Fiche Légende : Junior Seau

#55 – Linebacker

 

Junior Seau

 

Présentation

 

GENERALITÉS
Nom complet Tiaina Baul « Junior » Seau Junior
Date de Naissance 19 Janvier 1969
Lieu de Naissance San Diego, Californie
Date de Décès 2 Mai 2012
Lieu de Décès Oceanside, Californie
CARRIÈRE
Lycée Oceanside, Californie
Université University of Southern California
Draft 1er tour de 1990 (#5)
Equipes San Diego Chargers (1990-2002)
Miami Dolphins (2003-2005)
New England Patriots (2006-2009)
Statistiques 20 saisons
268 matchs – 243 comme titulaire
1849 plaquages / 56.5 sacks
11 fumbles forcés / 18 fumbles récupérés
18 interceptions
HONNEURS
Pro-Bowls 12 (1991-2002)
All-Pro 10 (1991-2000)
Performances notables
Récompenses 1992 Defensive Player Of The Year
Membre de l’équipe NFL des années 1990
Membre du San Diego Chargers Hall Of Fame
Numéro #55 retiré chez les Chargers
Hall Of Fame Classe de 2015

 

Biographie

 

Personne ne saura jamais l’importance exacte de ce mal qui tient en trois lettres, CTE, dans les raisons du geste de Junior Seau un jour de Mai 2012. Ce qui est sûr, c’est qu’il aura détérioré la fin de vie d’un homme si affable, si souriant, mais qui était devenu l’ombre de lui-même, jusqu’à décider de commettre l’irréparable.

Tiaina Baul Seau Junior, qui deviendra bientôt juste « Junior », naît à San Diego de parents originaires des Samoa américaines, un groupe d’îles dans le Pacifique Sud (à ne pas confondre avec les Samoa « tout court », deux îles un peu plus à l’ouest). Normalement, il aurait dû naître sur l’île natale de ses parents, Aunu’u, mais une maladie grave des poumons du premier de leurs enfants les a forcés à déménager à San Diego et à prendre des métiers pour payer l’opération. Peu de temps après la naissance de Junior, la famille décide de repartir sur Aunu’u, avant de revenir à San Diego un peu plus tard. La famille reste extrêmement ancrée dans ses traditions samoanes, ne parlant pas anglais à la maison ; en conséquence, Seau n’apprend à parler la langue qu’à partir de 7 ans, quand il doit intégrer les écoles américaines.

JuniorSeauOceansideLes conditions de vie sont spartiates pour les Seau et leurs 5 enfants, apprenant à Junior la simplicité, le travail mais également le respect de la famille ; son père lui répète souvent qu’il doit faire honneur au nom des Seau. Junior va rapidement démontrer de quelle manière il peut le faire : il semble développer de grandes qualités athlétiques, ce qui le pousse à participer à plusieurs sports. Lorsqu’il entre au lycée d’Oceanside, une ville au nord de San Diego dans laquelle la mère travaille, il s’inscrit en football, basketball et athlétisme. Entre 1984 et 1987 il se fait remarquer par ses prouesses : qu’il soit Tight End/Linebacker au football, scoreur au basket ou lanceur de poids, il apporte ses qualités physiques et son leadership partout où il joue, permettant aux équipes d’Oceanside de remporter plusieurs trophées locaux son année senior. Il est tellement complet que le magazine Parade décide de le nommer dans l’équipe des meilleurs lycéens, mais elle indique simplement que c’est un athlète, ne précisant pas dans quel sport. Et pour ne rien gâcher, Seau est également un très bon élève qui est élu dans l’équipe académique de Californie.

Bien évidemment, un tel prospect attire les convoitises des Universités, à tel point que la famille doit se mettre sur liste rouge pour ne plus être dérangée lors de sa dernière année lycéenne. Lorsque Seau est prêt à passer à l’étape suivante, il décide de se focaliser sur le football, et tout naturellement l’offre de la prestigieuse Université de South California (USC) semble la solution idéale. Il intègre bel et bien l’Université, mais il subit un coup d’arrêt lorsqu’il réussit un score de 690 à son test d’entrée, alors que 700 est le minimum pour être autorisé à jouer dans l’équipe des Trojans comme freshman. C’est une humiliation pour Junior qui considère avoir déshonoré le nom des Seau, et on ne manque pas de lui faire comprendre qu’il n’a pas sa place. Il retrousse ses manches et travaille deux fois plus, dans la salle de musculation et dans la salle de classe ; il retrouve de très bonnes notes et il gagne notamment le Superman Contest dès sa première année, une série d’épreuves de force et de vitesse interne à l’Université. Il mettra deux ans à trouver sa place à USC, limité par une blessure à la cheville son année sophomore ; une fois titularisé comme junior, Seau domine le gridiron avec son énergie et sa puissance, devenant All-American et Pac-10 Defensive Player of the Year.

JuniorSeauUSCLe jeune homme décide alors de capitaliser sur cette année fantastique et de tenter l’aventure NFL de suite ; il doit convaincre ses parents de quitter USC avant son année senior. Il parvient à entrer à la draft de 1990, où il est encore une fois un des prospects les plus attendus. Seau est sélectionné en 5e position par les Chargers de San Diego, ce qui est un rêve pour lui : après Oceanside et USC, il continue d’évoluer dans cette région de Californie du Sud qu’il apprécie tant. Il devient immédiatement titulaire comme Linebacker dans la défense des Chargers, et il gagne un surnom, Tasmanian Devil, nommé d’après le Diable de Tasmanie des dessins animés de la Warner : comme lui, il bouge à cent à l’heure et « mord » tout ce qu’il trouve.

C’est le début d’une longue histoire entre la franchise et Seau : après sa saison rookie de 1990, le #55 prend son envol et devient un des piliers défensifs des Chargers, enregistrant constamment 100+ plaquages et rajoutant régulièrement sacks et interceptions, année après année. Après sa saison rookie, chacune de ses années à San Diego sera ponctuée d’un vote Pro-Bowl (et d’un vote All-Pro sauf les deux dernières). Dans sa troisième année seulement en NFL, en 1992, il accumule 102 plaquages, 4.5 sacks, 2 interceptions, 1 fumble forcé et 1 fumble recouvré, ce qui lui vaut d’être élu Defensive Player Of The Year. Seau est un patron de la défense énergique et sans pareil sur le terrain, mais en dehors c’est également une personnalité adorée par ses partenaires, les fans et la communauté de San Diego ; il est difficile de trouver une image de Seau où il ne sourit pas (tant qu’il n’est pas sur le terrain évidemment).

Le joueur, très souvent considéré comme le meilleur de l’équipe, permet aux Chargers de remonter la pente après son arrivée, et même d’accéder au Super Bowl en 1994, avec notamment une finale d’anthologie contre Pittsburgh où Seau réussit 16 plaquages avec un nerf compressé dans le cou. Malheureusement, comme le reste de son équipe il ne pourra rien faire contre la machine des 49ers qui l’emporte facilement 49-26. Il ne retournera jamais au Super Bowl avec San Diego car l’équipe redeviendra médiocre après ce passage, mais Seau continuera d’enchaîner les saisons quasi-complètes avec une efficacité sans faille.

Après 13 ans à San Diego, en 2003, les Chargers ont besoin d’injecter du sang neuf et la relation entre Seau (qui a 34 ans) et l’organisation se détériore. Les Dolphins de Miami sont alors intéressés par un échange, et Seau quitte sa Californie natale pour la Floride. Sa première saison est une réussite à Miami : il devient un pilier de la défense aux côtés de Zach Thomas, Jason Taylor, Patrick Surtain ou Brock Marion. Malheureusement, les deux saisons suivantes sont raccourcies par une déchirure du pectoral et une blessure au tendon d’Achille. En 2006, à 37 ans, Seau comprend que c’est la fin du parcours pour lui et il décide de prendre sa retraite…

JuniorSeauPatriots… pendant 4 jours. En effet, tout juste après son annonce, les Patriots le contactent et lui proposent de jouer pour eux. C’est censé être un contrat d’un an, sans véritable risque pour l’équipe comme pour le joueur… l’expérience sera renouvelée trois fois. Seau va donc jouer 4 ans de plus pour New England, offrant son expérience et son leadership à la défense des Patriots. Il fera partie de la saison presque parfaite en 2007 qui lui permet de retourner au Super Bowl 13 ans après le précédent ; malheureusement celui-là lui échappe aussi. A la fin de la saison 2009, à 40 ans, Junior Seau décide cette fois de mettre un terme définitif à sa carrière.

Seau retourne chez lui, en Californie, et continue de se consacrer à tout ce qu’il a construit dans la communauté de San Diego : son restaurant, sa ligne de vêtements, et sa fondation qui vient en aide aux enfants défavorisés par toutes circonstances (violence, alcool, drogues, gangs…). Néanmoins, il commence également à démontrer un changement radical de caractère, se refermant sur lui-même, buvant et abusant des médicaments pour essayer de combattre une insomnie sévère. Il apparaît même dans la rubrique de faits divers : sa compagne porte plainte pour violences domestiques, puis sa voiture sort de la route et fait une chute de 3 mètres ; il s’en sort avec quelques égratignures.

Cependant, rien qui ne laisse présager de la terrible nouvelle qui tombe le 2 Mai 2012, quand sa compagne retrouve Seau mort à son domicile d’Oceanside. L’enquête conclut assez rapidement à un suicide par arme à feu, d’un tir dans la poitrine. Les messages de condoléances affluent de partout alors que le geste de Seau fait écho à celui du Safety des Falcons Ray Easterling, qui s’est suicidé quelques jours avant lui, ou celui du Defensive End Dave Duerson, qui s’est donné la mort l’année précédente. A cette époque, le terme de Chronic Traumatic Encephalopathy (CTE) circule dans le football depuis la mort de Duerson qui s’était lui aussi suicidé d’une balle dans la poitrine pour épargner son cerveau : il avait ainsi pu demander comme dernière volonté que son encéphale serve à la science pour prouver qu’il était atteint de CTE.

Junior Seau, Jerry LopezCette maladie, bien connue des boxeurs car due à des chocs violents répétés à la tête, provoque une dégénérescence causant des troubles mentaux importants, pouvant aller jusqu’à la démence et la dépression. L’ex-femme de Seau confirme que si son ex-mari n’a jamais été diagnostiqué avec une commotion cérébrale, il en a eu plusieurs ; il est impossible de jouer 20 ans au poste de Linebacker sans en avoir. La volonté de Junior de mettre fin à ses jours de la même façon que Duerson pousse la famille à autoriser des prélèvements de tissu cérébral pour le tester lui aussi. Trois organismes indépendants délivrent le même résultat : il souffrait lui aussi de CTE. Cela vient alimenter le grand procès des anciens joueurs (et de leurs familles) contre la NFL, accusée selon eux d’avoir caché les dangers du sport même quand elle était au courant.

Mais avant tout, c’est la disparition brutale d’un homme tellement souriant et gentil en dehors du terrain qui choque les gens. Les hommages ne cesseront jamais pour Seau : retrait de son numéro dans son lycée, retrait de son numéro chez les Chargers, entrée dans le Hall Of Fame de la franchise, dans le Hall Of Fame Polynésien et enfin dans Hall Of Fame de Canton en 2015.