Ze Latest Awards : Green Bay
Si on regarde la définition du mot « rocambolesque » dans le dictionnaire de la saison NFL 2013-2014, je pense qu’on verra une image des récipiendaires du dernier Award Technique, les Packers. C’est très révélateur à la fois des forces et des faiblesses de cette équipe de se dire qu’ils ont encore accumulé une ribambelle de blessés, qu’ils en sont arrivés à leur 4e QB pour finir par terminer à 8-7-1, gagner la division avec quelques coups de pouce et plusieurs comebacks improbables, et faillit faire tomber les 49ers avec un tiers de la défense à l’infirmerie.
A lire en regardant « La Nuit des Morts-Vivants ».
GREEN BAY PACKERS
1er NFC North ~ 8-7-1 / 0-1
Les prévisions de Madame Soleil 2013
Cela faisait deux fois que les Packers subissaient une sortie de playoffs peu glorieuse, notamment en défense. Ils avaient également toujours ce problème de jeu de course anémique qui faisait reposer le résultat du match un peu trop sur les épaules d’Aaron Rodgers (et parce qu’il est doué, ça marchait pendant un temps). Il était donc logique d’avoir vu la franchise continuer d’injecter du sang neuf dans son escouade défensive avec le premier tour Datone Jones, mais c’était moins fréquent de voir Ted Thompson casser sa tirelire pour s’offrir non pas un mais DEUX coureurs : Eddie Lacy et Johnathan Franklin.
Comme toujours à Green Bay, pas de grandes acquisitions à la Free Agency… ok bon comme toujours, aucune acquisition à la Free Agency mais des départs, dont les deux plus médiatisés avaient été ceux de Greg Jennings et Desmond Bishop aux Vikings. On passera sur l’acharnement de Jennings sur son ancien QB dans les média, mais on se doutait qu’avec Nelson, Jones, Cobb et Finley, Rodgers arriverait à s’en tirer. Néanmoins, pour cela, il fallait encore une OL qui tienne bon, et après une tentative de switch de toute la ligne offensive, la mise sur IR du Left Tackle Bryan Bulaga propulsait le 4e tour David Bakhtiari en titulaire. Pas très rassurant.
Enfin la défense devait continuer son bon redressement entre 2011 et 2012, en essayant de récupérer un Tramon Williams à 100% et espérer que Casey Hayward capitalise sur sa bonne saison. Rien n’indiquait particulièrement que les Packs s’étaient affaiblis, c’est plutôt le reste de la division qui s’était renforcé, mais ils avaient tout de même les clés en main pour rester les champions de cette foire d’empoigne qu’est la NFC North.
La saison
@San Francisco 28-34, Washington 38-20, @Cincinnati 30-34, Detroit 22-9, @Baltimore 19-17, Cleveland 31-13, @Minnesota 44-31, Chicago 20-27, Philadelphia 13-27, @Giants 13-27, Minnesota 26-26 (OT), @Detroit 10-40, Atlanta 22-21, @Dallas 37-36, Pittsburgh 31-38, @Chicago 33-28
Les playoffs
San Francisco, 20-23
La réalité
Alors au final, que tirer de cette saison WTFesque de Green Bay, comme on en a rarement vu dans la NFC North ? Un peu tout. Les Packers ont joué avec le feu dans leur situation de backup QB, et ça leur a explosé dans la face. Ils ont encore eu une valise de joueurs sur IR et indisponibles à divers moments de la saison; dans la logique des choses, les Packers n’auraient pas dû finir en tête de la division, mais ils l’ont mérité dans le sens où ils n’ont jamais rien lâché (à part contre Detroit). Ils ont toujours des problèmes en défense, mais leur attaque a reçu un renfort de poids qui va faire claquer les dents des adversaires pour le futur. C’est un peu tout ça, combiné dans ce match de playoffs à domicile contre San Francisco où un rookie défensif de 5e tour, dans une unité décimée, a été à 15 cms de réaliser l’interception de sa jeune carrière pour permettre aux Packers d’espérer continuer.
Cette année, les Packers ont vu leur pire crainte arriver : savoir ce que vaut la vie sans Aaron Rodgers. L’équipe semblait rouler tranquillement vers une bonne saison à 5-2 lorsque le #12 a fracturé sa clavicule contre Chicago, et à partir de là ça a été la catastrophe. Pour ne rien arranger, Seneca Wallace a terminé sur IR la semaine suivante, précipitant Scott Tolzien dans le grand bain avec des résultats intéressants mais trop limités (et trop tôt aussi). C’est alors que « l’enfant prodigue » Matt Flynn (photo) est revenu au bercail pour mener comeback sur comeback, et égaler un autre record de franchise avec ce retour de 23 points contre Dallas (je pense qu’il va rester ce coup-là). Et vous connaissez la suite, Rodgers est revenu pour le dernier match, et s’il a semblé très rouillé au début, il a encore sauvé la patrie avec cette 4e&8 impensable. Quand on regarde un peu les stats, on remarque que tous les QBs de Green Bay sont au-dessus de 60% (une bonne stat), mais que Rodgers reste un des meilleurs QB de la ligue avec 66.6%, 8.7 yards par passe, 17 TD et 6 INT; il est le second QB le plus précis sur passes longues (52.8%) et si on enlève les drops, les passes en touche et les spikes, il est le QB le plus précis de la ligue à 79.3%. Bref, Rodgers est toujours sur sa lancée et il va revenir l’année prochaine avec la ferme intention de reprendre là où il en était. Le plus logique : Flynn et Tolzien seront ses backups.
Une des unités les plus observées avant la saison allait être pour sûr la ligne offensive avec ce fameux switch et la blessure de Bryan Bulaga; cela forçait le 4e tour David Bakhtiari au poste très important de Left Tackle… et le rookie a rendu une copie très acceptable. Bien sûr, il a commis trop de pénalités (11) qui ont quelques fois coûté des drives, mais pour un 4e tour jeté dans le grand bain il a fourni un travail prometteur (39 pressions dont 8 sacks, on a vu pire). De l’autre côté, le Right Tackle Don Barclay a fait le même type de saison avec 36 pressions dont 8 sacks; ils ont néanmoins pêché dans le jeu de course avec un manque d’impact criant. Entre eux deux, les Packers ont désormais une ligne intérieure très solide avec les Guards T.J. Lang et Josh Sitton; ce dernier n’a lâché que 8 pressions dans l’année alors qu’il a dû changer de côté, mais il continue d’être snobé de manière inexplicable par les votes du Pro-Bowl. Au centre, Evan Dietrich-Smith a beaucoup progressé et n’est plus seulement « le gars qui s’est fait piétiner par Suh à Thanksgiving ». Du coup, avec Bakhtiari et les retours de Bulaga et Derek Sherrod, les Packers ont une ligne offensive enfin sympathique pour le futur.
Et en parlant de rookie efficace… 284 courses, 1178 yards, 11 TD au sol, et un titre d’Offensive Rookie Of The Year. On n’avait plus vu cela par un coureur rookie Pack depuis John Brockington en 1971; Eddie Lacy (photo) l’a balayé des livres des records de Green Bay. Le punitif coureur a raté deux matchs sur commotion, mais pour le reste il a cassé du défenseur avec autorité, forçant la bagatelle de 61 plaquages ratés (dont 56 à la course, 4e coureur NFL). Lacy a enfin apporté la puissance au sol que la franchise attendait depuis si longtemps, et il a offert un repos très salvateur à James Starks qui est devenu le backup qui rentre pour percer les défenses (5.5 yards par course, 3 TD et 22 plaquages ratés). Pour ne rien gâcher, Lacy a également été très bon en protection de passe (3 pressions en 110 snaps de protection), ce qui est toujours très important chez les Packers avec le #12 aux commandes. Grâce à lui, Green Bay a bondi à la 7e place au sol avec 133.5 yards par match, ce qui est assez ahurissant quand on pense qu’avec Rodgers out, les défenses misaient tout contre la course. Avec les retours de Johnathan Franklin et DuJuan Harris, ça risque de faire mal.
Les receveurs ont vu leur lot de blessés eux aussi, avec James Jones et Randall Cobb tombés tous les deux contre Baltimore. Pendant ce temps, Jordy Nelson (photo) a continué d’être ridiculement bon avec des réceptions spectaculaires quelque soit le QB qui lui lance la passe : il a fait une saison à 70.8% de catchs (8e NFL) avec 85 réceptions (top carrière), 1314 yards (top carrière aussi) et 8 TD; il n’a droppé que 6 passes sur 91 rattrapables, et tout ça avec 4 QBs différents aux manettes. Il a prouvé avec Jones et Cobb absents que les Packers peuvent se reposer sur lui sans aucun problème. Ceci dit, quand deux receveurs tombent, c’est sympa d’avoir un plan de secours, et cette année le plan de secours s’est appelé Jarrett Boykin : le sophomore non-drafté a vu plus de temps de jeu qu’il ne pensait, mais il a déjà démontré toutes ses qualités avec notamment une intelligence qui fait qu’il sait toujours où se trouve le First Down, et qu’il ramasse les balles juste au cas où ça peut donner TD; il termine à 49 réceptions, 681 yards et 3 TD. Jones et Cobb ont fait leurs dégâts habituels quand ils ont joué : ils ont réglé leurs problèmes de drops (3 à eux deux) et ont accumulé 1200+ yards et 7 TD. Chez les Tight Ends, Jermichael Finley avait très bien démarré la saison (300 yards, 3 TD) avant cette terrible blessure qui pourrait mettre sa carrière en jeu, et Andrew Quarless a été intéressant à sa place (312 yards, 2 TD). Par contre les Packs ont vraiment besoin d’aide au run block de la part de leur TE.
Si Green Bay parvient à garder tout le monde en attaque, attendez-vous à du lourd offensivement l’année prochaine, maintenant qu’ils ont trouvé un jeu au sol. 26.1 points de moyenne en passant la moitié de l’année sans son QB titulaire, ça fait un peu peur. Ce qui fait un peu peur aussi, c’est la défense des vert et or qui, pourtant, avait plutôt bien commencé l’année avant de se déliter complètement, en partie à cause des blessures.
On peut commencer de suite par la ligne défensive, qui a été ce moteur de la défense contre la course au début avant de s’épuiser au fur et à mesure du temps. La star de l’année dans l’unité est une petite surprise puisque c’est le seconde année Mike Daniels (photo) : le joueur a été remarquable, que ce soit au sol (8.6% de run stops) comme dans le pass-rush (39 pressions dont 6.5 sacks) où il fait toujours partie du top 10 des 3-4 DE. Et heureusement qu’il était là, parce qu’à côté ça n’a pas été reluisant : la plus grosse déception est sûrement B.J. Raji qui a été transparent dans sa dernière année de contrat. Malgré son âge Ryan Pickett est toujours assez solide contre la course, alors que le rookie Datone Jones a eu un impact très limité avec 18 pressions pour 3.5 sacks (même si on avait prédit qu’il lui faudrait du temps pour s’adapter au poste). Johnny Jolly a fait un retour remarqué de suspension et a semblé amener ce petit plus contre la course, mais lui aussi s’est essoufflé pendant la saison (compréhensible après 3 ans d’arrêt). Jerel Worthy a juste eu le temps de revenir de sa blessure au genou en fin de saison dernière. Bref, il risque d’y avoir du turnover dans la DL à l’intersaison.
Les Linebackers ont été durement touchés par les blessures eux aussi, notamment les pass-rushers Clay Matthews, Nick Perry et Mike Neal. Matthews n’a joué que 11 matchs (et certains avec un marteau à la place de la main), mais il a comme toujours su être efficace quand il était là : 32 pressions dont 7.5 sacks, 3 fumbles forcés et 7.3% de run stops. Perry semble ne pas progresser aussi vite que voulu avec seulement 25 pressions dont 4 sacks; on s’attendait à plus de sa part dans sa seconde année. L’ancien DE Mike Neal a dû apprendre un nouveau poste et a enregistré 46 pressions dont 5 sacks mais avec près de 400 rushs, ce qui n’est pas énorme en soi. Dans l’ensemble, il n’y a pas un seul pass-rusher à 10+ sacks, et on en attend beaucoup plus de ce secteur. A l’intérieur, A.J. Hawk et Brad Jones ont eu une saison trompeuse : certes Hawk aligne 118 plaquages, 5 sacks, 1 fumble forcé et 1 INT, mais il a trop souvent été dominé dans le jeu au sol (5.2% de run stops, c’est famélique) et il a eu du mal en couverture. Jones a eu les même difficultés, et Jamari Lattimore a été sympathique en remplacement mais sans plus. Ca manque véritablement d’impact au milieu.
Pour finir, les arrières sont assez facilement classables : les Corners ont été potables, les Safeties affreux (d’ailleurs Jerron McMillian a carrément été cuté en cours de saison). Notons déjà que les CBs ont subi un coup dur avec l’absence de Casey Hayward dont on attendait une confirmation cette année, mais ils ont fait un bon travail. Sam Shields (photo) est devenu sans conteste le meilleur cover corner de l’équipe (50%, 4 TD, 4 INT, 12 passes défendues), Tramon Williams a démarré lentement avant de se reprendre (60.7%, 4 TD, 3 INT, 4 passes défendues) et de faire un bon travail à la course, et même le rookie Micah Hyde a montré quelques bonnes choses en remplacement d’Hayward (Davon House a été un peu décevant avec 5 TD et 1 INT). Mais le gros ménage est à faire chez les Safeties, où même Morgan Burnett n’a pas été au niveau attendu; 11 plaquages ratés, 4 TD, aucune INT et 5 passes défendues. Ne parlons pas de ceux qui se trouvaient à son côté : McMillian a été cuté, Sean Richardson est revenu après un an d’absence et M.D. Jennings a pris 90% de réceptions et 5 TD sur la tête. Là où Hayward a manqué c’est clairement sur les interceptions : seulement 11 pour GB cette année.
Enfin, parce qu’il faut toujours faire confiance à ses piliers, Mason Crosby est revenu en forme cette saison avec 89% et seulement 4 ratés. Hyde a montré quelques capacités sur les retours, alors que la couverture a le plus souffert des blessures dans l’effectif.
Bref, les Packers ont une attaque du tonnerre, mais leur défense a fait un gros pas en arrière depuis l’année dernière, notamment avec des premiers tours qui n’ont pas assez d’impact sur le jeu. Pour changer, on va donc voir Green Bay se jeter sur les défenseurs dans les premiers tours de la prochaine draft… et honnêtement, vu les trous un peu partout, s’il y a une année où Ted Thompson risque de piquer en Free Agency, c’est celle-là.
Les besoins
C’est simple : partout en défense. Je mettrais Safety en priorité, mais il reste aussi la solution intérieure avec Micah Hyde qui est plus fait pour être Safety. DL et ILB sont aussi nécessaires comme ajout. En attaque, le seul poste serait Tight End si malheureusement Finley ne peut plus jouer. Mais surtout la défense.
Le futur
Domicile : Chicago, Detroit, Minnesota, Atlanta, Carolina, New England, NY Jets, Philadelphia.
Extérieur : Chicago, Detroit, Minnesota, New Orleans, Tampa Bay, Buffalo, Miami, Seattle.
Record cumulé en 2013 : 128-126-2 (13e).
Le calendrier va se durcir avec la NFC North qui devrait redevenir une division à (au moins ?) deux équipes à 10+ victoires, sans compter NO, Carolina, Philly, Seattle, NE. Va vraiment falloir renforcer la défense.