Fiche Franchise : Detroit Lions

500-Lions

 

Présentation

 

Généralités

 

Création 1929
Division NFC North
Stade Ford Field
Propriétaire Sheila Ford Hamp
Président Rod Wood
Manager Général Brad Holmes
Head Coach Dan Campbell
Titres 4 NFL (1935, 1952, 1953, 1957)
Site Internet http://www.detroitlions.com/

 

Introduction

 

Les Lions sont basés à Detroit, dans l’état du Michigan. Ils ont acquis le nom de Detroit Lions en 1934 suite au rachat et au déménagement des Portsmouth Spartans, créés en 1929. Ils ont intégré la NFL dans la Western Division, avant de transiter par la NFC Central puis la NFC North avec le réalignement de 2002.

Detroit est une des formations les plus historiques de la ligue comme leurs rivaux de division les Bears ou les Packers, avec qui ils ont établi de fortes rivalités. Les Lions ont surtout connu du succès dans les années 1930, 1950 et 1990, mais malgré quatre titres NFL, ils n’ont jamais participé à un seul Super Bowl.

 

Uniforme et Mascottes

 

Les Lions utilisent les couleurs bleu honolulu, noir, argent et blanc.

  • Tenue couleur : maillot bleu – numéro blanc – pantalon argent – socks bleu.
  • Tenue blanche : maillot blanc – numéro bleu – pantalon argent – socks bleu.

Les Lions ont une mascotte nommée « Roary », un lion anthropomorphique qui porte le maillot #1.

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Membres du Hall Of Fame

 

1963 – Earl « Dutch » Clark
1966 – Bill Dudley
1967 – Bobby Layne
1968 – Alex Wojciechowicz
1970 – Jack Christiansen
1973 – Joe Schmidt
1974 – Dick « Night Train » Lane
1979 – Yale Lary
1986 – Doak Walker
1992 – Lem Barney
1996 – Lou Creekmur
2004 – Barry Sanders
2007 – Charlie Sanders
2010 – Dick LeBeau
2016 – Dick Stanfel
2020 – Alex Karras
2021 – Calvin Johnson

 

Numéros retirés

 

7 – Dutch Clark
20 – Barry Sanders
22 – Bobby Layne
37 – Doak Walker
56 – Joe Schmidt
85 – Chuck Hughes

 

Stade

 

Les Detroit Lions jouent au Ford Field.
Il a été inauguré le 24 Août 2002.
Il contient 65.000 places, extensible à 70.000.

 

L’histoire de la franchise

 

Sommaire

 

  1. Le football professionnel à Detroit (1905-1933)
  2. Un premier titre avant une première chute (1934-1949)
  3. Bobby Layne emmène Detroit au sommet (1950-1957)
  4. Les Lions manquent plusieurs opportunités (1958-1975)
  5. De Billy Sims… (1976-1988)
  6. … à Barry Sanders (1989-1995)
  7. Sanders, héros las (1996-2000)
  8. Millen commence le massacre (2001-2004)
  9. Destination finale : la saison maudite (2005-2008)
  10. L’espoir Matthew Stafford (2009-2013)
  11. Un succès trop fragile (2014-2020)
  12. Not your same old Lions (2021-2023)

 

Le football professionnel à Detroit (1905-1933)

 

La ville de Detroit, dans le Michigan, a toujours été une terre de football, et pas seulement au niveau universitaire. En 1905, un groupe d’universitaires montent l’équipe amateure des Detroit Heralds. Le coach William Marshall la mène à plusieurs résultats très intéressants, ce qui la pousse à passer semi-professionnelle en 1911. Pour trouver des adversaires, elle n’hésite pas à participer à l’Ohio Football League, une ligue de l’état d’Ohio qui se situe juste au sud du Michigan. Les Heralds font de bonnes saisons et parviennent à survivre à la Première Guerre Mondiale. En 1920, la première ligue professionnelle, l’American Professional Football Association, est créée ; comme les Heralds ont des connexions fortes avec la ligue de l’Ohio, grande pourvoyeuse de franchises pour la jeune ligue, l’équipe intègre l’APFA dès sa naissance. Les Heralds font une première saison à 1-3, puis se renomment les Detroit Tigers en 1921 ; malheureusement ils font une pauvre saison à 1-1-5 avant de disparaître par manque d’argent. Les joueurs partent alors chez les Buffalo All-Americans.

En 1925, le futur Hall Of Famer Jimmy Conzelman fonde la seconde équipe professionnelle de Detroit, les Panthers, qui rejoint la NFL (le nouveau nom de l’APFA). Elle commence tambour battant par un record de 8-2, ratant le titre de peu, mais la saison 1926 se termine à 4-6-2 ; Conzelman part aux Providence Steamrollers et l’équipe disparaît. En 1928, quelques-uns des Cleveland Bulldogs, une franchise disparue, viennent monter les Detroit Wolverines, menés par un autre Hall Of Famer, le Quarterback Benny Friedman. L’équipe ne vit qu’une année et poste un record de 7-2 avant que le propriétaire des Giants Tim Mara ne la rachète pour ajouter Friedman à la franchise de New York. De fait, les Wolverines disparaissent.

Lions-DutchClarkCe qui est ironique, c’est donc qu’aucune des anciennes franchises NFL de la ville de Detroit ne donnera naissance aux Lions : c’est en fait une équipe de la ville de Portsmouth dans l’Ohio qui va le faire. A l’époque, la NFL cherche à asseoir sa domination sur le « marché » du football professionnel ; un des moyens pour y arriver est d’accepter des équipes basées dans des villes plus petites que New York, Chicago ou Washington afin de ne pas les laisser aller dans une ligue concurrente. En 1929, les Portsmouth Spartans sont créés et ils intègrent la NFL l’année suivante ; l’équipe fait une saison 1930 à 5-6-3 avant que le duo des Clark ne la reprenne en main : George « Potsy » Clark devient le coach et le futur Hall Of Famer Quarterback/coureur Earl « Dutch » Clark en est la vedette. Ils sont assistés par de très bons seconds rôles comme le coureur Glen Presnell et les Linemen Ox Emerson & George Christensen. 1931 est une année bien meilleure avec un record de 11-3, mais ce n’est pas suffisant pour gagner le titre.

En 1932, les Spartans font la meilleure saison de la ligue à 6-2-4, sauf qu’ils se retrouvent à égalité avec les Chicago Bears. C’est un scénario inédit dans la NFL, car à l’époque le titre est décerné à l’équipe possédant le meilleur record, sans playoffs ou finale. Les instances décident d’une finale qui doit se jouer au Wrigley Field de Chicago pour départager les deux équipes, mais un terrible blizzard souffle ce jour-là et le match doit se dérouler dans le Chicago Stadium, qui sert au basket et au hockey. La première finale de l’histoire de la NFL se joue dans des conditions rocambolesques : un terrain limité et cerclé de balustrades. La finale se termine sur un touchdown controversé à la passe de Chicago qui l’emporte 9-0 ; à l’époque une passe vers l’avant doit être lancée au moins cinq yards derrière la ligne de scrimmage, et il n’est pas sûr du tout que la règle ait été respectée – cela va pousser la NFL à abolir cette règle curieuse. Mais au niveau des spectateurs, la finale est un énorme succès : la configuration « patinoire » a permis au public d’être au plus près des joueurs, et il a gagné un respect pour les professionnels du sport. Devant ce succès, la NFL décide d’instaurer une finale tous les ans, et pour cela elle sépare les équipes en deux divisions.

Les Spartans sont versés dans la Western Division, mais le plus gros changement arrivera l’année suivante : après une saison un peu décevante à 6-5, la Grande Dépression devient un ennemi trop lourd à combattre pour les équipes des petites villes, et la franchise est en manque d’argent. Elle doit déménager dans une ville plus grande pour avoir plus de recettes, et c’est ainsi qu’elle est rachetée par le propriétaire d’une puissante radio de Detroit, George A. Richards. Il organise le déménagement de l’équipe dans sa ville, et afin de faire coller l’imagerie de la franchise avec celle des Detroit Tigers du baseball, il la renomme les Detroit Lions.

 

Un premier titre avant une première chute (1934-1949)

 

La première saison des Lions en tant que tels est compétitive grâce à la présence de tous les talents qui composaient les Spartans, mais ça ne change pas le fait que la franchise de football est toute nouvelle par rapport à celle de baseball créée en 1894. Pour booster l’impact médiatique de son équipe, Richards veut réadapter une idée ancienne : jouer un match à Thanksgiving, une date qui a toujours été marquante dans le football (qu’il soit universitaire, amateur ou semi-professionnel). La NFL approuve l’idée, et le premier Thanksgiving NFL Game à Detroit a lieu contre Chicago ; les Bears l’emportent 16-13, mais l’essentiel est ailleurs : la tradition va perdurer et aujourd’hui encore, Detroit joue à domicile le jeudi de Thanksgiving. Les Lions terminent la saison 10-3, incapables de lutter contre les parfaits Bears dans leur division.

L’année 1935 va être celle de la consécration pour la génération Dutch Clark : après une saison à 7-3-2 dans une division dont toutes les équipes ont un record positif, Detroit se retrouve en finale contre les Giants de New York. Les Lions dominent aisément le champion de l’Eastern Division 26-7 et remportent le premier titre de leur histoire, Spartans et Lions confondus.

L’équipe continue de bien jouer en 1936, mais elle termine derrière Green Bay avec un record de 8-4. Potsy Clark laisse sa place à l’autre Clark, Dutch, qui devient entraîneur/joueur et conduit l’équipe pour une nouvelle bonne saison à 7-4, mais Detroit a du mal à se faire une place avec Chicago et Green Bay dans la division ; c’est encore le cas en 1937 avec un record de 7-4. En 1938, le succès des Lions leur permet de quitter le stade de l’Université de Detroit pour le fameux Briggs Stadium, le stade des Tigers du baseball. De plus, ils touchent le jackpot à la draft en sélectionnant le futur Hall Of Famer Centre/Linebacker Alex Wojciechowicz. C’est encore une bonne saison, mais il y a toujours une de leurs bêtes noires pour leur bloquer la route et Detroit finit de nouveau à 7-4.

En 1939 Dutch Clark part de l’équipe, remplacé par Elmer Henderson qui ne fait qu’un an ; l’équipe n’a plus le talent de Dutch à la course et termine à 6-5. Potsy Clark revient pour l’année 1940, mais l’équipe continue son déclin à 5-5-1. Bill Edwards prend les rênes de coach, mais il ne peut rien pour enrayer la chute : malgré un bon coureur en la personne de Bill « Whizzer » White, Detroit sombre à 4-6-1 en 1941 puis poste un terrible 0-11 en 1942. Pour ne rien arranger, les Lions ont drafté le talentueux receveur Mac Speedie en 1942, mais ce dernier part pour la Seconde Guerre Mondiale ; quand il revient il s’engage avec les Cleveland Browns de l’All-American Football Conference (AAFC) pour y faire une grande carrière.

Coach Edwards part en 1943, remplacé par Charles Dorais, et la draft amène à Detroit le talentueux Quarterback/coureur Frank Sinkwich. Même si l’année reste compliquée avec un record de 3-6-1, le joueur donne la pleine mesure de son talent en 1944, lançant pour 1060 yards et courant pour 563 yards. Il est nommé MVP de la ligue (le premier chez les Lions), et l’équipe repasse dans les records positifs à 6-3-1. Malheureusement, la poisse continue à poursuivre Detroit : après ces deux belles années, Sinkwich sert dans la marine marchande américaine puis dans l’armée de l’air, et une blessure au genou le limite dans le reste de sa carrière qu’il passe à New York et Baltimore. Et ce n’est pas fini, car les Browns vont de nouveau « voler » un talent aux Lions, et pas des moindres : à la draft de 1944, Detroit a choisi le Quarterback de Northwestern Otto Graham. Il va préférer aller jouer à Cleveland avec le coach visionnaire Paul Brown, révolutionner l’utilisation de la passe vers l’avant, devenir un des meilleurs Quarterbacks de l’histoire de l’AAFC et de la NFL pour finir au Hall Of Fame. Les Lions essaient de se consoler avec le receveur John Greene.

Malgré tout cela, il semble que Detroit s’en tire bien en 1945 avec un record de 7-3, mais la « malédiction de la ville de Cleveland » frappe encore puisque ce sont les Rams de la cité de l’Ohio qui terminent en tête de la division. La sortie de la guerre signifie la fin de l’embellie, et les Lions vont retomber dans la médiocrité : 1-10 en 1946 et 3-9 en 1947, malgré la signature du futur Hall Of Famer coureur Bill Dudley. Les Lions font alors une nouvelle bourde en laissant partir le Defensive Back Tommy James aux Rams de Los Angeles (ils ont déménagé entre-temps), alors que le futur Hall Of Famer Quarterback Y.A. Tittle décide de rejoindre les Colts de Baltimore qui jouent… en AAFC. C’est à croire que cette ligue concurrente et les franchises (passé et présent) de Cleveland ont juré la perte des Lions, qui n’arrivent plus à gagner de titres avec tous ces talents qui préfèrent aller jouer ailleurs.

Alvin McMillin remplace Charles Dorais en 1948, mais la franchise continue de visiter les bas-fonds de la NFL : 2-10 en 1948 puis 4-8 en 1949. Il y a un cruel manque de talent dans cette équipe et il faudrait un vrai bon joueur qui accepte de venir jouer à Detroit pour redresser la franchise.

C’est en 1950 qu’il arrive, et il n’est pas seul. Les Lions sont sur le point de revenir sur le devant de la scène.

 

Bobby Layne emmène Detroit au sommet (1950-1957)

 

Lions-BobbyLayneRobert « Bobby » Layne est le Quarterback des Bears, mais avant la saison 1950 George Halas accepte de l’envoyer à Detroit en échange du Defensive End Bob Mann. Et le futur Hall Of Famer n’arrive pas tout seul, puisqu’il vient avec deux autres futurs résidents de Canton : le receveur Doak Walker, ami de lycée de Layne, et le Guard/Tackle Lou Creekmur ; autant dire que l’attaque commence à avoir belle allure avec Layne, Walker, Creekmur, les receveurs Cloyce Box & Leon Hart, et le coureur Bob Hoernschemeyer. La défense drafte le Defensive Tackle Thurman McGraw mais c’est insuffisant pour suivre l’attaque, et l’équipe ne peut réussir qu’un 6-6 cette année-là.

McMillin laisse sa place à Raymond Parker au poste de Head Coach, et la saison 1951 commence par une razzia de talents à la draft : il y a les receveurs Dorne Dibble & Jim Doran, le Linebacker LaVern Torgeson et, pour couronner le tout, les futurs Hall Of Famers Guard Dick Stanfel et Defensive Back Jack Christiansen. Detroit compte bien faire en sorte que la décennie 1950 ne soit pas la même que celle des années 1940, et ils démarrent bien : Layne mène la ligue avec 2323 yards à la passe, la défense s’améliore et Detroit termine à 7-4-1 ; ils sont à égalité avec les San Francisco 49ers, transfuges de l’AAFC, et un demi-match derrière les Los Angeles Rams à 8-4.

Encore une fois les Lions arrivent derrière une franchise d’AAFC ou les Rams, mais ce coup d’essai va être transformé en coup de maître en 1952 : la défense est définitivement solidifiée par la draft du Defensive Back Jim David et de son compère le futur Hall Of Famer Yale Lary. Peu de choses parviennent à traverser cette défense imperméable, alors que Layne accumule 2404 yards et 26 touchdowns dans une explosion offensive (même s’il lance en même temps 23 interceptions). Néanmoins, les Rams sont toujours là pour causer des soucis à Detroit, et les deux franchises se retrouvent à égalité en tête de la Western Division à 9-3. Une « finale de division » est organisée entre les deux équipes ; malgré un match catastrophique de Bobby Layne qui lance quatre interceptions, la défense et le jeu de course fait un très bon travail et Detroit l’emporte 31-21. Les Lions retournent en finale NFL pour la première fois depuis 17 ans, et ils y rencontrent une vieille connaissance : les Browns de Cleveland, qui leur a pris Otto Graham et Mac Speedie à l’époque ! La défense plie mais ne rompt pas, encaissant 400 yards mais un seul touchdown ; Detroit score deux touchdowns et un Field Goal pour emporter 17-7 leur deuxième titre.

Lions-JoeSchmidtFinie, l’époque où les joueurs allaient signer ailleurs qu’à Detroit, maintenant les joueurs talentueux qui sont draftés restent dans l’équipe : c’est le cas en 1953 du Guard Harley Sewell et surtout du futur Hall Of Famer Linebacker Joe Schmidt. Avec le même noyau d’excellence, rien n’empêche la franchise du Michigan de viser le doublé : malgré une attaque un peu moins efficace, l’équipe survole la ligue avec un record de 10-2. Cette fois il n’y a pas d’égalité en tête de la division et les Lions peuvent accéder directement à la finale ; c’est d’ailleurs la revanche de l’année précédente car les Browns continuent de dominer l’Eastern Division. Le match est encore plus serré : il faut attendre les dernières minutes pour qu’une passe de touchdown de Layne à Walker puis une interception de Graham scellent la victoire des Lions 17-16 ; c’est le troisième titre et le deuxième consécutif.

En 1954, les mêmes joueurs visent le troisième titre consécutif, et l’attaque retrouve de son allant dans une saison à 9-2-1 qui ne souffre aucune contestation. Sans surprise, pour la troisième année de suite, les Lions et les Browns dominent la NFL et se retrouvent en finale. Néanmoins, cette fois Cleveland a décidé de sortir l’artillerie lourde : la défense intercepte Bobby Layne six fois et arrache trois fumbles alors qu’Otto Graham score six touchdowns (trois à la passe et trois à la course). Les Browns l’emportent très largement 56-10 et prennent leur revanche sur les deux années précédentes.

Les Lions se renforcent en 1955 avec le Defensive End Darris McCord, mais ils ne connaîtront pas le même succès que les années précédentes : les blessures rattrapent la franchise qui poste un 3-9 indigne de son talent. Elle démontre que ce n’était qu’un vide passager en 1956 en finissant à 9-3, mais elle termine deuxième derrière Chicago. Raymond Parker pose alors sa démission à la surprise générale, et c’est son assistant George Wilson qui le remplace.

La franchise démarre l’année 1957 à 4-3 mais Bobby Layne se fracture la jambe et doit rater le reste de la saison. Les fans craignent que les Lions ne s’en remettent pas, mais le Quarterback remplaçant Tobin Rote fait un excellent travail, et l’équipe poste un bon 8-4. Néanmoins, elle partage la double confrontation avec les 49ers et les deux équipes sont à égalité en tête de la division. La « finale de division » a lieu à San Francisco, et elle démarre mal pour Detroit car les locaux mènent 24-7 à la pause. La défense décide de montrer les dents en seconde mi-temps et ne permet qu’un seul Field Goal, alors que l’attaque enchaîne les touchdowns pour l’emporter 31-27. Histoire de ne pas changer les bonnes habitudes, les Lions rencontrent les Browns en finale NFL, avec le souvenir de la gifle de 1954. Cette fois c’est Detroit qui va corriger Cleveland avec 438 yards en attaque et six pertes de balle causées par la défense ; le club du Michigan remporte son quatrième titre NFL 59-14.

La franchise ne le sait pas encore, mais il sera leur dernier, et la légende raconte qu’il va attirer sur lui le mauvais oeil connu sous le nom du Curse Of Bobby Layne (la malédiction de Bobby Layne). En effet, l’organisation de Detroit est persuadée que Tobin Rote est le futur ; Layne a 32 ans et il revient d’une terrible fracture de la jambe. Les Lions décident de l’échanger avec Pittsburgh, et Bobby Layne, persuadé qu’il peut continuer à jouer, aurait dit que la franchise de Detroit ne gagnerait rien pendant les 50 ans à venir. Cette citation n’a jamais été publiée nulle part, ce qui fait douter de son authenticité, mais il est frappant de voir à quel point la « malédiction de Bobby Layne » va résonner avec l’histoire future des Lions.

 

Les Lions manquent plusieurs opportunités (1958-1975)

 

En 1958, la draft apporte deux piliers de l’équipe : le futur Hall Of Famer Defensive Tackle Alex Karras et le Linebacker Wayne Walker. Ils sont cependant encore trop tendres et la défense plie, entraînant Detroit dans une saison à 4-7-1. 1959 ne sera pas mieux à 3-8-1 malgré la draft du coureur Nick Pietrosante (pourtant Offensive Rookie Of The Year) et la signature du futur Hall Of Famer Defensive Back Dick LeBeau.

Lions-NightTrainLane
« Night Train » Lane

En 1960, alors que le Briggs Stadium se renomme le Tiger Stadium, une nouvelle ligue concurrente s’ouvre, l’American Football League (AFL) ; cet événement impacte Detroit de deux façons : un des propriétaires minoritaires de la franchise, Ralph Wilson, s’en va en AFL pour prendre possession des Bills de Buffalo, mais surtout les deux ligues, la NFL et l’AFL, montent chacune une draft qui, de ce fait, cible les mêmes prospects universitaires. Detroit voit donc le spectre de l’AAFC resurgir quand l’AFL lui « vole » des talents draftés comme les Defensive Backs Johnny Robinson & Jim Norton. Les Lions parviennent tout de même à trouver des très bons joueurs en recrutant le futur Hall Of Famer Defensive Back Dick « Night Train » Lane, ou en gardant le Defensive Tackle Roger Brown. La paire LeBeau-Lane aide à dynamiser une défense dans laquelle brille un Joe Schmidt qui gagne le titre de MVP, et la franchise revient à un record positif de 7-5 ; c’est néanmoins trop juste pour la première place derrière Green Bay.

Et cela va être le lot des Lions au début des années 1960 : de bonnes saisons malgré la fuite de leurs meilleurs choix de draft en AFL, et une place de deuxième derrière les Packers de Vince Lombardi dans la division. En 1961, le Defensive Tackle Houston Antwaine et le Defensive End Earl Faison partent en AFL, et les Lions terminent à 8-5-1 derrière Green Bay. En 1962, le Quarterback John Hadl et le Defensive Tackle Tom Sestak préfèrent l’AFL à Detroit, et malgré une saison à 11-5 Green Bay est encore devant ; au moins Detroit a la satisfaction d’avoir forcé la seule défaite de la saison des Packers dans une victoire à Thanksgiving 26-14.

Bien évidemment, à force de voir ce sang neuf partir ailleurs, cela pénalise la franchise de Detroit… mais le pire est à venir : au début de l’année 1963, le Lindell AC Bar est sous investigation de la police pour des paris illégaux. Un des piliers de l’équipe, Alex Karras, a des parts dans ce bar, et il finit par avouer qu’il a lui-même parié sur des matchs NFL, ce qui est totalement interdit. Il est alors banni à vie, comme le coureur des Packers Paul Hornung. C’est une grosse claque pour les Lions car Karras est un monstre en défense, et la franchise peine à avancer dans une saison à 5-8-1.

L’année 1964 démarre par deux nouvelles un peu plus réjouissantes : 1) la ligue décide finalement de lever le ban sur Karras et Hornung, les réintégrant en NFL, et 2) l’équipe est rachetée par William Clay Ford Senior, un descendant de Henry Ford lui-même (ce qui n’est pas rien pour une franchise de Detroit). L’équipe parvient à faire une bonne saison à 7-5-2, mais George Wilson donne sa démission en fin d’année ; il est remplacé par Harry Gilmer. En 1965 les Lions perdent une nouvelle star draftée qui va en l’AFL : le futur Hall Of Famer receveur Fred Biletnikoff choisit les Raiders d’Oakland (mais ils gardent au moins le Centre Ed Flanagan) ; Detroit retombe dans la médiocrité à 6-7-1.

William Clay Ford Senior
William Clay Ford Senior

En 1966, les Lions continuent leur chute avec un record de 4-9-1 ; c’est rageant car la défense fait le travail mais c’est l’attaque qui est au fond du trou. C’est d’autant plus ironique que c’est vraiment l’ancien poste de Layne qui faut défaut, le Quarterback : Rote est parti au bout de trois ans (sans jamais vraiment atteindre le niveau du vétéran), et depuis, la qualité n’est pas du tout au rendez-vous. Gilmer ne dure que deux ans, et pour essayer de redresser la barre la franchise appelle un ancien à la rescousse : Joe Schmidt lui-même.

Ca ne va pas s’arranger sous le coaching de Schmidt : en 1967 et 1968 la franchise continue de mal jouer avec des records de 5-7-2 et 4-8-2. Certes, elle continue de rajouter des défenseurs de qualité avec le futur Hall Of Famer Defensive Back Lem Barney (Defensive Rookie Of The Year en 1967) et le Linebacker Paul Naumoff, mais il faut au moins un Quarterback potable pour avancer en attaque.

Il va falloir une seule année pour que les Lions comprennent qu’ils l’ont déjà rajouté à la draft de 1968 : le Quarterback Greg Landry ainsi que le futur Hall Of Famer Tight End Charlie Sanders ont été choisis, et ils vont commencer à se montrer en 1969. Avec l’aide du rookie coureur Altie Taylor, ils offrent enfin un contrepoids à la défense terrible menée par Karras & Co. ; Detroit revient dans la course avec un record de 9-4-1, bon pour la seconde place derrière Minnesota.

L’attaque explose vraiment en 1970 alors que la défense maintient son niveau, et Detroit remporte la toute nouvelle NFC Central 10-4, une division qui contient également Minnesota, Chicago et Green Bay. Les Lions accèdent ainsi à leur premier match de playoffs depuis la finale de 1957, et ils rencontrent les Cowboys dans un Divisional Round à Dallas. Le match est un duel de défenses féroces et aucun touchdown n’est marqué : seuls un Field Goal et un safety sont inscrits ; malheureusement pour Detroit ils sont pour Dallas, qui l’emporte 5-0.

Les Lions draftent le Linebacker Charlie Weaver en 1971 et finissent 7-6-1, mais la saison va avoir peu d’importance au regard du drame qui intervient le 24 octobre : vers la fin d’un match contre les Bears, le receveur de Detroit Chuck Hughes fait un long parcours au centre qui ne donne rien. En revenant vers le huddle, il s’écroule d’un seul coup sans avoir été touché. C’est le Linebacker des Bears Dick Butkus qui est le plus près de lui, et quand il vient voir le receveur, il fait immédiatement signe au banc qu’il y a un problème. Le docteur arrive sur le terrain et remarque que le coeur de Hughes ne bat plus ; malgré les tentatives de réanimation le #85 succombe. Le reste du match est joué dans un silence de cathédrale au Tiger Stadium de Detroit. A l’autopsie, Hughes est diagnostiqué avec une artériosclérose avancée : ses artères coronaires étaient sévèrement obstruées et ce n’était qu’une question de temps avant qu’un caillot ne vienne couper la circulation au coeur. Son numéro chez les Lions est immédiatement retiré en son honneur, et à ce jour, c’est le seul décès d’un joueur NFL sur un terrain.

Les Lions essaient de repartir après cette tragédie, et le duo Landry-Taylor continue de bien fonctionner en attaque, mais cette fois c’est la défense qui commence à lâcher prise, car les talents sont vieillissants ; ça tient encore en 1972 à 8-5-1, mais quand Schmidt laisse sa place à Don McCafferty qui a gagné Super Bowl V avec les Colts, la franchise retombe à 6-7-1 en 1973. La poisse continue de poursuivre Detroit : le pauvre McCafferty fait une crise cardiaque avant les camps de 1974 et décède. Rick Forzano prend le poste, et il ne va durer que deux ans, le temps de poster deux saisons à 7-7 en 1974 et 1975.

Le déménagement en 1975 du Tiger Stadium au Silverdome n’a rien changé à la donne, et la franchise se demande ce qu’elle doit faire pour revenir au premier plan.

 

De Billy Sims… (1976-1988)

 

Forzano est renvoyé au milieu d’une mauvaise saison 1976 où seul Landry et Barney brillent, et il est remplacé par Tommy Hudspeth. Ce dernier ne fera pas mieux, enchaînant une demie-saison à 6-8 puis la suivante en 1977 sur le même record, alors que Lem Barney prend sa retraite. Pendant toutes ces années, seul le Defensive Tackle Doug English en 1975 est un talent notable rajouté à la draft, ce qui explique en partie les difficultés des Lions. Sans surprise Hudspeth ne dure pas plus longtemps, et il est supplanté par l’ancien coach des 49ers Monte Clark.

L’ère Monte Clark ne démarre pas de la meilleure des manières : Landry joue sa dernière saison en 1978 pour un record de 7-9 ; au moins, un faible rayon de soleil vient du Defensive End Al Baker qui est nommé Defensive Rookie Of The Year. En 1979, la première saison à 16 matchs n’est pas clémente du tout pour les Lions qui touchent le fond avec un record horrible de 2-14. On ne sait plus ce qui pourrait sauver les Lions, jusqu’à ce que Detroit commence sa relation très particulière à la draft avec les coureurs venus de l’état d’Oklahoma, vainqueurs du Heisman Trophy, qui portent le #20 et à qui on demande de sauver la franchise à eux tous seuls.

Lions-BillySimsA la draft de 1980, Detroit sélectionne avec son premier choix le coureur d’Oklahoma Billy Sims. Le rookie va exploser aux yeux de la NFL avec 1924 yards et 16 touchdowns en cumulé (courses + réceptions) ; à lui tout seul il ressuscite la franchise qui poste un record positif de 9-7. C’est trop court pour les playoffs mais l’espoir renaît dans le Michigan (et Monte Clark conserve son poste de Head Coach). En 1981 Sims fait une production équivalente, mais il ne peut pas tout faire tout seul, et Detroit termine à 8-8.

L’année 1982 est tronquée à cause de la grève des joueurs, et même si les Lions postent une année à 4-5 ça suffit pour aller en playoffs (il faut dire que la NFL a transformé les règles pour autoriser huit équipes par conférence et non six). Même si c’est un peu facile, les fans sont contents de retrouver les playoffs après une disette de douze ans. Problème : les Lions sont la huitième équipe de la conférence, ce qui veut dire qu’elle doit aller affronter la meilleure équipe de NFC, qui sont les futurs champions Redskins. Ce n’est donc pas une rencontre équilibrée, et Washington l’emporte aisément 31-7.

Certains pensent que c’est une saison en trompe-l’oeil et que Detroit a profité d’une circonstance spéciale pour aller en « playoffs ». Certes, les Lions ne dominent pas la ligue, mais ils ont la chance de se trouver dans une faible division NFC Central au début des années 1980s : les Vikings n’ont plus les Purple People Eaters, les Bears n’ont pas encore tout à fait trouver leur terrible défense, les Packers sont inexistants depuis le départ de Lombardi en 1968, et les nouveaux Tampa Bay Buccaneers sont loin derrière. Detroit parvient donc à remporter sa division à 9-7 en 1983 et se qualifie de nouveau pour les playoffs.

Les Lions se déplacent chez les 49ers de San Francisco en Divisional Round. Le match va d’un camp à l’autre, et la légende Joe Montana remonte le terrain vers la fin du match pour donner l’avantage 24-23 aux 49ers. Le Quarterback de Detroit Gary Danielson, qui a fait un match misérable avec cinq interceptions, mène un dernier drive et met en position son Kicker pour un Field Goal de 44 yards à cinq secondes de la fin ; mais ce dernier manque la cible, ce qui élimine les Lions.

En 1984, la franchise continue de croire en le talent de son coureur fétiche, mais la belle histoire va s’arrêter nette : contre Minnesota, Sims subit une blessure au genou qui lui fait rater la saison. L’équipe tombe en morceaux, la défense encaisse 408 points et Detroit finit à 4-11-1 ; mais la pire nouvelle est l’annonce de la fin de la carrière de Sims à cause de cette blessure. En seulement cinq ans, il aura réussi à devenir le meilleur coureur de l’histoire de la franchise, mais il doit s’arrêter là, la mort dans l’âme. Pour compléter le tableau, Monte Clark se retire et laisse sa place de Head Coach à Darryl Rodgers.

Tout cela n’augure pas du meilleur pour les Lions en 1985, et malgré le renfort de la ligne offensive par la draft du Guard Kevin Glover et du Tackle Lomas Brown, les craintes se vérifient avec un record moyen de 7-9. 1986 est un nouveau plongeon à 5-11, et 1987 sera du même acabit avec un record de 4-11 (un match manque à cause de la seconde grève des joueurs). Rodgers finit par être évincé au milieu de la saison 1988, et à sa place les Lions nomment l’assistant défensif Wayne Fontes ; ça ne sauvera pas une nouvelle saison catastrophique à 4-12.

Cependant, Detroit n’a pas fait que des ratés à ses drafts. Ils ont récupéré le Defensive Tackle Jerry Ball et le Linebacker Chris Spielman, et ils rajoutent le Defensive Back Ray Crockett en 1989. Néanmoins, celui qui va renverser toute la NFL est la réincarnation de Billy Sims : comme lui il est coureur, comme lui il a gagné le Heisman Trophy, comme lui il vient de l’état d’Oklahoma, comme lui il va porter le #20 et comme lui il va sauver la franchise à (presque) lui tout seul.

 

… à Barry Sanders (1989-1995)

 

Le futur Hall Of Famer coureur Barry Sanders, d’Oklahoma State, arrive en NFL en 1989 et s’apprête à révolutionner ce qu’il est possible de faire en courant avec un ballon dans la main. La franchise, qui lutte aussi pour trouver un Quarterback potable depuis le départ de Greg Landry, décide de donner les clés de l’attaque au rookie Rodney Peete. Mais c’est Sanders la star : comme Sims, il est nommé Offensive Rookie Of The Year avec 1470 yards et 14 touchdowns ; il aide à remonter Detroit à 7-9. En 1990, l’équipe a des doutes sur Peete et elle drafte le prolifique Quarterback de Houston, un autre vainqueur du Heisman Trophy Andre Ware. Pendant ce temps, Barry Sanders améliore sa marque avec 16 touchdowns et le titre de meilleur coureur tout en filant le tournis aux défenses adverses avec ses courses instinctives qui vont dans tous les sens. Malheureusement, comme Sims, il est un peu seul, et Detroit poste un médiocre 6-10.

BarrySandersRun1991 va enfin voir arriver une autre arme offensive avec le rookie receveur Herman Moore. Barry Sanders effectue sa meilleure saison en terme de touchdowns (17) tout en devenant un vrai spectacle à lui tout seul ; néanmoins, la saison est dominée par une triste nouvelle lorsque les Lions sont frappés par un autre drame : lors du match contre les Rams, le Guard Mike Utley se fracture deux cervicales, endommageant la moëlle épinière. Il n’a plus aucune sensation dans les membres, mais alors qu’il est emmené hors du terrain sur sa civière, il arrive à faire un geste avec le pouce pour dire que tout va bien. Ce geste va rallier toute l’équipe qui va terminer 12-4, mais Utley devient quadriplégique ; à force de travail il récupère de la motricité dans ses bras (mais il ne remarchera plus jamais).

Les Lions veulent aller le plus loin possible en playoffs pour Utley, et ça démarre par le Divisional Round contre les Cowboys. Dallas arrive à contenir Sanders derrière une ligne offensive qui souffre de la parte du Guard, mais le Quarterback Erik Kramer, qui a remplacé Peete, fait un beau match avec 341 yards et trois touchdowns ; la défense score sur une interception et Barry clôt la marque à 38-6. Detroit vient alors de réaliser un petit exploit, car c’est leur première victoire en postseason depuis… 34 ans et le titre NFL de 1957 ! Les Lions se qualifient pour leur première finale de conférence, mais la tâche s’avère ardue car ils doivent jouer à Washington ; or ils n’y ont jamais gagné puisque la dernière victoire des Lions chez les Redskins étaient en 1935 quand ces derniers étaient encore à Boston. Detroit va faire illusion deux quarts-temps en revenant à 17-10 à la mi-temps, mais encore une fois les futurs champions dominent la franchise du Michigan 41-10.

C’est tout de même une belle saison qui redonne de l’espoir aux fans et à l’organisation, mais encore une fois la tragédie s’invite dans la ligne offensive de Detroit : pendant l’offseason, le Guard Eric Andolsek est en train de tondre sa pelouse lorsqu’il est percuté par un chauffard ivre qui le tue sur le coup (c’est une période terrible pour la NFL car deux jours plus tard, le Defensive Tackle des Eagles Jerome Brown se tue en voiture). Malgré les ajouts du Defensive End Robert Porcher et du Kicker Jason Hanson, Peete se blesse, Kramer aussi, la défense plonge et la saison se termine sur un décevant 5-11.

En 1993 les Lions rajoutent des pièces en défense avec le Defensive Back Ryan McNeil et le Guard Andre Compton, mais ça ne change pas le fait que le poste de Quarterback continue de subir la malédiction de Bobby Layne : Rodney Peete se blesse presque tous les ans, Erik Kramer est un bon substitut mais sans plus, et surtout la franchise a drafté un bust retentissant avec Andre Ware – 1993 sera sa dernière année en NFL. Pendant ce temps, Barry Sanders continue de courir 1000+ yards depuis son arrivée dans la ligue, et l’équipe s’améliore en défense, ce qui aide Detroit à poster un record de 10-4. Mieux, avec une victoire 30-20 sur les Packers lors de la dernière semaine, Detroit remporte le titre de division. Le classement fait que les deux équipes se retrouvent au même endroit pour le Divisional Round et le match est mené par Detroit : Sanders court pour 169 yards et le receveur Brett Perriman accumule 150 yards. Mais tout ça est nullifié par une dernière action improbable où le Quarterback de Green Bay Brett Favre improvise d’un côté avant de lancer une bombe de l’autre dans les bras de Sterling Sharpe tout seul dans l’en-but. Detroit est éliminé 28-24 dans une défaite qui choque la ville.

1994 apporte une nouvelle menace à la réception avec Johnnie Morton, mais la franchise sait parfaitement que c’est celui qui lance la balle qui pose problème. Elle fait donc un grand ménage, libérant Peete, Kramer et Ware ; à leur place, elle choisit de signer l’ancien remplaçant gaucher des Dolphins Scott Mitchell qui a fait quelques bons matchs en intérim d’un Dan Marino blessé, et le vétéran des Chiefs Dave Krieg. Mitchell lutte au début de la saison alors que l’équipe commence 4-5, avant qu’une blessure ne finisse par installer Krieg aux commandes de l’attaque. Le vétéran apporte son expérience précieuse aux côtés d’un Barry Sanders qui réécrit les records de la franchise à la course : il établit un nouveau record des Lions sur un match avec 237 yards contre Tampa Bay, puis un record sur une saison avec 1883 yards. Et pourtant, il n’est pas gâté avec une ligne offensive catastrophique qui le force souvent à feinter trois joueurs rien que pour revenir à la ligne de scrimmage ; les gens se demandent quel serait son total de yards s’il n’en perdait pas régulièrement sur des courses négatives.

Detroit termine 9-7 et se qualifie pour les playoffs pour y retrouver les Packers, mais cette fois à Lambeau Field. Tous les défauts offensifs des Lions vont leur exploser au visage quand la défense de Green Bay réussit l’exploit de limiter Sanders à un total de yards négatif sur tout un match (-4 yards en 13 courses) ! Heureusement que la défense fait le travail de l’autre côté pour donner un match quand même équilibré, mais sans la puissance de feu de Sanders les Lions sont défaits 16-12.

Depuis l’arrivée du #20, les Lions sont l’équipe de Barry sans grand-chose autour. C’est dommage, car des receveurs comme Herman Moore ou Brett Perriman sont talentueux, il leur manque juste un Quarterback capable de lancer des passes. C’est ce que Scott Mitchell va démontrer en 1995, alors que l’attaque de Detroit trouve enfin un équilibre : Mitchell lance pour 4338 yards et 32 touchdowns, le duo Moore/Perriman établit des records NFL pour une doublette de receveurs avec 231 réceptions pour 3174 yards, et Barry Sanders complète avec 1898 yards et 12 touchdowns au total. L’attaque carbure à tout va, et même avec une défense un peu faible les Lions postent un record de 10-6 bons pour les playoffs. Est-ce la bonne année pour Detroit ?

Le match de Wild Card voit la franchise se déplacer à Philadelphie pour retrouver une vieille connaissance : Rodney Peete est le Quarterback titulaire des Eagles. Malheureusement, le suspense ne va pas durer longtemps : Mitchell retombe dans ses travers et lance quatre interceptions rien qu’en première mi-temps ; avec la défense poreuse des Lions, les Eagles en profitent pour planter 31 points en deuxième quart-temps pour mener 38-7 à la pause. Philly va accroître l’écart à 51-7 dans le troisième quart-temps, et il ne reste plus que l’orgueil aux Lions pour remonter à 58-37. Encore une fois, malgré la qualification en playoffs, Detroit sort dès le premier tour.

 

Sanders, héros las (1996-2000)

 

Le Centre Jeff Hartings est drafté en 1996, et l’équipe espère continuer la série de qualifications en playoffs. Malheureusement Scott Mitchell redevient Scott Mitchell à la suite de sa terrible prestation contre Philly, et l’attaque repose encore une fois sur Sanders qui, malgré une nouvelle saison à 1500+ yards, ne peut pas sauver l’attaque ET la défense. Detroit est à 5-11, et Wayne Fontes a fait son temps à la tête de l’équipe. Il laisse sa place à Bobby Ross, le Head Coach des Chargers.

Mitchell continue son numéro de Docteur Jekyll & Mister Hyde en 1997 en commettant moins d’erreurs ; Perriman est parti, Morton le remplace et avec Moore ils dépassent tous les deux 1000+ yards. Mais le grand héros de l’équipe est encore et toujours Barry Sanders, qui régale à chaque match et qui finit par devenir le troisième homme à passer la barre des 2000 yards au sol en une saison avec 2053. Très logiquement il est élu co-MVP avec Brett Favre des Packers, et il remporte son quatrième titre de meilleur coureur NFL. L’équipe joue son dernier match de la saison contre les Jets de New-York, et Detroit l’emporte 13-10 ; néanmoins l’heure n’est pas à la fête, car encore une fois les Lions subissent une perte dramatique : sur un plaquage, le Linebacker de deuxième année Reggie Brown reste allongé pendant 17 minutes sur le sol. Touché à la moëlle épinière, il a besoin d’être réanimé, puis amené à l’hôpital et opéré dans l’urgence pour 1) survivre et 2) éviter de rester paralysé. Le joueur se remettra, récupérant ses facultés motrices mais sa carrière est terminée après seulement deux ans.

Les Lions se qualifient en playoffs à 9-7 et espèrent enfin gagner un match de playoffs contre les Buccaneers de Tampa Bay. Mais Sanders est bien muselé et Mitchell ne fait pas grand-chose, poussant même Ross à faire rentrer le remplaçant Frank Reich, l’ancien Quarterback remplaçant des Bills. Cela ne changera pas la donne : la défense des Buccs fait un bon match et Detroit est vaincu 20-10.

En 1998 il est clair que les l’équipe a fait une erreur en choisissant Mitchell, et elle essaie de régler le problème en draftant le local de l’étape Charlie Batch qui vient de l’Université d’Eastern Michigan. Sanders poste une dixième saison consécutive à 1000+ yards, mais on est revenu au bon vieux « Barry et le reste de l’équipe » : Mitchell et Reich font un 0-4 collectif avant que Batch ne devienne titulaire, et la défense est une passoire. Detroit termine à 5-11, et le pire c’est qu’une des victoires entachée d’une controverse.

JeromeBettisThanksgivingLors du match de Thanksgiving contre Pittsburgh, le score est de 16-16 et le match va en prolongations. Le coureur des Steelers Jerome Bettis doit choisir entre pile et face pour le toss ; il semble dire « pile » et la pièce tombe sur pile mais l’arbitre Phil Luckett donne le choix à Detroit. Bettis ne comprend pas et Luckett lui explique qu’il a entendu « fa-pile » comme si Bettis avait changé au dernier moment (et il a pris le premier choix, face). Bettis nie mais Luckett est formel, et le micro semble donner raison à l’arbitre. Quoi qu’il en soit Detroit a la balle et marque le Field Goal de la victoire 19-16. C’est un épisode qui modifiera par la suite la procédure pour un toss.

Cette victoire curieuse mise à part, Ross décide de titulariser Batch au poste de Quarterback en 1999 vu que le rookie n’a pas été mauvais. Il compte également sur l’aide de Sanders… jusqu’au coup de tonnerre de juillet 1999 : un fax arrive au Wichita Eagle, le journal de la ville de Wichita dans le Kansas, la ville natale de Barry Sanders. C’est une lettre qui est publiée telle quelle et qui annonce la retraite du coureur. La nouvelle a l’effet d’une bombe dans le monde de la NFL, et personne ne veut croire que l’exceptionnel coureur mette fin à sa carrière aussi abruptement, surtout qu’il est à environ 1500 yards du record de yards au sol en carrière de Walter Payton.

Mais c’est la vérité : Sanders cite la fatigue de changer sans cesse de Quarterback en attaque et la « culture de la défaite » des Lions qui n’ont gagné qu’un seul match de playoffs depuis son arrivée. Beaucoup ne comprennent pas cette décision, mais Sanders est comme cela : il a toujours joué pour le plaisir du sport, et une fois que cela a disparu, il n’avait aucune raison de continuer. Il laisse derrière lui une carrière de dix saisons où il a toujours dépassé les 1000 yards (un record NFL à l’époque) ; Emmitt Smith des Cowboys battra non seulement ce record-là mais également celui de Payton un peu plus tard. La ligue dit donc au revoir à un des coureurs les plus fantastiques de son histoire.

SANDERS GLOVER THARPEIroniquement, Sanders termine également avec un record un peu moins glorieux mais tellement représentatif de ce qu’il a subi : le nombre de yards perdus en carrière avec 1114.

Et au milieu de tout ça, les Lions disent surtout au revoir à une de leurs seules armes offensives restantes. On suppose logiquement que la saison 1999 va être très compliquée, mais Charlie Batch tient bien mieux qu’on le pensait, et avec un record équilibré à 8-8 la franchise parvient à se glisser en playoffs par un trou de souris. La chance va néanmoins leur manquer en Wild Card Round contre les Redskins où ils sont exposés et s’inclinent 27-13. La saison 2000 est un peu meilleure malgré la démission surprise de Ross remplacé par le coach des Linebacker Gary Moeller : l’équipe termine 9-7 mais ce n’est pas suffisant pour aller en playoffs.

Nous sommes alors 42 ans après le lancement de la supposée « malédiction de Bobby Layne ». Les Lions n’ont gagné aucun titre, ils ne sont allés en playoffs que neuf fois dans ce laps de temps, pour une seule victoire. Et bien sûr, à part Greg Landry, aucun Quarterback n’a eu un succès pérenne au poste depuis le départ du Hall Of Famer. Les fans espèrent que l’entrée dans le nouveau millénaire va permettre de laisser tout ça derrière… et c’est une grossière erreur. La malédiction n’a pas encore frappée de toutes ses forces : la franchise est sur le point d’entrer dans une des phases les plus noires de son histoire, une phase que l’on peut résumer en un seul nom.

 

Millen commence le massacre (2001-2004)

 

Solide Linebacker des Raiders, 49ers et Redskins dans les années 1980, titulaire de quatre bagues du Super Bowl, Matt Millen est devenu commentateur à la fin de sa carrière. En 2001, il change à nouveau de casquette pour devenir Président et General Manager de la franchise. Sa première tâche est de nommer un nouveau Head Coach ; il choisit le Coordinateur Offensif des 49ers, Marty Mornhinweg. Dans la ville du Michigan, on espère des merveilles du nouveau Millen-ium pour redresser la franchise. Autant le dire tout de suite : ça va être tout le contraire. De 2001 à 2008, les Lions vont être la pire équipe de la NFL, et de loin : un record cumulé de 31-97 (24% de victoires, à comparer avec les Raiders avant-dernier à 35%), avec seulement huit petites victoires à l’extérieur, soit en moyenne une seule par an. Pour en arriver là, Millen va rater pas mal de ses drafts, notamment les premiers tours.

Et pourtant, il démarre avec une bonne draft en 2001 : le Centre Dominic Raiola, le Tackle Jeff Backus et le Defensive Tackle Shaun Rogers sont de bons choix. Le souci c’est que sans Barry Sanders et avec un trio de Quarterbacks aussi inefficace que Batch, Ty Detmer & Mike McMahon, l’attaque ne va nulle part, et la défense l’y rejoint : la franchise chute à un terrible 2-14. C’est sur ce triste résultat que les Lions quittent le Silverdome pour leur nouveau stade couvert, le Ford Field, et que l’équipe retrouve ses meilleurs ennemis lors du réalignement des divisions : Tampa Bay part en NFC South et Detroit reste avec Chicago, Green Bay et Minnesota en NFC North (soit la première version de la NFC Central en 1967).

Conjointement au nouveau stade, la franchise fait également le ménage au poste de Quarterback : à la draft de 2002, Millen choisit le joueur d’Oregon Joey Harrington au premier tour. Il se sépare également de Johnnie Morton dans des termes peu amicaux, ce qui créera un autre incident un peu plus tard. Pour l’instant, les fans espèrent que ce changement de stade et de Quarterback augurent d’un nouveau départ pour le club, mais après un début encourageant il est clair que ce sont toujours les mêmes Lions (même si Harrington est épargné car c’est un rookie). Deux événements vont alors renforcer l’inimitié des fans envers la paire Millen-Mornhinweg. Lors d’un show radio présenté par l’ancien joueur/coach Mike Ditka, Millen traite l’un de ses propres joueurs (sans le nommer) de « lâche dévot » ; il doit s’excuser par la suite de cette attaque. Mornhinweg, lui, prend une décision totalement incompréhensible lors du match de Week 12 contre les Bears : au début de la prolongation il gagne le toss et… choisit de taper le kickoff pour profiter du vent ! Evidemment, Chicago dit merci, remonte le terrain et marque le Field Goal de la victoire 20-17. Les Lions terminent 3-13, et Millen sent bien qu’il doit réagir : il renvoie Mornhinweg et continue de faire son shopping dans les anciens 49ers pour le remplacer. Cette fois c’est le Head Coach, Steve Mariucci, qui est engagé.

Lions-MillenMariucci
Matt Millen et Steve Mariucci

Mariucci est un coach capable qui a non seulement mené les 49ers de Steve Young à plusieurs playoffs, mais il a également réussi à gérer l’après-Young pour ramener San Francisco en playoffs (au total, quatre fois en six ans dont une finale NFC). Les fans se disent qu’au moins, ils ont un coach potable cette fois, mais le problème reste Millen. Alors que Harrington ne s’améliore pas, il ajoute à la draft le premier tour receveur Charles Rogers : trois ans, deux clavicules cassées, trois tests positifs (déjà un problème en Université) plus tard, Rogers met fin à sa carrière après à peine quinze matchs en NFL. En fait, seul le Defensive End Cory Redding aura une carrière potable dans toute la draft de 2003. Et non content de faire une draft atroce, Millen refait parler de lui en mal lors de retrouvailles avec Johnnie Morton, désormais à Kansas City : les Chiefs l’emportent 45-17 et Morton n’a jamais accepté d’avoir été jeté par Millen. Quand Millen s’approche, Morton l’ignore et lui dit d’aller se faire voir. Millen répond : « T’es qu’une tarlouze mec » en présence de journalistes de Kansas City qui ne se font pas prier pour relater l’incident. L’insulte choque la NFL de la part d’un président de club ; Morton avoue qu’il aurait dû réagir différemment, mais c’est Millen dont l’image est encore un peu plus écornée. Cette saison tumultueuse se termine à 5-11.

2004 semble démarrer un peu plus sereinement : les rookies coureur Kevin Jones et receveur Roy Williams donnent du peps à l’attaque, ce qui permet à Detroit de stopper une série incroyable de 24 défaites de suite à l’extérieur contre Chicago, 20-16. La défense relève un peu la tête elle aussi, mais Joey Harrington empile erreur sur erreur et ressemble de plus en plus à un autre bust des Lions au poste. L’équipe termine 6-10 et le futur ne semble pas forcément plus clément. En 2005, même après la catastrophe Rogers, Millen n’a toujours pas compris que prendre un receveur au premier tour était risqué : pour la troisième année de suite il réitère l’expérience en choisissant Mike Williams. Le joueur ne fera que deux saisons et demi avec Detroit avant d’être envoyé à Oakland. Et de toutes façons, ce n’est pas de receveurs dont les Lions ont besoin, mais d’un Quarterback ! L’équipe a signé Jeff Garcia pour être le remplaçant d’Harrington qui solidifie son statut de méga-bust. La saison se termine sur un nouveau 5-11 indigne.

Et le pire, c’est que les fans n’ont encore rien vu.

 

Destination finale : la saison maudite (2005-2008)

 

Pourtant, les supporters ont bien compris que la responsabilité du fiasco est plus sur les épaules de Matt Millen que celles de leur coach Steve Mariucci. Problème : Millen a viré Mariucci pendant la saison et c’est Dick Jauron qui a dû faire l’interim. Lors d’un match de basket entre les Universités de Michigan State et Wichita State, Mariucci, qui est dans les tribunes, est affiché sur le grand écran, ce qui provoque un tonnerre d’applaudissements puis la naissance du chant Fire Millen (virez Millen).

Le mouvement Fire Millen prend de l’ampleur pendant la fin de la saison 2005 et au-delà ; autant dire que les fans sont ivres de colère quand ils apprennent que William Ford maintient Millen en place pour la saison 2006 ; c’est Rod Marinelli qui devient le Head Coach. Au moins, Joey Harrington est envoyé à Miami, et c’est le vétéran des Seahawks/Bengals Jon Kitna qui prend les rênes de l’attaque. Evidemment avec si peu de talent la situation ne s’améliore pas, et comble de tout Harrington revient avec les Dolphins au Ford Field pour l’emporter 27-10. Detroit termine à 3-11 et l’ère Matt Millen semble toucher à sa fin.

Mais encore une fois, inexplicablement, il est maintenu dans ses positions en 2007. Il ose encore une fois drafter un receveur au premier tour, mais cette fois peu de monde critique le choix tellement le receveur Calvin Johnson de Georgia State est un prospect rarement vu. Le rookie impressionne pour sa première année dans la ligue avec un gros physique et une capacité à attraper des ballons dans toutes les situations ; cela pousse même Roy Williams à le comparer à Megatron des Transformers. Le surnom va être repris par toute la ligue (et d’aucuns diront que c’est la seule chose que Williams apportera de bon à Detroit, puisqu’il partira la saison suivante). L’équipe semble plutôt sympathique en attaque, ce qui pousse Kitna à prédire dix victoires dans la saison. Cela fait rire tout le monde, surtout avec une défense gruyère, mais pourtant les Lions ne vont pas être très loin du compte : le record final est de 7-9, et si le club peut trouver une défense, qui sait ce qu’il peut se passer.

Calvin JohsonNéanmoins, tout ça ne change pas la colère des fans contre Millen. Même le record parfait en présaison 2008 avec quatre victoires ne calme pas leur ressentiment, et le début de saison semble leur donner raison. Detroit commence par une défaite à Atlanta 34-21 contre le duo rookie Head Coach-Quarterback Mike Smith-Matt Ryan des Falcons. Ils perdent ensuite 48-25 contre Green Bay et un autre Quarterback dans sa première année de titulaire, Aaron Rodgers. Après une autre défaite contre les 49ers 31-13, William Ford se décide enfin à terminer le contrat de Millen ; les fans sont soulagés et espèrent enfin voir des jours meilleurs, vu qu’en plus que nous sommes en 2008, soit à la fin de la supposée « malédiction de Bobby Layne » qui devait durer cinquante ans. Mais ils vont d’abord devoir boire le calice jusqu’à la lie.

Detroit perd contre Chicago 34-7 dans un match où Kitna se blesse et rate le reste de la saison. C’est Dan Orlovsky qui le remplace, et il va rapidement se faire connaître de la pire des façons : les Lions perdent 12-10 à Minnesota, les deux points d’écart provenant d’un safety marqué par les VIkings quand Orlovsky, sans s’en rendre compte, sort de sa propre endzone sous la pression d’un défenseur. Detroit perd ensuite à Houston 28-21 et contre Washington 25-17. L’équipe signe le vétéran Quarterback Daunte Culpepper, mais il ne peut rien faire pour freiner la descente aux enfers des Lions, qui enchaînent avec des défaites à Chicago 27-23, contre Jacksonville 38-14 et à Carolina 31-22. L’équipe est à 0-10, et elle espère se reprendre lors d’une série de trois matchs à domicile, mais ce sont trois nouvelles défaites : Tampa Bay 38-20, Tennessee 47-10 puis Minnesota 20-16.

A 0-13, il n’y a plus beaucoup d’espoirs autre que l’orgueil pour voir une victoire, mais même cela n’aura pas lieu : Detroit finit la saison en perdant à Indianapolis 31-21, contre les Saints 42-7, et à Green Bay 31-21. Cinquante ans de malédiction de Layne et sept ans de régime de Millen se terminent dans la seule saison à 0-16 de l’histoire de la NFL. La franchise des Lions est dévastée, Rod Marinelli ne sait plus comment expliquer le pourquoi du comment, et Detroit reste seule avec elle-même, en se demandant comment rebondir.

Et pourtant la solution a toujours été la même : il faut enfin trouver un Quarterback pérenne, ce que l’équipe n’a plus eu depuis Greg Landry et Bobby Layne. Et justement, des connexions insoupçonnées avec le Hall Of Famer vont faire espérer un renouveau de l’équipe.

 

L’espoir Matthew Stafford (2009-2013)

 

Le Destin semble en effet faire un clin d’oeil aux Lions : un des Quarterbacks les plus talentueux de la draft 2009 est Matthew Stafford de l’Université de Georgia ; or Stafford est allé au collège de Dallas Highland Park… exactement comme Layne avant lui. Est-ce un signe ? Les fans veulent le croire quand l’équipe le sélectionne au premier tour. L’organisation nomme un nouveau General Manager, Martin Mayhew et un nouveau Head Coach, le Coordinateur Défensif des Titans Jim Schwartz. Mais bien évidemment, la franchise repart de loin, et la saison 2009 n’est pas une réussite à 2-14 : il faut du temps pour reconstruire.

Matthew+Stafford+Detroit+Lions+v+Arizona+Cardinals+lh1YvAonw6dlEn 2010, l’équipe rajoute du poids en défense avec la draft du Defensive Tackle Ndamukong Suh et en signant le Defensive End Kyle Vanden Bosch. L’attaque voit aussi de nouvelles têtes avec la draft du coureur Jahvid Best et la signature du vétéran receveur Nate Burleson pour ajouter des armes à Stafford. Le Quarterback ne va pas connaître une bonne deuxième année, car il va accumuler les blessures et laisser sa place à Shaun Hill ; la saison semble encore partir dans le caniveau à 2-10, mais l’équipe se regroupe et enchaîne les victoires pour finir sur un 6-10 encourageant. Suh, monstre impressionnant mais un peu indiscipliné, gagne le titre de Defensive Rookie Of The Year.

L’indiscipline va d’ailleurs être la marque des Lions en 2011 : certes, l’équipe continue de s’améliorer, Stafford revient en forme, Calvin « Megatron » Johnson est un monstre inarrêtable (1681 yards et 16 touchdowns), et la défense a reçu l’aide du Defensive Tackle Nick Fairley à la draft. Mais elle est spécialiste des pénalités, les joueurs multiplient les erreurs mentales, et on se rend compte qu’en fait tout cela provient directement du Head Coach. En Week 6, après la première défaite de Detroit de la saison contre San Francisco 25-19, la poignée de main entre les deux coachs Jim Harbaugh et Schwartz tourne presque au pugilat : le coach des Lions n’a pas aimé la petite claque dans le dos de Harbaugh et court derrière le coach pour lui dire sa façon de penser. Les joueurs eux-mêmes doivent venir les séparer, ce qui ne donne pas une bonne image des deux entraîneurs sur le coup. Le second incident concernant Detroit se déroule en Week 12 contre Green Bay : c’est le traditionnel match de Thanksgiving, diffusé à la télévision nationale, et Suh, excédé, marche volontairement sur le bras du Packer Evan Dietrich-Smith. Le pire c’est qu’il nie le fait et essaye de s’expliquer maladroitement, ce qui n’arrange pas son cas. Depuis ce jour, Suh traîne une réputation de dirty player et il ne va rien faire pour s’en défausser.

D’un autre côté, il faut avouer que l’énergie et l’agressivité de Schwartz sont exactement ce dont la franchise a besoin pour redresser la tête, en conjonction avec le remplacement de Millen par Mayhew. L’attaque devient une des meilleures du pays, avec un Stafford qui lance pour 5038 yards et 41 touchdowns. Même si la défense continue de ramer, les fans n’osent pas y croire : avec un record de 10-5, le club est assuré de retourner en playoffs, douze ans après la dernière apparition ! Le dernier match de la saison compte « pour du beurre », mais il va donner lieu à un match historique entre Stafford et le Quarterback remplaçant des Packers Matt Flynn : ils accumulent 1000 yards et 11 touchdowns à la passe, deux records NFL, dans une victoire 45-41 de Green Bay. Les Lions accèdent enfin au playoffs, mais ça ne sert à rien si c’est pour perdre encore au premier tour. Et pourtant c’est ce qu’il va arriver : l’indiscipline en attaque et la mauvaise défense rattrapent Detroit qui perd contre New Orleans 45-28.

Néanmoins, quand on se rappelle d’où reviennent les Lions, 2012 démarre dans l’espoir d’avoir retrouvé une franchise respectable (du moins dans le résultat). La draft apporte le Tackle Riley Reiff et le receveur Ryan Broyles, ce qui va rapidement s’avérer important : Burleson se blesse pendant la saison, et le sophomore Titus Young part complètement à la dérive, ratant des assignements, se disputant avec les coachs pour finir par être libéré à la fin de l’année et alimenter la rubrique des faits divers. La franchise subit un autre coup dur quand Jahvid Best, qui a subi une énième commotion l’année précédente, doit renoncer à poursuivre sa carrière pour protéger sa santé. C’est vraiment une saison pourrie pour Detroit qui n’arrive pas à surnager, l’attaque ne pouvant pallier les carences défensives. Et pourtant, ce n’est pas faute d’essayer : Megatron ne fait rien de moins que battre le vieux record de Jerry Rice avec 1964 yards à la réception en une saison ! Mais étant la seule arme offensive, il ne peut empêcher une saison ratée à 4-12. Pendant ce temps, Suh se fait encore remarquer à Thanksgiving avec un coup de pied « involontaire » dans les parties du Quarterback des Texans Matt Schaub.

Suh_kickDetroit profite de leur position haute dans la draft 2013 pour ajouter du lourd dans la ligne défensive avec le Defensive End Ziggy Ansah. Cette ligne défensive promet d’être impressionnante : certes Suh commet des gestes stupides, mais c’est un sacré talent qui fait la paire avec Nick Fairley, et l’ajout de Ansah est intimidant. L’attaque, elle, voit l’arriver du coureur Reggie Bush des Saints, et la saison démarre idéalement pour Detroit avec un record de 6-3… jusqu’à ce que le rideau soit tiré : l’équipe craque physiquement et mentalement, ne gagnant qu’un seul des sept matchs restants. Alors que Green Bay et Chicago connaissent des blessures en cascade dont celle de leur Quarterback titulaire, les Lions parviennent à laisser échapper un titre de division qui leur tendait les bras ; ils terminent à 7-9 alors que le champion de la division est Green Bay à 8-7-1.

L’organisation comprend alors quelque chose : Schwartz était le coach parfait après le 0-16 pour insuffler l’agressivité nécessaire pour se sortir de la nasse, mais les joueurs ont du mal à se contrôler dans les moments compliqués. Il faut changer cela.

 

Un succès trop fragile (2014-2020)

 

En 2014, c’est un virage à 180° : Schwartz est remplacé par le placide Jim Caldwell, ancien Coordinateur Offensif des Colts. Avec lui, l’équipe doit devenir plus calme, plus concentrée et réaliser son plein potentiel. La défense est sur la pente ascendante depuis quelques temps, avec la ligne défensive mais aussi des talents dont on parle moins comme les Linebackers Stephen Tulloch et DeAndre Levy, ou les arrières Glover Quin et Darius Slay (drafté en 2013). L’escouade devient une des meilleures de la ligue en 2014, pendant que l’attaque subit les blessures au sol et un nouveau système offensif qui limite un peu Stafford malgré l’arrivée du receveur Golden Tate ; mais cela suffit pour se mêler à la bagarre dans la division. Même si au final les Lions perdent le titre de la NFC North contre les Packers à Lambeau 30-20, c’est un retour en playoffs à 11-5 pour la franchise du Michigan.

Darius Slay

Ils se rendent à Dallas en Wild Card Round et démarrent le match idéalement, menant 17-7 à la mi-temps, mais les Cowboys reviennent lentement dans la partie. Une interférence de passe cruciale et apparemment évidente de Dallas est annulée par les arbitres en quatrième quart-temps, ce qui crée une grande controverse : les locaux en profitent pour récupérer la balle et repasser devant 24-20 ; les Lions ne s’en remettront pas, éliminés une nouvelle fois au premier tour des playoffs.

2015 ne sera pas du tout du même acabit. La saison commence par le départ de Ndamukong Suh en Free Agency, dont le contrat était devenu complètement ingérable dans le Salary Cap ; Nick Fairley part aussi. Detroit commence de manière catastrophique avec un record de 1-7 en étant totalement dépendant du bras de Stafford et de la défense. C’est alors qu’un ménage radical est fait : le Coordinateur Offensif Joe Lombardi mais également le Président Tom Lewand et le General Manager Martin Mayhew sont renvoyés ; le premier est mis en cause dans les problèmes offensifs, et les deux autres dans le manque de qualité et de profondeur de l’effectif. Jim Bob Cooter remplace Lombardi, causant un changement radical : l’attaque est plus efficace et les Lions finissent comme des bombes à 6-2 pour poster un record total de 7-9. Rod Wood et Bob Quinn prennent les nouveaux postes vacants de Président et General Manager, mais une autre perte sera bien plus difficile à compenser : Calvin Johnson prend sa retraite après seulement neuf années chez les Lions, provoquant les comparaisons avec Barry Sanders.

Le départ de Megatron fait craindre que l’attaque ne survive pas sans lui, mais l’équipe signe l’ex-Bengal Marvin Jones et drafte le premier tour Offensive Tackle Taylor Decker ; ces deux éléments permettent à Matthew Stafford, malgré un jeu au sol absent et une défense qui baisse de pied, de faire une saison 2016 miraculeuse à 10-6 où il réussit retour sur retour dans le dernier quart-temps. Malheureusement, l’équipe finit par plier sous la pression et une fin de calendrier infernale : elle perd le titre de division la dernière semaine contre les Packers (encore), et emmène ses limitations et sa mauvaise série en playoffs. Inoffensive, elle est balayée 26-6 à Seattle en Wild Card, prolongeant les terribles séries de saisons sans titre de division (23) et sans victoire en playoffs (25).

Le slogan des Lions en 2017 est : « vive la passe, à bas la course ». En attaque, Stafford continue de faire des performances remarquables (4446 yards – 29 touchdowns – 10 interceptions), mais il est toujours aussi peu aidé par la composante terrestre qui patauge irrémédiablement ; la ligne offensive voit des arrivées avec T.J. Lang ou Ricky Wagner mais l’ensemble ne prend pas aussi bien qu’on pouvait l’espérer. En défense, le rookie Jarrad Davis essaie de redorer le blason de l’unité des Linebackers, mais la défense contre la course ne fait pas le travail ; la couverture, elle, reste efficace. L’équipe ne peut refaire les miracles de l’année précédente, et ses failles sont trop importantes : elle rate les playoffs à 9-7.

Cela pousse la direction à tenter un nouveau pari pour enfin gagner un premier match de playoffs depuis 1991 : exit Jim Caldwell, remplacé par l’ex-Coordinateur Défensif des Patriots, Matt Patricia. Sa première saison va être compliquée, notamment à cause des blessures : la défense continue de donner de gros signes de faiblesse, alors que l’attaque voit l’arrivée du rookie Kerryon Johnson qui casse la série de 70 matchs des Lions sans coureur à 100+ yards, mais elle se sépare de Golden Tate dans un échange avec Philadelphie. C’est une régression à 6-10 pour la franchise du Michigan.

Et la deuxième va être encore pire : si l’équipe continue de démontrer une sacrée capacité à ne rien lâcher, Stafford doit s’absenter sur blessure, des postes importants sont aussi touchés et la défense continue d’être un gros problème malgré l’arrivée de l’ex-Patriot Defensive End Trey Flowers. Après un démarrage moyen à 3-3-1, Detroit s’écroule et encaisse neuf défaites de suite pour finir 3-12-1. Malgré le remue-ménage dans l’effectif qui voit notamment partir Darius Slay ou Ricky Wagner, la saison 2020 n’est pas très différente, avec une attaque qui tente d’aller contre vents et marées et une défense toujours à la traîne : c’est un bilan final de 5-11.

Ce dernier point est notamment rédhibitoire pour un Head Coach dont c’est la spécialité, et Detroit se lance dans un nouveau cycle : Quinn et Patricia sont débarqués, remplacés par l’ex-Ram Brad Holmes en General Manager et l’ex-Saint Dan Campbell comme Head Coach. Le fait que Holmes vienne de Los Angeles va faciliter un coup de tonnerre : les Lions décident d’envoyer Matthew Stafford aux Rams contre deux choix de premier tour et Jared Goff, dont la situation en Californie s’est rapidement détériorée. « Staffie » quitte sa franchise de toujours après 12 saisons et des records de franchise à la pelle ; au moins, contrairement à Barry Sanders et Calvin Johnson, il ne s’arrête pas là.

 

Not your same old Lions (2021-2023)

 

Personne n’attend de miracle des Lions en 2021 après cet échange-choc : malgré la draft du premier tour Offensive Tackle Penei Sewell et surtout celle du remuant quatrième tour receveur Amon-Ra St. Brown, attaque et défense ont bien du mal à tenir la cadence ; l’escouade défensive, notamment, reste un gros problème et Detroit poste un terrible bilan de 3-13-1.

Autant dire qu’on n’attend pas grand-chose de Detroit en 2022, et le début de saison confirme cela avec un bilan de 1-6. L’ajout du #2 de la draft, le pass-rusher Aidan Hutchinson, est sympathique, alors que celui du #12, le receveur Jameson Williams, est retardé par la blessure de ce dernier à la fin de la saison universitaire. En attaque, Goff fait une saison intéressante et le coureur Jamaal Williams devient une machine à touchdowns (17), mais la défense est toujours problématique. Et puis d’un seul coup, l’offensive prend littéralement feu : Detroit devient une des attaques les plus menaçantes de NFL et les LIons enquillent les victoires. La défense reste trop lourde à porter, mais le bilan final de 9-8 est le premier positif depuis cinq ans.

La question principale de la saison 2023 est de savoir si la franchise va pouvoir continuer sur cette lancée. La draft va apporter la réponse : dans les deux premiers tours, l’équipe sélectionne le coureur Jahmyr Gibbs, le Linebacker Jack Campbell, le Tight End Sam LaPorta et le Cornerback Brian Branch ; chacun va apporter sa pierre à l’édifice. Ajoutez la venue de l’ex-Bear coureur David Montgomery ou de l’ex-Steeler Cornerback Cameron Sutton, et les deux escouades sont encore plus dangereuses qu’en 2022. La couverture reste un point de contention, mais tous les autres secteurs répondent présent avec une attaque où Goff poste 4000+ yards et 30 touchdowns, Montgomery poste 1000+ yards et 10+ touchdowns au sol, Gibbs atteint les 10 touchdowns au sol aussi, St. Brown et LaPorta sont à 10 touchdowns en réception. Minnesota est perclus de blessures, Green Bay est dans une année de transition, Chicago est Chicago… autrement dit la voie est royale pour Detroit qui termine 12-5 : c’est enfin le premier titre de NFC North et le premier titre de division depuis 1993.

Et évidemment, pour le premier match de playoffs de l’histoire de Ford Field, il faut que ce soit Stafford et les Rams qui se présentent en Wild Card Round. Les Lions prennent la tête mais ne sont jamais totalement à l’abri ; c’est la défense qui scelle le résultat 24-23 en tenant bon en redzone, et cette saison magique voit une nouvelle disette s’arrêter avec la première victoire des Lions en playoffs depuis 1991. Tampa Bay se présente en Divisional Round dans une autre rencontre serrée où les deux équipes se rendent coup pour coup. Detroit parvient à casser le status quo en scorant par deux fois dans le dernier quart-temps, créant un écart suffisant pour l’emporter 31-23. Et la folie Lions continue en finale NFC : après une première mi-temps de rêve, Detroit mène 24-7 dans l’antre des 49ers. Cependant, le momentum tourne après la pause : une INT qui rebondit sur le facemask pour se transformer en réception longue, des drops critiques et la tendance de Campbell à jouer les quatrièmes tentatives au lieu de prendre les points sont autant de facteurs qui inversent le cours du match. Au lieu d’accéder à leur premier Super Bowl, les visiteurs deviennent les premiers à perdre en menant de 17+ points en finale NFC ; une fin cruelle 34-31 au bout d’un voyage fantastique.