Fiche Légende : Art Donovan
#70 – Defensive Tackle
Présentation
GENERALITÉS | |
Nom complet | Arthur James « Art » Donovan Junior |
Date de Naissance | 6 Juin 1925 |
Lieu de Naissance | Bronx, New York |
Date de Décès | 4 Août 2013 |
Lieu de Décès | Timonium, Maryland |
CARRIÈRE | |
Lycée | Mount St. Michael, New York |
Université | Notre Dame/Boston College |
Draft | 22e tour de 1947 (#204) |
Equipes |
Baltimore Colts (1950) New York Yanks (1951) Dallas Texans (1952) Baltimore Colts (1953-1961) |
Statistiques | 12 saisons 138 matchs |
HONNEURS | |
Pro-Bowls | 5 (1953-1957) |
All-Pro | 4 (1954-1957) |
Performances notables | – |
Récompenses | 2 titres de champion NFL (1958, 1959) Membre de l’équipe des années 1950 Membre du Colts Ring Of Honor Numéro #70 retiré chez les Colts |
Hall Of Fame | Classe de 1968 |
Biographie
Raymond Berry, Hall Of Famer des Colts de Baltimore :
Un jour j’ai demandé à Artie : « parle-moi de la Seconde Guerre Mondiale », et il a répondu : « J’ai pris une balle dans les fesses ». Typique.
Gino Marchetti, un autre Hall Of Famer des Colts :
A quel point Artie était un dur à cuire ? Lors d’un match, il s’est frité avec Don Campora, le Tackle des 49ers. Ils se sont injuriés, jusqu’à ce qu’Artie lui mette une droite. Quand j’ai regardé, il lui avait dégommé plusieurs dents. L’arbitre n’a rien pu faire parce que sans ses dents Campora n’arrivait pas à parler normalement pour expliquer ce qu’il s’était passé.
Art Donovan lui-même :
– J’ai aidé à tuer trois équipes [nda : les siennes :p].
– Le seul poids que j’ai levé de ma carrière, c’est une Schlitz de 680 grammes [nda : une bière].
– Quand j’étais aux Texans, le coach a donné les chèques aux joueurs en leur demandant de l’encaisser au plus vite avant qu’ils ne deviennent des chèques en bois.
Voilà Arthur Donovan Jr. en quelques phrases, un Defensive Tackle qui a mis un peu de temps à trouver son équipe, puis qui a dominé au sein d’une franchise charnière dans l’histoire du football ; mais c’était surtout un homme à la bouille ronde, bourré d’humour et qui avait toujours la bonne histoire à raconter.
Arthur Junior vient d’une grande lignée de personnages sportifs, et c’est dans le monde de la boxe qu’ils se sont distingués. Le grand-père Max, surnommé « le Professeur », est un boxeur mi-lourd dans les années 1870 qui devient ensuite un grand coach (il a notamment le président Théodore Roosevelt et ses fils comme élèves). Le père, Art Donovan Senior, est un des plus célèbres arbitres de boxe de l’histoire, officiant dans quelques 150 championnats du monde, notamment ceux impliquant la légende Joe Louis. Max et Art Senior sont d’ailleurs dans l’International Boxing Hall Of Fame (Art Senior étant même le premier arbitre à y entrer).
Arthur Junior est bien évidemment entraîné à la boxe depuis qu’il est tout jeune, ne serait-ce que par le fait qu’il naît dans le quartier difficile du Bronx à New York. Néanmoins, c’est un autre sport qui va l’attirer : le football américain, même si ce choix est difficile car à l’époque la boxe reste bien plus populaire que le football pro ; comme il le dira lui-même plus tard :
[Le football américain] est un sport joué par des mineurs surdimensionnés et des psychopathes de l’ouest du Texas.
Donovan démarre le sport dans le lycée de l’Académie de Mount St Michael (oui le Mont Saint-Michel :p) mais il ne se fait pas spécialement remarquer. Il ne reçoit qu’un seule bourse universitaire, mais non des moindres : Notre-Dame.
Il joint la prestigieuse faculté en 1942, mais le pays entre alors dans la Seconde Guerre Mondiale, et après un seul semestre Donovan est appelé sous les drapeaux. Il sert 4 ans dans la marine américaine lors des conflits les plus intenses, comme à Okinawa et Iwo Jima. Il obtient plusieurs distinctions à son retour aux Etats-Unis qui lui permettront plus tard d’être le premier joueur de football à intégrer le US Marine Corps Sport Hall Of Fame.
Donovan réintègre Notre-Dame mais il est transféré à Boston College dans le Massachussets où il termine ses années universitaires toujours dans un anonymat relatif (pas de vote All-American, juste un vote dans la deuxième All-Pro Team de la région de New England). Il est drafté par les Giants en 1947 au 22e tour, mais il préfère terminer sa fac, ce qui fait qu’avec la trêve militaire, Art Donovan est un rookie de 26 ans qui se présente à la draft NFL de 1950.
Sans énormément de références pour se faire valoir auprès des franchises professionnelles, le Defensive Tackle est choisi au 3e tour d’une draft spéciale par les Colts de Baltimore. Débute alors le chemin de croix de « Fatso« , un surnom trouvé par ses coéquipiers. En effet, les Colts qu’il rejoint ne sont pas les Colts de Baltimore qui deviendront les Colts d’Indianapolis, mais une ancienne franchise de l’All-American Football Conference ; cette ligue concurrente à la NFL créée en 1946 a disparu en 1949, et seules trois équipes ont fait la transition : les 49ers de San Francisco, les Browns de Cleveland, et les Colts.
Baltimore disparait au bout de la saison, et Donovan rejoint les Yanks de New York. La franchise disparaît en 1951 et déménage à Dallas pour devenir les Texans, qui ne joueront que la moitié de la saison 1952. Cela fait donc trois équipes qui disparaissent en trois ans pour Donovan, mais il y a du bon dans son malheur : c’est à Dallas qu’il croise la route de celui qui sera son compagnon de Defensive Line pour le reste de sa carrière, le futur Hall Of Famer Gino Marchetti. Les deux joueurs (et le peu qu’il reste des Texans) sont rachetés pour créer une nouvelle franchise des Baltimore Colts, et celle-là va durer bien plus longtemps.
Les débuts sont difficiles et le club enchaîne les saisons négatives, même si Donovan est reconnu par ses pairs et reçoit des votes de Pro-Bowl et All-Pro. Les Colts bâtissent lentement une équipe solide autour de lui et en attaque avec notamment l’arrivée d’un certain Johnny Unitas. Baltimore poste sa première saison positive en 1957 à 9-7, ce qui correspond aussi à la dernière année des récompenses personnelles pour le #70. Donovan est alors une pierre angulaire de la défense, un Defensive Tackle impossible à bloquer quand il a décidé d’aller plaquer le porteur de balle et capable de réagir sur le moment. C’est d’autant plus surprenant pour un homme qui refuse de maigrir pour être « plus en forme », et qui essaie toutes les tricheries possible pour s’alléger à la pesée (jusqu’à enlever ses fausses dents !).
Il connaît enfin la gloire collective en 1958 avec un titre de champion obtenu dans le « Greatest Game Ever Played » , puis avec le doublé de 1959 (les deux finales contre les Giants). Il joue deux années de plus pour Baltimore avant d’être un peu poussé vers la sortie par l’organisation en 1962. A 37 ans, il a amplement mérité de tirer sa révérence, et il est intronisé au Hall Of Fame en 1968 en tant que premier Colt et également premier Defensive Linemen pur (i.e. qui ne jouait pas à un autre poste en même temps).
Néanmoins, Art Donovan est loin d’en avoir fini, car si sa carrière sur les terrains est terminée, le personnage est tellement truculent qu’il est happé par l’univers des média. Jamais lassé de raconter ses innombrables histoires croustillantes sur le monde de la NFL, avec son humour habituel, il balade sa personnalité attachante un peu partout. Il écrit son autobiographie « Fatso » en 1987, il devient commentateur pour les Colts et il anime une émission de radio avec d’anciens coéquipiers. Il apparaît également dans plusieurs talk-shows, notamment ceux de Jay Leno et David Letterman (où il viendra une dizaine de fois).
Il s’éteint d’une défaillance respiratoire le 4 Août 2013 à l’hospice Stella Maris, entouré de ses amis et de sa famille. S’il fallait le résumer, voici une dernière Donovanerie :
Prenez-moi comme je suis, un mec normal, comme vous, qui a eu la chance de faire du football professionnel et d’être apprécié de tous. C’est tout.