Fiche Franchise : Green Bay Packers

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Présentation

 

Généralités

 

Création 1919
Division NFC North
Stade Lambeau Field
Propriétaire Green Bay Packers Inc.
Président Mark Murphy
Manager Général Brian Gutekunst
Head Coach Matt LaFleur
Titres 9 NFL (1929, 1930, 1931, 1936, 1939, 1944, 1961, 1962, 1965)
4 Super Bowls (1966, 1967, 1996, 2010)
Site Internet http://www.packers.com/

 

Introduction

 

Les Packers sont basés à Green Bay dans l’état du Wisconsin ; c’est la plus petite ville à abriter une franchise NFL (100.000 habitants environ). Elle possède la particularité d’être la seule franchise majeure de sports aux Etats-Unis dont le propriétaire est une entreprise communautaire : cela signifie que les actionnaires de l’entreprise sont des gens normaux qui sont chapeautés par un conseil d’administration (qui prend toutes les décisions en leur nom).

C’est la troisième franchise historique de la ligue derrière les Cardinals de Chicago (qui iront à St-Louis puis à Phoenix, Arizona) et les Decatur Staleys (qui deviendront les Bears de Chicago). Ils ont longtemps fait partie de la NFC Central avant que l’arrivée de Houston en 2002 ne réarrange les divisions et ne reverse Green Bay dans la NFC North. C’est la franchise la plus titrée de l’histoire de la NFL avec 13 au total : neuf avant la création du Super Bowl et cinq participations au Super Bowl (1966, 1967, 1996, 1997, 2010) pour quatre victoires.

 

Uniforme et Mascottes

 

Les Packers utilisent les couleurs vert foncé, or et blanc.

  • Tenue couleur : maillot vert – numéro blanc – pantalon or – socks vert
  • Tenue blanche : maillot blanc – numéro vert – pantalon or – socks vert

L’équipe n’a pas de mascotte.

 

Membres du Hall Of Fame

 

1963 – Earl « Curly » Lambeau (Coach/Joueur), Robert « Cal » Hubbard, Don Hutson, Johnny « Blood » McNally
1964 – Clarke Hinkle, Mike Michalske
1966 – Arnie Herber
1971 – Vince Lombardi (Coach)
1974 – Tony Canadeo
1976 – Jim Taylor
1977 – Forrest Gregg, Bart Starr
1978 – Ray Nitschke
1980 – Herb Adderley
1981 – Willie Davis, Jim Ringo
1986 – Paul Hornung
1989 – Willie Wood
1995 – Henry Jordan
2003 – James Lofton
2006 – Reggie White
2013 – Dave Robinson
2015 – Ron Wolf (General Manager)
2016 – Brett Favre
2018 – Jerry Kramer
2020 – Bobby Dillon
2021 – Charles Woodson
2022 – LeRoy Butler

 

Numéros retirés

 

3 – Tony Canadeo
4 – Brett Favre
14 – Don Hutson
15 – Bart Starr
66 – Ray Nitschke
92 – Reggie White

 

Stade

 

Les Green Bay Packers jouent au Lambeau Field.
Il a été inauguré le 29 septembre 1957.
Il contient 80.750 places.

 

L’histoire de la franchise

 

Sommaire

 

  1. La naissance d’une franchise pas comme les autres (1919-1922)
  2. La gloire et la déchéance (1923-1958)
  3. La Méthode Lombardi (1959-1964)
  4. L’entrée dans l’histoire (1965-1967)
  5. Une seconde traversée du désert (1968-1992)
  6. Le quatuor magique (1993-1995)
  7. Titletown again (1996-1998)
  8. L’intérim de Sherman (1999-2005)
  9. Arrivée de McCarthy et Favre-Drama (2006-2008)
  10. L’avènement du Chirurgien Aaron Rodgers (2009-2011)
  11. La malédiction de la NFC West (2012-2015)
  12. La malédiction de la finale NFC (2016-2022)
  13. Jordan Love, l’héritier (2023)

 

La naissance d’une franchise pas comme les autres (1919-1922)

 

Le football professionnel est balbutiant en ce début de XXe siècle : les équipes se forment et sombrent dans l’oubli pratiquement aussitôt. Parmi ces équipes, peu survivent car en général les soucis financiers viennent leur barrer la route. Ce n’est pas différent pour l’équipe de la petite ville de Green Bay, dans le Wisconsin.

Packers-CurlyLambeauLe 11 août 1919, un ancien sportif lycéen de Green Bay, Earl « Curly » Lambeau rencontre l’éditeur du Green Bay Press-Gazette, George Calhoun, afin de créer une équipe de football américain. Après avoir rassemblé plusieurs athlètes, il se pose le problème de l’équipement et d’un terrain pour l’entraînement ; Lambeau règle ces deux questions en demandant à son patron, Franck Peck, de lui fournir les fonds nécessaires. Peck accepte de lui donner 500$ à une seule condition : l’équipe doit porter un nom en rapport avec son entreprise, l’Indian Packing Company. Lambeau décide alors de nommer l’équipe les Green Bay Packers ; c’est aujourd’hui le plus vieux nom de franchise encore en activité.

Pendant les deux premières années de leur existence, 1919 et 1920, les Packers jouent des matchs non-officiels dans des stades complètement ouverts afin de faire marcher le bouche à oreille. L’Indian Packing Company se fait racheter par l’Acme Packing Company, et les Packers changent leur uniforme pour un maillot bleu nuit avec un rond jaune portant le numéro à l’intérieur.

Green Bay remporte 19 victoires sur 21 matchs, ce qui leur permet de postuler en 1921 à entrer dans l’American Professional Football Association, la ligue de l’époque. Les pontes de la ligue (dont George Halas, figure éminente des Bears) accordent le droit aux Packers de faire partie de l’APFA, et Green Bay connaît sa première saison parmi l’élite avec un record de 3-2-1. Mais à cette époque la santé financière des clubs est très fragile, et la franchise ne déroge pas à la règle : les Packers sont dans le rouge par manque de spectateurs, et en plus leur première saison se termine sur une éviction de la ligue pour avoir utilisé des joueurs qui étaient encore à l’université.

Mais la franchise ne disparait pas aussi facilement. L’APFA devient la National Football League l’année suivante, et à force d’insistance Lambeau parvient à faire réintégrer les Packers. Néanmoins, Acme refuse de payer pour une nouvelle saison et la franchise traverse cahin-caha leur deuxième saison en 1922 avec un record de 4-3-3. La foule ne se presse pas, un match est annulé pour cause de pluie et l’assurance refuse de payer parce qu’il est tombé un millimètre de moins que la limite stipulée dans le contrat d’assurance. Bref, les Packers sont toujours dans le rouge à la fin de la saison 1922.

C’est à ce moment que le Hungry Five, cinq businessmen locaux, décident de prendre la situation en main. Curly Lambeau, coach et joueur de l’équipe, recherche des aides pour faire vivre l’équipe et il trouve quatre personnes : le premier président du Green Bay Press-Gazette Andrew Turnbull, l’avocat Gerald Clifford, le Dr. Webber Kelly et Leland Joannes. Ces quatre personnes intègrent l’organigramme et font de la publicité tous azimuts. Pour lever des fonds, ils décident de monter une entreprise et de vendre des parts aux habitants de la ville pour 5$ en échange d’un ticket pour la saison. Cette solution totalement inédite dans le sport professionnel américain finit par fonctionner et l’équipe survit à sa première période difficile.

 

La gloire et la déchéance (1923-1958)

 

La franchise des Packers commence alors sa longue histoire dans la NFL par une grande rivalité avec leurs « voisins » des Bears de Chicago. Ces derniers l’emportent en 1923, 1924 avant que les Packers ne gagnent leur premier face-à-face en 1925 mais perde le second. Green Bay a une équipe compétitive mais qui tombe toujours à quelque pas du titre pendant ses sept premières saisons NFL. En 1925, les fans des Packers demandent un stade un peu plus grand pour amasser toute la foule qui désire voir les matchs et la ville construit le City Stadium. Les Packers régressent quelque peu de 1925 à 1928 (8-5, 7-3-3, 7-2-1, 6-4-3), et ratent une chance de gagner le titre en 1927 à cause de deux défaites contre les rivaux Bears.

En 1929, Lambeau réalise un coup de maître en signant trois futurs Hall Of Famers : le coureur Johnny « Blood » McNally, le Tackle Cal Hubbard et le Guard Mike Michalske. Ces trois joueurs vont revitaliser l’attaque et la défense (car à cette époque les joueurs jouent des deux côtés du ballon), et avec l’aide de Arnie Herber, Lavvie Dilweg ou Verne Lewellen les Packers écrasent la ligue de leur talent en terminant sur un record sans aucune défaite de 12-0-1. Ils gagnent ainsi le tout premier titre de la franchise au grand bonheur de la ville du Wisconsin ; à l’époque, il n’y a pas de finale, le titre est décernée à l’équipe terminant première au classement.

Lambeau prend sa retraite en tant que joueur mais il reste coach et il mène son équipe dominatrice à deux nouveaux titres NFL en 1930 (10-3-1) et 1931 (12-2). Green Bay manque le coche en 1932 (10-1-1) et décline en 1933 (5-7-1) avant de subir un nouveau coup dur en 1934 : lors d’une saison à 7-6, un fan tombe des gradins et poursuit le club en justice. Il reçoit 5.000$ de compensation (une fortune, surtout dans la Grande Dépression suivant le crash de 1929) et le club est au bord de la faillite. Encore une fois, une vente de parts dans l’entreprise propriétaire est organisée afin de sauver la franchise. Les acheteurs (des habitants de la ville) ne vont pas tarder à recevoir un beau cadeau en récompense pour leur fidélité.

don-hutsonEn 1935, Lambeau décide d’aller voir le Rose Bowl pour faire un peu de prospection. Les entraînements sont fermés, mais Lambeau brave les interdits pour regarder l’entraînement d’Alabama, et il remarque immédiatement un jeune talent prometteur, le futur Hall Of Famer receveur Don Hutson. Lambeau comprend alors que le football, qui n’est qu’une série de courses en force à cette époque, peut également se jouer dans les airs avec un tel talent. Hutson signe donc avec les Packers, mais aussi avec les Dodgers de Brooklyn. Le commissioner de la NFL Joseph Carr valide le contrat de Green Bay qui antidate celui de Brooklyn.

C’est le début de la domination totale de Don Hutson sur les défenses adverses. Il met en place avec Lambeau tout un arbre de tracés différents pour les receveurs, ce qu’on appelle les « routes » ; beaucoup font partie de l’arbre de routes tel qu’on le connaît aujourd’hui. Hutson se lie également avec Arnie Herber et Cecil Isbell, qui deviennent les prototypes du Quarterback afin de l’alimenter en passes. Si on ajoute l’appui du futur Hall Of Famer coureur Clark Hinckle, les Packers reprennent leur marche en avant implacable : depuis 1935, la ligue est désormais séparée en deux divisions et un match pour le titre a été mis en place ; les Packers ratent cette finale en 1935 à 8-4, mais ils y accèdent en 1936 (10-1-1). Green Bay remporte aisément leur quatrième titre contre les Redskins de Boston 21-6.

Après cela, les Packers vont accéder à la finale en 1938 et 1939. Après un raté en 1937 (7-4), ils reprennent la main de la division en 1938 (8-3) mais perdent en finale contre les Giants de New York dans la Grosse Pomme 23-17. En 1939, Green Bay ne laisse pas passer sa chance, termine à 9-2 et retrouve New York en finale mais cette fois à Lambeau Field ; cela change tout quand on connait le temps qui règne au Wisconsin en hiver : froid extrême et vent glacial. Les Packers l’emportent nettement 27-0 pour gagner leur cinquième titre.

Packers-TonyCanadeoAprès une saison 1940 à 6-4-1 plombée par deux défaites face aux Bears, Green Bay drafte un futur Hall Of Famer de plus, le coureur Tony Canadeo. Les deux ennemis jurés sont à égalité en tête de la Western Division en 1941 et doivent jouer un match de playoff pour accéder à la finale. Les Bears l’emportent 33-14 dans ce qui est considéré comme la vraie finale NFL (ils vaincront facilement les Giants 37-9 pour le titre). Il faudra attendre 1944 pour que Green Bay casse enfin la muraille Chicago qui lui barre la route, et aille remporter son sixième titre en finale contre les Giants 14-7. Pendant ce temps, Hutson vole littéralement sur la NFL et gagne deux titres de MVP (1941 et 1942).

En 1945, les stars des Packers sont vieillissantes et l’équipe décline à un record de 6-4, finissant troisième de la division. C’est à ce moment que Don Hutson décide de mettre fin à une carrière absolument extraordinaire : en onze saisons, il a fini cinq fois consécutivement en tête des marqueurs de points (sachant qu’il était également Kicker) et huit fois en tête des receveurs en touchdowns. Il termine à 99 touchdowns sachant que le deuxième sur ces onze années est à 33, dans une ère où la saison ne dure que dix-douze matchs (sans les playoffs), le jeu est tourné presque exclusivement vers le sol, et où les interférences de passe n’existent pas. Encore aujourd’hui, beaucoup argumentent que Hutson était au moins aussi bon que Jerry Rice, voire meilleur.

Quoiqu’il en soit, le départ de Hutson est significatif de la fin d’une époque chez les champions Packers qui s’apprêtent à traverser un vrai désert pour la première fois de leur existence. Green Bay survit encore pendant deux ans, le temps de poster deux saisons à 6-5 et 6-5-1, avant de sombrer. Le succès disparaît et les ennuis financiers reviennent : en 1950 une nouvelle vente de parts est organisée pour renflouer les caisses de la franchise, mais ça n’arrête pas la dégringolade sportive. Entre 1948 et 1958, Green Bay devient la risée de la NFL sans aucune saison positive et seulement deux saisons à l’équilibre : 3-9, 2-10, 3-9, 3-9, 6-6, 2-9-1, 4-8, 6-6, 4-8, 3-9 et enfin le fond est atteint avec la saison 1958 à 1-10-1. Malgré la présence de talents comme le Quarterback Tobin Rote, le receveur Billy Howton ou le futur Hall Of Famer Defensive Back Bobby Dillon, les entraîneurs se succèdent mais ne réussissent pas : Gene Ronzani dure quatre ans, Lisle Blackbourn autant, et Ray McLean ne fait qu’une année.

Les Packers ont eu beau changer de stade et emménager dans le « New » City Stadium en 1957, rien n’y fait, Green Bay s’enterre dans les bas-fonds de la NFL. Et pourtant, il y a de quoi faire dans les rangs des Packers, car malgré des années de drafts inopérantes, quelques trouvailles attendent patiemment que quelqu’un leur inculque la volonté de gagner. Le 2 février 1959, une annonce va relancer l’histoire d’une des plus vieilles franchises de la ligue, et laisser une trace indélébile dans l’histoire de la NFL.

 

La Méthode Lombardi (1959-1964)

 

McLean étant renvoyé à la fin de la saison 1958, les Packers sont en recherche urgente d’un nouvel entraîneur. Halas fait partie de ceux qui signalent aux Packers un assistant coach qui attend depuis quelque temps qu’on lui donne sa chance. Green Bay décide d’interviewer cet assistant qui leur plaît d’entrée : il est motivé, a été brimé dans sa volonté de coacher par ses origines italiennes, et il sait qu’il peut faire beaucoup mieux que ce qu’on pense de lui. Green Bay décide de signer cet ancien assistant des Giants de New York : Vincent Thomas « Vince » Lombardi. A son arrivée, il met les choses au point tout de suite en déclarant que c’est lui qui dirige. Il prend les rênes de l’équipe pour ne plus les lâcher, et la rivalité Bears/Packers va d’autant s’intensifier qu’elle va devenir une rivalité Halas/Lombardi.

Il met en place un entraînement drastique et une discipline de fer pour remettre les troupes dans de meilleures dispositions. Pour lui, il faut être en avance de 15 minutes sur tous les horaires, sinon on est en retard et il déteste les gens en retard. Fin psychologue, il sait tirer le meilleur parti des hommes qu’il dirige, et il leur apprend à gagner. A la fois ami attentif, ennemi détesté, père aimé, ou tyran haï selon le joueur et le moment qu’il traverse, Lombardi est avant tout un mentor respecté. Pour preuve de sa qualité de Coach, suite à son passage, pas moins de SEPT membres de l’équipe de 1958 qui a fini à 1-10-1 iront au Hall Of Fame : le Centre Jim Ringo drafté en 1953 – le Tackle Forrest Gregg et le Quarterback Bart Starr draftés en 1956 – le coureur Paul Hornung drafté en 1957 – le coureur Jim Taylor, le Guard Jerry Kramer et le Linebacker Ray Nitschke draftés en 1958. On peut aussi noter l’acquisition du futur Hall Of Famer Defensive Tackle Henry Jordan des Browns qui va aider à cimenter la défense.

Vince-Lombardi-Teaches-St-007En même temps que l’arrivée de Lombardi, celle de Pete Rozelle comme commissioner de la NFL signe le début du long et fructueux partenariat entre la ligue et la télévision. Rozelle s’assure que toutes les équipes puissent bénéficier d’une couverture télévisuelle (et profitent de la manne financière qui en découle), ce qui assure alors la petite ville d’être à l’abri du besoin pour de bon. Toutes ces bonnes nouvelles s’empilent, et la franchise des Packers retrouve une âme pour terminer la saison 1959 sur le premier record positif depuis 1947 à 7-5. Cette renaissance du club (tant sportive que financière) est symbolisée par le fait que la victoire contre Washington 21-0 le 22 novembre est le dernier match de l’histoire de Green Bay à ne pas être joué à guichets fermés. Et tous les spectateurs apprennent à découvrir une tactique qui va devenir la marque de fabrique des Packers de Lombardi : le power sweep.

Le power sweep est une course vers l’extérieur dans laquelle le coureur bénéficie des blocks de son fullback mais également de ceux des deux Guards (Kramer et Fuzzy Thurston) qui sortent de la ligne pour mener le chemin dans la défense adverse. Cette tactique, toutes les défenses apprennent à la connaître, et toutes les défenses savent qu’elle va arriver, mais personne ne parvient à l’arrêter parce qu’elle est exécutée à la perfection. Ce dernier se base d’ailleurs beaucoup sur le jeu de course avec le cheval de labour Taylor et le polyvalent Hornung (qui avec ses passes, courses, réceptions et coups de pied marque pas moins de 176 points en 1960). Green Bay drafte le futur Hall Of Famer Defensive Back Willie Wood, améliore son record à 8-4 et parvient enfin à revenir à sa vraie place : la première finale NFL depuis 1944. Les Packers y affrontent les Eagles de Philadelphie dans un match haletant ; le dernier drive de Green Bay s’arrête à 8 yards de l’en-but des Eagles qui l’emportent 17-14. De retour dans les vestiaires, Lombardi déclare à ses joueurs que finir second ne leur arrivera plus.

Et du temps de Lombardi, cela ne leur arrivera en effet plus. En 1961, il demande au spécialiste de l’équipement Gerald « Dad » Braisher de créer un logo pour l’équipe : c’est le fameux G blanc sur ovale vert cerclé de jaune qui est devenu l’emblème des Packers. L’équipe se renforce avec l’arrivée d’un énième futur Hall Of Famer, le Defensive End Willie Davis des Browns, et parvient de nouveau en finale après une saison à 11-3 où Paul Hornung gagne le titre de MVP. L’ancienne équipe de Lombardi, les Giants de New York, se trouve de nouveau sur la route du sacre, mais cette fois rien ne peut arrêter la machine verte menée par un le Quarterback Bart Starr qui prend de plus en plus d’influence. Il se repose sur son receveur vedette Max McGee dans un match à sens unique où les Packers écrasent les Giants 37-0 pour gagner le septième titre de la franchise ; c’est un record de l’époque qui pousse les gens à surnommer Green Bay Titletown.

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Ray Nitschke

Sur leur lancée, les Packers rajoutent le futur Hall Of Famer Defensive Back Herb Adderley à la draft 1962 et, derrière un Jim Taylor MVP de la ligue, ils finissent la saison à un vertigineux 13-1 (dont une rouste 41-0 infligée aux Eagles pour une revanche de Lombardi sur ceux qui les ont battus en 1960). Les Packers retrouvent les habituels Giants en finale, et le match se joue à New York par des températures froides ; Green Bay se retranche derrière le jeu puissant de Jim Taylor et une défense de fer menée par Nitschke pour vaincre de nouveau l’équipe de la Grosse Pomme 16-7, et remporter un huitième titre NFL (le deuxième consécutif).

Néanmoins, un coup de massue vient freiner l’élan des Packers : le 17 avril 1963, Paul Hornung et Alex Karras (un joueur des Lions) sont bannis de la NFL pour un an suite à des paris sur les matchs de football. La franchise se remet de cette perte et parvient à finir la saison à 11-2-1, mais deux défaites subies contre les rivaux Bears les privent d’une troisième finale consécutive. Suite à cet échec, Hornung revient mais ce sont cette fois les blessures qui le ralentissent, et les Packers de Lombardi semblent baisser de pied : l’année 1964 se termine sur un 8-5-1.

 

L’entrée dans l’histoire (1965-1967)

 

Le 1er juin 1965, la terrible nouvelle tombe : Curly Lambeau est mort d’une crise cardiaque. Toute la ville fait le deuil de l’instigateur des Packers, et le City Stadium est rebaptisé le Lambeau Field en son honneur en septembre. Pour leur « première » saison à Lambeau, la franchise se remet dans le droit chemin notamment grâce à l’arrivée du receveur Carroll Dale des Rams. Les Packers se retrouvent en tête de la division à égalité avec les Baltimore Colts à 10-3-1, et un match de playoffs départage les deux équipes ; Green Bay arrache la prolongation 10-10 sur un Field Goal de 22 yards de Don Chandler qui fait polémique car la balle passe au-dessus des poteaux, plus bas qu’aujourd’hui, et personne ne sait véritablement si le Field Goal est valable ou non. L’arbitre le déclare bon et les Packers l’emportent 13-10 en double prolongation pour affronter les Cleveland Browns en finale à Lambeau.

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Hornung, Lombardi, Starr et Taylor

Avec le temps typiquement hivernal du Wisconsin rendant le terrain difficile, Green Bay s’en remet à ses deux coureurs Hornung et Taylor (201 yards à eux deux) et à sa défense (Jim Brown est limité à 50 petits yards) ; les Packers l’emportent 23-12, gagnant leur neuvième titre (le troisième en sept ans sous Lombardi), et surtout rendant hommage à leur fondateur. Suite à la controverse contre Baltimore, la ligue décide de rehausser les poteaux l’année suivante.

Mais ce n’est pas le changement le plus notable qui intervient dans la ligue en cette année 1966. Suite à la création en 1960 d’une ligne concurrente à la NFL, l’AFL, et à la surenchère financière pour attirer les talents vers l’une ou l’autre, les deux commissioners Pete Rozelle et Lamar Hunt choisissent d’enterrer la hache de guerre pour éviter la ruine. Une fusion est alors discutée, mais il faut que l’AFL prouve qu’elle peut être au niveau de la NFL. C’est pourquoi une grande finale entre les champions de chaque ligue est créée : le Super Bowl. Et quelle meilleure équipe pour représenter la NFL que les champions en titre, les Packers ? Lombardi mène ses hommes vers une nouvelle saison victorieuse en NFL derrière le jeu d’un Bart Starr MVP, et Green Bay termine à 12-2. Ils retrouvent de surprenants Cowboys en finale NFL, coachés par l’ancien collègue de Lombardi aux Giants, Tom Landry. Les joueurs de Dallas tiennent tête aux Packers, mais Bart Starr délivre une performance admirable et Green Bay arrache la victoire 34-27.

Ce qui n’est alors connu que sous le nom de AFL-NFL World Championship Game prend place au Coliseum de Los Angeles et voit les Packers affronter les Kansas City Chiefs, champions de l’AFL. Les Chiefs rivalisent en première mi-temps, n’accusant qu’un petit retard de 4 points, mais les Packers mettent les bouchées doubles en seconde mi-temps et Kansas City ne peut rien faire contre la force de Green Bay. Avec une victoire 35-10, Lombardi remporte ainsi son quatrième titre, le dixième de la franchise, et ce qui deviendra rétroactivement le tout premier Super Bowl de l’histoire. Après le match, Lombardi déclare que l’AFL est certes une ligue intéressante, mais que ses équipes n’ont rien en commun avec la NFL.

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Herb Adderley et Willie Wood

En 1967, la franchise double championne en titre est ébranlée par plusieurs événements : premièrement, le réalignement des divisions reverse Green Bay dans la division Central qui contient les rivaux Bears et Lions ainsi que les jeunes Vikings du Minnesota. Ensuite, des rumeurs courent sur la retraite d’un Lombardi épuisé par sa recherche incessante de l’excellence. De plus, avec l’arrivée de nouvelles franchises, les équipes en place sont obligées de leur céder des joueurs : les Packers se retrouvent à se séparer de Paul Hornung qui part aux Saints de New Orleans. Peu de temps après, Jim Taylor décide de partir lui aussi aux Saints, ce qui veut dire que les Packers perdent leur duo invincible de coureurs (et Lombardi ne pardonnera jamais à Taylor). Et enfin, le plus inquiétant, l’équipe commence à vieillir, et les stars semblent fatiguées. Green Bay parvient cependant à s’extirper de sa division à 9-4-1, et ils s’en tirent encore en playoffs à domicile contre les Rams de Los Angeles peu habitués à de telles conditions de jeu. La victoire 28-7 leur ouvre les portes d’une seconde finale NFL contre les tenaces Cowboys.

Le 31 décembre 1967, la franchise a l’occasion d’écrire une page historique en devenant une nouvelle fois championne trois fois de suite (comme en 1929-1931). Le match a lieu dans des conditions aberrantes : la température descend jusqu’à -13°F (-25°C) avec un vent glacial à -46°F (-43°C) !

Dans ces conditions dantesques où les arbitres ne peuvent utiliser leur sifflet de peur qu’ils collent à leurs lèvres, les Packers semblent avantagés en menant rapidement 14-0. Néanmoins les Cowboys, motivés par la défaite en finale l’année précédente, reviennent et passent même devant 17-14 vers la fin du match. Les Packers récupèrent la balle de match et Starr mène un drive de 67 yards jusqu’à la ligne des 1 yard des Cowboys. L’attaque bute trois fois sur la féroce défense des Cowboys, et tout le monde pense que Green Bay va aller chercher la prolongation avec 16 secondes restantes. Sur le terrain, Starr se dirige vers Lombardi et lui dit qu’il peut aller marquer lui-même. Lombardi lui répond juste : « fais-le, et qu’on dégage de là ». Jerry Kramer et le Centre Ken Bowman enfoncent le défenseur Jethro Pugh, permettant à Starr de plonger dans l’en-but. Dans ce match mythique surnommé l’Ice Bowl, les Packers l’emportent 21-17, gagnent un troisième titre NFL consécutif et cimentent définitivement leur place dans l’histoire de la NFL.

IceBowl-SneakGreen Bay s’en va affronter une nouvelle équipe d’AFL au Super Bowl II. Encore une fois il n’y a pas vraiment de match passé la mi-temps et les Raiders d’Oakland tombent eux aussi sous la domination des Packers, 33-14. Vince Lombardi est porté en triomphe par ses joueurs, car ils savent que c’est son dernier match en tant que coach des Packers. A bout d’énergie, il quitte son poste et devient General Manager de l’équipe ; son coordinateur de la défense, Phil Bengtson, prend sa succession.

Mais comme on va vite s’en rendre compte, personne ne peut remplacer la légende.

 

Une seconde traversée du désert (1968-1992)

 

Lombardi a beau être resté, il va vite comprendre qu’il a fait une erreur : il est fait pour être coach, parler aux joueurs, être avec eux sur le terrain, et non pour superviser tout cela de loin. Il voit son équipe vieillie, en manque de leadership, décliner lors d’une saison à 6-7-1, et il se rend compte qu’il ne peut pratiquement rien y faire. C’est à ce moment qu’il décide qu’il est fait pour entraîner, et il quitte le club pour prendre le poste de Head Coach aux Redskins de Washington ; une décision que beaucoup de fans ne comprennent pas. La ville reconnaît cependant son oeuvre en décidant de renommer la rue qui borde Lambeau Field, Lombardi Avenue. Sur le terrain, Bengtson subit toujours le départ graduel de la génération des Super Bowls même si la franchise parvient à vivoter à 8-6 en 1969.

C’est dans cette intersaison, le 3 septembre 1970, que la ligue mais surtout Green Bay est frappé par la terrible nouvelle : Vince Lombardi est mort à 57 ans d’un cancer. Son ombre, qui a toujours plané sur les Packers, ne fait que s’agrandir encore plus, et dans un ultime hommage la NFL décide de rebaptiser le trophée du Super Bowl du nom de celui qui l’a gagné deux fois : le trophée Lombardi. Les Packers, continuant à décliner, terminent une saison 1970 médiocre à 6-8, et elle a raison de Bengtson qui avait une mission quasi-impossible.

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Dave Robinson

Il est temps de redonner un coup de fouet à cette équipe dépassée qui n’est plus que l’ombre de celle qui a dominé la NFL. Le coach Dan Devine mène une révolution jeune, et si la mayonnaise ne prend pas avec un record faible de 4-8-2 en 1971, la franchise reprend des couleurs en 1972 grâce entre autres au rookie offensif de l’année précédente, le Fullback John Brockington et au rookie défensif de cette année-là, le Cornerback Willie Buchanon. Si l’attaque n’est pas flamboyante, la défense tient bien la route avec le troisième année Defensive Back Ken Ellis ou le vétéran futur Hall Of Famer Linebacker Dave Robinson. Green Bay s’en tire avec un 10-4 qui leur permet de retourner en playoffs, mais les Redskins de Washington leur barrent la route 14-3.

Malheureusement les Packers vont commettre plusieurs erreurs de personnel qui vont les handicaper pendant longtemps. Ils n’ont pas trouvé le successeur de Starr, et le jeu erratique au poste de Quarterback plonge la franchise dans le doute en 1973 (5-7-2). Les bas-fonds sont de nouveau atteints quand Devine, qui est également General Manager, décide d’envoyer deux premiers tours, deux deuxièmes tours et un troisième tour des deux drafts suivantes aux Rams pour récupérer le Quarterback John Hadl. Non seulement c’est un prix exorbitant, mais en plus Hadl est en fin de carrière et l’année 1974 n’est pas meilleure : un record de 6-8 finit par avoir raison de Devine.

Pour le remplacer… quoi de mieux que LE Quarterback de la franchise lui-même, Bart Starr ? Mais même Starr ne peut rien faire pour créer du talent chez les Quarterbacks des Packers. Scott Hunter n’est pas la solution, Jerry Tagge non plus, et Hadl est fini. La première saison de Starr comme coach en 1975 se termine sur un 4-10 peu encourageant, et il tente un coup en 1976 en acquérant le Quarterback de Houston, Lynn Dickey. Pas de chance, comme ses prédécesseurs Dickey souffre d’un problème d’interceptions, et la saison s’achève sur un pauvre 5-9.

Packers-JamesLoftonEn 1977, la division NFC Central voit l’arrivée des nouveaux Tampa Bay Buccaneers qui font office d’OVNIs géographiques étant donnés qu’ils sont situés en moyenne à environ 1800 kms des autres équipes de la division. Néanmoins, cela ne change strictement rien pour les Packers qui font une nouvelle saison désastreuse à 4-10. La saison 1978 apporte un espoir avec le rookie futur Hall Of Famer receveur James Lofton mais les Packers échouent aux portes des playoffs à 8-7-1. Les deux saisons suivantes sont émaillées de très nombreuses blessures et la franchise retombe à 5-11 puis 5-10-1.

L’équipe revient au complet en 1981 et remonte la pente, terminant à 8-8. La saison 1982, écourtée par la grève, offre enfin de nouveaux playoffs à 5-3-1. Lynn Dickey prend alors feu et élimine à lui tout seul les Cardinals 41-16 ; mais malgré une belle performance Green Bay est éliminé par les Cowboys 37-26. Dickey et Lofton restent trois années de plus, maintenant le club à 8-8 de 1983 à 1985, mais quand le premier prend sa retraite et le second part à Buffalo, les Packers replongent. Entre temps, Starr a été remplacé par une autre ancienne gloire, Forrest Gregg, mais ça ne change rien : Gregg a beau amorcé une nouvelle révolution jeune en 1986, elle ne prend pas avec des records de 4-12 et 5-9-1.

Il est remplacé en 1988 par Lindy Infante qui récupère une équipe moribonde ; il ne fait pas mieux ses trois premières années à 4-12, 5-9-1 et 4-12. Mais en 1989, l’espoir renaît dans la franchise : les Packers ont pris le meilleur rookie jamais vu sur la ligne offensive, Tony Mandarich – 1m96, 141 kilos, courant le 40 yards en 4,60 secondes. Ces mensurations insensées pour l’époque font déjà circuler des soupçons de stéroïdes ; soupçons fortement confirmés quand il se présente au camp des Packers en ayant perdu sept kilos et avec une qualité de déplacement atroce. Il devient un des plus gros busts de l’histoire de la NFL, se fait ridiculiser par plusieurs défenseurs et il quitte la NFL après seulement trois ans. Il reviendra cependant, plus humble, et il fera même partie de la ligne qui protègera un tout jeune Peyton Manning en 1998. Le fiasco Mandarich est d’autant plus difficile à avaler pour Green Bay que dans cette draft de 1989 se trouvent également des futurs Hall Of Famers comme le Quarterback Troy Aikman, le coureur Barry Sanders, le Cornerback Deion Sanders ou le Defensive End/Linebacker Derrick Thomas ; on y trouve également les receveurs Eric Metcalf et Andre Rison ou le Safety Steve Atwater.

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Majik (g) et Sharpe (d)

Quoiqu’il en soit, et heureusement pour eux, les Packers ne font pas que des mauvais choix de draft : en 1989 ils parviennent à un record décent de 10-6 grâce à l’éclosion de deux stars – le Quarterback Don « Majik » Majkowski drafté au dixième tour en 1987 et le receveur Sterling Sharpe drafté au premier tour en 1988. Mais le soufflé retombe vite : Majkowski est irrégulier, et deux saisons à 6-10 en 1990 puis 4-12 en 1991 achèvent la carrière d’Infante en tant que coach. Sharpe, qui démontre des qualités extraordinaires, n’a pas de Quarterback de valeur pour lui lancer des passes.

En 1992, le président Bob Harlan décide qu’il faut faire le ménage pour repartir sur des bases plus saines. Et il va mettre en marche une nouvelle ère de succès dans le Wisconsin, en allant chercher un visionnaire.

 

Le quatuor magique (1993-1995)

 

Harlan décide d’embaucher comme General Manager le futur Hall Of Famer Ron Wolf. Wolf a carte blanche pour trouver un coach et bâtir une équipe compétitive, et il ne va pas tarder à faire son choix : il engage le Coordinateur Offensif des 49ers, Mike Holmgren. Dans un second temps, il se souvient que l’année précédente, alors qu’il était chez les Jets, il avait voulu drafter un jeune Quarterback de l’Université de Southern Mississippi, mais les Falcons l’avaient précédé. Il revient à la charge et propose un premier tour de draft à Atlanta, que l’équipe accepte. C’est ainsi qu’un jeune feu follet futur Hall Of Famer du nom de Brett Favre arrive à Green Bay pour être le remplaçant de Majkowksi.

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Brett Favre et Ron Wolf

Les Packers démarrent la saison 1992 avec deux défaites avant d’accueillir les Bengals de Cincinnati le 20 septembre 1992. Green Bay a besoin d’une victoire, mais le sort semble s’acharner : au premier quart-temps Tim Krumrie des Bengals s’écroule sur la cheville de Majik qui cède sous le poids du défenseur. Le #7 est hors-jeu et Favre doit rentrer en catastrophe… c’est la dernière fois avant 2008 qu’un autre Quarterback que Favre démarre un match pour Green Bay. Le #4 monte son premier comeback dans ce match en menant un drive victorieux de 92 yards en 97 secondes avec l’aide de Sharpe et de Kitrick Taylor qui marque le touchdown de la victoire 24-23. Cette passe n’a l’air de rien, mais c’est la première d’une très longue série qui ouvre une nouvelle ère de réussite pour les Packers.

Favre prend les rênes de l’attaque et a quelques problèmes d’acclimatation, mais il trouve vite son rythme avec Sharpe et les deux allument le tableau d’affichage régulièrement, les Packers terminant la saison par une belle série de six victoires à 9-7. Sharpe, ayant enfin un Quarterback compétent, devient l’un des sept receveurs de l’histoire à finir en tête de la ligue en réceptions (108 – record), yards (1461) et touchdowns (13) la même année.

Mais le génie de Wolf ne s’arrête pas là. En 1993, la toute première Free Agency est ouverte, permettant aux joueurs de circuler plus librement. Pendant que la plupart des exécutifs dans la ligue haussent les épaules ou se grattent la tête pour essayer de comprendre son intérêt, Wolf a déjà tout compris et fait le gros coup : il signe Reggie White, le futur Hall Of Famer Defensive End des Eagles, qui est convaincu que la franchise est redevenue une équipe gagnante (l’anecdote veut que Holmgren lui ait laissé un message sur le répondeur qui disait : « Reggie, c’est Dieu, je veux que tu signes avec les Packers » – jouant sur le fait que White est un ministre du culte chrétien). Le #93 rejoint une équipe en effet pleine de talent : il y a Favre et Sharpe mais également le coureur Edgar Bennett, le receveur Robert Brooks et le Tight End Mark Chmura draftés en 1992 alors que la défense compte le Defensive Back LeRoy Butler drafté en 1990. A noter que cette année-là, les Packers draftent au cinquième tour le Quarterback Mark Brunell, qui ira faire les beaux jours des Jaguars plus tard.

L’arrivée de White scelle la formation du quatuor qui va tenter de redonner ses lettres de noblesse aux Packers : Ron Wolf, Mike Holmgren, Brett Favre et Reggie White. L’équipe commence mal la saison car Favre a encore un peu de mal à se régler, mais elle monte vite en régime et termine à 9-7 derrière un Sterling Sharpe au sommet de son art, améliorant son propre record de réceptions en une saison avec 112. Lors du dernier match de la saison contre les Raiders de Los Angeles, les Packers ont besoin d’une victoire afin d’aller en playoffs pour la première fois depuis 1982, et ils mènent 14-0 au dernier quart-temps. LeRoy Butler provoque un fumble que Reggie White récupère ; sur le point d’être plaqué en dehors du terrain, White remet la balle à Butler qui s’en va marquer un touchdown. Dans l’enthousiasme d’une place en playoffs quasiment assurée, Butler fait signe qu’il va sauter dans les stands, et il se propulse en effet par-dessus la barrière à moitié dans la foule, partageant son bonheur avec un public qui n’a jamais lâché son équipe quelles que soient les difficultés. C’est la naissance d’une célébration unique dans le monde de la NFL qui est devenue un classique, le fameux Lambeau Leap.

LeRoy Butler - Lambeau leapLes Packers arrivent en playoffs et doivent batailler au premier tour contre des ennemis bien connus : les Lions de Detroit. Le match est une bataille rangée que les Lions mènent 24-21 vers la fin du match. Mais Brett Favre fait parler la poudre sur une bombe à contre-courant droit sur Sterling Sharpe qui score le touchdown de la victoire, un nouveau coup d’éclat du duo. Green Bay l’emporte 28-24, mais tombe au tour suivant devant les Cowboys, 27-17.

En 1994, la franchise continue sur sa lancée. Favre joue toujours aussi bien avec 3882 yards et 33 touchdowns, Sharpe fait une nouvelle saison importante avec 94 réceptions, 1119 yards et 18 touchdowns pendant que la défense menée par Butler, White et le Linebacker Bryce Paup fait le travail. Malgré quelques bourdes offensives et le fait qu’il manque quelques playmakers derrière, Green Bay termine à 9-7 et gagne son ticket pour le playoffs.

C’est à ce moment-là que la terrible nouvelle tombe comme un couperet : Sharpe a subi deux blessures au cou pendant les deux derniers matchs de saison régulière, avec une perte notable de sensibilité dans les extrémités. Une IRM confirme qu’il a un problème aux deux premières cervicales et qu’il doit rapidement être opéré (c’est le genre de blessure qu’on retrouve souvent chez les footballeurs ou chez les catcheurs). Sa santé est clairement mise en danger, et sa carrière également. Green Bay entame les playoffs avec le coeur lourd mais convaincus qu’ils peuvent gravir une marche supplémentaire même sans Sharpe. Ils vont pourtant revivre le même film qu’en 1993 : ils retrouvent les Lions et leur coureur exceptionnel Barry Sanders au premier tour, et la défense sort une performance magistrale pour maintenir le coureur à -1 yards ; Green Bay l’emporte 16-12 mais perd à nouveau contre les Cowboys 35-9.

Et l’information tombe quelques mois plus tard : Sterling Sharpe met fin à sa carrière, à 28 ans. Il aura accumulé 595 passes, 8134 yards et 65 touchdowns en 112 matchs. Certains sont persuadés qu’avec quelques années supplémentaires et un Favre complètement mature il serait aujourd’hui au Hall Of Fame (sans compter l’impact sur l’équipe).

En ce début d’année 1995, l’absence de Sharpe est justement la grosse interrogation sur la performance de Favre. Afin de pallier à cela, les Packers signent Mark Ingram des Dolphins, et draftent au troisième tour Antonio Freeman ; le Fullback William Henderson et le Guard Adam Timmerman font également partie de la draft. Favre répond alors aux critiques avec une saison encore plus productive que la précédente : 4413 yards et 38 touchdowns lui permettent de décrocher le titre de MVP. Brooks et Ingram assistent Favre mais c’est surtout le Tight End Chmura qui devient une cible privilégiée du #4. La défense, elle, continue de progresser lentement mais sûrement, permettant au club de décoller enfin dans sa division avec un record de 11-5, leur premier titre depuis 1972 !

Les Packers battent facilement les Falcons au premier tour des playoffs 37-20, puis ils vont détrôner les champions en titre 49ers 27-17 derrière une attaque très efficace. Green Bay atteint la finale NFC pour la première fois en 27 ans contre les Cowboys, la dynastie de la décennie. La franchise du Wisconsin, inexpérimentée, semble perdue au début du match, mais Favre monte un comeback dont il a l’habitude et les Packers mènent 28-24 à la fin du troisième quart-temps. C’est à ce moment que Dallas appuie sur l’accélérateur et l’emporte 38-28 pour accéder au Super Bowl. Cette défaite fait très mal chez les vert et or qui pensaient que c’était là LEUR année.

L’intersaison 1995-1996 est un passage cauchemardesque pour Brett Favre : celui qu’on considère déjà comme l’Homme de Fer à cause de sa propension à encaisser les chocs les plus terribles est devenu accro aux antidouleurs, notamment la Vicodine. Il a commencé à en prendre pour se soigner, puis il n’a plus jamais arrêté, taxant les cachets de ses camarades, allant jusqu’à en prendre plus d’une dizaine en une fois. Le 27 février 1996, son corps décide de dire stop et il convulse dans une chambre d’hôtel. C’est à la suite de cet incident qu’il prend conscience de la gravité de son problème. La ligue lui rappelle la politique très stricte en matière d’abus de substance : s’il ne veut pas rater la saison 1996, il doit faire une conférence de presse et aller guérir son addiction dans une clinique spécialisée. Conscient qu’il peut y laisser la vie, il accepte.

 

Titletown again (1996-1998)

 

Favre revient à temps pour les camps de la saison 1996. Pendant ce temps, l’équipe a fait quelques emplettes sur le marché de la NFL : l’explosif receveur/retourneur Desmond Howard des Jaguars et le Defensive Tackle Santana Dotson des Buccaneers rejoignent l’équipe, alors qu’Antonio Freeman, Adam Timmerman, le Defensive Tackle Gilbert Brown ou le Tackle Earl Dotson cimentent leur place dans l’effectif. Les Packers dominent enfin la NFL avec la meilleure attaque et la meilleure défense en points ; un nouveau Favre met le feu avec une saison à 39 touchdowns et un second titre de MVP consécutif. La saison se termine sur un 13-3 synonyme de playoffs et avantage du terrain.

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Reggie White

Il est écrit que rien ne peut arrêter Green Bay cette fois. Les 49ers ne posent pas de problème avec une victoire facile 35-14, et la revanche tellement attendue contre les Cowboys n’a finalement pas lieu car la franchise vieillissante se fait surprendre par les jeunes Panthers de Carolina. La finale de NFC est plus serrée que prévue au début (à cause des errements de Favre toujours présents), mais les gros gains et l’expérience finissent par faire la différence : Green Bay l’emporte 30-13 et retourne enfin au Super Bowl, 29 ans après le Super Bowl II.

Super Bowl XXXI se déroule à New Orleans et oppose les Packers aux Patriots de New England menés par le coach Bill Parcells et le Quarterback Drew Bledsoe. Les Packers sont donnés favoris de 14 points et semblent valider cela quand Favre envoie une bombe à Andre Rison pour un touchdown sur sa première passe. Les Packers mènent rapidement 10-0, mais derrière Bledsoe et le coureur Curtis Martin les Pats prennent l’avantage 14-10. Les Packers remettent le bleu de chauffe pour mener 27-14 à la mi-temps, mais New England ne veut rien lâcher et revient à 27-21. C’est à ce moment que le diable décide de sortir de sa boîte : sur le coup de pied de réengagement, Desmond Howard (déjà auteur de quelques bons retours) évite un accrochage et file tout droit vers la zone d’enbut pour porter la marque à 35-21. Reggie White et la défense s’occupe du reste avec notamment trois sacks du « Ministre de la Défense » comme on le surnomme. Howard réussit l’exploit, avec ses 244 yards sur retour, de devenir le seul joueur d’équipes spéciales à devenir MVP du Super Bowl.

Après 29 ans, Wolf et Holmgren ramènent le trophée Lombardi à la maison et Green Bay s’appelle de nouveau « Titletown ».

RonWolfSuperBowlEt il n’y a aucune raison que les Packers ne rééditent pas l’exploit de leurs glorieux aînés de 1966-1967 : le doublé est parfaitement possible avec un équipe aussi talentueuse. Surtout que Green Bay drafte en 1997 le Tackle Ross Verba et le Defensive Back Darren Sharper, deux joueurs prometteurs. Certes Desmond Howard est parti à Oakland, mais la franchise dévale encore la piste avec un nouveau titre de division à 13-3 et le troisième titre de MVP consécutif pour Favre. Le coureur Dorsey Levens prend parfaitement la place de Bennett, et la défense continue de terroriser les attaques adverses. Les playoffs sont de nouveau une formalité : les Buccs de Tampa Bay sont défaits facilement 27-7, puis les 49ers sont vaincus 23-10 sur un terrain difficile. Ce match est néanmoins l’occasion de retrouvailles chaleureuses avec l’ancien coach des Quarterback à Green Bay et grand ami de Favre qui entraîne désormais San Francisco, Steve Mariucci.

Super Bowl XXXII se déroule à San Diego et met face à face la star actuelle Brett Favre contre la star vétéran John Elway. Elway participe à sa quatrième finale NFL et les trois premières ont toujours été des fiascos : défaite 39-20 contre les Giants de Phil Simms en 1986, rouste 42-10 contre les Redskins de Doug Williams en 1987 et une fessée 55-10 contre les 49ers de Joe Montana en 1989. Elway vit probablement là sa dernière chance d’avoir une bague de champion et il ne va rien lâcher avec son escouade talentueuse, même si les Packers sont donnés vainqueurs avec 11 points d’écart. Le match est indécis jusqu’au bout, les touchdowns à la passe de Favre étant répondus par les touchdowns à la course de Terrell Davis. Une course héroïque d’Elway qui fait l’hélicoptère en l’air permet à Denver de prendre un avantage que le champion AFC maintient à 2 minutes de la fin, menant 31-24. Favre tente un dernier comeback, mais il n’y parvient pas et les Packers ne savent pas encore qu’ils viennent de rater le coche pour 13 ans.

1998 est une saison de revanche pour Green Bay, qui drafte le Defensive End Vonnie Holliday et le Quarterback Matt Hasselbeck. Mais c’est surtout une saison qui semble compromise quand Dorsey Levens et le Centre Frank Winters se blessent tous les deux gravement. Les Packers redressent la tête et postent un bon record à 11-5, les invitant une nouvelle fois en playoffs. Ils retrouvent les 49ers de San Francisco en playoffs, et le match est beaucoup plus serré que celui de 1997. Alors que les Packers mènent 27-23 vers la fin du match, un coup du sort va décider de la rencontre : sur le drive final, Jerry Rice fumble le ballon clairement avant que son genou ne touche le sol, mais les arbitres accordent la réception. La révision vidéo ayant disparu depuis 1993, impossible pour Holmgren de demander à revoir la décision, et quelques actions plus tard Steve Young trouve un jeune Terrell Owens dans l’en-but pour une victoire des 49ers 30-27 dans un match surnommé The Catch II.

Suite à cet incident et à celui qui a volé les Seahawks d’une place en playoffs contre les Jets un peu plus tôt dans l’année, le système de challenge vidéo que l’on connaît aujourd’hui est mis en place avec les mouchoirs rouges. Mais c’est trop peu trop tard pour Green Bay qui ne verra pas la finale NFC. Ils ne verront plus non plus leur coach Mike Holmgren qui part pour devenir coach et General Manager des Seahawks de Seattle. Derniers départs en date, mais non des moindres : Robert Brooks et le Ministre de la Défense lui-même, Reggie White, prennent leur retraite.

 

L’intérim de Sherman (1999-2005)

 

Les Packers engagent Ray Rhodes comme coach et son intérim va être court : dans une saison où Favre joue avec une blessure au pouce, il lance 22 touchdowns pour 23 interceptions et Green Bay semble avoir perdu le feu sacré après les départs d’Holmgren, Brooks et White ; la franchise termine 8-8 et manque les playoffs pour la première fois depuis 1992. Wolf trouve que l’équipe s’est trop ramollie avec Rhodes et il fait le ménage sans attendre. Il renvoie Rhodes et son staff pour le remplacer par Mike Sherman, un ancien coach des Tight Ends qui était parti avec Holmgren à Seattle. Le coach remet tout de suite les pendules à l’heure et l’ambiance dans l’équipe revient au beau fixe.

De plus, les deux dernières drafts ont été remplies de talents en devenir : le Defensive Back Mike McKenzie et surtout le septième tour receveur Donald Driver ont été pris en 1999, alors que le Tight End Bubba Franks, les Tackles Mark Tauscher & Chad Clifton ainsi que le Defensive End Kabeer Gbaja-Biamila viennent grossir les rangs en 2000. Tauscher et Clifton démarrent immédiatement en protection de Favre alors que Driver tente de faire l’appoint aux côtés de Bill Schroeder (drafté en 1994) et d’Antonio Freeman. Le coureur Ahman Green des Seahawks est signé pour remplacer Levens à la course. On voit bien là le système Ron Wolf : une détection fine et habile de jeunes talents, ce qui permet d’investir du temps et économiser de l’argent dans leur développement, avec quelques Free Agents ici ou là pour pallier aux manques. Green Bay reprend des couleurs et termine la saison à 9-7 malgré un démarrage un peu poussif.

New Orleans Saints v Green Bay Packers
Donald Driver

En 2001, son système bien mis en place, Wolf décide de quitter ses fonctions de General Manager et il bombarde Sherman coach et GM, un fait plutôt rare dans une organisation de Green Bay où on ne cumule pas les mandats. La classe de 1999/2000 fleurit, Favre retrouve sa forme olympique (3921 yards, 32 touchdowns), et les Packers dominent de nouveau la division à 12-4. Les playoffs vont apporter une revanche tant attendue sur l’injustice de 1998 avec une victoire 25-15 sur les 49ers à Lambeau, mais également la douche froide des SIX interceptions de Favre contre les Rams de Saint-Louis et une défaite 45-17.

2002 sonne comme un retour aux sources : suite à la création de la franchise #32, les Texans de Houston, les divisions sont enfin ré-équilibrées à 4 équipes chacune, ce qui recrée la mythique NFC Central de 1968-1976 sous le nom de NFC North : Green Bay, Detroit, Chicago et Minnesota. Les Packers continuent leur marche en avant, Driver prenant le place d’un Antonio Freeman parti à Philadelphie, mais la franchise bute en fin de parcours et perd la tête de la conférence en dernière semaine. En Wild Card et sous une neige battante, les Falcons d’Atlanta l’emportent 27-7 contre des Packers dont le ressort s’est cassé subitement et qui encaissent leur seule défaite à Lambeau cette année-là.

2003 est une année très spéciale pour tout fan des Packers, surnommés les Cheeseheads car ils ont pour habitude de porter des parts de fromage en mousse sur la tête ; le fromage étant une spécialité du Wisconsin. Le Defensive End Aaron Kampman, le rookie Linebacker Nick Barnett et le Defensive Back Al Harris sont les nouvelles arrivés, mais la défense baisse de pied et les Packers sont mal partis. Le dimanche précédent le Monday Night Football contre Oakland, on apprend que le père de Favre meurt, mais le Quarterback veut jouer et il fait un match dantesque avec 311 yards et 4 touchdowns dans la première mi-temps ; il termine à 399 yards dans une rouste 41-7. Pour le dernier match de la saison, les Packers battent les Broncos 31-3, mais ils doivent attendre le score des Vikings (9-6) chez les Cardinals (3-12). Minnesota mène 17-6 mais encaisse deux touchdowns improbables dont le dernier du receveur inconnu Nate Poole sur une dernière tentative à quelques secondes de la fin ; les Vikes perdent 19-17, envoyant Green Bay en playoffs à 10-6.

Et la saison n’a pas fini question émotion : en Wild Card, les Packers reçoivent les Seahawks de Holmgren et Hasselbeck, un Quarterback qu’ils avaient drafté en 1998. Le Kicker de Green Bay Ryan Longwell a la balle de match à 27-27, mais il rate son Field Goal de 47 yards et le match va en prolongations. Le toss a lieu, Seattle le gagne, et quand Hasselbeck se penche vers l’arbitre pour lui dire la décision évidente (que Seattle commence en attaque), le micro tout proche enregistre alors une phrase devenue célèbre : « We want the ball and we’re gonna score » (« on veut la balle et on va marquer »). Malheureusement pour lui, le premier drive de Seattle ne donne rien, et pire, le second se termine en interception d’Al Harris qu’il retourne 52 yards jusqu’au touchdown ; les Packers l’emportent 33-27. Le Divisional Round amène les Eagles à Lambeau, et Green Bay mène 17-14 mais craque défensivement au pire moment : le Quarterback de Philadelphie Donovan McNabb trouve son receveur Freddie Mitchell en plein milieu de la défense sur une 4e&26 qui permet aux Eagles de taper un Field Goal pour égaliser à 17-17 et forcer la prolongations. Favre commet l’interception de trop et les visiteurs l’emportent finalement 20-17, laissant les fans et les joueurs abattus.

Le duel entre les Packers et les Vikings occupe une année 2004 entâchée par la mort brutale de Reggie White le 26 décembre d’une arrythmie cardiaque. Les Packers, qui conservent la même équipe en rajoutant le non-drafté Defensive Tackle Cullen Jenkins plus le Centre Scott Wells à la draft, parviennent une nouvelle fois en playoffs après avoir battu les Vikes deux fois 34-31 grâce à un Field Goal décisif de Longwell à la dernière minute. En playoffs, les Packers retrouvent pour la troisième fois les Vikings, mais cette fois la franchise du Minnesota prend sa revanche en démarrant le match sur les chapeaux de roue 17-0, puis en interceptant Favre quatre fois en route pour une victoire facile 31-17. Encore une saison pour rien et l’âge de Favre commence à être sérieusement mis en question : à 35 ans et cassé de partout, c’est peut-être la fin du Gunslinger (traduisez, pistolero Quarterback qui arrose de partout).

2005 accentue encore cette impression : les Packers décident de terminer la souffrance du Quarterback Aaron Rodgers à la draft qui pensait partir en #1 et qui se retrouve pris en #24 ; le successeur de Favre semble donc désigné. La franchise drafte également le Defensive Back Nick Collins et signe entre autres le Tight End Donald Lee. Pendant ce temps, Mike Sherman commence à fatiguer du fait de sa double casquette, ce qui rend la communication difficile et ambiguë avec ses joueurs ; le président Harlan décide donc de le laisser uniquement coach et engage Ted Thompson comme General Manager. Pendant la saison le jeu de Favre se délite encore un peu plus avec 20 touchdowns pour 29 interceptions, et l’attaque subit des blessures dévastatrices : Ahman Green, le coureur Najeh Davenport et le receveur Javon Walker sont out tôt dans la saison. Tout cela plombe la franchise qui termine à un terrible 4-12.

Après une bonne période de six saisons dont quatre en playoffs, Mike Sherman quitte le poste de coach. Pour le remplacer, Thompson réplique sans le vouloir Wolf et va lui aussi chercher le Coordinateur Offensif des 49ers (et accessoirement, un ancien de la maison qui entraînait les Quarterbacks en 1999).

 

Arrivée de McCarthy et Favre-Drama (2006-2008)

 

2006 démarre donc sous l’égide d’un nouveau coach, Mike McCarthy, et avec quelques nouvelles têtes sur le terrain : la draft a amené des jeunes joueurs qui démarrent de suite comme le Linebacker A.J. Hawk, le receveur Greg Jennings ou le Tackle Daryl Colledge, et d’autres joueurs sont signés, comme le Defensive Tackle Ryan Pickett des Rams ou le très bon mais caractériel futur Hall Of Famer Cornerback/retourneur Charles Woodson des Raiders. Ce mélange de jeunes et d’anciens prend gentiment, et la saison 2006 se termine sur un 8-8 plutôt encourageant.

Mike McCarthyFavre décide de remettre le couvert en 2007 malgré son âge avancé et son état physique car il a en ligne de mire plusieurs records de la NFL à s’approprier. Avec l’appui des Driver, Jennings et Lee mais également du coureur Ryan Grant (non-drafté) et du receveur James Jones (drafté), le #4 allume de nouveau les compteurs avec une saison à 4155 yards, 28 touchdowns et 15 interceptions. En Week 4 contre Minnesota, il bat deux records de Dan Marino : le nombre de touchdowns lancés en carrière avec 421 et le nombre de passes tentées avec 8.359 ; en Week 6 contre Washington, il bat le record d’interceptions de George Blanda avec 278 (moins glorieux celui-là) ; en Week 9 contre Kansas City, la victoire des Packers permet à Favre d’avoir vaincu toutes les autres équipes de la ligue à part la sienne ; enfin en Week 15 contre Saint-Louis il bat le record de Marino de yards à la passe avec 61.366. Et tout ça sans parler de sa série totalement inhumaine de 275 matchs consécutifs comme titulaire. La défense monte aussi en intensité avec l’ajout du Cornerback Tramon Williams (non-drafté lui aussi), avec un Woodson qui devient un leader bien loin du trublion qu’il était à Oakland ; les Packers font une très bonne saison à 13-3.

Le premier match des playoffs a lieu à Lambeau contre les Seahawks sous une neige abondante. Le rookie Grant semble nerveux et il fumble deux fois au début du match, permettant à Seattle de mener 14-0, mais il va se racheter par la suite et Green Bay domine de bout en bout avec une victoire éclatante 42-20 qui les envoie en finale NFC. Le match se déroule contre les surprenants Giants (Wild Card), et de nouveau il a lieu dans un Lambeau congelé. La température est de -1°F (-18°C) avec un vent glacial à -23°F (-30°C), faisant de ce match le digne successeur de l’Ice Bowl. Et il est aussi serré avec un score de 20-20 et le Kicker des Giants Lawrence Tynes qui manque deux Field Goals en dernier quart-temps dont celui de la gagne. Mais comme en 2003 contre les Eagles, Favre se fait intercepter dans sa propre moitié de terrain, permettant aux Giants de l’emporter 23-20 quelques actions plus tard.

Ce sera la dernière passe de l’icône de Green Bay dans son club de toujours, mais ça personne ne le sait encore. Ce qui est sûr cependant, c’est que personne, surtout dans le Wisconsin, ne va oublier les circonstances du départ.

La retraite de Favre a toujours été un sujet évoqué depuis 2002, et de plus en plus lourdement au fil des années (jusqu’à l’overdose d’ailleurs). Donc quand Favre décide de prendre sa retraite après la saison 2007, et qu’il assure à l’organisation Packers qu’il est OK avec sa décision, le sujet semble enfin clos : Favre se retire bardé de records, avec la gratitude éternelle de la nation Packers. L’organisation prévoit de retirer son maillot officiellement lors du premier match de la saison, et Aaron Rodgers, sur le banc depuis trois ans derrière lui, a eu le temps d’apprendre parfaitement le playbook ; il est prêt pour entrer dans l’arène comme le Quarterback de Green Bay. Pour être sûrs, les Packers draftent Brian Brohm et Matt Flynn pour servir de remplaçants à Rodgers ; on n’entendra plus jamais parler de Brohm, à l’inverse de Flynn.

Sauf que pendant l’été, Favre fait une demande officielle au commissioner de la ligue Roger Goodell, car il veut encore jouer. Goodell accepte qu’il revienne en NFL, mais alors que Favre désire revenir à Green Bay, c’est l’organisation (Ted Thompson en tête) qui refuse en disant qu’ils ont tourné la page et que Aaron Rodgers est désormais leur homme. Cela démarre une joute verbale peu amicale pendant quelques semaines dans les médias qui envenime la situation à tel point que les Packers proposent 25M$ pour que Favre reste à la retraite ; ce dernier répond qu’il pourrait bien aller jouer pour les rivaux Vikings, ce qui est une possibilité qui ferait se pendre tout vrai Cheesehead. Les pontes de l’équipe essaient d’empêcher cela, et montent un deal qui envoie Favre aux Jets pour un choix de draft conditionnel.

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’Aaron Rodgers démarre dans une ambiance tout à fait sympathique la succession de la légende. Il a pourtant bien négocié tout le psychodrame en restant humble et en disant qu’il était prêt à prendre la relève sans fustiger son prédécesseur. Classe hors du terrain, il va également l’être dessus : bien rodé au système McCarthy, il poste une très bonne première saison à 4038 yards, 28 touchdowns et 13 interceptions. Pour cela, il a l’appui des anciens du club comme Driver, Jennings, Jones et Lee, mais également celui du rookie receveur Jordy Nelson alors que l’autre rookie Tight End Jermichael Finley attend son heure. La franchise tombe à 6-10, mais c’est plus la faute de la défense qui a perdu son efficacité. McCarthy décide de faire le ménage parmi ses assistants, et notamment en défense où il engage le génie Dom Capers qui décide immédiatement de remodeler l’escouade en 3-4.

 

L’avènement du Chirurgien Aaron Rodgers (2009-2011)

 

En 2009, la machine est enfin lancée. La draft est très prometteuse avec les choix du phénomène Linebacker Clay Matthews, du Defensive Tackle B.J. Raji ou du Guard T.J. Lang. Tout ce beau monde est titulaire (à part Lang) et les deux escouades carburent enfin à l’unisson grâce au travail en défense de Capers et à l’ajout de Raji et Matthews ; c’est Charles Woodson qui en profite le plus, étant nommé Defensive Player Of The Year. La saison d’Aaron Rodgers est supérieure à la précédente en tout point (4434 yards, 30 touchdowns et 7 interceptions) grâce à son corps de receveurs de qualité ; de toutes façons, s’il y a encore des nostalgiques de Favre, ils sont totalement vaccinés car comme il l’avait menacé, l’ancien #4 a fini par signer avec les Vikings. Il a même battu deux fois Green Bay dans la saison régulière, ce qui en fait un banni automatique.

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Clay Matthews

Malgré ces deux défaites, les Packers reviennent sur le devant de la scène avec un record de 11-5 qui les envoie en playoffs chez les Cardinals de l’Arizona revitalisés par un vieux de la vieille, Kurt Warner, l’ancien Quarterback du Greatest Show On Turf des Rams. Et justement, quand on met deux artificiers l’un contre l’autre avec des armes à la réception dans tous les sens, qu’est-ce que ça donne ? Le match de playoffs avec le plus de points dans l’histoire de la NFL. Malgré un démarrage de feu des Cards qui mènent 31-7 en début de troisième quart-temps, Rodgers ne s’en laisse pas compter et ça fusille dans tous les sens pour se terminer à 45-45 avec six passes de touchdown pour Warner et cinq pour Rodgers. Malheureusement cela va se finir par un nouveau crève-coeur pour Green Bay en prolongations : Rodgers rate un Greg Jennings tout seul qui aurait assuré la victoire, avant de subir un sack/fumble récupéré par Karlos Dansby pour un touchdown de 17 yards et un score final de 51-45.

En 2010, les Packers veulent transformer cette frustration en motivation pour passer le prochain palier. Ils draftent le Tackle Bryan Bulaga pour essayer de palier aux problèmes de protection, le coureur James Starks et le Safety Morgan Burnett ; ils signent également le Cornerback non-drafté Sam Shields. Tous les espoirs sont permis, mais les blessures vont très vite venir tempérer les ardeurs : Green Bay perd pas moins de seize joueurs pour la saison. Néanmoins, Rodgers poste encore une bonne saison, et surtout la star de l’équipe est la défense avec Clay Matthews à sa tête, véritable machine à plaquer et sacker. L’équipe parvient à accrocher une place en playoffs à 10-6 de justesse, et va devoir se déplacer pendant tous les playoffs.

Le Wild Card Round est une victoire 21-16 sur Philadelphie grâce à une interception de Tramon Williams dans l’en-but. Le Divisional Round envoie Green Bay chez les Falcons, la meilleure équipe de la NFC : Atlanta mène 14-7 grâce à un retour de kickoff pour un touchdown, mais Rodgers va mettre la machine en route et broyer les favoris ; Green Bay étouffe Atlanta 48-21 dans un match à sens unique. La finale NFC est un duel historique puisque les Packers se déplacent à Soldier Field chez les Bears : Green Bay démarre mieux et mène 14-0 au début du dernier quart-temps ; malgré un retour des Bears, les Packers l’emportent, finalement 21-14. Enfin, après 14 ans d’attente, Green Bay retourne au Super Bowl !

Super Bowl XLV a lieu au tout nouveau Cowboys Stadium et propose une vraie rencontre historique : il oppose l’équipe avec le plus de titres (les Packers avec douze) contre l’équipe avec le plus de Super Bowls (les Steelers avec six) ; en résumé, c’est Titletown vs Super Bowl Town, une des plus belles affiches possibles. Comme en finale NFC, les Packers vont prendre l’avantage et ne plus le lâcher : une passe à Jordy Nelson puis deux interceptions de Ben Roethlisberger transformées en touchdown par la suite permettent à Green Bay de mener 21-10 à la mi-temps. Les blessures de Charles Woodson et Donald Driver semblent ralentir Green Bay et Pittsburgh revient à 21-17, mais un fumble provoqué par Matthews permet à Rodgers de scorer un autre touchdown à la passe pour Greg Jennings. Malgré un nouveau touchdown des Steelers, Green Bay contrôle le reste du match et l’emporte 31-25. Après treize ans d’attente, le trophée Lombardi revient une nouvelle fois à la maison pour un treizième titre. Avec 304 yards et trois touchdowns à la passe, Aaron Rodgers est MVP du Super Bowl… quelque chose que Favre n’a jamais réussi à faire.

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Aaron Rodgers

Il ne manque alors qu’une chose à Rodgers : être élu MVP de la NFL. Et en 2011 il va s’employer à démontrer qu’il est le meilleur Quarterback (et joueur) de la ligue. Ayant enfin toutes ses armes à disposition (avec même l’ajout du receveur/retourneur Randall Cobb), Rodgers passe encore un plateau en disséquant les défenses adverses à volonté : il termine avec 4643 yards et 45 touchdowns pour seulement six interceptions, menant une offensive des Packers qui score 560 points. Il totalise un QB rating record de 122.5 sur la saison, ce qui bat la marque précédente de Peyton Manning. Mais malheureusement, la défense baisse sévèrement de pied à cause de la perte de Cullen Jenkins (parti à Philadelphie) et surtout celle de Nick Collins, qui subit une grave blessure au cou contre les Panthers qui met fin à sa carrière. Il n’y a guère que les interceptions (31) qui vont en défense, mais à côté de cela elle est la pire de la ligue.

C’est suffisant pour battre la majorité des équipes mais pas les Chiefs, qui brisent les espoirs de saison parfaite, et surtout les Giants, que Green Bay affronte en Divisional Round. En effet, les bourreaux de la finale NFC de 2007 récidivent : l’attaque des Packers balbutie son football sous la pression énorme de la défense des Giants, et New York l’emporte 37-20 sur la route de leur Super Bowl.

 

La malédiction de la NFC West (2012-2015)

 

Cela commence une reconstruction défensive sur plusieurs années de la part de McCarthy et Thompson : en 2012, le Cornerback Casey Hayward et le Defensive Tackle Mike Daniels notamment viennent grossir les rangs de l’escouade. L’attaque ne parvient pas à reproduire une saison aussi faste que 2011, mais elle continue de bien jouer et Green Bay remporte un titre de NFC North à 11-5. Néanmoins, la saison est marquée par un épisode controversé : depuis le début de l’année, ce sont des arbitres remplaçants (de lycée ou de division inférieure NCAA) qui officient car la NFL est en bisbille avec les arbitres titulaires. Cela a mené à plusieurs erreurs d’arbitrage mais aucune aussi importante que lors de la dernière action du Monday Night Football de Week 3.

Devant la nation entière, le Quarterback des Hawks Russell Wilson envoie une Hail Mary dans l’en-but qui semble être d’abord interceptée au vol par M.D. Jennings mais le receveur Golden Tate pose une main sur la ballon… et le reste est un enchevêtrement de bras et de mains. Les arbitres eux-mêmes ne sont pas sûrs, l’un indiquant le touchdown et l’autre l’arrêt du temps ; au final la révision vidéo accorde le touchdown à la surprise général et les Hawks l’emportent 14-12. Le fait que l’interception et la réception aient été simultanées ou non (ce qui voudrait dire balle à l’attaque et donc touchdown) reste débattable, mais ce qui est flagrant c’est surtout le fait que Tate balance littéralement Sam Shields juste avant la réception, ce qui aurait dû amener une interférence de passe offensive. Quoi qu’il en soit, la confusion semblant régner chez les arbitres remplaçants, aux yeux du pays entier, est la goutte d’eau qui fait déborder le vase d’un début de saison bourré d’erreurs ; cela pousse la NFL et les arbitres titulaires à trouver un accord pour que ces derniers reviennent dès la semaine suivante. L’incident restera célèbre comme la Fail Mary (ou encore Touchception).

touchception ( fail mary - arbitre remplaçantAu moins, cela ne coûte pas une place de playoffs à Green Bay qui reçoit les Vikings du Minnesota en Wild Card Round ; le match n’a pas énormément de suspense et les Packers l’emportent aisément 24-10. Le Divisional Round a lieu à San Francisco contre les 49ers, et les problèmes en défense vont exploser au visage de Green Bay qui encaisse la bagatelle de 579 yards, dont surtout 181 au sol du remuant Quarterback Colin Kaepernick, dans une rouste 45-31.

Le lifting défensif doit donc continuer en 2013 avec la sélection du Defensive End Datone Jones ou du Defensive Back Micah Hyde ; cependant Thompson pense également à la protection de Rodgers, d’où la draft du Tackle David Bakhtiari, et au jeu de course anémique des Packers depuis la perte de Ryan Grant, d’où la sélection du coureur Eddie Lacy au deuxième tour. Ces deux choix vont être judicieux, surtout celui de Lacy : lors du match de Week 9 contre Chicago, un sack sur Rodgers fracture sa clavicule et le rend indisponible pendant plusieurs semaines ; Lacy va porter une bonne partie du poids de l’équipe sur lui.

Les Packers surnagent difficilement avec Matt Flynn puis Scott Tolzien aux commandes, surtout que Cobb aussi rate plusieurs matchs et que l’équipe perd définitivement Jermichael Finley sur une blessure au cou ; mais les différentes blessures ailleurs dans la division et un écroulement des Lions permettent à Green Bay de disputer la finale de la NFC North à Chicago en Week 17. Rodgers et Cobb reviennent à ce moment-là, et les Packers remportent un match dantesque 33-28 sur une passe de touchdown de 48 yards de l’un à l’autre sur une 4e&8. A la fin d’une belle saison à 1178 yards et 11 touchdowns, Lacy gagne le titre d’Offensive Rookie Of The Year. Green Bay, qui termine 8-7-1, n’ira cependant pas très loin en playoffs : la défense est décimée et l’équipe est sortie une nouvelle fois par les 49ers, 23-20.

2014 apporte de nouveaux défenseurs dont le premier tour Safety Ha-Ha Clinton-Dix à un poste qui en a cruellement besoin, et surtout le vétéran futur Hall Of Famer Defensive End Julius Peppers en Free Agency. On voit également des attaquants arriver avec les drafts du receveur Davante Adams et le Centre Corey Linsley qui est parachuté titulaire à cause des blessures. L’équipe fait une nouvelle excellente saison à 12-4, remportant le titre de la division sur le dernier match 30-20 contre Detroit malgré une blessure au mollet de Rodgers, qui est voté MVP avec une saison de haut vol (4381 yards, 38 touchdowns et seulement cinq interceptions).

Green Bay affronte Dallas à Lambeau en Divisional Round, un match qui promet entre deux attaques qui sont supérieures aux deux défenses, et qui va se terminer de manière controversée : une passe de Tony Romo sur 4e&2 à Dez Bryant semble attrapée puis relâchée alors que le receveur plonge vers la ligne d’en-but. McCarthy demande un arbitrage vidéo et les arbitres décident que c’est une réception incomplète car Bryant a perdu le contrôle en allant au sol. Rodgers fait avancer l’attaque qui mange le chrono restant et Green Bay l’emporte 26-21. Cette décision controversée relance le débat sur la définition d’une réception (qui ne date pas d’aujourd’hui). Les Packers se déplacent à Seattle en finale NFC, et dominent largement pendant 56 minutes en forçant quatre interceptions de Russell Wilson (dont deux du rookie Clinton-Dix). Malheureusement, la défense et les équipes spéciales s’écroulent complètement : un écart de 19-7 à 3:52 de la fin se transforme en prolongations à 22-22, puis en défaite cruelle 28-22. C’est la troisième fois de suite que Green Bay est éliminé par une équipe de la NFC West en playoffs, sans compter l’épisode de la Fail Mary et les défaites en saison régulière contre Seattle et San Francisco.

Et la malédiction va continuer en 2015, une saison qui voit l’inversement du rapport de force : la défense continue de monter en puissance surtout en couverture avec une draft qui a amené le tandem de Cornerbacks Damarious Randall et Quinten Rollins, mais l’attaque cale radicalement. Les blessures en cascade au poste de receveur, notamment la rupture d’ACL en présaison de Jordy Nelson, le surpoids de Lacy et les pépins physiques en ligne offensive ralentissent l’escouade. Green Bay se fait souffler le titre de la division par Minnesota en terminant à 10-6 mais parvient à accrocher une place en playoffs grâce notamment à une victoire miraculeuse à Detroit sur une Hail Mary d’Aaron Rodgers pour le Tight End Richard Rodgers. Le Wild Card Round est bien géré contre les Redskins avec une victoire 35-18 avant un déplacement à Arizona. Privé de ses trois principaux receveurs, Rodgers refait parler sa magie pour ramener Green Bay à égalité sur le dernier drive avec deux passes miraculeuses à Jeff Janis, mais comme en 2009, tout va s’arrêter brutalement en prolongations : sur la première action, Larry Fitzgerald gagne 75 yards puis score le touchdown de la victoire. Encore une fois, la NFC West barre la route de Green Bay.

 

La malédiction de la finale NFC (2016-2022)

 

Bonne nouvelle, en 2016 la NFC West n’est plus sur le chemin en playoffs, mais les Green&Gold ont surtout failli les rater. L’équipe enchaîne sa mauvaise fin de saison 2015 par un mauvais début de saison 2016, et les blessures s’invitent de nouveau en décimant les Cornerbacks et les coureurs, forçant des conversions comme l’étonnant coureur-receveur Ty Montgomery. Green Bay est 4-6 et semble hors course quand Rodgers déclare que l’équipe peut parfaitement finir la saison sans perdre un seul match… ce qu’elle fait : le Quarterback, malgré des blessures aux deux jambes, revient à son niveau de MVP grâce au retour de Jordy Nelson et permet aux Packers de terminer 10-6 en remportant la division suite à une énième finale de division contre Detroit.

Le Quarterback réussit à nouveau quelques miracles en playoffs : en Wild Card contre la féroce défense des Giants, il complète une nouvelle Hail Mary à Cobb qui ouvre les vannes dans une victoire moins aisée que le score ne l’indique (38-13) ; en Divisional Round chez les #1 Cowboys, il se connecte dans les dernières secondes avec le Free Agent Tight End Jared Cook pour mettre en place le Field Goal de la victoire 34-31. Malheureusement, la deuxième finale NFC en trois ans sera bien moins serrée que la précédente : les Packers sont trop diminués par les blessures pour résister aux explosifs Falcons qui l’emportent facilement 44-21.

Le pire cauchemar de tout Cheesehead se répète en 2017 : Rodgers se fracture l’autre clavicule sur un plaquage controversé d’Anthony Barr, et cette fois il n’y aura pas de qualification miracle. Brett Hundley prend la place du #12, mais ses performances sont largement inconstantes malgré une superbe saison de Davante Adams (10 touchdowns) et les apports au sol des rookies Jamaal Williams ou Aaron Jones. La défense voit l’éclosion du sophomore Defensive Tackle Kenny Clark dans un front-7 solide, mais la couverture est encore ravagée par les blessures, dont le rookie Cornerback Kevin King, et l’équipe rate les playoffs à 7-9 pour la première fois depuis huit ans.

Les failles constantes en défense (surtout en couverture), les échecs répétés en playoffs et cette fin de série poussent la franchise d’ordinaire stable à faire deux changements majeurs : le General Manager Ted Thompson cède sa place en interne au profit de Brian Gutekunst, alors que le Coordinateur Défensif Dom Capers est remplacé par l’ex-Head Coach des Browns, Mike Pettine. Un troisième changement intervient un an après : malgré la draft du Cornerback Jaire Alexander ou la signature du Tight End Jimmy Graham, la saison 2018 (qui a vu le départ de Jordy Nelson) est à nouveau une déception avec un manque d’inventivité offensive et des blessures récurrentes pour un bilan de 6-9-1 ; à la grande différence que cette fois, Rodgers a été présent toute la saison. C’en est trop pour l’organisation qui se sépare de McCarthy après 13 saisons, 9 qualifications en playoffs, 6 titres de division, 4 finales de conférence et un Super Bowl remporté. C’est le Coordinateur Offensif des Titans, Matt LaFleur, qui le remplace.

Brian Gutekunst & Matt LaFleur

2019 est une histoire de « bonnes nouvelles, mauvaises nouvelles » dans le Wisconsin. Les bonnes nouvelles : Gutekunst n’hésite pas à se tourner vers la Free Agency et fait un carton défensif avec les Defensive Ends ex-Raven Za’Darius Smith et ex-Redskin Preston Smith ainsi que l’ex-Bear Safety Adrian Amos, un Aaron (Rodgers) reçoit l’appui monstre d’un autre Aaron (Jones) qui score 23 TDs dans une année complète (record de franchise), et Green Bay revient en trombe sur le devant de la scène en postant un bilan de 13-3. Les mauvaises nouvelles : il y a eu des ratés des deux côtés du ballon, des victoires en général étriquées, le corps des receveurs a été frappé par les blessures, et surtout la malédiction de la NFC West est revenue de plein fouet en playoffs ; si Seattle est écarté 28-23 en Divisional Round, San Francisco réédite sa déculottée du match de saison régulière (37-8) en l’emportant aisément 37-20 en finale NFC.

La saison suivante démarre sur un coup de tonnerre : au premier tour de la draft 2020, Green Bay remonte de #30 à #26 pour sélectionner… le Quarterback d’Utah State, Jordan Love ! Cela ressemble à la sélection de Rodgers en 2005, mais avec quelques différences : Love n’était pas dans la discussion pour être #1 et surtout, contrairement à Favre, Rodgers n’a jamais évoqué sa retraite ou sa fin de carrière. Le reste de la draft surprend tout autant, et beaucoup prédisent une saison compliquée pour les Green&Gold. Cependant, une année de plus dans le système offensif de LaFleur rend l’attaque encore plus efficace : elle termine comme la plus prolifique en points. La défense tient mieux qu’on ne le pense (même si elle connaît quelques creux), et les Packers rééditent leur bilan de 13-3… sauf que cette fois c’est suffisant pour finir top seed de la NFC. Rodgers, plus à l’aise et plus chirurgical, domine la saison : il remporte son troisième titre de MVP avec notamment 48 TDs et 5 INTs.

Cela garantit ENFIN un chemin des playoffs NFC qui passe par Lambeau. Le Divisional Round voit les Rams venir dans le Wisconsin : les californiens sont limités offensivement et Aaron Donald n’est pas à 100% ; c’est une victoire 32-18. Néanmoins, le même syndrome que l’année précédente frappe : une équipe qui a écrasé Green Bay en saison régulière va venir les battre en finale de conférence. La franchise a connu sa première défaite de la saison 38-10 à Tampa Bay, et les Bucs vont lui barrer la route du Super Bowl : un nouveau démarrage catastrophique des deux côtés du ballon (et une grossière erreur défensive juste avant la pause) place le score à 28-10 au début du troisième quart-temps. La défense se réveille et intercepte plusieurs fois le néo-Buc Tom Brady ; cependant l’attaque n’arrive pas à capitaliser suffisamment, et Tampa Bay l’emporte 31-26.

Nouvelle saison, nouvel espoir de retourner au Super Bowl, même si certains évoquent des tensions entre Aaron Rodgers et la franchise. Le joueur répond par un quatrième titre de Most Valuable Player et le deuxième de suite avec 4115 yards, 37 touchdowns et seulement 4 interceptions pour un QB Rating de 111.9. Sa connexion avec Adams et le duo Aaron Jones-A.J. Dillon au sol sont les moteurs d’une attaque qui doit faire avec une ligne offensive décimée mais qui tient bon, alors que la défense voit l’arrivée de héros inattendus comme l’ex-Falcon Linebacker De’Vondre Campbell (au début) ou le Cornerback Rasul Douglas (en cours). Tout cela permet aux Packers d’être parfaits à domicile et de poster un bilan de 13-4 suffisant pour le titre de division et la tête de la conférence. Les playoffs passent une nouvelle fois par Lambeau… mais il n’y aura même pas de finale NFC : dans un Divisional Round frigorifique, les 49ers viennent avec une défense béton, et surtout le gros point noir des Packers revient les hanter ; les équipes spéciales voient un FG contré et surtout un punt contré retourné pour un touchdown dans le dernier quart-temps. Dans un match avec un petit score, cela fait la différence pour les californiens, 13-10.

Mais il y a encore pire que de tomber en finale NFC, ou en Divisional Round… c’est de ne même pas accéder aux playoffs. Green Bay se renforce en défense via la draft des choix de premier tour Linebacker Quay Walker et Defensive Tackle Devonte Wyatt, ainsi qu’en attaque avec la draft du deuxième tour receveur Christian Watson. Cependant, l’intersaison est phagocytée par les questions autour de Rodgers, et l’échange choc d’Adams à Las Vegas afin de retrouver son ancien partenaire d’Université, Derek Carr. Le #12 décide de rempiler pour 2022, mais l’attaque est cassée : elle a perdu sa cohérence et les blessures n’aident pas. Watson émerge comme une vraie arme en deuxième partie de saison mais un peu tard, alors que la défense continue d’alterner et que les équipes spéciales redressent un peu la tête. Incapable de jouer un match entier, Green Bay rate les playoffs à 8-9 dans ce qui sonne comme la fin d’une ère.

En effet, il apparaît clair assez rapidement dans l’intersaison 2023 que le divorce est consommé : ironiquement, ce sont encore les Jets qui vont sauter sur l’occasion ; la différence avec Favre, c’est que cette fois Green Bay ne laisse pas partir son futur Hall Of Famer pour rien : un échange de choix de premier tour en 2023, un deuxième tour de 2023 et un premier tour conditionnel de 2024. Rodgers quitte le Wisconsin avec 4 titres de MVPs et un Super Bowl mais une série de crève-coeur en playoffs, et Green Bay se tourne une nouvelle fois vers le futur.

 

Jordan Love, l’héritier (2023)

 

Gutekunst sait que ce futur sera d’abord jeune : l’argent mort que pèsent Rodgers et d’autres décisions sur le Salary Cap lors de la poursuite d’un titre force une année de « vaches maigres ». Plusieurs vétérans partent, surtout en attaque (dont Cobb), et Jordan Love prend les commandes d’une escouade très jeune : Watson et Doubs sont rejoints par les rookies receveurs Jayden Reed, Dontayvion Wicks, et Tight Ends Luke Musgrave et Tucker Kraft. Bakhtiari continue de souffrir de son genou et finit rapidement sur IR, alors que la blessure d’Aaron Jones en début d’exercice et une défense toujours sur courant alternatif expliquent un mauvais départ à 3-6. Mais c’est exactement à ce moment que la sauce prend du côté offensif : le retour de Jones, la cohésion sur la ligne et un Love inarrêtable permettent aux Packers de finir à 9-8 ; ils inversent même le scénario de l’année précédente, ravissant le seed #7 à la dernière semaine ! Pas mal pour une équipe dont on prédisait le déclin après le départ du #12.

Et si la ligue ne croit toujours pas aux « Baby Packers », que dire de l’annihilation des Cowboys, pourtant seed #2 et à domicile, en WIld Card Round : Love et Jones font ce qu’ils veulent, la défense ajoute un pick-6, et Green Bay mène 27-7 à la pause. Dallas monte un retour bien trop tardif et les Packers l’emportent 48-32, devenant le premier seed #7 à gagner un match de playoffs. Et si cela ne suffit pas, le Divisional Round chez les terribles 49ers voit les visiteurs mener 21-17 à quelques minutes de la fin. Mais c’est là que le rêve s’arrête : un Field Goal manqué par le rookie Anders Carlson et un énième craquage défensif sur le dernier drive permet à San Francisco de s’en sortir 24-21… mais c’est peu dire que le futur à Green Bay, c’est visiblement déjà maintenant.