Ze Latest Awards : Indianapolis

Ils nous ont refait une saison à 11-5, même s’ils ont bien été aidés par une division avec deux des pires équipes de la NFL. Les Colts ont eu une année bizarre : capables de réussir des coups de maître comme les victoires contre Denver, San Francisco et Seattle, et capables d’aller cueillir les pâquerettes pendant plusieurs quart-temps contre San Diego, Arizona ou Saint-Louis. Finalement, quoi de plus logique que ce comeback quasi-historique en Wild Card avec cette équipe excitante, prometteuse, parfois décevante, jamais vraiment seule dans sa tête, et Andrew Luck aussi.

A lire en prenant les petites pilules qui font sourire.

 

INDIANAPOLIS COLTS
1er AFC South ~ 11-5 / 1-1

 

 

Les prévisions de Madame Soleil 2013

 

On avait envie de croire à une nouvelle bonne année car le talent était présent, mais sans manquer de reconnaître que l’équipe avait semblé en surrégime, réussissant exploit sur exploit pour arracher une saison à 11-5 et un tour de playoffs. Le but en 2013 n’était pas forcément d’atteindre le même record, mais de réussir quelque chose de plus solide, de plus complet, avec notamment une défense au niveau de l’attaque.

C’est pour ça qu’un peu comme l’année précédente, pas mal de changements avaient eu lieu. A commencer par le départ de Tom Telesco aux Chargers, et celui de Bruce Arians aux Cardinals; les deux étant des architectes majeurs de la saison passée, on pouvait s’en inquiéter. Deux unités devaient également être rapidement améliorées : la ligne offensive et l’arrière-garde. Pour cela, la franchise avait signé Donald Thomas et Gosder Cherilus en attaque, ainsi que LaRon Landry en défense, ajoutant de l’expérience des deux côtés du ballon; ils avaient également parié sur le bon CB Greg Toler des Cards. Au cas où Andrew Luck était indisponible, la signature du vétéran Matt Hasselbeck était très intelligente.

Enfin, la draft du DE Bjoern Werner devait apporter un peu de pression supplémentaire pour compenser le départ de Dwight Freeney à San Diego. Avec toutes ces additions, on attendait de voir ce que pouvait donner les Colts cuvée 2013, une équipe qui pouvait viser la 2e place de la division et une Wild Card cette année encore.

 

La saison

 

Oakland 21-17, Miami 20-24, @San Francisco 27-7, @Jacksonville 37-3, Seattle 34-28, @San Diego 9-19, Denver 39-33, @Houston 27-24, St. Louis 8-38, @Tennessee 30-27, @Arizona 11-40, Tennessee 22-14, @Cincinnati 28-42, Houston 25-3, @Kansas City 23-7, Jacksonville 30-10

 

Les playoffs

 

Kansas City 45-44, @New England 22-43

 

La réalité

 

OK, je me suis bien planté dans les prévisions, mais comme j’ai dit plus haut cette équipe est tout sauf normale, alors je demande les circonstances atténuantes. L’année dernière, les Colts avaient gagné 90% de leurs matchs qui s’étaient terminés à 7 points ou moins (9-1), un record NFL; c’était difficilement reproductible. Certes ils ont refait une année à 11-5, et ils ont même gagné haut-la-main le titre de l’AFC South; mais qui pouvait prévoir ce rotoplaf magistral des Texans. Et puis comment vous appelez une équipe qui envoie un premier tour de draft pour Trent Richardson, vous ? Je sais bien qu’ils avaient besoin d’un coureur, mais un premier tour, ça fait quand même un peu cher pour le retour sur investissement. Surtout quand on prend en compte les pertes de l’équipe qui n’a pas été épargnée par les blessures cette année avec 17 joueurs sur IR (dont 7 titulaires).

http://www1.pictures.zimbio.com/gi/Andrew+Luck+Wild+Card+Playoffs+Kansas+City+E9rUhhL6uExl.jpgC’est l’attaque qui a été frappée le plus durement par les blessures (34 joueurs utilisés !), ce qui explique en partie qu’en 2013-2014, Andrew Luck a été bon mais sans plus. Le sophomore a dû composer avec une ligne offensive toujours douteuse, un jeu de course qui s’est entêté à donner la balle à un tractopelle bloqué en première, et la perte de plusieurs armes dont celle sur laquelle il avait l’habitude de s’appuyer. Cependant, avec la grande majorité des autres QB, cela aurait probablement donné une saison ratée, mais Luck a réussi à améliorer son taux de complétion (60.4%), à maintenir son nombre de TD avec moins de passes lancées (23) et à réduire son nombre d’interceptions (9); il a juste baissé de production en yards par passe tentée avec 6.7, un chiffre un peu bas. C’est pour cela que son effondrement en playoffs avec 7 interceptions en deux matchs était un peu surprenant, mais très révélateur de ce qu’il a connu cette saison : une incapacité de la majeure partie de ses partenaires à élever leur niveau, et également une précipitation de Luck qui essaie de faire un miracle à lui tout seul sans toujours prendre le temps de bien lire la situation. Le #12 a un futur brillant dans la NFL, et sa mobilité est un plus indéniable, mais il doit encore travailler sur certains points, indépendamment de ce qu’il a autour de lui.

Avoir une ligne offensive intérieure potable ne serait pas un luxe. En effet, les Colts savent qu’ils ont deux Tackles de talent avec le troisième année Anthony Castonzo et l’ex-Lion Gosder Cherilus. Certes, Castonzo n’est pas encore parfait en protection de passe (51 pressions mais seulement 4 sacks), et Cherilus est limite en run block, mais les deux restent solides malgré tout, surtout par rapport à ce qu’il se trouve entre eux. La mise sur IR du Guard Donald Thomas a poussé le rookie Hugh Thornton sur le terrain, et le résultat n’a pas été joli (39 pressions pour 7 sacks). Mike McGlynn continue à être probablement le pire OL des Colts à encore avoir sa place sur le terrain, alors que Samson Satele a fait bourde sur bourde, surtout à la course (son cut n’est pas du tout une surprise). Même si Indy s’est retrouvé à composer sept lignes différentes, le résultat est le même : il faut vraiment améliorer l’intérieur s’ils veulent aider Luck à progresser. Les Colts espèrent avoir leur futur Centre avec Khaled Holmes drafté cette année, mais ça ne règlera pas les problèmes au poste de Guard.

Il serait du coup facile de dire que la saison très décevante de Richardson est causée par les gros de devant et son arrivée en cours d’année. De plus, 47 plaquages manqués forcés en 185 opportunités (courses+réceptions) c’est plutôt pas mal non ? Oui mais ça s’arrête là. Le coureur d’Alabama a une moyenne effroyable de 2.9 yards par course, ce qui le met juste devant Willis McGahee (2.7) et à égalité avec Bernard Pierce (2.9) dans les pires moyennes de l’année. Et l’argument de la ligne faible ne tient pas quand, à côté, on a « Goddammit » Donald Brown qui a réussi 102 courses pour 537 yards et 6 TD, soit une moyenne de 5.3 yards, avec notamment 3.3 yards gagnés après contact (top NFL) ! Brown a démarré l’année comme RB#3, mais l’avalanche de blessures au poste l’a propulsé sur le terrain, et il a su prendre sa chance. D’ailleurs je ne sais pas ce que font les coureurs d’Indy hors des matchs, mais ils doivent arrêter immédiatement : Ahmad Bradshaw, Vick Ballard, Donald Herron et Chris Rainey ont fini la saison sur IR. Le risque maintenant, c’est que les coachs sous-utilisent Brown à cause du premier tour payé pour Richardson, surtout si ce dernier ne s’améliore pas dans le futur (EDIT : ça ne risque plus d’arriver vu que Brown est parti).

http://www3.pictures.zimbio.com/gi/T+Y+Hilton+Denver+Broncos+v+Indianapolis+Colts+dFuqtJlSlGsl.jpgNous en arrivons au principal problème de Luck cette année : il peut à peu près encaisser une OL faible et un jeu de course qui n’avance pas la majorité du temps… du moment qu’il a sa soupape de sécurité qui attrape ses passes. Mais il l’a perdue lorsque Reggie Wayne a fini sur IR avec une rupture d’ACL, ce qui est venu s’ajouter à la même blessure dès le premier match pour le Tight End Dwayne Allen. Sans ces deux armes à la réception, Luck a été très inconstant (sans surprise). Les Colts n’ont pas vraiment résolu le problème de l’après-Wayne, et on peut résumer ça en un seul nom : Darrius Heyward-Bey, ou comme on l’appelle à Indy « Darrius Hands of Butter« . On savait déjà que DHB avait été choisi par Oakland au premier tour juste parce qu’il allait vite sans grand-chose à côté, mais à Indy il n’a rien fait pour améliorer son image : 9 drops en 38 passes rattrapables, soit un taux de 23.7%; seul Davone Bess a fait pire. Donc parlons plutôt du bon, avec un T.Y. Hilton (photo) qui confirme sa très bonne saison 2012 : il est le premier receveur qui ne s’appelle pas Wayne ou Harrison à réussir une saison à 80+ réceptions (82) et 1000+ yards (1083) depuis 1993. Avec ces 5 TDs, le receveur #2 a fait un carton dans le slot (la moitié de ses yards) et promet pour les années futures; seul problème, il n’a pas l’étoffe d’un receveur #1. Griff Whalen a été une bonne petite surprise, alors que Lavon Brazill et Da’Rick Rodgers ont essayé d’étirer le terrain en longueur (2 TD pour chacun d’entre eux)… mais toujours pas de #1 potentiel dans ce groupe. Enfin, Coby Fleener a plutôt bien supporté sa charge de travail supplémentaire : 52 réceptions, 608 yards et 4 TD. Il a même amélioré ses mains (1 seul drop), par contre il continue à avoir beaucoup de mal en run block; c’est là où le retour d’Allen fera du bien.

En résumé, voilà pourquoi l’attaque des Colts est dans la moyenne de la ligue en points (24.4) et en yards (341.8). Sa qualité première cette année a été la protection de la balle avec seulement 14 pertes pendant la saison régulière, le plus bas total et d’assez loin (personne n’est en-dessous de 18); c’est une des raisons pour lesquelles ils ont pu engranger 11 victoires. D’ailleurs, avec le travail de la défense pour arracher les ballons, ils se retrouvent avec un turnover ratio de +13, 3e meilleur de la ligue. C’est juste dommage qu’ils n’aient pas réussi à faire pareil en playoffs, où ils sont à -7 (ouch).

http://www3.pictures.zimbio.com/gi/Cory+Redding+Oakland+Raiders+v+Indianapolis+EwlBlf6N1Nrl.jpgPassons justement à la défense d’Indy, qui a vu du bon et du moins bon. De ce côté du ballon aussi, les gros de devant ont un pilier et des éléments bien plus friables. Vous aurez peut-être deviné par vous-mêmes que le pilier est Cory Redding (photo); le Defensive End a été bien meilleur que l’année dernière, et une constante dans le jeu au sol. Il a cependant eu une production moindre dans le pass-rush (31 pressions dont 4.5 sacks), ce qui est un peu le souci général dans la DL (même si un autre a profité de leur travail). De l’autre côté, Ricky Jean-François a un peu été le Redding du pauvre avec une efficacité moindre dans tous les compartiments (alors qu’on attendait autant de sa part). Au poste de Nose Tackle, la rotation a marché à plein régime et c’est Fili Moala (que je te file quoi ?) qui s’en est le mieux sorti, ce qui est dommage car on attendait plus de l’ancien Charger Aubrayo Franklin. En règle générale, on peut dire que les problèmes contre la course des Colts ont commencé au premier niveau (125.1 yards par match et 4.5 yards par course).

Avant la saison, la question était posée : est-ce que Robert Mathis (photo) allait briller sans Dwight Freeney à son opposé ? Réponse : 19.5 sacks, Sackmaster 2013, record dans une saison pour un Colt, ce qui lui fait 108 sacks en carrière (top franchise), avec en plus un record NFL de 42 strip-sacks (i.e. un sack qui force un fumble du QB), le tout gentiment emballé dans un cadeau envoyé dans ta face pour ta question insolente. C’est d’autant plus remarquable que Mathis a réussi ses 19.5 enterrements de QB avec très peu d’aide de ses partenaires : le deuxième sackeur de l’équipe est Jerrell Freeman à 5.5. Mathis a également été solide contre la course (7% de run stops), quelque chose qui n’était pas toujours le cas les années passées; bref il a été la star de la défense.

http://www4.pictures.zimbio.com/gi/Robert+Mathis+Wild+Card+Playoffs+Indianapolis+v7ouOC-ANwxl.jpgDe l’autre côté, les Colts avaient pris un risque en donnant un contrat lucratif à l’ancien Packer Erik Walden, qui a fait un peu mieux que du Walden mais pas de beaucoup : plutôt bon à la course, inefficace dans le pass-rush, moyen en couverture, et capable de faire n’importe quoi, par exemple mettre un coup de boule à Delanie Walker qui ne portait pas son casque. Bjoern Werner a dû apprendre le poste de 3-4 OLB donc c’est trop tôt pour l’évaluer. A l’intérieur de l’unité, Freeman a été plus solide que Pat Angerer qui a été forcé de mettre un terme à une saison décevante sur blessure. Même s’il lui est arrivé de disparaître dans certains matchs, le transfuge de CFL a fait une saison pleine avec 126 plaquages, 10.8% de run stops, 5.5 sacks, 6 fumbles forcés et 2 interceptions; son efficacité dans le pass-rush a été bienvenue cette année. Kelvin Sheppard a eu un départ difficile mais s’est amélioré au cours de la saison.

Les arrières ont fait une saison en demi-teinte : eux aussi ont été frappés par les blessures (notamment Greg Toler). Les Colts comptaient beaucoup sur leur top CB, Vontae Davis (photo), pour être le pilier des Corners, et ce dernier a répondu… en faisant une saison schizophrénique : il a autorisé 50.6% (top 10) avec 11 passes défendues (16e) ce qui indique que c’est un CB bon dans la durée. Sauf que, d’un seul coup, il décide de pioncer : il a encaissé la bagatelle de 8 TDs, le deuxième pire total de la ligue. Cela n’enlève rien à sa qualité intrinsèque qui en fait un bon (voire très bon) CB de la ligue, mais ces trous d’air ont vraiment pourri son jeu cette année. Darius Butler a été intéressant dans le slot, puis a dû jouer à l’extérieur après la blessure de Toler où il a eu un peu plus de mal : il finit avec 3 TD, 4 INT et 10 passes défendues. Chez les Safeties, LaRon Landry avait été amené dans le but d’être le playmaker de service, mais en général il n’a pas apporté suffisamment : pas assez d’actions marquantes, 2 TD encaissés et quelques plaquages ratés dommageables (13 au total dans la saison). Sa blessure est une explication, mais pas la seule. A côte de lui, on voit que Antoine Bethea commence à faire son âge : il a souvent été dépassé en couverture en profondeur (14.5 yards par réception, 3 TD, 2 INT), même s’il a conservé un bon instinct contre la course. Il faut plus de constance et de qualité chez les arrières.

http://www1.pictures.zimbio.com/gi/Vontae+Davis+Indianapolis+Colts+v+Jacksonville+qpdUJkRsF8cl.jpgDans les équipes spéciales, Pat McAfee détruit les retourneurs et poste des photos osées sans le savoir, mais c’est aussi un bon punter. Adam Viniateri est le vétéran kicker sûr avec 35 Field Goals réussis sur 40.

Alors je ne referais pas la bêtise de vous dire que s’ils ne se renforcent pas les Colts ne referont pas 11-5, surtout pas vu la division et le calendrier qui les attend. Par contre, les comebacks quasi-historiques se reproduisent moins facilement, et Indy n’ira pas plus loin en playoffs sans un effectif plus talentueux et profond à certains postes. Je sais qu’ils ont le temps de voir venir car Luck est jeune, mais ce n’est pas une raison.

 

Les besoins

 

Les deux lignes ont besoin d’aide, surtout à l’intérieur. Guard, Centre, NT. Un OLB pass-rusher ferait aussi du bien, et il va falloir penser à remplacer Bethea en Safety. Un playmaking receveur ne serait pas de refus.

 

Le futur

 

Domicile : Houston, Jacksonville, Tennessee, Baltimore, Cincinnati, Philadelphia, Washington, New England.

Extérieur : Houston, Jacksonville, Tennessee, Cleveland, Pittsburgh, Dallas, NY Giants, Denver.

Record cumulé en 2013 : 110-146 (32e).

Si vous aviez oublié que l’AFC South était la pire division cette année : même avec Denver et New England au programme, Indy a le calendrier le plus facile projeté. Ceci dit, se prendre l’AFC North n’est jamais un cadeau, et on ne sait jamais quoi attendre de la NFC East. Les playoffs sont néanmoins atteignables (en fait ça dépendra surtout de Houston).