Football Kombat : Cincinnati

500-Bengals

Première incongruité entre l’ordre de la draft et le classement dans les divisions : nous attaquons les équipes de playoffs avec les Bengals, qui ont pourtant fini devant les Ravens dans l’AFC North, mais ils ont ENCORE perdu en Wild Card et Baltimore seulement en Divisional Round. Cincy est devenu le Philly des années 2000s du pauvre : bloqué en Janvier toujours au même round, sauf que pour les Eagles de McNabb et Reid au moins c’était en finale NFC, pas dès le premier tour. Du coup, les Bengals continuent la plus longue disette sans victoire en playoffs avec 24 saisons.

A lire en mangeant des Frosties.

 

CINCINNATI BENGALS
2e AFC North ~ 10-5-1 / 0-1

 

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Les prévisions de Madame Soleil 2014

 

La question était très simple pour les Bengals version 2014 : allaient-ils se remettre du départ de leurs deux Coordinateurs, Jay Gruden à Washington et Mike Zimmer à Minnesota, alors qu’ils luttent chaque année pour passer le premier tour des playoffs ? C’était en effet la question essentielle à Cincinnati : Hue Jackson et Paul Gunther avaient pris du grade pour les remplacer, mais il fallait être sûr que la continuité soit assurée.

C’était d’autant plus important que, du côté des joueurs, on ne peut pas dire qu’il y avait eu du grand chambardement : un gros départ en attaque et en défense avec le Centre Kyle Cook et le Defensive End Michael Johnson; néanmoins, ces deux départs (ainsi que ceux d’Andrew Hawkins et James Harrison) méritaient d’être surveillés car ils affaiblissaient des postes clés. Pour le reste, on prend les mêmes et on recommence pour défendre le titre de la division. En attaque, Andy Dalton devait minimiser ses pertes de balle (surtout aux moments cruciaux) et le rookie Jeremy Hill était attendu derrière Giovani Bernard pour remplacer un BenJarvus Green-Ellis vraiment en bout de course. En défense, du sang frais au poste de Cornerback avec le premier tour Darqueze Dennard pour rejoindre Dre Kirkpatrick derrière un trio Leon Hall – Terrence Newman – Adam Jones qui n’était plus tout jeune. Il fallait également savoir si Vincent Rey, qui avait fait une belle apparition en 2013, pouvait définitivement remplacer Rey Maualuga en Middle Linebacker.

La perte de Michael Johnson et les deux nouveaux Coordinateurs restaient, sur et en dehors du terrain, les deux plus gros obstacles à un doublé en tête de l’AFC North… et à la fin de la plus longue série NFL sans une victoire en playoffs (23 ans).

 

La saison

 

@Baltimore 23-16, Atlanta 24-10, Tennessee 33-7, @New England 17-43, @Carolina 37-37 (OT), @Indianapolis 0-27, Baltimore 27-24, Jacksonville 33-23, Cleveland 3-24, @New Orleans 27-10, @Houston 22-13, @Tampa Bay 14-13, Pittsburgh 21-42, @Cleveland 30-0, Denver 38-27, @Pittsburgh 17-27.

Record cumulé projeté (avec les records de 2013) : 120-136 (0.469, 23e).
Record cumulé réel (avec les records de 2014) : 127-128-1 (0.498, 17e).
Écart entre les deux records : 0.029 (6e).

Malgré la chute de la NFC South, elle a été contrée par la montée de niveau de Houston, et bien sûr de la division elle-même avec deux matchs contre chaque équipe. Il n’est donc pas surprenant de voir que les Bengals ont eu le 6e plus grand bond de difficulté du calendrier, même si ce dernier n’a pas été insurmontable non plus (avec les deux divisions South).

 

Les playoffs

 

@Indianapolis 10-26.

 

La réalité

 

Vous vous rappelez lors du Review des Bills, la moyenne des écarts de points lors des défaites en saison régulière ? J’avais laissé le suspense sur l’équipe qui avait perdu en moyenne par le plus grand écart… eh bien c’est une équipe qui est allée en playoffs : les Bengals ont perdu en moyenne de 21 points cette saison, loin des Colts à 16.8. Dans le lot, le plus surprenant est vraiment cette tôle 24-3 à l’aller contre Cleveland, la seule à être arrivée contre un adversaire non-playoffable; la double défaite contre les Colts a été loin d’être glorieuse dans la manière, et n’oublions pas non plus cette victoire quasi-inespérée contre Tampa Bay. Et à côté de ça, Cincy a été capable de battre Denver de manière convaincante, ou Baltimore deux fois (oui je sais, la deuxième était très controversée). C’est exactement l’impression que laissent les Bengals cette année : est-ce qu’il faut se réjouir d’une saison à 10.5 victoires (en comptant le match nul) avec les blessures et le départ de deux coordinateurs, ou se lamenter du fait que l’équipe n’arrive pas à passer un palier… et risque bien de finir par le (faire) payer à la fin de l’année prochaine ?

http://www3.pictures.zimbio.com/gi/Andy+Dalton+Cincinnati+Bengals+v+Cleveland+x77W_0IR9KFl.jpgSi vous vous demandez pourquoi je parle de l’année prochaine spécifiquement, c’est parce que le contrat de Marvin Lewis s’arrête après la saison 2015, et surtout celui d’Andy Dalton a été bâti de telle sorte qu’il coûtera bien moins cher à libérer en 2016 si besoin est (pas de roster bonus par exemple). On peut argumenter que je mets la charrue avant les boeufs, mais je ne fais que vous décrire comment les Bengals eux-mêmes ont structuré le contrat de leur Quarterback, ce qui est plus parlant que quoi que ce soit. Je vais commencer par un refrain connu : on va voir par la suite que cette saison très inconstante de Dalton n’est pas entièrement sa faute, mais il a quand même une partie de responsabilité quand il continue de prendre son receveur #1 pour Megatron (pas Calvin Johnson – le vrai, celui qui fait 10 mètres de haut). Je vous donne la ligne de stat de suite : 64.2%, 3398 yards, 7.1 yards par passe tentée, 19 TDs, 17 INTs, 21 sacks et 83.5 de QB Rating. Bien évidemment le chiffre exorbitant est celui des interceptions, surtout en rapport avec les TDs, mais son plus gros problème c’est que quand on regarde à « inconstant » dans le dico NFL, c’est sa photo à côté. Le gars est capable de pondre deux bouses infâmes contre Cleveland (2.0 et 53.6 de QB Rating) et de faire d’excellents matchs contre New Orleans ou Pittsburgh (malgré la défaite). Bref cette saison n’a fait que confirmer que les Bengals iront aussi loin que Dalton les portera, et qu’il lui faut de l’aide autour de lui… et pourquoi pas un peu de compétition aussi pour le pousser au derche ?

Et pour avoir de l’aide, il faudrait que ça arrête de tomber comme des mouches autour de lui, car les blessures ont joué une grosse partie dans l’efficacité (ou non) de l’attaque… voire de l’équipe tout en entière comme on verra plus tard en défense. Premier exemple : la perte d’Andre Smith, le Right Tackle, a été préjudiciable pour la tenue de l’OL, surtout quand Cincy s’est rendu compte de ce que savait déjà Green Bay, à savoir que Marshall Newhouse est rarement une solution; les Bengals ont dû mettre Eric Winston à la fin de la saison. C’est dommage, parce qu’en général l’OL a encore fait un très bon travail cette année, que ce soit en protection ou au sol : le Left Tackle Andrew Whitworth a fait une saison phénoménale, même par rapport à son niveau standard déjà élevé (9 pressions sur toute l’année !). Les deux Guards Kevin Zeitler et Clint Boling ont encore réalisé une saison solide. Le remplacement de Kyle Cook par le rookie Russell Bodine au Centre a été un peu heurté comme on pouvait s’y attendre, mais le jeunot a quand même démontré de belles choses et devrait s’améliorer avec le temps.

http://www1.pictures.zimbio.com/gi/Andrew+Whitworth+Baltimore+Ravens+v+Cincinnati+bYwLHFgg6Byl.jpgNéanmoins il n’a pas explosé comme ZE rookie de l’année à Cincinnati : le 2e tour coureur Jeremy Hill (photo ci-dessous). Le #32 a immédiatement rappelé Corey Dillon, dont il a fini à 5 petits yards du record rookie au sol de la franchise; il a bien su profiter de la blessure de Giovani Bernard pour prendre le poste de #1 et ne plus le lâcher avec des stats tout bonnement impressionnantes : 222 courses, 1124 yards, 5.1 yards par course (!) et 9 TDs au sol, à quoi il faut rajouter 27 réceptions pour 215 yards. Il est capable de faire rater des plaquages (36) et de gagner des yards après contact (2.8 en moyenne, ce qui le met au niveau d’Arian Foster ou Eddie Lacy). Le seul bémol, c’est qu’il doit vraiment travailler la protection du cuir avec 5 fumbles au total, mais avec Bernard ils forment un sacré duo. « Gio » a donc logiquement vu son nombre de courses réduit à 168 pour 580 yards et 5 TDs, mais il a été plus présent à la passe : 43 réceptions pour 349 yards et 2 TDs. Sans oublier les 4 TDs de Dalton au sol. Du coup, on arrive à un jeu de course très respectable avec 134.2 yards au sol de moyenne (6e).

http://www1.pictures.zimbio.com/gi/Jeremy+Hill+Cincinnati+Bengals+v+Pittsburgh+ibJ2IhutG1Tl.jpgOn ne peut pas en dire autant du jeu de passe : 213.8 yards (21e). Mais ce n’est pas étonnant quand vous perdez votre TE #1 et votre receveur #2 toute la saison, que votre receveur #1 rate plusieurs matchs dont celui en playoffs, et que vous avez un #3 qui se démène comme un beau diable mais montre ses limites en étant la Drop Machine(tm) 2014. En effet, Dalton aura dû composer cette année sans Tyler Eifert ni Marvin Jones, ce dernier ayant montré son importance l’année dernière. A.J. Green n’a pas fait une saison complète (en partie parce que Dalton ne le ménage pas non plus), et Mohamed Sanu a vraiment fait tout ce qu’il pouvait pour boucher les trous; tant qu’on ne regarde pas les drops on ne peut que le féliciter : 56 réceptions pour 790 yards et 5 TDs… mais 10 drops sur 66 passes attrapables c’est beaucoup trop. La deuxième cible de Dalton a été l’autre Tight End, Jermaine Gresham, qui a offert son inconstance habituelle : 62 réceptions pour 460 yards fait une faible moyenne, 5 TDs est une bonne production, il a un peu amélioré son problème de pénalités (6) et de drops (1) mais pas celui de fumbles (3). Enfin, malgré ses pépins physiques, Green a été le top receveur avec 69 réceptions pour 1041 yards et 6 TDs, mais c’est révélateur de voir que Dalton a également lancé 6 INTs dans sa direction; un ratio de 1TD/1INT pour un receveur comme Green, c’est totalement insuffisant, et ça c’est plus le problème de Dalton. C’est ce que je disais : il n’y a pas eu assez de cibles de qualité et valides assez longtemps pour faire mieux à la passe, mais Dalton a aussi sa part de responsabilités.

Résultat : une attaque moyenne en points (22.8) et yards (348), mais ils ont su être efficaces en redzone (58% de TDs, 10e). Malgré les 26 pertes de balle (17 INTs, 9 fumbles) ils ont également bénéficié d’une arrière-garde qui a volé un bon nombre de ballons (20) pour arriver au moins à un turnover ratio nul. Cependant, la défense a également eu ses blessures et ses mauvaises performances : je ne crois pas qu’il y ait une escouade avec 5 joueurs à 10+ plaquages manqués ailleurs en NFL.

http://www3.pictures.zimbio.com/gi/Carlos+Dunlap+Cincinnati+Bengals+v+Indianapolis+qAL-G6qbWnOl.jpgComment ne pas commencer par le secteur qui a complètement disparu en 2014 : le pass-rush. Je ne sais pas si c’est lié au départ de Mike Zimmer, celui de Michael Johnson, ou les deux, mais les Bengals ont été invisibles dans l’exercice, terminant bons derniers de la ligue avec 20 unités. C’est encore plus malheureux quand on se rend compte que Carlos Dunlap (photo), qui a plutôt fait sa bonne saison habituelle, en a déjà 8 en 62 pressions à lui tout seul. Robert Geathers a été le moins mauvais des autres avec 51 pressions mais seulement 1.5 sack, alors que Wallace Gilberry a été fantomatique, comme le lanceur estonien Margus Hunt. Si vous voulez rire un coup, écoutez celle-là : les Defensive Ends hors Dunlap ont cumulé 3.5 sacks, soit autant… que les arrières. LES ARRIÈRES. Et question fantôme, je n’ai pas encore évoqué les Defensive Tackles : je ne sais pas s’il se ressent encore de sa blessure au genou, mais ce n’était pas le Geno Atkins que l’on connait lors de cette saison – 3 pauvres petits sacks et un impact réduit au sol. Forcément, ça a exposé Domata Peko à côté de lui, qui a été insuffisant dans tous les compartiments. La ligne défensive n’a vraiment pas su faire le boulot, et ce qui s’est passé derrière n’a rien arrangé.

C’est assez drôle, parce que je suis le premier à dire que je ne suis pas un grand fan de Ray Maualuga, mais bonjour le boxon quand il se blesse. Il faut dire que les Linebackers n’ont pas été épargnés avec l’absence du moteur Vontaze Burfict, le dernier d’une petite liste de Bengals qui aiment finir sur IR après avoir signé une extension lucrative (Carson Palmer en 2005 – les fans des Cards compatissent – ou Atkins l’année dernière). En effet, Burfict reste un excellent joueur… tant qu’il ne passe pas son temps à essayer de tordre sciemment les chevilles de ses adversaires. Emmanuel Lamur, projeté comme le troisième larron, a également raté quelques matchs… bref une sale saison pour l’unité, ce qui explique aussi la faiblesse contre le sol (116.3 yards, 20e). Dans ce pataquès, c’est encore une fois Vincent Rey qui a levé la main en disant « ok les gars, je m’en charge » sauf que cette fois il a été le Linebacker qui a joué le plus de snaps de la saison. Il a tenu la route au sol, prouvant qu’il a vraiment des qualités pour un backup non-drafté, mais il a eu du mal en couverture (85% de passes autorisées). Lamur a été le second Linebacker le plus utilisé et il a été plus mis en difficulté que Rey, que ce soit au sol ou en couverture (3 TDs malgré 2 INTs). Vous voyez donc que les problèmes de cette année sont plutôt localisés dans le front-7 entier.

http://www2.pictures.zimbio.com/gi/George+Iloka+Carolina+Panthers+v+Cincinnati+vqiRe74poWJl.jpgNous terminons avec les arrières, qui ont énormément souffert du pass-rush anémique devant et n’ont pas toujours réussi à limiter la casse malgré ces fameuses 20 INTs. Leon Hall a été le principal symbole : on sait que le Cornerback est talentueux, mais il a un QB rating supérieur à 100 dans sa direction avec notamment 70+% pour 3 TDs et seulement 1 INT, ce qui n’est clairement pas son niveau habituel. A côté de lui, l’âge de Terence Newman commence à le rattraper même s’il n’a concédé que 2 TDs pour 1 INT et 7 passes défendues, et Adam Jones a eu une saison inconstante (le mot de l’année à Cincy) avec 2 TDs et 3 INTs. Bien que le manque de pass-rush les ait gênés, il serait peut-être temps de mettre la jeune garde en avant, avec un Dre Kirkpatrick un peu plus affirmé… mais pour cela il faudrait faire jouer le rookie Darqueze Dennard (61 snaps). A l’inverse des Corners, les Safeties n’ont eu aucun souci pour faire leur travail cette année, car la paire Reggie Nelson – George Iloka (photo) a parfaitement patrouillé : 165 plaquages, 1 TD, 7 INTs, 13 passes défendues et 1.5 sack combinés; ils forment sans conteste l’unité la plus forte de la défense cette année. Vous allez me dire qu’avec le front-7 ce n’était pas dur, mais ce n’est pas un choix par défaut : Nelson et Iloka ont vraiment fait une bonne saison.

Au niveau des équipes spéciales, le Kicker Mike Nugent n’a pas fait une performance retentissante, avec en point d’orgue ce Field Goal manqué pour la victoire contre Carolina, mais le Punter Kevin Huber a été (très) bon. Adam Jones n’a pas scoré sur retour mais a plusieurs fois mis l’attaque en bonne position… et plusieurs fois pris une boîte monumentale vu qu’il ne sait toujours pas ce qu’est un arrêt de volée.

Les Bengals restent toujours des playoffables en puissance, puisque même avec autant de blessures ils y sont parvenus dans une division de malades cette année. Ils vont de plus se renforcer par défaut avec le retour des blessés. Néanmoins, ils ont des pièces « historiques » (Maualuga, Newman, Gresham) qui vont devenir Free Agents et qui vont créer l’incertitude. Leur front-7 a besoin d’être solidifié, même avec le retour de Burfict. Si jamais Cincy ne passe pas le premier tour en 2015 ou pire, rate les playoffs, attendez-vous à du remue-ménage.

 

Les besoins

 

Comme je l’ai dit, ça tourne surtout dans le front-7 : les deux postes sur la DL (DE et DT) et un Linebacker. A côté de cela… peut-être un Tight End si Cincy se sépare de Gresham qui n’a jamais vraiment justifié son premier tour.

 

Le futur

 

Domicile : Baltimore, Cleveland, Pittsburgh, Kansas City, San Diego, Houston, Saint-Louis, Seattle.
Extérieur : Baltimore, Cleveland, Pittsburgh, Denver, Oakland, Buffalo, Arizona, San Francisco.
Record cumulé en 2014 : 144-112 (0.563, 2e).

Ca vous étonnerait si je vous disais que le pire calendrier projeté est en AFC North ? Avec un peu de logique vous allez rapidement trouver qui en hérite, vu que Cincy a fini 2e de la division et possède le 2e plus difficile. Sympa l’année 2015 si Andy Dalton doit convaincre de ne pas le cuter en 2016 : Baltimore*2, Pittsburgh*2, Denver, Kansas City, Buffalo, Houston, Arizona, San Francisco, Seattle, Saint-Louis… que des défenses tranquilles.