Fiche Légende : Warren Sapp

#99 – Defensive Tackle

 

WarrenSapp

 

Présentation

 

GENERALITÉS
Nom complet Warren Carlos Sapp
Date de Naissance 19 Décembre 1972
Lieu de Naissance Orlando, Floride
Date de Décès
Lieu de Décès
CARRIÈRE
Lycée Apopka High School, Floride
Université Miami, Floride
Draft 1er tour de 1995 (#12)
Equipes Tampa Bay Buccaneers (1995-2003)
Oakland Raiders (2004-2007)
Statistiques 13 saisons
198 matchs – 188 comme titulaire
573 plaquages / 96.5 sacks
19 fumbles forcés
4 interceptions
HONNEURS
Pro-Bowls 7 (1997-2003)
All-Pro 6 (1997-2002)
Performances notables Deuxième meilleur DT de l’histoire en sacks
Récompenses 1999 Defensive Player Of The Year
1 bague de champion (2002)
Membre de l’équipe des années 1990
Membre de l’équipe des années 2000
Membre du Buccaneers Ring Of Honor
Numéro #99 retiré chez les Buccaneers
Hall Of Fame Classe de 2013

 

Biographie

 

Essayer de résumer Warren Sapp en quelques mots tient de l’exercice impossible. Car on ne peut que mélanger l’homme et le joueur en même temps dans un portrait qui tient à la fois de l’éloge mais également du vitriol. On ne peut que mêler les récits de ses prouesses athlétiques et techniques, avec ceux de ses multiples écarts de conduite que ce soit sur, en dehors et par-delà le terrain. Sapp fait partie de ses personnalités polarisantes qui ne laissent pas indifférents : soit vous l’appréciez, soit vous le détestez, mais il n’y a pas vraiment de juste milieu. Certains pensent d’ailleurs que son buste du Hall Of Fame ne devrait être qu’une gigantesque bouche sur un piédestal, mais cela ne change pas un fait indéniable : il a été un des athlètes les plus marquants à son poste dans l’histoire de la NFL.

Sapp naît à Orlando d’une mère célibataire et connaît très peu son père. Il est le dernier de 6 enfants qui vivent dans une petite maison de Plymouth en Floride, au bout d’une route qui n’est même pas pavée. Annie, la mère, doit prendre jusqu’à 4 emplois différents pour subvenir au besoin de la famille, et il arrive parfois que les enfants ne la voient pas plusieurs jours de suite. « Carlos », comme tout le monde l’appelle (c’est son second prénom), grandit entouré de joueurs de football, car tous les garçons de la famille y jouent au poste de coureur. Rapidement, il s’intéresse au sport, apprenant tout ce qu’il peut dessus, et claironnant à qui veut l’entendre qu’il jouera en NFL plus tard.

WarrenSappApopkaQuand il entre au lycée d’Apopka, près de Plymouth, il intègre naturellement l’équipe de football, mais il joue également troisième base au baseball et Centre au basket. Étant donné qu’il est un peu plus grand et enrobé que ses frères (il atteint 1m87 et 105 kilos sa dernière année), il ne joue pas coureur sur le gridiron, mais Linebacker, Tight End et même Kicker/Punter. Ses capacités athlétiques lui permettent de se démarquer des autres : il reçoit des passes, plaque des coureurs, sacke des Quarterbacks, tape des Field Goals et Punts… et se trouve déjà doté d’une sévère tendance au trash-talking pendant les matchs. Pour prouver sa polyvalence, lors d’un match de dernière année au lycée il cumule 3 réceptions pour 108 yards et 1 touchdown en attaque, ainsi que 10 plaquages, une interception et un fumble forcé en défense.

Il parvient même à provoquer un changement de carrière chez un de ses adversaires : lors d’une réception, il percute le Safety du lycée Dr. Phillips à Orlando, Johnny Damon, et lui occasionne une commotion. Persuadé que le football n’est pas pour lui, Damon se focalise sur le baseball, et deviendra une star en MLB plus tard.

Pour en revenir à Sapp, un jeune garçon aussi bon sur le terrain attire bien entendu rapidement les recruteurs de différentes Universités. A l’époque, Apopka et sa région sont plutôt la chasse gardée des Seminoles de Florida State, qui enrôlent beaucoup de joueurs des environs. D’autres Universités de la South-Eastern Conference sont également sur les rangs, mais sur les conseils de son coach Chip Gierke, Sapp finit par intégrer celle qui s’est intéressée à lui en premier, Miami. S’il ne joue pas sa première année en 1991 (étant redshirt), il rejoint les Hurricanes de Dennis Erickson en 1992. Suite à une prise de poids rapide, le coach propose de le repositionner sur la ligne défensive : c’est à ce poste qu’il va utiliser ses talents athlétiques hors-normes pendant les 17 années à venir.

WarrenSappFloridaSapp joue avec de futures stars de la NFL comme Ray Lewis ou Michael Irvin, et même des futures stars d’autres disciplines comme Dwayne « The Rock » Johnson. Il monte en puissance année après année, et c’est en 1994 qu’il fait sa meilleure saison universitaire : 84 plaquages, 10.5 sacks, 9 plaquages à perte, 2 fumbles forcés et 2 récupérés. Il reçoit alors une pluie de récompenses :

  • le vote All-American,
  • le Bronko Nagurski Award du meilleur joueur défensif,
  • le Rotary Lombardi Award du meilleur Linemen/Linebacker,
  • le Bill Willis Award du meilleur Defensive Lineman,
  • le titre de Big East Defensive Player Of The Year.

Il est également finaliste du Outland Trophy Award du meilleur Lineman intérieur et finit 6e du vote pour le Heisman Trophy.

Toutes ces accolades persuadent Sapp qu’il peut passer directement au prochain échelon : la NFL ; en effet, depuis toujours, le jeune homme rêve d’offrir une retraite à sa mère pour qu’elle n’ait plus à jongler entre plusieurs emplois. Il décide de ne pas faire son année de senior à l’Université et se présente à la draft 1995. Normalement, un talent extraordinaire comme le sien doit partir dans les cinq premiers choix… mais des rumeurs de tests positifs à la cocaïne et la marijuana font surface quelques semaines avant la draft.

Sapp et son agent réfutent les allégations pour la cocaïne, mais pas pour la marijuana. Et même si les rumeurs sur la cocaïne se trouvent bel et bien infondées, le mal est fait : Sapp tombe hors du top-5. Pour bien prouver l’effet dévastateur de ces « bruits de couloir », les Jets, qui choisissent en #9, décident de ne pas écouter les fans qui scandent le nom de Sapp et sélectionnent le Tight End Kyle Brady… qui se retrouve copieusement hué malgré lui.

Finalement, le défenseur doit attendre le 12e choix du premier tour pour être sélectionné par les Buccaneers de Tampa Bay, et autant dire qu’il n’est pas du tout chaud pour l’aventure : lui qui vient d’une équipe des Hurricanes qui a perdu 5 matchs entre 1991 et 1994, il va chez les Bucs qui sont dans la nasse, ayant accumulé 12 saisons avec au moins 10 défaites. Mais il n’arrive pas seul, car il arrive avec un autre futur Hall Of Famer choisi 16 places derrière lui, le Linebacker Derrick Brooks.

Si la première année de Sapp au poste de Defensive Tackle est assez inégale, tout va commencer à se mettre en place en 1996 : Sam Wyche est remplacé par le gourou défensif Tony Dungy, qui titularise le Safety John Lynch, puis drafte le Cornerback Ronde Barber en 1997. Avec la présence de Hardy Nickerson aux côtés de Brooks, c’est le début de la grosse défense des Bucs, avec en fer de lance devant un Warren Sapp qui monte en régime : après une année 1996 à 9 sacks, il enregistre 60 plaquages et 10.5 sacks en 1997 avec 3 fumbles forcés et 1 recouvert. Les Bucs retrouvent une respectabilité et se qualifient même pour les playoffs, alors que Sapp gagne ses premiers votes All-Pro et Pro-Bowl. Malgré la défaite en playoffs contre Green Bay, le #99 engrange 3 sacks et force 2 fumbles, se faisant définitivement un nom dans la ligue.

WarrenSappBrooksLe #99 est lancé, et ses capacités athlétiques pour un DT sont souvent bien trop fortes pour les Offensive Linemen en face de lui. Il continue sa domination en 1998 (nouveaux votes Pro-Bowl et All-Pro), mais les Bucs ratent les playoffs. Il hausse encore le ton en 1999 avec 12.5 sacks, 4 fumbles forcés et 2 recouverts qui lui permettent d’être élu Defensive Player Of The Year ; Tampa Bay retourne en playoffs, mais perd en finale AFC contre les futurs champions, les Rams de Saint-Louis. Sapp fait une saison 2000 hallucinante avec 16.5 sacks, mais la franchise de Floride continue de buter en playoffs, incapable de gagner un titre. Cela se poursuit en 2001 avec un Sapp toujours aussi fort mais un peu moins présent statistiquement car son travail profite à son nouveau compère, le Defensive End Simeon Rice.

C’est alors que se déroule la saison 2002 : Dungy laisse sa place à Jon Gruden, et Sapp est un élément vital d’une des meilleures défenses de l’histoire qui écrabouille tout sur son passage ; l’équipe remporte enfin le Superbowl dans une finale à sens unique contre les Raiders 48-21. Mais c’est également en 2002 que le #99 commence à se faire vraiment remarquer à cause de quelques controverses : lors d’un retour d’interception des Bucs contre Green Bay, Sapp charge l’Offensive Lineman des Packers Chad Clifton loin de la balle sans que celui-ci ne le voit arriver, provoquant une hospitalisation du joueur ; Sapp et le coach de Green Bay, Mike Sherman, ont des mots après le match. Il y a également cet échauffement des Steelers qu’il vient perturber, provoquant quelques échauffourées. Il remet ça en 2003 contre Indianapolis, et une semaine plus tard il bouscule un arbitre, ce qui lui vaut deux amendes ; après ce dernier incident, il fait un raccourci nauséabond avec l’esclavage qui n’est pas du goût de tous, et le « mauvais côté » de Sapp commence à être de plus en plus exposé.

C’est à la fin de cette saison 2003 qu’il devient Free Agent, et il compte bien se vendre au plus offrant : il signe aux Raiders d’Oakland qui lui proposent un contrat monstre de 7 ans et 36.5M$. Mais il a du mal à retrouver son niveau d’antan en 2004 et 2005, avant de redevenir le Sapp des Bucs en 2006 avec 10 sacks ; malheureusement il est un peu seul en défense.

WarrenSappRaidersCela ne surprend finalement personne qu’en 2007, la carrière de Sapp se termine sur une dernière « péripétie » : lors du match de Week 16 contre Jacksonville, il perd les pédales, insultant copieusement l’arbitre du match Jerome Boger, ce qui provoque son éjection du terrain. Il joue le dernier match de la saison contre San Diego et décide ensuite de raccrocher les crampons à 35 ans.

C’est ainsi une fin en queue de poisson pour ce joueur exceptionnel. Il termine deuxième meilleur Defensive Tackle en sacks de l’histoire de la ligue derrière John Randle. Il est le sixième des 9 défenseurs de l’histoire à avoir réussi le triplé Pro-Bowl, Defensive Player Of The Year et vainqueur du Superbowl après Joe Greene, Jack Lambert, Lawrence Taylor, Bob Sanders, Reggie White et avant Derrick Brooks, Michael Strahan et Ray Lewis. Élu dans les équipes des années 1990 et 2000, il est l’un des symboles de la défense féroce de Tampa à cette période.

Mais, peu à peu au cours des saisons, Sapp le joueur a laissé place à Sapp le controversé, et malheureusement cette tendance ne s’inverse pas une fois les terrains derrière lui. Engagé sur NFL Network, il ne se prive pas de faire ce qu’il sait faire de mieux, et il créé ainsi plusieurs polémiques (dont celle avec Michael Strahan). Il connaît également de grosses difficultés financières à cause de mauvaises affaires qui le laissent sur la paille ; il est forcé de se déclarer en banqueroute en 2012 car il a des dettes chez son ex-femme plus quatre autres femmes à qui il a fait des enfants (pension), le fisc (impôts), des banques, des avocats et même ses amis (emprunts).

Ce qui est terrible, c’est qu’il faut le retrait de son #99 par les Bucs et son intronisation au Hall Of Fame en 2013 pour se rappeler du joueur exceptionnel qu’il a été.