Football Kombat : Chicago

500-Bears

« A toute chose malheur est bon » dit le proverbe : il fallait sans doute un crash pareil pour que Chicago se rende compte qu’ils se sont fourvoyés depuis plusieurs années, notamment du côté défensif, refusant de revitaliser leur escouade avec des talents frais comme ils ont su le faire en attaque. Quand cette attaque n’a plus su les porter et que les turnovers ont cessé d’arriver en défense, sans surprise tout leur a explosé à la face. Au revoir Marc Trestman (mauvais casting), au revoir Phil Emery (ENFIN), on balaye, et on recommence, mais avec un squelette d’éléphant dans le placard de la pièce : le contrat de Jay Cutler.

A lire en regardant un épisode des Bisounours (descendez vous allez comprendre).

 

CHICAGO BEARS
4e NFC North ~ 5-11

 

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Les prévisions de Madame Soleil 2014

 

Comme toute la NFC North, les Bears avaient connu une année 2013 compliquée, notamment sur le plan de leur défense méconnaissable qui avait payé un lourd tribut aux blessures et aux sautes de concentration de leurs Safeties. Du coup, il y avait eu un grand remue-ménage décidé par Phil Emery et Marc Trestman : exit les Julius Peppers, Henry Melton, Corey Wootton et autre Major Wright. Chicago avait réussi quelques acquisitions intéressantes en retour : Jared Allen, Lamarr Houston, Willie Young ou Adrian Wilson pour reformer le front-4 et la dernière ligne de défense. Enfin, le premier tour 2014 Cornerback Kyle Fuller venait assister le duo Tillman/Jennings qui était au-dessus de la trentaine, et l’équipe espérait que le premier tour 2013 Shea McClellin serait plus efficace en Linebacker qu’en Defensive End pour renforcer une ligne de LBs un peu à l’abandon. En tout cas, une volonté claire de rajeunir et remodeler la défense dans la tradition.

C’était d’ailleurs le principal point d’amélioration, car que voulez-vous améliorer dans une attaque qui a scoré 448 points (second total de l’histoire de la franchise) ? On prend les mêmes et on recommence… en mieux. Je sais : Chicago qui a besoin de modifier sa défense et non son attaque, ça change. Jay Cutler allait enfin passer deux ans avec le même Coordinateur Offensif, promettant que l’attaque passe à un niveau supérieur en 2014, alors que le quatuor Matt Forte – Brandon Marshall – Alshon Jeffery – Martellus Bennett n’avait aucune raison de ne pas faire au moins aussi bien.

En tout cas une chose était sûre : ne pas voir Devin Hester en Bear, ça allait faire bizarre, mais ça ne devait pas empêcher Chicago de revenir en force dans une NFC North qui promettait d’en faire autant… tant que les blessures la laissaient tranquille.

 

La saison

 

Buffalo 20-23 (OT), @San Francisco 28-20, @NY Jets 27-19, Green Bay 17-38, @Carolina 24-31, @Atlanta 27-13, Miami 14-27, @New England 23-51, @Green Bay 14-55, Minnesota 21-13, Tampa Bay 21-13, @Detroit 17-34, Dallas 28-41, New Orleans 15-31, Detroit 14-20, @Minnesota 9-13.

Record cumulé projeté (avec les records de 2013) : 125-127-4 (0.496, 15e).
Record cumulé réel (avec les records de 2014) : 135-120-1 (0.529, 4e).
Écart entre les deux records : 0.033 (5e).

Les Bears se sont pris le retour en puissance de la NFC North de plein fouet, sauf qu’on pensait qu’ils en feraient partie (avec Green Bay et Detroit), pas qu’ils en seraient les premières victimes.

 

La réalité

 

Quand une équipe poste un record vraiment éloigné de la qualité de l’équipe sur une certaine période (que ce soit une saison magnifique ou une bouse infâme), j’aime bien toujours remonter dans le temps et retrouver la dernière fois qu’elle a atteint ce niveau; ça rappelle des souvenirs (ou pas) aux plus anciens d’entre nous. Les Bears n’avaient pas posté de 5-11 depuis 10 ans : la dernière fois, c’était la première saison de Lovie Smith à la tête de l’équipe, le sémillant Coordinateur Défensif des Rams qui arrivait à Chicago pour « battre les Packers » dixit lui-même. Et il avait du boulot le bougre : son attaque était anémique avec le fameux QB Chad Hutchinson (qui ?), le futur coureur des Jets Thomas Jones et David Terrell en receveur (Olin Kreutz était la seule star en attaque). Néanmoins la grosse défense des Bears était sur la pente ascendante avec Brian Urlacher, Lance Briggs, Charles Tillman et la draft de Tommie Harris.

Et c’est ce qui rend cette année aussi incompréhensible et rageante à Chicago : on est à des années lumières de 2004 question talent; l’attaque était même la 2e de la ligue l’année dernière. Et cette année : 19.9 points marqués (23e), 327.1 yards (21e) dont 237 à la passe (15e) et 90.1 au sol (27e). Et le pire, c’est que pourtant les Bears sont la 3e meilleure attaque en zone rouge avec 63.8% de TDs. Le problème était juste d’y arriver.

http://www1.pictures.zimbio.com/gi/Jay+Cutler+Chicago+Bears+v+Minnesota+Vikings+M4r25IfyFzAl.jpgAllez, sortons le squelette d’éléphant du placard de la pièce : Jay Cutler. L’image ci-contre n’est pas faite pour me moquer, mais parce qu’on l’a trop souvent vue en 2014 et qu’elle est devenue le symbole d’une année pourrie : Cutler, la mine basse, qui quitte le terrain seul et dépité. Même si on va également reparler du playcall de Trestman qui a une part importante dans l’écroulement de l’attaque, on ne peut pas ne pas parler de Cutler quand Emery lui fait signer un contrat mirobolant de 126M$ sur 7 ans et que, dans la première année du deal, il est le QB qui a perdu le plus de ballons dans la ligue (18 INTs + 12 fumbles dont 6 perdus). On est d’accord, les contrats NFL sont tout sauf garantis, alors je vais vous donner les deux chiffres qui font mal : Cutler coûtera 19.5M$ d’argent mort si les Bears le cutent l’année prochaine, et surtout il aura 10M$ garantis de plus dès le début de l’année NFL 2016 (en mars) – donc si Chicago doit agir, il faudra agir vite. Mais revenons en 2014 : 66%, 3812 yards, 6.8 yards par passe tentée, 28 TDs, 18 INTs, 38 sacks, 88.6 de QB rating. J’attire votre attention sur le duo 66% de complétion – 6.8 yards par passe tentée : jamais Cutler n’a eu un taux de complétion aussi haut, et il n’est descendu en-dessous de 7 yards par passe tentée qu’en 2009. On voit qu’à un moment les Bears ont décidé de tirer sur la bride pour éviter que ça parte en fête à l’interception, car encore une fois Cutler a parfois pris des décisions vraiment bizarres. Et c’est sans compter toute cette histoire assez puante avec Aaron Kromer et ses déclarations anonymes puis moins anonymes, la mise sur le banc du QB qui a exposé les cassures dans l’organisation entre lui, les joueurs, Trestman, Emery… est-ce qu’un nouveau régime pourra le faire revenir à un meilleur niveau ? That is the question.

On peut aussi noter une chose à décharge de Cutler, c’est que les Bears pensaient avoir réglé un souci mais ils sont retombés dans leurs vieux travers : l’OL est redevenue un gros problème, principalement à cause des blessures. Chicago a utilisé pas moins de 10 linemen, avec 8 qui ont joué 200+ snaps… comment voulez-vous que ça fonctionne quand vous avez un Michael Ola qui joue 4 matchs en Left Guard, puis 2 en Left Tackle, 1 en Right Tackle, retourne 1 match en Left Guard, revient 2 matchs en Right Tackle, puis fait les deux postes de Guard pour finir ? La blessure de Matt Slauson a été la pire chose possible pour l’unité, lui qui a été un roc l’année dernière. Jordan Mills n’est pas un Right Tackle convenable, Jermon Bushrod n’a pas eu son rendement habituel, Roberto Garza non plus, Brian de la Puente a été potable, et seul Kyle Long a été vraiment bon (comme quoi Emery ne se goure pas toujours – d’aucuns me répondraient que même une horloge cassée a raison deux fois par jour).

http://www4.pictures.zimbio.com/gi/Matt+Forte+New+Orleans+Saints+v+Chicago+Bears+sKV2O1WGGj-l.jpgRevenons au playcall de « JCVD » Trestman qui a été subtil comme un roundhouse kick dans la tête : il nous a fait du Andy Reid, i.e. oublier le jeu de course même quand le score est de 0-0. Certes Matt Forte a accumulé 266 courses pour 1038 yards et 6 TDs, sans compter son incroyable contribution dans le jeu aérien où il a tout simplement battu un record NFL pour un coureur avec 102 réceptions (pour 808 yards et 4 TDs). Mais ce record encapsule tout le problème : la moitié de ces réceptions auraient pu être des courses, et comment le coureur peut finir comme seule cible à 100+ réceptions quand tu as deux receveurs Pro-Bowlers et un Tight End qui peut dominer ? C’est plutôt leur rôle d’avoir ce genre de chiffres.

Alors bien sûr ce n’est pas une critique envers Brandon Marshall et Alshon Jeffery : les deux receveurs ont encore fait une belle saison, juste entachée de blessures pour Marshall; ce qui explique ces 61 réceptions pour 721 yards et 8 TDs. Jeffery a été le plus productif à 1133 yards et 10 TDs, et cette année encore les deux ont été excellents en run block. Martellus Bennett a été la deuxième cible des QBs avec 90 réceptions pour 916 yards et 6 TDs, et dans l’ensemble on sait que les soucis en attaque ne viennent pas de ce quartet-là. D’ailleurs pour la peine je ne passe pas plus de temps à vous en parler.

Car ce qui fait vraiment mal à voir quand on connaît la glorieuse histoire des Bears, c’est la défense, et on a vu cela venir depuis quelques temps à force de drafts ratées et de stars vieillissantes. Maintenant il est trop tard pour agir, il faut réagir, et vite : 27.6 points encaissés (31e) et 377.1 yards encaissés (30e) dont 264.4 à la passe (30e). Ils ont quand même réussi à voler 24 ballons (14 INTs, 10 fumbles) réussissant à ramener le turnover ratio à -5, mais cette fois ça ne suffit plus. La bonne nouvelle dans ce chaos, c’est que tout n’est pas à jeter : Chicago a quand même deux trois joueurs qui ont fait bonne figure.

http://www3.pictures.zimbio.com/gi/Jeremiah+Ratliff+Buffalo+Bills+v+Chicago+Bears+C1H_Vp8F6eEl.jpgCommençons par la ligne défensive qui a probablement été l’unité la plus intéressante cette saison; mais même là on a eu droit à la minute stupide de la saison quand Lamarr Houston se flingue l’ACL sur une célébration de sack à la fin du match contre NE où les Bears prennent une rouste 51-23. C’est pour vous dire si cette saison était pourrie. Houston a d’ailleurs eu une saison assez transparente, ce qui a également été un peu le cas de Jared Allen avec seulement 5.5 sacks, même s’il s’est battu contre une pneumonie à un moment. Willie Young a été bon dans l’exercice du pass-rush (10 sacks), mais la vraie performance est venue du milieu de la ligne avec Stephen Paea et surtout Jeremiah « Jay » Ratliff (photo) : les deux DT ont été fabuleux avec 80 pressions dont 12.5 sacks à eux deux, sachant que Ratliff a également été présent au sol. Néanmoins, en parlant du jeu de course, cette DL a été très bonne pour stopper les petits gains, mais n’a pas toujours su venir plaquer à perte. En résumé ils sont forts pour jouer les poteaux, mais moins pour jouer les perceuses.

On commence à toucher au problème quand on s’éloigne de la ligne de scrimmage. Les Bears n’ont clairement pas le remplaçant de Brian Urlacher, et Lance Briggs n’étant pas immortel on se demande s’ils auront aussi celui-là. Le #55 continue d’être la figure de proue de l’unité, mais le souci c’est qu’il ne devrait plus l’être, et que Jon Bostic devrait reprendre le flambeau. Avec le déplacement de Shea McClellin en Linebacker et Christian Jones, on ne peut pas dire que l’ensemble soit totalement à la ramasse au sol, mais il lui arrive (trop) souvent de prendre des mauvais angles de plaquage et d’être dépassé quand l’opposition est trop forte. Et quand on regarde en couverture, alors là c’est Waterloo : entre McClellin, Jones et Briggs, ils ont pris 7 TDs pour seulement 1 INT à eux trois. En résumé, ça manque de qualité athlétique dans l’unité.

http://www4.pictures.zimbio.com/gi/Kyle+Fuller+Minnesota+Vikings+v+Chicago+Bears+xpi_lH-NysWl.jpgEnfin, le vrai problème : un pass-rush pas toujours super efficace expose l’arrière-garde, et celle des Bears n’est pas encore prête du tout à se séparer du duo Charles TillmanTim Jennings. « Peanut » Tillman a fini sur IR dès le début de la saison, et Tim Jennings n’a pas performé à son niveau habituel à 61% autorisé et surtout 5 TDs sans aucune interception. Le rookie Kyle Fuller (photo) a été propulsé titulaire à l’aile après la blessure de Tillman, et s’il a montré de réelles capacités athlétiques et de couverture (4 INTs et 3 fumbles forcés !), il s’est essoufflé au fur et à mesure de la saison comme les rookies CBs le font très souvent (63% et 5 TDs autorisés lui aussi). Dans le slot, Demontre Hurst a eu du mal à suivre. Chez les Safeties, LE gros point noir de la saison dernière… disons que ça a été un tout petit peu mieux (on ne peut pas dire que c’était difficile) mais c’est encore largement insuffisant : certes ils ont réussi 7 INTs entre Ryan Mundy et Chris Conte, mais ils ont pris autant de TDs et Conte lâche toujours de trop gros jeux. Le rookie Brock Vereen a peu joué cette année mais il va devoir s’améliorer rapidement car il y a grand besoin de talent à ce niveau.

Et enfin, les équipes spéciales ont lutté cette saison, notamment sur les punts et punt return : le plus long a été de 22 yards, et la couverture s’est pris un TD. Une preuve de plus que les Bears ne sont plus ce qu’ils étaient, eh oui que voulez-vous tout se perd ma bonne dame.

Pour terminer et résumer cette saison de Chicago, il suffit de donner cette stat effarante : les Bears ont été la première équipe depuis 1923 à encaisser 50+ points dans deux matchs consécutifs. Et dans cette histoire, si la défense est bien évidemment la première fautive, l’attaque et les équipes spéciales n’ont pas aidé. Ca vous donne une idée du boulot à réaliser, et c’est pour ça que le choix de John Fox peut être bénéfique comme Head Coach : en 2001 à Carolina, il avait pris une équipe exsangue à 1-15 puis avait ramené une défense féroce et un jeu de course solide autour d’un QB fantasque à la gâchette facile pour monter les Cardiac Cats qui étaient allés jusqu’au Super Bowl deux ans plus tard. Le seul souci, si le nouveau Coordinateur Défensif Vic Fangio veut vraiment passer en 3-4, c’est qu’il n’est pas sûr que Chicago ait les pièces pour actuellement.

 

Les besoins

 

Défense, défense, défense. Un Safety et un vrai Middle Linebacker (mais on ne trouve pas de Luke Kuechly à toutes les drafts) seraient les priorités. Un pass-rusher et un OL pour compléter parce qu’on n’a jamais assez de gros.

 

Le futur

 

Domicile : Detroit, Green Bay, Minnesota, Arizona, San Francisco, Washington, Denver, Oakland.
Extérieur : Detroit, Green Bay, Minnesota, Saint-Louis, Seattle, Tampa Bay, Kansas City, San Diego.
Record cumulé en 2014 : 136-120 (0.531, 13e).

NFC North goes West, et le calendrier s’en ressent avec les deux divisions aux programmes et pas moins de 7 matchs contre des équipes à 10+ victoires (ok il y a aussi Tampa Bay et Oakland).