Mailbag QPUL de Noël : Un Head Coach comment ça marche ?

Nouvelle édition de notre mailbag Questions Pour Un LatestHuddle.

C’est Noël, et le Père Mailbag travaille comme tous les autres jours de l’année quand on lui envoie de belles lettres. Aujourd’hui on essaie de regarder tout ce que fait un Head Coach (et on en oublie sûrement), on essaie de disséquer deux faits de jeu dans le match fou entre Pittsburgh et Green Bay, et on essaie de voir quel est le tie-break le plus improbable de l’histoire.

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David : A quoi sert le Head Coach ? Je me pose la question car avec tous ces coordinateurs, le play-calling, je me demande ce qu’il fait de façon concrète aux entrainements et durant le match. C’est un chef d’orchestre ? une source de motivation ?

Tout ça et beaucoup plus. Le Foot US est le sport le plus compartimenté, le plus détaillé du monde probablement, et le Head Coach contrôle tout, depuis le visionnage des matchs de l’adversaire jusqu’à la couleur du slip du botteur (euh bon peut-être pas à ce point, mais on en n’est pas loin). Certes, il a une ribambelle d’assistants sous sa coupe, mais il se doit d’avoir la main dans tout ce qu’il se passe : c’est lui qui dirige, le capitaine du navire qui connaît ses joueurs/staff sur le bout des doigts et qui montre la direction à suivre.

Plus que dans d’autres sports, le Head Coach NFL est garant de tout ce qu’il se passe sur et en dehors du terrain. A moins d’avoir un GM/propriétaire mégalo à la Jerry Jones/Al Davis, il EST l’image du club et ce qu’il décide transpire dans chaque fait et geste de la franchise :

  • Il établit le plan de jeu complet de l’équipe (le fameux « game plan« ), en discutant avec ses coordinateurs offensifs, défensifs et d’équipes spéciales ainsi que les coachs des positions.
  • Il prépare en conséquence sa grande fiche de playcalls pour le match (offensif ou défensif selon son affinité; certains, mais c’est très rare, n’appellent pas de jeux en match et laissent cela à leurs coordinateurs).
  • Il revisionne le match qui vient d’avoir lieu pour commencer le bilan, et il visionne les vidéos de son adversaire préparées et répertoriées par les « quality coaches« .
  • Il se tient informé des changements de règles et du corps arbitral qu’il va avoir pour le prochain match afin d’anticiper leurs tendances et de pouvoir prévenir les coordinateurs/joueurs sur certains comportements plus ou moins pénalisés que d’autres.
  • Il supervise les entraînements en imposant leur déroulement, leur rythme, leur discipline, et les buts qu’il souhaite atteindre pour chacun des joueurs/escouades.
  • Il surveille la santé des joueurs et leur disponibilité pour les matchs en coordination avec les médecins et entraîneurs athlétiques.
  • Il discute avec ses joueurs pour garder sans cesse le doigt sur le « pouls » de l’équipe.
  • Il discute contrat, salary cap, besoins en effectif avec le General Manager (quand il n’occupe pas déjà le poste à la Belichick).
  • Il discute avec le président/propriétaire qui veut lui aussi tâter le pouls de son équipe.
  • Il communique avec la presse (et par le même truchement, les fans).
  • Le jour du match, c’est le big honcho : il commence déjà par choisir les joueurs actifs et inactifs. Il appelle les jeux (offensifs ou défensifs), coordonne les changements de personnel en fonction de la tactique, décide les ajustements à la mi-temps avec ses coordinateurs, décide de lancer un flag en moins de 10 secondes s’il veut challenger une action, insulte les arbitres (mais pas trop), etc etc.
  • Et enfin il dort (de temps en temps et parfois peu).
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Sans compter la figure paternelle ou autoritaire qu’il peut représenter sur des joueurs qui n’en ont pas eu étant jeune. Beaucoup de joueurs ont dit (et disent) que le foot est une école de la vie.

Il est facile de se dire qu’en effet, parce que le HC a tout un tas d’assistants à sa disposition, ça lui fait faire le moins de travail possible. Au contraire : il est constamment le nez dans ce qu’il se passe, ainsi il a la meilleure appréciation d’où se trouve son équipe pour en tirer le maximum le jour du match.

Si vous vous rappelez la question qui avait été posée sur les coachs NCAA qui s’étaient écrasés en NFL, c’est en partie parce qu’ils ne sont pas arrivés à gérer cette masse de travail bien plus grande dans le monde professionnel.

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Antoine : Je lis de la controverse dans le match Steelers/Packers, notamment sur le kick de Crosby et la dernière action. Tu peux m’éclairer ?

La plupart des gens ont vu le boxon qu’il y a eu sur le Field Goal contré de Mason Crosby et l’erreur d’arbitrage qui a eu lieu, mais en effet il y a également eu un comportement curieux des arbitres sur la dernière action de Green Bay qui leur a probablement coûté une possibilité de plus de marquer le TD. Examinons cela d’un peu plus près.

La première décision controversée pourrait bien de nouveau modifier les règles NFL pour rajouter une action « challengeable » à la liste (ce qui est exactement l’un des arguments des détracteurs du challenge : « jusqu’où on va s’arrêter »). Situation : il reste 5:32 à jouer dans le 3e QT, Green Bay est mené 17-14 et tente un Field Goal de 23 yards. Mason Crosby voit son kick contré par Steve McLendon, et la balle commence à rebondir n’importe comment. Ryan Clark s’en saisit, et tente une passe latérale qui échoue. Ziggy Hood finit par chasser la balle avec la main en avant, et celle-ci sort en touche.

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Chose #17 qu’un Kicker ne veut pas avoir à faire : affronter Troy Polamalu pour récupérer un Field Goal contré.

Les arbitres déclarent alors que l’action de Hood est illégale, c’est ce qu’on appelle un « illegal batting » : un joueur n’a pas le droit de frapper la balle sciemment de sorte à la faire avancer, il doit essayer de l’attraper (rappelez-vous, on a déjà eu une décision controversée à ce sujet avec Olivier Vernon lors de Dolphins/Pats). Jusque là rien à redire, le flag pour « illegal batting » est justifié. Le souci, c’est Ryan Clark : sur l’action, il semble bien se saisir de la balle, et ensuite rater sa passe latérale, ce qui aurait dû avoir pour effet de redonner la possession à Pittsburgh. Quelle différence vous allez me dire ?

Ca fait toute la différence. Les arbitres ont jugé que Clark n’avait pas établi la possession de la balle, donc que la possession était « encore » à Green Bay : du coup la pénalité de Hood a eu lieu pendant la possession de Green Bay, ce qui donne un First Down à Green Bay. Si les arbitres jugent que Clark a établi la possession de la balle, alors la pénalité de Hood a eu lieu pendant la possession de Pittsburgh, ce qui donne un First Down à Pittsburgh (un peu plus près de leur endzone à cause du flag).

C’est cette histoire de possession que Mike Tomlin a argumenté pendant 107 ans avec les arbitres après coup (à raison), ce à quoi les arbitres ont répondu : « la possession de la balle n’est pas challengeable » (à raison aussi par rapport au règlement). Ca n’empêche que dans le grand ordre des choses, ça reste une erreur des arbitres.

Ceci dit ce n’est pas la seule avec un impact notable : ils en ont aussi réalisé une sur la toute dernière action du match. Situation : il reste 20 secondes et les Packers, menés 38-31, ont le nez sur la endzone des Steelers. Le Tackle de GB Don Barclay commet un false start logiquement pénalisé, et rentre alors en vigueur une règle pas toujours connue : quand l’attaque commet certaines pénalités dans les deux dernières minutes d’un match, on décompte automatiquement 10 secondes de l’horloge. Pourquoi ? Pour éviter qu’une équipe qui mène au score et qui possède la balle ne draine l’horloge indéfiniment en faisant faute sur faute. En général, l’équipe fautive peut annuler ces 10 secondes en prenant un temps-mort, mais GB n’en avait plus.

Donc, l’arbitre ordonne que 10 secondes soient retirées de l’horloge (ce qui est fait), et qu’elle redémarrera à son signal. Il donne le signal, les Packers s’alignent pour remettre la balle en jeu alors que les 10 dernières secondes s’égrènent… sauf qu’à ce moment l’Umpire se trouve devant la balle et empêche le Centre Evan Dietrich-Smith de lancer l’action, sans qu’on sache vraiment pourquoi. Cela dure quelques secondes, et au final lorsque Matt Flynn appelle le début de l’action et lance une passe ratée qui aurait dû arrêter l’horloge, celle-ci indique zéro. Clairement, il y a une mauvaise communication entre l’Umpire et le Head Referee, causant ce retard qui a privé les Packers d’une action supplémentaire pour tenter d’égaliser avec un TD.

Le but ici n’est pas de dire « X a gagné grâce aux arbitres, Y a perdu à cause des arbitres, ça s’équilibre etc etc » (surtout que les Packers ont fait assez de bourdes dans le match pour le perdre avant tout ça). J’en reviens à ce que je disais un peu avant : avec toutes ces règles et amendements, les arbitres doivent gérer de plus en plus de choses et finissent par perdre aussi un peu les pédales.

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Vous vous rappelez ? L’arbitre parfait vu par la NFL ?

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Alex : En regardant la liste des tie-breaks, je me demandais jusqu’où on était déjà allé ? Pas le coin toss quand même ???

Heureusement non :p, les seuls occurrences du « lancer de pièce » sont arrivées pour départager deux équipes à la draft, ce qui arrive très rapidement après le record, la difficulté du calendrier et les tie-break de division/conférence.

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Non, pas ce coin toss LA… un autre.

La question est un peu compliquée, parce que les procédures de tie-break ont énormément bougé avec le temps. Dans leur forme actuelle, depuis 2002 et le réalignement des divisions, on n’a jamais dépassé le strength of victory qui a toujours fini par départager deux équipes (exemple : NFC 2003 – Wild Card pour Seattle contre Dallas, et NFC 2006 – Wild Card pour les Giants contre Green Bay).

Si on remonte dans le temps, on tombe cependant sur des choses assez hallucinantes, donc je ne vais citer que la plus folle : en 1979, les Bears et les Redskins luttent pour une place en playoffs. Washington (10-5) se déplace à Dallas (10-5), et ils doivent gagner pour assurer leur place; cependant même en cas de défaite, ils peuvent s’en sortir si dans le même temps, les Cardinals de Saint-Louis (5-10) ne perdent pas par plus de 31 points d’écart contre Chicago (9-6).

Oui vous avez bien lu, un tie-break qui arrive jusqu’à la différence de points dans tous les matchs. Bien sûr à l’époque c’était une étape qui arrivait bien plus tôt dans les procédures de tie-break, mais pour comparaison, aujourd’hui ce tie-break est NEUVIEME sur ONZE :D.

Et le finish est à la hauteur de ce tie-break improbable. Washington mène 34-21 à 7 minutes de la fin, mais en face c’est Roger « Captain Comeback » Staubach qui fait encore des siennes : Dallas score 2 TDs et l’emporte sur le fil 35-34. Les Reds se tournent alors vers le score de Bears/Cardinals pour espérer… Chicago met une rouste 42-6 à Saint-Louis, dépassant ainsi la barrière des 31 points d’écart. Résultat : les Bears en playoffs pour quelques points de différence.

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C’est la fin de ce mailbag.

N’hésitez pas à continuer à envoyer des questions à l’adresse latestmailbag at yahoo dot com.

Et Joyeux Noël à tous !