Fiche Franchise : Kansas City Chiefs

500-Chiefs

 

Présentation

 

Généralités

 

Création 1959
Division AFC West
Stade GEHA Field at Arrowhead Stadium
Propriétaire La famille Hunt
Président Mark Donovan
Manager Général Brett Veach
Head Coach Andy Reid
Titres 1 AFL (1962)
4 Super Bowls (1969, 2019, 2022, 2023)
Site Internet http://www.kcchiefs.com/

 

Introduction

 

Les Chiefs sont basés à Kansas City, dans l’état du Missouri, après avoir été localisés à Dallas pendant trois ans. En fait, la ville est à cheval entre le Missouri et le Kansas, ce qui fait que techniquement il y a « deux » Kansas City, et les Chiefs se situent dans la partie du Missouri. L’équipe a démarré en AFL dans la Western Division et lors de la fusion entre les deux ligues elle est devenue une équipe de l’AFC West.

Les Chiefs ont gagné un titre de champion AFL et atteint cinq Super Bowls (1966, 1969, 2019, 2022, 2023) pour quatre victoires, devenant l’équipe ayant attendu le plus longtemps pour gagner son deuxième trophée Lombardi (un demi-siècle).

 

Uniforme et Mascottes

 

Les Chiefs utilisent les couleurs rouge, or et blanc.

  • Tenue couleur : maillot rouge – numéro blanc – pantalon blanc – socks rouge.
  • Tenue blanche : maillot blanc – numéro rouge – pantalon rouge – socks blanc.

Les Chiefs ont deux mascottes officielles. « K.C. Wolf », un loup anthropomorphique, est resté célèbre pour avoir « aidé » à stopper un fan entré sur la pelouse (photo ci-dessous). « Warpaint » est un vrai cheval : au début de la franchise il était monté par un indien mais cela a été estimé comme dégradant pour leur image. Lors de l’anniversaire des 50 ans de la franchise un autre Warpaint est apparu, monté par Susie, une des cheerleaders, et son succès l’a fait revenir.

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Membres du Hall Of Fame

 

1972 – Lamar Hunt (Fondateur et Propriétaire)
1983 – Bobby Bell
1986 – Willie Lanier
1987 – Len Dawson
1990 – Junious « Buck » Buchanan
1991 – Jan Stenerud
2003 – Hank Stram (Coach)
2008 – Emmitt Thomas
2009 – Derrick Thomas
2013 – Curley Culp
2015 – Will Shields
2019 – Tony Gonzalez, Johnny Robinson
2022 – Dick Vermeil

 

Numéros retirés

 

3 – Jan Stenerud
16 – Len Dawson
18 – Emmitt Thomas
28 – Abner Haynes
33 – Stone Johnson
36 – Mack Lee Hill
58 – Derrick Thomas
63 – Willie Lanier
78 – Bobby Bell
86 – Junious « Buck » Buchanan

 

Stade

 

Les Kansas City Chiefs jouent au GEHA Field à Arrowhead Stadium.
Il a été inauguré le 12 Août 1972.
Il contient 76.419 places.

 

L’histoire de la franchise

 

Sommaire

 

  1. Lamar Hunt et la création de l’AFL (1958-1962)
  2. Déménagement, succès et tragédies (1963-1966)
  3. L’âge d’or de Kansas City (1967-1971)
  4. Une série de décisions contestables (1972-1981)
  5. Les Chiefs surnagent difficilement (1982-1988)
  6. « Martyball », D.T. et « Montana Magic » (1989-1994)
  7. « Chokenheimer » frappe encore (1995-2000)
  8. Maudit Indianapolis (2001-2006)
  9. A la recherche d’un franchise Quarterback (2007-2016)
  10. La nouvelle dynastie (2017-2023)

 

Lamar Hunt et la création de l’AFL (1958-1962)

 

Chiefs-LamarHuntEn 1958, Lamar Hunt, un texan de 26 ans fils d’un magnat du pétrole, regarde la finale homérique de la NFL entre les Giants et les Colts ; cela le pousse à vouloir monter une franchise dans sa ville de Dallas. Il fait sa proposition à la NFL qui refuse pour ne pas saturer le marché. Il tente d’acheter les Cardinals de Chicago mais on ne lui propose que 20% des parts. C’est insuffisant pour lui, et cette accumulation d’échecs le pousse à fomenter l’idée d’avoir une ligue parallèle : après tout, si la ligue de baseball a une National League et une American League, cela devrait aussi fonctionner en football.

Avec l’aide de Jack Steadman, il propose une réunion à d’autres investisseurs qui ont subi des refus de la NFL comme lui. Le 14 août 1959, Hunt (Dallas), Bud Adams (Houston), Bob Howsam (Denver), Max Winter et Bill Boyer (Minneapolis), Harry Wismer (New York) et Barron Hilton (Los Angeles) conviennent de monter une ligue alternative à la NFL. Au second meeting, le 22, ils trouvent un nom : en référence au baseball ils l’appellent l’American Football League ou AFL ; c’est la quatrième itération d’une ligue de ce nom dans l’histoire du football professionnel après celles de 1926, 1936 et 1940. Un peu plus tard, Ralph Wilson (Buffalo) et William Sullivan (Boston) viennent se rajouter à la liste, alors qu’en 1960 Minneapolis est débauchée par la NFL et remplacée à la va-vite par Oakland et Al Davis.

Bien qu’instigateur de l’AFL, Hunt parvient surtout à ce qu’il a toujours désiré : être propriétaire d’une franchise de football professionnel à Dallas, les Texans. Elle se retrouve en directe confrontation avec les Cowboys de la NFL qui sont nés eux aussi en 1960, mais Hunt est persuadé qu’il peut attirer les gens vers son équipe. Malheureusement il subit un premier coup dur quand il veut engager l’assistant des Giants Tom Landry, qui décide d’aller coacher les Cowboys et de devenir un des coachs légendaires de la NFL.

Hunt décide alors d’offrir le poste de Head Coach de son équipe à un obscur assistant de l’Université de Miami qui a démontré en vouloir plus que les autres, et c’est plutôt un bon choix : le futur Hall Of Famer Hank Stram prend les rênes de l’équipe dès sa naissance. Le stade est également choisi : les Texans joueront au fameux Cotton Bowl (là où se joue le Bowl du même nom en NCAA).

Mais rapidement, Hunt se heurte à un autre problème : la draft AFL n’a aucun passe-droit et doit lutter avec la draft NFL pour les mêmes joueurs ; ainsi par exemple non seulement les Texans perdent Landry aux Cowboys, mais également les futurs Hall Of Famers Defensive End Bob Lilly, coureur Gale Sayers ou Quarterback Roger Staubach qui préfèrent jouer en NFL. Néanmoins, les Chiefs sont loin d’être mauvais quand ils montent leur équipe : ils ont gardé des talents comme le Defensive End Jerry Mays, le Linebacker E.J. Holub, le futur Hall Of Famer Safety Johnny Robinson, le Tackle Jim Tryer, le Tight End Fred Arbanas, le receveur Chris Burford ou le coureur Curtis McClinton. Ils ont également signé des joueurs texans pour renforcer leur image locale, comme le Quarterback Cotton Davidson, le coureur Abner Haynes ou le Linebacker Sherrill Headrick.

Haynes est d’ailleurs le moteur de l’attaque lors de la première année de l’AFL en 1960, devenant l’AFL Player Of The Year ; l’attaque est explosive mais l’équipe perd plusieurs matchs de peu et rate la finale de la ligue à 8-6. L’année suivante est moins clémente avec un record de 6-8 et un Davidson qui lance plus d’interceptions que de touchdowns. Cela pousse Hunt à rechercher un nouveau Quarterback, et il arrive à débaucher un joueur des Browns qui n’a pas eu sa chance à Cleveland : le futur Hall Of Famer Len Dawson.

Chiefs-LenDawsonDawson va être un catalyseur immédiat pour l’attaque des Texans à côté des coureurs Haynes & McClinton et des receveurs Burford & Arbanas. En défense, le rookie Defensive Back Bobby Hunt produit de suite aux côtés de Holub et Headrick et l’équipe domine l’AFL avec un record de 11-3 qui lui permet de disputer la finale. Les Texans y retrouvent les rivaux de l’état, les Oilers de Houston, dans un match serré qui va jusqu’en prolongation à 17-17.

Arrive alors ce qui aurait pu être la plus grosse gaffe de l’histoire de l’AFL : lors du toss de la prolongation, gagné par les Texans, le capitaine Abner Haynes dit qu’il veut « kicker vers l’horloge » ; il veut ainsi jouer vers l’horloge (qui est d’un côté du terrain) pour avoir le vent de dans le dos, mais il fait surtout l’énorme erreur de prononcer le mot « kicker » en premier… ce qui veut dire que les Oilers ont non seulement le choix du terrain mais vont commencer avec la balle ! Heureusement pour lui cette gaffe n’est pas préjudiciable puisque la première période ne donne rien, créant ainsi le premier match à double prolongation de l’histoire du football professionnel. Ce sont finalement les Texans qui l’emportent 20-17 sur un Field Goal et qui arrachent leur premier titre au bout de 77 minutes et 54 secondes, un record de longévité à l’époque.

Les Texans ne vont néanmoins pas avoir le temps de savourer ce titre car un bouleversement arrive à l’horizon.

 

Déménagement, succès et tragédies (1963-1966)

 

En 1963, il devient clair que la ville de Dallas n’est pas assez grande pour avoir deux franchises de football prospères. Hunt envisage de déménager l’équipe et il pense à des villes comme Miami, Atlanta, Seattle et New Orleans. Il reçoit cependant une invitation du maire de Kansas City, H. Roe Bartle qui lui promet de tripler la vente de tickets et de rajouter de places au Municipal Stadium pour accueillir les Texans. Hunt et Steadman sont séduits par le projet : le 22 mai, Hunt annonce le déménagement. En l’honneur de Bartle, qui est surnommé The Chief, la franchise prend le surnom de Chiefs.

Les Kansas City Chiefs naissent en 1963 avec deux nouveaux logos : le premier est le logo de l’équipe, qui n’est pas sans rappeler celui des Texans, et le second est le logo sur les casques, qui est la fameuse flèche avec les initiales « KC ». Et c’est peu dire que les Chiefs commencent leur existence avec un grand coup à la draft : ils sélectionnent deux futurs Hall Of Famers, le Defensive Tackle Junious « Buck » Buchanan et le Linebacker Bobby Bell. Le reste des choix est également solide avec notamment le Guard Ed Budde, et la saison promet d’être sur la même lancée que la précédente. Malheureusement la franchise va être frappée par la tragédie : le rookie coureur Stone Johnson, qui a participé aux Jeux Olympiques de 1960 comme sprinter, subit un choc violent lors d’un match de présaison contre les Raiders. Il est diagnostiqué avec une fracture des cervicales et il décède dix jours plus tard à l’hôpital. Les Chiefs retirent son numéro en son honneur, mais ils sont vidés de toute énergie et ne parviennent à faire qu’une saison à 5-7-2.

La saison 1964 est marquée par beaucoup de blessures défensives importantes et Kansas City ne peut que poster une année à 7-7 ; de plus l’affluence faible pousse Hunt à s’interroger sur la validité du déménagement. 1965 exacerbe la tension entre les deux ligues lorsque Gale Sayers, drafté par les Chiefs, part au plus offrant chez les Bears. La franchise se console avec le choix du receveur Otis Taylor et elle repart en conquête de l’AFL. Elle va cependant être de nouveau frappée en plein coeur : lors d’un match contre Buffalo, le coureur rookie Mack Lee Hill se déchire les ligaments du genou droit. Il est opéré deux jours plus tard, le 14 décembre, mais peu après l’opération il succombe à une embolie massive. La nouvelle ébranle la franchise un peu plus que celle de Stone Johnson car elle est totalement soudaine, cette embolie étant arrivée suite à une opération de reconstruction plutôt routinière. Les Chiefs retirent également son numéro et créent le Mack Lee Hill Award pour récompenser le meilleur rookie de l’équipe en son honneur. Sur le terrain, la saison s’achève sur un record de 7-5-2.

Chiefs-EmmittThomasAlors que les Chiefs prennent encore deux bonnes décisions avec la draft du coureur Mike Garrett et la signature du futur Hall Of Famer Defensive Back Emmitt Thomas, Lamar Hunt voit d’un oeil inquiétant la guerre financière qui s’intensifie entre la NFL et l’AFL. Il commence donc à discuter avec le commissioner de la NFL, Pete Rozelle, pour une unification des deux ligues. Les deux hommes tombent rapidement d’accord sur le fait que la guerre risque de mener les deux institutions à leur perte, et ils commencent à regarder comment les fusionner ; pour préparer le terrain, une finale entre les champions des deux ligues serait intéressante : l’AFL-NFL World Championship est créée. Il serait poétique que les Chiefs y participent, et avec tous les talents présents ils vont s’employer à le faire via une belle saison à 11-2-1. En finale AFL, ils rencontrent les Bills de Buffalo qui n’offrent pas une grande résistance, étant battus 31-7.

Comme un symbole, la franchise de l’instigateur de l’AFL est sa première représentante pour la grande finale. Elle se déroule à Los Angeles, mais on ne peut pas dire que l’affiche attire les foules : les spectateurs pensent que l’AFL n’est pas de taille à lutter contre la NFL, surtout si le champion NFL est la franchise des Green Bay Packers de Vince Lombardi. Le stade est donc rempli au deux-tiers, mais les personnes présentes vont assister à un petit miracle : Kansas City tient la dragée haute aux Packers pendant une mi-temps, n’étant menés que 14-10 à la pause. Malheureusement ils ne vont pas pouvoir tenir bien plus longtemps, et ils encaissent trois touchdowns en seconde mi-temps pour finalement perdre 35-10.

Un peu plus tard, en voyant ses enfants s’amuser avec une balle rebondissante appelée Superball, et pour faire le parallèle avec les Bowls de la NCAA, Hunt s’amuse à appeler la finale le Super Bowl. Ce surnom plus amusant qu’autre chose va séduire la presse à tel point qu’il va devenir son nom officiel peu après.

 

L’âge d’or de Kansas City (1967-1971)

 

Les Chiefs connaissent un grand succès populaire en 1967 grâce à leur présence dans la finale AFL-NFL qui est rétroactivement appelée Super Bowl I. Le Municipal Stadium commence d’ailleurs à devenir un peu petit pour accueillir tous les fans, et les discussions pour la construction d’une nouvelle enceinte commencent. Côté sportif, Kansas City fait encore une très bonne sélection à la draft avec deux Linebackers : Jim Lynch et surtout le futur Hall Of Famer Willie Lanier. Ils viennent rejoindre Bobby Bell pour former un des corps de Linebackers les plus redoutables de l’histoire. La franchise signe également le Kicker non-drafté futur Hall Of Famer Jan Stenerud, et elle semble s’être ainsi renforcée ; mais de nombreuses blessures vont freiner son élan et elle termine à 9-5.

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Lynch, Lanier et Bell

Ce n’est que partie remise : en 1968 la défense n’autorise que 170 points avec l’arrivée du futur Hall Of Famer Defensive Tackle Curley Culp, et Dawson est encore le meilleur passeur de la ligue. Cette fois les Chiefs postent un record de 12-2, mais ils se retrouvent à égalité avec les Raiders d’Oakland, ce qui force un match de barrage. Ce match va être facilement remporté par Oakland 41-6, mettant fin aux espoirs de retour au Super Bowl pour la franchise du Missouri.

En 1969, cela fait dix ans que Lamar Hunt a créé l’AFL, une ligue à laquelle personne ne prédisait de tenir. La victoire retentissante des New York Jets de l’AFL contre les Baltimore Colts de la NFL au Super Bowl III a permis de faire accepter la fusion avec la grande ligue, et à l’aube de cette saison plus personne n’a vraiment d’objection. Sur le terrain, la franchise drafte le coureur Ed Podolak et le Centre Jack Rudnay. Malheureusement le rêve semble tourner court quand, coup sur coup, Len Dawson et son remplaçant Jacky Lee se blessent au genou. Cela laisse l’attaque aux mains de Mike Livingston, deuxième tour de draft de l’année précédente ; le jeune joueur ne s’en laisse pas compter, s’appuie sur le jeu au sol ainsi que la défense, et les Chiefs accèdent aux playoffs à 11-3 malgré deux défaites contre les Raiders. La défense va y faire une nouvelle démonstration de puissance, permettant à Kansas City de battre les Jets 16-6 puis les Raiders 17-7, permettant à l’équipe de retourner au Super Bowl.

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Hank Stram

Super Bowl IV se déroule à New Orleans et met aux prises les Chiefs avec les Minnesota Vikings. Malgré la victoire de l’AFL l’année précédente, les Vikings sont donnés gagnants de 13 points ; et ceci même si le match promet d’être une grosse bataille de défenses entre la dominante escouade de Kansas City et les Purple People Eaters de Minnesota. C’est également l’occasion d’une première : Ed Sabol de NFL Films souhaite mettre un micro sur les coachs pour capturer le son sur le bord de la touche ; Bud Grant des Vikings refuse, mais Stram accepte. L’attaque complexe des Chiefs fait perdre la tête à la défense de Minnesota, et la défense punitive étouffe l’offensive adverse. Kansas City mène déjà 16-0 à la mi-temps, et l’équipe d’AFL va maintenir son avance pour une victoire 23-7. Len Dawson est nommé MVP du Super Bowl et les paroles de Stram enregistrées par NFL Films, notamment quand il prédit un touchdown sur la stratégie 65-toss power trap vont être très souvent rediffusées.

Lamar Hunt a réussi son pari : la NFL et l’AFL sont à deux victoires chacune au Super Bowl, les équipes de la jeune ligue ont prouvé qu’elles pouvaient rivaliser avec celles de la ligue historique, et il reçoit le trophée ultime pour la dernière année d’existence de son AFL.

En 1970, la fusion a lieu et les Chiefs sont placés dans l’AFC West avec de vieilles connaissances : Denver, San Diego et surtout Oakland. Kansas City échange Mike Garrett à San Diego, donnant le poste de titulaire à Podolak. La franchise est à 3-3 quand la rivalité avec Oakland connaît un autre épisode : lors du match entre les deux équipes, Dawson gagne un First Down à la course qui semble sceller le résultat du match, mais le Defensive End Ben Davidson vient frapper le Quarterback alors qu’il est au sol. Otis Taylor réagit et déclenche une bagarre générale qui provoque des pénalités, annulant ainsi le First Down. Les Raiders récupèrent la balle un peu plus tard, égalisent à 17-17 et le match se termine sur ce score de parité. A la fin de la saison, les Chiefs sont à 7-5-2 et les Raiders à 8-4-2 ; cette victoire transformée en match nul est la différence entre les playoffs et une année vide pour Kansas City.

La franchise va cependant obtenir sa revanche en 1971 avec la meilleure équipe de l’histoire du club. La défense continue de punir les attaques adverses alors que Dawson, Podolak et Taylor font avancer le ballon. Les Chiefs postent une saison à 10-3-1 avec notamment une victoire sur le fil contre Oakland qui leur permet de remporter le titre de l’AFC West devant les Raiders. En Divisional Round, Kansas City reçoit les Dolphins de Miami pour un match qui va devenir le plus long de l’histoire de la NFL. Les deux équipes se rendent coup pour coup : 10-10 à la pause, 17-17 après le troisième quart-temps, et 24-24 à quelques secondes de la fin. Podolak fait un superbe retour de kickoff pour mettre en place un Field Goal de 31 yards de Stenerud, mais le Kicker rate le Field Goal. Il va en rater deux de plus en prolongation, et c’est finalement le Kicker de Miami Garo Yepremian qui inscrit le Field Goal de la victoire 27-24 après 82:40 de jeu. C’est un dernier match au Municipal Stadium bien amer pour une équipe des Chiefs qui avait tout pour retourner au Super Bowl.

C’est alors que la fenêtre de tir de cette grande équipe va se refermer petit à petit, et les Chiefs ne reverront pas les playoffs avant 16 ans.

 

Une série de décisions contestables (1972-1981)

 

1972 est une année spéciale pour Kansas City à plus d’un titre : pour commencer, le dernier membre de la toute première équipe des Chiefs en AFL, Johnny Robinson, prend sa retraite. Ensuite, Lamar Hunt reçoit les honneurs de la NFL en étant le premier membre de l’AFL a être intronisé au Hall Of Fame. Et enfin, le tout nouveau stade est prêt : il est nommé l’Arrowhead Stadium ou « tête de flèche », en référence au logo sur le casque qui devient le logo officiel du club, remplaçant l’Indien qui court. Comme un clin d’oeil du Destin, ce sont les Dolphins de Miami qui inaugurent l’enceinte contre Kansas City, et ils l’emportent de nouveau 20-10. Cela démarre une saison mitigée à 8-6 qui voit les Chiefs rater les playoffs.

En 1973, Dawson se blesse et Livingston fait ce qu’il peut avant que l’attaque ne plonge et entraîne l’équipe dans une saison à 7-5-2. Les Chiefs n’arrivent plus à réussir des grands coups à la draft comme ils en avaient l’occasion, et âge + mauvaise draft = déclin inéluctable. En 1974, Kansas City passe sous la barre du record équilibré pour la première fois depuis 11 ans avec un record de 5-9, et ce malgré un Emmitt Thomas qui réussit 12 interceptions. Symbole d’une époque révolue, le coach Hank Stram démissionne au bout de 15 ans dans la franchise : son record final est de 124-76-10. Il est remplacé par un assistant coach des 49ers, Paul Wiggin.

CurleyCulp
Curley Culp

S’il fallait résumer les erreurs des Chiefs, il n’y a qu’à regarder les deux saisons 1974 et 1975 : suite à une incompréhension sur son futur contrat, Culp est envoyé avec le premier tour 1975 contre un joueur des Oilers et un troisième tour 1976. C’est tout d’abord insensé car Culp est un des meilleurs joueurs de l’équipe mais surtout c’est un échange totalement déséquilibré. Et non seulement Kansas City n’a plus son premier tour de la draft 1975, mais ils font des choix qui vont constituer une des pires drafts dans l’histoire de la NFL : sur les 11 joueurs pris, un seul jouera en NFL, et seulement 13 matchs dans la saison 1975 avant d’arrêter. Le summum est atteint par le deuxième tour, le Tight End Elmore Stephens : après être libéré des Chiefs pendant les camps, il se fait cambrioler, retrouve le présumé coupable et le kidnappe. Le corps de ce dernier est retrouvé dans la rivière (sans preuve que c’est lui) et Stephens prend 21 ans de prison pour kidnapping et meurtre.

Sans aucun renfort, la saison ne peut que donner un nouveau 5-9 et cette fois c’est Len Dawson et Buck Buchanan qui tirent leur révérence, créant encore un peu plus de vide dans l’équipe. Sans playmaker valide les Chiefs s’écroulent les deux années suivantes à 5-9 en 1976 et surtout 2-12 en 1977, ce qui mène au renvoi de Wiggin. Son remplaçant vient de CFL : le coach des Montreal Alouettes, Marvin « Marv » Levy.

Il remarque qu’il y a quelques bons éléments draftés, surtout en défense avec les Defensive Backs Gary Barbaro & Gary Green et le Linebacker Tom Howard. Il décide donc de renforcer la défense en 1978 avec la draft du Defensive End Art Still et du Linebacker Greg Spani. L’équipe est encore jeune et malgré un bon jeu au sol, elle ne peut poster qu’un 4-12. En 1979 Levy choisit le Defensive End Mike Bell et le Quarterback Steve Fuller qui remplace rapidement Livingston ; la franchise semble redresser la tête des deux côtés du ballon et termine à 7-9, avec un match mémorable perdu 3-0 sous une pluie diluvienne contre Tampa Bay.

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Joe Delaney

Les Chiefs créent alors la controverse en 1980 quand ils se séparent de Stenerud, le meilleur marqueur de points de l’équipe, pour Nick Lowery, un kicker qui a été libéré une dizaine de fois. A la draft, ils choisissent le Guard Brad Buddle et le receveur Carlos Carson, alors que la défense arrive enfin à maturité. Même si Fuller se blesse et doit être remplacé par le rookie Bill Kenney, la franchise poste un 8-8 encourageant pour la suite. En 1981, Kenney gagne la place de titulaire et la draft apporte le coureur Joe Delaney qui va de suite se faire remarquer : le rookie court pour 1121 yards, aidant l’attaque à se mettre au niveau de la défense. Les Chiefs sont même à 8-4 vers la fin de l’année, mais une blessure de Kenney freine la progression de la franchise ; néanmoins, bien qu’elle rate les playoffs, elle poste son premier record positif depuis 1973 à 9-7.

 

Les Chiefs surnagent difficilement (1982-1988)

 

L’année 1982 est écourtée par la grève des joueurs, et les Chiefs font une mauvaise saison à 3-6 qui coûte sa place à Marv Levy ; il est remplacé par le coach des Quarterbacks de Dallas John Mackovic. La draft 1983 amène des joueurs intéressants comme le Tackle Dave Lutz ou le Defensive Back Albert Lewis, mais une nouvelle grosse erreur est commise quand la franchise sélectionne le Quarterback Todd Blackledge en septième position alors que les deux Hall Of Famers Jim Kelly et Dan Marino sont encore disponibles.

La tragédie va ensuite s’inviter de nouveau dans l’histoire de Kansas City : Joe Delaney visite un parc d’attractions à Monroe en Louisiane et remarque des enfants qui jouent près d’une mare d’eau mise là pour le décor. Trois enfants finissent par tomber dedans et Delaney se jette dans l’étendue d’eau pour les sauver, bien qu’il ne sache pas nager. Deux des enfants sont sauvés, mais les corps du troisième et de Delaney sont repêchés plus tard, sans vie ; de nombreuses marques d’affection affluent de toute part pour saluer le geste du joueur. La franchise essaie de disputer la saison, mais l’absence de Delaney dans les têtes et sur le terrain est dure à pallier ; malgré une belle entente entre Kenney et Carson l’équipe termine à 6-10.

1984 commence avec une nouvelle distinction pour Lamar Hunt : la NFL décide d’attribuer un trophée au champion de chaque conférence, et celui de l’AFC est nommé d’après le fondateur de l’AFL et de Kansas City.

Chiefs-LamarHuntTrophy
Lamar Hunt Trophy : 1984-2009 et 2010-aujourd’hui

Au niveau du terrain, la défense jadis excellente est vieillissante, et de plus le Defensive Back Barbaro part dans la toute nouvelle USFL. Mais la franchise a déjà une partie de la réponse avec Lloyd Burruss, Albert Lewis et Deron Cherry, ainsi que le rookie Kevin Ross qu’elle sélectionne à la draft. Cependant les meilleurs ajouts restent le Tackle John Alt et surtout le Nose Tackle Bill Maas qui est élu Defensive Rookie Of The Year. Ces éléments permettent à l’équipe d’améliorer ses performances et même si tout cela reste encore instable, elle poste un 8-8 prometteur. En 1985 une controverse entre Blackledge et Kenney fait surface alors que les deux Quarterbacks échangent leur place suite aux blessures ou à la méforme, et cela ne permet pas à l’équipe d’être assez stable pour faire mieux que 6-10.

Cette alternance curieuse continue en 1986, et sans surprise la saison des Chiefs fait les montagnes russes : une victoire, une défaite, deux victoires, deux défaites, quatre victoires, trois défaites et enfin trois victoires pour arracher la première place de playoffs depuis 15 ans à 10-6. C’est une année tellement compliquée que le dernier match de la saison est remporté 24-19 contre Pittsburgh avec seulement 171 yards en attaque ; les Chiefs ont marqué sur un Field Goal, un punt contré, un retour de kickoff et un field goal contré. L’histoire va être rapidement écourtée face aux Jets en Divisional Round 35-15, mais il semble que les pièces du puzzle sont enfin en place pour revenir au haut niveau. Néanmoins c’est à ce moment que le coach Mackovic décide à la surprise générale de partir de l’équipe pour devenir le Head Coach de l’Université du Texas. C’est Pete Gansz, le coach des équipes spéciales, qui le remplace.

Ce départ va casser les jambes des Chiefs qui vont poster deux saisons atroces : 4-11 pendant la deuxième grève de 1987 et 4-11-1 en 1988. Malgré le renfort du vétéran Quarterback Steve DeBerg, la draft du punitif coureur Christian « Nigerian Nightmare » Okoye et du Defensive End Neil Smith, les Chiefs pataugent dans un marasme qui déclenche un grand coup de balai : Carl Peterson devient le Président et le General Manager de la franchise. Sa première décision est de renvoyer Gansz et de le remplacer par un coach qui a fait ses preuves à Cleveland en matière de retournement de situation : Marty Schottenheimer.

 

« Martyball », D.T. et « Montana Magic » (1989-1994)

 

Chiefs-DerrickThomasLe coach est connu pour le Martyball, un système de jeu axé sur la course, et il sait de suite qu’Okoye est le parfait coureur pour fatiguer une défense. De plus, son arrivée coïncide avec le choix du futur Hall Of Famer Linebacker Derrick Thomas à la draft ; le rookie va de suite évoluer au plus haut niveau et remporter le titre de Defensive Rookie Of The Year. Comme prévu Okoye est un cheval de travail qui court pour 1480 yards (record de la franchise) et, malgré un mauvais départ, l’équipe parvient à poster un record positif de 8-7-1.

En 1990 la draft apporte le Centre Tim Grunhard et le Guard Dave Szott qui stabilisent la ligne offensive, même si la machine met un peu de temps à démarrer. Le tournant arrive contre Seattle, quand Kansas City perd le match malgré sept sacks de Derrick Thomas (record NFL toujours d’actualité) et tombe à 5-4 ; cela réveille la franchise qui, derrière le duo de coureurs Okoye-Barry Word, aligne les victoires pour terminer 11-5 et retourner en playoffs. En Wild Card, Kansas City se déplace à Miami et mène tard dans le match, mais Marino se rappelle au bon souvenir de l’équipe qui l’a laissé passer dans la draft de 1983 ; il dirige un drive qui donne la victoire 17-16 aux Dolphins.

Ce n’est que partie remise, car l’équipe revient à un niveau qu’elle n’avait plus connu depuis la fin de l’AFL. En 1991, elle réalise une nouvelle bonne saison à 10-6 qui lui donne une place en playoffs. En Wild Card, les Chiefs reçoivent les Raiders qu’ils ont déjà accueilli en dernière semaine de saison régulière. Le premier match de playoffs à Arrowhead est très défensif et c’est la défense du Missouri qui gagne le duel en forçant six pertes de balle de Los Angeles dans une courte victoire 10-6. Malheureusement, la défense aura moins de réussite contre l’attaque surpuissante des Bills menée par deux vieilles connaissances : Marv Levy (l’ancien coach des Chiefs) et Jim Kelly (à qui les Chiefs avaient préféré Blackledge). La défaite est cuisante, 37-14, et ironiquement cela fait deux années de suite que Kansas City se fait sortir en playoffs par un Quarterback qu’elle aurait pu choisir en 1983.

Néanmoins, la franchise gravit les échelons lentement mais sûrement, et 1992 doit les rapprocher un peu plus d’un titre qu’ils cherchent depuis 1969. La draft amène le très bon Cornerback Dale Carter qui est élu Defensive Rookie Of The Year, et une autre vieille connaissance est signée : le Quarterback des Seahawks Dave Krieg qui avait encaissé les fameux sept sacks de Derrick Thomas. Krieg fait une bonne saison et même si Okoye n’est plus utilisé que dans un rôle de scoreur de près, Barry Word fait le travail ; cependant la franchise connaît beaucoup de blessures et doit arracher sa qualification en playoffs à la dernière semaine contre Denver. Avec un record de 10-6, Kansas City doit se déplacer en Wild Card chez les Chargers et l’attaque tourne complètement à vide, San Diego l’emportant facilement 17-0.

WillShieldsLes fans espèrent que 1993 sera la bonne année, et pour cela les résidents du Missouri frappent trois énormes coups. Le 20 avril, quelques jours avant la draft, les Chiefs réussissent la grosse affaire en réalisant un échange avec les 49ers pour récupérer le légendaire futur Hall Of Famer Quarterback Joe Montana, qui est poussé dehors à San Francisco par Steve Young. C’est également la naissance de la Free Agency, et Kansas City en profite pour signer un autre futur Hall Of Famer, le coureur des Raiders Marcus Allen. Enfin, à la draft, les Chiefs sélectionnent un troisième futur Hall Of Famer, le Guard Will Shields, qui forme ainsi une des meilleurs lignes offensives de la ligue avec Alt, Szott et Grunhard. Si on rajoute Montana et Allen, cela promet une attaque redoutable qui doit enfin permettre à l’équipe de passer à l’étape suivante.

En effet, ces arrivées boostent la franchise qui réussit une bonne saison à 11-5. Le match de Wild Card va prouver que la Montana Magic est toujours présente : alors que les Chiefs sont menés 24-17 avec quelques minutes à jouer, Montana orchestre un drive qu’il termine sur 4e & 7 par une passe de touchdown ; en prolongations Lowery marque le Field Goal de la victoire 27-24. En Divisional Round, la défense répond présente contre les Oilers et Houston ne mène que 13-7 dans le quatrième quart-temps ; c’est largement suffisant pour permettre à Montana de lancer deux touchdowns et Allen d’en scorer un autre pour une victoire 28-20. En finale AFC, les Chiefs retrouvent Buffalo qui les avaient éliminés en 1991, mais encore une fois les Bills, et surtout le coureur Thurman Thomas, sont trop forts ; Montana est sorti du match sur commotion et Kansas City s’incline 30-13.

L’organisation sent que le Super Bowl est tout proche. Le Quarterback Steve Bono arrive des 49ers pour épauler un Montana toujours en proie aux commotions, mais la saison est plus difficile que prévue. Malgré un nouveau retour de Montana contre les Broncos, une victoire revanche pour lui contre les 49ers, et une victoire revanche pour Marcus Allen contre les Raiders qui permettent un retour en playoffs à 9-7, l’équipe est vraiment trop juste : elle se fait sortir par Miami en Wild Card 27-17.

Car si Marty Schottenheimer est un excellent coach pour retourner les situations et accéder aux playoffs, la manie de ses équipes de déjouer une fois dans les matchs décisifs est telle qu’il en a gagné un surnom peu flatteur.

 

« Chokenheimer » frappe encore (1995-2000)

 

La saison 1995 ne semble pas démarrer sous de bonnes augures quand Joe Montana annonce sa retraite en avril ; le légendaire Quarterback se retire après 16 ans, et c’est Steve Bono qui prend sa place. Les medias voient l’équipe chuter après ce départ, mais elle va répondre par une année dominatrice : Bono poste une saison à 3121 yards et 21 touchdowns, le jeu au sol mené par Allen est le meilleur de la ligue, et la défense est celle qui marque le plus de points. La franchise termine avec le meilleur record de son histoire, 13-3, en tête de l’AFC et avec une sixième qualification en playoffs de suite. Kansas City semble avoir les clés pour retourner enfin au Super Bowl.

Marty SchottenheimerLe Divisional Round a lieu contre les Colts d’Indianapolis qui se sont qualifiés de justesse en playoffs. De plus, Indianapolis joue sous un dôme à domicile et le match à Kansas City se déroule par -11°C (avec un vent à -22°C). On s’attend donc à ce que les Chiefs aient l’avantage, mais le match est d’une pauvre qualité offensive des deux côtés : Bono lance trois interceptions, le Kicker des Chiefs Lin Elliot rate trois Field Goals et les Colts commettent quatre fumbles ; néanmoins ils les récupèrent tous. Ce sont donc les Chiefs qui sont désavantagés par toutes ces erreurs, et finalement Indianapolis l’emporte à la surprise générale 10-7 quand Elliot rate le Field Goal égalisateur à la dernière seconde. Avec leur meilleure équipe depuis 1971, les Chiefs sortent directement des playoffs alors qu’on leur promettait le Super Bowl.

1996 repart sur les mêmes bases que 1995 avec en plus la draft du Linebacker Donnie Edwards, mais quelque chose s’est cassé chez Bono. Il est remplacé par Rich Gannon et ne doit son retour qu’à la blessure de ce dernier. Les Chiefs enchaînent les contre-performances malgré un Marcus Allen qui bat le record de touchdowns en carrière pour un coureur de Walter Payton, et leur résultat de 9-7 n’est pas suffisant pour les playoffs.

Chiefs-TonyGonzalez
Tony Gonzalez

L’organisation décide de faire quelques opérations pour booster l’attaque en 1997 : elle acquiert le Quarterback Elvis Grbac des 49ers, le receveur Andre Rison des Packers, et surtout elle drafte au premier tour le futur Hall Of Famer Tight End Tony Gonzalez qui a la particularité d’avoir joué au football et au basket en Université. Alors que la défense continue de dominer en ne lâchant que 232 points, l’attaque est en effet dynamisée par ces arrivées. Malgré la blessure de Grbac, Gannon prend la relève et les Chiefs terminent en tête de l’AFC avec un record de 13-3. En Divisional Round, le match contre les Broncos est une nouvelle frustration pour les Chiefs : ils gagnent plus de yards, commettent moins de pertes de balle, mais les incapacités à stopper le coureur des Broncos Terrell Davis et à scorer plus de dix points suffisent à éliminer Kansas City 14-10.

La réputation de Marty Schottenheimer ne fait que s’accentuer encore plus : il est incapable de jouer pour gagner en playoffs ; il préfère jouer pour ne pas perdre avec son fameux Martyball conservateur.

L’année 1998 va se terminer plus mal avec une saison blanche à 7-9, Allen ayant pris sa retraite et Rison étant bien moins décisif. Cette fois c’en est trop pour Kansas City qui renvoie Marty Schottenheimer. Durant dix années, le coach aura eu un grand succès en saison régulière (101-58-1) mais n’aura jamais réussi à le transposer dans les playoffs (3-7). Il est remplacé par le Coordinateur Défensif, Gunther Cunningham.

Les deux années de Cunningham ne vont pas donner grand-chose pour la franchise : en 1999 l’équipe est inconstante et rate les playoffs à 9-7 suite à une défaite en prolongations contre Oakland. Mais la nouvelle la plus terrible intervient début 2000 : le 23 janvier, Derrick Thomas a un accident de voiture alors qu’il se dirige vers Saint-Louis pour aller voir la finale NFC. N’ayant pas mis sa ceinture, il est éjecté du véhicule et devient paraplégique. Le 8 février, alors qu’il est encore à l’hôpital, il fait une embolie pulmonaire et décède brutalement, devenant ainsi le quatrième joueur des Chiefs à mourir pendant sa carrière après Stone Johnson, Mack Lee Hill et Joe Delaney.

Dans cette atmosphère morose, les Chiefs ne peuvent que faire une saison 2000 médiocre à 7-9, et Cunningham laisse sa place au futur Hall Of Famer Dick Vermeil, le Head Coach des Rams champions en 1999.

 

Maudit Indianapolis (2001-2006)

 

Vermeil arrive et décide de suite de redonner un coup de fouet à l’attaque qui a en a bien besoin : il ramène le Quarterback Trent Green des Rams, et il signe le coureur des Ravens Priest Holmes. Avec l’émergence de Gonzalez comme menace aérienne et un Holmes qui gagne 1555 yards, l’attaque reprend des couleurs, mais cette fois c’est la défense qui cède, et la saison 2001 se termine sur un médiocre 6-10. C’est la même histoire en 2002 : l’attaque développe ses talents en Green, Gonzalez et Holmes (qui est élu Offensive Player Of The Year) mais la perte de Thomas en défense a désorganisé l’unité et les Chiefs ne peuvent poster qu’un record de 8-8.

Il ne manque donc que quelques éléments pour revenir au plus haut niveau en 2003. L’un d’entre eux est le Linebacker Scott Fujita qui a été choisi à la draft précédente, et un autre plus inattendu est le receveur/retourneur Dante Hall drafté deux ans plus tôt. Les deux vont apporter de la qualité à la défense et aux équipes spéciales (Hall va réussir 4 touchdowns sur retours), pendant que Priest Holmes établit un record avec 27 touchdowns sur une saison. Kansas City réussit encore une belle saison à 13-3 et accueille les Colts en Divisional Round. La défense va s’avérer incapable de stopper l’attaque de feu menée par Peyton Manning ; Indianapolis mène rapidement 21-10 et l’emporte finalement 38-31 dans le second match de l’histoire de la NFL moderne sans un seul punt.

La draft du Defensive End Jared Allen en 2004 doit améliorer la défense qui reste le point faible de l’équipe, alors que celle du coureur Larry Johnson l’année précédente doit continuer le succès de l’attaque. Malheureusement l’escouade défensive va continuer dans la lignée du Divisional Round 2003 et encaisser la bagatelle de 435 points ; cela condamne l’équipe à retourner à un record négatif de 7-9 malgré toutes les bonnes armes offensives. Certaines rumeurs commencent alors à circuler sur la possible (seconde) retraite du coach Vermeil.

En 2005 les Chiefs sélectionnent le Linebacker Derrick Johnson, dont le poste et le prénom ne peuvent qu’évoquer feu Derrick Thomas. Holmes voit sa saison interrompue brutalement contre les Chargers suite à une blessure au cou après un plaquage de Shawne Merriman, et on craint qu’il doive mettre fin à sa carrière. Alors que le coureur se remet, son remplaçant Larry Johnson est totalement inarrêtable : il gagne 1750 yards et marque 20 touchdowns dans l’année. Derrière ce cheval de labour les Chiefs arrivent à un record de 10-6, mais ce n’est pas suffisant dans une AFC relevée pour accéder aux playoffs. C’est donc sur ce « demi-échec » que Vermeil se retire, et les préparatifs sont mis en place pour que son successeur désigné arrive : le Head Coach des Jets, Herman « Herm » Edwards.

Derrick Johnson
Derrick Johnson

La blessure de Holmes l’empêche de prendre part à la saison 2006 mais la présence de Larry Johnson est bien suffisante pour boucher le trou : il court encore pour 1700+ yards et 19 touchdowns. C’est plus compliqué pour l’attaque aérienne avec la commotion de Trent Green qui est remplacé par Damon Huard, mais le titulaire revient quelques matchs plus tard. La défense reçoit une aide de choix avec les rookies Defensive End Tamba Hali et Defensive Back Bernard Pollard, et l’équipe accède au Wild Card Round à 9-7.

Entre temps, le monde de la NFL est attristé par la mort de Lamar Hunt après une longue bataille contre un cancer de la prostate. Le fondateur de l’AFL et créateur de la franchise des Chiefs s’éteint à 74 ans ; de nombreuses initiatives sont prises à travers la ligue pour rendre hommage à la mémoire de ce visionnaire sans qui la NFL ne serait pas ce qu’elle est.

Sur le terrain, le Wild Card Round met aux prises les Chiefs avec une vieille connaissance : les Colts d’Indianapolis qui les ont déjà éliminés en 1995 et 2003. 2006 ne sera pas différent avec une journée misérable : l’attaque ne peut aligner que 126 petits yards, avec en plus un Field Goal manqué. Malgré les trois interceptions réussies par la défense, l’inocuité de l’escouade offensive permet aux Colts de l’emporter aisément 23-8.

Et cette inocuité offensive est résumé en un poste qui reste problématique depuis quelques temps : celui de Quarterback.

 

A la recherche d’un franchise Quarterback (2007-2016)

 

En 2007 Trent Green est libéré, laissant la place à Damon Huard en titulaire et au rookie Brodie Croyle comme remplaçant. Le receveur Dwayne Bowe est drafté pour dynamiser l’attaque, mais tout cela tombe à l’eau quand Larry Johnson se blesse ; Holmes ne peut que revenir épisodiquement après sa blessure, et malheureusement il se reblesse au cou. Huard n’est pas du tout le Quarterback escompté et Croyle n’est pas encore prêt, ce qui explique que l’attaque s’embourbe. La saison se termine sur un 4-12 amer, avec comme seul rayon de soleil le record de touchdowns pour un Tight End battu par Tony Gonzalez avec 63. Suite à sa seconde blessure au cou, Priest Holmes est forcé de prendre sa retraite sportive.

Quelques jours avant la draft 2008, les Chiefs décident de récupérer des choix pour rebâtir la franchise : ils échangent leur superstar défensive Jared Allen aux Vikings contre un premier tour et deux troisièmes tours. Kansas City sélectionne notamment le Tackle Branden Albert et le coureur Jamaal Charles en plus du Defensive Tackle Glenn Dorsey et des deux Defensive Backs Brandon Flowers & Brandon Carr. Mais malgré tous ces talents, le poste de Quarterback reste un énorme problème entre Huard, Croyle et Tyler Thigpen ; il n’est donc pas étonnant que la franchise finisse à un abyssal 2-14 qui a raison des postes de Peterson en GM et Edwards en Coach. Ils sont remplacés par Scott Pioli des Patriots et Todd Haley des Cardinals. Le dernier départ est celui de Gonzalez, qui s’envole pour Atlanta.

Denver Broncos v Kansas City Chiefs
Jamaal Charles

2009 est la saison du renouveau à tous les étages puisque dans un clin d’oeil ironique du Destin, les Chiefs récupèrent également le Quarterback qu’ils ont aidé à révéler. Lors du premier match de 2008, Pollard avait blessé le Quarterback des Patriots Tom Brady pour la saison et tout le monde pensait que New England était fini ; Matt Cassel avait pris sa place et l’équipe était parvenue à un record de 11-5. Les Chiefs signent donc Cassel après cette bonne année, espérant avoir enfin leur Quarterback titulaire (ils ont également récupéré de New England le Linebacker Mike Vrabel). Mais l’année va être une succession de désillusions pour se terminer à 4-12.

En 2010, les Chiefs ajoutent à la draft le Defensive Back Eric Berry ainsi que le receveur-retourneur Dexter McCluster, et la sauce commence à prendre des deux côtés du ballon : il y a un bon trio Cassel-Charles-Bowe en attaque, et des éléments sûrs comme Hali-Johnson-Flowers-Carr en défense. Tout cela permet à l’équipe d’atteindre un record de 10-6 qui lui permet de retourner en playoffs. Le Wild Card Round voit Kansas City se déplacer à Baltimore, et la défense intraitable des Ravens va dominer surtout en seconde période, récupérant cinq ballons et permettant aux locaux de l’emporter facilement 30-7.

La saison 2011 doit être dans la droite lignée de la précédente, mais malgré la draft du Linebacker Justin Houston les espoirs sont vite étouffés par les blessures pour la saison de Berry, Charles et Cassel. C’est une saison blanche à 7-9 qui coûte le poste d’Haley en cours de saison, remplacé par son Coordinateur Défensif Romeo Crennel. Après une fin de saison un peu plus encourageante, Crennel est maintenu pour la saison 2012, mais malgré les retours des blessés et la draft du Nose Tackle Dontari Poe, c’est surtout Cassel et l’attaque aérienne qui sont anémiques ; la franchise coule complètement à 2-14. Pire, elle se trouve à nouveau au coeur d’un événement tragique : le 1er décembre, le Linebacker Jovan Belcher tue sa petite amie puis va jusqu’à Arrowhead où il croise Pioli, le propriétaire Clark Hunt, Crennel et d’autres membres de l’organisation, un pistolet pointé sur sa tête. Malgré les supplications de ces derniers, il se tire une balle une fois revenu à sa voiture. Encore une fois les Chiefs sont secoués par la tragédie et doivent trouver le moyen de continuer.

Suite à cette saison terrible sur le terrain, l’organisation décide de changer de régime : Pioli est remplacé par l’ancien exécutif des Packers John Dorsey et Crennel par le Coach des Eagles, Andy Reid.

andy-reid-chiefsReid sait parfaitement que l’équipe ne vaut pas totalement son record terrible de 2-14 car elle possède beaucoup de bons joueurs, mais qui sont plombés par un secteur particulier du jeu. Il décide donc de faire venir un Quarterback solide sinon spectaculaire : l’ancien des 49ers Alex Smith. Jamaal Charles devient le principal pilier de l’attaque pendant que Smith ne fait aucun miracle mais effectue le travail ; la défense trouve enfin de l’aide, se met au diapason, et les Chiefs réussissent un renversement spectaculaire, terminant à 11-5 ! Cela permet à Kansas City de se déplacer en Wild Card à… Indianapolis. Malgré la blessure de Charles tôt dans le match, Smith gagne pratiquement la rencontre à lui tout seul en permettant aux Chiefs de mener 38-10 au troisième quart-temps… mais c’est là que les arrières, qui ont été le talon d’Achille défensif de la saison, s’écroulent complètement, autorisant gros gain sur gros gain. Les Colts l’emportent finalement 45-44 dans le deuxième plus gros retour de l’histoire de la NFL, et la malédiction de Kansas City contre Indianapolis continue.

Les Chiefs tentent de repartir en 2014 mais c’est là que le second talon d’Achille de l’équipe lui explose en plein visage : Bowe n’a fait que baisser de qualité au fur et à mesure des années, il n’y a aucun receveur écarté à côté pour compenser, et Kansas City termine la saison sur la statistique hallucinante de zéro touchdown inscrit par un receveur ! Le Tight End Travis Kelce drafté en 2013 et surtout Charles font la plupart du travail ; de l’autre côté, la défense menée par le tandem Hali-Houston est excellente, mais elle souffre quand même des pertes de Derrick Johnson sur blessure et d’Eric Berry qui doit soigner une leucémie. Le club rate finalement les playoffs à 9-7.

Le problème des receveurs est résolu en 2015 par la signature de l’ex-Eagle Jeremy Maclin, mais la saison semble compromise quand Jamaal Charles est perdu sur blessure. Néanmoins, le duo Charcandrick West – Spencer Ware prend le relais magnifiquement, la ligne reçoit l’aide du rookie Centre Mitch Morse et l’attaque est performante. Pendant ce temps, la défense voit non seulement les retours de Derrick Johnson et d’Eric Berry, mais elle compte également l’arrivée du Defensive Rookie Of The Year Cornerback Marcus Peters qui réussit la bagatelle de HUIT interceptions. Les Chiefs reviennent à un niveau plus en adéquation avec leur talent à 11-5. Cela leur permet d’aller en playoffs, et en Wild Card ils se défont facilement des Texans 30-0. Mais le Divisional Round sera plus compliqué à New England et avec un Maclin diminué ; les Chiefs ne réussissent pas assez d’actions décisives et les Patriots l’emportent 27-20.

La franchise améliore la marque en 2016 à 12-4, remportant la division, mais pourtant elle laisse la curieuse impression de ne pas avoir fait une saison forcément bien meilleure. La défense, par ailleurs solide, a un problème dans le pass-rush malgré l’émergence de Dee Ford, et l’attaque est assez inconstante, devant se passer à nouveau de Charles blessé. Fort heureusement, l’équipe sait voler des ballons en défense ainsi que le garder en attaque, et surtout elle découvre une pépite avec le rookie Tyreek Hill qui score 12 touchdowns de quatre façons différentes (course, réception, retour de kickoff et de punt). Néanmoins, tous ces petits défauts de qualité sont révélés dans le Divisional Round contre Pittsburgh : les erreurs mentales (drops) et techniques provoquent une défaite 18-16 ; la pire étant la pénalité de l’Offensive Tackle Eric Fisher qui annule la transformation à deux points égalisant à 18-18 à la fin du match, forçant une nouvelle tentative manquée.

Malgré les performances d’Alex Smith, la franchise ne peut plus se permettre d’attendre avant de trouver le franchise Quarterback du futur. Elle décide donc de prendre un gros risque : elle remonte de #27 en #10 à la draft 2017 (ce qui lui coûte son premier tour 2018) pour sélectionner le Quarterback de Texas Tech, Patrick Mahomes II.

 

La nouvelle dynastie (2017-2023)

 

La franchise ne souhaite pas encore le lancer dans le grand bain ; il s’installe comme remplaçant de Smith qui est titulaire en 2017. D’autres modifications plus impactantes ont lieu dans l’effectif : Jamaal Charles, souvent blessé, est libéré et remplacé par le sémillant rookie Kareem Hunt, alors que Dontari Poe part également. Hunt explose dès sa première année, terminant en tête des coureurs de la NFL (!) avec 1327 yards ; avec un Smith très efficace qui mène la ligue en QB Rating (107.1) grâce à Hill et Kelce, l’attaque devient une machine à grosses actions. Elle semble néanmoins perdre son rythme au milieu de la saison, alors que la défense a un peu de mal à suivre, continuant à survivre grâce aux ballons volés. L’équipe finit par retrouver son allant au bon moment et termine 10-6 avec une nouvelle qualification en playoffs ; la dernière victoire, sans enjeu, est néanmoins acquise à Denver grâce à un Mahomes titulaire et montrant de belles choses.

Malheureusement, l’histoire va encore se répéter : en Wild Card, les Titans débarquent à Arrowhead. Kansas City semble dominer en première mi-temps, prenant une avance de 21-3, mais tout débloque par la suite : l’attaque n’avance plus avec la blessure de Kelce et Hunt qui ne voit plus le ballon, alors que la défense lâche trois touchdowns dont un complètement improbable où le Quarterback de Tennessee Marcus Mariota récupère une de ses propres passes déviées par un Cornerback (le futur Hall Of Famer Darrelle Revis signé pendant la saison) pour scorer. Les locaux s’inclinent 22-21 et Reid devient ainsi le premier Head Coach à gaspiller deux avances de 18 points en playoffs. C’est la sixième défaite consécutive en playoffs à domicile pour les Chiefs, et il y a du changement dans l’organisation : le General Manager John Dorsey est remplacé en interne par Brett Veach… mais Reid reste.

La franchise échange alors Alex Smith à Washington contre le Cornerback Kendall Fuller et donne les rênes de l’attaque à Mahomes. Le résultat est au-delà de toute espérance : dans une saison 2018 retentissante, le remuant sophomore devient le deuxième Quarterback à atteindre la barre de 5000 yards + 50 touchdowns sur une saison (5097 + 50 resp.) après Peyton Manning en 2013 ; il est élu Most Valuable Player et Offensive Player Of The Year à la tête d’une attaque explosive qui ne laisse pas beaucoup de miettes à ses adversaires en menant la ligue avec 565 points. Malgré la libération de Kareem Hunt suite à un fait divers, l’échange de Marcus Peters aux Rams et une défense qui a du mal à suivre la cadence, Kansas City termine en tête de l’AFC à 12-4.

Les spectres des playoffs (surtout à domicile) sont exorcisés lors d’une victoire assurée 31-13 en Divisional Round contre Indianapolis, avant la revanche d’un match de saison régulière spectaculaire contre New England en finale AFC. Les Patriots prennent l’avantage à la marque mais Mahomes se ressaisit et c’est un échange de poids lourds dans le dernier quart-temps ; le jeune Quarterback mène un drive éclair pour le Field Goal égalisateur à 31-31 qui force la prolongation. Cependant, la défense est déjà sur les talons et le toss donne la balle à New England : le résultat est attendu et les visiteurs l’emportent 37-31.

La franchise fait un peu de ménage en 2019, commençant par la libération d’un Kareem Hunt englué dans une histoire de violences domestiques. C’est la défense qui voit le plus de changements : Houston est libéré et Ford est échangé à San Francisco ; l’ex-Seahawk Frank Clark arrive pour aider le pass-rush, mais c’est l’acquisition du Safety ex-Texan Tyrann Mathieu qui est la plus notable. Il apporte un leadership avec l’excellent Defensive Tackle Chris Jones, et si l’escouade fait un démarrage poussif, elle progresse au fur et à mesure de la saison ; de fait, même avec une attaque qui descend d’un cran (notamment au sol) et un Mahomes qui rate deux matchs sur blessure, la franchise finit #2 dans l’AFC à 12-4.

Cela lui propose Houston à Arrowhead pour le Divisional Round. Après un démarrage catastrophique et un cinglant 24-0 encaissé en 20 minutes, les trois escouades se réveillent de concert et les vannes s’ouvrent : attaque, défense et équipes spéciales haussent leur niveau et Kansas City score 4 TDs en 10 minutes pour mener 28-24 à la pause ! Le déferlement continue par la suite et les locaux l’emportent 51-31. En finale AFC, ce sont des Titans surprenants qui se présentent avec un Derrick Henry magistral ; Tennessee mène 10-0 puis 17-7, mais Henry est quand même étouffé par la défense au sol, finissant avec seulement 61 yards. Mahomes prend la suite : Kansas City score 4 TDs consécutifs et finit par l’emporter 35-24. 50 ans après, les Chiefs retournent à la grande finale !

Super Bowl LIV voit la franchise de Lamar Hunt affronter celle des San Francisco 49ers qui ont terminé en tête de la NFC. Pour une fois dans ces playoffs, Kansas City prend l’ascendant d’entrée avec notamment deux 4e tentatives réussies, et les champions AFC mènent 10-0. Cependant, lentement, les deux lignes des californiens haussent le ton et les 49ers s’emparent des commandes pour mener 20-10 à l’orée du dernier quart-temps. Pour la troisième fois de suite en playoffs, les Chiefs se retrouvent menés de 10 points.. et pour la troisième fois, les insubmersibles vont trouver la solution (un record) : à moins de 7 minutes de la fin, Mahomes trouve Hill en 3e&15 pour 44 yards et la machine se relance ; 3 TDs en l’espace de 5 minutes et un dernier stop de la défense plus tard, Kansas City l’emporte 31-20 et redevient champion NFL, un demi-siècle après son dernier titre. Andy Reid décroche enfin cette bague après laquelle il a tant couru, alors que Mahomes est élu MVP du Super Bowl.

2020 est peu ou prou la même saison : les Chiefs rajoutent le premier tour coureur Clyde Edwards-Helaire et repartent dans une campagne où ils survolent l’AFC avec un bilan de 14-2 ; et encore, la dernière défaite est « balancée » pour reposer les titulaires. Le Divisional Round amène les surprenants Browns à Arrowhead : Kansas City s’éloigne lentement au score, mais Mahomes subit une commotion et doit sortir, laissant la place à Chad Henne. Le vétéran lance une interception dommageable, mais dans le dernier drive il réussit une course incroyable de 13 yards sur une 3e&14 ; Reid démontre sa totale confiance en son remplaçant en jouant la 4e&1, une passe réussie pour Hill qui scelle la victoire 22-17. La finale AFC contre Buffalo est surtout une question d’efficacité offensive : les Chiefs scorent des TDs, les Bills des FGs ; cela permet aux champions sortants de retourner en finale avec une victoire 38-24.

Super Bowl LV voit Kansas City affronter les Tampa Bay Buccaneers qui possèdent un visage connu des Chiefs : le Quarterback Tom Brady, transfuge des Patriots. Mais la vraie histoire de ce match, c’est que non seulement les champions AFC ont perdu l’excellent Tackle Mike Remmers pendant la saison, mais ils ont aussi perdu l’autre Tackle, Eric Fisher, pendant la finale AFC. On se demande donc si Mahomes va pouvoir échapper à la défense étouffante des champions NFC ; le résultat est rapidement connu : le #15 court pour sa vie toute la rencontre, tentant exploit sur exploit pour se sortir de situations compliquées. En face, Brady a une bonne protection et le match n’offre pas beaucoup de suspense : les Bucs l’emportent 31-9, empêchant le doublé des Chiefs.

Kansas City repart sur le sentier de la guerre en 2021, mais la saison est un peu différente : si la défense limite les points encaissés, elle encaisse des wagons de yards en première partie d’année, forçant Mahomes à tenter trop de miracles et à perdre le cuir ; un départ à 3-4 fait penser que Reid a peut-être perdu la main. Cependant l’escouade défensive se reprend un peu et permet à l’attaque d’être plus efficace, surtout avec l’intégration du premier tour Centre Creed Humphrey qui s’installe de suite comme un redoutable capitaine sur une ligne qui a vu les arrivées des ex-Patriot Guard Joe Thuney et ex-Raven Tackle Orlando Brown. Les Chiefs finissent à 12-5 et se séparent aisément de Pittsburgh 42-21 en Wild Card.

Le Divisional Round amène Buffalo dans une revanche de la finale AFC de l’année dernière, et cette fois les deux équipes se suivent au score. Au temps-mort des deux minutes du dernier quart-temps, les Chiefs mènent 26-21… le début de quelques minutes de folie : deux touchdowns de Gabriel Davis (qui en marque 4 au total !) – dont le deuxième en 4e&13 – prennent en sandwich un big play de Hill de 64 yards jusqu’au touchdown ; une conversion à deux points permet à Buffalo de mener 36-33 avec 13 secondes restantes. Deux passes de Mahomes transpercent la couverture pourtant si excellente de Buffalo sur le dernier drive et permettent aux Chiefs d’arracher une prolongation miraculeuse sur un Field Goal. Mahomes plie l’histoire sur le premier drive, trouvant Kelce pour le touchdown de la victoire 42-36. En finale AFC, les surprenants Bengals se déplacent à Arrowhead, et à la stupéfaction des fans c’est une redite du match de saison régulière : les Chiefs dominent pendant deux quart-temps et demi (21-3) puis s’écroulent ; il faut un dernier drive de Mahomes pour forcer la prolongation à la dernière seconde, 24-24. Est-ce que la franchise va encore s’en sortir ? Pas cette fois : sur le premier drive, Mahomes force une passe longue interceptée et remontée par Cincinnati ; cela permet aux visiteurs de l’emporter 27-24.

Autant dire que les Chiefs sont motivés à repartir pour 2022… et peu de monde va pouvoir leur résister. Pourtant, cela démarre par un coup de tonnerre avec le départ de Tyreek Hill à Miami ; Tyrann Mathieu fait également partie des joueurs quittant le Missouri. La franchise ne sourcille pas : elle signe l’ex-Steeler JuJu Smith-Schuster et l’ex-Packer Marquez Valdes-Scantling, drafte le second tour Skyy Moore puis échange pour récupérer l’ex-Giant Kadarius Toney ; en défense, la draft apporte deux choix du premier tour, le Cornerback Trent McDuffie et le Defensive End George Karlaftis. L’attaque ne ralentit pas d’un pouce, Mahomes empoche son deuxième titre de Most Valuable Player avec 5250 yards et 41 touchdowns, la défense monte en puissance, et Kansas City termine en tête de l’AFC à 14-3. Malgré une blessure à la cheville, le Quarterback mène son équipe à une victoire en Divisional Round contre de vaillants Jaguars 27-20, puis elle retrouve Cincinnati pour sa cinquième finale AFC consécutive : les rookies contribuent et le pass-rush ferme la porte pour une revanche 23-20.

Super Bowl LVII est celui des retrouvailles car c’est Philadelphie qui a remporté la NFC : Andy Reid face à l’équipe avec laquelle il a tellement buté sur les dernières marches, et les frères Kelce avec le Centre Jason face au Tight End Travis. Le match est un duel de poids lourds dont Philly semble sortir vainqueur en première mi-temps jusqu’à ce que Nick Bolton retourne un fumble de Jalen Hurts jusqu’au touchdown pour adoucir la note à la pause, 24-14. C’est le moment choisi par Reid et le Coordinateur Offensif Eric Bieniemy pour sortir la boîte à malices : la défense des Eagles n’a aucune réponse en deuxième mi-temps ; en parallèle, la défense se rebiffe et Toney établit un record avec un retour de punt de 65 yards qui place les Chiefs en position de creuser l’écart, 35-27. Philadelphie revient à égalité sur le drive suivant, mais le dernier drive appartient à Mahomes… et aux arbitres qui, ayant laissé jouer tout le match, sifflent un holding de James Bradberry sur Smith-Schuster donnant un first down décisif. Harrison Butker donne la victoire 38-35 avec un Field Goal de 27 yards. Mahomes remporte un deuxième titre de MVP du Super Bowl, et les Chiefs s’établissent définitivement comme la nouvelle dynastie de la NFL.

Kansas City repart en campagne en 2023 avec la ferme intention de ne pas faire comme 2020, c’est-à-dire rater le doublé. La ligne offensive est renforcée avec l’arrivée de l’ex-Jaguar Jawaan Taylor et il y a un remaniement chez les cibles… ce qui explique peut-être que l’attaque patine en début de saison malgré l’arrivée du rookie Rashee Rice ; pour une fois, c’est la défense qui mène la danse avec la meilleure unité qu’on ait vue depuis bien longtemps, notamment contre la course. L’offensive finit par trouver la solution même si elle a des ratés (spécifiquement les drops), mais ce lent démarrage empêche la franchise d’accrocher le seed #1 ; c’est néanmoins un nouveau titre de division à 11-6. Le WIld Card Round se joue dans une température frigorifique à Arrowhead qui congèle les explosifs Dolphins dans une victoire 26-7 dominée par la défense des locaux. Le Divisional Round est le premier match de playoffs à l’extérieur pour Mahomes chez l’ennemi préféré, Buffalo : le sophomore coureur Isiah Pacheco fait un énorme travail dans un combat où les deux équipes se rendent coup pour coup ; le dernier est un coup manqué qui voit le Kicker des Bills Tyler Bass rater le Field Goal de l’égalisation, permettant aux visiteurs de l’emporter 27-24. La finale AFC emmène Kansas City à Baltimore où, encore une fois, la défense s’avère la pièce essentielle en limitant Lamar Jackson pour une victoire 17-10.

Super Bowl LVIII est aussi celui des retrouvailles puisque c’est une revanche du Super Bowl LIV : Kansas City contre San Francisco. Contrairement à il y a quatre ans, ce sont les 49ers qui prennent l’avantage 10-0 via un contrôle des deux lignes de scrimmage. Mais ils n’arrivent pas à faire le trou davantage et la pause arrive sur le score de 10-3. Le momentum semble être du côté des californiens avec une interception de Mahomes à la reprise, mais la défense des champions AFC tient encore, et une boulette sur équipes spéciales des 49ers permet aux hommes de Reid de passer devant 13-10. Démarre un chassé-croisé dans lequel Kelce est davantage trouvé mais San Francisco ne lâche rien : il faut un dernier drive de Mahomes pour égaliser à 19-19 et forcer la deuxième prolongation de l’histoire du Super Bowl. Les 49ers gagnent le toss mais la défense de Steve Spagnuolo fait encore le travail, limitant à un Field Goal : c’est plus qu’il n’en fallait à Mahomes pour faire un nouveau drive d’anthologie de 13 actions, 75 yards et 7:19 ; l’horloge indique 0:00 quand Mecole Hardman score le touchdown de la victoire 25-22. Après deux décennies, la NFL voit une équipe réussir le doublé, et qui d’autre que les Chiefs pour le réussir.