et d’aller en playoffs… mais le Destin est cruel, car la victoire contre les Giants a ouvert la voie de la Wild Card aux Packers de Green Bay ; or ces derniers viennent au Linc au premier tour, et ils l’emportent 21-16, éliminant les Eagles.

Exaspérés par ces échecs à répétition, les Eagles décident de modifier leur roster comme jamais pour monter l’équipe idéale : confiants en Vick, ils envoient Kolb aux Cardinals dans un échange qui amène le Defensive Back Dominique Rodgers-Cromartie. La franchise signe une série de noms à grands coups de millions : le Guard des Bengals Evan Mathis, le coureur des Fins Ronnie Brown, le receveur des Giants Steve Smith, le Tight End Donald Lee et le Defensive Tackle Cullen Jenkins des Packers, le Defensive End des Titans Jason Babin, le Cornerback des Raiders Nnamdi Asomugha et enfin le Quarterback Vince Young. C’est d’ailleurs Young qui, lors d’une interview, lâche le terme de Dream Team concernant les Eagles.

Deux ans plus tard, la quasi-totalité des joueurs précités ne sont plus dans l’équipe, et le seul qui a un vrai impact est celui dont on a le moins parlé, Evan Mathis. Car la Dream Team est un échec retentissant, prouvant qu’on ne monte pas une équipe compétitive avec des signatures en masse. Michael Vick est sujet à des blessures et commet beaucoup de pertes de balle, peu aidé par une ligne offensive gruyère ; de l’autre côté, la défense est un fantôme. La saison se termine à 8-8, mais ce n’est qu’un aperçu de ce qui arrive : 2012 est une saison misérable qui démarre pourtant 3-1 mais qui voit Philadelphie s’écrouler totalement pour terminer sur un terrible 4-12.

EvanMathis11
Evan Mathis

C’est non seulement la fin de la Dream Team, mais c’est également la goutte d’eau de trop pour Andy Reid. Le recordman de longévité au poste de la franchise (douze ans) est remercié. Reid aura su tirer l’équipe vers le haut, mais les ratés successifs en finale de conférence et certaines mauvaises décisions en fin de match auront eu raison de lui. Néanmoins, il est trop talentueux pour rester longtemps au chômage : les Chiefs l’appellent à la rescousse.

Pendant ce temps, les Eagles changent totalement de philosophie et ils décident de nommer à sa place un génie universitaire avec une attaque frénétique : le coach d’Oregon, Chip Kelly.

 

Le fiasco Chip Kelly, le miracle Doug Pederson (2013-2017)

 

Kelly arrive avec son expérience universitaire et n’a pas peur de transférer directement sa méthodologie en NFL : attaque ultra-rapide, signaux manuels mais également visuels pour transmettre les tactiques. L’équipe pense également à la protection de Vick à la draft 2013 : ils sélectionnent le Tackle Lane Johnson. La méthode Kelly d’attaque accélérée semble avoir du mal à passer avec Vick car les Eagles démarrent 1-3… jusqu’à ce que le Quarterback se blesse et que le troisième tour de la draft 2012, Nick Foles, le remplace. Foles prend alors complètement feu, lançant 27 touchdowns pour seulement DEUX interceptions, McCoy devient une machine infernale à gagner des yards, et même sans un Maclin blessé et avec une défense un peu faiblarde l’équipe parvient à finir 10-6 et se qualifier en playoffs. Le Wild Card amène les Saints aux Linc, et un match défensif au départ (7-6 Philly à la mi-temps) tourne en duel d’attaques par la suite : ce sont finalement les visiteurs qui ont le dernier mot avec un Field Goal de la victoire 26-24.

Chip-Kelly_opposingviewsKelly ne tarde pas à continuer à mettre son empreinte sur l’équipe, se débarrassant des receveurs DeSean Jackson ou Jason Avant pour faire confiance à Maclin et au rookie Jordan Matthews. L’équipe récupère le couteau-suisse Darren Sproles pour rajouter encore plus de vitesse en attaque et le Quarterback Mark Sanchez pour servir de remplaçant à Foles. Les fans espèrent une année meilleure, et Philly démarre 9-3… avant de s’effondrer d’un seul coup, attaque comme défense : bien trop de ballons perdus (36 !) et une défense aux abois amènent la franchise à un record de 10-6. Cela avait suffi en 2013, mais en 2014 la NFC est bien plus forte : Dallas passe devant Philly dans la division, et les Eagles n’accrochent même pas de Wild Card.

Reprenant également le rôle de General Manager, Chip Kelly continue de tailler le roster des Eagles à la hache : départs d’Evan Mathis et Todd Herremans ainsi que de LeSean McCoy, échange de Nick Foles avec les Rams pour Sam Bradford, signatures mirobolantes du coureur DeMarco Murray ou du Cornerback Byron Maxwell. Mais cette fois, la réussite n’est pas au rendez-vous : Murray est perdu la moitié de l’année, l’attaque n’est plus aussi prolifique et la défense tient autant que possible mais les modifications apportées n’améliorent pas l’unité (au contraire). Philly doit se contenter d’un très moyen 7-9, mais l’important est ailleurs : Jeffrey Lurie décide de congédier Chip Kelly après seulement trois ans, sous-entendant clairement que le problème n’est pas que sportif mais également humain dans le comportement de l’ancien d’Oregon. Howie Roseman redevient le General Manager et Doug Pederson est nommé Head Coach pour tenter de redresser la barre.

Cela démarre par une volonté de trouver le Quarterback du futur à la draft 2016 : les Eagles échangent avec les Browns pour remonter en #2 et choisir Carson Wentz. Suite à la blessure de Teddy Bridgewater à Minnesota, l’équipe en profite pour récupérer son premier tour de draft 2017 perdu dans l’échange en envoyant Bradford chez les Vikings, titularisant de fait le rookie. « Échange » est d’ailleurs le mot d’ordre de Roseman et Pederson qui s’attèlent à défaire les changements de Chip Kelly en récupérant des tours de draft au passage (le Linebacker Kiko Alonso ou Maxwell sont priés d’aller voir ailleurs). La saison démarre plutôt bien avec une défense contente de ne plus passer 40 minutes sur le terrain et un Wentz très intéressant, mais les blessures et le manque d’armes à la réception (merci Chip !) condamnent Philadelphie à terminer à 6-9 dans une forte division.

Cela pousse Roseman à malaxer l’effectif en 2017, avec notamment le départ de Matthews ; via des échanges et des signatures courtes, il fait revenir Foles derrière Wentz, puis récupère les receveurs Alshon Jeffery et Torrey Smith, les coureurs LeGarrette Blount et Jay Ajayi, le Defensive Tackle Timmy Jernigan ou le Cornerback Patrick Robinson. Le résultat est spectaculaire : l’attaque et la défense sont redoutables ; et même les pertes de Wentz, Sproles ou de l’excellent jeune Linebacker Jordan Hicks sur blessure ne freinent pas complètement l’équipe : elle termine 13-3 en tête de la NFC. Néanmoins, Foles n’a pas rassuré en fin de saison régulière et les playoffs démarrent sur une incertitude ; elle est confirmée en Divisional Round contre les Falcons dans un match extrêmement défensif, mais Philly s’en tire victorieux 15-10. La finale NFC contre Minnesota va être différente : le Quarterback remplaçant retrouve sa verve de 2013 en transperçant la défense pourtant féroce des Vikings dans une victoire sans appel 38-7, ramenant les Eagles au Super Bowl 13 ans après le dernier.

Super Bowl LII se déroule à Minneapolis et, ironiquement, propose la même situation que Super Bowl XXXIX : les Eagles vont affronter les New England Patriots qui visent le doublé. La première mi-temps est serrée, mais les Eagles font la différence sur un trick play : à quelques secondes de la mi-temps et à quelques centimètres de l’en-but, Pederson appelle Philly Special ; le Tight End remplaçant Trey Burton récupère la balle sur une reverse et envoie une passe… à Foles lui-même, qui score ! Cela permet aux champions NFC de regagner le vestiaire en menant 22-12. La deuxième mi-temps est un déluge de yards et de points : les Pats passent devant 33-32 mais Philly score un touchdown pour porter la marque à 38-33 à deux minutes de la fin. S’ensuit alors l’action du match : l’excellent Defensive End Brandon Graham réussit le seul sack du match sur Tom Brady et force un fumble récupéré par le rookie Derek Barnett. Un Field Goal et une dernière défense des Eagles parachèvent le score à 41-33 ; la Ville de l’Amour Fraternel peut enfin exploser de joie : le premier trophée Lombardi arrive enfin à la maison, 57 ans après le dernier titre NFL. Foles, le héros improbable, est nommé MVP de la finale avec ses 373 yards et 3 touchdowns + 1 touchdown en réception.

 

Les Zombieagles, moitié vivants, moitié morts (2018-2023)

 

Les champions en titre repartent en 2018, mais ils ne vont pas connaître la même réussite : les blessures s’empilent, notamment chez les coureurs et les arrières, et Wentz finit par rater la fin de la saison avec une blessure au dos, poussant de nouveau Foles sur le devant de la scène. Des échanges amènent le receveur des Lions Golden Tate et le Defensive End des Seahawks Michael Bennett alors que le coureur non-drafté Josh Adams se révèle ; Foles mène un finish de la franchise qui se qualifie en playoffs de justesse à 9-7. Elle va à Chicago en Wild Card Round et, au terme d’un match défensif qu’elle mène 16-15, voit le Field Goal de la victoire des Bears taper deux fois les montants et retomber dans le terrain. La chance ne frappera pas deux fois : l’aventure s’arrête en Divisional Round chez New Orleans dans un autre duel serré (20-14) quand le dernier drive des Eagles est stoppé net par une interception.

Le héros du Super Bowl LII, Nick Foles, part en Free Agency à Jacksonville alors que DeSean Jackson revient au bercail. Les Eagles repartent en campagne en 2019, mais les blessures vont rapidement vider la ligne offensive, les receveurs et les arrières. En attaque, le duo de Tight Ends Zach Ertz – Dallas Goedert tient la maison pour Wentz qui devient le premier Quarterback des Eagles à dépasser 4000 yards, mais aussi le premier Quarterback de NFL à le faire sans avoir un seul receveur écarté à 500+ yards. Néanmoins, la mentalité accrocheuse de Philly permet à la franchise, dans une NFC East indécise, d’arracher un titre de division un peu miraculeux et une place en playoffs à 9-7. Wentz-le-maudit se blesse pendant le Wild Card Round et la réception de Seattle ; malgré tous les efforts du vétéran Josh McCown, les Eagles doivent s’incliner 17-9.

La draft du Quarterback d’Alabama Jalen Hurts au deuxième tour de 2020 fait du remue-ménage autour de l’organisation, comme un prélude à une saison où le titre semble déjà loin : Wentz s’écroule complètement, pas forcément aidé par le manque d’armes aériennes et les blessures sur la ligne offensive ; la défense tient devant, mais les arrivées de Darius Slay ou de Nickell Robey-Coleman n’aident pas une couverture aux abois. Philly s’écrase à 4-11-1, ce qui provoque une connexion inattendue avec Indianapolis : Pederson (à la relation de plus en plus compliquée avec Roseman et Wentz) est renvoyé au profit du Coordinateur Offensif des Colts Nick Sirianni, alors que le Quarterback est échangé à Indianapolis pour tenter un nouveau départ.

On ne sait pas trop quoi attendre des Eagles qui font le yo-yo depuis leur titre, et encore une fois les Zombieagles vont surprendre en 2021 : dans une division coupée en deux et une conférence moins relevée, Philadelphie s’appuie sur un gros finish pour terminer 9-8 et arracher une place de playoffs. La draft du receveur premier tour DeVonta Smith fait du bien pour Hurts, surtout avec Goedert qui continue d’être excellent, mais ce sont bien les jambes du Quarterback (10 TDs !) qui font mal derrière une excellente ligne offensive. Cette accession au tournoi final reste néanmoins un petit miracle que les Buccaneers stoppent aisément en Wild Card, 31-15.

Et si vous pensiez que 2021 était une surprise, attendez de voir 2022 : Roseman fait encore de la magie en échangeant pour l’ex-Titan receveur A.J. Brown ou l’ex-Saint Defensive Back C.J. Gardner-Johnson, renforçant à moindre frais ses deux escouades (ce qui n’empêche pas de confirmer aussi le bust Jalen Reagor en l’envoyant à Minnesota). Rajoutez les signatures de l’ex-Panther pass-rusher Haason Reddick et de l’ex-Giant Cornerback James Bradberry, et voilà une équipe remontée comme une pendule avec du talent à tous les niveaux. Hurts passe un palier supplémentaire, létal avec son bras comme ses jambes (35 TDs au total), Miles Sanders est présent au sol, Brown est une machine devant Smith et Goedert, et la défense devient la première de l’histoire à avoir QUATRE sackeurs différents à 10+ unités ! Autant dire que personne ne résiste aux Eagles qui terminent premier de NFC à 14-3, et les playoffs ne vont pas laisser le moindre doute : les Giants (38-7) puis les 49ers (31-7) sont balayés.

Super Bowl LVII est celui des retrouvailles car c’est Kansas City qui a remporté l’AFC : Andy Reid face à l’équipe avec laquelle il a tellement buté sur les dernières marches, et les frères Kelce avec le Centre Jason face au Tight End Travis. Le match est un duel de poids lourds dont Philly semble sortir vainqueur en première mi-temps jusqu’à ce que Nick Bolton retourne un fumble de Hurts jusqu’au touchdown pour adoucir la note à la pause, 24-14. C’est le moment choisi par Reid et le Coordinateur Offensif Eric Bieniemy pour sortir la boîte à malices : la défense des Eagles n’a aucune réponse en deuxième mi-temps ; en parallèle, la défense se rebiffe et Kadarius Toney établit un record avec un retour de punt de 65 yards qui place les Chiefs en position de creuser l’écart, 35-27. Philadelphie revient à égalité sur le drive suivant, mais le dernier drive appartient à Patrick Mahomes… et aux arbitres qui, ayant laissé jouer tout le match, sifflent un holding de Bradberry sur JuJu Smith-Schuster donnant un first down décisif. Harrison Butker donne la victoire à Kansas City 38-35 avec un Field Goal de 27 yards.

Personne n’est vraiment surpris que Philly soit discret lors de l’intersaison car on ne change pas une équipe qui gagne : tout juste l’ex-Lion coureur D’Andre Swift arrive dans un échange pour remplacer Miles Sanders, alors que la draft continue le pipeline vers Georgia avec les défenseurs Jalen Carter et Nolan Smith au premier tour. Personne n’est vraiment surpris non plus de voir les Eagles démarrer tambour battant et poster un bilan de 10-1 – en prenant au passage une revanche sur Kansas City… mais dans l’ombre, les failles sont là : la défense donne de larges signes de faiblesse, notamment en couverture où les méformes et blessures frappent le plus fort, et le turnover differential est largement négatif. Ces défauts rattrapent d’un seul coup la franchise qui poste un terrible 1-5, permettant à Dallas de ravir le titre de la division sur le fil. FInalement, personne n’est vraiment surpris quand les Eagles subissent une déroute 32-9 en Wild Card Round à Tampa Bay ; et pourtant, on a rarement vu une équipe imploser à cette vitesse.