Fiche Légende : Bill Polian

General Manager – Président

 

BillPolian

 

Présentation

 

GENERALITÉS
Nom complet William Patrick « Bill » Polian Junior
Date de Naissance 8 Décembre 1942
Lieu de Naissance Bronx, New York
Date de Décès
Lieu de Décès
CARRIÈRE
Lycée Mount Saint Michael, Bronx
Université New York University
Draft
Equipes General Manager :
Buffalo Bills (1986-1992)
Carolina Panthers (1995-1997)
Indianapolis Colts (1998-2009)
Président :
Indianapolis Colts (1998-2011)
Statistiques
HONNEURS
Pro-Bowls
All-Pro
Performances notables
Récompenses 6 fois NFL Executive Of The Year
(1988, 1991, 1995, 1996, 1999, 2009)
1 bague de champion (2006)
Membre du Bills Hall Of Fame
Hall Of Fame Classe de 2015

 

Biographie

 

Quand le Hall Of Fame décide, en 2015, d’ouvrir une nouvelle catégorie aux contributeurs du jeu, honorant l’excellence au-delà du terrain, il présente indirectement sa volonté de récompenser ceux qui ont tendance à être mis en arrière par rapport aux anciens joueurs : les Présidents, General Managers, Head Coachs qui ont marqué l’histoire du sport. C’est pourquoi, fort logiquement, l’un des premiers bénéficiaires de cette nouvelle catégorie est un General Manager qui n’a pas amené une, ni deux, mais trois équipes différentes au Super Bowl, Bill Polian.

Polian est le fils d’un immigré irlandais et grandit dans le quartier de Fordham, dans le Bronx à New York. Il intègre le lycée de Mount Saint Michael puis l’université de New York comme lutteur et Safety dans l’équipe de football ; il en devient même le capitaine lors de sa dernière année universitaire. Mais le jeune homme sait très bien que ses talents en tant que joueur sont plutôt minces, et qu’il ne pourra pas en faire son métier… du moins sur le terrain. Il pense donc pouvoir se reconvertir du côté du coaching, en parallèle de ses études d’histoire. Cette vision des choses ne colle pas à celle de son ouvrier de père, qui veut que son fils devienne policier, un travail avec un revenu stable. Cela provoque une scission entre les deux, et le père va même jusqu’à jeter son fils dehors.

BillPolianAFCBillsMais Polian continue sur sa voie, et à sa sortie de l’université en 1966, il décide de multiplier les casquettes : il intègre les équipes de coachs d’Université comme le Manhattan College, Columbia et l’Académie de la Marine Marchande, tout en devenant professeur d’histoire et en faisant même un peu de scouting à côté (de la détection de talent). Il doit néanmoins laisser tomber tout ce qui a trait au football un peu plus tard pour subvenir aux besoins de sa famille; il prend un emploi de vendeur d’encarts de publicité dans un magazine, un métier qui ne lui plaît guère mais qui paye mieux que coach. C’est alors qu’une vieille connaissance va lui apporter la chance de revenir à sa passion.

Son ancien coach à l’Université de New York, Bob Windish, est devenu entre-temps directeur du personnel des joueurs de la franchise de CFL des Montréal Alouettes. Un jour de 1975, Windish demande à l’entraîneur de l’équipe, un certain Marvin Levy, s’il peut offrir 500$ à des scouts extérieurs à la franchise pour repérer les talents. Levy accepte l’offre de Windish, et quelques mois plus tard il voit arriver, parmi le tas de dossiers des scouts, une série de rapports extrêmement précis et pertinents sur divers joueurs. Levy demande à Windish qui les a écrits, et c’est ainsi que Polian est appelé par la franchise des Alouettes pour devenir scout. Lorsque Marv Levy rejoint la NFL en 1978 pour prendre le poste de Head Coach des Kansas City Chiefs, il amène Polian avec lui. Bill le quitte un instant pour rejoindre les Winnipeg Blue Bombers de CFL, mais les deux hommes se retrouvent en 1984 chez les Chicago Blitz de l’USFL ; Polian gravit un échelon en devenant directeur du personnel professionnel (en quelque sorte le patron des scouts).

Son nom commence à circuler comme une personne avec un nez indéniable pour détecter les talents, et il revient en NFL pour occuper le même poste chez les Bills de Buffalo en 1984 après la saison d’USFL. Il va se distinguer au début de l’année 1985 quand le General Manager de l’équipe, Terry Bledsoe, subit une crise cardiaque ; Polian se retrouve en charge de mener la draft de l’équipe, et il va choisir au premier tour le Defensive End de Virginia Tech Bruce Smith. Il sélectionne aussi, au 4e tour, le receveur de Kutztown Andre Reed ; autrement dit, Polian vient d’offrir deux futurs Hall Of Famers à Buffalo, ce qui n’est pas mal pour un « remplaçant ». Il faut encore un peu de temps pour que l’équipe redresse la tête d’une période difficile, mais les événements positifs vont s’enchaîner : l’ancien Quarterback de premier tour Jim Kelly revient après la fin de l’USFL, Polian est définitivement nommé General Manager fin 1985, et le renvoi du coach Hank Bulloughs au milieu de la saison 1986 permet à Polian de faire venir son grand ami, Marv Levy.

BillPolianMarvLevyQuelques mois plus tard, Polian apprend que le Defensive End Cornelius Bennett n’arrive pas à s’entendre avec les Colts sur son contrat : il se met de suite au travail pour engendrer un échange monstre entre les Colts, les Bills et les Rams qui amène Bennett à Buffalo, créant un duo terrible avec Bruce Smith. En 1988, pour preuve de sa méticulosité, il récupère les vidéos de l’opération du genou d’un coureur rookie et les montre à des docteurs pour être sûr qu’il pourra rejouer à 100% au niveau NFL ; il décide alors de drafter ce rookie, nul autre que le futur Hall Of Famer Thurman Thomas. Avec ces choix judicieux, Polian donne ainsi à Levy une machine infernale qui va marcher sur l’AFC pendant une longue période ponctuée par cette série record de 4 Super Bowls consécutifs de 1990 à 1993. Malheureusement, la chance ne sera jamais du côté de Buffalo qui les perdra tous ; Polian ne verra pas le dernier en 1993, car il est renvoyé en 1992 à cause de ses prises de bec nombreuses avec le propriétaire Ralph Wilson et son conseiller financier Jeff Littmann.

Polian fait un court passage par les bureaux de la ligue avant que ses talents ne soient demandés par une des franchises d’expansion en 1995, les Panthers de Carolina. Il sait qu’il possède une chance que les autres franchises d’expansion n’ont pas eu : la Free Agency. Il va donc utiliser sa science de la draft pour sélectionner des bons jeunes (QB Kerry Collins, RB Tim Biakabutuka, WR Muhsin Muhammad, DB Mike Minter…), mais surtout il va utiliser la FA pour récupérer des vétérans talentueux (TE Wesley Walls, LB Kevin Greene & Sam Mills, DB Eric Davis, KR Michael Bates…). Ce pari d’utiliser les vétérans pour atteindre de suite un certain niveau de qualité est payant, puisque les Panthers accèdent à la finale NFC dès 1996, leur deuxième année d’existence ! Malheureusement, ils en payent aussi rapidement le prix avec une chute de qualité en 1997, et encore une fois la personnalité franche du collier de Polian créé des tensions avec les propriétaires (Jerry et Mark Richardson) qui poussent à son renvoi.

C’est la chance inespérée qu’attendait Jim Irsay, le propriétaire des Colts d’Indianapolis, une équipe qui, comme Buffalo à l’époque, est au bord du gouffre en 1998 (elle sort d’une saison à 3-13). Irsay est prêt à nommer Polian General Manager ET Président s’il veut bien aider la franchise à redresser la tête. Bill accepte et regarde de suite ce qu’il a entre les mains : une équipe où il y a quelques talents (Marshall Faulk, Marvin Harrison, Tarik Glenn) trop peu entourés. Et à la draft de 1998, deux noms sont sur toutes les lèvres : le prototype du QB pro et le général sur le terrain, Peyton Manning, contre la star montante au potentiel énorme mais encore à réaliser, Ryan Leaf. La valeur de Manning semble endommagée par une dernière année moins brillante que prévue, mais Polian n’en a cure : il s’enferme dans un bureau avec une montagne de films, et il décrète que Manning est l’homme qu’il faut à Indianapolis. Personne ne sait encore que c’est LE choix qui va remettre les Colts sur la carte, alors que les Chargers vont sélectionner Leaf qui va devenir un des plus grands busts de l’histoire.

BillPolianPeytonManningPolian remodèle complètement le système de scouting dans la franchise, et n’a pas peur de prendre des décisions osées : ayant peur que son arme offensive #1 Marshall Faulk ne donne un mauvais exemple en refusant de s’entraîner (un holdout), il décide de réaliser un échange le jour de la draft 1999 pour l’envoyer aux Rams. Et quand vient le moment de remplacer le coureur à la draft, il ne choisit pas celui à qui tout le monde pense, Ricky Williams, mais le joueur de Florida Edgerrin James ; encore une décision très discutée sur le moment, mais qui se révélera être la bonne par la suite. Les Colts, qui ont fait une nouvelle saison à 3-13 en 1998, renverse alors complètement la vapeur et finissent à 13-3. Un petit dérapage en 2001, causé en partie par les différences de points de vue entre Polian et le Head Coach Jim Mora, a raison de ce dernier ; c’est notamment la défense qui pose problème, et pour remédier à cela le General Manager engage un spécialiste défensif qui vient d’être renvoyé par Tampa Bay, Tony Dungy.

Polian va continuer de faire affluer les talents dans l’équipe, notamment le receveur Reggie Wayne ainsi que les Defensive Ends Dwight Freeney et Robert Mathis ; Dungy va les utiliser et Manning va mener l’attaque, créant ainsi une longue période de succès à Indianapolis, ponctuée par le titre en 2006. C’est la consécration pour Polian qui remporte enfin un Super Bowl en tant que General Manager après 4 défaites (3 avec Buffalo et 1 avec Carolina). Les Colts retournent au Super Bowl en 2009 mais perdent contre New Orleans. La carrière de Polian chez les Colts sera définitivement liée à celle de Peyton Manning, puisque lorsque le joueur se blesse au cou en 2011, après une saison terrible à 2-14 le joueur et son président sont remerciés.

BillPolianSuperBowlA partir de ce moment, le récipiendaire de 6 titres de Executive Of The Year devient un analyste pour la télévision. Il fait le discours de présentation lors de l’intronisation au Hall Of Fame de son grand ami Marv Levy en 2011, et il l’y rejoint en 2015 dans la toute nouvelle catégorie des contributeurs. Il rejoint également « ses » joueurs Bruce Smith, Thurman Thomas et Andre Reed. Tony Dungy fait également parti des finalistes cette année-là, mais n’est pas choisi ; Polian dira un peu plus tard qu’il aurait mérité d’être à Canton avant lui.