Fiche Franchise : Indianapolis Colts

500-Colts

 

Présentation

 

Généralités

 

Création 1953
Division AFC South
Stade Lucas Oil Stadium
Propriétaire Jim Irsay
Président Jim Irsay
Manager Général Chris Ballard
Head Coach Shane Steichen
Titres 2 NFL (1958, 1959)
2 Super Bowls (1970, 2006)
Site Internet http://www.colts.com/

 

Introduction

 

Les Colts sont basés à Indianapolis, dans l’état d’Indiana. Ils sont nommés après le petit du cheval, le poulain (the colt), ce qui explique le fer à cheval représentatif de l’équipe. Les Colts actuels sont nés en NFL en 1953 en tant que Baltimore Colts avant de déménager à Indianapolis en 1984. Ils étaient alors dans l’AFC East avant d’aller en AFC South avec l’arrivée des Texans de Houston.

Ils ont connu plusieurs périodes de succès couronnées par deux titres NFL avant la création du Super Bowl et quatre participations à la grande finale (1969, 1970, 2006, 2009) pour deux victoires.

 

Uniforme et Mascottes

 

Les Colts utilisent les couleurs blanc et bleu.

  • Tenue couleur : maillot bleu – numéro blanc – pantalon blanc – socks bleu.
  • Tenue blanche : maillot blanc – numéro bleu – pantalon blanc – socks bleu.
  • Tenue alternative : maillot blanc – numéro bleu – pantalon blanc – socks blanc.

Leur mascotte s’appelle « Blue », un cheval anthropomorphique qui porte un maillot des Colts avec un fer à cheval devant.

https://i.pinimg.com/originals/44/6c/7d/446c7df4a4ae8f56810a0ceef6c27be6.jpg

 

Membres du Hall Of Fame

 

1978 – Weeb Ewbank (Coach)
1968 – Art Donovan
1972 – Gino Marchetti
1973 – Raymond Berry, Jim Parker
1975 – Lenny Moore
1979 – Johnny Unitas
1992 – John Mackey
1997 – Don Shula (Coach)
1999 – Eric Dickerson
2015 – Bill Polian (General Manager)
2016 – Tony Dungy (Coach), Marvin Harrison
2020 – Edgerrin James
2021 – Peyton Manning
2024 – Dwight Freeney

 

Numéros retirés

 

18 – Peyton Manning
19 – Johnny Unitas
22 – Buddy Young
24 – Lenny Moore
70 – Art Donovan
77 – Jim Parker
82 – Raymond Berry
89 – Gino Marchetti

 

Stade

 

http://www.stadiumsofprofootball.com/wp-content/uploads/2016/07/lucas16_top.jpg

Les Indianapolis Colts jouent au Lucas Oil Stadium.
Il a été inauguré le 16 août 2008.
Il peut contenir 63.000 places, extensible à 70.000.

 

L’histoire de la franchise

 

Sommaire

 

  1. Les débuts du football professionnel à Baltimore (1946-1953)
  2. Weeb Ewbank et les premiers succès (1954-1962)
  3. Don Shula et les occasions manquées (1963-1970)
  4. Victoire et déchéance (1971-1974)
  5. Ted Marchibroda ne réussit qu’un temps (1975-1983)
  6. « The Move » et les répercussions (1984-1993)
  7. Le duo Faulk-Harbaugh (1994-1996)
  8. Manning, sauveur de la saison régulière mais… (1997-2004)
  9. Super Bowl XLI et rivalité avec les Patriots (2004-2010)
  10. De Manning à Luck (2011-2018)
  11. QB1, à qui le tour ? (2019-2023)

 

Les débuts du football professionnel à Baltimore (1946-1953)

 

En 1946, une ligue concurrente de la NFL, l’All-American Football Conference (AAFC) est créée. Une de ses franchises se base à Miami, devenant la première équipe de football professionnel de la ville, et de l’état de Floride. Malheureusement, les Seahawks de Miami se retrouvent rapidement en banqueroute et doivent se délocaliser à Baltimore, où ils se renomment les Colts (les poulains, en référence à la tradition d’élevage de chevaux de l’état, d’où le logo en forme de cheval). L’équipe alterne le bon et le moins bon avec trois saisons à 2-11-1 en 1947, 7-8 en 1948 et 1-11 en 1949, malgré la présence du futur Hall Of Famer Quarterback Y.A. Tittle.

Malgré ces résultats plutôt faibles, les Colts font partie du contingent des équipes qui arrive en NFL en 1950 quand l’AAFC est absorbée, avec les Browns de Cleveland et les 49ers de San Francisco. Malheureusement, l’équipe connaît déjà des troubles financiers et disparaît après seulement une seule saison à 1-11. Les fans de Baltimore regrettent la disparition de la franchise, mais ils vont avoir une nouvelle chance assez rapidement.

En parallèle à la seule saison des Colts en NFL, les Yankees de New York connaissent eux aussi des problèmes et l’équipe est dissoute. Baltimore espère pouvoir récupérer la franchise, mais celle-ci se délocalise à Dallas pour devenir les Texans. Néanmoins l’expérience est un raté complet et l’équipe disparaît aussi vite qu’elle est apparue. Cette fois, la ville de Baltimore fait le pressing avec un dossier solide, et le commissioner de la NFL, Bert Bell, finit par lui accorder la franchise des Texans. Sans surprise, elle est elle aussi renommée en Colts.

Colts-GinoMarchetti
Gino Marchetti

Les nouveaux Colts de Baltimore renaissent donc début 1953 sous la conduite du propriétaire Carroll Rosenbloom et du coach Keith Molesworth. Ils sont versés dans la Western Conference avec les Bears de Chicago, les Lions de Detroit, les Packers de Green Bay, les 49ers de San Francisco et les Rams de Los Angeles. La première saison commence en fanfare par une victoire contre les Bears 13-9, mais se termine moins bien avec un record de 3-9. Et pourtant, il y a du talent dans cette équipe : les futurs Hall Of Famers Defensive Tackle Art Donovan et Defensive End Gino Marchetti forment un duo terrible alors que Carl Taseff est un couteau suisse qui peut courir, recevoir, défendre et retourner.

L’organisation prend alors une première décision cruciale dans l’histoire de la jeune franchise : Molesworth est ré-affecté et remplacé par un ancien assistant des Browns.

 

Weeb Ewbank et les premiers succès (1954-1962)

 

Le futur Hall Of Famer Wilbur « Weeb » Ewbank va de suite frapper fort à la draft 1954, en sélectionnant le futur Hall Of Famer receveur Raymond Berry et le Defensive End Ordell Braase. La saison semble ne pas apporter d’amélioration tout de suite avec un nouveau record de 3-9 en 1954, mais Ewbank continue de bâtir son équipe : il rajoute le Quarterback George Shaw, le coureur Alan Ameche, le Centre/Linebacker Dick Szymanski et le Tackle Dan Preas en 1955 ; les Colts relèvent doucement la tête, terminant à 5-6-1.

Colts-UnitasEwbank
Johnny Unitas et Weeb Ewbank

En 1956, le coach réussit encore deux gros coups : il sélectionne le futur Hall Of Famer coureur Lenny Moore, et il signe le Defensive Tackle Eugene « Big Daddy » Lipscomb des Rams. Cependant, sa meilleure décision est ailleurs : pendant l’offseason, l’équipe essaie quelques joueurs, dont deux de l’équipe semi-professionnelle des Bloomfield Rams, le Defensive Lineman Jim Deglau et un certain Quarterback, Johnny Unitas ; ce dernier a été libéré des Steelers juste après sa draft en 1955 sans avoir pu montrer de quoi il était capable. Unitas est immédiatement signé et il remplace un Shaw blessé pour finir la saison sur un record de 5-7. En 1957, l’équipe drafte encore un futur Hall Of Famer avec le Tackle Jim Parker, sans oublier le Linebacker Don Shinnick et le Defensive Back Andy Nelson, alors que Unitas gagne le poste de titulaire. La maturation de tous ces talents, et surtout celle du Quarterback, permet enfin à la franchise de passer dans les records positifs à 7-5, ratant les playoffs de peu.

1957 a amorcé les prémisses d’une équipe exceptionnelle qui explose en 1958. Unitas et Berry, par leur entraînement sans relâche, mettent au point un timing spécifique entre Quarterback et receveur ; Unitas crée les 3-step et 5-step drops, les pas de reculs du Quarterback en fonction du parcours du receveur. Unitas est également le premier Quarterback à passer à profusion pour revenir à la fin de la partie, ce qu’on appelle aujourd’hui le 2-minute drill : une série de jeux à appliquer pour remonter le terrain et marquer quand il ne reste que deux minutes à jouer. Les deux compères sont en plus bien aidés par le trio dévastateur Ameche, Moore et Parker. La défense est au diapason avec un Marchetti élu MVP, Donovan, Lipscomb, Szymanski, Shinnick ou Nelson, et rien ne peut arrêter les Colts.

Ils finissent 9-3 et accèdent au match du titre contre les Giants de New York au Yankee Stadium. Ce match, le premier télévisé au niveau national, est plus qu’une finale, car c’est une opportunité pour la NFL de se faire connaître dans tout le pays. Devant la nation entière, les Colts prennent l’avantage 14-3, mais les Giants reviennent et mènent 17-14. Le drive final des Colts est une démonstration de Unitas et Berry, grâce auxquels le Kicker Steve Myhra égalise à 17-17 à la fin du temps réglementaire. Ce résultat crée la première prolongation dans l’histoire de la NFL devant une audience suspendue au résultat. Pendant la prolongation, les Giants sont obligés de dégager et Unitas repart au travail avec Berry, Ameche et Moore pour arriver à un petit yard des Giants. Un Field Goal suffit, mais Unitas ne fait pas autant de calcul et envoie Ameche scorer le touchdown de la victoire. Les Colts remportent leur premier titre 23-17, et ce jour-là c’est surtout la NFL qui gagne : les implications médiatiques et le nombre de futurs Hall Of Famers participant à ce match lui valent le surnom de Greatest Game Ever Played.

1959 est la répétition quasi-exacte de la saison précédente : l’équipe termine une nouvelle fois à 9-3 et retrouve les Giants de New York en finale NFL ; la seule différence est que cette fois, le match a lieu à Baltimore. La rencontre semble se diriger encore une fois vers un résultat serré quand New York mène 9-7 à l’orée du dernier quart-temps, mais les Colts mettent un terrible coup d’accélérateur et scorent 24 points de suite ; les Giants ne se relèveront pas et Baltimore accroche son deuxième titre NFL, 31-16.

johnny-unitas-berry
Unitas et Raymond Berry

En 1960, Ewbank fait encore une sélection intelligente à la draft avec le futur Hall Of Famer Tackle Ron Mix, le Defensive End Don Floyd, le coureur Don Perkins, le Defensive Back Bobby Boyd ou le Linebacker Larry Grantham ; néanmoins il ne pourra profiter que de l’arrivée de Boyd : Mix, Floyd et Grantham préfèrent partir jouer dans la toute nouvelle ligue concurrente qui les a également draftés, l’AFL, alors que Perkins part dans la nouvelle franchise NFL des Cowboys de Dallas. Les Colts semblent se diriger vers une nouvelle finale à 6-2, mais ils s’effondrent en fin de saison pour terminer à 6-6. Parmi ces défaites de fin de saison, il y a celle contre les Rams de Los Angeles qui marque l’arrêt d’une série incroyable : depuis la dernière semaine de 1956 contre les Redskins, Johnny Unitas a lancé au moins un touchdown à la passe dans chacun de ses matchs ! C’est un record de 47 rencontres consécutives qui tiendra 52 ans avant d’être battu par Drew Brees en 2012.

Le coureur Tom Matte vient renforcer l’équipe à la draft de 1961 mais cette fois c’est le début de saison qui pose problème ; les Colts terminent à 8-6 sans pouvoir retourner en finale. Malgré la draft du Defensive Tackle Fred Miller, l’âge de certaines stars et les blessures rattrapent la franchise en 1962 ; elle ne peut faire mieux qu’un record équilibré à 7-7. Rosenbloom sent alors qu’elle a besoin de sang neuf, et il décide de renvoyer Ewbank pour le remplacer par un ancien joueur qui a joué la première saison à Baltimore en 1953.

 

Don Shula et les occasions manquées (1963-1970)

 

Colts-JohnMackeyDonald « Don » Shula s’occupe de mettre du sang neuf sur le terrain avec une excellente draft de 1963 : le futur Hall Of Famer Tight End John Mackey, le Tackle Bob Vogel et le Defensive Back Jerry Logan intègrent l’équipe. Shula se heurte cependant à Unitas qui a les commandes totales de l’attaque, appelant ses propres jeux, et qui ne supporte pas que le Coach lui dise quelle tactique utiliser. Une fois que chacun a compris les habitudes de l’autre, la paire mène les Colts vers une saison prometteuse à 8-5.

En 1964, Mackey et Matte se révèlent être un renouveau pour Unitas, qui est élu MVP de la saison ; Mackey particulièrement est un phénomène, le premier Tight End capable de courir des vraies routes de receveurs comme les tracés longs. L’attaque des Colts redevient première de la ligue depuis 1959, bien assistée par une défense qui finit également en tête. La saison se termine sur un 12-2 retentissant et une qualification pour la troisième finale de Baltimore ; Don Shula est élu Coach Of The Year. Malheureusement rien ne va dans le match contre les Browns, et les Colts perdent piteusement sans scorer le moindre point, 27-0.

1965 doit être l’année de la revanche, et Baltimore commence par drafter le Linebacker Mike Curtis ou le Defensive End Roy Hilton. Mais la saison semble tourner court lorsque non seulement Unitas mais également son remplaçant Gary Cuzzo se blessent. Matte doit se muer en Quarterback de rechange pour le dernier match de la saison qui est vital pour la qualification. Il parvient à mener les Colts à une victoire 20-17 et la franchise termine à 10-3-1 pour accéder aux playoffs. Elle affronte les Packers de Green Bay de Vince Lombardi en Divisional Round, et le match est extrêmement serré : chaque équipe marque dix points en une mi-temps, et il faut deux prolongations pour que les Packers l’emportent finalement 13-10 sur un Field Goal victorieux très controversé de Don Chandler car il passe au-dessus d’un des poteaux ; les arbitres le valident malgré les protestations de Baltimore. La ligue va répondre à ces griefs en rehaussant les poteaux un peu plus tard.

Pendant que la NFL et l’AFL se mettent d’accord sur la fusion des deux ligues, les Colts essaient de remporter leur troisième titre. En 1966 ils font une bonne saison à 8-6, mais les Packers dominent la division et Baltimore rate les playoffs. En 1967 les Colts pensent être débarrassés de Green Bay quand la NFL découpe les équipes en quatre divisions ; ils sont dans la Coastal Division avec les Falcons, les 49ers et les Rams de Los Angeles. L’équipe continue de se renforcer avec la draft du Defensive End Bubba Smith ou du Defensive Back Rick Volk, ainsi que la signature du Centre des Packers Bill Curry. Les Colts réussissent une très belle saison à 11-1-2 derrière un Unitas à nouveau MVP ; malheureusement ils perdent le titre de la division contre les Rams au dernier match et ratent encore les playoffs.

Colts-UnitasMooreShula
Unitas, Lenny Moore et Don Shula

La saison 1968 ne semble pas être la bonne année pour espérer voir Baltimore aller loin : Unitas rate la plupart de la saison à cause d’une blessure chronique au coude. Et pourtant, l’équipe a réussi une très bonne signature insoupçonnée en allant récupérer le joueur des Giants, Earl Morall. Le Quarterback fait bien mieux qu’un simple intérim de « Johnny U » puisqu’il est tout simplement élu MVP de la saison ! Avec l’appui des courses de Matte et d’une défense de fer menée par un excellent Boyd, Morall permet aux Colts de ne perdre qu’un seul match de la saison pour finir 13-1. La franchise accède aux playoffs et rencontre les Vikings au Divisional Round, qui sont battus sans souci 24-14. Baltimore retourne enfin en finale NFL et retrouve leurs derniers bourreaux à ce stade, les Browns. Cette fois personne ne peut barrer la route aux Colts qui écrasent Cleveland 34-0 et s’ouvrent les portes de leur tout premier Super Bowl !

Super Bowl III se déroule à l’Orange Bowl de Miami, et autant dire que tout le monde s’attend à une nouvelle victoire de la NFL sur l’AFL. Les deux premières éditions ont été remportés par la NFL via Green Bay, les Colts de la NFL ont marché sur la ligue considérée comme supérieure, et ils se retrouvent en finale contre les Jets de New York menés par le fantasque Joe Namath. Ce dernier a fait un coup d’éclat quelques jours avant la rencontre en déclarant que les Jets allaient l’emporter, car l’AFL a soif de reconnaissance. Le match est une succession d’erreurs entre les ballons perdus et les Field Goals ratés, et à la surprise générale New York mène 7-0 à la mi-temps. L’attaque menée par Morall n’arrive à rien, le Quarterback lançant trois interceptions, et même la rentrée de Unitas ne peut réveiller l’escouade ; pendant ce temps New York alterne courses et passes précises pour augmenter l’écart. Au final, les Colts sont défaits 16-7 et l’AFL remporte son premier Super Bowl à la stupéfaction générale.

Les Colts semblent avoir du mal a digérer cette défaite l’année suivante : ils terminent 8-5-1 sans playoffs, mais au moins ils draftent pour l’avenir avec la sélection du futur Hall Of Famer Linebacker Ted « Mad Stork » Hendricks. Seule un titre aurait pu sauver le poste de Don Shula après la défaite au Super Bowl III ; il est donc remercié par Rosenbloom et s’en va coacher les Dolphins de Miami. Il est remplacé par son assistant, Don McCafferty.

 

Victoire et déchéance (1971-1974)

 

La fusion NFL-AFL intervient alors, une fusion qu’ironiquement les Colts ont « aidé » à faire accepter en étant battus au Super Bowl III (même si l’AFL a également remporté le IV). Les équipes de NFL forment la NFC alors que celles d’AFL forment l’AFC: Il faut néanmoins que trois équipes de la NFL soient reversées dans l’AFC pour équilibrer les conférences. Baltimore est l’une d’entre elles et intègre l’AFC East qui comprend les Bills de Buffalo, les Patriots de New England… et deux vieilles connaissances : les Jets de New York, et les Dolphins de Miami de Shula ! Comme un exutoire, les Colts vont dominer la division pour terminer 11-2-1 et accéder aux playoffs. Les deux tours ne posent pas de problèmes majeures avec des victoires 17-0 sur les Bengals et 27-17 sur les Raiders en finale AFC.

Super Bowl V ramène les Colts sur les lieux de leur cauchemar d’il y a deux ans, l’Orange Bowl. Ils rencontrent une équipe montante de la NFC, les Cowboys de Dallas menés par Tom Landry et Craig Morton. Le match promet sur le papier, mais il se révèle être d’un niveau offensif affligeant avec la bagatelle de onze pertes de balle : trois interceptions et un fumble pour les Cowboys, trois interceptions et quatre fumbles pour les Colts. Et pourtant, malgré cette large différence dans le nombre de ballons perdus, la défense des Colts maintient les Cowboys à portée de tir pendant tout le match. Menés juste 13-6 au début du dernier quart-temps, une interception de Volk tout près de l’en-but de Dallas permet d’égaliser, avant que le Kicker Jim O’Brien ne réussisse le Field Goal de la victoire 16-13. Ce n’est pas joli (à tel point qu’on surnomme le match le Blunder Bowl, i.e. la finale de la boulette), mais Baltimore décroche son premier Super Bowl et a exorcisé sa défaite contre les Jets. Pour bien montrer le caractère unique de cette finale, c’est un perdant, le Linebacker des Cowboys Chuck Howley, qui est nommé MVP du match.

La finale a néanmoins prouvé une chose : Unitas et Morrall ne sont plus ce qu’ils ont été, et l’année 1971 va le confirmer. Même si malgré cela, les Colts parviennent une nouvelle fois en playoffs après une saison à 10-4 et battent les Browns 20-3, ils sont complètement éteints par les Dolphins de Shula 21-0. Et c’est à la fin de la saison que le premier bouleversement frappe la franchise des Colts.

Début 1972, Rosenbloom se frotte à la ville de Baltimore : le stade actuel, le Memorial Stadium, n’est plus assez récent pour accueillir les Colts, et le propriétaire va même jusqu’à proposer de construire un nouveau stade à la place d’une de ses usines. Mais la ville refuse car ce serait dans la banlieue de Baltimore et non dans la ville même. Le maire tente de gagner du temps en faisant des promesses d’amélioration à Rosenbloom mais rien ne vient. Excédé, le propriétaire cherche une autre solution, et appelle une de ses connaissances, Joe Thomas. Après quelques négociations, Thomas trouve un acquéreur pour les Rams de Los Angeles, Robert Irsay, qui accepte d’échanger les Colts avec Rosenbloom. La transaction est faite, Irsay devient le nouveau propriétaire des Colts et Thomas reste comme General Manager ; il va immédiatement marquer l’équipe de son empreinte.

Colts-TheIrsays
Jim et Robert Irsay

Malgré une bonne draft avec le coureur Lydell Mitchell ou le Linebacker Stan White, les Colts déclinent en 1972 et terminent à 5-9 ; cela a valu à McCafferty d’être débarqué et remplacé par John Sandusky. Joe Thomas décide alors de faire un grand ménage pour réinjecter su sang neuf dans la franchise : plus d’une vingtaine de joueurs sont envoyés dans d’autres équipes, y compris des stars comme Johnny U et John Mackey aux Chargers, Bill Curry aux Oilers ou le Defensive End Billy Newsome aux Saints !

Le poste le plus surveillé est bien évidemment celui de Quarterback en 1973 : l’équipe a déjà Marty Domres comme titulaire, mais elle met tous ses espoirs dans le premier tour de la draft Bert Jones. Sans surprise, l’équipe a du mal à faire la transition avec l’ancienne génération, et le nouveau coach Howard Schnellenberger ne peut la pousser qu’à faire un piètre 4-10. Malgré de bons jeunes récupérés à la draft 1974 comme le Defensive Tackle John Dutton, le receveur Roger Carr ou le Guard Robert Pratt, il faut du temps pour que tout cela se mette en place et Baltimore écume les bas-fonds à 2-12, le pire record de son histoire. Après le renvoi de Schnellenberger et une fin de saison où il joue les coachs lui-même, Thomas décide d’aller chercher le Coordinateur Offensif des Redskins, Ted Marchibroda.

 

Ted Marchibroda ne réussit qu’un temps (1975-1983)

 

Le mélange entre les jeunes talents qui émergent et le coaching de Marchibroda, qui est élu Coach Of The Year, permet à la franchise de s’améliorer en 1975 : certes elle remporte de nombreux matchs serrés, mais le résultat est là – les Comeback Colts passent de 2-12 à 10-4 et accèdent aux playoffs ! Une défaite au premier tour 28-10 contre les terribles Steelers n’affaiblit pas la portée de cette performance, que les fans ont surnommé The Miracle on 33rd Street (le nom de la rue où se trouve le Memorial Stadium).

Bert Jones and Ted Marchibroda
Ted Marchibroda et Bert Jones

Néanmoins ce bel élan est mis en danger par l’inimitié entre le Head Coach et le propriétaire ; cela devient tellement invivable qu’ils se mettent d’accord pour que Marchibroda pose sa démission. Les joueurs répondent par une levée de boucliers pour conserver le coach, et Irsay est quasiment obligé de le réembaucher. C’est une bonne décision, car avec lui l’équipe continue de progresser : en 1976 elle améliore son record à 11-3 derrière une saison magnifique de Bert Jones qui est élu MVP ; elle tombe cependant sur un gros os en playoffs car la dynastie des Steelers règne sur l’AFC et Baltimore doit encore s’incliner 40-14.

En 1977, rebelote : bonne saison à 10-4 et playoffs. Le Divisional Round contre l’autre épouvantail de la conférence, les Raiders d’Oakland, est un match légendaire surnommé Ghost To The Post : le Tight End des Raiders Dave « Ghost » Casper réussit une réception difficile qui permet ensuite à Oakland de forcer la prolongation à 31-31. Ce sont finalement les Raiders qui l’emportent en double prolongation 37-31 grâce aux troisième touchdown du match de Casper, éliminant Baltimore.

Peu de gens se doutent alors que les Colts vont entamer une lente descente aux enfers car cela fait un moment qu’aucun jeune talent n’est venu à la draft. C’est la blessure de Bert Jones et le manque de talent en défense qui plombent l’équipe en 1978 et 1979, deux années avec le même record de 5-11. Marchibroda finit par payer la note et il est remplacé par Mike McCormick. Malgré deux ou trois bons jeunes à la draft comme le Tackle Dave Studdard, le Centre Ray Donaldson et le Defensive Back Nesby Glasgow, c’est insuffisant pour permettre à la franchise d’espérer mieux : le retour de Jones en 1980 permet un sursaut offensif, mais les carences défensives plafonnent la performance à 7-9.

Lorsque l’attaque n’est plus là pour tenir l’équipe, l’année 1981 est une catastrophe complète à 2-14. McCormick est remplacé par Frank Kush, mais les problèmes sont bien plus profonds, et Baltimore touche littéralement le fond en 1982 avec une année sans aucune victoire à 0-8-1 (la saison étant raccourcie par la grève).

En 1983, c’est un nouveau double coup dur qui frappe les Colts : le Quarterback Art Schlichter, drafté au premier tour en 1982 afin de remplacer un Bert Jones proche de la retraite, est suspendu un an pour avoir parié sur des matchs NFL ; il va rapidement s’avérer comme un énorme bust (ses problèmes le mèneront en prison plus tard). Baltimore pense trouver son successeur avec le Quarterback de Stanford John Elway à la draft 1983, mais ce dernier refuse catégoriquement de jouer pour les Colts, menaçant d’aller évoluer au baseball ou en USFL ! La franchise est obligée de le laisser filer aux Broncos avec contrepartie, et c’est avec Denver qu’il fera sa carrière de futur Hall Of Famer.

JohnElwaybaseballMalgré ces circonstances très compliquées, l’équipe parvient à monter une saison moyenne qu’ils achèvent sur un record de 7-9, mais le terrain va rapidement laisser place à une autre mauvaise surprise : car en filigrane il y a toujours cette histoire de nouveau stade qui traîne depuis l’époque de Rosenbloom ! C’est cette ancienne bombe à retardement qui va finir par exploser au printemps 1984.

 

« The Move » et les répercussions (1984-1993)

 

Le bail des Colts avec le Municipal Stadium est terminé et la ville refuse de construire un nouveau stade, ne voulant pas faire peser ce poids financier supplémentaire sur les habitants. Après un imbroglio judiciaire impliquant Irsay, la ville de Baltimore, la NFL et la cour du Maryland, le déménagement est autorisé et la cible est choisie : Indianapolis. Dans une course contre la montre, Irsay orchestre alors le déplacement des bureaux des Colts en pleine nuit du 28 au 29 mars 1984 afin de surprendre tout le monde ! Le lendemain au réveil, c’est trop tard : Baltimore se réveille sans plus aucune équipe de football ; les Colts sont désormais dans l’Indiana et jouent dans le RCA Dome.

Colts-movingC’est toute la ligue qui est secouée par ce départ précipité, avec quelques heureux : les fans d’Indianapolis. Alors que Baltimore provoque procès sur procès jusqu’à la Cour Suprême pour annuler cette décision, les Colts continuent de souffrir : malgré quelques jeunes talentueux rajoutés à la draft comme le Linebacker Duane Bickett (qui est élu Defensive Rookie Of The Year) ou le Defensive Back Eugene Daniel, l’équipe continue d’avoir de grosses difficultés avec des records de 4-12 puis de 5-11. Kush laisse sa place à Hal Hunter puis à Rob Dowhower, mais sans succès.

En décembre 1985, la Cour Suprême décide de mettre fin au débat sur le déménagement des Colts en clôturant tout procès ; la franchise va rester à Indianapolis quoi qu’il arrive. Les Colts espèrent trouver un nouveau Quarterback avec la draft de Jack Trudeau, alors que le receveur Bill Brooks et le Defensive End Jon Hand arrivent également, mais la saison 1986 est un nouvel échec cuisant à 3-13 pour les Colts ; Dowhower est remplacé par Ron Meyer. Dans les coulisses, un accord est enfin trouvé entre les Colts et Baltimore : l’équipe garde le nom de Colts mais doit aider Baltimore à monter une nouvelle franchise ; cela n’arrivera pas de suite, poussant la ville à accueillir une équipe d’USFL puis de CFL entre-temps, jusqu’à ce que les Browns de Cleveland arrivent en 1995 pour créer les Ravens.

En 1987, la saison est raccourcie à cause de la seconde grève des joueurs. Les Colts espèrent avoir drafté un futur pilier de la défense avec le Defensive End Cornelius Bennett, mais les deux parties n’arrivent pas à tomber d’accord sur le contrat. Un échange monstre a lieu entre les Colts, les Rams et les Bills, et si Indianapolis perd Bennett à Buffalo, elle récupère le futur Hall Of Famer coureur des Rams Eric Dickerson. Une excellente défense permet à l’équipe de s’améliorer et d’arracher une place en playoffs à 9-6, même si elle ne va pas très loin, battue 38-21 par les Browns de Cleveland.

Colts-EricDickersonLes Colts espèrent drafter leur Quarterback du futur avec Chris Chandler en 1988, qui est rapidement mis à contribution après un début de saison à 0-3 ; grâce à un Dickerson qui continue de porter l’équipe avec 1659 yards au sol, la franchise termine 9-7 mais rate les playoffs de justesse. Malgré la sélection du receveur Andre Rison, c’est la même histoire en 1989 avec un record de 8-8 insuffisant ; Chandler est mis sur le banc après un très mauvais départ.

D’ailleurs, Indianapolis considère avoir fait une erreur avec sa sélection, et tente de la réparer de manière drastique : l’équipe envoie entre autres le jeune Rison à Atlanta pour remonter à la draft 1990 et sélectionner le Quarterback Jeff George ; Chandler, lui, est envoyé à Tampa Bay. La franchise en profite aussi pour signer un Defensive Tackle non-drafté, Tony Siragusa. Malheureusement, la saison est pourrie par les négociations de contrat entre Dickerson et l’équipe, et la franchise ne peut faire mieux que 7-9. Pour ne rien arranger, le coureur est sur la fin de carrière et fait une saison 1991 catastrophique au milieu d’une attaque anémique qui ne score que 143 points, un « record » à l’époque sur une saison de 16 matchs (Seattle fera pire l’année suivante avec 140). La franchise termine au fond de la ligue à 1-15, et doit sa seule victoire dans la saison à une victoire d’un petit point 28-27 contre les Jets.

Il faut sauver la maison Colts, et pour cela l’organisation rappelle une vieille connaissance : Ted Marchibroda. Elle décide également d’échanger un Dickerson devenu ingérable aux Raiders, ce qui lui permet d’ailleurs d’avoir les deux premiers picks à la draft. Le problème c’est que le premier, le Defensive End Steve Emtman, est un bust qui finira ses trois saisons dans l’Indiana sur IR ; la saison 1992 est en dents de scie et doit son record plutôt positif de 9-7 à une défense qui relève un peu la tête. Mais cela ne tient qu’à un fil qui se casse en 1993 avec une nouvelle catastrophe et un record de 4-12.

Que faut-il pour que les Colts reviennent sur le devant de la scène ?

 

Le duo Faulk-Harbaugh (1994-1996)

 

Colts-FaulkLa franchise peut se relancer à la draft 1994 car elle possède deux choix dans le top cinq après un échange. La logique voudrait que les Colts prennent un coureur et un Quarterback, mais le General Manager Bill Tobin ne le voit pas de cet oeil, car l’équipe a signé le Quarterback des Bears Jim Harbaugh. Il décide donc de prendre le coureur Marshall Faulk puis le Linebacker Trev Alberts ; autant il a raison pour Faulk, qui est un futur Hall Of Famer, et pour Harbaugh, qui va s’avérer compétent, autant il se trompe complètement sur Alberts qui est un bust. Sous la houlette du Quarterback et du coureur, qui est élu Offensive Rookie Of The Year, l’attaque s’améliore quelque peu et les Colts parviennent à faire une saison équilibrée à 8-8.

L’équipe continue de rebâtir l’attaque avec la sélection du futur Hall Of Famer receveur Marvin Harrison à la draft 1995, et elle se mue en Cardiac Colts semaine après semaine : les matchs sont rarement gagnés ou perdus avant la fin. L’équipe finit la saison avec une différence de points de +15 (soit un point d’écart par match en moyenne) et parvient à arracher une place de playoffs lors du dernier match avec un record de 9-7. Personne n’attend grand-chose de ces Colts, et pourtant l’équipe va choquer la conférence : malgré la blessure de Faulk dès le début des playoffs, ils éliminent les Chargers en Wild Card 35-20, et surtout ils profitent d’un jour sans du Kicker de Kansas City qui rate trois Field Goals pour battre les Chiefs, la meilleure équipe de la saison, 10-7 en Divisional Round.

En finale de conférence, les Colts tombent sur les Steelers de Pittsburgh dans un match resté célèbre pour sa fin rocambolesque : Indianapolis est mené 20-16 à la dernière seconde, et Harbaugh lance une Hail Mary dans l’en-but. Dans une nuée de joueurs qui s’écroulent, le receveur Aaron Bailey se relève en brandissant le ballon, mais l’arbitre fait signe que la balle a touché terre. Les ralentis prouvent alors que le juge a bien raison, et la désillusion est terrible pour les Colts qui restent à quelques centimètres du retour au Super Bowl.

Cette déception est suivie de l’inquiétude au niveau de l’organisation : un mois après la défaite, Robert Irsay est victime d’un accident cardiaque qui le laisse affaibli ; c’est alors la guerre chez les successeurs. Mais il y a également la situation du coach Marchibroda, qui décide de claquer la porte quand on ne lui offre qu’un contrat d’un an. Et il ne va pas n’importe où puisqu’il va prendre le poste de Head Coach dans la toute nouvelle franchise des Ravens… de Baltimore !

Lindy Infante remplace Marchibroda, alors qu’Indianapolis drafte un beau duo de Tackles avec Tarik Glenn et Adam Meadows, mais la saison 1996 est une accumulation de blessures qui affaiblissent la franchise ; elle parvient à aller en playoffs de justesse avec un record de 9-7, mais elle est sortie au premier tour par les Steelers, 42-14. Jim Irsay, le fils de Robert, finit par emporter la franchise aux tribunaux début 1997, peu avant que son père ne décède. Sa première saison comme propriétaire est catastrophique : les blessures et le talent insuffisant précipitent les Colts à 3-13. Irsay décide alors de faire le ménage.

BillPolianLe propriétaire renvoie le duo Tobin-Infante pour engager le futur Hall Of Famer Bill Polian en tant que Président & General Manager ; Polian s’est distingué comme l’architecte des Bills dominateurs du début des années 1990, et celui des Panthers récents finalistes NFC dans leur deuxième année d’existence. Polian recherche son Head Coach et nomme alors l’ancien des Saints, Jim Mora Senior. La suite logique est de trouver un franchise Quarterback qui puisse élever le niveau de l’équipe : cela tombe bien, car à la draft 1998 il y a deux top prospects au poste, l’un semblant déjà prêt pour la NFL avec quelques limitations au niveau du bras (Peyton Manning) et l’autre ayant plus de potentiel mais pas encore entièrement développé (Ryan Leaf). Après plusieurs tests, Polian fait son choix : ce sera le prospect déjà prêt qui n’est pas aussi limité qu’on le croit… le futur Hall Of Famer Peyton Manning.

 

Manning, sauveur de la saison régulière mais… (1997-2004)

 

Le fils d’Archie Manning, Quarterback des Saints dans les années 1970, intègre l’équipe des Colts, et il va vite être apparent que c’était le bon choix : Leaf, drafté en #2 par les Chargers, va s’écraser complètement et il est toujours considéré comme le plus gros bust de l’histoire de la NFL. Manning est immédiatement nommé titulaire, et sa toute première passe en NFL lors du premier match de présaison est une passe vers Marvin Harrison qui s’en va marquer un touchdown de 48 yards ! C’est la naissance d’un duo Quarterback-receveur qui va rester dans les livres d’histoire. Mais pour l’instant la situation est loin d’être rose, notamment avec une embrouille salariale entre les Colts et Faulk ; ce dernier rate un bout de la saison, Harrison aussi, et Manning a du mal à s’acclimater. Les Colts terminent une nouvelle fois 3-13.

http://www2.pictures.gi.zimbio.com/Peyton+Manning+Marvin+Harrison+Houston+Texans+FP2yRE0l74wl.jpg
Marvin Harrison et Peyton Manning

En 1999, les Colts font un geste apparemment insensé : ils se séparent de Faulk, leur joueur le plus productif depuis plusieurs saisons, en l’envoyant aux Rams. La majorité des observateurs pense que de ce fait, Indianapolis va prendre à la draft le vainqueur du Heisman Trophy, le coureur Ricky Williams. Il est encore disponible en #4 quand Polian doit choisir, mais il surprend tout le monde en lui préférant le futur Hall Of Famer coureur Edgerrin James. Les mauvaises langues n’auront que quelques mois pour critiquer le choix, car « Edge » va devenir un facteur immédiat dans l’attaque, devenant Offensive Rookie Of The Year. Manning lance plus de 4000 yards, trouve en Harrison un parfait compagnon à la passe, et les Colts exéYoucutent un des plus beaux retournements de l’histoire de la NFL : de 3-13 en 1998, ils passent à 13-3 en 1999 ! La belle histoire s’arrête cependant brutalement au premier tour avec une défaite contre les Titans du Tennessee 19-16 ; des Titans qui iront jusqu’au Super Bowl remporté par les… Rams de Faulk.

Malheureusement, dans cet afflux de nouveaux talents, un problème latent va se révéler : si l’attaque carbure, la défense est à la traîne, se retrouvant régulièrement dans les dix dernières de la ligue. En 2000, Manning passe la vitesse supérieure en mettant au point une attaque basée sur le no-huddle comme la fameuse K-Gun Offense des Bills au début des années 1990. Grâce aux efforts de Harrison et James ainsi qu’à la titularisation d’un Centre non-drafté signé l’année dernière, Jeff Saturday, l’attaque continue d’avancer et les Colts parviennent à un record de 10-6 ; malheureusement la défense les lâche de nouveau dans le premier tour des playoffs et les Colts perdent contre les Dolphins 23-17.

En 2001, l’attaque se renforce encore avec la draft du receveur Reggie Wayne et celle du Tackle Ryan Diem, mais malheureusement James se blesse au genou et rate une partie de la saison. Et bien qu’il soit remplacé de manière acceptable par le non-drafté Dominic Rhodes, c’est encore une fois la défense qui agit comme un poids morts, entraînant l’équipe à un record de 6-10 en étant une des pires de la ligue. Jim Mora refuse pourtant de renvoyer ses assistants en défense et il finit par payer la note lui-même en étant débarqué, mais pas avant de marquer l’histoire des conférences de presse au soir d’une défaite contre les 49ers avec son fameux « Playoffs ? Are you kidding me ?! Playoffs ?!! » Les Colts engagent alors le Head Coach des Buccaneers et futur Hall Of Famer Tony Dungy, spécialiste de la défense, pour redresser la barre.

Dungy et Polian vont de suite s’atteler au problème défensif : à la draft de 2002, ils jettent leur dévolu sur un pass-rusher d’avenir, le futur Hall Of Famer Defensive End Dwight Freeney. Avec l’arrivée des Texans, les Colts sont reversés dans l’AFC South comprenant les Jaguars, les Titans et la nouvelle franchise de Houston. Freeney a un impact immédiat sur la défense, sauf que cette fois c’est l’attaque qui connaît des ratés : Manning lance trop d’interceptions, James se blesse de nouveau, mais Harrison survole la ligue en postant 143 réceptions (un record NFL qui tient toujours) pour 1722 yards. C’est suffisant pour arracher les playoffs avec un record de 10-6, mais l’équipe se désagrège complètement en Wild Card, étrillée 41-0 par les Jets !

Colts-FreeneyMathis
Dwight Freeney et Robert Mathis

Les spécialistes commencent à se poser des questions sur la capacité de Manning à gagner les matchs importants (i.e. en playoffs), et même ses propres partenaires le font aussi comme le Kicker Mike Vanderjagt lors d’une interview controversée pour une télévision canadienne. Au moins le botteur fait son travail en 2003 avec une saison parfaite en tout point : 96 kicks réussis sur 96 tentés, que ce soit Field Goals et transformations. A la draft, les Colts apportent deux armes notables pour continuer sur leur lancée : le Tight End Dallas Clark et le Defensive End Robert Mathis ; ils ajoutent aussi le Linebacker Gary Brackett, signé non-drafté. Les escouades offensives et défensives jouent enfin au diapason, et les Colts terminent 12-4 derrière un Peyton Manning qui remporte le titre de MVP. Indianapolis brise la malédiction des playoffs en écrasant les Broncos 41-10 au premier tour, avant de vaincre les #1 de la conférence, les Chiefs 38-31 derrière un combo Manning-Edge inarrêtable. En finale de conférence, les Colts rencontrent les Patriots menés par Tom Brady, mais ces derniers sortent victorieux 24-14, frustrant un peu plus les fans d’Indianapolis.

 

Super Bowl XLI et rivalité avec les Patriots (2004-2010)

 

La draft de 2004 apporte le Guard Jake Scott et le Safety Bob Sanders, lequel va s’avérer aussi excellent que fragile (et il le montre dès sa saison rookie). Malgré cela, Manning gagne son second titre de MVP en établissant un record de 49 touchdowns à la passe en une seule saison, battant l’ancien de trente ans qui appartenait à Dan Marino (48). Les Colts font une nouvelle très bonne saison à 12-4 et arrivent en playoffs. Après une victoire aisée contre les Broncos 49-24 en Divisional Round, la finale AFC est la même affiche que l’année précédente : Indianapolis contre New England. Les Patriots ont déjà battus les Colts pendant la saison en Week 1 27-24 à cause d’un Field Goal manqué de Vanderjagt, et cette finale se déroule dans le froid et sous la neige. Encore une fois, les Patriots barrent la route aux Colts avec une victoire 20-3 et vont remporter leur troisième Super Bowl ; c’est alors que la comparaison entre Manning le premier choix de draft excellent seulement en saison régulière et Brady choisi au sixième tour qui gagne des titres revient continuellement dans les médias.

En 2005, le miracle semble enfin se produire : la défense tourne à plein régime (avec un Bob Sanders qui fait la majorité de la saison), et même si Manning ne peut évidemment pas réitérer sa performance de l’année dernière, le Quarterback et Harrison s’établissent comme la meilleure paire Quarterback-receveur de l’histoire en dépassant Steve Young et Jerry Rice. Les Colts démarrent 13-0 puis reposent les titulaires pour terminer à 14-2… une erreur qu’ils vont payer en Divisional Round contre Pittsburgh, car cela fait un mois que les titulaires n’ont pas vraiment joué un match compétitif. Les Steelers mènent 21-3 au début du dernier quart-temps avant que Manning se réveille et ramène Indy à 21-18, mais c’est à ce moment que Mike Vanderjagt craque encore sous la pression : avec le Field Goal de l’égalisation au bout du pied, il envoie une horreur complètement à côté. Indianapolis est donc encore éliminé sans gloire en playoffs.

Deux départs marquent l’offseason 2006 : la libération de Vanderjagt était attendue, remplacé par l’excellent Kicker des Patriots Adam Viniateri, et le départ du fidèle Edgerrin James aux Cardinals est remplacé à la draft par Joseph Addai. Le Cornerback Tim Jennings, le Safety Antoine Bethea et le Tackle Charlie Johnson sont également sélectionnés pour améliorer l’équipe, mais la défense continue de donner beaucoup de soucis, surtout contre la course. L’attaque est heureusement toujours aussi puissante (Addai fait sa part du travail), et les Colts terminent 12-4. La défense se réveille enfin en playoffs, et les premiers tours sont des victoires 23-8 contre les Chiefs et 15-6 contre les Ravens (avec cinq Field Goals de Vinatieri). La finale AFC est le classique Colts-Patriots, mais cette fois la fin sera heureuse : pourtant menés 21-3 à la mi-temps, Manning va monter un retour fulgurant pour qu’Indianapolis l’emporte 38-34 et atteigne de nouveau le Super Bowl !

https://static.clubs.nfl.com/image/private/t_editorial_landscape_12_desktop/colts/wfxnd1yi4y524wp7ns3b
Manning, Brackett et Vinatieri au SB XLI

Super Bowl XLI à Miami marque une opposition de style : les Colts et leur rouleau-compresseur offensif contre les Bears de Chicago et leur défense de fer menée par Brian Urlacher. C’est également une première, car les Bears sont coachés par un élève de Dungy, Lovie Smith ; c’est ainsi le premier Super Bowl à opposer deux coachs afro-américains. La pluie s’invite dans le match et les Colts sont de suite mis sous pression : la sensation Devin Hester retourne le coup de pied d’engagement 95 yards pour un touchdown ! Indianapolis balbutie son football mais se reprend et mène 16-14 à la mi-temps. Les Bears s’accrochent mais une interception de Rex Grossmann retournée pour un touchdown par Kelvin Hayden met les Colts hors de portée, et ces derniers l’emportent 29-17. Malgré un Blunder Bowl II dans lequel les deux équipes ont perdu huit ballons en cumulé, Manning a enfin remporté SA finale, est élu MVP du Super Bowl et fait taire toutes les critiques qui lui reprochaient de ne pas gagner les matchs importants. Dungy, lui, rejoint Mike Tomlin des Steelers comme le second coach afro-américain à remporter le titre.

L’équipe espère ainsi continuer sur sa lancée en 2007, et la draft du receveur Anthony Gonzalez est précieuse quand Harrison se blesse. Bob Sanders donne enfin la pleine mesure de son talent, étant élu Defensive Player Of The Year, et la défense continue son redressement. Le club poste un excellent record de 13-3 même s’il perd encore contre son meilleur ennemi, New England, 24-20. En Divisional Round les Colts reçoivent les Chargers : malgré la blessure d’Addai au genou, celle du Quarterback de San Diego Philip Rivers semble avantager Indianapolis, mais le remplaçant Billy Volek mène le drive qui s’avère être décisif ; pour le dernier match au RCA Dome, c’est une nouvelle défaite en playoffs 28-24.

En 2008, le Lucas Oil Stadium est inauguré, et malgré une opération pendant l’offseason, Manning remporte un troisième titre de MVP. Le receveur Pierre Garçon continue d’alimenter l’attaque, surtout que Harrison n’est plus tout jeune ; l’équipe finit 12-4 et en profite pour battre les Patriots 18-15 dans un nouvel affrontement serré qui ne fait que nourrir encore plus la rivalité. Le Wild Card Round envoie les Colts chez leurs bourreaux de l’année passée, les Chargers ; la défense a du mal à contenir le dragster Darren Sproles qui score deux touchdowns dont celui de la victoire en prolongations 23-17.

Encore une fois, San Diego sort Indianapolis des playoffs, et à la suite de cette défaite, deux retraites sont annoncées : celle de Marvin Harrison et celle de Tony Dungy, qui nomme son assitant défensif Jim Caldwell comme successeur. Le départ de Harrison gèle définitivement les records qu’il a établi en duo avec Manning : 953 complétions pour 12756 yards et 112 touchdowns ; cela donne une moyenne de 13,3 yards par réception et deux passes de touchdown toutes les 17 complétions, des chiffres affolants.

2009 sonne comme la continuité dans le changement, mais un coup dur frappe d’entrée quand Anthony Gonzalez se blesse gravement, terminant sa saison dès la première action. Heureusement Garçon est déjà là est Austin Collie vient l’assister pour parfaitement complémenter Wayne et Clark. La saison est marquée par deux autres événements : le premier est un nouveau chapitre extravagant entre les Colts et les Patriots, où un pari en 4e & 2 sur ses propres 28 yards de Bill Belichick échoue d’un demi-yard, permettant à Indy, mené à un moment 31-14, de l’emporter finalement 35-34. Le deuxième arrive alors que les Colts sont 14-0, et que Caldwell préfère reposer les titulaires alors qu’ils peuvent viser la saison parfaite (ce qui visiblement irrite quelques joueurs, Manning en tête). Les Colts terminent finalement 14-2 et se mettent en tête d’oublier tout cela en gagnant le Super Bowl. Heureusement pour eux, les Patriots ne seront pas sur le trajet, battus par les Ravens en Wild Card ; Indy l’emportera ensuite sur ces mêmes Ravens 20-3 avant de se défaire des Jets 30-17 pour retourner au Super Bowl trois ans après.

Adam Vinatieri
Adam Vinatieri

Super Bowl XLIV se déroule encore à Miami, comme les trois autres Super Bowl joués par les Colts. Pour la première fois depuis un moment, il voit s’affronter les deux meilleures équipes de chaque conférence : Indianapolis et New Orleans. Les Saints mènent 24-17 au dernier quart-temps, notamment grâce à un onside kick au début de la seconde mi-temps et une transformation à deux points. Manning repart pour un de ses drives dont il a le secret, mais il est coupé dans son élan à trois minutes de la fin du match par une interception de Tracy Porter qui réussit un retour de 78 yards jusqu’au touchdown, donnant une avance insurmontable de 31-17 aux Saints. Manning perd sa deuxième finale et les Colts restent avec un seul trophée Lombardi dans la vitrine.

Les Colts repartent en campagne en 2010 mais vont vite accumuler les blessures, notamment en attaque : Gonzalez se reblesse de nouveau, Clark doit s’arrêter en cours de saison ainsi qu’Addai. Le Tight End Jacob Tamme et le coureur Donald Brown jouent les cibles de remplacement, et l’équipe parvient à arracher un record de 10-6 pour remporter la division. Le Wild Card Round amène les Jets au Lucas Oil : le coureur de New York LaDainian Tomlinson score deux touchdowns mais les Colts reviennent et Vinatieri marque le Field Goal qui semble donné la victoire 16-14 à 57 secondes de la fin. Mais un excellent retour de kickoff d’Antonio Cromartie et trois passes plus tard, les Jets l’emportent finalement 17-16 sur un dernier Field Goal de Nick Folk.

C’est à ce moment que l’impensable va se produire, et qu’un témoin très important va être passé de force.

 

De Manning à Luck (2011-2018)

 

2011 doit permettre aux Colts de récupérer toutes leurs armes offensives pour retrouver le Super Bowl, et l’équipe rajoute le Tackle Anthony Castonzo à la draft pour protéger Manning. Cependant, la nouvelle va rapidement tomber : celui qui a démarré tous les matchs des Colts depuis 1998 doit renoncer à la saison suite à une opération du cou. L’équipe est obligée de signer en catastrophe Kerry Collins qui était parti en retraite ; ce dernier se blesse rapidement, ce qui laisse le duo improbable Curtis PainterDan Orvlosky. La défense subit également des pertes et ne peut redresser la barre, ce qui amène la pire saison des Colts depuis bien longtemps à 2-14.

Suite à cette bérézina, Irsay décide de renvoyer Polian et de le remplacer par Ryan Grigson en provenance des Eagles. Grigson décide de débarquer Caldwell et tout son staff pour le remplacer par le Coordinateur Défensif des Ravens, Chuck Pagano. Avec le premier choix de la draft et la présence de deux très bons prospects Quarterbacks entre Andrew Luck et Robert Griffin III, la libération du vétéran, auquel la franchise doit 28M$, est inévitable. C’est ainsi que Peyton Manning termine sa longue carrière dans une franchise qu’il a participé à ramener de nulle part après 14 ans de loyaux services.

Andrew LuckLa page Manning étant tournée, c’est le rookie de Stanford, Andrew Luck, qui est sélectionné ; heureusement pour Indianapolis, Luck n’est pas comme un autre Quarterback de Stanford pris en #1, John Elway, et lui n’a aucun problème à venir jouer à Indianapolis. Luck n’arrive d’ailleurs pas tout seul : les Tight Ends Dwayne Allen et Coby Fleener ainsi que le receveur T.Y. Hilton l’accompagnent. Les Colts passent dans un schéma en 3-4 en défense avec la signature par exemple du Defensive End Cory Redding, espérant pouvoir renverser la tendance. Mais une nouvelle terrible arrive : Pagano est diagnostiqué avec une leucémie et doit laisser l’équipe à son assistant Bruce Arians. Toute l’organisation et les fans dédicacent la saison à leur coach avec un nouveau retournement de situation radical : de 2-14 à 11-5 ! Cela leur permet de retourner de suite en playoffs, même si les futurs champions Ravens sont trop compliqués à gérer pour cette jeune garde défaite 24-9.

2013 doit montrer des améliorations, surtout du côté défensif, ce qui arrive avec la signature du Cornerback Vontae Davis et l’explosion de Robert Mathis qui réussit 19,5 sacks. Une épidémie de blessures chez les coureurs pousse Grigson à envoyer un premier tour de draft pour le joueur des Browns Trent Richardson, une décision très discutable qui va se retourner contre Indy : le joueur fera deux mauvaises années avant d’être libéré. Mais l’équipe continue d’aligner les belles saisons avec un nouveau record de 11-5 qui lui permet de recevoir les Chiefs de Kansas City en Wild Card. L’équipe semble s’écrouler complètement, menée 38-10 au début du troisième quart-temps, mais Luck prend feu, score quatre touchdowns (trois à la passe et un au sol) et les Colts réussissent le deuxième plus gros retour en playoffs pour l’emporter 45-44. Ils auront cependant moins de chance en Divisional Round contre les Patriots, 43-24.

New England va d’ailleurs devenir la bête noire des Colts version Luck comme ils l’ont été un moment pour Manning : Indianapolis perd 42-20 à Foxboro pendant la saison régulière, même si cela ne les empêche pas de gagner encore la division à 11-5 ; Hilton notamment se révèle comme un vrai receveur #1 pour Luck. Les Bengals sont défaits 26-10 en Wild Card, après quoi les Colts se déplacent à Denver pour faire face à nul autre que Peyton Manning. La défense se réveille enfin et Indianapolis surprend les champions AFC en titre 24-13. Malheureusement la finale AFC va prouver qu’Indy est encore trop tendre pour les Patriots qui l’emportent trop facilement 45-7.

La saison 2015 va être rocambolesque pour le moins. Cela commence à la draft où les Colts choisissent un receveur au premier tour, Phillip Dorsett, plutôt qu’un protecteur pour Luck. Malgré les ajouts du coureur Frank Gore et du futur Hall Of Famer receveur Andre Johnson en attaque, le Quarterback est assiégé derrière une ligne offensive trop faible mis à part les excellents Castonzo et Jack Mewhort ; le jeu du #12 se délite avant qu’il ne finisse sur le banc suite à une blessure. Fort heureusement Indianapolis a un remplaçant capable en Matt Hasselbeck mais la saison continue sur fond de tension palpable entre Ryan Grigson et Chuck Pagano, la défense ne peut tenir (surtout quand un bust comme le premier tour de 2013 Bjoern Werner est déjà libéré à la fin de la saison) et le manque de profondeur de banc provoque une saison à 8-8 qui aurait pu être pire sans le Quarterback vétéran. Alors qu’on pense que la situation n’est plus tenable entre Grigson et Pagano, ils semblent vouloir avancer enfin dans le même sens quand Jim Irsay prolongent les deux à la fin de la saison.

Cela ne va durer qu’une saison. En 2016, l’équipe repart dans une saison faite du même tonneau : Luck est en meilleure santé et reçoit l’aide de Hilton et de Gore (les deux dépassant 1000 yards) ainsi que du premier tour de draft, le Centre Ryan Kelly, mais la protection et la défense continuent d’être des problèmes. Entre les blessures et les manques de performance, la franchise fait une nouvelle saison moyenne à 8-8 qui ne change rien, et cette fois Irsay semble comprendre le message (mais trop tard) : Grigson est renvoyé, ayant trop souvent raté son coup à la draft et en Free Agency ; il est remplacé par l’ancien des Chiefs Chris Ballard.

Le nouveau General Manager fait le ménage, notamment en défense avec les départs du Linebacker D’Qwell Jackson ou du Safety Mike Adams pour les arrivées du Defensive Tackle Johnathan Hankins ou du premier tour Safety Malik Hooker. Cela marche mieux que prévu, mais c’est en attaque que la mauvaise nouvelle arrive : suite à une opération de l’épaule pour un problème qui datait de 2015, Luck ne peut pas tenir sa place et passe toute la saison 2017 sur la touche. Ballard pare au plus pressé en échangeant pour le Patriot Jacoby Brissett qui fait ce qu’il peut, mais l’équipe perd plusieurs joueurs sur blessure ainsi qu’une ribambelle de matchs en deuxième mi-temps ; elle s’écrase à 4-12. Cela coûte la place de Chuck Pagano qui est remplacé par le Coordinateur Offensif des Patri… ou plutôt non, Josh McDaniels fait volte-face à la dernière minute, et Indianapolis jette son dévolu sur le Coordinateur Offensif des champions Eagles, Frank Reich.

Ce qui ressemble à une solution de repli va immédiatement payer. Luck revient en 2018 : l’équipe fait ce qu’il faut pour le protéger – avec la draft du premier tour Guard Quenton Nelson pour parer à la retraite anticipée de Mewhort – et pour lui offrir des cibles de passe – avec la signature du Tight End Eric Ebron ; la défense, elle, voit l’arrivée du deuxième tour Linebacker Darius Leonard. Les trois joueurs ont un énorme impact : les deux rookies sont All-Pro et Leonard est nommé Defensive Rookie Of The Year alors qu’Ebron score 13 touchdowns. Le trio Reich – Nick Sirianni (OC) – Matt Eberflus (DC) fait des merveilles : derrière une ligne offensive devenue dominatrice, l’attaque est équilibrée avec le coureur Marlon Mack aux côtés de Luck qui lance pour 4593 yards et 39 touchdowns, pendant que la défense devient solide voire parfois terrifiante avec un Leonard qui mène la ligue en plaquages.

Indianapolis paye néanmoins un mauvais début de saison à 1-5 et, malgré un bon finish pour terminer 10-6 et accéder aux playoffs, la franchise doit céder la couronne de l’AFC South à Houston… ce qui signifie retourner affronter les Texans en Wild Card. Un excellent match défensif et quelques drives aboutis permettent de l’emporter 21-7, mais le Divisional Round est un non-match complet à Kansas City pour une défaite frustrante 31-13.

Et alors que la franchise espère un retour pérenne dans le tournoi final, la nouvelle tombe fin août : Luck décide de prendre sa retraite, à 29 ans, englué dans un cycle sans fin de blessures, convalescences et rééducations qui lui a retiré toute joie de jouer.

 

QB1, à qui le tour ? (2019-2023)

 

Indianapolis doit désormais se faire à la vie sans Luck, et se tourne vers Brissett pour prendre la succession. Le bilan de 7-9 résume bien la saison 2019 : mitigée, avec une défense qui démarre mal, une attaque qui s’essouffle sans vraies solutions derrière le superbe duo Mack – Hilton, et des équipes spéciales catastrophiques.

Afin de régler ce souci de Quarterback – ne serait-ce qu’à court terme – la franchise fait venir le vétéran Philip Rivers dont l’emblématique carrière chez les Chargers a pris fin ; mais ce n’est pas le seul nouveau talent : la défense voit arriver l’excellent Defensive Tackle DeForest Buckner dans un échange avec San Francisco contre un premier tour. La perte de Mack sur blessure est compensée par la belle saison du deuxième tour coureur Jonathan Taylor ; celle de Castonzo est un peu plus problématique. L’équipe manque un peu de maîtrise et parfois d’allant aérien, mais elle parvient quand même à terminer 11-5 ; elle profite du tout nouveau seed #7 dans une AFC 2020 relevée pour se qualifier en playoffs. Elle va comme toujours tout donner en Wild Card à Buffalo, mais elle manque cruellement d’efficacité offensive et finit par le payer dans une courte défaite 27-24.

Deuxième année, deuxième intérimaire au poste de Quarterback : l’ex-Eagle Carson Wentz, l’ancien protégé de Reich à Philadelphie, débarque. Malgré quelques coups durs comme la retraite de Castonzo, l’explosion de Taylor est une aubaine, et le sophomore receveur Michael Pittman prend déjà ses aises. Cependant, la défense continue d’avoir des soucis dans le pass-rush, et l’équipe n’arrive pas à conclure les matchs ; si on ajoute quelques erreurs rédhibitoires de Wentz dans les moments cruciaux, Indy se retrouve à jouer sa peau à Jacksonville en Week 18 alors que la franchise est sur six défaites consécutives chez les Jaguars. C’est un non-match total, notamment de Wentz, et une défaite qui éjecte les Colts des playoffs à 9-8.

Troisième année, troisième intérimaire au poste de Quarterback : l’ex-Falcon Matt Ryan débarque pour tenter de résoudre le souci au poste (et c’est déjà miraculeux que les Colts aient réussi à récupérer quelque chose pour Wentz en l’échangeant à Washington). Les acquisitions de l’ex-Raider pass-rusher Yannick Ngakoue ou l’ex-Patriot Cornerback Stephon Gilmore sont plutôt bien vues, mais la saison est un long calvaire qui démarre par un match nul face à Houston, une des pires équipes de la ligue. L’attaque ne score que 28 touchdowns et perd 34 ballons (pires marques), la défense tient autant qu’elle peut même sans Leonard, Reich est débarqué avant la fin – l’intérim étant assuré par l’ancienne légende Jeff Saturday, Ryan est mis sur le banc, et pour couronner le tout, les Colts subissent le plus gros comeback de l’histoire de la NFL contre Minnesota : menant 33-0 à 25 minutes du terme, ils perdent 39-36 en prolongations. C’est une saison perdue à 4-12-1, et le Coordinateur Offensif des Eagles Shane Steichen pose ses valises à Indianapolis avec du pain sur la planche.

Quatrième année, et l’organisation essaie enfin de répondre à la question en sélectionnant en #4 le Quarterback de Florida, Anthony Richardson ; peut-être le plus brut de tous les lanceurs, mais aussi le plus athlétique. Cela se voit de suite, dans le positif et le négatif : il score 7 touchdowns dont 4 au sol, mais il subit une commotion puis une blessure à l’épaule qui mettent fin prématurément à sa saison. On pourrait penser que cela va faire plonger la franchise, mais elle a fait venir le fantasque Gardner Minshew pendant l’intersaison : il aide l’attaque à ne pas tomber en déconfiture avec l’aide d’un énorme Pittman et du troisième tour Josh Downs. Au sol, Zack Moss assiste Jonathan Taylor, et l’avènement du Linebacker Zaire Franklin en défense fait du bien même avec la libération surprise de Shaq (anciennement Darius) Leonard. Indy se bat jusqu’au bout pour le titre de division et les playoffs mais chute en dernière semaine contre Houston ; néanmoins ce bilan de 9-8 malgré les absents est prometteur.